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COMMENT MESURE-T'ON AUJOURD'HUI LA DISTANCE DES ETOILES ?

1. L’écho radio et laser :

Pour mesurer la distance de la Terre aux satellites, y compris notre satellite naturel, la Lune, on peut utiliser la technique de l'écho radar, ainsi que du faisceau laser : connaissant la vitesse à laquelle chemine les ondes radio ou bien la lumière du laser, il suffit pour mesurer la distance nous séparant du satellite, de calculer le temps mis par l'onde pour aller jusqu'au satellite et en revenir.

L'une des missions Apollo a d'ailleurs laissé sur la Lune un réflecteur laser qui mesure en permanence la distance Terre-Lune avec une précision de quelques centimètres. Mais cette méthode n'est utilisable que dans la proche banlieue de la Terre.

2. La méthode des parallaxes :

Pour les étoiles les plus proches de la Terre, les astronomes emploient la méthode des parallaxes

Dans son grand tour annuel autour du Soleil, la Terre nous emporte, modifiant légèrement notre angle de vue du ciel.

En particulier, les étoiles les plus proches de la Terre ne semblent pas au même endroit du ciel si on les regarde à 6 mois de différence. Et si on observe leur mouvement durant 12 mois, on constate qu'elles accomplissent un petit cercle dans le ciel, sur la toile de fond formée par les champs d'étoiles plus lointaines ainsi que le montre le petit schéma ci-dessous.

La mesure du déplacement apparent de l'étoile, appelée parallaxe, est mesurable. Le schéma ci-dessus vous permet de constater que plus une étoile est proche de nous et plus l'angle de sa parallaxe est important. A l'inverse, plus une étoile est éloignée et plus sa parallaxe est faible, difficilement mesurable

Les astronomes connaissent bien la distance Terre-Soleil (= 1 Unité Astronomique = 149 597 870 km) : ils peuvent alors calculer sans problème la distance Terre-étoile, grâce au théorème de Pythagore ... encore lui !

Au passage, rappelons que c'est cette méthode qui a permis de définir l'une des unités de mesure employées en astronomie : le Parsec. Le Parsec est la distance depuis laquelle le rayon de l'orbite terrestre est vu sous un angle d'une seconde d'arc

C'est cette méthode qu'a employé de 1989 à 1993 le satellite Hipparcos pour mesurer la distance des étoiles les plus proches de la Terre.

Le satellite Hipparcos

Travail colossal que celui du satellite Hipparcos : des centaines de milliers de parallaxes ont été mesurées par ce satellite, à raison de 115 mesures pour chaque étoile. Débarrassé des turbulences de l'atmosphère terrestre, Hipparcos a pu mesurer l'angle de parallaxe de ces étoiles avec une précision inégalée jusqu'à présent : 118 218 étoiles à 0.001 seconde d'arc près et 1 050 000 étoiles entre 0.007’’ et 0.03’’

On est loin du catalogue de 1005 étoiles établi en 1602 par Tycho Brahé, avec une précision avoisinant les 30 secondes d'arc !

Tycho Brahé à la fenêtre de sa chambre

3. La parallaxe spectroscopique :

Lorsque les astrophysiciens ont commencé à analyser le spectre de la lumière émise par les étoiles, ils ont eu l'idée de s'en servir pour déterminer de manière indirecte la parallaxe de ces dernières : la classification stellaire permet en effet, à partir de l'analyse spectroscopique, d'attribuer une magnitude absolue (= l'éclat absolu de cette étoile si elle était placée à 10 Parsecs de la Terre) à l'étoile étudiée. Il suffit alors de mesurer le décalage entre cette magnitude absolue et la magnitude apparente observée au télescope pour connaître la distance de l'étoile, en utilisant l'équation de Pogson m - M = 5 Log (d) - 5 où "m" est la magnitude apparente de l'étoile vue au télescope, "M" sa magnitude absolue, et "d" sa distance.

L'étalonnage de cette méthode se fait à partir des étoiles les plus proches de la Terre pour lesquelles on a pu calculer directement la parallaxe par la simple observation visuelle. A partir de cet étalonnage, de proche en proche, on a pu estimer la distance de nombreuses étoiles situées au-delà. Cette méthode a cependant une limite : elle ne marche que si l'on parvient à isoler la lumière de l'étoile de celle de ses voisines afin de pouvoir en identifier le spectre.

4. L’utilisation du diagramme de Hersprüng-Russel :

Cette méthode, également appelée méthode de l'ajustement de la séquence principale, est plus récente et est employée pour calculer la distance des amas d’étoiles.

Tout d'abord, rappelons ce qu'est le diagramme inventé par Messieurs Hersprüng et Russel : ces derniers se sont rendus compte qu'en mesurant la magnitude (= l'éclat) des étoiles et en décomposant leur lumière au moyen d'un prisme, on pouvait les classer selon le schéma ci-dessous.

L'échelle verticale de gauche permet de classer les étoiles en fonction de leur magnitude et celle de droite en fonction de leur luminosité comparée à celle du Soleil (1 correspond à la magnitude solaire). L'échelle horizontale permet de classer les étoiles en fonction de la couleur de leur spectre lumineux. Cette échelle horizontale peut aussi être établie en fonction de la température des étoiles. Chaque petit point du diagramme ci-dessus correspond à une étoile, classée selon les critères précédents.

Que constate-t'on donc ? Que la majeure partie des étoiles suit, grosso modo, une diagonale que les astrophysiciens appellent la "séquence principale". En clair, toutes les étoiles de cette séquence principale, obéissent à une loi toute bête : les plus lumineuses, en haut et à gauche de la diagonale, sont aussi les plus chaudes et les plus bleues. Inversement, plus une étoile est rouge et moins elle est lumineuse.

Une exception : les étoiles géantes et super-géantes rouges, qui forment un petit groupe d'étoile à part, très rouges mais très lumineuses, à droite de la séquence principale.

La séquence principale correspond à l'immense majorité des étoiles de notre galaxie : ce sont des étoiles arrivées à maturité, comme notre Soleil. Le groupe des géantes rouges correspond aux étoiles arrivées à la dernière phase de leur vie, avant qu'elles n'explosent.

Ce classement des étoiles de la galaxie selon le diagramme de Hersprüng-Russel peut être utilisé pour évaluer la distance de amas d'étoiles. Cette méthode consiste à superposer sur un diagramme Hersprüng-Russel les points représentatifs des étoiles de l'amas étudié ainsi que les valeurs théoriques des étoiles de la séquence principale de notre galaxie. Si on note un décalage dans le sens vertical, c'est que la magnitude apparente observée est décalée par rapport à la magnitude réelle théorique : plus une étoile est lointaine et plus sa magnitude est affaiblie par la distance. La mesure de ce décalage entre magnitude théorique et magnitude observée permet de déduire la distance de l'amas d'étoiles.

Si vous n'avez rien compris, ce n'est pas grave, on vous aime quand même ...

5. Les Delta-Céphéides :

C'est à la grande astrophysicienne Henrietta Leavitt que l'on doit la découverte d'étoiles très bizarres, les Céphéides, dont le premier exemplaire découvert a été l'étoile Delta de la constellation de Céphée.

Pour en savoir plus sur les malheurs de cette grande dame , cliquez sur sa photo

Ces drôles d'étoiles ont la particularité d'être des étoiles variables dont la luminosité, (= la magnitude, pour les astronomes) varie dans le temps avec une régularité de métronome.

Cette bizarrerie est due à un phénomène physique d'une permanence constante.

Toutes les étoiles connaissent un équilibre plus ou moins stable entre, d'une part, la pression des rayons lumineux qui s'échappent du coeur de l'étoile (les astronomes parlent de pression radiative) et, d'autre part, la gravitation de l'étoile qui tend à tasser celle-ci sur elle-même.

Dans le cas des Céphéides, lorsque la pression radiative au coeur de l'étoile devient majoritaire, sa température s'accroît et elle se dilate. La luminosité d'une étoile étant fonction du volume de l'étoile et de sa température, l'éclat de la Céphéide tend alors à augmenter.

Mais si la Céphéide se dilate, sa surface augmente en proportion, ppermettant une dissipation plus rapide des rayons issus du coeur de l'étoile : cette dissipation plus importante entraîne une baisse de la température de la Céphéide. La force de gravitation va alors pouvoir reprendre le dessus, et l'étoile se contractera à nouveau. Une fois refroidie et diminuant de volume, son éclat s'affaiblit. Comme la masse de l'étoile est restée pratiquement identique durant tout c eprocessus, le cycle pourra recommencer selon les mêmes conditions, donc dans les mêmes temps pour chaque phase, ce qui explique la constance dans le temps et la variation d'éclat des Céphéides. A chaque cadence de pulsation correspond une magnitude bien précise, et vice-versa.

Henrietta Leavitt et son collègue Harlow Shapley ont eu l'idée, en 1918, de se servir du comportement bizarre des Céphéides pour mesurer leur distance.

Harlow Shapley sortant de chez le coiffeur

Leur méthode est très astucieuse. Lorsqu'on observe au télescope une Céphéide, on peut mesurer sa magnitude apparente : plus une étoile est éloignée et moins elle est brillante. S'il s'agit d'une Céphéide, sa luminosité pulse dans le temps. En mesurant la cadence de ces pulsations, on sait à quel type de Céphéide on a affaire, et donc on peut connaître sa magnitude absolue (la magnitude absolue est la magnitude qu'aurait l'étoile si on la plaçait à 10 Parsecs de la Terre).

Il n'y a plus qu'à calculer la différence entre la magnitude absolue et la magnitude apparente observée pour en déduire la distance à laquelle se trouve la Céphéide. Elémentaire mon cher Watson !!!

Cette méthode est très efficace pour mesurer la distance des Céphéides qui se trouvent dans les amas globulaires d'étoiles en orbite autour du noyau de la Voie Lactée, ou bien pour calculer la distance des galaxies voisines de la nôtre.

Mais plus une galaxie est lointaine, et plus cette méthode est délicate à mettre en oeuvre, car il faut commencer par y repérer une Céphéide dont la luminosité soit suffisante. Ensuite, il faut réussir à identifier son rayonnement et le distinguer de celui des étoiles voisines si l'on veut parvenir à en mesurer la magnitude apparente : tout celà devient assez coton dès que les galaxies sont un peu trop éloignées de nous.

A défaut de Delta-céphéide, on peut se rabattre sur un autre type d'étoile variable, les RR Lyrae. Mais la régularité de leurs pulsations est beaucoup moins précise que celle des Céphéides et, par conséquent, elles donnent des mesures de distance beaucoup moins fiables.

6. Les Supernovae :

Certaines étoiles ont la particularité de finir leur jours en explosant en une Supernova. Il existe parmi ces Supernovae un groupe bien spécial, les SN Ia, qui a la particularité d'exploser en un temps bien précis.

Les SN Ia ont la particularité d'avoir toute la même magnitude absolue. Cela résulte de ce qu'elles explosent lorsqu'elles atteignent très exactement 1,4 masses solaires. Ce sont toutes des étoiles naines blanches affublées d'un compagnon à qui elle piquent de la matière par gravitation. il existe une limite, dite limite de Chandrashekar (le gus qui a eu le Nobel pour ça, en 1983 si je me souviens bien...) au-delà de laquelle l'étoile naine blanche ne peut plus se goinfrer de matière provenant de sa voisine. Dès que cette limite est atteinte, la naine blanche explose aussi sec en Supernova... Bien fait, la gourmandise est un vilain défaut. Bref, ça pète dans une condition bien précise, avec la même luminosité, et donc toujours la même magnitude absolue. Une aubaine pour les arpenteurs du ciel : les astrophysiciens peuvent alors se servir de l'écart entre cette magnitude absolue et la magnitude apparente qu'ils constatent dans leur télescope pour estimer la distance à laquelle se trouve la Supernova.

Actuellement, des recherches ont lieu sur un utilisation encore plus audacieuse des Supernovae, en se servant de la théorie de la relativité d'Albert Einstein, qui a prévu que le temps se dilate, s'allonge pour les grandes distances.

De fait, on constate que l'explosion de certaines Supernovae très lointaines dure plus longtemps qu'on ne le prévoyait. Une hypothèse pourrait être celle selon laquelle la durée de l'explosion semblerait allongée du fait de la dilatation de l'espace-temps, conformément à la loi de la relativité. A grand renfort d'équations biscornues, on pourrait ainsi estimer l'éloignement de cette Supernova, et donc de la galaxie qui l'héberge, grâce à cette dilatation du temps de l'explosion de la Supernova.

Une Supernova vient d'exploser dans cette galaxie, en bas et à gauche de la photo

7. La méthode Tully-Fisher :

Tout récemment, en 1977, les astronomes Tully et Fisher sont parvenus à établir qu'il existe une relation mathématique entre la vitesse de rotation des galaxies sur elles-mêmes et leur magnitude absolue. On sait en effet que la période de rotation d'une galaxie spirale est fonction de sa masse. Par ailleurs, il existe également une relation mathématique entre sa masse et sa luminosité. Tully et Fisher en ont donc conclu qu'on pouvait estimer la magnitude absolue de ce type de galaxie à partir de sa vitesse de rotation.

Grâce aux radiotélescopes, on peut estimer cette vitesse de rotation dans les grandes longueurs d'ondes, en particulier les longueurs d'ondes radio (Cocorico, la France possède à Nancay l'un des plus grands radiotélescopes du monde !!!). La formule de Tully-Fisher donne alors la magnitude absolue M de la galaxie. Parallèlement, avec un photomètre, il est possible de mesurer la magnitude apparente de la galaxie étudiée. Il ne reste plus alors qu'à comparer la magnitude absolue et la magnitude apparente observée pour en déduire la distance de la galaxie.

Cette méthode, élégante, souffre cependant quand même d'un gros défaut : pour être précise, la formule de Tully-Fisher doit être étalonnée de façon exacte. Cet étalonnage ne peut se faire que sur des galaxies dont on connait bien la distance exacte. Et ce genre de bêtes-là ne sont pas foule ... Que la distance des galaxies-étalons soit remise en cause et tout le calibrage de la formule de Tully-Fisher est à reprendre à zéro !

Deuxième écueil : cette formule magique ne s'applique qu'aux galaxies spirales, dont la population d'étoiles est suffisamment homogène pour que les relations masse / luminosité et masse / vitesse de rotation restent valables . Les autres galaxies, dont la population d'étoiles est beaucoup plus hétéroclite, ne permettent pas d'utiliser la formule de Tully-Fisher.

8. Et demain ?

Aussi précis soit-il, le catalogue du satellite Hipparcos reste encore entâché d'incertitudes. Un exemple tout bête : le magnifique amas d'étoiles des Pléiades serait distant de 378 Années Lumière selon Hipparcos mais de 424 Années Lumière selon la méthode des ajustements ...

Pour affiner les résultats d'Hipparcos, les astrophysiciens envisagent de mettre en orbite dans les années à venir un nouveau satellite, infiniment plus puissant qu'Hipparcos : le projet Gaïa.

Schéma montrant la place de notre Soleil dans notre galaxie, la zone explorée par Hipparcos et celle qu'explorera le futur satellite Gaïa.

 
La distance des étoiles | Petit plongeon dans l'istoire de l'Astronomie

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