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Incidences des rayonnements électromagnétiques sur la santé

Rayonnements radiofréquence et électromagnétique (I)

Quel risque sanitaire encourons-nous à vivre trop près d'une ligne à haute tension, d'un pylône de télécommunications ou à trop utiliser notre ordinateur, à regarder de trop près un écran cathodique ou à utiliser trop souvent notre GSM ?

Ce sont des questions que les gens se posent parfois, mais souvent en sous-entendant et sans rien connaître du sujet qu'il y a un risque de "radiation" à installer un pylône d'émission à proximité de leur habitation, sans penser que leurs appareils domestiques sont parfois plus néfastes ! Mais rassurez-vous, en général le risque est très faible voire insignifiant pour la santé tant que les distances de sécurité sont respectées.

Nous allons décrire les différents effets associés aux rayonnements électromagnétiques, y compris les champs radiofréquences et celui généré par les alimentations de 50-60 Hz et tenter de déterminer leur incidence éventuelle sur la santé.

Ce travail a été préparé par des radioamateurs membres du comité de sécurité RF de l'ARRL et coordonné par le Dr Robert E. Gold, WBØKIZ. En effet, du fait de leurs activités, les radioamateurs constituent parmi les experts les mieux placés pour apprécier les effets des rayonnements associés aux appareils électroniques, d'autant plus que leurs activités sont réglementées.

Etant également radioamateur, je me suis chargé de réunir des tableaux de mesures, des études discutant des risques pour la santé, y compris concernant les GSM, les systèmes Wi-Fi, micro-ondes et ELF, et d'ajouter quelques illustrations ainsi que des références crédibles.

Avant toute chose, définissons quelques termes afin de bien clarifier le sujet et éviter toute interprétation dans une matière physique qui n'est pas toujours facile à visualiser. Cela constituera également un bon rappel.

Définitions

Un champ électromagnétique (EM) se manifeste lorsque des particules chargées (cf. cet article rédigé en anglais) telles que des électrons sont accélérés. Par nature, ces particules chargées sont entourées d'un champ électrique. Lorsque ces particules se déplacent, elle produisent un champ magnétique. Ainsi, lorsque ces particules changent de vitesse (accélèrent ou ralentissent), un champ EM est produit.

Le spectre électromagnétique est divisé en fréquences. D'un point de vue électrique, il a été divisé en trois bandes ou champs : les champs de Fréquences Extrêmement Basses (ELF) qui concernent toutes les fréquences jusqu'à 300 Hz. Les champs de Fréquences Intermédiaires (IF) qui concernent toutes les fréquences comprises entre 300 Hz et 10 MHz et les champs Radiofréquences (RF) concernant toutes les fréquences comprises entre 10 MHz et 300 GHz. Les effets de ces champs électromagnétiques sur le corps humain dépendent non seulement de leur intensité mais également de leur fréquence et de l'énergie qu'ils transportent.

Le champ électrique (ou composante E du champ EM) existe dès qu'une particule chargée est présente. Sa force ou intensité se mesure en volt par mètre (V/m ou dBμV/m). Un champ électrique de 1 V/m correspond à une différence de potentiel de 1 V entre deux points distants de 1 m. Le V/m est principalement utilisé pour exprimer l'intensité du champ EM.

Le champ magnétique[1] (composante B du champ EM) est généré par le flux du courant, c'est-à-dire l'intensité ou la force des électrons. La densité de flux (intensité par unité de surface) est mesurée en weber/m2 mais plus souvent en tesla (T) dans le Système International (SI) et en gauss (G) dans l'ancien système d'unités CGS (1 G = 10-4 T ou 1 μT = 10 milligauss). Une densité de flux de 1 G représente 1 maxwell/cm2. Le tesla (ou le gauss) est surtout utilisé pour exprimer la densité de flux produite par les aimants utilisés dans les appareils domestiques (écran, radio-émetteur, four à micro-onde, etc). A la surface de la Terre, la densité de flux du champ magnétique est toujours inférieure à 1 G.

Aux fréquences radios, les champs électrique et magnétique sont fortement interdépendants et on mesure généralement leur densité de puissance exprimée en watt par mètre carré (W/m2, pratiquement en mW/cm2).

Effets du courant

Le déplacement des électrons dans un conducteur n'est pas sans conséquences. Nous savons par exemple qu'une lampe s'allume et devient chaude ou que l'aiguille d'une boussole est déviée à proximité d'un fil sous tension. Si nous inversons les polarités de notre circuit, on constate que l'aiguille de notre boussole change de direction mais que notre lampe continue à briller sans autre effet.

Le courant circulant dans un conducteur (circuit électronique, antenne, etc) produit trois principaux effets, deux d'entre eux étant polarisés (leur effet change selon la direction du courant) :

- Effet thermique : ou effet Joule, chauffe le matériel exposé au courant (lampe, résistance, etc)

- Effet chimique : l'électrolyse par exemple permet de séparer l'oxygène et l'hydrogène de l'eau. Cet effet est également utilisé pour charger/décharger les batteries électrolytiques

- Effet magnétique : le courant crée un champ magnétique. Cet effet est utilisé dans les relais, les moteurs électriques, les hauts-parleurs, etc.

Les champs électromagnétiques

La vie s'est développée sur Terre en s'adaptant à un environnement présentant des champs électromagnétiques faibles et de basses fréquences (qui viennent s'ajouter au champ géomagnétique quasi statique et à la radioactivité naturelle). Ces champs magnétiques naturels proviennent essentiellement de deux sources : le Soleil et l'activité des orages. Mais depuis le début du XXe siècle, des champs artificiels d'intensités bien plus élevées et répartis dans un spectre très différent se sont superposés sur ce fond de rayonnement naturel dont les effets ne sont pas entièrement compris. Il faudra encore beaucoup de recherches pour évaluer les effets biologiques du rayonnement électromagnétique.

Les champs de 50 et 60 Hz sont classés parmi les rayonnements non ionisants car leur fréquence est tellement basse que l'énergie des photons ne permet pas d'ioniser les atomes. 

Toutefois, à des densités de puissance suffisamment élevées, le rayonnement EM pose certains risques pour la santé. On sait notamment depuis les balbutiement de la radio que l'énergie RF peut endommager les tissus corporels en raison de la chaleur dégagée. Dans les cas extrêmes, la chaleur induite par le champ RF peut provoquer un aveuglément, une stérilité et d'autres troubles sanitaires sévères. Ces risques sont appelés les effets thermiques. En complément, il existe des indices probants selon lesquels le champ magnétique peut produire des effets biologiques à des niveaux d'énergie trop faibles pour provoquer un échauffement du corps. L'hypothèse que ces effets non thermiques peuvent présenter des risques pour la santé fait encore l'objet de recherches.

Quelques applications du spectre électromagnétique. Document HowStuffWorks modifié par l'auteur.

En complément à ces recherches toujours en cours, beaucoup de précautions ont été prises. C'est ainsi que l'American National Standards Institute, l'ANSI, parmi d'autres, recommande de limiter l'exposition du corps humain au rayonnement RF. Les associations radioamateurs telles que l'ARRL a mis sur pied un Comité de Sécurité RF constitué de docteurs en médecine et de scientifiques qui suivent la recherche en cette matière, établissent des recommendations et rédigent des guides pratiques à l'intention des radioamateurs et de tout utilisateur concerné par le spectre radiofréquence. De nombreux liens utiles sont présentés en fin de 3eme page.

Effets thermiques de l'énergie RF

Les tissus corporels sujets à de fortes intensités d'énergie RF peuvent souffrir de sérieuses lésions induites par la chaleur. Ces effets corporels dépendent de la fréquence de l'énergie, de la densité de puissance du champ RF et même de facteurs tels que la polarisation de l'onde. L'exemple le plus connu est le four à micro-onde dont le rayonnement RF d'une puissance pouvant dépasser 850 W permet de réchauffer ou de cuire les aliments.

Image thermique d'un boîtier en aluminium protégeant un module RF. Doc Compix.

Aux fréquences proches de la fréquence de résonance naturelle du corps humain, l'énergie RF est absorbée plus efficacement et produit un maximum de chaleur. Pour un adulte cette fréquence est généralement voisine de 35 MHz si la personne est reliée à une terre et isolée du sol. Des parties du corps peuvent également être résonantes. Ainsi, la tête d'un adulte par exemple est résonante aux alentours de 400 MHz tandis que la plus petite tête d'un enfant entre en résonance vers 700 MHz. La taille du corps détermine donc la fréquence à laquelle cette énergie RF est absorbée. A mesure que la fréquence du rayonnement dépasse la fréquence de résonance, moins de chaleur RF est produite. Toutefois, une résonance additionnelle longitudinale apparaît vers 1 GHz à la surface du corps.

Néanmoins, dans les activités amateurs, les effets thermiques de l'énergie RF ne sont pas très importants car les puissances RF développées sont relativement faibles (quelques kW maximum dans un amplificateur linéaire ou une antenne d'émission) et dans le cas de transmissions radio, la puissance rayonnée est de nature intermittante, les amateurs passant généralement plus de temps à écouter leur collègue qu'à bavader. 

Quant aux modes continus tels que la CW (code Morse) ou la SSTV, ils utilisent peu de puissance contrairement à des modes comme la FM ou la RTTY où la porteuse RF est continue et toujours émise à la puissance maximale. Dans tous les cas, il est rare pour les corps de métiers exploitant le spectre radioélectrique que les champs RF soient suffisamment forts pour produire des effets thermiques, à moins que la personne ne se trouve tout près de l'antenne ou d'un amplificateur non protégé et de forte puissance (>500 W à 10 MHz). Nous prodigerons plus loin quelques conseils pour éviter une exposition excessive à ces rayonnements.

La température des semi-conducteurs : jamais trop chaud

D'un point de vue purement technique, rappelons que la température d'un processeur et de tout autre composant électronique à semi-conducteur est un facteur critique qui affecte le bon fonctionnement de votre équipement. C'est pourquoi on installe des ventilateurs à la fois sur le radiateur du processeur et à l'extérieur du boîtier de l'appareil, qu'il s'agissse d'une radio-émettrice, d'une télévision ou d'un ordinateur pour extraire l'excédant de chaleur. Il ne s'agit pas de simples accessoires; ils sont obligatoires et doivent rester opérationnels si vous désirez que votre système fonctionne dans de bonnes conditions.

Rayonnement thermique des composants électroniques. Dans les appareils domestiques comme les radios ou les ordinateurs, cette chaleur n'offre aucun risque pour la santé mais il faut éviter de les toucher lorsqu'ils fonctionnent car leur température peut atteindre 95°C (par exemple sur un microprocesseur rapide) ! Rappelez-vous que toute augmentation de 10°C de la température d'un semi-conducteur réduit sa durée de vie de moitié. Documents Thermal Imaging Survey et Sierra Pacific Corp.

On considère habituellement que toute augmentation de 10°C de la température d'un composants à semi-conducteur réduit l'intervalle entre deux panne de moitié (MTBF), autrement dit il tombera en panne deux fois plus vite. Aussi, si vous voulez prolonger la durée de vie de votre matériel électronique, choisissez toujours des ventilateurs puissants et surdimensionnés, et ajoutez, pourquoi pas, un ventilateur sur le boîtier externe si vous constatez qu'il est particulièremet chaud après un usage intensif.

Effets non thermiques du rayonnement électromagnétique

Les effets non thermiques du rayonnement électromagnétique peuvent être très importants pour beaucoup de gens car ils concernent les champs de faibles énergies qui nous entourent. Les recherches dans ce domaine sont de deux types : les recherches épidémiologiques et les recherches de laboratoire.

Les études réalisées en laboratoire s'intéressent à la manière dont les rayonnements EM peuvent affecter les animaux et les êtres humains. Les études épidémiologiques qui ont étudié les pathologies de grandes populations d'individus n'ont pas démontré de corrélation entre les causes et les effets, ni postulé de mécanisme favorisant l'apparition de maladie.

En effet, les épidémiologistes essayent d'associer certains facteurs environnementaux aux symptômes présentés par certaines maladies. Il s'agit d'un travail scientifique qui s'étale souvent sur plusieurs années voire des décennies et qui ne supporte aucun préjugé ou intérêt particulier. 

Dans le cas de la malaria par exemple, les chercheurs ont observé une corrélation entre la maladie et la proximité des moustiques infestant les marécages. C'est ensuite aux chercheurs experts en maladies tropicales s'isoler dans le sang des malades l'organisme provoquant la malaria  et d'identifier le même organisme dans la population de moustiques. Si cette corrélation ne peut pas être établie, il sera difficile de mettre en place un plan de lutte efficace pour éradiquer la maladie et tuer le parasite.

Dans le cas des effets non thermiques, certaines études ont permis d'identifier une légère association entre l'exposition au champ EM à domicile ou sur le lieu de travail et différentes pathologies malignes comprenant la leucémie et des tumeurs du cerveau. Toutefois, un nombre supérieur d'études tout aussi complètes n'ont pas pu établir ce type d'association. Un rapport de risque entre 1.5 et 2.0 a été observé dans les études positives (c'est-à-dire que le nombre de cas malins est de 1.5 à 2.0 fois supérieur au nombre "attendu" ou observé dans la population générale non exposée). Les épidémiologistes considèrent généralement qu'un rapport de risque de 4.0 ou supérieur indique une forte corrélation entre la cause et l'effet étudié. 

Ainsi, les hommes qui fument un paquet de cigarettes par jour augmentent leur risque de cancer des poumons par 10 comparé à une population de non fumeurs, tandis que la consommation de deux paquets de cigarettes par jour augmente le risque de plus de 25 fois par rapport à une population témoin !

Toutefois, les recherches épidémiologiques sont rarement concluantes en elles-mêmes. L'épidémiologie identifie uniquement les pathologies de groupes d'individus, mais elle ne précise généralement pas leur cause. Il y a souvent des facteurs prêtant à confusion : la plupart d'entre nous sommes exposés en permanence à différents risques environnementaux qui peuvent affecter notre santé de différentes manières. En outre, toutes les études sur des personnes supposées avoir été exposées à de forts niveaux de champs EM ne conduisent pas toujours aux mêmes résultats.

Ces dernières années, suite à la prolifération des GSM, des technologies sur courant porteur, Wi-Fi et de l'ouverture du spectre à plus d'activités amateurs, on a également beaucoup étudié en laboratoire les effets biologiques des rayonnements électromagnétiques. Ainsi, on a démontré que même de très faibles rayonnements EM peuvent modifier les rythmes circadiens du corps humain (les "horloges biologiques" endocrines, etc), modifier la manière dont les lymphocytes T du système immunitaire attaquent les cellules cancéreuses et ces rayonnements peuvent même modifier la nature des signaux électriques et chimiques transmis lors des communications intra et intercellulaires, parmi d'autres phénomènes.

De nombreuses études se sont focalisées sur les champs magnétiques de faibles énergies ou sur des champs RF de basses fréquences sonores (souvent sous 100 Hz) qu'ils soient continus, pulsés ou modulés. Quelques études suggèrent que les humains et les animaux peuvent s'adapter plus facilement à la présence d'une porteuse RF stable que vis-à-vis d'une source d'émission continue ou modulée. Certains indices montrent que si un rayonnement EM ne provoque pas directement de cancer, il pourrait parfois en combinaison avec des agents chimiques faciliter ou inhiber l'activité du système immunitaire humain.

Aucune étude conduite à ce jour ne prouve de manière concluante qu'un faible rayonnement EM induit des effets néfastes sur la santé. En mai 1995, l'American Physical Society publia un article selon lequel il y aurait une éventuelle relation entre le cancer et une exposition au courant porteur de 60 Hz. Ce rapport est exhaustif et devrait être consulté par toute personne concernée par cette question. Leurs conclusions n'ont pas été modifiées depuis lors.

Champ électromagnétique émis par une antenne dipole HF tendue à 1/2λ de hauteur. A gauche une vue de face, à droite une vue depuis l'extrémité. Par mesure de sécurité, il est prudent de ne pas résider trop longtemps à moins de 10 m du dipole rayonnant d'une antenne d'émission HF travaillant à forte puissance (> 500 W). En général les antennes sont toujours placées à distance de sécurité. Graphiques calculés avec MathCad par KB7QHC.

Parmi leurs conclusions générales, citons notamment :

1. La littérature scientifique et les revues effectuées par d'autres chercheurs ne montrent pas de corrélation entre le cancer et le réseau d'alimentation en énergie.

2. Aucun mécanisme biophysique plausible n'a été identifié concernant l'apparition systématique ou le développement de cancer par ces champs de 60 Hz extrêmement faibles.

3. Bien qu'il soit impossible de démontrer qu'il n'existe pas d'effet délétère sur la santé provoqués par l'exposition à un quelconque facteur environnemental, il faut démontrer l'existence d'une relation causale compatible et significative avant que l'on puisse conclure qu'un tel effet existe.

Cette étude américaine est limitée à l'exposition au courant électrique de 60 Hz. Voyons également ce que l'on sait à propos des expositions aux radiofréquences.

Une publication éditée en 1995 et intitulée "Radio Frequency and ELF Electromagnetic Energies, A Handbook for Health Professionals" comprend un chapitre intitulé "Biologic Effects of RF Fields". Les auteurs écrivent notamment ceci : "En conclusion, les données ne supportent aucune découverte soutenant qu'une exposition aux champ RF serait un agent provoquant n'importe quel type de cancer" (page 176). Plus loin dans le même chapitre, ils écrivent : "Bien que la base de données ait augmenté au cours des dernières décennies, beaucoup d'information concernant les effets non thermiques sont généralement non concluantes, incomplètes et parfois contradictoires. Les études sur les populations humaines n'ont démontré aucun effet fiable." (page 186).

Quoiqu'il en soit, il faut retenir qu'une exposition aux champs électromagnétiques RF et ELF (50/60 Hz) à tous les niveaux de puissances et de fréquences n'est peut-être pas inoffensive. Des mesures de précautions contre ces rayonnements ne sont donc pas superflues. Toutefois, le public ainsi que les opérateurs radioamateurs ne doivent pas craindre d'utiliser leurs appareils domestiques. Si un risque existe, il tombe presque certainement au bas de la liste des causes pouvant être néfastes pour la santé.

Champ électromagnétique émis par une antenne verticale de 1/4λ. A gauche le champ vu de profil, à droite le champ vu de haut. Graphiques calculés avec MathCad par KB7QHC.

Niveaux d'expositions inoffensifs

Sous quelle niveau d'énergie un champ EM est-il inoffensif ? Les scientifiques ont consacré beaucoup d'efforts pour déterminer les limites d'inocuité des rayonnements RF. C'est un problème très complexe, impliquant des considérations de santé publique et économiques. Comme dans d'autres domaines, les niveaux de sécurité ont été révisés à la baisse (plus sévères) au fil des décennies et tout les scientifiques ne partagent pas la même opinion à ce propos.

Les principaux instituts concernés par ces mesures sont :

- L'ANSI, American National Standards Institute

- L'IEEE,  Institute of Electrical and Electronics Engineers

- L'ICNIRP, International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection

- Le NCRP, National Council on Radiation Protection and Measurements.

Parmi les organismes supranationaux ayant un rôle consultatif ou législatif citons :

- L'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé

- L'Underwriters Laboratory qui teste et certifie tous les appareils

- Le Parlement Européen et la Commission Européenne qui édictent les directives générales et imposent leur application en Europe.

En 1991, de nouvelles normes (instructions générales ou conseils) ont été édictés par l'IEEE concernant les limites d'expositions aux champs EM (Cf IEEE C95.3-2002). Il remplace le guide ANSI publié en 1982 qui acceptait des niveaux d'expositions supérieurs.

Le nouveau guide de l'IEEE qui représente un standard international, recommande des niveaux maximum d'expositions qui dépendent de la fréquence et de la durée. Contrairement aux anciennes valeurs, les standards de 1991 fixent des limites d'expositions différentes dans les environnements contrôlés (des lieux où les niveaux d'énergie peuvent être déterminés de manière précise et dans lesquels tous les acteurs ont été sensibilisés au risque) et les environnements non contrôlés (où les niveaux d'énergie ne sont pas connus ou les personnes non sensibilisées au risque induit par les champs EM).

Le graphique suivant représente le nouveau standard de l'IEEE. Il est assez complexe parce que les standards diffèrent non seulement en fonction du type de contrôle assuré mais également en fonction du type de champ.

Ce graphique est extrait du guide RF publié par l'IEEE en 2002 (données 1991) intitulé "IEEE Standard for Safety Levels with Respect to Human Exposure to Radio Frequency Electromagnetic Fields, 3 kHz to 300 GHz", ref. IEEE Standard C95.3-2002.

Globalement, les limites d'expositions les plus faibles au champ électrique apparaissent aux fréquences comprises entre 30 and 300 MHz (RF). Les niveaux d'énergie magnétique les plus faibles apparaissent entre 100-300 MHz.

Le standard ANSI fixe la limite supérieure du champ électrique entre 30-300 MHz à une densité de puissance de 1 mW/cm2 (61.4 V/m) dans les environnements contrôlés - mais à 20 % de cette valeur seulement (0.2 mW/cm2 soit 27.5 V/m) dans les environnements non contrôlés. La limite du champ magnétique tombe à 1 mW/cm2 (0.163 A/m) entre 100-300 MHz dans les environnements contrôlés et à 0.2 mW/cm2 (0.0728 A/m) dans les environnements non contrôlés. Des densités de puissances plus élevées sont permises en dessous de 30 MHz (en dessous de 100 MHz pour le champ magnétique) et au-dessus de 300 MHz, sur base du fait que le corps ne sera plus en résonance à ces fréquences et absorbera donc moins d'énergie.

En général, les valeurs de l'IEEE considèrent que le niveau de puissance considéré est émis durant une période de 6 à 30 minutes pour les faibles densités, selon la fréquence et d'autres variables. Les valeurs limites de l'ANSI pour les environnements non contrôlés sont inférieures à celles des environnements contrôlés, mais ils sont compensés du fait qu'ils autorisent dans ces environnements des niveaux d'expositions moyennés sur des périodes de temps plus longues (généralement 30 minutes). Cette moyenne plus étendue dans le temps signifie qu'une source RF intermittente (tel qu'une transmission radio) présentera une densité de puissance plus faible que l'émission continue d'une autre station utilisée dans les mêmes conditions de puissance et de configuration d'antenne.

Simulation du rayonnement émit par la parabole d'une antenne bande S (3.4 GHz). Ce graphique représente l'hémisphère avant (système feeder+parabole). Document Lambda Science, Inc.

Le fait que les valeurs soient moyennées dans le temps est basé sur l'idée que le corps humain peut mieux résister à un taux de chaleur corporelle (et donc un niveau d'énergie RF supérieur) durant un court lapse de temps que durant une longue période. Toutefois, cette moyenne calculée dans le temps n'est peut-être pas adaptée si on considère les effets non thermiques de l'énergie RF.

Les valeurs reprises par l'IEEE excluent toute source d'émission d'une puissance inférieure à 7 W parce ce que ces émetteurs ne sont pas susceptibles de produire un réchauffement significatif global du corps. Toutefois, des études récentes montrent que les émetteurs portatifs produisent souvent des densités de puissance dépassant les standards de l'IEEE concernant la tête. Il y a en effet un désaccord dans la communauté scientifique au sujet de ces valeurs d'expositions aux RF. Leurs mesures considèrent avant tout les effets thermiques plutôt que les expositions à de faibles niveaux d'énergie. Un petit nombre mais significatif de scientifiques pensent aujourd'hui que les effets non thermiques devraient également être pris en considération. Plusieurs pays européens et quelques grandes villes des Etats-Unis ont adopté des standards plus stricts que les valeurs publiées par l'IEEE.

Le NCRP américain a également proposé de fixer d'urgence une limite de 0.2 mW/cm2 entre 30-300 MHz dans les environnements exposés non professionnels.

Les valeurs du NCRP diffèrent de celles de l'IEEE de deux manières : elles prennent en considération les effets de la modulation d'une porteuse RF et n'excluent pas les émetteurs dont la puissance est inférieure à 7 watts. Leur valeurs sont donc plus réalistes.

Précautions envers les stimulateurs cardiaques

Une rumeur s'est répandue selon laquelle le fonctionnement des stimulateurs cardiaques (pacemakers) serait affecté par une exposition aux champs EM. Cette question intéresse principalement les radioamateurs équipés de pacemakers ou ceux qui recevraient des visiteurs munis de cet appareil. En raison de ce risque potentiel ainsi qu'envers toutes les autres sources de champs EM, les fabricants de pacemakers respectent des méthodes de conception très strictes, protégeant la plupart des pièces sensibles contre les champs EM d'énergies relativement élevées.

Il est recommandé que les personnes munies de pacemakers et utilisant des appareils radio d'émission discutent de cette question avec leur médecin. Ce dernier les mettra en relation avec le représentant du fabricant de leur pacemaker. Ces personnes sont généralement d'excellentes ressources et peuvent disposer de données de laboratoire ou d'études effectuées "sur le terrain" qui pourraient leur être utiles.

Un stimulateur cardiaque dispose de circuits qui reçoivent et traitent les signaux électriques produits par le coeur et il génère également des signaux électriques qui stimulent le coeur comme le dessin de gauche tente de l'expliquer brièvement.

Une étude a examiné le fonctionnement d'un pacemaker moderne (à double chambre) dans et autour d'une station radioamateur d'émission.

Au cours des expériences, les électrodes du pacemaker furent connectés à un coeur artificiel. Le pacemaker fut placé par terre, 9 m en dessous et 5 m devant une antenne Yagi HF de 3 éléments. Le système fut également placé juste au-dessus du boîtier d'un amplificateur linéaire HF de 1 kW fonctionnant en mode CW et SSB.

De plus, le système fut placé aussi près que possible de plusieurs émetteurs portatifs de 1 et 5 W émettant dans la bande VHF des 2 mètres.

Aucune interférence avec le fonctionnement du pacemaker n'a été constatée au cours de l'expérience. Bien que l'éventualité d'une interférence ne puisse pas être écartée à partir de ces quelques observations, ces tests représentent des conditions d'expositions beaucoup plus sévères envers les champs EM que les conditions ordinaires dans lesquelles ils sont utilisés ou si on fait preuve d'un minimum de bon sens. Bien sûr la prudence dicte aux personnes munies d'un pacemaker et utilisant des radios VHF portatives de maintenir l'antenne aussi loin que possible du stimulateur cardiaque et d'utiliser quand c'est possible la plus faible puissance d'émission compatible avec des télécommunications.

Dans le cas d'émission à forte puissance (1 kW), l'antenne devrait être placée aussi loin que possible de l'opérateur et tout le matériel devrait être correctement mis à la terre.

Deuxième partie

Les champs de basses fréquences

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[1] Dans de nombreuses publications, l'intensité des champs magnétiques B et H est souvent assimilée à celle du "champ magnétique" ou on associe le champ magnétique au seul champ B, réservant le champ H aux milieux continus (aux phénomènes macroscopiques). Or selon la terminologie officielle, l'intensité du champ magnétique ne concerne que le champ H qui s'exprime en ampères par mètre (A/m), tandis que le champ B (l'induction magnétique) s'exprime en teslas (ou anciennement en gauss). La densité de flux magnétique dΦ représente le produit de l’intensité du champ magnétique B par la surface (dΦ=B.dS) et s'exprime en weber/m2 (1 Wb/m2 = 1 T = 10000 G).


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