L'été touche à sa fin, les nuits fraîchissent et rallongent, la météorologie redevient capricieuse. Cependant, la période est favorable à l'observation de nombreux objets du ciel profond dans des conditions automnales à la transparence excellente. Ainsi, pourra-t-on prospecter avec profit des constellations estivales qui étaient auparavant "éclairées" par des nuits trop courtes...
Avant de vous proposer des cibles intéressantes pour vos sorties nocturnes, il m'apparait judicieux d'aborder le problème des observateurs citadins. En effet, l'éclairage urbain est depuis longtemps le principal pollueur artificiel du ciel astronomique et les amoureux de nébuleuses et autres galaxies doivent faire face au dilemme suivant: observer sur place, en ville, en subissant la gêne des lumièères parasites ou partir en s'éloignant des cités vers les campagnes pour retrouver un ciel sombre. Cette dernièère solution est la meilleure pour observer dans des conditions optimales de transparence. Et pourtant, aller chercher un site d'observation, outre la dificulté d'en trouver un et de pouvoir y transporter son matériel, est chose compliquée qui demande un temps souvent trop important pour être compatible avec celui allouable à une normale activité de loisir en dehors des temps de travail.
C'est pourquoi, en parlant d'un exemple personnel et en donnant quelques conseils de base, j'aimerais avoir des échos auprès d'amateurs qui se sont adaptés tant bien que mal aux conditions citadines. Pour ma part, j'habite la proche banlieue parisienne et l'état du ciel nocturne y est désastreux, particulièrement pour l'observation du ciel profond qui ne s'en accommode pas comme c'est le cas pour les planètes ou les étoiles doubles que l'on peut observer encore en détail, même en centre-ville. Des étoiles de quatrième magnitude sont à la limite de visibilité, dans un 115/900, M42, dont seules les parties centrales sont visibles, n'est que le pâle reflet de ce qu'elle montre dans de bonnes conditions, M31 est difficilement détectable sur plus d'un degré aux jumelles de 50mm de diamètre, M33 reste inaccessible à ce diamètre et nombreux sont pareils exemples... Heureusement, je peux profiter de la résidence secondaire de mes parents dans les Hautes-Alpes pour effectuer des observations dans de bonnes conditions, mais à chaque rentrée de vacances je mesure, en comparant le ciel des deux sites, le degré de la dégradation urbaine.
Alors, que faire face à ce fléau ? Tout d'abord, évitez les éclairages trop directs (lampadaires, enseignes lumineuses colorées) qui éclairent votre instrument ou votre emplacement en utilisant au mieux l'espace et les accidents de terrain qui vous sont offerts (vous pouvez opérer comme les photographes d'antan en recouvrant votre tête et le porte-oculaire d'un tissu noir, voire les rembardes de votre balcon si vous habitez en appartement); ensuite, n'hésitez pas à grossir dans des limites raisonnables (jusqu'à deux fois le diamètre de l'instrument exprimé en millimètre) afin d'assombrir le fond de ciel urbain éclairé tout en gardant une luminance de la nébuleuse suffisante; voilà un "truc" très valable pour des objets peu étendus comme les nébuleuses planétaires, les amas globulaires et les petites galaxies elliptiques compactes. Depuis près de dix ans, des filtres sélectifs, ne laissant passer que certains rayonnements destinés aux amateurs, apparaissent sur le marché astronomique et quelques uns d'entre eux offrent une défense efficace dans des conditions d'éclairages difficiles; ils bloquent les longueurs d'ondes parasites en provenance du ciel et laissent passer les émissions types des nébuleuses situées à des endroits "stratégiques" du spectre lumineux (Hydrogène alpha et bèta, Oxygène III, etc...); de ce fait, l'éclat de la nébuleuse n'ayant pas changé, mais celui du fond de ciel ayant considérablement baissé, le contraste s'en trouve rehaussé.
Pour des cieux urbains, on obtiendra de bons résultats sur l'ensemble des objets du ciel profond avec le filtre LPR ("rejet de pollution lumineuse") de la firme Celestron et plus encore avec le filtre Deep Sky ("ciel profond") de la firme Lumicon (environ 600-800F). De plus, les filtres UHC et Oxygen III (environ 1000F) de Lumicon sont, eux, spécialement adaptés pour aider respectivement à l'observation des nébuleuses diffuses à émission et des nébuleuses planétaires; les résultats sont réellement étonnants et certains objets invisibles sans filtre deviennent observables grâce à leur utilisation (lire aussi "Un filtre anti-pollution", Van Der Elst, Astro-ciel n°16, page 35). Aussi, je conseillerais à l'amateur citadin d'investir dans un filtre Deep-Sky pour l'observation générale et d'éventuellement acquérir un UHC ou une Oxygen III s'il désire étudier de manière particulière les objets auxquels ils sont destinés.
En pleine Voie Lactée, dans le Petit Renard (VUL), Collinder
399, un beau regroupement épars d'étoiles, est facilement
repérable au chercheurs de 30mm de diàmètre à
environ 4°Nord-Ouest d'Alpha de la Flèche (SGE); on devine aisément
la raison de son surnom, "le porte-manteaux", d'après
son aspect: une barre de 7 étoiles de magnitudes comprises entre
6 et 8 longue de 2° et orientée Est-Ouest, laissant échapper
un ergot courbe de 4 étoiles de mag. 5 à 7 vers le Sud (dont
les étoiles 4 et 5 VUL). Sa forme caractéristique est frappante
aux jumelles de 50mm de diamètre, mais sa relative pauvreté
en étoiles joue contre l'idée d'un véritable amas
galactique, ce qu'il est pourtant.
Non loin de là, à près de 3°Nord de Gamma de la
Flèche, on repérera M27, la célèbre
nébuleuse planétaire Dumb-bell, sous la forme d'une minuscule
tache floue aux jumelles de diam.50mm. Sa forme de sablier, dont le grand
axe est orienté Nord-Est/Sud-Ouest, est déjà apparente
dans une lunette de diam.60mm à partir du grossissement résolvant
(au moins 50x); on notera également la présence de 14 du
Petit Renard de mag=5,7 à 25'Nord. Des anses faibles et diaphanes
semblent combler les vides de l'haltère principale avec 200mm de
diamètreet à 100x, l'étoile centrale de mag.13,4 est
discernable au centre du Diabolo pendant qu'une autre de 12ème mag.
se trouve au bord Ouest du lobe principal Sud-Ouest et une dernière
de 12,5ème est discernable à l'extrémité Nord-Est
du lobe orienté dans la même direction. Ce même instrument
muni d'un filtre Oxygen III montre une nébuleuse éblouissante
et révèle des irrégularités d'éclats
sur toute la surface nébulaire. Les possesseurs d'instruments plus
puissants pourront s'amuser à chercher et à compter les étoiles
perceptibles sur M27; une limite de 18 avec un télescope de diam.45cm
a déjà été atteinte... et vous, combien en
comptez vous ?
M27-G.MEURIOT
(T635mm)
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