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Exploitation civile de l'énergie nucléaire

Liste des incidents, accidents et délits (I)

Depuis 1944, pour l'ensemble des centrales nucléaires opérationnelles (450 en 2017), on dénombre environ 60 évènements de Niveau 3 ou supérieur sur l'échelle INES (International Nuclear Event Scale), pour ainsi dire un par an, auxquels il faut ajouter plus de 9000 incidents mineurs (Niveaux 0 à 3) mais non moins préoccupants qui se produisent chaque année, dont de plus en plus de cas d'incidents liés au "petit nucléaire" et notamment lors de traitements par radiothérapie et qui surviennent lors du transport des matières radioactives.

Ces évènements touchent aussi bien le quidam se trouvant par hasard près du site concerné, qu'un opérateur attaché à une centrale nucléaire ou un manipulateur dans une entreprise privée s'occupant de stérilisation, ou malheureusement un patient traité dans un hôpital et victime d'un surdosage !

Sans parler des accidents nucléaires militaires qui font aujourd'hui partie du passé (sauf pour les victimes qui ont conservé des séquelles !), voici une liste non exhaustive à faire frémir des incidents, accidents, délits et piratages qui se sont produits ces dernières années. Dans 75% des cas il s'agit d'une erreur humaine, généralement liée à un manque de rigueur ou de formation du personnel.

Vu le nombre élevé d'incidents survenant dans les centrales nucléaires et dans le secteur du "petit nucléaire", il m'est impossible de maintenir cette liste à jour pour l'ensemble des installations. Aussi, seuls les principaux incidents ont été décrits ci-dessous.

A consulter : Radioactivity Environmental Monitoring, Europa

carte interactive des taux de radioactivité

Nuclear Facilities Attack Database (NuFAD), START

Document T.Lombry.

L'échelle INES (International Nuclear Event Scale).

L'existence de l'échelle INES n'a pas seulement une fonction de classification systématique des incidents et accidents nucléaires. Elle permet aussi aux gouvernements pronucléaires comme la France d'habituer la population au risque nucléaire à défaut de pouvoir l'éliminer. C'est un jeu dangereux auquel il est préférable de ne jamais s'habiter au risque un jour d'être irradié par accident. Pour les écologistes, c'est même un risque intolérable face auquel il faut se mobiliser et s'opposer.

Depuis 2010

Le 10 mai 2017 à 8h26 locale, selon CNN un incident s'est produit dans le plus grand site de stockage de déchets nucléaire à Hanford, dans le sud-est de l’État de Washington aux Etats-Unis. Un tunnel d’entreposage où sont abrités des wagons remplis de déchets nucléaires s’est partiellement effondré sut 7.20 m de diamètre dans la réserve de déchets nucléaires. Cette réserve d'une superficie d'environ 1500 km2 se trouve à quelque 320 km au sud de Seattle et à un peu plus de 500 km de Vancouver.

 Randy Bradbury, porte-parole du département de l’Écologie américain a assuré que l’incident n’a pas fait de blessé et que les responsables n’ont détecté aucune fuite radioactive. Des centaines d’ouvriers du site (mais aucun ouvrier ne se trouvait dans le tunnel au moment de l’effondrement) ont reçu l’ordre de ne pas sortir à l’air libre, de bien s’assurer de la qualité de l’air là où ils se trouvent et de s’abstenir de manger ou de boire sur le site.

A gauche, vue générale du site de stockage nucléaire de Hanford, dans l'État de Washington aux Etats-Unis. A droite, le trou dans le tunnel de stockage survenu le 10 mai 2017. Documents Hanford.

Hanford stocke plus de 200 millions de litres de déchets radioactifs répartis dans 177 réservoirs souterrains et plus de 700000 m3 de déchets solides soit les 2/3 des déchets nucléaires des États-Unis. Hanford reste aujourd’hui le plus vaste dépotoir de déchets radioactifs nucléaires non encore assainis aux Etats-Unis, une véritable poubelle construite dans les années 1940 pour une durée de vie de 20 ans !

Notons que pendant plusieurs dizaines d’années, le site de Hanford a fabriqué du plutonium pour les armes nucléaires, notamment celui utilisé dans la bombe atomique surnommée "Fat Man" qui fut larguée sur Nagasaki en 1945 (cf. Les explosions nucléaires en images).

Selon l'avocat Tom Carpenter, du groupe Hanford Challenge, qui a notamment défendu des lanceurs d'alerte à Hanford et sur d'autres sites nucléaires, "il y a bien des catastrophes sur le point de se produire, et il pourrait y avoir un enchaînement. [...] Il y a tellement de déchets et de matériaux radioactifs enfouis partout sur le site [...] Les installations sont décrépies, le béton s'effrite et des études ainsi que des ingénieurs travaillant là-bas estiment que ça ne va pas tenir plus de quelques années." C'est un miracle qu'il n'y ait pas encore eu de catastrophe majeure sur ce site, vu son étendue et les mises en garde régulières émises par des personnes qui y travaillent.

Notons qu'une fuite de déchets radioactifs s'était déjà produite à Hanford en avril 2016 (voir plus bas).

Le 21 février 2017, selon la RTBF des concentrations anormalement élevées d'iode-131 ont été détectées dans l'air au niveau du sol en Finlande, Pologne, République tchèque, Allemagne, France et Espagne entre la deuxième et la quatrième semaine du mois de janvier, détection confirmée à l'état de trace par l'IRSN en France. C'est le réseau d’échange européen informel "Ring of five" (Ro5) qui a donné l’alerte lors d’un prélèvement réalisé la deuxième semaine de janvier dans extrêmement nord de la Norvège. Toutefois, selon l'AFCN (mais qui n'a rien publié sur son site) qui fut interviewée à ce sujet, le réseau de mesure continu du taux de radioactivité TELERAD n'a pas détecté d'augmentation particulière du taux de radioactivité en Belgique.

Cette émission d'iode-131 est similaire à celle qui s'est déjà produite le 31 janvier 2012 notamment et donc l'origine est toujours inconnue. Il peut très bien s'agir d'une fuite provenant d'une des nombreuses entreprises du secteur du "petit nucléaire" (laboratoire, hôpital, entreprise d'armement, etc.) dont les émissions accidentelles sont souvent diffuses et rarement communiquées aux autorités.

Le 9 février 2017, une explosion s'est produite à la centrale nucléaire de Flamanville, dans la Manche (F). Selon l'AFP, l'évènement n'a pas fait de blessé grave. On déplore toutefois 5 personnes légèrement intoxiquées. L'explosion est survenue vers 10h00 hors zone nucléaire selon la préfecture qui confirme "l'absence de tout risque nucléaire". Selon Olivier Marmion, directeur de cabinet du préfet, "c'est un évènement technique significatif mais il ne s'agit pas d'un accident nucléaire", précisant que les secours étaient sur place. Suite à cet incident, la production du réacteur 1 a été arrêtée (la centrale de Flamanville est équipée de deux réacteurs). L'incident fut classé de Niveau 1 sur l'échelle INES.

Pour l'année 2016, selon la chaîne de TV La Une (RTBF), l'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) a dénombré 15 incidents nucléaires en Belgique de Niveau 1 sur l'échelle INES. Le dernier incident de l'année date du mois de décembre, lorsqu'un opérateur de la société NTP Europe a été exposé à une faible dose de radioactivité dans le cadre d'une opération de maintenance sur un appareil de gammagraphie. Trois des incidents enregistrées en 2016 concernaient le réacteur de Tihange 3. Lors d'un contrôle début octobre, Electrabel avait notamment constaté qu'un des circuits de refroidissement de secours n'était pas disponible.

Notons qu'en 2015, l'AFCN avait enregistré 16 incidents (dont deux de Niveau 2 sur l'échelle INES) contre 18 en 2014 (quatre de Niveau 2), 18 en 2013 et 16 en 2012 (deux de Niveau 2).

Le 16 décembre 2016, la société Eurodif Production a déclaré à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) un évènement significatif relatif à l’expédition, vers une usine de fabrication de combustibles nucléaires située à l’étranger, d’un colis d’hexafluorure d’uranium (UF6) différent de celui prévu par la déclaration d’expédition de matière radioactive.

Précisons que l’UF6 est utilisé comme matière première pour la fabrication des combustibles pour les réacteurs nucléaires. Il est transporté, sous forme solide, dans des conteneurs de transport de forme cylindrique. Chaque conteneur est identifié de manière unique et recensé dans une base de données qui gère les conteneurs présents sur le site AREVA du Tricastin.

L’erreur d’expédition est liée à un défaut d’identification du conteneur. Les vérifications indépendantes de cette identification avant son expédition n’ont pas permis de détecter l’erreur, qui s’est produite le 13 décembre 2016 et a été détectée par le destinataire le 15 décembre 2016, à la réception du conteneur.

Cet évènement n’a pas eu de conséquence sur la sûreté du transport, la sécurité du personnel et du public ou pour l’environnement. En effet, le colis expédié présentait des caractéristiques d’activité radioactive et d’enrichissement en U-235 moins importantes que celles du colis initialement prévu. Toutefois, en raison de la défaillance des contrôles prévus avant l’expédition et de l’occurrence de précédents évènements liés à un défaut d’identification d’un conteneur d’hexafluorure d’uranium, cet évènement a été classé au Niveau 1 de l’échelle INES.

Le 19 novembre 2016, dans le cadre des opérations de redémarrage du réacteur N° 1 de la centrale nucléaire de Paluel (F), suite à son arrêt pour une maintenance programmé dans le cadre de sa troisième visite décennale, EDF (Engie) a constaté que les grappes de régulation de la température dans le cœur du réacteur s'inséraient au-delà de la limite fixée par les RGE (les RGE sont un recueil de règles approuvées par l’ASN qui définissent le domaine autorisé de fonctionnement de l’installation et les prescriptions de conduite associées) entraînant une baisse de la température du circuit primaire sous la valeur minimale autorisée par les RGE. L’équipe de conduite a immédiatement lancé les opérations de pilotage nécessaires et a arrêté le réacteur.

Entre le 19 et le 22 novembre 2016, EDF (Engie) a poursuivi les opérations de redémarrage du réacteur N° 1 mais le même type d’incidents s’est reproduit. Après analyse, EDF (Engie) a détecté une anomalie de câblage dans une armoire du système de mesure de la puissance nucléaire (RPN) permettant d'assurer la surveillance permanente de la puissance du réacteur. L’armoire RPN a été remise en conformité avant le dernier redémarrage du réacteur.

Cet évènement n’a pas eu de conséquence réelle sur les installations, les travailleurs et l’environnement. Toutefois cet évènement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES en raison de son caractère répétitif.

Le 23 août 2016, la société AREVA NP a déclaré à l'ASN un évènement significatif relatif à un dépassement de limite de masse de matière uranifère fissile autorisée sur une unité de travail dans son usine de fabrication de combustible située sur la commune de Romans-sur-Isère dans la Drôme (F).

Cet incident a concerné l’installation nucléaire de base dédiée à la fabrication d'éléments combustibles pour les réacteurs de recherche. La matière nucléaire utilisée dans cette installation est de l'uranium très enrichi. Les éléments combustibles fabriqués dans cette installation sont composés d’assemblages de plaques de matières métalliques et uranifères de différents formats.

Le 18 août 2016, dans le cadre d’une phase particulière de transferts multiples de matières, un opérateur a réalisé le transfert unique d’un lot de 15 plaques alors que la règle spécifique à respecter était de 14 plaques maximum par trajet. Les règles générales d’exploitation imposent une limite de 1000 grammes pour une unité de travail que constitue le chariot de transfert. Lors de l’incident, une quantité de 1008 grammes de matières fissiles était présente sur cette unité de travail. Ce dépassement reste cependant couvert par la démonstration de sûreté de l’atelier, compte tenu des marges de sûreté retenues pour fixer cette limite. L’écart a été détecté rapidement, alors que le transfert était déjà terminé. A ce moment-là, les matières fissiles étaient à nouveau entreposées dans des conditions respectant les règles d’entreposage. Aucune réaction de criticité ne s’étant produite, cet évènement n'a pas eu d'impact sur l’installation, le personnel ou sur l'environnement.

En raison du dépassement d’une limite de sûreté relative à la prévention du risque de criticité, l’incident a été classé au Niveau 1 de l’échelle INES.

Le 17 juillet 2016, EDF (Engie) a déclaré à l’ASN un évènement significatif pour la sûreté concernant le risque de défaillance d’éléments importants pour la protection en cas de séisme, du fait de la défaillance possible d’autres matériels situés à proximité. 

EDF a indiqué qu’un nombre limité d’écarts persiste sur les sites concernés et qu’un programme de résorption a été défini et est en cours de déploiement. Ces écarts constituent des écarts de conformité au sens du guide n° 21 de l’ASN .

Sont concernées les centrales nucléaires françaises suivantes :

- EDF Centrale de Golfech - Réacteurs de 1300 MWe

- EDF Centrale nucléaire du Blayais - Réacteurs de 900 MWe

- EDF Centrale nucléaire de Flamanville - Réacteurs de 1300 MWe

- EDF Centrale nucléaire de Paluel - Réacteurs de 1300 MWe

- EDF Centrale nucléaire de Penly - Réacteurs de 1300 MWe

- EDF Centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine - Réacteurs de 1300 MWe

- EDF Centrale nucléaire de Gravelines - Réacteurs de 900 MWe

- EDF Centrale nucléaire de Cruas-Meysse - Réacteurs de 900 MWe

- EDF Centrale nucléaire de Saint-Alban - Réacteurs de 1300 MWe

- EDF Centrale nucléaire du Bugey - Réacteurs de 900 MWe

- EDF Centrale nucléaire du Tricastin - Réacteurs de 900 MWe

- EDF Centrale nucléaire de Cattenom - Réacteurs de 1300 MWe

- EDF Centrale nucléaire de Fessenheim - Réacteurs de 900 MWe

- EDF Centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire - Réacteurs de 1300 MWe

- EDF Centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly - Réacteurs de 900 MWe

- EDF Centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux - Réacteurs de 900 MWe

- EDF Centrale nucléaire de Chinon B - Réacteurs de 900 MWe

L’ASN estime que l’efficacité des solutions proposées devra être justifiée par l’exploitant. Elle s’assurera que les écarts nécessitant une résorption ont été correctement traités avant le redémarrage de chaque réacteur à l’issue d’un arrêt pour maintenance et rechargement en combustible. Cet évènement n’a pas eu de conséquences sur les personnes ni sur l’environnement. Étant données les conséquences potentielles de ces écarts pour la sûreté des centrales nucléaires en cas de séisme, l’évènement est classé au Niveau 1 de l’échelle INES, pour tous les réacteurs nucléaires de 900 et 1300 MWe.

Le 19 avril 2016, l’exploitant de la centrale nucléaire de Chinon a déclaré à l’ASN un évènement significatif pour la radioprotection (ESR), après évaluation de l’exposition aux rayonnements ionisants d’un agent prestataire, due à une contamination corporelle. En effet, le 10 avril 2016, une société prestataire a procédé à la réalisation de travaux sur la hotte de la machine de chargement du combustible (système PMC) du réacteur N° 2 de la centrale nucléaire, actuellement à l’arrêt pour la réalisation d’opérations de maintenance. En sortie de la zone de travaux, un portique de contrôle détecte une contamination d’un des prestataires au niveau du visage. L’agent est immédiatement pris en charge par le service de la médecine du travail du CNPE.

La médecine du travail mis en évidence, à partir d’analyses complémentaires, la présence localisée de matière radioactive à hauteur de la joue de l’intervenant prestataire, et applique les procédures de décontamination ad hoc (notamment prise de douches successives). De plus, des analyses par anthropogammamétrie (technique de mesure physique de la radioactivité du corps humain) ont été réalisées et n’ont pas révélé de contamination interne de l’individu.

L’évaluation faite par l’exploitant du CNPE montre que la dose reçue au niveau de la joue par l’intervenant a atteint une valeur supérieure au quart de la dose limite réglementaire pour la peau de 500 mSv), sans toutefois atteindre cette valeur. Sur la base de ce résultat, l’intervenant n’a pas la possibilité d’intervenir prochainement en zone contrôlée. Compte tenu de la dose reçue à la peau par l’intervenant qui a atteint une valeur supérieure au quart de la dose individuelle réglementaire, l’évènement a été classé au Niveau 1 sur l’échelle INES.

Le 17 avril 2016, une fuite dans la paroi interne de la double protection du réservoir de stockage AY-102 de la réserve nucléaire de Hanford dans l’État de Washington aux Etats-Unis libéra plus de 13000 litres de déchets radioactifs alors que les ouviers étaient en train de vider ce réservoir d'une capacité de 3.78 millions de litres (1 million de gallons US). Selon le Département de l'Énergie, aucune brèche n'est apparue dans la coque de protection externe et aucune substance radioactive n'a contaminé l'environnement.

Le travail de récupération des boues du réservoir fut interrompu dimanche et les préparations étaient en cours lundi 18 avril 2016 pour pomper les déchets afin de les reverser dans l'enveloppe interne du réservoir.

Hanford stocke les 2/3 des déchets nucléaires des États-Unis et constitue aujourd'hui le plus vaste dépotoir de déchets radioactifs nucléaires non encore assainis aux États-Unis.

Le 3 mars 2016, le STUK, l'agence finlandaise chargée du contrôle nucléaire a annoncé avoir détecté dans l'air d'Helsinki une émission de césium-137 mille fois supértieure au niveau normal, ce qui est "tout à fait exceptionnel du point de vue de la sécurité nucléaire", mais un million de fois inférieur au seuil à partir duquel la population doit se rendre dans des abris. Les lieux furent identifiés le 8 mars comme étant un garage et une partie du sous-sol du bâtiment où se trouve le siège du STUK. Coïncidence, "dans le même immeuble se trouve également une entreprise qui traite des déchets faiblement radioactifs", a précisé le STUK. Les zones concernées ont été fermées au public afin d’éclaircir les circonstances de cette contamination. "Nous continuons à enquêter sur l’origine des radiations. Les concentrations mesurées sont vraiment faibles et ne posent pas de risque pour la santé. Le personnel et les visiteurs du STUK ne sont pas en danger", a assuré la directrice du STUK. Aucun incident n'a été revelé dans les centrales nucléaires du pays.

Le 12 octobre 2015, EDF (Engie) a déclaré à l’ASN un évènement significatif relatif au non-respect des règles générales d’exploitation du réacteur N° 2 de la centrale de Flamanville située dans la Manche (F) à la suite d’une perte des alimentations électriques externes de ce réacteur.

La centrale nucléaire de Flamanville dans la Manche, en France photographiée en 2016. Un réacteur EPR est en cours de construction.

Le 9 octobre 2015, le réacteur N° 2 de la centrale nucléaire de Flamanville était en arrêt pour maintenance et renouvellement du combustible depuis le 22 août 2015. Alors que des travaux étaient en cours sur la source d’alimentation électrique principale, une fuite d’huile est survenue à la suite de la rupture d’un joint du système de réfrigération du transformateur auxiliaire, entraînant son arrêt et la perte des alimentations électriques externes du réacteur. L’alimentation électrique de la piscine du bâtiment combustible a alors été assurée par un groupe électrogène de secours.

Les critères de déclenchement du plan d’urgence interne n’ont pas été atteints, et il n’y a pas eu de rejet radioactif ou d’hydrocarbure dans l’environnement. Deux inspections réactives ont été effectuées, l’une le 13 octobre 2015, et l’autre les 22 et 23 octobre 2015. Cet écart n’a pas eu de conséquence sur le personnel ni sur l’environnement. Cet évènement a été classé au Niveau 1 de l’échelle INES.

Rappelons qu'un réacteur EPR est en cours de construction sur ce site depuis 2007. Toutefois le 7 avril 2015, l'ASN a déclaré qu'AREVA l'avait informé d'une anomalie de la composition de l’acier dans certaines zones du couvercle et du fond de la cuve du réacteur de l’EPR. On en reparlera.

Le 29 septembre 2015, EDF (Engie) a déclaré à l’ASN un évènement significatif relatif à un défaut dans la qualité de réalisation d’activités de maintenance qui a abouti à la mise en place d’un type de joint inadéquat sur les robinets thermostatiques de trois pompes du système d’injection de sécurité (RIS) des réacteurs N° 1 et N° 2 de la centrale de Flamanville, située dans la Manche (F). Pour le réacteur 1, EDF (Engie) a procédé au remplacement des robinets concernés. Pour le réacteur N° 2, EDF (Engie) effectuera la remise en conformité de ces robinets avant le prochain redémarrage du réacteur, actuellement en arrêt pour maintenance. Cet écart n’a pas eu de conséquence sur le personnel ni sur l’environnement. Toutefois, dans la mesure où le défaut concerné a affecté les deux pompes redondantes sur le réacteur N° 2, cet évènement a été classé au Niveau 1 de l’échelle INES.

Le 1 septembre 2015, EDF (Engie) a déclaré à l’ASN la détection tardive le 29 août 2015 d'un incident survenu à la centrale de Flamanville, située dans la Manche (F). Les opérateurs ont constaté une diminution du volume d’eau contenu dans le réservoir du système de refroidissement et de purification de l’eau des piscines, en deçà du volume minimal fixé par les règles générales d’exploitation (RGE). Toutefois, en cas de nécessité, le système PTR serait resté en mesure de contribuer au refroidissement suffisant du réacteur. Cet écart n’a pas eu de conséquence sur le personnel ni sur l’environnement. Toutefois, en raison du caractère tardif de sa détection, cet évènement a été classé au Niveau 1 de l’échelle INES.

Le 13 août 2015, l’ASN a réalisé une inspection sur le site de la centrale nucléaire de Flamanville située dans la Manche (F), concernant une expédition en citerne de concentrats borés (déchets radioactifs de faible activité). Lors de cette inspection, plusieurs non-conformités portant sur l’utilisation de la citerne ont été relevées. Ces écarts concernaient les documents réglementaires et la température d’empotage (température à laquelle les concentrats borés sont chargés dans la citerne).

Les investigations menées par EDF (Engie) dans ce cadre ont permis de détecter des non-conformités similaires sur neuf autres citernes utilisées pour le transport de concentrats borés et exploitées par sa filiale SOCODEI. L’ASN considère que la répétition de ces non-conformités sur un nombre important d’expéditions traduit une défaillance importante des procédures de contrôle mises en place par EDF (Engie) sur ce parc de citernes.

Ces non-conformités n’ont pas eu de conséquence sur la sûreté des installations, le public, l’environnement ou les travailleurs. Compte tenu du non-respect répété de procédures de contrôle révélé par l’analyse d’EDF (Engie), cet évènement initialement déclaré le 19 septembre 2015 au niveau 0 de l’échelle INES a été reclassé le 2 décembre 2015 au Niveau 1 de l’échelle INES.

 A lire : Nucléaire français: l'impasse industrielle, Greenpeace, 2015

Le 26 mars 2015, après sollicitation de l’ASN, EDF (Engie) a identifié le caractère avéré d’un défaut relatif à la conformité du serrage de plusieurs vis de vannes des circuits de graissage des pompes du système de contrôle volumétrique et chimique (RCV) et du système d’injection de sécurité de moyenne pression (RIS-MP) du réacteur 1 de la centrale de Flamanville, dans la Manche (F). L'incident fut classé de Niveau 1 sur l'échelle INES.

Cette conclusion fait suite au contrôle par EDF (Engie) des visseries de vannes du circuit de lubrification des pompes du système de contrôle volumétrique et chimique et des pompes du circuit d'injection de sécurité des deux réacteurs du site de Flamanville, réalisé dans le cadre du retour d’expérience relatif aux défauts constatés sur des matériels similaires à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine.

Le 5 août 2014, selon VTM NIEWS citant une lettre anonyme, un sabotage eut lieu dans la centrale nucléaire de Doel en Belgique. Un opérateur malveillant a sciemment vidangé l'huile d'un réservoir de stockage souterrain essentiel au fonctionnement de la turbine du réacteur N° 4 qui a surchauffé et provoqué son arrêt d'urgence. Suite à cette action, le réacteur N° 4 fut arrêté.

Le gestionnaire Electrabel et l’AFCN ont confirmé que des mesures de sécurité furent prises et qu’elles eurent un impact sur l’organisation du personnel, mais aucune autre information ne fut communiquée à la presse. Selon VTM NIEUWS, il s’agirait d’une trentaine de travailleurs, principalement des sous-traitants qui furent interdits d'accès à la centrale et au site. Le réacteur N° 4 fut remis en service en janvier 2015.

A ce jour et malgré les demandes officielles d'information du ministre écolo Jean-Marc Nollet, on ignore les sanctions prises à l'encontre du ou des saboteurs et leur identité, le secret d'État couvrant cette affaire qui aurait pu être dramatique et avoir des conséquences majeures dans toute l'Europe. La gravité de l'accident n'a pas été communiquée mais fut probablement de Niveau 2 ou de Niveau 3 sur l'échelle INES puisque bien qu'il n'y ait probablement pas eu de contamination, il y eut une défaillance des systèmes de sûreté (Niveau 2) et un accident évité de justesse (Niveau 3). Il est également consigné dans la base de données NuFAD maintenue par le START.

Le 31 mars 2013, un accident a fait un mort et trois blessés dans une centrale nucléaire de Russellville, dans l'Arkansas, aux Etats-Unis. Selon l'opérateur Entergy et le département de la santé local, cet accident n'entraîna aucun danger pour la population, car il n'y eut aucune fuite radioactive.

Centrale nucléaire de Russellville dans l'Arkansas photographiée en 2010. Document Benjamin Krain.

L'accident s'est prduit lorsque le stator d'un générateur est tombé au moment où il était retiré de la turbine. "L'accident a eu lieu dans une zone où il n'y a pas de radiation, et aucun risque pour la santé et la sécurité de la population n'a été identifié", ajoute dans un communiqué le département de la santé de l'Arkansas.

Le premier réacteur de la centrale était alors à l'arrêt pour être approvisionné en combustible et le deuxième réacteur, qui fonctionnait à plein régime, s'est automatiquement stoppé, ajoute Entergy. "Les deux réacteurs sont en condition d'arrêt stable et il n'y a aucun danger pour la population", assure le groupe qui précise que cet "accident industriel significatif" a été classé par le gendarme du nucléaire américain au rang "d'évènement inhabituel", soit le rang le moins élevé des situations d'urgence. Des équipes supplémentaires ont été envoyées sur place, ajoute Entergy.

Le 5 octobre 2012, un opérateur de l'entreprise belge IRM Group SA, qui fabrique des jauges de mesure équipées d'appareils à rayons X, a été accidentellement exposé aux rayons X. L'opérateur a pénétré dans le périmètre de protection installé autour d'un appareillage en cours de test pour effectuer des manipulations sur le tube à raysons X. Il s'est rendu compte après l'opération que l'appareil à rayons X était en fonctionnement (paramètres 65 kV – 1.8 mA) et a averti sa hiérarchie. Un suivi médical a immédiatement été assuré et se poursuit.

Après investigations, l'opérateur aurait reçu une dose de l'ordre de 5 à 10 gray maximum au niveau des mains. Une telle dose est susceptible de provoquer des brûlures cutanées radiogènes. Dans ce cas-ci, aucune brûlure de ce type n'a été observée par le service médical. Néanmoins, le travailleur continuera à être suivi d'un point de vue médical jusqu'à nouvel ordre. Les tests des appareils RX dans la société sont actuellement suspendus jusqu'à ce que des mesures probantes pour éviter qu'une telle exposition ne se reproduise soient décidées et mises en œuvre.

Cet incident a été classé au Niveau 2 de l'échelle INES. L'incident n'a pas eu d'impact sur le bien-être et la santé des autres travailleurs, des riverains ou de l'environnement.

Le 28 septembre 2012, lors de la révision de la centrale nucléaire de Tihange2 en Belgique, des indications de nature similaire à celles de Doel 3 (Cf. 26 juillet 2012 et 2 juin 2012) ont été observées. Ce constat a été classé au Niveau 1 de l'échelle INES. En attendant l'analyse approfondie du dossier par les autorités de sûreté, la centrale de Tihange 2 restera à l'arrêt.

Le 19 septembre 2012, un radiologue de l'entreprise de construction anversoise (B) Stork Technical Services, qui possède son propre service de radiographie et gammagraphie industrielle, a été accidentellement exposé de près aux rayonnements ionisants émis par un appareil radiographique (paramètres : 225 kV - 4mA). 

Stylodosimétriques individuels Saphymo (détecteur passif à porter sur la poitrine).

L'incident s'est produit lors de travaux réalisés dans un bunker blindé à l'aide d'un appareil à rayonnement X. Le radiologue a erronément estimé que l'irradiation était terminée et il est entré dans le bunker. En en sortant, il a constaté que l'appareil fonctionnait encore et que l'alarme de son dosimètre électronique s'était déclenchée.

Le dosimètre électronique actif a enregistré une dose de 948 mSv. Le radiologue a ensuite subi un examen médical. Son dosimètre passif indiquait quant à lui une dose de 1.4 mSv. Le radiologue a ensuite subi un examen médical : aucune brûlure ou effet direct n'a été observé sur le radiologue par le service médical. Le suivi médical du radiologue se poursuivra par mesure de précaution. L'appareil à rayonnement X a été mis hors service.

Cet incident a été classé au Niveau 2 sur l'échelle INES. L'incident n'a pas eu d'impact sur le bien-être et la santé des autres travailleurs, des riverains ou de l'environnement.

Le 6 septembre 2012, lors de vérifications périodiques sur le site de Tihange 2 en Belgique, il a été constaté que la capacité de la nappe phréatique – assurant une source d'eau de secours – ne pouvait plus être garantie de manière conforme aux prescriptions. Les mesures nécessaires ont été prises pour réduire la consommation d'eau de nappe et compenser sa moindre capacité en utilisant d'autres sources d'alimentation. Cette anomalie classé au Niveau 1 sur l'échelle INES n'a eu aucune conséquence sur les travailleurs, la population ou l'environnement, ni sur le bon fonctionnement des installations.

Le 26 juillet 2012, suite à un contrôle des installations du site de Doel 3 en Belgique ainsi qu'à des opérations d'entretien et de maintenance, les experts d'Electrabel ont rapidement noté un certain nombre d'anomalies dans le cadre des contrôles ultrasoniques effectué sur le réacteur n°3, anomalies classées au Niveau 1 sur l'échelle INES. Des analyses complémentaires sont nécessaires. En conséquence, les autorités de sûreté nucléaire de différents pays se réuniront le 16 août à Bruxelles, à l'initiative de l'AFCN. Un groupe international d'experts sera chargé d'effectuer une analyse technique indépendante du dossier.

Le 2 juin 2012, pendant l'arrêt de révision de la centrale de Doel 3 en Belgique, des tests périodiques ont mis en évidence un défaut de régulation de débit dans un circuit de refroidissement. Les actions correctives ont été immédiatement prises. Cette anomalie classée au Niveau 1 sur l'échelle INES n'a eu aucune conséquence sur les travailleurs, la population, l'environnement ni sur le bon fonctionnement des installations.

Le 2 avril 2012, lors des opérations préliminaires au redémarrage de Tihange 3 en Belgique (à l'arrêt pour révision périodique), l'ouverture prématurée de vannes a engendré l'injection d'eau dans le circuit primaire. Les mesures ont été prises immédiatement pour refermer les vannes et mener toutes les vérifications  avant de reprendre les opérations de redémarrage. Cette anomalie classée au Niveau 1 sur l'échelle INES n'a eu aucune conséquence sur les travailleurs, la population ou l'environnement, ni sur le bon fonctionnement des installations..

Le 16 mars 2012, l'AFCN a été informée par l'expert en contrôle physique en charge à l'hôpital du CHR de la Citadelle à Liège qu'un débordement d'iode-131 avait été découvert dans le local des cuves de rétention des effluents liquides provenant de l'unité d'hospitalisation de thérapie par voie métabolique. Ce débordement a eu pour conséquence la contamination de locaux environnants. Au terme de ce contrôle, aucune contamination n'a été détectée chez les personnes concernées. L'Agence a ordonné, dans cet établissement, la suspension de l'utilisation de radionuclides sous forme non scellée pour les actes de thérapie métabolique nécessitant l'hospitalisation du patient. Cette mesure pourra être levée lorsqu'un plan d'action détaillé de gestion de ces cuves aura été soumis et approuvé par l'AFCN.

Le 7 février 2012, une anomalie classée au Niveau 1 de l'échelle INES est détectée à la centrale nucléaire de Tihange 1 en Belgique. Le 7 février dernier, lors d'une demande automatique de régulation, un tableau électrique qui alimente un groupe de résistances chauffantes du pressuriseur n'a pu être mis sous tension. Suite à ce constat, le tableau a immédiatement été remis en ordre de marche. Cette anomalie n'a eu aucune conséquence sur les travailleurs, la population ou l'environnement, ni sur le bon fonctionnement des installations.

Le 31 janvier 2012, l'AFCN a été informée de la détection de faibles concentrations d'iode-131 dans plusieurs pays d'Europe du Nord. Aucune présence significative d'iode-131 n'a été détectée en Belgique. Autrement dit, aucun risque pour la population et l'environnement n'est à signaler puisque la présence de ce radioélément dans l'air reste extrêmement faible, inférieure aux limites de détection de nos laboratoires de mesure. On ignore d'où proviennent ces rejets d'iode-131.

Le 13 septembre 2011, une source de Césium 137 a été involontairement introduite dans le four électrique de Duferco La Louvière Produits Longs malgré la présence de portiques de mesures de la radioactivité à l'entrée du site. L’entreprise a fait appel à un expert de l’organisme agréé Controlatom, qui a assuré qu’il n’y avait aucun risque sanitaire ou environnemental. Les activités de production ont été suspendues le temps de décontaminer les équipements. L'incident a été classé au Niveau 1 sur l'échelle INES.

Le 19 août 2011, l'IRE a envoyé une source d'Iode 131 à destination d'un établissement spécialisé situé en France. Au cours de la réception du colis, l'établissement français a constaté que la source radioactive présente dans le colis ne correspondait pas à la source initialement commandée. L'autorité de sûreté nucléaire française et l'AFCN ont immédiatement été prévenues et la source est à présent stockée en lieu sûr. Cet évènement n'a pas eu de conséquences ni sur la population, les travailleurs ou l'environnement, ni sur le bon fonctionnement des installations. Cet incident a été classé au Niveau 1 de l'échelle INES.

Le 10 juin 2011, lors de l'arrêt programmé de la centrale de Doel 4 en vue de son entretien et de son rechargement, un test a été effectué sur le système de pressurisation des vannes de pénétration du bâtiment du réacteur. Ces vannes de pénétration servent à assurer l'étanchéité du bâtiment en cas d'accident. Il a été constaté lors de ce test qu'une vanne ne satisfaisait pas à son critère de fuite. Les actions correctives nécessaires ont immédiatement été entreprises et la vanne a été réparée. Cette anomalie n'a pas eu le moindre impact sur le bien-être et la santé des travailleurs, des riverains ou de l'environnement, pas plus que sur le fonctionnement des installations. Après analyse et en accord avec les autorités, cet évènement a été classé au niveau 1 de l'échelle INES.

Fukushima

L'état dramatique de Fukushima après le tsunami du 11 mars 2011.

Le 11 mars 2011, un accident nucléaire majeur se produisit dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiishi, au Japon.

Cela commença par un violent séisme de magnitude 8.9 sur l'échelle ouverte de Richter qui se produisit au nord-est du Japon. Il déclencha un tsunami avec des vagues atteignant localement 10 mètres de haut qui fit plus de 1000 victimes dans la région de Sendaï et mis en alerte tous les pays bordant le Pacifique.

Quelques heures plus tard, Kyodo News annonça qu'une alerte nucléaire de Niveau 4 sur l'échelle INES fut déclenchée dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiishi ( 4.7 GWe) située en bordure de mer, suite à une anomalie découverte dans le système de refroidissement du réacteur no.1. Les ingénieurs ont constaté que la pression dans la turbine avait augmenté de 1.5x et prévoyaient la possibilité que la température augmente dans le coeur du réacteur.

Suite au séisme, les réacteurs se sont automatiquement arrêtés mais le système de refroidissement devait continuer à fonctionner. Or le tsunami avait envahi la région et l'eau de mer avait noyé les moteurs diesels, empêchant les pompes d'injecter de l'eau dans le circuit du réacteur, dont la température s'est mise dangereusement à monter.

Par mesure sécurité, après avoir évacué plus de 50000 habitants dans un rayon de 10 puis de 20 km, pour diminuer la pression dans le réacteur, l'opérateur de la centrale Tokyo Electric Power (Tepco) reçut des autorités l'instruction de laisser s'échapper un peu de vapeur du réacteur, vapeur comportant peu de substances radioactives. Le périmètre de sécurité fut ensuite porté à 30 km.

Explosion à la centrale nucléaire de Fukushima Daiishi le 12 mars 2011.

Le 12 mars 2011 à 16h30 heure locale (7h30 GMT), une explosion se produisit dans le bâtiment no.1 de la centrale nucléaire de Fukushima suivie par une explosion similaire le 14 mars 2011 à 11h dans le bâtiment N° 3. Un nuage blanc s'éleva au dessus des installations. Dans les deux cas, le toit et les murs du bâtiment se sont effondrés. La cuve des réacteurs n'aurait pas été endommagée. 3 employés ont été blessés dans l'explosion et 19 autres ont été irradiés mais non contaminés. Les explosions seraient liées à une fuite d'hydrogène constituant le liquide de refroidissement.

D'après NHK, le niveau de radioactivité constaté sur place était 1000 fois supérieur à la normale. Durant l'heure suivant la première explosion, le taux de radiation dans l'air était supérieur au taux annuel mais aucun chiffre n'est donné. Du césium et de l'iodine radioactifs ont été détectés près de la centrale nucléaire selon l'Agence de sécurité nucléaire et industrielle. Ces éléments qu'on ne retrouve pas dans le circuit de refroidissement indiqueraient que les containers d'uranium auraient été endommagés.

Les télévisions japonaises conseillèrent aux riverains de se calfeutrer, et de fermer leur fenêtre dans un périmètre "plus large que les 10 kilomètres de zone évacuée". Les experts et les journalistes conseillèrent aussi aux personnes qui se trouvaient à l'extérieur de protéger leurs voies respiratoires avec une serviette mouillée, et de se couvrir au maximum pour éviter les contacts directs de la peau avec l'air.

La seule solution envisagée par Tepco pour refroidir les réacteurs et éviter la fusion a consisté à les refroidir avec de l'eau de mer.

Le 15 mars 2011 la situation est devenue incontrôlable et toucha tout le Japon. A Tokyo, le taux de radioactivité était supérieur à la normale; de la radioactivité a été détectée dans l'atmosphère et dans les aliments (laits, légumes à feuilles, etc).

Dans les bâtiments de la centrale nucléaire on relevait un niveau de radioactivité de 400 mSv. Il faut savoir qu'à partir de 100 mSv, chaque mSv augmente le risque de cancer de 5%. Un homme restant une journée sous ce rayonnement pourrait en mourir. Aussi les équipes de secours et de maintenance se relayent à raison de 15 minutes sur site maximum.

Un incendie s'est déclenché dans le bâtiment abritant le réacteur N° 4 suite à l'explosion de l'hydrogène. Il y eut également des dommages au système de confinement du réacteur N° 2. Le refroidissement du réacteur N° 3 avait échoué. Une fusion partielle s'est produite.

État de la centrale nucléaire de Fukushima Daiishi avant l'accident du 12 mars 2011 (gauche) et après l'accident nucléaire (droite). Les réacteurs N° 1 et 2 furent détruits et les N° 3 et 4 fortement endommagés. Photos anonyme et Air Photo Service Co. Ltd./UPI.

Le 12 avril 2011, l'autorité de sûreté japonaise NISA a décidé de classer les évènements survenus à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi au Niveau 7 de l'échelle INES. Ce classement résulte d'une évaluation du rejet total des quantités de radioactivité dans l'air réalisée sur base d'une analyse de l'état des réacteurs et des résultats du monitoring des rejets. Les quantités rejetées sont estimées à 1.3x1017 Bq pour l'I-131 et 6.1x1015 Bq pour le Cs-137.

Bien que le niveau 7 soit le niveau le plus élevé de l'échelle INES, les quantités de radioactivité rejetées à Fukushima sont 5 fois inférieures à celles libérées lors de la catastrophe de Tchernobyl. Selon une estimation publiée par TEPCO en mai 2012, 900000 terabecquerels de radioactivité auraient été disséminés dans l'air au moment de l'accident de Fukushima. Par comparaison, la quantité totale émise lors de l'accident de Tchernobyl fut estimée à 5.2 millions de terabecquerels.

Un compte rendu complet sur les émissions de radionucléides fut publié en 2011 par un groupe international d'experts dirigé par Olivier Masson de l'IRSN. Comme on le voit sur la carte ci-dessous, on apprend dans ce rapport de 8 pages disponible en PDF que non seulement le nord du Japon fut contaminé par de l'iode-131, le césium-137 et le césium-134 mais également toute l'Europe, le Nord de l'Afrique et une grande partie de l'hémisphère nord, heureusement sans risque pour la santé dans ces pays, mais on ne peut pas en dire autant au Japon où le risque sanitaire est bien réel.

A lire : Fukushima (blog)

Emissions radioactives d'iode-131, césium-137 et césium-134 dans l'atmosphère en 2011

suite à l'accident nucléaire de Fukushima Daiichi. Document O.Masson et al..

Un an après l'accident nucléaire de Fukushima, l'AFCN publia un dossier de 23 pages sur le sujet intitulé "Fukushima un an après" (PDF de 18 MB).

Le 7 février 2013, la Russie retourna 8 produits importés du Japon sous le motif qu’ils présentaient une dose excessive de radiation depuis début 2013. Beaucoup de pays ont pris de telles mesures mais elles sont peu connues.

80% de la radioactivité de l’explosion s’est répandue dans la mer mais des éléments radioactifs se trouvent toujours dans et autour de la centrale de Fukushima dont l’accès reste interdit au public. Selon le responsable de la centrale de Fukushima, Takeshi Takahashi, il faudra entre 30 et 40 ans pour assainir le site et stocker les débris radioactifs en lieu sûr.

Fin février 2013, selon Tepco les graisses des poissons pêchés dans le port de Fukushima présentaient un niveau de radioactivé de 510 kBq/kg en Cs-134/137. C’est le niveau le plus élevé jamais mesuré à ce jour. Tepco a déclaré que le niveau de radiation du plancher océanique à cet endroit a augmenté de 950% entre novembre et décembre 2012.Le fallout a également augmenté dans plusieurs villes japonaises pour des raisons encore inexpliquées (3e plus haut niveau en février 2013).

L'action du docteur Shuntaro Hida

Le docteur Shuntaro Hida (1917-2017) était un médecin japonais qui fut témoin des deux catastrophes nucléaires d'Hiroshima en 1945 et de Fukushima en 2011. Il mourut centenaire en 2017 d'une pneumonie. Pendant plus de 66 ans et même à l'âge de 97 ans, il soigna encore les victimes contaminées par la radioactivité - les Hibakusha - souvent discriminées par la société (non seulement au Japon, mais aussi aux Etats-Unis et ailleurs et que la population croit encore qu'ils portent une maladie contagieuse). Il lutta toute sa vie pour s'opposer au nucléaire et pour que les autorités japonaises et le lobby du nucléaire reconnaissent les effets délétères à long terme de la radiation ou contamination interne, des particules radioactives invisibles au microscope mais absorbées par les victimes et capables d'induire des cancers et d'affecter le système immunitaire à long terme, 10 ans ou 20 ans après l'exposition au rayonnement radioactif.

Le Dr Shuntaro Hida vers 2008. Document Torin Boyd/Polaris/eyevine.

Même en Europe, le lobby du nucléaire refuse de reconnaître ou minimise l'effet de la contamination interne que pourtant connaissent toutes les victimes du nucléaire ! Les lobbyistes se fondent sur des études épidémiologiques pour tenter de prouver que le risque n'est pas plus élevé que celui de la radioactivité naturelle. Or des études statitsiques réalisées au Japon après 2011 ont bien montré l'augmentation des maladies chez les personnes contaminées ou irradiées par des radionucléides.

En 2011, Hida déclara : "Je me prépare à voir dans quelques années l'apparition de maladies comme à Hiroshima et à Nagasaki. C'est insensé de dire qu’il ne faut pas s'inquiéter. Pour certains irradiés à Hiroshima, les symptômes sont apparus dix ans, vingt ans après le bombardement, alors que l'on pensait que la page avait été tournée". Il en voulait pour preuves que des Japonais en bonne santé qui sont arrivés à Hiroshima plusieurs jours après l'explosion sont décédés dans les années 2000-2010 car à l'époque ils avaient respiré ou ingéré des poussières radioactives qui ont lentement affecté tout leur organisme. Les rares Hibakusha qui vivent encore et présentant donc des séquelles ont tous une santé très fragile suite aux effets délétères de l'exposition aux particules radioactives. Certains de leur enfants portent également des malformations liées aux effets de la contamination de leurs parents par des radionucléides. Si l'État japonais les indemnise, beaucoup de victimes n'ont pas déclaré leur infirmité ni celle de leur enfant de peur d'être discriminées.

Hida fut profondément choqué quand il apprit que la norme concernant les "doses acceptables d'irradiation" (le débit de dose) avait été fixée sur base de critères techniques propres aux centrales nucléaires et non pas sur base du risque sanitaire pour les humains ! C'est toujours cette norme qui est appliquée dans le monde ainsi qu'à Fukushima et qui fait dire aux autorités que la situation est sous contrôle et qu'il n'y a plus de risque pour la population !

Or de nombreux médecins japonais peuvent témoigner (du moins ceux qui osent parler) que le nombre de cancers, de problèmes immunitaires et de maladies à répétitions chez certains patients ont fortement augmenté depuis l'accident de Fukushima et que la radioactivité du sol affecte gravement la santé des enfants, pas seulement à Fukushima mais jusqu'à Tokyo situé à 290 km au sud, et au-delà. Certains habitants et même des médecins bien conscients des risques ont décidé de quitter la région pour s'établir loin de Tokyo et de Fukushima. Mais le problème reste entier car le territoire japonais abrite 15 centrales nucléaires dont une dizaine au sud de Tokyo dont la tristement célèbre Tokaï-Mura où survint un incident de Niveau 4 en 1999.

Situation à Fukushima entre 2017 et 2020

Officiellement, selon un bilan établi en 2017, l'accident de Fukushima a fait 18400 morts et disparus. A l'exception de la zone de Fukushima toujours très contaminée, le niveau de radioactivité s'est globalement normalisé au Japon mais certaines anomalies ont été relevées.

Selon Tepco, la radioactivité dans l'enceinte de confinement du réacteur N° 2 atteint 650 Sv/h, avec une possible marge d'erreur de 30% (soumis à de telles doses, un humain décéderait en 30 secondes). Le combustible au cœur du réacteur a non seulement fondu, produisant du corium (mélange d'uranium; de métaux et d'autres éléments), mais a également percé la cuve du réacteur pour tomber au fond de l'enceinte de confinement.

Les prochaines étapes sont le traitement du million de mètres cubes d'eaux contaminées et le démanteler les réacteurs endommagés. Le gouvernement s'est également engagé à réhabiliter les sites agricoles. Quant à la récupération du combustible fondu (corium), les opérations ne démarreront qu'à partir de 2021 et devraient durer au moins 30 ans.

Concernant le risque sanitaire, selon les autorités il est devenu quasiment nul en-dehors de la centrale nucléaire. Selon les épidémiologistes, chez les enfants âgés de 1 an le risque de développer un cancer durant leur vie est passé de 44 à 45%. Cette valeur est comparable à celle d’autres risques d’irradiation (tomographie, sol naturel radioactif, etc).

S’il reste un peu d’iode radioactif dans l’eau potable, selon les experts il faudrait boire 6 litres par jour pendant 1 mois pour atteindre la même dose que l’équipe d’un avion de ligne reçoit chaque année en volant de Los Angeles à Tokyo (dose de 40 microSv en 5 heures de vol).

On a également retrouvé des traces de Cs-137 aux Etats-Unis mais elles sont proportionnellement moins importantes que le potassium-40 par exemple qu’on retrouve dans une banane (dose de 0.1 microSv) ou dans notre corps (390 microSv/an).

Si une habitation en granit libère une dose de 70 microSv/an ou affiche 2000 à 4000 Bq/kg, certaines villes américaines (Denver) atteignent 600 microSv/an et certaines zones naturelles montagneuses bien plus encore.

Les relevés effectués aux Etats-Unis (qui recoivent les vents dominants venant du Japon) par l'OMS indiquent que le risque de contamination de la nourriture n’a quasiment pas changé. Le risque qu’une personne de 50 ans contracte un cancer au cours de sa vie est passé de 43% à 43.0000001% (et est de 39% pour les femmes), soit une augmentation d’une (mal)chance sur 1 milliard. Ce n’est rien comparé au risque de mourir suite à certains désastres naturels, par accident ou simplement de crise cardiaque.

Toutefois, suite à de nouvelles mesures effectuées dans la centrale nucléaire le 3 février 2017 dont un résumé fut publié dans le journal "Le Monde", l'analyse des images filmées a permis de déduire qu’il règne dans une partie de l’enceinte de confinement "des radiations qui peuvent atteindre 530 Sv/heure", a précisé le porte-parole de Tepco. Un homme exposé à une telle radioactivité mourrait presque instantanément. Le précédent relevé, réalisé en 2012 à un autre endroit du réacteur N° 2, était, selon Tepco, de 73 Sv.

Même s’il existe une "une marge d’erreur [...] d'environ 30%", le niveau des radiations "reste élevé", selon Tatsuhiro Yamagishi, un porte-parole de Tepco. Ce niveau extrêmement élevé "s’il est exact, peut indiquer que le combustible n’est pas loin et qu’il n’est pas recouvert d’eau", a déclaré Hiroshi Miyano, professeur de l’Université Hosei qui préside une commission d’étude pour le démantèlement de la centrale. Jusqu’à présent, les examens n’ont pas permis de localiser précisément le combustible supposément fondu dans ces trois unités sur les six que compte la centrale.

Par ailleurs, un trou carré d’un mètre de côté a été constaté sur une plate-forme métallique située dans l’enceinte de confinement sous la cuve qui contient le cœur du réacteur. "Il peut avoir été causé par la chute du combustible qui aurait fondu et percé la cuve, mais ce n’est à ce stade qu’une hypothèse", a souligné M. Yamagishi, ajoutant : "Nous estimons que les images recueillies cette fois constituent de précieuses informations, mais il nous faut encore investiguer, sachant qu’il est difficile de présupposer l’état réel à l’intérieur". Peu avant, Tepco avait déjà présenté d’autres images prises le même jour dans le réacteur 2 montrant pour la première fois la présence possible de combustible fondu.

En 2020, près de dix ans après l'accident, sur l'ensemble des éléments radioactifs libérés dans l'atmosphère soit environ 7 milliards de becquerels, environ 80% sont retombés dans l'océan, mais 20% ont contaminé les sols du Japon dont les trois quarts sont tombés sur des zones terrestres forestières. Les forêts furent les plus exposées et contiennent toujours du Cs-137 radioactif du fait que sa période est d'environ 30 ans. Dans certaines parcelles, sur base de données de 2011 modélisées, on évalua les retombées entre 420 et 450 kBq/m2 soit à peine 12% de moins que dans les poissons. Lorsque le Cs-127 se sera désintégré (vers 2041), on estime que du dépôt radioactif initial il persisterait environ 2% dans les arbres et jusqu'à 48% dans le sol.

Les médecins japonais ne sont pas du même avis que les autorités et affirment que la radioactivité présente dans le sol continue de contaminer la population. Des chercheurs ont même découvert que la radioactivité a touché la faune et notamment provoqué des malformations génétiques chez les papillons, y compris les espèces vivant à proximité des villes, les anomalies étant plus importantes à mesure qu'on s'éloigne de Fukushima. Bref, quoiqu'en disent les autorités, les conséquences de Fukushima sont loin d'être terminées !

Aujourd'hui encore, les autorités japonaises réagissent comme en 1945 et répondent aux victimes que tout est sous contrôle et qu'il n'y a plus rien à craindre ! Mais dans ce cas, pourquoi avoir installé la centrale nucléaire à l'écart des grandes zones habitées ? Il aurait été plus simple de l'installer dans la baie de Tokyo ! Bref, comme en Europe et ailleurs, les autorités japonaises mentent à la population et ont eu le cynisme de présenter une exposition pour convaincre les Japonais contaminés que le nucléaire est bon pour eux ! En Europe, Engie-Electrabel tient le même discours et comme l'État, ils ne veulent pas discuter des conséquences à long terme de la dose absorbée !

Actuellement on ignore quel a été l'impact des retombées radioactives de Fukushima en Europe et notamment sur les terres arables et les forêts. Des études sont en cours mais elles sont difficiles à calibrer car il faut transposer les modèles nationaux paramétrés pour les données spécifiques au pays, aux paramètres des landes et forêts japonaises. Une analyse plus complète est disponible dans le dossier spécial publié en 2020 sur le site de la revue "Pour la Science". Consultez également le dossier Fukushima de l'IRSN.

Prochain chapitre

Années 2000-2010

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