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Astrologie et divination

Influence et relation de cause à effet (II)

Une erreur scientifique évidente que font les astrologues est de dire que les astres (soleil, planètes, lune) exerceraient une influence sur l'homme (et accessoirement sur les plantes), et cela dépendrait de la position des astres dans le ciel.

Mais ainsi que chacun le sait, "l'influence" d'un astre comme le disent les astrologues se résume dans l'esprit des astronomes et des physiciens à un effet gravitationnel (attraction, répulsion) et, dans le cas du Soleil, à un effet électromagnétique (effet de lumière, des UV) et corpusculaire (émission de protons lourds, électrons, etc.) dont l'intensité ou le flux (énergie par unité de surface) dépend de la distance de l'astre à la Terre et de la durée de l'évènement; l'effet de marée ou d'ensoleillement étant le plus bel exemple.

Si les astrologues prenaient déjà en considération la distance des planètes (et donc l'effet de leur attraction) au lieu de les reporter à plat sur leur carte, ils constateraient que "l’influence" de Mercure ne peut pas être équivalente à celle de la Lune ou du Soleil. Or l'attraction gravitationnelle, parmi d'autres facteurs, est passée sous silence par les astrologues ! Une façon bien peu scientifique de travailler.

Quand bien même ils tiendraient compte de la gravitation, sur Terre cette force n'agit que sur les fluides : ce sont les marées. Dans ce contexte, la rumeur qui prétend que les jardiniers par exemple doivent planter leurs fleurs un jour de pleine Lune est également non fondée. En fait des gens crédules font l'analogie entre l'effet des marées et la montée de la sève dans les plantes ou les fleurs. Or il ne s'agit que d'une prémisse qui remonte à l'époque préscientifique : si la Lune pouvait créer les marées, elle pouvait très bien aider la sève à monter dans les plantes. Mais nous savons combien les syllogismes peuvent être naïfs... Placez une fleur dans un verre d'eau, vous n'y verrez jamais l'effet des marées !

Il y a en fait dans la démarche des astrologues un pas de trop qu'ils franchissent aisément quand ils parlent "d'influence" qu'auraient soit-disant les astres et des "conséquences" qu'ils induisent, donc de relation de cause à effet. Tout cela n'est que libre interprétation, rien d'autre que des spéculations non fondées car ils seraient bien en peine d'apporter la moindre preuve scientifique à l'appui de leurs divaguations et nous allons le prouver avec d'autres exemples.

Les horoscopes et le bon sens

Selon les astrologues, les horoscopes permettent de préciser le sens de notre vie. Mais ils s'appliquent aussi aux objets inertes ! A gauche, l'horoscope de l'écrivain et philosophe Paul Valery, à droite celui basé sur Mercure, Maître du vent, "prédisant" soi-disant une tempête sur la ville de Laurelton dans l'État de New York le 6 mars 1997 à 7h15. Documents CURA et New York Times.

Avec ses relans de scientisme, l'astrologie apparaît alors comme un scandale auquel on accorde trop d'audience. Des encyclopédies et des pseudo-scientifiques contribuent à asseoir les théories de cette pseudoscience, mais elles n'ont aucun support expérimental, aucun lien avec le monde réel. S'il est quelquefois fait état d'une relation entre les astres et l'homme, les références sont rarement mentionnées et les démonstrations inexistantes. Si les théorèmes existent, ils sont noyés dans les contresens et le verbiage. Lorsque leur discours traite de données statistiques, celles-ci sont interprétées à leur guise. Comme le soulignait avec ironie le psychiatre Georges Daumézon, rien n'est plus facile que d'avoir raison, "Trente pour cent de réussites, trente pour cent d'échecs, trente pour cent de résultats indéterminés."

Prenons l'exemple empirique classique, le cas de jumeaux homozygotes dont l'un meurt dans sa jeunesse tandis que son frère atteint la vieillesse. Pour les astrologues, s'ils sont nés "sous la même étoile" (la même minute) ils auraient dû avoir le même destin... La réalité infirme cette fatalité. L'inverse est également vrai. Des personnes nées sous des signes différents peuvent avoir le même "destin". Mais n'est-ce pas déjà y croire que de raisonner ainsi ?

A la recherche de corrélations

Précisons que les rares personnes qui essaient d'étudier l'astrologie avec honnêteté scientifique ne font que constater l'existence d'une corrélation entre les latitudes et longitudes des planètes sur le plan de l'écliptique (repérées par rapport au point vernal) et les tendances psychologiques des êtres humains. Mais précisons tout de suite que ces tendances sont par ailleurs multifactorielles et soumises au cadre des déterminismes génétiques, sexuels, socio-culturels, économiques, politiques, historiques, spirituels, etc. et qui ne sauraient donc être grossièrement réduites à une seule et quelconque pseudo-influence des planètes. S'il semble exister une corrélation, et les scientifiques commencent à en avoir la certitude, l'honnêteté scientifique les rend incapables d'en déduire un lien de cause à effet. L'art divinatoire fait tout le contraire et en tire des conclusions spéculatives.

Statue de Cicéron, Palais de Justice de Rome. Document Wikimedia.

Carnéade, l'un des maîtres de l'Académie de Platon avait déjà remarqué cette antinomie. Il était convaincu que nos actions avaient leurs causes en nous-mêmes et n'étaient pas influencées par le déterminisme supralunaire.

Cicéron écrivait également il y a 20 siècles, en citant Eudoxe (IVe siècle avant notre ère) : "Il ne faut ajouter aucune foi aux prédictions et à la prévision des vies telles que les Chaldéens [les astrologues] les font à partir du jour de naissance."

Depuis plus de 2500 ans rien n'a changé, l'astrologie rassemble toujours autant d'adeptes qui paient toujours autant pour se faire abuser.

Quant aux rumeurs, elles restent ce qu'elle sont : des bobards ! Ainsi, à propos d'eau, certains prétendent que le placenta des femmes enceintes pourrait être influencé par les astres, et notamment par la Lune. Or des études ont été menées pour évaluer l'influence gravitationnelle des astres ou des objets au moment de l'accouchement des nouveaux-nés. Il s'avère que la masse de la maman, de la sage-femme et de toute personne située dans la pièce, ainsi que celle du bâtiment de l'hôpital et même des voitures ou des camions parqués sur le parking présentent une influence plusieurs millions de fois plus élevée que celle de la Lune et ne parlons même pas des autres astres dont l'influence est insignifiante. En d'autres termes, il est scientifiquement prouvé qu'aucun astre ne peut affecter le placenta du foetus (ou du bébé) car son effet éventuel est écrasé par celui des masses beaucoup plus rapprochées, celles des corps humains et des bâtiments proches de la maman. Cette nouvelle conclusion irréfutable ne renforce pas l'astrologie.

Autre exemple, longtemps on entendit les mères de famille dire que si un enfant doit naître à peu de jours d'une nouvelle Lune (deux semaines avant ou après par exemple), cet enfant naîtra de préférence à cette époque là plutôt qu'au jour prédit par le gynécologue. Rumeur, coïncidence, destinée, programmation génétique ou influence des astres ? Certaines personnes ont cru à cette rumeur jusqu'au jour où des gynécologues décidèrent d'étudier le sujet. 

En 1979, G.Abell et B.Greenspan ont publié les résultats d'une étude portant sur 11691 naissances survenues au cours de 51 cycles lunaires et sont arrivés à la conclusion que "la fréquence des naissances et le cycle lunaire sont incompatibles." De même, après avoir étudié 564039 naissances réparties au cours de 62 cycles lunaires entre 1997 et 2001, dans les conclusions de leur étude publiée en 2005, J.M. Artiss et ses collègues ont démontré qu'il n'y avait "aucune influence prédictible du cycle lunaire sur la délivrance ou les complications." Ces études furent confirmées à plus grande échelle :  il y a autant de naissances à la pleine Lune qu'au premier quartier ou à n'importe quelle autre phase lunaire. Néanmoins puisque la rumeur persiste, à chacun à présent de la rectifier.

Rappelons que biologiquement parlant plusieurs de nos glandes endocrines sont réglées par rapport aux rythmes astronomiques, en particulier avec le cycle nycthéméral (l'alternance du jour et de la nuit), à l'inverse du cycle menstruel de la femme. Ce dernier faut-il le préciser, bien que proche du cycle lunaire (29.5 j) n'est en rien régit par la lunaison, la Lune en effet subissant un freinage séculaire qui modifie sa période de rotation autour de la Terre. Mais les cycles biologiques ne sont pas commandés par les astres, quoi qu'en pensent les astrologues; l'histoire de la Lune peut nous le prouver ainsi que des expériences d'isolement. Nos rythmes biologiques épousent certains rythmes astronomiques, nous nous adaptons à leur cadence mais en aucun cas le cycle du Soleil ou de la Lune ne commande nos horloges biologiques. Les preuves les plus évidentes sont les expériences réalisées à l'abri de la lumière, où des volontaires ont vécu des semaines sous la terre, dans des grottes. Au bout de deux semaines, leur cycle du sommeil passa spontanément de 24 heures à 33 ou 17h. Il obéissait au rythme intrinsèque endogène des organes, sans référence au monde extérieur. D'autres cas restent en partie ou totalement inexpliqués.

Le Mascaret

Le fameux Mascaret se forme autour de la pleine Lune au confluent de la Garonne et de la Dordogne. C'est un cas particulier de marée propre aux fleuves. Ce que les scientifiques appelent un resaut hydraulique en translation résulte de l'effet combiné du courant et de la force de gravité de la Lune qui forme une marée montante. Le Mascaret se forme deux fois par jour mais une cinquantaine seulement par an sont remarquables et spécialement ceux des grandes marées d'équinoxe. Le même phénomène se produit sur d'autres grands fleuves à travers le monde, notamment en Inde et en Chine.

L'expérience des huîtres de Brown

En février 1954, le biologiste Frank A. Brown fit une expérience avec des huîtres (cf. F.A. Brown Jr, 1954). En cherchant à savoir si les huîtres avaient la mémoire du temps, il constata qu'elles ouvraient leurs coquilles pour se nourrir deux fois par jour, à l'heure de la marée haute. Brown avait le pressentiment qu'elles ne répondaient pas simplement aux changements de leur environnement, mais mesuraient ce rythme même quand elles étaient éloignées de la mer. Pour le savoir, il expédia un lot d'huîtres récoltées au large de New Haven, dans le Connecticut, à des centaines de kilomètres à l'intérieur des terres jusqu'à l'Université Northwestern à Evanston, dans l'Illinois, située au sud des Grands Lacs à plus de 1400 km de leur lieu d'origine.

Brown conserva les huîtres dans une chambre noire scellée, à l'abri des changements de température, de pression, des courants d'eau et de la lumière. Au début de l'expérience, les huîtres conservaient leur rythme, se nourrissant chaque jour au rythme des marées de New Haven. Puis, pour une raison inconnue, leurs heures d'alimentation ont progressivement changé jusqu'à ce qu'elles accusent un retard de trois heures sur les marées. Brown réalisa qu'elles s'étaient adaptées à la configuration locale de la Lune : elles se nourrissaient aux heures où Evanston aurait été au bord de la mer pendant la marée haute. Malgré l'absence d'indices environnementaux évidents, il semblait que ces huîtres suivaient en quelque sorte le cycle lunaire.

Brown était convaincu que les huîtres, les humains et toutes les formes de vie sont connectés à des signaux cosmiques subtils, détectant en permanence les mouvements lunaires et solaires pour coordonner les processus biologiques, du métabolisme à la reproduction.

Mais cette idées a toujours semblé étranges à ses confrères. Les résultats de Brown ont été oubliés pendant des décennies et la notion d'influence lunaire a été versée au compte des pseudosciences. Mais aujourd'hui, il existe quelques preuves issues d'un éventail de disciplines touchant notamment au domaine marin suggérant qu'il avait peut-être raison. L'une de ces expériences concerne le frai du corail.

Le frai du corail

Le frai du corail au large du Queensland en Australie. En fonction des conditions et des régions, ce phénomène étonnant se produit entre juin et novembre. Document Dive Planit.

Bien que le phénomène est connu depuis les années 1930, c'est en 1981 que des chercheurs étudièrent scientifiquement le frai des coraux de la Grande Barrière de Corail en Australie. Ils ont découvert que les différentes espèces de coraux attendent la pleine Lune, généralement de novembre, pour libérer ensemble leurs gamètes dans l'océan entre le crépuscule et environ 4 heure du matin.

Selon les endroits, la ponte synchronisée se déroule entre juin et novembre. Elle se produit entre 1 et 5 jours après la pleine Lune et dure 5 à 6 jours (cf. ce tableau).

En 1986, Bette L. Willis de l'Université James Cook et ses collègues découvrirent que certains coraux se synchronisaient effectivement avec la pleine Lune (cf. B.L. Willis et al., 1986). On sait aujourd'hui que ces coraux disposent de capteurs photosensibles appelés cytochromes capables de détecter les changements de luminosité comme le coucher du Soleil et la lumière de la pleine Lune. Ces cellules existent également chez les mammifères y compris chez l'être humain.

Mais d'autres facteurs exogènes expliquent aussi cette ponte synchronisée, notamment l'élévation de la température de l'eau à la fin du printemps austral et les cycles nycthéméraux déjà évoqués qui provoquent la synchronisation de la ponte avec la marée basse. Il faut y ajouter l'influence des vents, des courants et de la latitude.

Mais depuis cette époque, on observe chez certaines espèces de coraux une désynchronisation de la ponte qui n'obéit plus du tout aux phases lunaires ni à aucun rythme. Certains chercheurs pensent que le changement climatique, le stress thermique, la pollution lumineuse et les taux d'hormones dans l'eau sont probablement responsables de cette anomalie.

La pêche des espadons autour d'Isla Mujeres

Les eaux tropicales du Yucatan au Mexique ont une température de 28°C en été en bordure de plage. Elles sont réputées pour leur clarté et abriter une riche vie marine. Outre des milliers de coquillages dont le fameux Strombus Gigas qu'on retrouve au Bahamas et dans le Pacifique, on y trouve une riche variété de coraux et des centaines d'espèces de poissons plus colorés les uns que les autres parmi lesquels des mantas, des requins, des poissons-anges, des baleines (mammifères), des dauphins (cétacés), des espadons et des bancs de sardines.

Comme dans les autres mers du monde, chaque nuit et de façon encore plus marquée lors de la pleine Lune, le plancton mixotrophe (qui se nourrit comme des animaux ou comme des végétaux selon le milieu dans lequel il évolue) migre vers la surface pour assurer la photosynthèse et se nourrir. Il se crée alors une chaîne alimentaire : le plancton attire les sardines qui attirent les espadons qui attirent eux-mêmes les plongeurs et les pêcheurs. En effet tous les pêcheurs savent que l'espadon est un prédateur nocturne et qu'il est plus facile de le pêcher les nuits de pleine Lune.

La ponte des crabes rouges de l'île Christmas

La migration des crabes rouges (Gecarcoidea natalis) de l'île Christmas située dans l'océan Indien, à environ 1400 km des côtes nord-ouest de l'Australie est également remarquable et en relation avec la Lune. 

Un crabe rouge (Gecarcoidea natalis) de l'île Christmas libérant ses oeufs dans la mer d'Ethel Beach durant le dernier quartier de Lune de novembre ou décembre. Document Google Earth.

Chaque année, au début de la saison des pluies, près de 45 millions de crabes rouges quittent la jungle en direction des plages, où ils se reproduisent. La migration se produit généralement en novembre ou en décembre, mais il arrive parfois qu'elle commence dès le mois d'octobre, en fonction du début de la saison des pluies.

L'accouplement a généralement lieu quatre ou cinq jours avant la pleine Lune, de sorte que les femelles sont prêtes à pondre au bon moment. La plupart du temps, les mâles se mettent en marche quelques jours avant les femelles. Les crabes les plus proches de la plage partent quelques heures seulement avant la marée mais d'autres crabes parcourent plus de 10 km et ont dû anticiper que leur voyage durerait trois semaines pour rejoindre la plage.

La ponte se produit toujours durant le dernier quartier de Lune. Les crabes femelles libèrent leur ponte qu'elles maintiennent sur leur abdomen lors de la marée descendante et si possible avant l'aube. Les œufs sont dispersés durant la phase la plus sombre de la Lune, pendant la nuit pour que les larves aient le plus de chances possible d'échapper aux prédateurs et d'atteindre l'océan saines et sauves.

Après la ponte, tous les crabes quittent la plage au plus tard au lever du soleil et retournent dans la forêt jusqu'à l'année suivante. Trois à quatre semaines plus tard, les larves sont devenues de jeunes crabes et sortent de l'eau pour entamer à leur tour leur voyage vers la forêt.

On ignore comment les crabes déterminent le début de cette migration mais dans tous les cas il coïncide avec le dernier quartier de Lune.

Les dauphins de la baie du mont Saint Michel

On peut également citer l'exemple des dauphins qui ont l'habitude de séjourner dans les eaux de la baie du mont Saint Michel en France qui ne s'y échouent jamais lorsque la marée est descendante. Ils semblent capables d'anticiper la marée basse comme s'ils connaissaient le rythme des marées. Soit ils ont mémorisé les effets du flux et du reflux ou ressentent un changement des paramètres de l'eau soit ils sont sensibles au cycle lunaire mais dans les deux cas ils connaissent  le piège que représente une faible hauteur d'eau et l'évitent.

En revanche, les dauphins du large (Tursiops truncatus) qui visitent occasionnellement la baie à marée haute ne connaissent pas les conditions locales, et de temps en temps on en trouve un ou deux échoués sur le sable à marée basse qui survivent tant bien que mal et qu'il est encore possible de remettre à l'eau.

Ces animaux marins sont-ils sensibles à l'effet de la Lune ? Certains d'entre eux le sont apparemment mais à ce jour, la question reste ouverte et mérite d'être approfondie.

Tous ces exemples ne signifient pas que les astres influencent la destinée des êtres vivants et qu'il faut croire en l'astrologie et ses prétendues prédictions. Tout cela ne sont que des superstitions d'un autre temps !

Dans un autre contexte, on peut être irrité par certains sons naturels ou trouver une molécule malodorante ou de mauvais goût sans pour autant croire que certains phénomènes ou produits de la nature portent malheur comme s'ils étaient sous l'influence d'une magie noire. La science nous a appris qu'ils sont justes physiquement ou chimiquement incompatibles avec nous, une façon pour notre organisme de s'auto-protéger contre les lésions et les poisons.

Des prédictions invalidées et parfois illégales

Que nous président les horoscopes contemporains ? Des fumisteries que ne renierait pas l'Oracle de Delphes ! Madame Soleil et autre Elisabeth Tessier remplissent les étagères d'ouvrages sur l'astrologie et les pages de nos journaux d'horoscopes toujours aussi vides de sens. Or selon les sondages, environ une personne sur deux se complait à lire son horoscope pour d'obscures raisons.

Les signes du zodiaque sur l'horloge astronomique de l'Hôtel de Ville de la vieille ville de Prague construite au début du XVe.s..

Certains chefs-d'Etats vont même jusqu'à consulter des astrologues et il fut une époque où même les chasseurs de tête ou les employeurs réalisaient une analyse astrologique des candidats à l'embauche ! Des astrologues vendent des horoscopes créés par ordinateur ou vous reçoivent en consultation et continuent en toute légalité à berner la population... Visiblement il y a une demande et le public accepte volontiers ce mensonge commercial !

Mais rappelons tout de même que la célèbre astrologue française Elisabeth Tessier (que consulta François Mitterrand !) prédisait en se basant sur de soi-disant horoscopes calculés "scientifiquement" et de "profondes convictions" - plutôt son sens de la duperie ! - que "le 11 septembre 2001 serait favorable aux voyages" : nous avons vu ce qu'il en était avec les attentats sur les deux tours du World Trade Center !! Non seulement il y eut des milliers de morts mais tout l'espace aérien des Etats-Unis fut interdit de vol !

En fait, ni Madame Soleil ni aucun astrologue n'a jamais pu prédire les grands évènements qui ont marqué notre civilisation : les guerres mondiales, les révolutions, les renversements de pouvoir, les grandes découvertes, les catastrophes, les pandémies, la mort des grands personnages,... rien. Or certains astrologues - plutôt des charlatans - n'hésitent pas à alarmer leur client leur annonçant par exemple qu'ils vont avoir un accident de voiture à moyen ou long terme (du coup cette personne n'a jamais passé son permis avec toutes les complications que cela entraîne dans sa vie privée et professionnelle) ou annoncent à leur client qu'il mourra avant 35 ans (avec tous les inquiétudes et baisse de moral que cela entraîne) !

De telles attitudes devraient être sanctionnées mais aujourd'hui la loi ne parle nulle part d'interdire les prophéties, sans doute parce que chacun est libre de les interpréter à sa convenance et qu'en théorie le sens critique est acquis à l'âge de la majorité (18 ans). Mais vous conviendrez que lorsque la prédiction met la vie du client ou de son enfant en jeu, ce n'est plus de l'inclination mais de la persuasion; il y a un acte répréhensible, parfois criminel, et tromperie car ce n'est plus un acte commercial mais une menace portée à l'encontre du client. Au juge d'apprécier.

Heureusement ces astrologues démoniaques sont très peu nombreux. On retrouve plus souvent de tels agissements dans les sectes et chez les Marabouts adeptent de la Magie noire. Mais encore faut-il que la victime ait conscience d'avoir été abusée et accepte de porter plainte sur bases de preuves probantes.

A lire : La fin du monde le 21 décembre 2012 (sur le blog)

Quand les astrologues trompent les gens

Les lois du hasard

Le 5 décembre 1985, la revue anglaise "Nature" publia une étude statistique sur l'influence des astres réalisée par Shawn Carlson de l'Université de Californie et dont voici un résumé. Analysant en double-aveugle les prédictions établies par de célèbres astrologues, l'auteur ne trouva aucune relation (de cause à effet) entre le caractère d’un individu et la position des astres à la naissance. Les prédictions se sont avérées fausses dans la majorité des cas, correspondant en fait à une tendance statistique (scientifique) qui veut qu'en moyenne les prédictions sont fausses dans 60 % des cas, le nombre de prédictions correctes n'étant pas supérieur à la "loi du hasard" (33 à 42 % de chances de faire une prédiction correcte), et moins encore (5 à 49 % de chances de faire une prédiction correcte) lorsque l'astrologue est persuadé d'avoir raison.

Au début des années 2000, la télévision belge La Une fit également son enquête. Les journalistes ont distribué à une centaine de personnes un document soi-disant personnalisé décrivant leur profil astrologique basé sur la date de leur naissance. Les membres du public ignoraient qu'ils avaient tous reçu le même texte. A la question de savoir s'ils s'y reconnaissaient, la majorité des personnes se sont "globalement" et même parfois "plutôt bien" reconnues dans le profil décrit... Autrement dit le soi-disant caractère assigné à tel signe du zodiaque s'appliquait tout aussi bien à n'importe quel autre signe ! Le public fut le premier étonné par cette coïncidence qui suit en fait les lois des probabilités.

Tout aussi convaincants, Albert Einstein (1879-1955) et Carl Sagan (1934-1996) apportèrent également leur point de vue. Le théoricien[8] qui restait convaincu de l'influence divine sur le monde mais n'était pas croyant, "croit en un monde extérieur indépendant du sujet qui le perçoit [...]. Parce qu'elle éveille la pensée de la causalité et de la synthèse, la recherche scientifique peut faire régresser la superstition." Le praticien[9] rappela que "l'astrologie satisfait le besoin inavoué de trouver un sens à la vie, de sentir que nous sommes, d'une façon ou d'une autre, connectés avec le cosmos" mais il souligna les faits reprochés ci-dessus. 

Quoi qu'il en soit, les protagonistes s'opposeront toujours. Entre eux, les astrologues se revendiquent de divers courants, tantôt causalistes ou synchronistes. Parfois ils sont visionnaires ou prophètes - du moins certains l'interprètent ainsi -, à l'instar du célèbre Nostradamus du XVIe siècle. Depuis les Sumériens rien n'a changé, l'astrologie rassemble toujours autant d'adeptes qui paient toujours autant pour se faire abuser.

De gauche à droite, portrait d'Albert Einstein basé sur une photo prise en 1947 pour son livre à portée philosophique dans lequel Einstein évoque le rôle de la recherche scientifique. Au centre, Carl Sagan vers 1975. A droite, Dane Rudhyar vers 1980.

Du bon usage de l'astrologie

Réfugions-nous dans la philosophie du célèbre astrologue américain Dane Rudhyar (1895-1985) : "L'astrologie ne peut induire un comportement malsain. L'horoscope ne doit pas servir à prédire l'avenir mais à offrir un guide pour la pleine réalisation des potentialités."

On peut croire à l'astrologie, comme d'autres croient aux biorythmes ou à leur sixième sens. En faire du lucre est effectivement malsain si le client est abusé ou trompé, et l'acte devient répréhensible si la vie du client est menacée. Pour la communauté scientifique, l'astrologie restera une approche métaphorique de notre relation avec l'univers.

La superstition est le nom que certains donnent à leur ignorance et qui leur fait peur. Parce que la superstition empêche l'éveil de la connaissance, la démarche scientifique qui applique une méthodologie déductive rigoureuse représente le courage de juger avec objectivité un phénomène et sa signification. Il s'impose de lui consacrer un large dossier consacré à la philosophie des sciences.

Pour plus d'informations

La philosophie des sciences (sur ce site)

Sur l'astrologie, F. Biraud et P. Zarka, Observatoire de Paris

Astronomie et astrologie (fichier Powerpoint de l'IAP, 2010)

L'astrologie, D.Kunth et P.Zarka, PUF-Que Sais-Je ?, 2481, 2005

L'astrologie, P.Couderc, PUF-Que Sais-Je ?, N°508, 1974 (disponible en ligne chez Dominique Caudron)

De la Divination, Cicéron, Les Belles Lettres, trad. G.Freyburger/J.Scheid, 1992

Les ouvrages d'astrologie de Dane Rudyar

A double-blind test of astrology, Shawn Carlson, Nature, 1985

Retour à l'Histoire de l'astronomie

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[8] A.Einstein, "Comment je vois le monde", Flammarion, 1979.

[9] Carl Sagan, "Cosmic Connexion", Editions du Seuil, 1975.


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