L'observation du Soleil est extrêmement dangereuse pour la rétine de l'œil : cette règle est encore plus vraie avec un objectif photographique ou bien un camescope qui collectent et concentrent plus de lumière que l'œil seul. Rappelons que les lésions de la rétine dues au Soleil ne sont précédées d'aucune douleur annonciatrice et qu'elles sont totalement irréversibles, aucun traitement n'existant actuellement.
1. LES RISQUES POUR VOS YEUX :
1.1. Les conséquences du rayonnement solaire sur vos yeux :
Lorsque vous regardez le Soleil, vous recevez la lumière visible qu’il émet mais aussi des rayons invisibles comme les ultraviolets et les infrarouges. Chacun de ces 3 types de rayonnement peut avoir une action néfaste sur votre oeil :
- Les rayons ultraviolets, lors d’une exposition prolongée, entraînent un vieillissement précoce de la rétine.
- Les rayons visibles, lorsqu’ils arrivent concentrés sur la rétine, y déclenchent des réactions chimiques qui détruisent les cellules tapissant votre rétine
- Les rayons infrarouges ont un effet thermique sur la rétine qui la font coaguler, exactement comme les protéines du blanc d’un oeuf se mettent à coaguler lorsque vous le faites chauffer.
Les effets de ces 3 rayonnements s’accumulent au fil des minutes : le fait d’observer une éclipse de Soleil par intermittence ne réduit donc pas le danger. Il n’existe aucune douleur ou symptôme annonçant un début de brûlure de votre rétine car cette membrane est très pauvre en cellules sensibles à la douleur. Parfois, la victime peut se plaindre de mal de tête plusieurs heures après le photo-traumatisme. Quelques secondes d’exposition suffisent, notamment pour les enfants dont le cristallin est particulièrement transparent, ainsi que pour les personnes atteintes de cataracte et à qui on a ôté chirurgicalement le cristallin
Ces lésions sont absolument irréversibles. Elles entraînent la formation sur votre rétine d’une image noire, en négatif, du Soleil, image qui restera imprimée à vie. Il n’existe aucun traitement pouvant régénérer votre rétine. Lorsque la brûlure est de petite surface, le cerveau peut compenser automatiquement la perte d’acuité visuelle : certaines personnes peuvent ainsi présenter des photo-traumatismes rétiniens dont elles ne se sont jamais aperçues. A l’inverse, des brûlures étendues, comme celles qui peuvent résulter de l’observation prolongée du Soleil lors d’une éclipse, peuvent avoir pour conséquence une cécité totale.
1.2. A quel moment faut-il se protéger ?
La phase totale d'une éclipse, celle où la totalité du Soleil est masquée par la Lune, peut être observée directement à l’oeil nu, sans aucun risque : la lumière de la couronne du Soleil n’est pas plus dangereuse que celle des étoiles. Aucune protection n'est alors nécessaire
Ce sont les phases partielles des éclipses qui sont dangereuses pour l’oeil. L’observation directe, sans protection, de la lumière du Soleil lors des éclipses partielles, peut entraîner des lésions gravissimes au niveau de la partie centrale de la rétine, qui est responsable de 80 % de votre acuité visuelle. Lors d'une éclipse partielle, il faut se protéger les yeux !!!
Eclipse partielle. Photo Ph Ledoux / ASCT-astronomie
2. LA REGLEMENTATION EN VIGUEUR :
En matière de protection lors des éclipses, il n’existe à l’heure actuelle aucune norme internationale, ouvrant ainsi la porte à toutes les polémiques. Pour le Pr. Ralph Chou, expert auprès de l’Union Astronomique Internationale, la NASA et l’ONU, un filtre ne peut être considéré comme sûr que lorsqu’il laisse passer un maximum de 0,003 % de rayonnement visible, un maximum de 0,0032 % de rayonnement ultraviolet et un maximum de 0,027 % d’infrarouge. Outre cette capacité filtrante, le filtre utilisé doit couvrir une surface suffisante des yeux pour éviter que la lumière n’atteigne l’oeil par les côtés ou bien par réflexion sur la peau du visage
Il existe une norme européenne, la norme CE 78686 actualisée 89 / 686 / CEE, relative aux lunettes de Soleil. La vérification de l'application de cette norme en France dépend d'un organisme public, l’Institut national de la Recherche et de la Sécurité (INRS). Il faut cependant noter que la Direction de la Répression des Fraudes a contesté la validité de cette norme au titre de la norme CE 1836 de 1997, autre directive européenne, qui déclare que la précédente norme n’était pas applicable aux éclipses de Soleil.Consultée en Juin 1998, l’Académie de médecine s’est bornée à estimer qu’un dispositif filtrant la lumière solaire dans tout son spectre au 1/100 000° était acceptable. C'est cette norme que le ministère de la santé a finalement retenue pour labelliser les lunettes d'éclipse qui ont été commercialisées en France lors de l'éclipse de Soleil du 11 août 1999.
3. LES PROTECTIONS DISPONIBLES ACTUELLEMENT :
3.1. Les lunettes en plastique aluminisé (type Mylar) :
Ces lunettes ont été certifiées par l’INRS sur la base de la norme 89 / 686 / CEE. Ces lunettes sont formées de 2 films de polymère aluminisé,contrecollés sur la face aluminisée, et insérées dans une monture cartonnée. Pour éviter toute contrefaçon, il faut s’assurer que le sigle CE est bien présent sur la monture de la lunette, suivi du numéro de certification attribué par l’INRS. La date de péremption de ces lunettes doit également figurer. Ces lunettes présente un avantage et deux inconvénients :
- L’avantage : elles sont moins chères, entre 1,25 et 2 euros selon les quantités achetées
- Les inconvénients de ces lunettes : elles sont un peu fragiles et elles donnent du Soleil une image parfois un peu "baveuse ", un peu floue. Elles deviennent inutilisables si elles sont percées ou rayées.
Photo Ph Ledoux / ASCT-astronomie
3.2. Les lunettes en polymère noir :
Plus récentes, ces lunettes sont constituées d’un film en polymère de carbone, encarté dans une monture de carton. Contrairement aux lunettes en Mylar, qui sont de couleur argen, celles-ci ont un aspect de plastique noir. Ces lunettes répondent également à la norme 89 / 686 / CEE agréée par l’INRS. Elles sont un peu plus coûteuses mais elles ont l’avantage de donner du Soleil une belle image bien nette, de couleur orangée, et d’être un peu plus résistantes puisque teintées dans la masse. Néanmoins, comme les lunettes en Mylar, elles sont inutilisables si elles sont percées. Et là aussi pour éviter toute contrefaçon, il faut s’assurer que le sigle CE est bien présent sur la monture de la lunette, suivi du numéro de certification attribué par l’INRS et de la date de péremption.
3.3. Les verres de soudeur :
La norme qui leur est applicable (norme EN 169 / 1992) recommande l’utilisation de verres de soudeur ayant un numéro d’échelon compris entre 12 et 16. Cet indice doit être inscrit sur le verre. Il s’agit de verres à usage industriel (pour des soudures de 400 à 500 ampères), sans commune mesure avec la petite soudure des bricoleurs. L’image obtenue du Soleil est bien nette, de couleur verte. Ils restent utilisables sans problème même en cas de rayure. Inconvénients de ces verres : ils sont assez peu répandus, se cassent facilement, pèsent beaucoup plus lourd (50 kg les 1000 exemplaires) et sont plus chers. On peut en acheter montés, sous la dénomination de Viséclipse (environ 11 euros la pièce)
3.4. Les feuilles de Mylar :
Ces feuilles de Mylar se vendent à l'unité dans les magasins spécialisés en astronomie et sont utilisées pour protéger les appareils photos. Vous pouvez ainsi utiliser les viseurs de ces appareils sans risque pour vos yeux
Photo Ph Ledoux / ASCT-astronomie
Ces feuilles de Mylar peuvent également être fixées avec un élastique devant les objectifs d'une paire de jumelles ou bien devant l'objectif d'une petite lunette astronomique d'initiation, afin d'observer le Soleil sans risque
Pour les télescopes de diamètre plus important, il est préférable de diaphragmer l'objectif, de façon à le ramener à un diamètre de 20 ou 30 mm de diamètre, avant d'y fixer le Mylar, pour pouvoir observer le Soleil sans risque.
Vérifiez toujours, préalablement à toute observation du Soleil, que votre filtre est bien uniformément tendu sur toute la surface de l'objectif de votre télescope ou de votre appareil photo. Il vaut mieux avoir un filtre un peu gondolé, et qui soit bien homogène, plutôt qu'un filtre trop tendu dont la surface ne serait plus uniforme et qui laisserait passer au travers de microtrous des rayons solaires nocifs pour vos yeux. Surtout, vérifiez bien que votre filtre ne présente pas de trous apparents : cette vérification est facile à faire, et sans risque pour vos yeux, en regardant une lampe au travers de votre filtre. Le moindre trou se verra aussitôt. En ce cas, pour le filtre, direction la poubelle !
3.5. Les filtres "pleine ouverture" :
Ces filtres sont destinés aux télescope. Ils sont constitués d'un verre serti au diamètre de votre télescope et sont recouverts d'une aluminure sur les deux faces. Ces filtres permettent une observation totalement sécurisée du Soleil au travers d'un télescope. Deux types de filtres existent : les filtres réservés à l'observation visuelle, de densité 5, qui ne laissent passer que 1/100 000 de la lumière du Soleil et les filtres exclusivement réservés à la photo, qui laissent passer 1/10 000 de la lumière du Soleil (on parle de filtres de densité 4). N'observez jamais directement le Soleil avec un filtre de densité 4, qui doit être exclusivement réservé à la photographie. Ces filtres n'ont qu'un seul inconvénient : leur coût. De 65 à 165 euros selon le diamètre de votre télescope.
65 Euros !
150 euros !!!
3.6. Les techniques par projection :
Des moyens infiniment moins coûteux existent pour observer tranquillement le Soleil : les moyens d’observation indirects, qui consistent à regarder non pas le Soleil lui-même, mais la projection de son image sur une feuille de papier.
Le plus simple : un morceau de carton, type calendrier des PTT, et une feuille de papier blanc, feront l’affaire. Percez un petit trou dans le carton, orientez-le vers le Soleil, et projetez ainsi l’image du Soleil à travers le trou en direction d'une feuille de papier que vous aurez placée en arrière du carton : lors d'une éclipse, vous verrez nettement le Soleil se transformer en un croissant de plus en plus fin au fur et à mesure que la Lune progressera devant lui.
Mais attention : l’image du Soleil ainsi obtenue est assez petite.
Photo Ph Ledoux / ASCT-astronomie
Vous pouvez cependant grandir l’image du Soleil en remplaçant le calendrier par une petite lunette astronomique ou bien par une paire de jumelles dont vous n’aurez enlevé qu’une seule des bonnettes. Là aussi, vous projetterez l’image du Soleil en arrière, sur une feuille de papier blanc. Faites cependant bien attention à ce qu’aucun observateur, notamment un enfant, n’essaye pas de regarder directement à travers les jumelles ou la lunette : la catastrophe est alors garantie pour la rétine.
Une alternative particulièrement sûre existe : le solarscope. Cet astucieux bricolage combine l'emploi d'une petite optique, d'un miroir réfléchissant et la projection de l'image du Soleil à l'intérieur d'un carton où un enfant ne peut venir faufiler sa tête dès que vous aurez le dos tourné. Le solarscope est idéal pour observer le Soleil en milieu scolaire.
Toute autre méthode est dangereuse pour vos yeux ! Si vous voulez savoir jusqu'où peut aller l'imprudence, consultez notre dossier des 10 bêtises les plus épouvantables à ne pas faire pour observer le Soleil ...
Quelques adresses utiles :
Association Française d’Astronomie : 17 rue Emile-Deutsch-de-la-Meurthe - 75 014 Paris
- tél : 01 45 89 81 44 - fax : 01 45 65 08 95
- site web : http://www.cieletespace.fr
Société Astronomique de France : 3 rue Beethoven - 75 016 Paris
- tél : 01 42 24 13 74 - fax : 01 42 30 75 47
- site web : http://www.iap.fr/saf
I.N.R.S. : 30 rue Olivier Noyer - 75 014 Paris
ou bien :avenue de Bourgogne - 64 501 Vandoeuvre cedex
Achats de feuilles de Mylar et de filtres pleine ouverture pour télescopes :
Achat de verres de soudeur Viséclipse site internet de la revue "Ciel et Espace"
Achat de Solarscopes : http://www.solarscope.com
Achat de lunettes d'éclipse : SODAP - SOBOMEX / SKY & SPACE DEPARTMENT
- 3, Rue des Frères Lumière - B.P. 18095 67038 STRASBOURG CEDEX - FRANCE
- tél : +33 (0) 390 207 850 Télécopie: +33 (0) 390 207 855
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