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CALCULEZ LA VITESSE DE LA LUMIERE

Un peu d'histoire :

En 1671, l'astronome danois Olaus Römer fut invité à l'observatoire d'Uraniborg, l'observatoire de Tycho Brahé sur l'île de Hven, afin d'en déterminer la longitude de façon exacte. Pour calculer celle-ci, Römer avait besoin d'une détermination extrêmement précise de l'heure, destinée à mesurer le décalage horaire entre le méridien d'origine et celui de Hven. La montre venait tout juste d'être inventée par Huyghens, en 1657, et sa précision laissait encore un peu à désirer.

Christian Huyghens essayant une nouvelle moumoute

Römer eût alors l'idée de se servir de la grande horloge de la mécanique céleste en observant l'heure des éclipses de Io, l'une des 4 principales lunes de Jupiter. Pourquoi choisir Io ? La découverte du système jovien en 1610 par Galilée avait considérablement frappé les esprits et tout particulièrement la régularité de métronome des éclipses et des occultations des 4 satellites galiléens. Une régularité qui contrastait avec les imprécisions des montres de l'époque. De plus, ces satellites présentaient un immense avantage : tous les observateurs du même hémisphère terrestre pouvaient contempler leurs éclipses simultanément, indépendamment du lieu d'observation de chacun, ce qui facilitait grandement la comparaison des observations et des mesures. De tous les satellites galiléens, Io est celui dont l'orbite est la plus proche d'un cercle parfait et, de surcroît, celui dont la période orbitale est la plus courte : 1 jour 18 heures 28 minutes. Ces deux caractéristiques de Io garantissaient donc des éclipses d'une très grande régularité et d'une grande fréquence, ce qui facilitait l'accumulation d'un grand nombre d'observations de qualité.

Olaus Römer dans sa cuisine en train de bricoler le tirage de son barbecue

Au bout de 8 mois d'observations de ces éclipses, Römer se rendit compte que quelque chose clochait : l'intervalle entre chaque éclipse de Io variait très légèrement, en fonction de la position de la Terre sur son orbite. Lorsque la Terre était plus éloignée de Jupiter, les éclipses avaient lieu plus tard que lorsque la Terre était au plus près de Jupiter.

Au même moment, en 1668, Jean-Dominique Cassini, l'astronome de Louis XIV, mettait au point les premières tables de prévision des éclipses et des occultations des satellites galiléens. Pour affiner ses calculs, Cassini fit venir en 1672 Olaus Römer à l'observatoire de Paris-Meudon et lui confia la mission de comparer systématiquement les observations des satellites de Jupiter et ses propres tables.

J-D Cassini en train de ramener sa fraise

Très vite, les deux astronomes se rendirent compte que lorsque la Terre et Jupiter étaient en opposition, les éclipses commençaient en avance alors qu'au moment de la conjonction, elles se produisaient en retard. Les observations et les tables de Cassini ne coïncidaient réellement qu'au moment où Jupiter et la Terre étaient en quadrature

Schéma ASCT-astronomie / Ph Ledoux

Olaus Römer trouva assez rapidement la solution de cette énigme : la lumière de Io ne se déplace pas instantanément dans l'espace, comme on le croyait autrefois. Au contraire, elle a besoin de quelques minutes pour nous parvenir. Et plus Io est éloignée de la Terre, plus sa lumière met de temps à nous atteindre. En septembre 1676, Römer publia sa découverte dans le Journal des Sçavans et prédit que la prochaine éclipse de Io, prévue pour le 9 novembre, aurait lieu avec 10 mn de retard sur l'heure prévue. Sensation ! La prédiction s'avéra juste ! Sur ces bases, les collaborateurs de Römer estimèrent que la lumière se déplaçait de Io vers la Terre à la vitesse de 214 000 km/s. Mais ses détracteurs ne désarmèrent pas pour autant, notamment l'astronome Jean-Dominique Cassini qui continua d'affirmer longtemps que les irrégularités des éclipses de Io étaient dûes à des anomalies dans la force d'attraction gravitationnelle de Jupiter sur Io. Il fallut attendre les travaux de James Bradley, en 1729, et de Jean-Baptiste Delambre en 1809 pour que la thèse de Römer l'emporte enfin.

Calculez vous-même la vitesse de la lumière :

Mettons-nous au boulot, exactement comme le fit Römer. Tout d'abord, entendons-nous bien sur quelques définitions :

Schéma ASCT-astronomie / Ph Ledoux

S = la position du Soleil

J = la position de Jupiter et de Io

A = la position de la Terre sur son orbite au moment de la première éclipse de Io

B = la position de la Terre sur son orbite au moment de l'éclipse suivante de Io

f1 = la distance entre la Terre et Jupiter le (AJ = f1)

f2 = la distance entre la Terre et Jupiter le (BJ = f2)

c = la vitesse de la lumière

T = la période de révolution de Io sur son orbite autour de Jupiter. T = 1 jour 18 heures 28 minutes = 1,769 jour

t = l'intervalle de temps qui sépare, pour l'observateur terrestre, 2 éclipses de Io dans le cône d'ombre de Jupiter

Durant cet intervalle t, la Terre s'est déplacée sur son orbite autour du Soleil, passant de la position A à la position B et, ce faisant, s'est un peu éloignée de Jupiter et Io

Si la lumière se déplaçait instantanément dans l'espace, la deuxième éclipse de Io surviendrait au bout d'une révolution complète de Io autour de Jupiter, c'est à dire au bout de l'intervalle de temps T = 1,769 jour. Les données chiffrées ci-dessous montrent bien que ce n'est pas le cas : la deuxième éclipse survient au bout d'une durée de t, laquelle n'a pas la même valeur que T. En fait, comme la vitesse de la lumière n'est pas infinie mais limitée, il s'écoule une durée de t + T entre deux éclipses de Io par Jupiter

Début des éclipses de Io entre le passage de Jupiter en conjonction, le 17 novembre 1994, 20 H, et son passage en opposition le 1er juin 1995, 11 H.


00  14/12/94 08h37	34  12/02/95 12h41	68  13/04/95 16h41
01  16/12/94 03h06	35  14/02/95 07h09	69  15/04/95 11h09
02  17/12/96 21h34	36  16/02/95 01h37	70  17/04/95 05h37
03  19/12/94 16h03	37  17/02/95 20h05	71  19/04/95 00h05
04  21/12/94 10h31	38  19/02/95 14h34	72  20/04/95 18h34
05  23/12/94 04h59	39  21/02/95 09h02	73  22/04/95 13h02
06  24/12/94 23h28	40  23/02/95 03h30	74  24/04/96 07h30
07  26/12/94 17h56	41  24/02/95 21h58	75  26/04/95 01h59
08  28/12/94 12h25	42  26/02/95 16h27	76  27/04/95 20h27
09  30/12/94 06h53	43  28/02/95 10h55	77  29/04/95 14h55
10  01/01/95 01h21	44  02/03/95 05h23	78  01/05/95 09h23
11  02/01/95 19h50	45  03/03/95 23h51	79  03/05/95 03h52
12  04/01/95 14h18	46  05/03/95 18h19	80  04/05/95 22h20
13  06/01/95 08h46	47  07/03/95 12h48	81  06/05/95 16h48
14  08/01/95 03h15	48  09/03/95 07h16	82  08/05/95 11h17
15  09/01/95 21h43	49  11/03/95 01h44	83  10/05/95 05h45
16  11/01/95 16h11	50  12/03/95 20h12	84  12/05/95 00h14
17  13/01/95 10h40	51  14/03/95 14h41	85  13/05/95 18h42
18  15/01/95 05h08	52  16/03/95 09h09	86  15/05/95 13h10
19  16/01/95 23h36	53  18/03/95 03h37	87  17/05/95 07h39
20  18/01/96 18h05	54  19/03/95 22h05	88  19/05/95 02h07
21  20/01/95 12h33	55  21/03/95 16h33	89  19/05/95 20h36
22  22/01/95 07h01	56  23/03/95 11h02	90  22/05/95 15h04
23  24/01/95 01h30	57  25/03/95 05h30	91  24/05/95 09h32
24  25/01/95 19h56	58  26/03/95 23h58	92  26/05/95 04h01
25  27/01/95 14h26	59  28/03/95 18h26	93  27/05/95 22h29
26  29/01/95 08h55	60  30/03/95 12h55	94  29/05/95 16h58
27  31/01/95 03h23	61  01/04/95 07h23	95  31/05/95 11h26
28  01/02/95 21h51	62  03/04/95 01h51	
29  03/02/95 16h19	63  04/04/95 20h19	
30  05/02/95 10h48	64  06/04/95 14h48	
31  07/02/95 05h16	65  08/04/95 09h16	
32  08/02/95 23h44	66  10/04/95 03h44	
33  10/02/95 18h12	67  11/04/95 22h12	

Lorsque la Terre est au point A, l'observateur terrestre voit la deuxième éclipse au bout d'une durée t + f1 / c

Et lorsque la Terre est arrivée en B, il la voit au bout d'une durée t + T + f2 / c

La différence de temps entre deux éclipses consécutives de Io est alors égale à [t + T + f2 / c] - [t + f1 / c] = T + (f2 - f1) / c

L'équation pour trouver la vitesse de la lumière devient alors très facile à résoudre : il suffit de diviser la différence de temps entre deux éclipses successives de Io par T + f2 - f1

Tentez le coup avec deux éclipses successives de Io dans le tableau ci-dessus et vous verrez que çà marche ...

Les imprécisions de la méthode de Römer :

La méthode de Römer présente néanmoins plusieurs imperfections, sources d'erreurs :

--- la limite du limbe de Jupiter n'est pas nette, en raison de l'épaisse atmosphère de Jupiter qui diffuse la lumière : la disparition de Io dans le cône d'ombre de Jupiter ne s'effectue donc pas instantanément mais progressivement, ce qui interdit toute mesure vraiment précise de l'instant exact de l'éclipse.

--- d'autre part, Io n'est pas un point mais un petit disque doté d'un certain diamètre apparent : là encore, de ce fait, sa disparition dans l'ombre de Jupiter ne s'effectue pas instantanément.

--- autre difficulté : l'éclipse de Io ne se produit pas toujours au niveau de l'équateur de Jupiter et par conséquent, le diamètre de l'ombre de Jupiter n'est pas toujours identique d'une éclipse à l'autre. La traversée du cône d'ombre de Jupiter par Io peut donc prendre un temps variable.

--- au moment de la conjonction, Jupiter est dans l'alignement du Soleil pour les astronomes terrestres, ce qui rend toute observation impossible à ce moment-là : observer Jupiter dans ces conditions équivaudrait à se brûler la rétine de l'oeil avec la lumière du Soleil concentrée par le télescope.

Schéma ASCT-astronomie / Ph Ledoux

Au moment de l'opposition, nouveau pépin : l'ombre de Jupiter est totalement cachée par ce dernier et les éclipses deviennent invisibles. Il faut donc à ce moment-là se contenter d'observer les occultations de Io par le disque jovien.

Mais avant et après l'opposition, les choses ne sont pas pour autant plus simples : avant l'opposition (position A), si l'observateur terrestre voit parfaitement le début de chaque éclipse de Io, par contre leur fin lui est cachée par le disque de Jupiter. Après l'opposition (position B), difficulté inverse : Jupiter fait écran entre la Terre et le début de chaque éclipse de Io. Par contre, la fin de l'éclipse est alors devenue parfaitement observable

Schéma ASCT-astronomie / Ph Ledoux

Bref, devenir un petit génie de l'astronomie n'est vraiment pas une chose si facile ...

Merci Greg !
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