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La Bible face à la critique historique

Le Symbole des Apôtres. Document T.Lombry.

Le Crédo des chrétiens

Comme nous l'avons expliqué précédemment, le Crédo (signifiant "je crois" en latin) est avant tout un symbole comme la croix ou l'Eucharistie. C'est un signe de reconnaissance entre des croyants partageant la même profession de foi, attestant de liens spirituels entre les générations. A travers la proclamation de la profession de foi, les "règles" et les réflexions qu'elle suscite, le Crédo permet également de distinguer la communauté des chrétiens des autres mouvements religieux. Le Crédo est également à l'origine du dogme car c'est à partir de la compréhension de la foi que les Églises ont dressé la liste des textes théologiques formant le code de Droit canonique.

On trouve les prémices du Crédo des chrétiens dans plusieurs traditions dont plusieurs passages du Nouveau Testament : Matthieu 28:19-20, Actes 8:36-38 et 18:5, 1 Corinthiens 8:6, 12:3, 15:3-5, 2 Corinthiens 13:14, Phillipiens 2:11, Ephésiens 1:1 et 4:4.

L'Épître aux Éphésiens vraisemblablement écrite par un disciple de Paul (traditionnellement vers 60-61) dit par exemple : "Il y a un seul Corps et un seul Esprit ; un seul seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui règne sur tous, agit par tous et demeure en tous" (Eph 4:4). A travers ce genre de formule, les chrétiens attestaient leur foi chrétienne, une manière de s'opposer aux cultes païens.

Plusieurs autres traditions proclamèrent un Crédo avant même la fondation de l'Église primitive (avant Constantin Ier et sa conversion en 337) :

- l'évêque Ignace d'Antioche (~70) : "Soyez donc sourds quand on vous parle d'autre chose que de Jésus-Christ, de la race de David, (fils) de Marie, qui est véritablement né, qui a mangé, qui a bu, qui a été véritablement persécuté sous Ponce Pilate, qui a été véritablement crucifié, et est mort, aux regards du ciel, de la terre et des enfers, qui est aussi véritablement ressuscité d'entre les morts. C'est son Père qui l'a ressuscité, et c'est lui aussi, (le Père), qui à sa ressemblance nous ressuscitera en Jésus-Christ, nous qui croyons en lui, en dehors de qui nous n'avons pas la vie véritable" (Aux chrétiens de Tralles 9:1-2).

- le pape Clément de Rome (pape entre 92-101) : "Pourquoi des querelles, des colères, des disputes, des scissions et des guerres parmi vous? N'avons-nous pas un seul Dieu, un seul Christ, un seul Esprit de grâce qui a été répandu sur nous et une seule vocation dans le Christ?" (Aux Cor. 46:5-6).

- l'évêque Irénée de Lyon (120-202) : "Et voici la règle de notre foi, le fondement de l'édifice et ce qui donne fermeté à notre conduite: Dieu Père, incréé, qui n'est pas contenu, invisible, un Dieu, le créateur de l'univers; tel est le tout premier article de notre foi. Mais comme deuxième article: le Verbe de Dieu, le Fils de Dieu, Christ Jésus Notre-Seigneur, qui est apparu aux prophètes selon le genre de leur prophétie et selon l'état des économies du Père; par qui toute chose a été faite; qui, en outre, à la fin des temps, pour récapituler toute chose, s'est fait homme parmi les hommes, visible et palpable, pour détruire la mort, faire apparaître la vie et opérer une communion de Dieu et de l'homme. Et comme troisième article: le Saint-Esprit par lequel les prophètes ont prophétisé et les Pères ont appris ce qui concerne Dieu et les justes ont été guidés dans la voie de la justice et qui, à la fin des temps a été répandu d'une manière nouvelle sur notre humanité pour renouveler l'homme sur toute la terre en vue de Dieu" (Démonstration de la Prédic. Apost. 6).

- l'exégète Hippolyte de Rome (170-235) qui décrit la "tradition du saint baptême" qui deviendra l'ancêtre du "Symbole des Apôtres" (ou "Crédo des Apôtres"). La profession de foi est exprimée sous forme de questions-réponses : "- Crois-tu en Dieu le Père tout-puissant? - Je crois. - Crois-tu au Christ-Jésus, Fils de Dieu, qui est né par le Saint-Esprit de la Vierge Marie, a été crucifié sous Ponce Pilate, est mort, est ressuscité le troisième jour vivant d'entre les morts, est monté aux cieux et est assis à la droite du Père; qui viendra juger les vivants et les morts? - Je crois. - Crois-tu en l'Esprit Saint dans la sainte Eglise ? - Je crois".

De gauche à droite, les portraits respectifs de l'évêque Ignace d'Antioche mort en martyre, le pape Clément de Rome (une mosaïque de la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev), l'évêque Irénée de Lyon également mort en martyre et l'exégète et savant Hippolyte de Rome également mort en martyre. Tous contribuèrent à la formulation du Crédo.

- dans la Didachè (IIe siècle), un manuel de la catéchèse : "Pour le baptême, baptisez de cette manière : après avoir dit auparavant tout ce qui précède, baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit dans de l'eau courante" (Didachè 7:1).

Le Symbole des Apôtres s'est ensuite enrichi au cours des différents conciles oecuméniques, utilisant un vocabulaire et des concepts propres à la doctrine chrétienne.

Comme nous l'avons expliqué à propos de l'histoire du Crédo, le concile de Nicée (325) posa les principales formules de la profession de foi tandis que le concile de Constantinople (381) amenda le texte à partir de celui d'Eusèbe de Césarée, ajoutant notamment des affirmations sur la nature de Jésus-Christ et la divinité du Saint-Esprit.

Mais malgré l'unanimité apparemment acquise, au Ve siècle le texte suscita des controverses, principalement au sein des Églises d'Orient qui s'opposeront principalement sur la nature de Jésus-Christ et le Filioque jusqu'au concile de Chalcédoine (451) qui marqua le schisme des Églises dites non-chalcédoniennes (rassemblant les Églises arménienne, orthodoxes (syrienne, copte, éthiopienne, malankare) et assyrienne).

Le texte du Crédo de Nicée-Constantinople fut utilisé par les Églises d'Occident dès le VIe siècle, d'abord dans la liturgie baptismale puis eucharistique. En Occident, il entra dans la liturgie eucharistique au VIIIe siècle.

Voici le texte du Symbole des Apôtres mis en parallèle avec le Crédo de Nicée-Constantinople.

A voir : Le Crédo, KTO

Symbole des Apôtres (~235)

Crédo de Nicée-Constantinople (381)

Je crois en Dieu

le Père Tout-Puissant,

Je crois en un seul Dieu,

le Père Tout-Puissant,

Créateur du ciel et de la terre.

Créateur du ciel et de la terre

de l’univers visible et invisible.

Et en Jésus-Christ, son Fils unique

Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ

notre Seigneur,

le Fils unique de Dieu,

né du Père avant tous les siècles

Il est Dieu, né de Dieu,

Lumière, né de la Lumière,

vrai Dieu, né du vrai Dieu,

engendré, non pas créé,

de même nature que le Père,

et par Lui tout a été fait.

Pour nous les hommes, et pour notre salut,

Il descendit du ciel ;

qui a été conçu du Saint-Esprit,

par l’Esprit Saint,

est né de la Vierge Marie,

Il a pris chair de la Vierge Marie,

et S’est fait homme.

a souffert sous Ponce Pilate,

Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,

a été crucifié, est mort

Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.

et a été enseveli,

 

est descendu aux enfers.

 

Le troisième jour est ressuscité des morts,

II ressuscita le troisième jour,

 

conformément aux Ecritures,

est monté aux cieux,

et Il monta au ciel;

est assis à la droite de Dieu le Père

Il est assis à la droite du Père.

Tout-Puissant,

 

d’où Il viendra juger les vivants et les morts.

Il reviendra dans la gloire,

pour juger les vivants et les morts;

et son règne n’aura pas de fin.

Je crois en l’Esprit Saint,

Je crois en l’Esprit Saint,

qui est Seigneur et qui donne la vie;

Il procède du Père et du Fils;

avec le Père et le Fils,

Il reçoit même adoration et même gloire;

II a parlé par les prophètes.

à la sainte Eglise catholique,

Je crois en l’Eglise,

à la communion des saints,

une, sainte, catholique et apostolique.

Je reconnais un seul baptême

à la rémission des péchés,

pour le pardon des péchés.

à la résurrection de la chair,

J’attends la résurrection des morts,

à la vie éternelle,

et la vie du monde à venir.

Amen.

Amen.

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