jackbauer 2

Le déclin de l'Amérique ?

Messages recommandés


Les bruits de couloirs de la Nasa semblent confirmer que Obama veut sonner la fin de la récréation avec le programme Constellation...
On se dirigerait vers de l'espace habité à minima, en conservant l'ISS, qui ne sert à rien mais a le mérite d'exister, en développant des capsules habitées (genre Mercury ) et un lanceur anémié genre Lance-Soyouz et en renvoyant aux calanques grecques Ares 5, la Lune et Mars.... Bref, c'est le retour vers le futur antérieur...
Bien sûr, tout cela reste à confirmer, probablement cet été, peut-être pour l'anniversaire du "petit pas pour un homme, un bond de géant pour l'humanité" ? docte sentence que ne renierait pas une petite fille jouant à la marelle entre "Terre" et "Ciel".

S

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
le dépôt de bilan de Général Motors:


C'est ça le véritable déclin (provisoire) de l'Amérique!


Ou plutôt,d'une certaine idée de l'Amérique:


-l'automobile grand format, reine,gloutonne de carburant, mais surtout des grands espaces à conquérir.

-des villes ultra modernes façonnées autour et grâce à cette industrie

-la nationalisation de fait d'un fleuron emblématique,pour ne pas dire symbolique, de la libre entreprise.


L'Amérique et la "conquête" spatiale?

Un an aprés l'assassinat du pasteur Luther King, des blancs posaient le pied sur la lune(putain,40 ans déjà!).Eux,ils accomplissaient un rêve...

Apollo,c'est une affaire de blancs. L'image de la Nasa se confond dans l'imaginaire collectif,me semble-t-il avec ces missions.

Avant cet anniversaire,désigner un noir pour diriger le barnum,même donc avec une feuille de route et des ambitions limitées,c'est un symbole qui me plait.

Je me doute bien que le gars est formaté(compte tenu de son cv)mais y va p'têtre ouvrir une nouvelle ère (il FAUT rêver):


"l'Espace raisonné"?:

un élan qui coûte certes trop cher,surtout un élan vers un espace fondamentalement hostile à l'homme(et qu'on habitera donc a priori jamais) mais on trouvera bien un motif légitime pour s'envoyer en l'air pacifiquement,de temps en temps et partager des découvertes.

Ne serait-ce que pour voir comme c'est beau en bas!


Y'a-t-il réellement une impasse,en l'espéce?

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Il n'y a rien, là-haut, Hamilton, absolument rien...
Tout se passe ici, dans la tête des hommes, un univers infiniment plus riche que toutes les étoiles du cosmos.

La preuve ? Buzz qui revient de là-haut dépressif et alcoolique, Claudie qui fait un burn out après avoir tutoyé les étoiles. Tous les autres qui enfilent des perles "Depuis l'espace, on voit la terre de haut, é pi en plus on voit qu'il n'y a a pas de frontières, en vrai. Pourquoi la guerre ?"

Bref, ce genre d'âneries.

S

[Ce message a été modifié par Superfulgur (Édité le 02-06-2009).]

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
La nuit du vétéran


Quelle merveilleuse sensation que de sentir la pesanteur de son corps.

Délesté de mon envahissante combinaison de survie, refuge hors duquel pourtant le vide

m’aurait broyé, je vais à mon gré au milieu de ces cratères.

Ici, je ne suis plus un pantin aux mensurations disgracieuses et qui rebondit de pas en

pas, jouet d’une atmosphère fantôme.

Au lieu d’un plâtre grisâtre et collant, mes semelles s’acoquinent avec une terre vivante

qu’une giboulée de printemps a rendu odorante.

Je m’avance sur le promontoire aménagé au delà de cette première balafre de cratères.

Des sons me parviennent, mêlant la peur et l’exaltation, le fracas et le silence définitif.

Un Vulcain invisible martèle le sol tandis que des nuées de créatures s’entrechoquent.

Certaines ne sauront jamais qu’en leur nom, j’ai franchi aussi une autre frontière.

La vie a recouvré ses droits sur ces cratères , tandis que là d’où je viens, la tranquillité

stérile a fait vœu d’éternité.

Quelle merveilleuse ivresse que l’anonymat d’une empreinte sur ce sol étranger que

je peux partager avec des inconnus venus de tous les horizons.

L’astre qui vient de se lever dans sa splendeur trompeuse, tente de ma rappeler un

serment de fidélité imaginaire aux cratères d’en haut.

Tout au plus a-t-il réussi à congédier momentanément le feu et le sang , pierres de la

Genèse des cicatrices de ce lieu.

J’ai pu de même esquiver le protocole en quittant le sanctuaire, m’échappant sur une

musique mélancolique qui dit, heure par heure, la nostalgie et l’amour du pays aux

pauvres types dont les bras de marbre blanc sont désespérément glacés.
Quelle évidente révélation enfin que de comprendre que la métamorphose des cendres

en lune flamboyante , cycle régulier et immuable , met en pleine lumière cette chimère

unique qu’est notre terre patrie.


Et dans les regards que je croise, celui d’une enfant et de ses parents, je ne lis qu’un peu

d’humanité, pas d’admiration.

Que l’on me considère comme le vieil homme que je suis devenu, chaque pas accompli

en direction de l’autre, c’est ça le bond de géant !

(Souvenir d’une rencontre imaginaire avec Neil Armstrong, cimetière américain de Colleville-sur-mer, printemps 2008)


Superfulgur ,je sais pas si tu répondais vraiment à Whinston,mais si c'est à moi,tu ne m'avais manifestement pas "capté"!

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Sûrement un supporter de l'OM qui s'ignore?

(saloperie de subconscient!)

C'est pourtant vrai qu'il y'a un mal de l'espace!

;

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Hamilton, tu es aussi un poète. Il est beau ton texte sur "La nuit du vétéran". Si c'est ta visite au cimetière américain de Colleville-sur-mer qui te l'a inspiré, cela ne m'étonne pas. J'ai visité ce cimétière dès l'enfance, au début des années 1950, et cette visite m'avait profondément marqué. Des milliers d'Américains, souvent très jeunes, qui étaient venir mourir chez nous pour que nous nous vivions libres, cela valait bien un peu de recueillement et de respect. Je suis retourné trois ou quatre fois à Colleville, toujours avec le coeur serré. Toutes ces tombes c'est vraiment impressionnant. Obama va y faire une visite très prochainement, il a raison de perpétuer le souvenir de tous ces morts.
L'Amérique ne va pas très bien, c'est surtout comme ici à cause de tous ces parasites financiers qui exploitent les simples citoyens qui ne demandent qu'à vivre de leur travail.
Forcément, quand il s'agit de réduire des crédits, c'est la science qui trinque, pas le budget militaire. Heureusement qu'il y avait des crédits dans les années 1960 pour aller sur la Lune. Aujourd'hui la NASA tend la sébile. C'est triste...

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Merci Whiston!

Mais je tremble pour toi.....

Apparemment,tu ne connais pas le proverbe qui fait autorité en matière de "posts" liés à la conquête spatiale:


"BRUNIER AU BALCON,APOLLO AUX CARTONS".

Bon courage donc,tu vas passer sur les "fourches périgourdines" de superfulgur

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

J'ai corrigé "Hamilton".

S

PS : "calanques", ah oui, je voulais écrire calandres, bien entendu.

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Ouais, vous vannez, vous rigolez sur des détails insignifiants, pour ne pas reconnaître que cet Himalaya de la Pensée, Logos et Pathos, ce lumineux avatar de synthèse qui a écrit en transe "Impasse de l'espace" avait raison : l'Amérique (donc tout le monde) est en train de stopper le soit-disant élan "irrépressible" de l'humanité vers la Galaxie and beyond... L'espace, l'homme sur Mars, toutes ces baltringueries, plus personne n'en a rien à branler.

Il avait raison, il est heureux, il peut mourrer en paix avec lui-même, urbi et orbite.

S

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
"Les enjeux de la maîtrise de l'espace demeurent largement méconnus. Le tapage politico-médiatique qui entoure le vol des astronautes et la prétendue conquête de l'espace, renouvelée de la conquête de l'Ouest, en occulte la nature profonde : celle d'un puissant outil d'hégémonie dans une société mondiale que domine la montée des technologies de l'information."


J'ai tout bon là?


C'est que tu fais un peu dans le mythe-railleur!

(la phrase de Neil est abyssalement creuse,c'est un fait, mais j'aurais voulu t'y voir,quand déjà sur terre,tu te prends les pieds dans le tapis d'une simple locution

Et pis,t'as une fâcheuse à ne pas nous lire correctement.
Quand je dis : "un élan qui coûte certes trop cher,surtout un élan vers un espace fondamentalement hostile à l'homme(et qu'on n'habitera donc a priori jamais)..." ,je ne crois pas dénier la dure réalité.

Idem,ma fomule :"Ne serait-ce que pour voir comme c'est beau en bas" ,je pensais avoir signifié que la "nouvelle frontière",celle qu'on a le devoir de léguer à nos gosses,c'est la....(bon,,là,je te laisse deviner!)


Et enfin quand tu affirmes :"Tout se passe ici, dans la tête des hommes, un univers infiniment plus riche que toutes les étoiles du cosmos." et ben là,on est d'accord.

p'tête pas pour les mêmes raisons.

Ce saut de puce vers notre satellite,si loin,si proche,n'a sûrement pas de justication sur le plan comptable(rapport coût/avantages),il a plus sûrement une signification. Pas uniquement sur le mode "Buzz l'Eclair"

"Le but n'est pas seulement le but,mais le chemin qui y conduit" Lao Tseu

(je sais,ça fait cher du bout d'chemin!).

@mitiés.


nb:cet ouvrage est-il encore d'actualité,qui le connait?

[Ce message a été modifié par hamilton (Édité le 03-06-2009).]

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Me consacrant enfin à des occupations plus fondamentales (telles que la collection de boites de fromages ), les propos de "Supergaganaute" ont toutefois ébranlé la haute sphère spirituelle dans laquelle je m'ébroue désormais avec délice...

Sur le sujet de "l'homme dans l'espace", perso, je n'ai malheureusement pas pondu un livre , mais bientôt un recueil de mes diverses interventions sur Astrouf ne manquera pas d'être publié... . Je n'ai donc pas grand chose à ajouter.

Supergaganaute énonce : "Tout se passe ici, dans la tête des hommes, un univers infiniment plus riche que toutes les étoiles du cosmos."
Totalement d'accord, mais "les étoiles du cosmos" sont aussi quelque part... dans la tête des hommes, dans l'espace de leur imaginaire sans limites, même si elles demeurent inaccessibles..

Il est clair que l'on demeure actuellement un peu "figé" dans le long cours d'une période de stagnation relative, comme en ont connu tant de branches de la technique, pendant laquelle l'évolution et la recherche prépareront lentement et silencieusement les fondements d'une vraie mutation. Mais cela peut prendre encore bien des années, tant ce domaine semble exiger une vraie rupture scientifique et technique pour pouvoir évoluer véritablement vers des concepts plus sûrs, moins couteux, plus performants.

La présence de l'homme dans l'espace doit pouvoir être rationalisée de façon objective pour des missions dans lesquelles le partage des tâches entre l'opérateur humain et le robot est nécessaire au succès.
Au delà d'un certain degré de complexité des systèmes, on se passe difficilement de la surveillance d'opérateurs humains. Il est vrai que l'évolution technique va globalement dans le sens d'une autonomie croissante des techniques par rapport à l'homme, mais nul ne peut prévoir à quel rythme et jusqu'où cette évolution se poursuivra.

Sur la question du "coût", Supergaganaute défend mordicus le contribuable américain ... c'est louable... (je déconne hein )
Mais il convient toutefois de mettre en perspective les dépenses US consacrées annuellement au vol habité... :

Budget 2008 NASA : 17 Milliards de dollars...

Budget spatial militaire US : 25 milliards...

Budget 2008 global US : 2900 milliards de dollars...

==> Part consacrée par la NASA au vol habité : 6 à 7 milliards, soit 0,2 % du budget global US...

S'il peut y avoir des économies à faire dans le budget global américain, on peut raisonnablement avancer que le domaine susnommé n'est pas nécessairement à mettre en exergue..

Par ailleurs, ce n'est pas obligatoire , mais je vous recommande de lire un discours de Michel SERRES (pour les 40 ans du CNES, en 2007 je crois)...
En première approche, ce discours peut paraître parfois un peu difficile, voire même un tantinet abscons, tortueux, énigmatique, mais si on sait en saisir la quintessence, il en dit beaucoup plus que nos envolées forcément superficielles et un peu tronquées...

-------------------------------------------------------------------

JE CITE Michel SERRES :


"Les voyages dans l’espace ont une histoire double : celle des techniques et celle des récits. Mais la seconde, littéraire et pittoresque, devance la première sans manquer d’auteurs savants. Car si Hergé, Jules Verne, Cyrano de Bergerac et l’Arlequin de la Commedia dell’Arte expliquèrent en leur temps les mille et un moyens, véridiques ou comiques, d’aller vers la Lune, ni le Père Athanase Kircher, auteur d’une Iter extaticum, où un scarabée parcourt les orbites des planètes, ni Huyghens, dans son Cosmotheoros, ni Fontenelle, écrivain aimable d’un Entretien sur la pluralité des mondes, en même temps que secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, tous trois authentiques mécaniciens, ne limitèrent leur extravagance. Le projet de s’extraire de l’attraction terrestre date d’avant la découverte de cette dernière; l’imagination se promena longtemps dans des banlieues dont elle n’estimait point l’écart à sa juste mesure.

Ces récits poursuivaient deux rêves, celui de l’énergie et celui de la communication. Certes, aucun de ces prédécesseurs ne précisaient le carburant, ni le moteur de leur nacelle, encore moins la manière d’en diriger l’orientation. Nous pensons plus rarement au second. Michel Ardan, Hector Servadac… tous ces voyageurs illusoires partent sans laisser de lien, comme jadis les marins. Ils quittent la Terre. Nous n’avons plus de leurs nouvelles.

En revanche, nous ne partons plus, si le mot départ exprime, par sa racine, la séparation. Si, entre ces prémonitions et nos réalités, la première différence ne change que l’intensité de puissance, à l’échelle dure ou entropique, la deuxième, douce mais capitale, change la nature du voyage. Aussi loin qu’accèdent nos vaisseaux, Lune, Mars ou Jupiter, la communication avec les astronautes ou avec les machines continue. Reste une présence. Nous partons mais demeurons, nous ne coupons plus les relations.

Mais nous les coupons aussi peu avec ceux qui restent à terre, quand ils habitent ou voyagent à distance. Mieux, les messages qui passent l’espace ne changent pas seulement nos déplacements, mais aussi notre histoire, car ils touchent aussi à la nature de notre société. À ne jamais nous quitter, nous ne vivons plus ensemble de la même façon. Nos idées anciennes, conduites, mœurs et politiques, supposaient, en effet, une culture de la séparation, un espace lacunaire par où les messages transitaient avec difficulté. Or, sans que nous en prenions toujours conscience, il n’y a plus isolat ni dispersion. À cette nouvelle ère devraient correspondre d’autres usages collectifs.


Le corps loin d’ici

Prenons un exemple. La question de savoir si nous devons ou non lancer dans l'espace hommes ou femmes se décompose en un arbre de décision où se croisent des problèmes économiques, financiers, militaires, scientifiques et techniques… consacrés au comment faire. Un second embranchement de l’arbre porte l’interrogation : pourquoi le faire ? Pour des motivations sottes comme le prestige, mais intelligentes, aussi bien, comme l'exploration de l'univers, la connaissance de notre environnement au large, et la sortie aventureuse vers de nouvelles frontières, dont l'audace peut susciter un enthousiasme pédagogique envers l’un des rares projets contemporains d’une société qui n’en a plus.

Si la sagesse décidait, elle balancerait les deux questions: de quelle manière et dans quel but ? Considéré dans son ensemble, l'arbre aboutit à la réponse: oui ou non.

A supposer une réponse positive, elle met les spationautes en risque et donc occasionne un ensemble d'études biomédicales concernant leur adaptation à des contraintes d'accélération, de respiration hypoxique en atmosphère artificielle et confinée, de gradients thermiques forts, de rythmes de sommeil et de veille bouleversés, de réceptions sensibles inusitées par peau, ouïe, vue, odorat et goût, de vie en impesanteur, etc…. Les conclusions de ces travaux redéfinissent les limites, haute et basse, de la fenêtre de survie et servent à construire force boites pour aider squelette, cœur et corps à résister à la sévérité du nouvel environnement. Hors du scaphandre, point de salut. Qui se souvient que ce mot désigne "un homme dans un bateau"?

Que faire sans corps?

Cette attention portée à la santé du corps lancé dans d'autres conditions permet, alors, de reconsidérer l'arbre de décision et de le réduire à une question unique et d'autant plus passionnante qu'elle ne concerne pas seulement les techniques spationautiques, mais la culture et la société dans laquelle nous venons d'entrer depuis un demi-siècle, avec les réseaux de communication: que pouvons-nous faire et que ne pouvons-nous pas faire sans le corps ?

Certes les sondes Explorer et Voyager ou le télescope Hubble nous envoient des images de planètes, de galaxies et d'étoiles naissantes, mais, de plus, le géologue H. Schmitt, en personne, ramène de la surface lunaire 116 kg de roches, pendant que ses confrères amarrent les vaisseaux spatiaux entre eux. La question reprend: quelle connaissance peut-on acquérir, quelle manipulation peut-on expérimenter, quels travaux peut-on exécuter, à distance, en l’absence du corps ?

S’ouvre alors un débat de robotique sur la différence entre le corps et la machine, l'intelligence artificielle et l'intuition humaine, le traitement du signal et les temps de réaction devant une situation inattendue, bref, dix questions afférant à diverses disciplines, dont les sciences cognitives. Encore une fois, jusqu'où pouvons-nous aller sans présence réelle?

De l'espace comme discipline à la culture en général

Or, qu'il s'agisse de déplacements terrestres concernant le commerce, les personnes ou les familles, de voyages rares ou routiniers, de travail et d'information, d'échanges financiers ou scientifiques, de conférences ou de réunions, de formation et d'enseignement, d’économie ou de politique, de nos amours quelquefois… reconnaissons que le même débat oppose, aujourd'hui, le présentiel et le virtuel, la communication proche et à distance et que ces distinctions résument à merveille le fait social total contemporain le plus important, qui transforme l'ensemble de nos voisinages et de nos éloignements, notre lien social en général, le commerce, l’enseignement, la distribution de l'espace urbain et rural…. Autrement dit, cette question posée pour l’espace reflète, comme le ferait un modèle réduit ou géant, notre société.

Dans une culture où les réseaux et les signaux tiennent le temps réel et l'étendue globale, où ils donnent, reçoivent, stockent et transmettent la quasi totalité de nos informations, où ils tendent à produire tout ou partie de nos actes et de nos travaux, l'ultime question concerne la présence, le témoignage, les actes et l'être même du corps. Au bout de tous les messages, peut-on ou non se passer de lui, quand et dans quelles circonstances ? Ne faut-il donc pas le définir comme l’adhérence qui résiste à la messagerie ? Exemples : à quoi sert le corps de l’enseignant dans la transmission du savoir ? Pourquoi nous réunir, ce matin, en masse dans un tel amphithéâtre, alors que nous eussions pu tout aussi bien le faire sans quitter notre domicile, nos bureaux ou nos occupations ? Mais que signifieraient une commémoration, une fête, sans présence corporelle ?

Corps-objet, corps-sujet

Le spationaute ne se réduit donc pas, et de loin, à ce corps-objet dont médecine et biologie fixent les limites d'adaptation, aident les performances au moyen d'adjuvants ou de prothèses orthopédiques et redéfinissent la fenêtre de survie, mais son corps définit les extrêmes limites de ce que n’accomplissent pas, pour le moment, réseaux et logiciels.

Voilà un corps-sujet, porteur de la première intelligence, actif à l'origine de la cognition, réactif en des circonstances limites. Geste inimitable, adaptabilité sensitive multiple, souplesse des muscles et des articulations, mimétisme raffiné, action foudroyante et intuition soudaine… charme d’une femme, charisme de l’éloquence… Oui, certes, tel robot peut se substituer à lui, pour telle ou telle tâche, oui encore, tel ordinateur peut calculer, organiser, décider à sa place, oui, toujours, nous pouvons commander de la Terre telle manipulation, avec un bras et un temps de réaction plus longs, voilà tout, mais la question résiduelle, au delà de ces substitutions, consiste à la retourner : que ne pouvons-nous pas faire sans lui ? Réponse : l’imprévisible instantané, la plus petite boucle entre réception sensible et réponse musculaire, plus je ne sais quelle allure et quelle communauté.

Par miniaturisation et connexion d'un nombre énorme de circuits, pourrons-nous, quelque jour, simuler un cerveau ? Peut-être. Mais remplacer le corps ? L'intelligence me paraît en fin de compte une fonction dont le sujet ou le support occupe tout le corps et non pas seulement le système nerveux : sa masse continue de comprendre quand on croit avoir tout saisi et assimile encore alors que l'on croit avoir tout oublié. Que faire sans lui ? Tout sauf un résidu d'essentiel. Sans lui, que penser ? Tout le formel, mais quoi au sujet du réel ? Aux frontières donc de ces performances, reste la question de la connaissance par chair, bref de l'expérience.

L'expérience

Notre tradition langagière a formé, sagement, le mot expérience sur deux prépositions: ex, qui signifie le départ hors de l’environnement usuel ou initial, et per, qui décrit le passage à travers un nouveau milieu, tout autre. Puisqu'il consiste, tout justement, à quitter les circonstances terrestres pour affronter celles, plus hostiles, de l'espace, le voyage des spationautes mime à merveille le mot. Mais dès le bonhomme d’Ampère, dès le démon de Maxwell, n’avions-nous pas inventé l’expérience sans corps ?

Nos expérimentations scientifiques -notez la différence des mots- s'exécutent, de plus en plus, par des simulations raffinées, supérieures en précision à la plupart des manipulations. Excellentes, elles construisent la nouvelle science sur de tout autres bases que l’ancienne, je veux dire celle d’hier matin. Le renversement de notre savoir vient de là. L’information y tient toute la place et y fait tout le travail, le corps restant hors jeu.

Mais certains voudraient que l’on mît d’abord et encore la main à la pâte. Pourquoi ? Consultez autant de dossiers, disent-ils, voyez autant de modèles ou d'images que vous pourrez et voudrez sur tel pays, telles femmes et tels hommes, la montagne et ses parois, la mer, la forêt, les fleuves et les lacs… puis sortez de la médiathèque pour aller vers eux, habiter au milieu d'eux, avec eux ou en eux… et vous expérimenterez alors et alors seulement, votre abyssale ignorance. Certes, nous avons des photographies de la Terre, d'en haut, ou de la grande tache de Jupiter et transformons, depuis et du coup, notre vision du monde, mais tant que le corps n'a pas vu, de ses yeux vu, ces choses grandioses, il manque l'essentiel à cette information; le corps n'a pas quitté son milieu confortable pour en traverser d'autres, à la lettre, il manque d'expérience. Nous savons un peu, beaucoup… mais, au bilan, trop peu sans lui, qui demeure le sujet de toute connaissance. Même les sciences les plus abstraites demandent ce lancement à corps perdu: l'inventeur met sa chair dans les nombres et les formes. Disposant de documentation, journalistes, ministres ou administrateurs, manquent si souvent la chose !

Or le renversement récent de nos cultures vient de là: dieu des messages, Hermès remplace Prométhée, le héros du feu et de la forge. Jadis et naguère, du corps toujours au travail de peine s'envolait une information rare et chère, comme une âme légère et infiniment précieuse, alors que, désormais, d'une messagerie globale et complète, où la quantité d’information dépasse parfois l’échelle téra, la chair, exclue, erre comme fantôme en peine. L’esprit faisait exception dans un monde d’expériences ; le corps fait exception parmi le tsunami bruissant des signes. Voici presqu’un siècle, Bergson demandait un supplément d’âme à une civilisation qui s’enfonçait à ses yeux dans la matière ; devons-nous demander à notre culture d’images, de messages et d’information un supplément de corps ? Lorsque les réseaux, en effet, se chargent du savoir et du travail, le bien le plus rare dont, bientôt, le prix montera au zénith, devient son expérience. Notre nouvelle culture se définit donc par cette inversion des anciens rapports de l’esprit et du corps. Quand nous abandonnons les vols habités nous disons : ils coûtent trop cher. À l’inverse de cette évidence plate, le calcul à ces limites évalue le prix de l'Incarnation.


Temps de l’hominisation

Je le chiffre en durée, pour finir. Partie depuis cent mille ans des climats de l'Afrique centrale, une poignée d’ancêtres affronta les froids de l'actuelle Finlande, le désert de Gobi et les vents de la Patagonie. Dispersés à des milliers de kilomètres de leur origine kényane, nos corps durent s'adapter aux parallèles, méridiens, cyclones, banquises et déserts de la Terre entière. Par ces traversées de l’espace du monde, par cette expérience première, nos corps portent en eux, stocké, ce temps, interminable, de sortie et de passage.

Or nous demandons à ceux des spationautes de réussir en quelques mois ce que nos ancêtres parachevèrent en ces cent mille ans. Certes, nous savons sortir d'un milieu pour en traverser un autre, climats, jadis, espace, aujourd'hui, mais ces deux mouvements concernent le temps de l’hominisation. La longue marche des ères sans autre souvenir que ceux de nos tissus se réduit, ce matin, aux quelques secondes que dure l'arrachement à la pesanteur. Le heurt, la compression, le mélange de ces deux durées, l'une lente, charnelle et déposée dans nos cellules, l'autre foudroyante, parce que savante et technique, voilà notre contemporaine expérience.

Elle a lieu partout aujourd'hui, pour qui voyage et travaille sur la terre, comme au ciel pour ces hommes aux corps rares qu'étudie la médecine. Unitaire, notre monde rapproche l’exception de l’espace et notre quotidien dans l’environnement terraqué. Nous célébrons aussi la naissance d’une nouvelle culture et d’une autre société devant lesquelles, souvent, les penseurs s’aveuglent de peur mais qu’avec vous je regarde avec confiance."


.... FIN DE CITATION.

[Ce message a été modifié par vaufrègesI3 (Édité le 03-06-2009).]

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Bien sur l'exploration du système solaire peut paraitre inutile.Mais que reste t'il de notre profond envie de découvertes?Il est intact et sans prix.Revoir l'homme sur la lune serait fabuleux.Pourquoi croyez vous que nous nous échinions à comtempler et photographier notre satellite?Le mystère est toujours là,et la fascination toujours au rendez vous:
ici,

et encore là: www.panolab.com/index.php?action=fullscreen&img=8d03a538

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Pas d'accord, il ne s'agit pas de Superfulgur contre Obama puisque c'est Obama qui a demandé une étude de faisabilité.
Ce serait plutôt Obama versus Bush.

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Encore rien d'officiel, mais d'après ces lignes, la NASA utiliserait des SOYOUZ russes entre 2010 (mise à la retraite des navettes) et 2014 (entrée en service supposée du nouveau vaisseau ORION)
ça parait quand même assez incroyable, mais... http://www.space-travel.com/reports/US_To_Continue_Using_Russian_Spacecraft_After_2010_999.html

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

C'est ce qui est prévu de toute façon il me semble, car même si les States maintiennent des navettes jusqu'en 2015 et au delà (comme le préconise le rapport Augustine) la flotille sera réduite et ne suffira pas à assurer à elle seule la rotation des astronautes dans l'ISS..

Les Soyouz et autres Progress viendront en appui.

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Quand on y pense...
Quel auteur de SF ou autre aurait osé il y a 30 ans un scénario pareil :

L'URSS chutera mais les américains utiliserons des Soyouz !
Surréaliste quand on y pense !

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant