PascalD

Conf' de l' IAP

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« …Dans ce cadre, séparer la science et la philo procède d'un préjugé incohérent qui imagine une forme de pensée fragmentaire, compartimentée de manière hermétique. C'est à l'opposé de la nature même de l'intelligence qui établit spontanément des liens entre les découvertes et le savoir global qui cherche à en évaluer la portée. Et la philo est à l'opposé du bavardage, on y apprend à conduire sa pensée sur les vraies questions et avec un sens de la rigueur qui n'est pas différent de celui de la science.
Ce qui intéresse un véritable scientifique, ce qui le stimule, c'est la recherche et la découverte. Et c'est bien en cela qu'il se rapproche du philosophe. Tout chercheur d'envergure le devient naturellement lorsqu'il appréhende ses découvertes et ses travaux d'un point de vue global et sur la vision du monde sous-jacente à toute théorie… »
(Vauffy)

Je ne suis pas d’accord avec toi !
Un philosophe ne fait qu’interpréter le monde qui l’entoure, avec les préjugés propres à son époque et à son égo, souvent surdimensionné ; Il est prisonnier de sa nature humaine et ne peut s’en extraire, tout au plus peut-il s’efforcer de se forger une morale ou, s’il le peut, d’imposer sa « volonté de puissance », non pas par les armes, mais par les idées.
Un scientifique qui découvre une équation, une molécule, n’interprète pas la réalité, il la révèle au grand jour, en toute liberté, sans la prétention d’y donner un sens moral…
Pendant que j’écris ces lignes, sur France 2 passe un reportage sur une femme tétraplégique : elle peut commander PAR la PENSEE un bras artificiel, qui lui permet de se nourrir seule pour la première fois depuis 10 ans…
Les petits génies qui ont permis un tel prodige ont-ils besoin de philosophie ??

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Si tu limites l'activité humaine à sa capacité à construire des autos et des machines à laver, Jackbauer, je te plains...

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En même temps, faudrait pas non plus essayer de nous faire croire, comme Gordon, que la philosophie d'aujourd'hui englobe encore la science, hein (je parle de la philosophie en tant que discipline pratiquée par les philosophes, pas de la Philosophie en tant que discipline idéale telle qu' un être omniscient pourrait la pratiquer, hein, faut être précis).
C'était sans doute vrai jusqu' au début du XXe siècle, à la louche, mais plus aujourd'hui.

Le bras artificiel que cite Jack, ou le LHC, sont des avancées philosophiques autrement plus importantes que l' intégralité de l'oeuvre de Klein sur le sens de la phrase "perdre son temps", pour prendre un philosophe au hasard, enfin à mon avis.

Nos excellents philosophes des sciences, aussi brillants soient-ils, même quand ils sont aussi des scientifiques, il faut bien se résoudre à constater que ça fait un bon siècle qu'ils n'y pannent plus rien, parce que la science, quelque soit la discipline, est devenue trop complexe pour un seul esprit humain, et qu'ils en sont réduits à proférer des généralités fausses ou des conjectures invérifiables sur la méta ontologie de l' inchoatif de l' ineffable.

L' époque est à l' esprit collectif, aux équipes de 200 et plus, aumgmentés par l' informatique, qui se coltine avec ce qui reste du réel intelligible pas encore intelligé, sans trop se demander si l' équation est conforme à la philosophie de Leibniz ou pas. Pas au penseur solitaire qui tire une morale de l' étymologie du mot "boson".

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Jack > "Un philosophe ne fait qu’interpréter le monde qui l’entoure, avec les préjugés propres à son époque et à son égo, souvent surdimensionné ; Il est prisonnier de sa nature humaine et ne peut s’en extraire, tout au plus peut-il s’efforcer de se forger une morale ou, s’il le peut, d’imposer sa « volonté de puissance », non pas par les armes, mais par les idées.

Punaise.. là Jack, je dois te dire que ce n'est pas d'un philosophe que tu nous fais la description, ça ressemble plutôt à celle.. d'un vrai con !!..
On part de loin...
C'est perdu d'avance ..

Ne lis plus Jack, maintenant je soliloque ...

La philo se rapproche de la science dans son idéal universel, mais elle est aussi dans son cheminement une recherche personnelle. La philo est l'auto-compréhension de la Vie comme une totalité et une démarche qui dirige l'esprit vers l'essence et reconduit à l'essentiel.. Elle est l'expression de la dignité de la condition humaine, en tant que l'homme est voué à la Connaissance, un "droit de naissance" de l''être humain en quelque sorte..

Elle inclut même la métaphysique qui est le lieu des interrogations ultimes de la philo, sur la nature de la "réalité"..

En fait, selon Nietzsche - je cite : "C’est toujours sur une croyance métaphysique que repose la croyance à la science, que nous aussi, hommes de connaissance d’aujourd’hui, nous sans-dieu et antimétaphysiciens, nous continuons d’emprunter notre feu aussi à l’incendie qu’a allumé une croyance millénaire, cette croyance chrétienne, qui était aussi la croyance de Platon, que Dieu est la vérité, que la vérité est divine… Mais si cette croyance précisément ne cesse de perdre toujours plus sa crédibilité, si rien ne s’avère plus divin, sinon l’erreur, la cécité, le mensonge, -- si Dieu lui-même s’avère être notre plus long mensonge ?"

Nietzsche entend démontrer ainsi que la propension du besoin d’avoir quelque chose à "tenir pour vrai", d’avoir une conviction, ne disparaît jamais mais s’investit dans de nouveaux objets, aujourd’hui la science.

De toute façon, cela a-t-il vraiment un sens de vouloir séparer en nous le scientifique, de l'artiste, du philosophe.. Notre esprit contient toutes ces formes, on peut dire qu'il y a en chacun de nous un scientifique, un philosophe, un artiste, un moraliste, un politique.. Encore un fois nous ne pensons pas de manière fragmentaire, compartimentée, à courte vue. C'est à l'opposé de la nature de l'intelligence qui fait spontanément des liens entre toutes ces choses, qui suppose un éveil de l'intuition les englobant..


PascalD > "Nos excellents philosophes des sciences, aussi brillants soient-ils, même quand ils sont aussi des scientifiques, il faut bien se résoudre à constater que ça fait un bon siècle qu'ils n'y pannent plus rien, parce que la science, quelque soit la discipline, est devenue trop complexe pour un seul esprit humain, et qu'ils en sont réduits à proférer des généralités fausses ou des conjectures invérifiables sur la méta ontologie de l' inchoatif de l' ineffable."

Tu as une curieuse vision de la chose Pascal. Tout comme la science, la philo ne se pratique pas tout seul, impérial dans une "tour d'ivoire".. Elle s'est toujours nourri du travail et des lumières d'une communauté attentive et qui cherche à s'instruite des évolutions multiples de nos sociétés, pas seulement en sciences.. Il est vrai que c'est fabuleusement compliqué aujourd'hui. Mais il importe je crois de "s'éclairer" avec encore plus de philo pour ne pas s'égarer totalement..

Plus haut, Gordon citait Catherine Chevalley.. Je te propose de lire sa prose ici, au chapitre I-B surtout. C'est un exemple sur un sujet très particulier, mais je le crois instructif.. Difficile d'envisager qu'elle n'y "panne plus rien" ..

http://ress.revues.org/570

[Ce message a été modifié par vaufrègesI3 (Édité le 17-12-2012).]

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quote:
Tu as une curieuse vision de la chose Pascal. Tout comme la science, la philo ne se pratique pas tout seul, impérial dans une "tour d'ivoire"

Je veux bien te croire, Vaufrèges, c'est toi l' expert en philosophie ... J'espère que tu as saisi une certaine forme de caricature, qui répondait à une autre caricature (la philo englobe la science, ou , pour citer l' aphorisme Gordonien : "D'une manière générale, c'est assez idiot ce genre d'affirmation. La science étant notamment un sous-ensemble de la philosophie, ta proposition s'effondre logiquement sur elle-même.") ?
Je vais lire la prose que tu suggères de façon plus approfondie, un survol rapide montre un texte intéressant. Mais je ne crois pas qu'il constitue une réfutation de ma "curieuse vision". Je note que les exemples cités au paragraphe IIb ne sont pas de la toute première fraîcheur ...

Juste pour rester dans le concret, tu peux me citer un exemple d'ouvrage philosophique signé par plus de 200 auteurs ?

Coté science, je te laisse compter le nombre d'auteurs de ce papier là, signé par un certain "the ATLAS collaboration", pris au hasard : http://arxiv.org/abs/1207.7214

[Ce message a été modifié par PascalD (Édité le 18-12-2012).]

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Pascal > "Juste pour rester dans le concret, tu peux me citer un exemple d'ouvrage philosophique signé par plus de 200 auteurs ?"

La philo n'a pas ce côté formel, tu le sais.. Mais aujourd'hui il existe une méthode quasi obligatoire de devoir citer pour se référer à d'autres travaux et ainsi permettre en permanence de mettre son propre travail en perspective.. Sinon ça n'a pas beaucoup d'intérêt..
Bon OK.. Aristote, Platon, Démocrite... ils ne citaient pas beaucoup à l'époque ..

Didon 200 !.. c'est sûr, y z'ont mis le personnel de la cantine, les jardiniers, les vigiles, les femmes de ménage...

[Ce message a été modifié par vaufrègesI3 (Édité le 18-12-2012).]

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quote:
La philo n'a pas ce côté formel, tu le sais.. Mais aujourd'hui il existe une méthode quasi obligatoire de devoir citer pour se référer à d'autres travaux et ainsi permettre en permanence de mettre son propre travail en perspective.. Sinon ça n'a pas beaucoup d'intérêt..


Je crois que je me suis mal fait comprendre : Je ne fais pas un procès en formalisme, ni ne conteste le fait qu' un philosophe sait mettre son propre travail en perspective et citer ses condisciples. Je conteste le fait que la science et la philosophie s' élaborent de la même façon de nos jours, comme le laisse entendre ta phrase : "Tout comme la science, la philo ne se pratique pas tout seul, impérial dans une "tour d'ivoire"" ...

Puisque les philosophes travaillent comme les scientifiques, en collaboration, il ne devrait pas être difficile de trouver un article de philosophie signé par "The Sisyphe Collaboration", tout comme on trouve facilement des articles signés par "The Atlas Collaboration" ? Une suggestion ?

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Pascal > "Je conteste le fait que la science et la philosophie s' élaborent de la même façon de nos jours"

Sauf que ce n'est pas du tout ce que j'ai écris. Je prétend seulement que la philosophie demeure toujours "vivante" (même si la science lui lance des défis), et qu'elle se nourrit - s'enrichit - collectivement d'éminentes contributions passées, présentes et....

Je concède volontiers qu'il n'existe pas "un LHC de la philo" ..

[Ce message a été modifié par vaufrègesI3 (Édité le 18-12-2012).]

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Plus sérieusement, je ne vous suis pas du tout dans votre clivage "science" contre "philosophie"...

A mon sens, il faut prendre le mot philosophie au sens large, qui serait, comment dire, "l'exercice de la pensée", ou "la construction d'une imago mundi", quelque chose comme ça, je laisse à Daniel Vaufrèges le soin de faire l’exégèse de sa discipline favorite.

Du coup, la perspective s'agrandit... et la science devient une activité de création parmi d'autres, même si on peut, ou pas, la privilégier.

Au hasard, revenons un instant à la Renaissance, qui s'achève, en gros, avec Galilée, qu'on prend tous plus ou moins pour un génie, et avec raison. Mais l'assise de Galilée, justement... c'est la Renaissance... qui elle-même est une explosion de la pensée, via l'humanisme et le face à face de Dieu et sa créature, qui s'est joué, pour des raisons contingentes, en Italie. On peut, avec raison, se pâmer devant l'invention de la longue vue (deux bouts de verre, un tube en carton), mais passer à côté du changement de vision, offert, au hasard, par les peintres du Quattrocento, c'est passer à côté de l'essentiel. Le passage du monde clos à l'univers infini, comme dirait Koyré, c'est eux, quand ils se sont frotté pour la première fois à l'infini, via l'invention de la perspective, en tant que symbole de la puissance infinie de Dieu. Nous les astronomes, avons tendance génétiquement à croivre que c'est en regardant les étoiles que l'homme a changé de regard sur le cosmos, c'est très très très réducteur....
Galilée était Florentin, Vénitien, et ce n'est pas un hasard.

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Mais non, y' a pas de "clivage", on se contente de rappeler aux philo-enthousiastes que leur discipline a cessé depuis un petit siècle d'avoir de l'importance en science.

Dit autrement, l' intersection des disciplines se réduit, les méthodes divergent, les certitudes et les questions des philosophes intéragissent moins avec celles des scientifiques que par le passé.
D'ailleurs, à lire les quelques références proposées ici on ne peut s'empêcher de se demander si la philosophie des sciences n'est restée coincée dans une boucle temporelle aux alentours de 1927 ...

On peut le regretter, mais faire comme si ça n' était pas le cas, c'est un peu gonflé quand même ...

[Ce message a été modifié par PascalD (Édité le 18-12-2012).]

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quote:
les certitudes et les questions des philosophes intéragissent moins avec celles des scientifiques que par le passé.

Ca n'est pas du tout ce que je ressens, au contraire... Entre le boson de Higgs et la galaxie la plus lointaine jamais découverte, la science se heurte à deux murs infranchissables par elle seule. Elle n'a tout simplement pas le vocabulaire pour essayer de les franchir, les mots pour le dire.

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PascalD
quote:
tu peux me citer un exemple d'ouvrage philosophique signé par plus de 200 auteurs ?
Non, mais tu peux voir que presque tous les grands articles "fondateurs" ont un, deux ou trois auteurs. Là, tu fais référence à des papiers portant sur des expériences ou des observations extrêmement compliquées qui demandent un travail énorme (LHC, ou les satellites comme Planck, ...).

Pour le coup science et philosophie supposent échanges et débats. Le problème est plutôt la spécialisation qui paraît inévitable si on veut être "pertinent" dans un domaine "pointu", mais qui a la fâcheuse conséquence de créer de petits groupes de spécialistes fermés et même étanches.

Je suis d'accord avec Superfulgur sauf qu'il personnalise trop sur Galileo Galilei qui, à mon avis, était une bille , mais en même temps, c'est vrai, très "moderne" par son goût de la médiatisation. Si on veut absolument un héros, un vrai, c'est Kepler, lui croit à ses équations !

Il me semble clair qu'aujourd'hui les deux domaines phares de l'astronomie, la cosmologie et l'exobio-planétologie, manquent cruellement de réflexion philosophique et semblent inconscients des pré-supposés qu'ils colportent allègrement. Si on laisse de côté la question des "origines" ces deux domaines perdent toute leur saveur. C'est marrant de remarquer que ce problème de l'origine ne se pose pas dans la culture chinoise par exemple ...

A mon avis, Etienne Klein fait bien mieux le lien nécessaire entre science et philosophie qu'Aurélien Barrau.

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PascalD +1 !

quote:
(...) la science se heurte à deux murs infranchissables par elle seule. Elle n'a tout simplement pas le vocabulaire pour essayer de les franchir, les mots pour le dire.

Non, pas la "science", la "philosophie" se heurte ! La science a son langage mathématique.
Je pense que les philosophes ont du mal à comprendre que l'on puisse penser en équations et que par exemple, pour un théoricien, raisonner sur des équations est aussi limpide que de raisonner avec des mots.

Lorsque l'on parle du développement cognitif de l'enfant, on dit souvent (à juste titre) que l'apprentissage du langage permet d'élargir la capacité de conceptualisation, notamment d'abstractions. Il en est de même des mathématiques.
On fini par penser et raisonner en équations et le langage courant, même formalisé par les philosophes, et parfois impropre ou insuffisant pour retranscrire le langage mathématique.

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quote:
A mon avis, Etienne Klein fait bien mieux le lien nécessaire entre science et philosophie qu'Aurélien Barrau.

Absolument ! Tournesol, tu es trop jeune, trop saint-simonien encore, pour comprendre que c'est la philo qui englobe la science et non l'inverse...

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ChiCyg, des articles fondateurs à un seul auteur, dans l' histoire récente de la physique (disons, depuis l' électrodynamique quantique de Feynman/Wheeler) je crois pas que ça existe (sauf dans le cas où le directeur du labo est mégalomane, peut-être ? J' ai pas d'exemples en tête). Je serai surpris s'il en allait autrement dans les autres domaines (la génétique, au hasard).

En philosophie, il me semble que c'est encore la norme ? Mais je me trompe peut-être.

Et d'autre part, sans les expérimentateurs, la physique théorique ne serait que de la mauvaise philosophie.

Ensuite, aller chercher l' exobioplanétologie comme "domaine phare de l' astronomie", quand même, tu y vas fort ...

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PascalD :
quote:
aller chercher l' exobioplanétologie comme "domaine phare de l' astronomie", quand même, tu y vas fort ...
Ben non, tu crois peut-être que le succès planétaire de la chasse aux planètes s'explique par une brusque passion du public pour l'exogéologie ? alors faudra que t'expliques aussi la fascination pour les "zones habitables" si chères à Super et encore la recherche effrénée de superterres : c'est plus intéressant que les superjupiter ou les superneptune ?

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Tu as bien sûr raison ChiCyg, et il ne m'en coûte point de le dire ..

Tu vois Super, tu parles des peintres du "Quattrocento" de la Renaissance italienne, tout le monde s'en fout , alors que tu as pourtant totalement raison de qualifier cette période de "changement de vision"..

Il me semble aussi qu'à la Renaissance on est passé à une nouvelle conception des arts et de l'architecture.. Particulièrement en Italie, on redécouvre Platon et ses préceptes, et où on voit alors la nature comme une réalité physique d'essence mathématique (coucou Gordon ).
J'ai lu sur ce point que c'est un architecte italien du XVème, Leone Battista Alberti, qui abordera cette rupture picturale au niveau architectural et de la peinture avec les notions novatrices de la perspective, le prolongement de cette réalité physique : Une forme d'imitation de la nature, rationnellement construite..

Daniel Arasse (que tu connais bien mieux que moi ) évoquant les nombreuses "Annonciations" peintes au XVème siècle, indique que ".. la perspective construit une image du monde commensurable à l'homme, tandis que l'Annonciation est l'instant où l'infini vient dans le fini, l'incommensurable dans la mesure". C'est je crois ce que tu appelles "le face à face de Dieu et de sa créature", c'est à dire le changement de regard sur le cosmos qui devient enfin "commensurable". Sachant à quel point l'Annonciation est fondateur pour la foi chrétienne, il considère cette innovation comme "le moment d'articulation décisive de l'histoire spirituelle et du destin de l'humanité !"..

Tout ça pour dire que Daniel Arasse écrit l'histoire de la peinture, la met en perspective avec l'histoire de l'humanité, et qu'il fait donc bien ainsi oeuvre de philosophe..
Merci à lui.. et à celui qui me l'a fait connaître ..

La philo englobe toute démarche de l'homme vers la connaissance et la compréhension du Monde, sans aucun "clivage" .. Quel serait-il ?????...

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Je crois qu' il n' y a qu' une seule réponse possible, vu la tournure de l' argumentation :

Amen.

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Dominus vobiscum PascalD, vas en paix ..

A mon humble avis et donc bien au delà des mythes religieux, j'espère quand même que tu l'as compris (mythes qui font aussi l'histoire de l'humanité), je soupçonne, je subodore, je suppute même qu'il n'y a pas qu'"arXiv" pour tenter de comprendre le monde..

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Bon, quand je lis ce que Jackbauer et PascalD écrivent sur (ce qu'ils pensent être ?) la philosophie (clairement, ni l'un ni l'autre ne savent de quoi ils parlent ), j'ai quelques doutes sur la pertinence de maintenir la discussion sur ce sujet (je n'ai pas le courage et l'abnégation de Vaufrèges).


Quant à "penser avec des équations" comme le suggére Tournesol, cela semble indiquer une curieuse acception du mot penser, et donner posthumement encore raison à Heidegger ("la science ne pense pas"). C'est en tout cas fort éloigné de ce qu'affirmait avec force et insistance Bohr, sur l'impérative nécessité de pouvoir rendre compte de toute expérience, de toute observation, dans notre langue commune, classique, de pouvoir communiquer aux autres sur ce que nous avions appris de la nature. Les mathématiques permettent de calculer et de prédire, mais elles ne décrivent ni n'expliquent quoi que ce soit. Elles ne "pensent" pas. Elles ne traitent que des étants (calculables...).


Et quant à la supposée boucle temporelle de 1927 évoquée par PascalD (je suppose que tu fais allusion à la conférence de Côme, ou à la conférence Solvays à Bruxelles) dans laquelle serait engluée la philosophie des sciences, si cela était avéré, ce serait une bonne idée. En effet, la brèche ouverte lors de ces années décisives (disons des quanta de Planck de 1900 aux conférences de Côme et Solvay de 1927s, puis au débat Einstein-Bohr des années 30s) n'ayant jamais pu être refermée et ne faisant que s'amplifier (de EPR à Bell, Aspect, Leddgett,...) malgré les efforts désespérés des tenants d'une réalité extérieure complétement objectivable (thèse sans cesse démentie par les expériences), on peut comprendre que le point soit creusé avec une certaine persévérance par la philosophie.

[Ce message a été modifié par Gordon (Édité le 19-12-2012).]

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quote:
Les mathématiques permettent de calculer et de prédire, mais elles ne décrivent ni n'expliquent quoi que ce soit. Elles ne "pensent" pas. Elles ne traitent que des étants (calculables...).

C'est à mon tour de répondre que lorsque je lis ça, je constate que tu ne sais pas de quoi tu parles.

On va prendre un exemple, les équations de Maxwell de l'électromagnétisme.

Il arrive fréquemment, lorsque l'on discute d'un problème d'électromagnétisme avec un collègue, de raisonner avec ces équations (ou équations qui en sont dérivé). Je ne parle pas forcément de calculer ou de prédire au sens numérique, mais bien de raisonner sur un phénomène via sa représentation par les équations de Maxwell. Il n'est pas rare au cours d'une discussion entre physiciens d'entendre des choses du genre "tu ne peux pas avoir tel effet, parce que le rotationnel du champ magnétique implique que...".
Les mathématiques sont un langage, et comme tout langage, il permet de raisonner, et celui-ci de surcroît est d'une redoutable efficacité.

De plus, lorsque l'on calcule, les étapes de calcul permettent de voir le phénomène "se dérouler", ce n'est pas que du calcul aveugle que l'on effectuerait en attendant le résultat final renvoyant une bête valeur numérique.
Les diagrammes de Feynman sont un exemple flagrant de cet état de fait.
Les fonctions sont comme des mots, les équations différentielles comme des phrases, les calculs des discussions, et chaque mot, chaque phrase est porteur de sens et décrit quelque chose de concret pour le physicien.

quote:
C'est en tout cas fort éloigné de ce qu'affirmait avec force et insistance Bohr, sur l'impérative nécessité de pouvoir rendre compte de toute expérience, de toute observation, dans notre langue commune, classique, de pouvoir communiquer aux autres sur ce que nous avions appris de la nature.

Oui, mais là tu affrontes un autre problème.
La frustration, que j'ai d'ailleurs souvent rencontré chez certains philosophes, d'avoir à admettre que le langage commun ne suffit pas. D'ailleurs, en tant que philosophe, tu devrais savoir que ce sont justement des mathématiciens et des philosophes qui ont fait état de la limite des constructions linguistiques standards pour pouvoir raisonner scientifiquement ou transmettre des concepts inhérents à la physique ou aux mathématiques (cf entre autres Russell).

Il est d'ailleurs douloureux pour certains étudiants passionnés, de bloquer complètement sur les mathématiques et de se voir complètement fermé à des pans entiers de la physique.
Il est alors psychologiquement remarquable de voir certains de ces étudiants se tourner vers la seule philosophie des sciences, et faire souvent des procès d'intentions aux physiciens.

Je ne condamne pas la philosophie, et l'épistémologie a une place importante dans mes cours.

Mais d'un autre coté, on constate souvent que chez certains physiciens en manque d'une carrière grandiose ou de notoriété, ou encore que chez certains philosophes des sciences, il y a une confusion des genres entre faire de la philosophie et faire de la science. Comme si l'aspect philosophie était primordial et que la démonstration et le raisonnement mathématiques n'étaient qu'accessoires. On trouve souvent chez ces gens une frustration et une souffrance par rapport à des domaines techniques qu'ils auraient voulu embrasser.

Par ailleurs, il faut dire franchement les choses. Ces dernières décennies, certains philosophes des sciences n'ont acquis aucune crédibilité à la lecture des âneries qu'ils ont pu écrire, traduisant une incompréhension totale de leur part des concepts scientifiques dont ils sont censés discuter. Des âneries dignes de deux certains frangins... c'est dire !

[Ce message a été modifié par Tournesol (Édité le 20-12-2012).]

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