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MISSION HAUTE RESOLUTION AU PIC DU MIDI (9 au 15 février 1993) Jean DIJON, Pierre CHARPENTIER, Maurice WIERCZYNSKI LE BUT DE CETTE MISSION ETAIT L’ UTILISATION D’ UNE CAMERA CCD EN PHOTO PLANETAIRE SUR MARS , JUPITER ET LA LUNE AVEC LE T60 (TELESCOPE DE 60 cm DE DIAMETRE). J’ ESPERE QUE LES QUELQUES PHOTOS QUI VONT SUIVRE VOUS MONTRERONT L’ AMBIANCE TRES PARTICULIERE QUI REGNAIT AU PIC EN FEVRIER 1993. (En effet, les astronomes venaient d’apprendre que le Pic allait fermer).
La caméra utilisée, et fabriquée par Jean, comporte un capteur Thomson TH 7883 (CCD de grandes dimensions pour l’époque : 384 x 576 pixels et de 26 μm de côté (n’oubliez pas, nous sommes en 1993 !). La caméra est refroidie par un module Peltier à 2 étages avec circulation d’eau. La numérisation du signal se fait sur 12 bits avec double échantillonnage corrélé.
I. LA MISE AU POINT Nous avons utilisé un masque réalisé en verre époxy
(matériau servant de support En modifiant la position du porte-oculaire, en avant ou en arrière, la focalisation devient idéale. Cette méthode de mise au point fut baptisée par quelque esprit facétieux du groupe : DWC (pour Double Window Coïncidency). Allez savoir pourquoi ? (Dijon, Wierczynski, Charpentier). Egalement dans ce masque nous avons fait un trou de ø 250 mm, décentré, afin de diaphragmer le T 60. (le miroir présentait à l’époque un fort astigmatisme).
II. RESUME DE NOS NUITS AU PIC Lundi 8 Février: Départ en grande pompe de Champagnier (Isère) sous un soleil splendide. Arrivée l’après-midi à la Mongie sous la neige !!! ciel complètement bouché, moral en baisse… On s’imagine bloqués dans la barge au-dessus du précipice. Mardi 9 Février : Temps superbe. On monte comme prévu à 10 heures avec le ravitaillement. Dans la barge on entasse pêle-mêle notre matériel astronomique avec les poireaux, le poisson et le pain… Le spectacle est grandiose, on surplombe des à-pics impressionnants ; les coupoles du Pic se rapprochent : nous n’aurions pas donné notre place pour tout l’or du monde.
Arrivée à 11 h 15. On touche notre couchage comme à l’armée ainsi que les clés du T 60. Installation du matériel (caméra, équilibrage du télescope…). 18 heures : premier coucher de soleil ; observation de Vénus avec la lunette de 130 mm.
Photos de Mars avec le T 60 diaphragmé à 250 mm. Fin à 3 heures.
Mercredi 10 Février : Modification des bagues et du porte-oculaire par le tourneur de l’Atelier Technique : le sourire revient.
Ce midi, poulet-frites !! L’après midi se passe en essais avec la platine longue pose afin de tester les modifications. Traitement des images de la nuit précédente. Le résultat est inespéré compte tenu de la turbulence et des problèmes rencontrés avec le porte-oculaire. Visite de Monsieur Audouin DOLLFUS. 18 heures : ciel couvert. 20 heures : visite de la salle de commande du télescope de 2 mètres. 22 heures le ciel se dégage, on court au T 60. Utilisation de la méthode DWC ; les modifications faites le matin sont fructueuses. Après avoir diaphragmé le tube et comme tout fonctionne parfaitement, on passe en pleine ouverture. On engrange les photos de Mars. A partir de minuit les nuages approchent et le vent souffle en rafales dangereuses pour la coupole. Bientôt tout est couvert et l’on va se coucher à 2 heures.
Jeudi 11 Février : Matin, traitement des images. Après midi : visite de la coupole-tourelle avec Monsieur MOATI puis Monsieur Audouin DOLLFUS vient voir nos images de la nuit. On met le T 60 à la terre pour diminuer les parasites qui surviennent quelquefois (l’environnement électromagnétique du Pic est très mauvais). Quelques photos de Vénus avant le repas puis Mars et Jupiter jusqu’à 5 h 30 du matin. Utilisation de différents filtres Wratten : W 12 ; W 29 ; W 56 ; W80.
Vendredi 12 Février : On traite les images de la nuit ; autre visite de Monsieur Audouin DOLLFUS. A 17 heures, réunion de travail c’est-à-dire "bulle" avec un bon café. La fatigue et l’altitude se font sentir…nous sommes de plus en plus fatigués et essoufflés. Petite balade sur les terrasses et dans les couloirs du Pic.
Vers 18 heures, Vénus avec un W 80 et un W 47 ; puis Mars avec un oculaire de 16 mm sans filtre puis avec filtre Hα. Ensuite la nébuleuse du Clown (NGC 2392). La planète Jupiter sera "capturée" soit sans filtre soit avec les filtres W 12, W 47 et W 80. On se couche à 8 heures du matin avec un lever de soleil magnifique sur l’observatoire.
Samedi 13 Février : Après une semaine au Pic, la routine : matin lever à 10 h 30 ; traitement des images ; repas ; traitement des images. En fin d’après midi visite de la coupole du télescope de 2 mètres avec l’astronome Michel AURIERE. Nous y restons ½ heure afin de ne pas faire monter la température intérieure. Impressionnant.
Planète Mars en début de soirée puis Jupiter. Enfin nous pouvons photographier la Lune à 7 h 30 au lever du jour, avant d’aller se coucher.
Dimanche 14 Février : On ouvre une bouteille de Calvados à midi, trou normand oblige. On reste un peu plus longtemps à table et nous remercions toute l’équipe du Pic qui nous a "accepté" malgré les tensions que l’on a ressenti dès le premier jour : la fermeture du Pic a été dans tous les esprits et sur toutes les bouches pendant tout notre séjour. Remerciements donc à Messieurs Dollfus (notre compagnon de table et de télescope), Mulher (directeur du Pic), Moati et Aurière astronomes professionnels (visites des instruments). Nous faisons Mars en début de soirée. Le temps se dégrade et nous fermons la coupole vers 23 heures. Traitement d’images jusqu’à 3 heures du matin. Lundi 15 Février : C’est déjà le dernier jour. On range la caméra, l’ordinateur ainsi que les quelques dizaines de kilos de vis, boulons, plaques de verre époxy, outillage… Et dans la journée nous faisons du "tourisme astronomique" dans les couloirs et sur les terrasses du Pic.
Le soir on pointe la Grande Nébuleuse d’Orion avec un Nagler de 9 mm : sublime. Ensuite on observe les galaxies du Lion…puis la fatigue… Mardi 16 Février : C’est fini il nous faut redescendre. Nous quittons cette ambiance si particulière : le dédale des longs couloirs pour passer d’une coupole à l’autre ; les terrasses recouvertes de neige et de glace; les sommets recouverts de neige ; le silence ; la beauté et aussi 24 heures sur 24 d’astronomie. Nous quittons le Pic tristes car nous savons que nous n’y reviendrons probablement jamais dans ces conditions. Ce fut un séjour inoubliable qui a resserré notre amitié.
Photos et commentaires de Jean D, Maurice W et Pierre C.
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La dernière mise à jour de ce site date du 02-janv.-2014