PerrouriefhCedric

Entre ciel d'automne et ciel d'hiver

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Bonjour,

Compte rendu de la soirée du 2 décembre à mon observatoire de toujours de la Sinne, dans le massif de la Sainte-Victoire. L'occasion de tester rapidement l'oculaire TeleVue Delos 10 mm que je possède depuis un moment déjà sans avoir eu l'occasion de l'utiliser (quasiment pas observé durant les dernières années !). Dans la soirée le ciel fut d'abord assez turbulent, puis l'humidité a grimpé en flèche avant une amélioration des conditions vers minuit.

La saison avançant, le ciel d'automne se trouve déjà au méridien en début de nuit, il ne faut donc pas tarder pour en profiter. Entrée en matière sur les chapeaux de roue donc, au C14 de coupole en grossissant d'abord 95 fois (oculaire Panoptic 41) puis 150 fois (Nagler 26). En début de nuit la forte turbulence n'a pas permis de pousser le grossissement au delà. Je passe les dix ou quinze premières minutes sur un bijou de l'automne, la nébuleuse planétaire NGC 7662 ("Boule de neige bleue"). Le premier élément de sa structure à attirer l'attention après quelques secondes d'observation est son coeur, plus sombre que sa périphérie. Après quelques autres secondes laissées à l'oeil pour s'habituer (impératif !) on s'aperçoit simultanément de deux autres aspects de ce bel objet : d'une part, cette périphérie est elle-même contrastée, plus lumineuse par endroits, surtout dans sa partie la plus extérieure, on croirait voir se former une sorte de coquille, discontinue ; d'autre part, indépendamment du contraste coeur / périphérie, cette nébuleuse semble scindée en deux hémisphères, l'un plus brillant que l'autre. Au bout d'une minute ou deux d'observation à 150 fois de grossissement, on commence à pressentir une structure encore plus fine, une surface morcelée, de luminosité inégale jusque dans le coeur. Une fois qu'on a atteint ce plafond, tout le reste du temps n'est plus consacré qu'au plaisir d'observer La photo de NGC 7662 vue aujourd'hui montre que ce que je viens de décrire n'est en fait que la partie centrale de cette nébuleuse planétaire qui baigne dans un plus large nuage sphérique, beaucoup plus ténu. Celui-ci n'était pas visible ou beaucoup trop peu pour que je l'aie noté.

Bref passage par la galaxie NGC 7331 que j'avais déjà observée à la montagne de Lure l'autre semaine (1000 mètres plus haut !). Je la reconnais bien avec son coeur très brillant prolongé de ses deux extrémités par une immense structure, presque interminable, impalpable, bien plus pâle quoique contrastée. La bande d'absorption est quand même nettement moins perceptible qu'à Lure, pourtant la qualité du ciel était comparable et le télescope, par hasard, exactement le même ! Peut être l'altitude y est-elle pour quelque chose, le ciel de Lure étant toujours un cran au dessus de celui de la Sinne à conditions atmosphériques égales ? Allez savoir

Cap ensuite sur une autre star automnale dans le même secteur, le groupe de galaxies "Hickson 92" pour les amateurs de noms techniques, plus connu comme "quintette de Stéphan". Je pointe donc NGC 7318 ayant préalablement noté qu'elle appartenait à ce groupe, espérant la trouver en bonne compagnie... en fait... rien ? Puis une petite voix qui me dit que même si je ne vois en effet strictement rien d'autre que quelques étoiles dispersées dans le champ, ben c'est quand même bien là (je fais confiance à la précision du GoTo surtout avec un grossissement encore assez raisonnable : 150 fois seulement ) et au final que l'astronomie est une école de patience. J'ai eu raison d'y croire : au cours des premières dizaines de secondes, des tâches très pâles commencent insensiblement à apparaître, d'abord comme une hésitation, une, puis deux, et s'imposent finalement en vision directe. Puis, en continuant à observer encore quelques dizaines de secondes supplémentaires on se rend compte qu'il ne s'agit plus seulement de simples tâches floues, on se prend à y voir des embryons d'une structure beaucoup plus complexe. Mais où s'arrête le réel, et où commence l'imagination ? Et, formant un triangle avec ces deux premières galaxies, une troisième est aussi visible, par intermittence, surtout en vision décalée mais parfois aussi en vision directe. Une, deux, trois, mais alors elles sont où les deux autres, me demandai-je naïvement ? Je les ai longtemps cherchées, chaque étoile du champ était entourée d'un fin halo, phénomène certainement dû à l'humidité, ce qui pouvait très bien les faire ressembler à une galaxie faiblarde. J'avais donc peut être une dizaine de candidats potentiels ! J'ai laissé tomber pour concentrer mon observation sur les trois. En fait, n'ayant encore jamais vu le célèbre quintette ni à l'oculaire ni en photo (en photo peut être il y a longtemps...), je n'ai eu l'explication qu'aujourd'hui : ces trois "galaxies" contenaient en fait les cinq puisque certaines sont imbriquées. J'ai donc cherché les deux autres pour rien puisque je les avais déjà sous les yeux. J'le saurai pour la prochaine fois car c'est vraiment un objet à observer à nouveau, pour détailler sa structure que j'ai juste commencé à voir apparaître.

Un passage hors de la coupole, pour aller casser la graine avec mes amis du club et le groupe de visiteurs qui vient d'arriver (il est encore tôt !) me confirme que le ciel est de qualité médiocre. L'air est chargé d'humidité ce qui diminue la transparence assez significativement.

Après le repas, pendant le diapo donné par un de mes amis au groupe, je ressors et j'en profite pour offrir au Delos 10 ses premières lumières. Je le branche donc sur un T 300/1200 Orion Optics pour pointer avec le Telrad assez approximatif M42, qui commence à prendre un peu de hauteur sur l'horizon. L'oeil à l'oculaire, je reconnais sa voisine NGC 1977, "l'homme qui court". Recentrage sur M42. Ce qui marque avec cet oculaire, avant tout autre chose, c'est le confort, le "tirage" impeccable : on n'est pas obligé de coller son oeil sur le verre pour profiter de l'intégralité des 72° de champ. Ce n'est pas le cas de tous les oculaires TeleVue, donc c'est déjà un bon point. Ensuite, grâce à ce grand champ facilement accessible, M42/43 entre en entier à 120 fois de grossissement Et puis la qualité elle-même de l'image se passerait de commentaires. Elle est pour le moins... impressionnante. Outre les habituels détails vus sur M42, c'est la restitution des couleurs qui surprend. Le coeur brillant de la nébuleuse vers le trapèze est bleu, puis vire au vert pour finir en une sorte de rouge sombre, presque bordeaux, à la bordure de la séparation avec M43. Cette dernière présente d'ailleurs la même couleur chaude, cette sorte de rouge terne. Notre coureur NGC 1977 est quant à lui bleu, quasiment violet par endroits. C'est assez bluffant. Je remets le Nagler 26, qui est déjà un très bon oculaire. Même s'il n'est pas très conventionnel de comparer des oculaires à grossissements différents, je ne peux m'empêcher de trouver le Delos meilleur, sur les critères comparables, c'est à dire autres que les détails attribuables au grossissement. Dans le Nagler 26 tout paraît plus gris, NGC 1977 et M43 sont plus ténus par comparaison. Ma conclusion est que le Delos fait sans conteste partie des meilleurs parmi les meilleurs TeleVue, tant au niveau de la transmission que de l'équilibre des couleurs. Il mérite bien à mon sens sa réputation d'excellence.

Une fois le groupe reparti, après les observations animées avec les différents télescopes, vers minuit, je reste encore un peu sous la coupole avant de tout refermer, le temps de boucler la boucle en observant une dernière splendide nébuleuse planétaire, du ciel d'hiver celle-ci : NGC 2392, "l'Esquimau". Repérée à 95 fois de grossissement avec le Panoptic 41, elle réclame vite le grossissement supérieur, 150 fois. Son étoile centrale est très brillante, bleu-vert. On commence à voir apparaître clairement une structure en strates de luminosité décroissante en s'éloignant du centre comme un oignon. Et ces strates semblent séparées par un espace beaucoup plus sombre les grignotant par endroits. La netteté étant encore très bonne, je suis tenté de mettre carrément le Delos 10 au porte-oculaire. Mais là horreur, l'adaptateur n'est plus là ! Il a été monté sur un autre télescope dehors pendant la soirée, puis rentré. Aller le chercher gâcherait la vision nocturne. Pourtant c'est tentant... Ne reculant devant aucune méthode de hooligan, je décide donc, tout naturellement, d'observer quand même en tenant l'oculaire a la mano, en me calant très, très délicatement sur le porte oculaire Ben croyez moi ou non j'ai réussi à trouver la distance idéale du point focal, à laquelle, preuve que la qualité du ciel s'était grandement améliorée, les étoiles étaient d'un piqué impensable pour ce grossissement (pas loin de 400 fois... 391 pour être très précis ) et surtout pour cette fixation de l'oculaire très peu orthodoxe. Malgré tout le grossissement est parfaitement assumé, la structure se confirme tout à fait, la séparation entre les deux couches paraissant évidente, comme un large sourire et l'étoile centrale comme le nez de l'Esquimau

Après quoi nous avons tout replié puis quitté les lieux après ce qui fut une belle soirée en fin de compte

[Ce message a été modifié par Cédric Perrouriefh (Édité le 05-12-2016).]

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Salut GG et merci d'être passé par là c'est vrai que ce forum est assez peu fréquenté, ce sont surtout les astrophotographes qui déplacent les foules sur Astrosurf

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Actif, votre club, c'est chouette !

[Ce message a été modifié par Kaptain (Édité le 07-12-2016).]

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Salut Kaptain, merci pour ton commentaire. Oui notre club est actif en effet, on reçoit beaucoup de groupes, je trouve que c'est une bonne chose

On a un ciel de campagne d'une qualité acceptable même si on n'est qu'à 20 km de la ville ! Le club de la Montagne du Lure 1000 mètres plus haut bénéficie d'un meilleur ciel à en croire la luminosité de la Voie lactée. Mais bien sûr le must dans tout le sud-est, et sans doute dans toute la France, c'est bien sûr le Restefond (encore 1000 mètres plus haut que Lure !) La Voie lactée y est (presque) éblouissante et on ne reconnaît plus les constellations tellement il y a d'étoiles en plus

[Au fait je viens de faire le ménage dans mon CROA parmi les bourdes orthographiques et autres coquilles J'utilise un smartphone avec un correcteur orthographique qui prend la liberté de réécrire certains mots à ma place, en se trompant ].

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Aaaaaah Cedric tu reveilles en moi des souvenirs incomparables là haut à la Sinne. Ma première photo tiens M42 . Les nuits passées là haut. Jo le sanglier que d'émotions.
C'était avec un membre Titoua (alors si tu arrives à remettre un prénom dessus).
Et même si ça ne vaut pas Lure il faudra que j'y remonte.
C'était en 2007 ou 2008 Aaaaaah tu reveilles en moi les plus jolis moments d'astronomie.
Jc

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Ho tu sais à la Sinne je ne suis qu'un jeunot Je suis arrivé en 2009 seulement. Le nom que tu me dis ne me parle pas mais les plus vieux que moi se souviennent sûrement

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Sans aucun doute avec un T460 alors.
Tu pourrais me filer un lien où je pourrais te joindre?
Je sais qu'après le col des portes il faut une clé pour la barrière
Jc

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