La Deep Sky Star-Party de la préfecture d'Aichi !

[BobSaintClar 5 160]

Chers ami(e)s complètement à l'Ouest,

 

J'ouvre un Post, que j'alimenterai à mesure pour éviter l'indigestion, consacré à la dernière édition de la Deep Sky Star-Party d'Aichi (les japonais l'appellent la DSP, sans doute parce que la Deep SS party n'attire pas le même public ). Pour celles et ceux qui fréquentent les publications du groupe de tordus "Jumelles et Binoculaires, le ciel en vision 3D", j'ai déjà assisté à cet évènement en 2019.

 

Ces dernières années, la Covid a rayé plusieurs rassemblements amateurs japonais des tablettes : RIP, les éditions 2020-2023 de la DSP ! Comme elle n'accueille que 60 participants et nécessite une invitation, vous n'êtes jamais sûr d'en être. Je fus donc aux anges lorsque mon nom (Djanne-Ruisse-San, ou parfois Jeong Grui) est sorti du chapeau ! Du Vendredi 10 au Dimanche 12 mai, j'ai eu la chance et le privilège de rejoindre 59 autres élu(e)s à l'observatoire municipal de la forêt de Soboe, que Google traduit par "Centre d'échange d'expériences forestières". Selon votre niveau de japonais, vous pouvez donc venir si vous aimez observer les étoiles, ou si vous sortez avec un ours.

 

Contrairement à ce que vous supputez, je suis venu en tant qu'astronome amateur ! Pour remettre votre curiosité sur les bons rails et ne pas saturer les ondes, je me contenterai d'une première photographie : aussi incroyable que cela puisse paraître (encore qu'avec les derniers posts de la section Astrophotographie, vous devriez m'accorder plus de crédit), nous avons observé les signes lointains de l'immense aurore boréale qui embrase les ciels polaires... à 35,1° degrés de latitude Nord ! Il a fallu que je vienne au Japon pour voir ma première aurore, après un demi-siècle de vie en France ? C'est vraiment n'importe quoi 

 

Cette image est un panorama horizontal à 360°. Le Nord est au centre :

 

A très bientôt pour la suite (j'ai une bonne centaine de photos à revoir/classer/légender et adapter au site) !

Modifié 13 mai par BobSaintClar

[ALAING 60 107]

Un début alléchant Djanne-Ruisse-San

Bonne journée,

AG

 

[BobSaintClar 5 160]

Contact !

 

De mon domicile au site d'observation (qui est également un hôtel flanqué de bungalows) , il faut compter de 5 à 7 heures de voiture, selon votre humeur. Après une demi-journée de conduite et pour l'anecdote, avoir dégagé quatre barrières placées en-travers des petites routes de montagne proches de ma destination (au Japon, ils en mettent partout, souvent sans raison apparente. Je me suis évité un détour de 46 minutes), je rejoins la place en début d'après-midi : les lieux n'ouvrant qu'à 15 heures, j'ai tout loisir de rencontrer d'autres participants et même d'observer le soleil sur le premier parking avant même l'ouverture officielle des hostilités :

 

(Note : comme j'ai mitraillé à tout va, certaines images sont en infrarouge couleur : vous les reconnaitrez facilement à leurs tonalités automnales )

 

Le parking de l'observatoire, un jardin à ciel ouvert

 

Concours de couvre-chefs !

 

A mesure, les astronomes et leurs voitures s'accumulent !

Même en “Automne”, il fait toujours aussi chaud...

 

Le soleil tape fort et déjà, les premiers arrivants remarquent son intense activité : notre étoile est salement énervée ! Elle montre d'exubérantes protubérances et surtout, exhibe fièrement la mère de toutes les taches solaires, une espèce de conglomérat complexe et monstrueux large d'une vintgaine de terre, certainement source des aurores démentes qui embrasent nos pôles ces jours-ci. Au premier jour de notre installation, le Roi Soleil annonce la couleur : Deep-sky Party ? Mon cul, la vedette, c'est Moi ! A cet instant, nous ignorons encore que la nuit aussi Lui appartient 

 

Le site

 

L'endroit est conforme à mon bon souvenir : il s'est spécialisé dans l'astro-tourisme, tout est pensé pour notre activité.

 

La coupole du bâtiment principal abrite un télescope de 600mm

 

L'emplacement en moyenne montagne, loin des villes, promet un ciel propre. Le sol du parc est essentiellement un gazon court, avec des emplacements goudronnés pour les instruments lourds. L'observatoire est intégré à un hôtel-restaurant et tout autour, une dizaine de bungalows proposent un hébergement plus adapté aux familles et aux groupes.

 

Dans mon bungalow, nous étions cinq : un siffleur, un souffleur, trois ronfleurs et un péteur (oui, ça fait six. Je suis multitâche). On ne s'est pas ennuyé une seconde !

 

Que demander de plus, sinon, peut-être, un horizon globalement plus dégagé (mais pour cela, il va falloir littéralement déplacer des montagnes) ?

Au mieux, on n'observe jamais sous les 10 degrés

 

Le bâtiment principal propose un grand hall avec quelques “goodies” à vendre (météorites, T-shirts, mugs, autocollants, kits d'initiation, cartes tournantes et autre astro-gadgets), un restaurant, des bains chauds (onsen), un Newton sous coupole et divers instruments à disposition :

 

L'entrée annonce la couleur, avec ses Nikon 20x120 en guise de porte-manteau !

 

L'hôtel, tout en bois, est très chaleureux. Il faut que je revienne ici en hiver, en famille !

 

Le réfectoire, où nous nous retrouvons pour les repas ou pour les grandes réunions par mauvais temps. On s'y met minables, également (mais n'anticipons pas )

 

A 15 heures, telle la septième plaie d'Egypte (plus moi, égaré de la première), nous investissons l'endroit : pose des bagages dans nos bungalows respectifs, repartition des voitures, installation des instruments, (re)découverte des lieux, discours d'accueil.

 

Je renoue avec quelques vieilles connaissances et commence à mémoriser les noms et faciès - bordel, c'est pas facile - de celles et ceux qui, comme moi, parlent presque anglais ! Dans le tas, je retrouve avec plaisir Okubo-san, mieux connu via son nom professionnel Kitakaru, créateur éponyme d'une série d'oculaires à longues focales. Nous sommes membres du même club mais depuis trois ans, ses apparitions s'étaient faites rares suite à des soucis de santé. Il m'assure qu'ils sont désormais réglés !

 

Mr Okubo "Kitakaru", octogénaire à la retraite plus active que ne le fut l'entièreté de ma vie professionnelle  

 

Le lendemain, en fin d'après-midi, il me montrera comment effectuer un test de Ronchi avec une lunette sur banc (j'aurai une pensée pour Myriam, alias Lyl sur nos fora, qui aurait sans doute émis des remarques plus pertinentes que les miennes...)

 

(A suivre)

Modifié 13 mai par BobSaintClar

[Piotr Szut 2 1 006]

C'est excellent et j'attends impatiemment la suite.

Je suis tout de même désolé d'apprendre que BobSaintClar est un pseudonyme.

Bob San serait probablement plus facile à prononcer que Djanne-Ruisse-San

[serge vieillard 7 093]

Haaaaa, du grand Bob du Soleil levant, j'en raffole !!!!

[Vesper 469]

Savoureux récit comme je les aime ! Merci !

 

Il y a 14 heures, BobSaintClar a dit :

"Centre d'échange d'expériences forestières"

C'est curieux, on dirait plutôt une star-party !

Mais j'ai sûrement un esprit pervers.

 

PS : marrant ce culbuto :

 

Modifié 13 mai par Vesper

[BobSaintClar 5 160]

Le soir venu, tout est en place et les auspices (ou hospices, vu la moyenne d'âge) sont favorables : le ciel est parfaitement dégagé. Seuls quelques nuages d'altitude joueront les troubles-fêtes entre 1h et 2h du matin, rien de grave, d'autant que les gens présents sont avant tout des observateurs visuels, une catégorie d'astronomes amateurs très minoritaire au Japon : ici, peu, voire pas d'imageurs ! Au bûcher, les sorciers ! Penaud et honteux, je planque mon Seestar chinois au fond du coffre ; on a dépecé du barbare pour moins que ça, dans le coin...

 

Les lunettes

 

Entamons la visite technique par la catégorie historiquement reine au Japon : la lunette ! Cependant, notre rassemblement a une particularité : il fait la part belle aux gros télescopes et aux binoculaires, surtout s'ils sont faits maison. Donc, en la circonstance, les lunettes sont le vilain petit canard de l'évènement. On peut les diviser grossièrement en trois catégories : les lunettes solaires (Coronado et autres engins dédiés, à la fête compte tenu de l'actualité), les géantes (disons de 130mm et plus) et les créations originales :

 

Un exemple, parmi d'autres, de lunettes (Taka et Televue Pronto) adaptées à l'observation du soleil :

 

Une Skywatcher 150/750, dont je fus l'heureux propriétaire, adapté à l'observation grand champs des objets du ciel profond. Tant que vous restez en-dessous de 60x, tout va bien...

 

Ici, une petite lunette “maison” de 60mm sans chichi, simple et efficace :

Sa sobriété ne dit rien de son proprio : ce dernier s'est également construit le plus gros télescope du plateau !

 

Enfin, une bestiole imposante : 205mm à F6,8 (c'est un peu court, jeune homme) ! Obnubilé par d'autres tubes, je n'ai pas pensé à regarder dedans...

 

Et c'est à peu près tout ! La grande majorité des lunettes présentes étaient appariées et donc, tombent dans la catégorie Binoculaires.

De fait, je ne vous ai pas encore montré “la plus grosse”  

 

Les télescopes

 

Place aux miroirs : A la DSP, on trouve de tout ! Commençons par les instruments du commerce, en partant du plus petit :

 

Astroscan 100 à F4 : ce design à base de boule, on le reverra...

 

Vixen 125 à F5 (le Newton blanc, avec son bulletin de contrôle à Lambda/15 PV : le gant est jeté !)

(Sinon j’ai la même chaise, mais je l’ai modifiée pour que le siège descende jusqu’au sol. Ça peut faire l’objet d’un post, si quelqu’un est intéressé).

 

Voici un Ninja 200 à F8 et bulletin à Lambda/20 PV, gant relevé ! Bon, le Vixen et lui ont le même propriétaire, ça ne finira pas en duel. Déception !

 

Un bon vieux C9 (ou C11 ? Le doute m'assaille), qui se demande ce qu’il fait là. Les Schmidt-Cassegrain n’ont pas trop la cote, au Japon. J’ignore pourquoi...

 

Un Ninja 300 tout métallisé. Ebloui par ses chromes, je n’ai pas relevé sa focale.

Il a un amortisseur de direction, comme sur les motos  !

 

Un Nebulite 406 à F4.5, structure Hubble Optics et miroir Meade (on se mélange un peu les pinceaux, avec le Ninja à l'arrière-plan) : le combo ultime ?

 

On monte dans les tours avec deux ninja de 400mm ! Je ne vous en montre qu’un, ils sont identiques.

 

De plus en plus fort : Un Ninja 500 ! Cet emboitement de gros bidons est assez impressionnant...

Lui, je le reconnais à son troupeau d’autocollants Moe, plus tordus les uns que les autres : j’en parle dans mon Post sur l’édition 2019 de la DSP 

 

On enchaine avec les télescopes faits maison (souvent avec les mains, parfois avec les pieds), en passant du plus petit au plus gros :

 

Un 150mm tout démontable. Sauf à vouloir faire de la macro-photo, je n’ai pas saisi l’intérêt des montants trop longs…

 

On ne rigole plus avec le fameux Apo-killer d’Okubo-san, un T200 F10 à miroir parabolique donné pour L/25 PV :

L’ensemble est imposant et nécessite un escabeau (!), mais ne pèse que 11kg sur la balance. J’ai regardé dedans à plusieurs occasions (nous nous sommes déjà croisés, ce tube et moi) et en effet, je ne saurais dire en quoi l’image n’est pas parfaite, pour ce diamètre.

 

Pour maximiser le contraste, le secondaire ne mesure que 18mm de section :

Notez l’oculaire Lavendura de 63mm (!), conçu par le Monsieur et fabriqué/commercialisé par la compagnie tawaïnaise BOSO (j’espère ne pas écorner le nom), propriétaire de la marque Long Perng.

 

Un vrai serrurier de 300mm sur monture équatoriale non-identifée ? Mmmhh... sans doute dédié à la prise de vue ! Pourriture d'imageur, j'aurais du le dénoncer !!

 

Un Dobson léger de 350 à F5 (de mémoire)

C'est moi, ou le formica de la hache part en vacances ?

 

Les Dobsons de 400 à 500mm, plutôt rares il y a une dizaine d’années, sont devenus (presque) populaires. Les 400 proposent un bon compromis Performances/Poids, pour les bricoleurs. Les 500 sont plus compliqués à gérer ! J’en ai repéré au moins cinq.

 

Voici un Newton 400 super court, sobre et tout en rondeurs, dont la robe est malheureusement cachée par un isolant en mousse/alu bien dégueulasse :

J’aimerais savoir à quoi il ressemble, sans son immonde couverture...

 

On passe de l'original à l'improbable ! Pas d’araignée en cage, ici : le treillis de tubes soutient directement le secondaire. Dans quelle mesure lesdits tubes, qui interceptent la lumière entrante, dégradent-ils l’image ? J’aime beaucoup le renvoi secondaire à 135 degrés, qui évite le recours à tout escabeau.

Notez le couvercle du primaire, particulièrement classieux. C'était ça ou la lunette de chiottes 

 

La “monture” est on ne peut plus simple : la boite du primaire est un grand miroir semi-sphérique de surveillance, vous savez, du genre de ceux que l’on voit au plafond des grands magasins...

L'heureux propriétaire en pleine collimation, littéralement "au doigt et à l'oeil" 

 

La demi-sphère repose sur un carré de tissu doux cachant un cerceau de plastique - trahi par sa couleur : c'est un morceau de la même poubelle - qui fait office de support à l’ensemble : malin !

 

Trois 500 se tirent la bourre, je vous laisse désigner le plus... sexy :

 

Est-ce cet “Omega” de chez Kokusai Kohki, qui me semble directement copié sur un Obsession ?

Je fatigue  : ce télescope n'est manifestement pas bricolé, il n'a rien à faire ici !

 

Ou peut-être ce bon gros Dob aux lignes épurées, avec sa cage simple anneau, son araignée pyramidale et ses haches plutôt fines ?

 

Ne cherchez plus ! Celui-ci, avec son araignée à cinq branches, ses haches et sa cage en jantes de vélo, a une bonne tête de vainqueur ! 

Encore un tube que j’ai déjà vu et décrit, cinq ans auparavant 

 

J’ai gardé le plus gros pour la fin, un 660 à F3, large et trapu. Lui aussi était présent en 2019. Malgré sa compacité, il nécessite un marchepied à l’usage. Je témoignerai bientôt de ce qu’il m’a montré, cette année…

 

(A suivre)

Modifié 13 mai par BobSaintClar

[Vesper 469]

Excellent, et j'ai la réponse à ma question-culbuto ! 

[Vesper 469]

il y a 22 minutes, BobSaintClar a dit :

un Nebulite 406 à F4.5, structure Skywatcher et miroir Meade

Ce ne serait pas plutôt une structure Hubble Optics ?

[BobSaintClar 5 160]

il y a 2 minutes, Vesper a dit :

Ce ne serait pas plutôt une structure Hubble Optics ?

En effet ! Mais c'est une autre boîte que Skywatcher ?

[Vesper 469]

à l’instant, BobSaintClar a dit :

En effet ! Mais c'est une autre boîte que Skywatcher ?

Oui. Il me semble que le fondateur de HO, M. Tong Liu, est Hong-Kongais vivant aux Etats-Unis.

Enfin quoi qu'il en soit, ce sont deux boîtes différentes.

[BobSaintClar 5 160]

Donc c'est bien Hubble Optics ! Je vais corriger

[ALAING 60 107]

Hé bé quel étalage Bob ça c'est de le méga star party

Mais toujours pas d'astrophoto

Bonne soirée,

AG

[Strock Pierre 232]

Un des posts parmis les plus importants de l'année... Celui qui nous sort du train train pour nous montrer autre chose !

La suite ! ! ! ! les détails ! ! !

Modifié 13 mai par Strock Pierre

[Sauveur 27 464]

extra!

[BobSaintClar 5 160]

Il y a 4 heures, ALAING a dit :

Mais toujours pas d'astrophoto

Bah non, c'est un rassemblement d'observateurs visuels. Hérétique !!

(j'en ai quand même fait 3-4, en loucedé... mais chut ! Je vais y venir)

[BobSaintClar 5 160]

Avant d’attaquer son volet CROA & Rencontres Echangistes Forestières, mordons dans la partie charnue de l’évènement : les Binoculaires !

 

Si l’on met de coté l’épisode initial du parking, elles dominent outrageusement le plateau : il y en a partout, et de tous diamètres. La plupart d’entre elles sont constituées de deux lunettes, mais l’on croise aussi des télescopes bi, qui n’hésitent donc pas à se mettre en couples entre tubes du même genre : l’astro-bricoleur a les idées larges ! J’entre moi-même dans cette catégorie (si j’ose dire), avec mes APM 150 à la monture boiteuse. C’est une belle paire et lorsque je l’exhibe à la vue de tou(te)s, la concurrence ordinaire remballe fissa son service trois pièces ! Mais cette fois, je compose avec l’élite : en ces lieux de débauche instrumentale, l’on passe vite de mâle Alpha à quidam Lambda…

 

Engageons l’affaire avec l’engin ultime, celui qui plie le game d’entrée :

 

Si vous avez de la bouteille, vous sachez : La lunette de 40mm, c’est le Saint Grâl ! Je le croyais aussi, jusqu’à ce qu’un génie du mal, au Japon, ose la greffe impensable… Laissez-moi vous introd présenter l’excellence instrumentale incarnée, j’ai nommé : les binouzes 2x40 (hénissement de chevaux, bruit lointain de tonnerre) !

 

Pour l’anecdote, le créateur de cette merveille entame et clôture ce chapitre, puisqu’il a également commis le plus gros binoscope de la partie. Qui peut le plus peut le moins !

 

Celles-ci, tout le monde les (re)connait : ce sont les jumelles Nikon WX 10x50, porte-étendard de la marque dans leur genre. A la DSP de 2019, j’avais testé ce modèles : le résultat, sur le ciel, est extrêmement flatteur… mais ce n’est qu’une 50 : à 100 euros le millimètre, la plus belle paire du monde ne peut offrir que ce qu’elle a 

 

Un duo de Coronado, parmi d’autres : ces petits instruments spécialisés ont eu leur heure de gloire, en ces trois jours de harcèlement solaire ! Ils ont fleuri sous la lumière agacée de notre étoile et grâce à eux, j’ai observé d’incroyables protubérances (sous une douche d’UV lointains qui m’ont bien stérilisé la face, j’en ai encore quelque rougeurs éparses) :

 

Voici notre premier bino-télescope, un couple de Mak 80 super Kawaiiii 

 

Malgré leur coût, ces jumelles Fluorites de 80 sont populaires, en leur fief japonais. En occasion, c'est 3000 euros minimum.

J’imagine que leur nom vient de la réaction du client, lorsqu’il découvre le prix : KOWAAAA ?!

 

Que pensez-vous de ce joli couple, à base de Borg 90FL ? Qui veut s’offrir trois kilos d’élégance, d’excellence et de ruine financière ?

 

Aussi prestigieuses soient-elles, les Borg ont leur Nemesis personnelle : les Taka Sky 90 ! Combien de fois ces coquettes se seront crêpé le chignon, sous le regard amusé des étoiles ?

 

Agacées, les Taka appellent leurs grandes soeurs : les 100 FC déboulent ! Caltez, volaille !

 

Les p’tites Borg n’en restent pas là : elles invitent leurs mères, les 107FL ! Pour un poignée de milimètres, elles reprennent l’avantage et n’entendent plus le laisser filer :

 

Deux Vixen SS 114ED s’immiscent dans le débat. Je reconnais ce duo : en Septembre 2019, il m’avait offert une superbe image de M42. Ce sont des lunettes rares, courtes et lumineuses (F5,3) : je ne crois pas en avoir jamais vu d’autres.

 

Takahashi s’énerve et ne lâche pas l’affaire. Toujours remontée contre Borg, la marque historique lance ses championnes dans l’arêne : les TOA 130. Ciel profond ou planètes, rien ne leur résiste…

On la ramène moins, les Borgettes !

 

Finalement, la Chine met un terme à l’empoigne régionale. En matière de gros diamètres, l’Empire du milieu écrase les prix ! La gamme des 150 sonne le glas des ambitions nippones…

 

C’est ici que j’interviens, fort de mes APM 150ED, qui jurent un peu dans le paysage : dans cette déclinaison 2024 de la DSP, ce sont les seules véritables jumelles de plus de 80mm :

Samedi, j’aurai eu mon bon moment : équipées de leurs filtres Astrosolar, mes binos nous ont donné une magnifique image d’AR 3664, la tache géante du moment !

 

Je vous ai prévenu : mes jumelles de 150, aussi imposantes soient-elles, n’occupent point la première place de l’aréopage. En fait, elles ne sont même pas sur le podium ! Et pour mieux m’humilier, les organisateurs m’ont planté au beau milieu des monstres : trois autres binoscopes de 150 polluaient mon environnement, rien que ça ! Quant à mon voisin immédiat... on va y venir… j’en ai encore des sueurs froides…

 

2x150, ici, c’est du tout-venant ! Dans cette gamme d’instruments, voici un duo de lunettes APO chinoises à verres FLP53, ouvertes à F8, importées par Kokusai Kohki. J’ai découvert cette bestiole lors du dernier festival aux étoiles de Koumi (Octobre 2023) :

 

Des binos de 150, ça demande une bonne monture. Mais certains exagèrent, non ? Matez-moi cette fourche... J’ai vu des engins de chantier plus graciles !

 

On se rend mieux compte, avec un être humain (adulte) à la manoeuvre :

 

Pour contourner le problème du prix, les plus malins optent pour le bi-télescope de 150 : c’est nettement plus compliqué à faire et à régler, mais financièrement, c’est sans concurrence. Deux instruments de ces styles et diamètres étaient exposés :

 

Ne vous laissez pas abuser par le macaron “Nao VI bino”, d’apparence très pro : nous sommes bien en présence d’un instrument fait maison.

 

On en voit un peu plus en plongeant le regard dans les tubes :

 

A partir de 200mm, les lunettes s’éparpillent façon puzzle : comme dans le monde des astro-cyclopes, on ne trouve plus que des miroirs.

 

Que faire, si vous possédez deux Vixen RS200 ?

Réponse : un bi-télescope, économe et performant ! Ca n’a l’air de rien mais quand on s’intéresse à la chose, c’est bien moins simple à gérer qu’il n’y parait : les primaires doivent être remontés, les secondaires échangés et les faisceaux deux fois coudés (pour être renvoyés dans l’axe). Vous devez pouvoir régler le parallélisme des tubes, l’écartement des PO et la mise au point sans 1/décaler les oculaires ni 2/ pourrir la double collimation… bref, c’est du boulot !

 

Mon voisin, parlons-en : non content d’avoir bâti – à ce stade, on ne dit plus construit – la monstrueuse fourche ci-avant présentée, voici qu’il nous sort deux lunettes NIKON APO de diamètre 250mm, appariées !

Bien sûr, j’ai regardé dedans et contrairement à la fois précédente (en 2019), elles étaient bien alignées. Suspens 

 

L’ensemble est colossal jusqu’à l’absurde : pour l’installer, treuils et palans électriques obligatoires. Où quand l’astronomie devient pathologie…

 

Pendant la manoeuvre, il ne faut pas se louper. Si vous la prenez sur le pied, il y aura des frais (d’hôpital) !

 

Stupeur et tremblements : les bi-télescopes sont-ils à l’amende ? La messe est-elle dite ?

Que nenni !

La CHOSE entre en lice…

 

Dans le monde des bi, pourtant si progressiste, il y a des associations tabous, des alliances contre-natures, des Echanges d’Expériences Forestières qu’on n’aborde pas : On ne ménage pas la chêvre et le chou en mélangeant des diamètres, ou des focales, ou des systèmes différents ! Dans les PO, on place toujours deux oculaires identiques ! Nul ne commet d’inceste, sous peine d’obtenir des aberrations génétiques du genre de, de… de la CHOSE, justement !

 

La CHOSE, c’est ça : deux tubes, plus avariés qu'appariés, forment un bi-télescope de 400/505. Diamètres, distances focales et oculaires sont différents les uns des autres. Des questions ? 

 

Une vue “de face” alimentera vos cauchemars jusqu’au jugement dernier. C’est cadeau, ça me fait plaisir 

 

J’ai évidemment reconnu le Leviathan au premier regard : il rôdait déjà en 2019, comme le prouve ce document d'époque (éloignez les enfant) :

L'expression "le Diable est dans les détails" n'aura jamais été aussi appropriée...

 

Notez une différence importante : dans la version moderne du monstre, les deux oculaires sont “classiquement” placés dans l’axe des tubes. Dans le modèle précédent, ils étaient décalés sur le coté. J’ose l’écrire, c’est une amélioration !

 

J’avoue : comme ces papillons hypnotisés par la flamme, j’ai voulu savoir...

Que se passe-t-il, si l'on regarde là-dedans ??

 

Et bien, le croirez-vous ? Dans ce machin, j

 

(A suivre)

Modifié 14 mai par BobSaintClar

[ALAING 60 107]

Du jamais vu Bob, ça existe ailleurs qu'au Japon ces rassemblements fantasmagoriques ?

J'ai bien apprécié ce montage

 

Bonne journée,

AG

 

[polorider 891]

Il y a 10 heures, BobSaintClar a dit :

J’ai évidemment reconnu le Leviathan au premier regard

 Incroyable cet instrument...!!! Je ne pensais pas que ça pouvait exister...!!! Y en a qui aime bien s'em....der quand même...

 

Il y a 10 heures, BobSaintClar a dit :

Que se passe-t-il, si l'on regarde là-dedans ??

Et bien, le croirez-vous ? Dans ce machin, j

(A suivre)

Comme beaucoup d'autres ici, j'ai hâte de savoir 

Modifié 14 mai par polorider

[BobSaintClar 5 160]

Il y a 4 heures, ALAING a dit :

ça existe ailleurs qu'au Japon ces rassemblements fantasmagoriques ?

Sans doute ! D'habitude, au Japon, tu vois surtout des setups d'imageurs, des lunettes bien propres, toutes neuves, autoguidées, prêtes pour un passage en revue de niveau militaire ! Ce rassemblement dédié au visuel - Dobs et grosses binos -  est quand même particulier, il fédère plutôt des "créatifs", des gens qui dessinent et qui bricolent, ne fut-ce qu'un peu. Avec ma monture en bois, je suis dans le rang, loin des fulgurances artistiques de certain(e)s ! Et dans le tas, forcément, tu as quelques trucs complètement barrés... 

Modifié 14 mai par BobSaintClar

[BobSaintClar 5 160]

What we do in the shadows

 

Le premier soir, le ciel est très bon. Jusqu'à minuit, à la louche, je reste scotché à mes binos sans trop m'occuper des autres : j'observe plusieurs galaxies, choppant des détails intéressants dans M64, NGC 4565, M81 et 82, M51, M104 bref, les cadors ! Je butine quelques globulaires, M3, M5 et M13 en vedettes, M4 se levant, m'égare dans l'amas de la Vierge. Quelques visiteurs passent profiter de mes jumelles, je vais boire un coup au réfectoire et lorsque j'en reviens, nous avons changé de date : il est temps d'aller voir ailleurs si j'y suis !

 

Jusqu'ici, tout va bien !

 

Proximité oblige, le binoscope Nikon de 250 est mon premier choix. Lorsque j'y jette mes yeux, il cible M51. Le temps d'ajuster l'écartement oculaire et de bien me placer...Ouuhaaaa la vache, d'accord..! C'est lumineux et surtout, ultra contrasté ! La spirale et sa proie brillent, fluorescentes, sur un fond de ciel pourtant clair ! Tout en admirant le spectacle, je me dis que Voisin-san pourrait grossir et grossir encore, on en verrait plus ! Mais la file s'allonge, le super-bitube aimante l'assistance, je ne puis en abuser davantage. Me promettant d'y revenir, je cède à regret ma place.

 

Je m'oriente vers les dobs : d'abord les Ninjas, puis le Gros de la forêt. Dans les bombardes noires, j'observe ce que visent leurs heureux propriétaires sans imposer mes choix : sur le moment, des amas globulaires. M3 ou M16, dans un 500, font toujours leur petit effet ! J'ai quand même le plaisir d'admirer M64, la galaxie au beurre noir, bien plus détaillée dans leurs bouzins que dans mes jumelles. Lorsqu'enfin, je me dirige fermement vers les 660mm du Boss Final, des nuages d'altitudes s'invitent à la fête ! Sérieusement ? Pfff...

 

Tôt le matin, les conditions se dégradent...

 

Momentanément dépité, je retourne au réfectoire. Déportés par la météo taquine, d'autres amateurs se sont posés et discutent âprement autour d'un thé chaud. Houlà, le jus de plante verte, ça va pas le faire ! J'attrape un pack de bières (Asahi Super Dry) et une bouteille de rouge (Un Pinot noir californien), puis m'invite à une tablée. Comme je les surprends, forcément, les gens présents me font une place. Je sais d'expérience qu'après quelques verres, les plus timides - donc tous - n'hésiteront plus à parler anglais, s'ils le peuvent  

 

Bien sûr, je dois payer de ma personne et donner l'exemple - je parle de la picole - mais ça marche ! De toute façon, la politesse leur interdit de me laisser écluser seul. Très vite, l'ambiance monte, quelques-uns se lancent dans un globish infâme et bientôt, je participe aux discussions en cours. Une paire d'heures s'écoule ainsi et lorsque nous ressortons, cahin-caha, les voiles diffus ont disparu. Il serait plus juste de dire qu'ils embrument désormais nos esprits... P-p-pas grave ! Boss f-f-final, j'arrive !

 

Le plus gros télescope du site est assiégé : une dizaine de personnes m'ont précédé, j'en profite pour cuver tranquille en notant, vaguement inquiet, que les étoiles sont solubles dans l'alcool : alors même que le ciel est propre, j'en vois moins qu'avant... fichtre, j'aurais dû y penser ! Quand j'atteins l'escabeau, le proprio du tromblon, hilare, m'accueille avec un enthousiasme suspect ! Je le reconnais soudain : il fait partie de ma troupe d'ivrognes et de fait, il est dans le même état que moi 

 

Le dob géant pointe M57, déjà haute : bonne idée, ce n'est pas le moment de viser des pétouilles ! Malgré ma vue déficiente, je devine la centrale... mais ne perçois aucunes couleurs. Cela semble contrarier mon hôte qui, sans prévenir, me balance aussitôt la lumière de son portable dans la poire ! Je comprends l'idée, il me pourrit les bâtonnets, que je passe en vision photopique ; "Count five and mite", me dit-il dans sa langue composite. Je m'exécute... pour rien : l'anneau céleste est plus pâle, mais toujours incolore. Et Adieu la centrale ! J'en vois moins qu'avant, c'est tout ! 

 

L'expérience est un échec ! Je retourne à mon instrument et profite, à mesure que la vue s'améliore, des premières nébuleuses de l'été : M27, les dentelles, M16, M17, M20 puis M8, la partition usuelle. Jouant des oculaires et des filtres, je jouis de l'instant présent : autour de moi, les montures ronronnent, les gens chuchotent et rient. Plusieurs fois, je suis visité par des curieux - et des curieuses - que ma personne et mes jumelles intriguent. L'esprit désormais clair, je passe un matin merveilleux, jusqu'au lever du jour !

 

Alors, tel un vampire, je fuis les lueurs de l'aube et rejoins mon bungalow...  

 

(A suivre)

Modifié 16 mai par BobSaintClar

[ALAING 60 107]

Caisse que tu racontes bien Bob en fait il ne nous manque qu'un verre pour être avec toi

Bonne soirée et bonne nuit étoilée,

AG

[eroyer 682]

Toute une nuit sans aller voir dans la chose ? moi, à ta place, je n'aurais pas résisté. Mais peut-être que cela viendra pour la deuxième nuit ?

 

[GuillaumeGZ 1 956]

Excellent Bob, j'adore. Merci

[BobSaintClar 5 160]

Il y a 3 heures, eroyer a dit :

Toute une nuit sans aller voir dans la chose ? moi, à ta place, je n'aurais pas résisté

En effet, j'y suis allé la deuxième nuit !