De manière générale, l'astronomie possède son propre lexique, et il en va de même pour le ciel profond. Quand on parle de focale résultante, de précicion optique à lambda sur X, de magnitude limite ou de galaxies à grumeaux, l'amateur averti nage dans son domaine de prédilection pendant que le néophyte y perd son latin! C'est pourquoi il m'apparaît utile de consacrer plusieurs débuts de rubrique à éclaircir cette nomenclature assez spécialisée et ses abréviations. Les magnitudes sont l'objet de bien des interprètations inexactes qui peuvent être évitées par une meilleure connaissance de leurs usages et significations.

Les premiers astronomes classèrent les étoiles en six catégories ou grandeurs (de 1 pour les plus brillantes à 6 pour les plus faibles); les imprécisions de leurs mesures amenèrent leurs successeurs à affiner la notion de magnitude, notamment Pogson au début du siècle. En voici la définition donnée dans le "Dictionnaire de l'astronautique" de LAROUSSE: "magnitude: logarithme de l'éclat apparent d'une étoile et, par extension, de tout corps céleste. L'échelle des magnitudes est telle qu'une étoile de première magnitude est exactement cent fois plus brillante qu'une autre de sixième, chaque division représentant une luminosité 2,52 fois moindre que la division précédente." Suite aux réajustements des mesures d'éclats selon cette nouvelle nomenclature, certains astres se sont vu attribuer des magnitudes nulles, voire négatives. Sirius, par exemple, est de magnitude -1,56, Mars atteint aux oppositions -3, certains bolides -4, la pleine Lune -14 et le Soleil -27 !

La sensibilité de l'oeil humain n'est pas uniforme sur tout le spectre visible et son maximum se situe dans le vert (5500 angstroems ou A); ainsi une échelle typique de magnitude a-t-elle été adoptée: la magnitude visuelle (en abrégé Mv) quelquefois qualifiée d'apparente. Mais les plaques photographiques, elles non plus, n'ont pas une réponse spectrale homogène et sont plus sensibles dans le bleu; aussi l'échelle de la magnitude photographique (en abrégé Mph ou Mb pour magnitude "bleue") est-elle de rigueur quand on mesure la brillance d'objets photographiques. Une même étoile peut avoir une magnitude visuelle et une magnitude photographique différentes, ce qui est souvent le cas. Le système UBV de Johnson et Morgan (1950) permet de calibrer encore mieux un astre par sa magnitude U pour ultra-violet proche (environ 3600A), sa magnitude B pour bleue (environ 4400A) et sa magnitude V pour visuelle (environ 5500A). Si l'on voulait être ultra-précis, il faudrait connaître les magnitudes pour chaque longueur d'onde...

Pour ce qui est des étoiles, le système UBV convient bien puisqu'elles rayonnent dans les trois régions du spectre concernées. Ainsi, plus une étoile est bleue, plus sa magnitude photographique sera proche de sa magnitude visuelle; plus elle est rouge, plus la valeur de sa Mph sera éloignée de celle de sa Mv. Par exemple, Bételgeuse, la supergéante rouge de l'épaule d'Orion, est caractérisée par une Mv=0.5 et une Mph=2.35, soit un indice de couleur (Mph-Mv) de 1.85 alors que Rigel, étoile très bleue, avec son indice de couleur de -0.03, brille d'une Mv=0.1 et d'une Mph=0.07, magnitudes très proches. Par contre, nous verrons dans une prochaine rubrique que les magnitudes appliquées aux objets du ciel profond sont moins rigoureuses et parfois très difficiles à déterminer.

NGC 206-P.BERNHARD (T620mm, ccd) 

M 77-D.PONSOT (T200mm)