Nous nous sommes retrouvés avec Jean-Marc à l’observatoire de la Sinne, Vauvenargues (13) pour un petit concours de lunettes apos sur Jupiter.
Il avait amené sa TOA 130. J’avais amené mes jumelles Binoptik. Rappelons que ces jumelles sont composées de deux triplets Lzos 130/780, qu’un artisan allemand monte dans un système de jumelles. Ce sont donc, en gros deux lunettes APM 130/780 couplées.
Nous souhaitions observer en bino pour le confort. Il a placé sa bino Televue sur sa TOA. J’ai donc placé moi-même une bino dans une seule de mes lunettes, afin de me retrouver dans la même situation que lui.
La turbulence est moyenne. La tache rouge est en train d’apparaître et il y a le point noir d’un satellite devant le disque jovien. Il nous a fallu pas mal d’essais avant de se retrouver à un grossissement équivalent, compte tenu notamment des focales différentes.
Ce qui ressort en premier lieu, c’est qu’il n’y a pas de forte différence entre les images. La TOA donne une image un peu plus contrastée dans les détails. L’impression d’en voir un tout petit peu plus (ou un tout petit peu plus facilement) dans les faibles variations de teintes de la tache rouge. L’impression aussi que le point noir du satellite est un peu plus contrasté.
Je passe ma bino (aussi une Televue) sur l’autre lunette de mes jumelles : aucun changement. Il est clair que la TOA est une vraie lunette. Elle a des diaphragmes de diamètre décroissants afin de limiter au maximum tous les reflets parasites internes. La jumelle Binoptik, elle, est un tube creux sans aucun diaphragme internes. Au-delà des qualités optiques respectives, cela peut jouer. Même si je n’ignore pas que la TOA est probablement la meilleure optique qui soit sur le marché…
Ensuite, je repasse en mode binoculaire, avec un œil par lunette. Je reçois donc deux fois plus de lumière qu’avec la TOA. J’ai toutefois la même résolution que cette dernière.
Les couleurs deviennent plus claires et tous les détails sont plus lisibles. Il apparaît aussi un peu de turbulence différentielle du fait que j’observe avec deux tubes au lieu d’un seul. La TOA garde cependant une sorte de micro contraste supérieur. Cela donne une douceur et un rendu un peu plus agréables à l’image. Même si les couleurs sont bien plus vives dans les jumelles, car elles ont alors la même luminosité qu’une lunette de 183 mm…
Il me vient alors une idée : placer deux filtres neutres 50 % sur chacun de mes oculaires. Je devrais alors retrouver la luminosité de la TOA. Et c’est le cas. Les deux images sont de nouveau très proches en teinte, texture, rendu des couleurs. La TOA garde un tout petit quelque chose de plus agréable. Tout ce que l’on voit dans la TOA, on peut le voir dans la Bino, mais avec un petit effort supplémentaire.
Au final, je suis satisfait de ne pas avoir été humilié par la TOA. Elle est devant, mais pas de beaucoup. Je retire mes deux filtres et nous passons sur M42. Et là, la paire de jumelles est loin devant car la résolution devient un critère secondaire. C’est la lumière qui fait la différence et une 183 écrase alors nettement une 130. La TOA reste toutefois intéressante de par son contraste et son piqué. Mais on voit bien plus de nébulosités dans la Binoptik et on voit aussi des étoiles que l’on ne parvient pas à distinguer dans la TOA.
Fin de l’épisode. Nous rentrons chacun chez nous. Le lendemain samedi, je suis dans mon jardin et je repense à ces images encore parfaitement nettes dans mon esprit. Il fait très beau et il n’y pas de vent. L’idée me vient d’installer mon 500 Skyvision afin de comparer les images au souvenir que j’en ai dans les 130. A 20 h, la tache rouge est encore là, comme 20 heures plus tôt, la veille.
Et là, c’est le choc ! Les détails sont écrasants. Tout ce que nous devinions la veille est devenu pure évidence. De multiples détails s’ajoutent et l’image est infiniment plus riche, plus contrastée, plus détaillée, plus fournie. D’autant que la turbulence est plus faible qu’hier. Les festons que nous peinions hier à distinguer, sont amplement perçus et montrent des détails internes... J’ai placé un filtre 50 % ce qui évite l’éblouissement et qui atténue les aigrettes et donne à l’image plus de douceur, comme dans une apo. Une apo de 500...
A 350 x, le 500 se ballade là où la TOA s’essoufflait et assombrissait les bandes qui devenaient brunes. Là, on est encore dans du rouge vif ! Cette teinte marbrée et saumonée, si caractéristique des bandes de Jupiter… Le pied !
Y a pas à dire, le diamètre