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Le polymorphisme du monde

Le jardin botanique tropical d'Hawaï.

La jungle (VI)

Tous milieux confondus, on estime qu'il existerait sur Terre entre 15 et 30 millions d'espèces vivantes dont 6.5 millions d'espèces terrestres et 2.2 millions d'espèces marines connues. La jungle occupe 6% des terres mais abrite 50% des plantes et des animaux de la planète ! 90% de ces organismes vivent non pas au sol mais en hauteur et en particulier dans la canopée.

Le Parc National du Manu au Péru, une forêt vierge d'une superficie de 1.8 million d'hectares - c'est le parc le plus vaste du monde - abrite 1000 espèces d'oiseaux, 200 espèces de mammifères, 13 espèces de singes, 5000 espèces végétales et plusieurs dizaines de milliers d'espèces d'insectes. Baignant sous un climat chaud et humide, la jungle est sans conteste le biotope le plus fertile du monde.

Sur une exoplanète, pour que la faune et la flore puissent atteindre une telle luxuriance, l'astre doit absolument se situer dans la zone habitable car l'eau liquide devient une denrée cruciale. Qu'elle vienne à manquer quelques jours et c'est tout un écosystème qui peut rapidement s'assécher et mourir de soif sous l'ardeur des rayons de l'étoile et disparaître en quelques mois.

Le bilan énergétique d'une planète tellurique plongée sous la jungle est significatif quant aux capacités de survie de la chaîne alimentaire. Sur 100 watts d'énergie frappant une surface d'1m2 de feuillage vert, seuls quelque 35% sont réellement absorbés. Malheureusement, les réactions de photosynthèse réalisées par les chloroplastes sont si peu efficaces qu'environ le quart de cette énergie est réellement transformée en sucres. Globalement des 100 watts disponibles par une journée ensoleillée équatoriale, seuls quelque 8 watts finissent comme nourriture dans les plantes. Que vous soyez une mousse ou un séquoia géant, c'est suffisant. Les autres éléments nécessaires à votre survie se trouvent dans la terre ou dans l'air. Mais un animal ne peut pas se contenter du sucre transformé par photosynthèse.

La jungle extraterrestre selon Adolf Schaller. Un monde en tous points comparable au nôtre.

Si un homme fonctionnait comme une plante avec un rendement de 8%, pour disposer de ses 2000 Calories (ou 2000 kcal.) quotidiennes, il aurait besoin de 1000 watts (1000 J/s) dont de 100 watts en 24 heures rien que pour couvrir les besoins de ses 3 m2 d'épiderme, dont la plus grande partie se trouve à l'ombre une partie de la journée. Vous vous retrouvez donc avec une énergie assimilable d'environ 12 watts durant la journée, presque dix fois inférieure à votre consommation. Pour trouver l'énergie complémentaire et satisfaire votre métabolisme, comme les oiseaux insectivores, les singes frugivores et tous les animaux carnivores vous n'avez pas d'autre choix que de trouver des denrées riches en énergie : manger des racines et des herbes, cueillir des fruits ou chasser.

Dans les meilleures conditions, le biotope le plus riche pouvant vous satisfaire sera donc la jungle et ses millions d'espèces. La forêt pluvieuse de cette planète sera en effet certainement dégoulinante de suc, de nectar et de jus de fruits, riche d'une faune et d'une flore paradisiaques. L'humidité sera omniprésente non seulement dans l'air ambiant mais sous forme de rivières, de lacs et de sources. En altitude l'atmosphère peut même baigner localement sous une épaisse brume tropicale riche d'une vie microbienne stupéfiante ou d'une flore gorgée d'humidité et très parfumée.

Au sol ce n'est que végétation. Dans ce milieu chaud et humide il n'y a pas un endroit qui ne soit porteur d'une fleur, d'une plante ou d'un arbre. Tous les espaces sont mis à profit. Même les roches et la carapace de certains animaux sont couverts de mousse. Contrairement aux forêts des latitudes tempérées, ici il est impossible de s'écarter des sentiers, la forêt est trop dense et il est même dangereux de s'y aventurer en raison des prédateurs qui pullulent dans les sous-bois et des espèces végétales vénéneuses.

Rappelons que les plantes vénéneuses existent également sous les latitudes tempérées et nous en avons dans nos maisons pour citer l'euphorbe (poinsettia ou rose de Noël), le muguet, l'if, le lierre ou le monstera, dont voici une courte revue, dont les sucs ou l'ingestion des feuilles peuvent provoquer des intoxications, des irritations sévères des muqueuses, aux yeux, etc, et même nous occasionner des problèmes cardiaques. Ces plantes mênent peut-être une vie végétative mais cela ne signifie pas inoffensive...

Alors que dans les zones tempérées, les arbres sont dénudés, dans les forêts vierges c'est l'arbre tout entier qui est habillé et qui devient le refuge des animaux comme des plantes. A la limite chaque espèce d'arbre devient un écosystème en miniature qui renforce la biodiversité.

Parmi ces millions d'espèces d'animaux et de végétaux, un grand nombre recèle des propriétés pharmacologiques étonnantes. Certaine glandes que portent les animaux ou les éléments actifs de certaines herbes ont des propriétés thérapeutiques, curatives ou préventives, antalgiques (antidouleur), anti-inflammatoires, antibactériennes, dépuratives (purgatives), antihistaminiques (antiallergiques), antidépressives, antipyrétiques (contre la fièvre), anticholinergiques (contre l'hyperthermie ou la tachycardie), sédatives, antivirales, anti-oxydantes, etc. Certaines sont même des drogues (hallucinogènes, etc), des plantes tonifiantes à l'instar des vitamines (exemple la guaranine, l'acerola) ou des bactéries fortifiantes (exemple la spiruline). C'est un véritable laboratoire à ciel ouvert que les chercheurs étudient aujourd'hui. Cette jungle contient certainement les remèdes à tous nos maux, encore faut-il les découvrir.

Quelques créatures d'une jungle extraterrestre imaginées par Adolf Schaller.

Tout cela nous a mis en appétit. Si le lieu semble paradisiaque libérant des flagrances très subtiles, sa faune et sa flore rivalisent également d'habileté et de ruse à l'heure de la chasse. Non seulement beaucoup d'animaux ont un odorat, une ouïe et une vue perçante mais la plupart ont développé un sixième sens telle que l'écholocation, des détecteurs thermiques, ultraviolets ou du champ magnétique, voire des systèmes micro-ondes dans les environnements plus brumeux à l'atmosphère dense. Vous pénétrez en fait dans un immense détecteur de mouvement ! Un objet qui se déplace est ici synonyme de vie, donc de nourriture. Et comme vous l'avez compris le but d'un microcosme aussi vorace que des millions d'âmes est focalisé sur un objectif : vous attraper.

Attention, ne vous appuyez pas sur cette branche, elle est couverte de plantes carnivores. Si vous prenez le risque de vous arrêter un instant dans cette jungle pour écouter la nature, vous vous rendrez compte que même la nuit vous n'êtes pas seul et que milles yeux vous regardent. Tout autour de vous les animaux crient, chantent et hurlent sur toutes les fréquences audibles et inaudibles du spectre, les uns pour chasser et localiser leurs proies, les autres pour signaler leur présence ou alerter leurs congénères, parader ou simplement par plaisir.

Les champignons, situés génétiquement entre les mousses et les algues sont des organismes que l'on verrait bien pousser à l'ombre des forêts humides d'une exoplanète au climat tempéré ou tropical. Notons que certains insectes, comme les fourmis Atta dites "coupeuses de feuilles" que l'on rencontre en Amérique cultivent des champignons qui offrent la caractéristique de se développer en 24 heures. Rappelons que si certains champignons sont toxiques, d'autres sont allucinogènes ou antiallergiques. La plupart sont hygrophiles et ne supportent pas le soleil. Documents Mark Riddell et Nate Ryan.

Plus étonnant encore, ce que vous pensez être une jolie pierre juste à côté de cette mare est en fait une espèce de grande salamandre mimétique capable de régénérer ses membres sectionnés grâce à des cellules souches. Plus loin, si vous regardez attentivement sur cette branche, vous verrez une espèce de serpent. Heureusement celui-ci est frugivore. Son camouflage épouse parfaitement la couleur de l'arbre qu'il ne quitte jamais. Beaucoup de créatures de ce monde utilisent un camouflage à faire pâlir nos meilleurs soldats. Les petits animaux et les insectes excellent en cette matière et se confondent littéralement avec la flore avoisinante. Parmi celle-ci des centaines d'espèces sont des plantes carnivores dont le parfum et les couleurs garantissent une attraction fatale. Ces plantes carnivores se contentent de peu et peuvent jeûner durant des semaines, tout comme beaucoup d'animaux à sang froid.

Par soucis d'esthétique peut-être, beaucoup d'espèces animales et végétales arborent de vives couleurs, sans rapport avec leur fonction. Ainsi cet animal qui ressemble à un oiseau au faciès bleu et au bec rouge est tellement bruyant qu'il est difficile de ne pas l'apercevoir en train de se dandiner sur sa branche. Là-bas cet amphibien aux pattes rouges, au torse vert pomme et aux yeux jaunes hurle tellement fort qu'il ferait un met de choix pour beaucoup de chasseurs des marécages.

Extrait de Jurassic Park 3.

Deux sauriens en quête d'une proie.

Mais comme les champignons ou les plantes vénéneux, ces créatures savent bien ce qu'elles font. Qui y gouttera périra ou recrachera vite ce fruit défendu. Comme tout le monde le sait dans cette jungle, on les laisse donc chanter et provoquer leurs ennemis à défaut de pouvoir les croquer.

Si la nourriture est abondante dans la jungle, toutes les créatures, de l'insecte au superprédateur savent que se nourrir demande beaucoup d'efforts et de l'expérience. Ici rien ne s'obtient facilement.

Pour survivre parmi tant de pièges naturels, tous les animaux ont développé des systèmes d'attaque et de défense très efficaces : mandibules, dard, piqûre, poison, encre, cellules urticantes, épines, colle, jets d'acide, odeurs nauséabondes, sans parler des crocs et des griffes. Les plus rustres croquent leur ennemi. Quand ils n'y parviennent pas ils l'assomment d'un coup de tête, d'un coup de queue, l'étrangle ou l'étouffe à petit feu.

Si ce n'était pas son heure, avec un peu de chance la victime pourra fuir à couvert du sous-bois et soigner ses blessures. Mais ici, avec la chaleur et l'humidité omniprésentes, l'air est un véritable bouillon de culture. Sans adaptation, les blessures mettraient du temps à cicatriser et la plupart s'envenimeraient du fait du grand nombre de microbes présents dans l'air. C'est pourquoi beaucoup d'animaux ont une salive désinfectante et qui accélère la coagulation du sang.

C'est la jungle au sens littéral du terme. Celui qui y pénètre le fait au risque de sa vie. Seule la taille peut vous sauver, votre habileté à la course ou l'armement. Mais à ce jeu sachez d'avance que tous les animaux et beaucoup de plantes sont armés en permanence. Beaucoup d'animaux se déplacent également beaucoup plus vite que vous. Si par malheur il devait exister une exoplanète où les insectes auraient la taille d'un homme, vos chances de survie seraient ici anecdotiques.

Quelques fleurs étonnantes que l'on trouve dans la jungle. De haut en bas et de gauche à droite une Rafflesia arnoldii (Bornéo), une Strelitzia reginae ou oiseau de paradis (Cap et Hawaï), une plante carnivore Nepenthes villosa (Bornéo) et une fleur d'ananas (Thaïlande). Documents SIU Carbondale, Vincent Tylor, Gold Dragon Imports et Deva Deep.

Cet écosystème doit ses performances extraordinaires au fait qu'il est le résultat de millions d'années d'évolution et représente certainement le summum de l'imagination de dame Nature en terme d'adaptation et de performance. La jungle est un laboratoire à ciel ouvert qui s'est sans cesse perfectionné, dominé par une lutte de tous les instants de ses habitants pour survivre. C'est le royaume de la végétation, envahi des cris d'effroi de ceux qui s'y aventurent sans précaution sous les yeux perçants de millions de prédateurs. Ce poumon vert respire la santé mais évitez de ressentir son souffle. Cela voudrait dire qu'ils vous ont trouvé.

L'atmosphère

Quittons la moiteur de cette jungle et élevons-nous dans les airs. Battons largement des ailes car le monde que nous explorons est vaste et la pression relativement faible. Sur une planète gazeuse à l'image de Jupiter ou Saturne, 1000 fois plus grande que la Terre et plus de 300 fois plus massive, l'atmosphère est le seul milieu viable. Si ce monde est beau de loin, il est loin d'être accueillant, car sous son aspect calme et ses couleurs pastelles, il cache une activité très turbulente.

Document Galileo/NASA/JPL, 10 février 1997.

Les couches supérieures d'une planète gazeuse. Un monde turbulent et mal odorant pas très hospitalier mais viable.

Sur cette planète géante il n'existe pas de surface solide. C'est une boule gaz plus ou moins dense et turbulent qui par bien des côtés ressemble à l'océan. Aux sommets des nuages, la température oscille entre -80 et -230°C en fonction de la distance de la planète à son étoile et la pression est réduite au dixième de celle que nous connaissons sur Terre en bordure de mer, soit 100 mb. A mesure que l'on s'enfonce dans les profondeurs, la densité, la pression, la température et la turbulence augmentent graduellement jusqu'à devenir insupportables.

Une première couche de nuages élevés semblables à nos cirrus s'étend sur une dizaine de kilomètres et se compose de cristaux d'ammoniac. Ils zèbrent la planète d'immenses traînées blanc-bleutées qui paraissent comme suspendues dans les airs. Juste en-dessous on découvre une couche épaisse de nuages sombres et colorés dans toutes les nuances rouges-brunâtres composés en surface d'hydrogène moléculaire et d'hélium mêlés à de l'ammoniac et des composés organiques. Cette couche s'étend sur 40 à 100 km et se compose en profondeur de cristaux d'hydrosulfite d'ammonium. Elle laisse entrevoir de temps en temps une couche inférieure claire qui se compose d'une quantité plus importante de cristaux de glaces et d'eau.

A une centaine de kilomètres de profondeur la température est déjà comparable à celle d'une agréable pièce de séjour. L'eau reprend une consistance liquide et l'air est remonté à 20°C. Mais plus on s'enfonce plus la situation s'aggrave. A 150 km de profondeur les signaux électromagnétiques commencent à se perdre dans le brouillard et la visibilité s'estompe. A un niveau plus profond, vers 1000 km, la température atteint 2000°C. Vers 3000 km, on atteint 5500°C et la pression atteint 100000 atmosphères.

Les créatures gigantesques d'une planète gazeuse imaginées par Adolf Schaller.

A présent l'hydrogène et l'hélium sont tellement denses qu'ils se liquéfient. Vers 25000 km de profondeur, on peut à proprement parler de planète "liquide". Sous une pression qui atteint 4 millions d'atmosphères et une température de 11000°C, l'hydrogène change d'état et devient métallique. C'est un métal liquide constitué de protons ionisés et d'électrons.

Cette matière, inconnue sur Terre, est conductrice d'électricité et est à la source du champ magnétique de la planète. Ce manteau d'hydrogène métallique libère également de la chaleur. A cette profondeur se trouve encore un peu d'hélium et des traces de glaces (eau, méthane, etc).

Plus bas enfin, on découvre un noyau rocheux, légèrement plus volumineux que la Terre mais 10 à 15 fois plus massif. Il contient probablement du fer et des éléments lourds. Sa température est d'environ 20000°C mais elle est nettement insuffisante pour amorcer les réactions nucléaires de fusion à l'image de celles qui illuminent les étoiles.

Tel est le milieu dans lequel peuvent évoluer des créatures intelligentes comme celle illustrée à droite devant l'immense refuge fait de matière organique qui lui sert d'abri et de dortoir à l'image des nids de nos oiseaux. Du fait de la forte densité de l'atmosphère et de son opacité en profondeur, les êtres ne peuvent survivre que dans la partie supérieure, dans les premiers 100 km de profondeur où l'atmosphère est limpide, plus claire et relativement calme, avec une concentration maximale d'organismes où la température oscille entre 0 et 30°C et loin des foyers orageux. Mais sans membres préhensiles ou de fonctions extrasensorielles, ces créatures sont incapables de développer une technologie.

A certains endroits de l'atmosphère, près des grands cyclones permanents colorés aussi vaste que la Terre, la vie est plus primitive mais l'atmosphère étant plus riche en carbone, azote et nitriles, les créatures prennent la forme de simples sacs de gaz perméables dont le milieu interne s'est différencié et spécialisé. Ils ressemblent à des coacervats ou des êtres unicellulaires vivants en colonies et se laissent transportés au gré des courants formant d'immenses grappes colorées.

Vu sa masse et sa gravité qui atteint 2.5 g, cette planète est escortée par plusieurs dizaines de satellites dont une poignée ont la taille de notre Lune et évoluent tout près des nuages supérieurs. De ce fait la planète subit des effets de marées gravitationnelles très intenses qui perturbent ce système planétaire en miniature.

L'effet le plus spectaculaire et audible est la variation brusque et locale du champ de gravité qui subit de temps en temps des ajustements de quelques dixièmes de g en générant des ondes acoustiques de très basses fréquences. Ces tremblements de planète se propagent loin dans l'atmosphère et transpercent littéralement tous les corps. La sensation est horrible, comme si votre corps allait se désintégrer. Heureusement le phénomène est très fugace, mais il pourrait durer beaucoup plus longtemps et faire un vacarme inimaginable sur un astre beaucoup plus massif où la force de gravité dépasserait 1000 g.

A gauche, des créatures atmosphériques imaginées par Adolf Schaller errant au gré des courants d'altitude. A droite, des nitriles associés à de l'eau en suspension dans l'hypothétique atmosphère de la planète Ith Linea forment des bandes orangées d'acides aminés. Documents Graham Conrad.

Les seuls problèmes climatiques sur cette planète gazeuse sont la turbulence et l'activité électrique et magnétique, trois sources de problèmes majeurs que les créatures ont appris à éviter.

Les nuages de gaz se propagent localement à plus de 400 km/h dans les zones de cisaillement et on rapporte que certaine créatures ont disparu dans des cyclones où le vent soufflait à près de 1500 km/h. Ces manifestations sont liées à la fois aux forces de Coriolis et à l'absence de relief qui permettent aux vents d'atteindre des vitesses phénoménales, quatre fois plus élevées que sur Terre. Ces vents sont les plus violents le long de la ligne du terminateur où le gradient de température accuse ses plus fortes variations.

En raison de l'importance des masses d'air, les éclairs, les ouragans et autres typhons ont une ampleur gigantesque et se déplacent aisément dans un volume profond de 100 km. Les éclairs atteignent 100 fois l'énergie de leurs cousins terrestres et explosent aussi fortement que des bombes. La créature téméraire qui serait prise dans ces tourments pourrait être frappée par des décharges de plusieurs milliers d'ampères ou être brûlée au 3e degré par un éclair plus menaçant que les autres. Au coeur des orages elle peut mourir d’une crise cardiaque, les tympans troués et les capillaires explosés par l'intensité des vibrations sonores.

Le vent stellaire émis par l'étoile génère également d'immenses aurores polaires dans les couches ionosphériques des deux hémisphères de la planète qui éclairent la nuit de mille feux colorés. L'air se charge alors d'électricité statique et la créature qui s'aventurerait dans ces régions risque fortement de recevoir des décharges aussi violentes que celles des éclairs.

A gauche, une atmosphère comme celle de la Terre, ici une photographie que nous devons à Robert Schoenbeck, présentant des nuages bas et moyens (sc, ac) abrite une vie microbienne jusqu'à la tropopause, à plus de 10 km d'altitude. A droite, la haute atmosphère d'une planète comme Jupiter imaginée par David A.Hardy voit se développer des aurores polaires dont l'énergie est au moins cent fois plus intense que sur Terre. Ce document ainsi qu'une centaine d'autres ont été publiés en 2004 dans un livre intitulé "Futures: 50 years in space" écrit en collaboration avec Sir Patrick Moore.

Si la plupart des créatures primitives de cette planète ne sont pas directement sensibles aux champs magnétiques, les plus évoluées d'entre elles comme nos grands voiliers bleus concentrent suffisamment de magnétite dans leur cerveau pour être affectés par les orages magnétiques qui se manifestent dans les entrailles de la planète. Ces jours là on peut vraiment dire que ces créatures ont un mal de tête et c'est d'autant plus pénible que cette sensation suit le rythme des sursauts radioélectriques de la planète. Il est impossible d'y échapper et seule l'évolution peut adapter ces créatures aux circonstances. Heureusement en certains endroits de la planète où la polarisation du champ magnétique est différente et ne permet pas un couplage efficace, le phénomène est presque insensible, leur offrant un peu de répit dans ce monde tumultueux.

Prochain chapitre

Le désert et les conditions extrêmes

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