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L'accident de Tchernobyl

L'un des 30 hélicoptères militaires allant déverser des matériaux dans la centrale éventrée. Document Progetto Humus.

Les premières interventions sur le site (II)

Immédiatement après le désastre, on constata tout d'abord une confusion totale chez le personnel de la centrale. Selon les témoins, le personnel ne comprit pas directement les implications de l'accident. Le directeur de la centrale notamment ne réalisa pas que l'explosion s'était produite dans le réacteur même. 

L'explosion fut si inattendue et violente que les techniciens crurent qu'il s'agissait d'un temblement de terre, de l'explosion d'une bombe ou du début de la guerre !

Les débris du noyau projetés par l'explosion ont déclenché plus de 30 feux sur les toits du bâtiment abritant le réacteur et la machinerie qui étaient recouverts de goudron hautement inflammable. Certains de ces feux se sont propagés dans le hall des machines à travers les canalisations du réseau électrique jusqu'au voisinage du réacteur N°3.

Du fait de ce manque de réactivité et n'ayant pas pris conscience de la gravité de la situation, le responsable de la centrale n'a émis aucun bulletin d'alerte alors que c'est la toute première action qu'il aurait dû réaliser après l'accident et que les agences de contrôle ne cessent de répéter à tous les acteurs du secteur nucléaire.

C'est ainsi que le samedi 26 avril 1986, les enfants iront encore à l'école. Un mariage et un match de football seront même organisés à Pripyat. Des hommes iront pêcher comme d'habitude dans l'un des lacs les plus fréquentés, celui jouxtant... la centrale de Tchernobyl !

Entre-temps, dès le 26 avril à 1h28 du matin, 15 pompiers seront à pied d'oeuvre sur le site. Des renforts arriveront jusqu'à 4h du matin où 250 pompiers et 69 techniciens (tiremen) interviendront pour essayer de circonscrire les indendies. Ils travaillèrent jusqu'à 70 m au-dessus du sol dans des conditions très difficiles, sous d'épaisses fumées et des niveaux mortels de radioactivité (> 50 Sv).

Vers 2h10 locale, les plus grands feux furent éteints et vers 2h30 les principaux feux présents sur les toits du bâtiment furent maîtrisés. Suite à toute cette activité tout le site fut enveloppé dans un nuage de vapeur et baignait dans l'eau, à la fois celle apportée par les lances anti-incendies des pompiers et celle alimentant la centrale.

Vers 4h50 la plupart des feux étaient éteints mais ils ont entraîné la mort de 5 pompiers.

Environ 20 heures après l'accident, à 21h41 un grand incendie se déclara à nouveau suite à la chaleur dégagée par le réacteur dont la température devint suffisamment élevée pour provoquer la combustion spontanée des gaz libérés par le coeur détruit. Certains témoins ont entendu le feu démarrer dans un bruit d'explosion. Il se propagea en libérant d'immenses flammes d'au moins 50 m de haut au-dessus du sommet du hall détruit du réacteur.

Cette explosion résulta de deux réactions chimiques entre l'eau et les éléments métalliques. D'une part il y eut une réaction entre l'eau, l’uranium et le graphite en combustion, d'autre part il y eut une deuxième réaction entre la vapeur d'eau, le zircon et le monoxyde de carbone libérés au contact du graphique brûlant. Ces réactions produisirent un mélange explosif de monoxyde de carbone et d’hydrogène.

Etat des installations de Tchernobyl quelques semaines après l'accident. A cette époque le coeur radioactif libère encore plus de 70 Sv/h. Document Caesium Atlas/C.E.

Les pompiers ne parvinrent plus à maîtriser l'incendie qui cette fois était entretenu par les produits chimiques dont les gaz se concentraient dans le coeur éventré de la centrale. Devant ce constat, les autorités décidèrent d'utiliser des hélicoptères et de faire appel à l'armée.

Les premières mesures prises pour maîtriser le feu et la dispersion des éléments radioactifs dans l'atmosphère consistèrent à déverser une matière capable d'absorber des neutrons et d'étouffer le feu dans le cratère formé par les débris du réacteur détruit.

Les hommes qui participèrent à ces travaux sont parfois venus du front Afghan et travaillaient sans préparation ni aucune protection par une température dépassant 120°C au-dessus de la centrale et où la dose de radioactivité atteignait 35 Sv.

Rappelons que la réglementation européenne tolère15 mSv sur les 12 derniers mois pour les travailleurs du secteur nucléaire et qu'à partir de 500 mSv on observe les premiers symptômes d'altération de la formule sanguine. A Tchernobyl, les travailleurs furent exposés à des doses 175 millions de fois supérieures à celle reçue au cours d'une radiographie (qui est de 0.2 mSv) ! Il va sans dire que la majorité des ces travailleurs eurent par la suite soit des ennuis de santé chroniques au point d'être invalides soit moururent des conséquences de leur exposition à la radioactivité. On y reviendra.

30 hélicoptères accomplissant au total 1800 missions furent utilisés pour déverser ces matériaux dans la centrale éventrée. On jetta approximativement 5000 tonnes de matériaux divers dans le réacteur soit sous forme de déchets déversés en vrac soit conditionnés dans des sacs de 80 kg. 

On déversa notamment 40 tonnes de matière à base de boron, 2400 tonnes de plomb, 1800 tonnes de sable et d'argile, 600 tonnes de dolomite ainsi que du phosphate de sodium et des polymères liquides. Environ 150 tonnes de matériaux furent déversés le 27 avril, suivi par 300 tonnes le 28 avril, 750 tonnes le 29 avril, 1500 tonnes le 30 avril, 1900 tonnes le 1 mai et encore 400 tonnes le 2 mai.

Durant les premiers vols, les hélicoptères restaient en vol stationnaire au-dessus du réacteur pendant que'ils largaient les matériaux. Mais on jugea rapidement que les pilotes s'exposaient à des doses trop élevées de radioactivité. Et de fait, ils rentraient tous de mission épuisés et moururent malheureusement tous dans les semaines ou les mois qui suivirent.

Les autorités décidèrent donc de jeter les matériaux lorsque les hélicoptères passeraient au-dessus du réacteur. Mais laissant un panache de matériaux derrière eux et perdus dans les fumées, cette procédure était peu précise. Les sacs de 80 kg tombant de 50 à 100 m de hauteur endommagèrent également d'autres parties de la superstructure du bâtiment et cela répandit encore un peu plus les poussières contaminées dans l'air.

En fait l'essentiel des matériaux furent largués sur le toit du hall du réacteur où un feu s'était tout d'abord déclenché parce que les pilotes ne voyaient pas le coeur du réacteur dont la cuve était obstruée par le bouclier biologique supérieur, des canalisations brisées et d'autres débris. Par ailleurs des fumées épaisses diminuaient la visibilité et rendaient difficile l'identification de l'emplacement exact du coeur du réacteur.

Hommages aux "liquidateurs" qui participèrent à la décontamination de Tchernobyl. Un travail titanesque et funeste qui dura plus de 7 mois dans lequel seront impliqués plus de 25000 personnes et plus de 700000 liquidateurs en l'espace de 20 ans. Première catastrophe au monde de cette ampleur, les autorités ont dû improviser tous les jours sous l'oeil inquiet de la population et du monde entier. Vous trouverez d'autres documents originaux sur le site Progetto Humus.

Le larguage des matériaux fut progressivement arrêté entre le 7e et le 10e jour (2 au 5 mai) par crainte que la structure supportant le bâtiment ne s'effondre sous les impacts et sous la chaleur. Si cela s'était produit, le noyau aurait pu entrer en fusion et provoquer une nouvelle explosion encore plus violente.

Vers le 5 mai, le coeur du réacteur qui s'était transformé en un magma incandescent perdit son activité chimique. Il se solidifia assez rapidement n'entraînant que peu de dommages dans le réseau de canalisations situé sous le bâtiment mais cela coupa malgré tout les lignes de communications.

La composition du coeur du réacteur se modifia suite à la grande masse du bouclier biologique inférieur qui fondit au cours de l'explosion et fusionna avec le coeur du réacteur. On estime que la lave radioactive résultant de ce mélange et appelée corium est constituée de dioxyde d'uranium, de graphite et d'au moins 400 tonnes (30%) de débris provenant du bouclier en acier trempé et serpentine (elle servait de remblai). Le refroidissement de la lave de corium a permis de réduire le taux d'émission de radionucléides de deux ou trois ordres de grandeur mais les émissions étaient toujours extrêmement dangereuses jusqu'à plusieurs centaines de mètres autour de la centrale.

A gauche, l'inspecteur kazak Artur Korneyev, directeur adjoint du sarcophage de Tchernobyl observant à l'automne 1996 le "pied d'éléphant" de corium, de la lave radioactive qui s'est infiltrée sous la centrale de Tchernobyl. A l'époque le lieu était encore accessible au public ! Bien que le site soit très radioactif et mortel si on y reste plus de 2 minutes, aux dernières nouvelles (2014), Korneyev vit toujours et participe à la construction de l'arche de confinement. A droite, une valve d'évacuation de la vapeur contenant de la lave de corium. Documents DoE et PNNL.gov.

La quantité de combustible contenu dans la lave, en comptant les fragments du noyau du réacteur situés sous le niveau du plancher est estimé entre 27 et 100 tonnes, la quantité de combustible contenue dans l'aire de stockage variant entre 24 et 140 tonnes selon les estimations visuelles faites dans la partie inférieure des installations.

Il est possible que la plus grande partie du combustible nucléaire se trouve sur le toit du hall du réacteur et soit recouverte des matériaux qui ont été déversés par les hélicoptères. Lors de l'assainissement du bâtiment il fallut d'abord retirer toute la masse de débris pour évaluer la quantité de combustible exacte et l'extraire en totalité avant de la retraiter dans une usine spécialisée de type La Hague.

Il fallut 10 jours pour maîtriser l'incendie. Tous les hommes ayant travaillé sur le toit et à quelques centaines de mètres autour du bâtiment moururent d'irradiation et furent élevés au titre de héro de la nation.

En quelques semaines, on passa officiellement de 27 à 56 morts. Ce sera le chiffre officiel des décès durant 15 ans. Puis les médecins et les journalistes firent un nouveau décompte et dénombrèrent plus de 5000 morts mais ils étaient encore loin du compte.

Un dépotoir contaminé dans la région de Tchernobyl. Il restera toxique durant plus d'un siècle. Document Igor Kostin.

Mais pire que cela, ainsi que nous l'avons évoqué, suite à la rupture d'une canalisation du circuit d'eau de refroidissement et du travail des pompiers pour éteindre les incendies, beaucoup d'eau s'accumula au fond de la cuve du réacteur. Si la masse de magma radioactif l'avait atteint, les experts russes estiment que nous aurions assisté à une explosion nucléaire d'environ 5 MT qui aurait contaminé tous les habitants d'Ukraine et d'Europe.

Aussitôt que cette hypothèse fut envisagée, les Russes s'empressèrent de vider le fond de la cuve et cherchèrent une solution pour refroidir le magma le plus rapidement pour éviter un nouveau désastre.

Une des idées consista à construire un système complexe de refroidissement à l'azote liquide sous le réacteur afin de refroidir le magma en fusion. Malheureusement même après l'accident, aucun des mineurs ne fut réellement informé des risques qu'il prenait à travailler sous la centrale éventrée.

Certains mineurs moururent irradiés, en avalant par exemple un simple grain de poussière radioactif. Finalement le système de refroidissement ne fut jamais terminé et le tunnel fut simplement rempli de béton pour consolider la base de la centrale.

La désinformation

Dans l'esprit des autorités il n'était pas question d'ébruiter l'accident ni même de parler de contamination à qui que ce soit. C'est ainsi que le 30 avril Radio Moscou rapporta sans même connaître la situation à Tchernobyl que la qualité de l'eau potable et des réservoirs n'avait pas été affectée. Radio Kiev annonça même en commençant son journal que "seulement deux" personnes avaient été tuées, sous-entendant que ces deux victimes signifiaient que l'accident n'avait pas été grave.

La Pravda, organe du Parti Communiste durant 79 ans (depuis 1912), ce journal n'a jamais été objectif et très critique, pas plus que sa version moderne électronique Pravda.ru qui remplace la version papier depuis 1991, date à laquelle le président Boris Yelstin ferma le journal.

Les grands quotidiens de Moscou, Minsk et Kiev célébrèrent les festivités du 1er mai, reléguant l'accident survenu à Tchernobyl dans les pages intérieures et en dernière page de leur journal. 

Selon Radio Kiev, le rayonnement résiduel avait chuté de "1.5 à 2 fois" depuis l'accident du 26 avril 1986. Ils n'ont toutefois pas précisé qu'elle avait été le niveau initial de radiation. En marge des festivités, Radio Kiev parla également de la course de vélos qui se déroulait dans les rues de la ville et des rues envahies d'enfants en costume national. Tout cela donnait au monde extérieur l'impression que la situation était normale.

La situation concernant les victimes était identique, conforme à l'ordre donné par le Ministère de la Santé soviétique de ne pas donner d'information pertinente immédiatement après le désastre. Toutefois, du fait que Tchernobyl eut rapidement des conséquences internationales, les gouvernements et les scientifiques étrangers ont rapidement proposé leur aide.

Les autorités soviétiques furent donc obligées de publier certains chiffres bien qu'elles ne les divulguèrent qu'à un nombre restreint d'acteurs parmi lesquels les hôpitaux, les corps de pompiers et les travailleurs de la première heure qui épaulèrent les pompiers.

Sur le lieu de l'accident, les autorités insistèrent pour donner l'impression que tout se déroulerait de manière tout à fait normale. Les premières personnes évacuées seront les 45000 habitants de Pripyat dont 16000 enfants. Située à 3 km de la centrale, cette ville ne fut évacuée que le dimanche après-midi, soit plus de 12 heures après l'accident. L'évacuation était présentée comme nécessaire en raison d'une "situation radiologique défavorable" pour une durée de deux ou trois jours seulement; cela devait empêcher la population de prendre avec elle tous ses biens ce qui aurait ralenti leur évacuation. On connaît la suite de l'histoire.

Bien que l'incendie se propagea dangereusement vers le réacteur N°3, les réacteurs N°1 et 2 resteront en service durant 24 heures après l'accident.

Le 9 mai, le Ministre ukrainien de la Santé, Anatolii Romanenko fut interviewé par Radio Kiev et rassura les auditeurs en leur disant que les niveaux des radiations à Tchernobyl se trouvaient à présent dans les limites des standards nationaux et internationaux !

Le même jour cependant, il y eut une nouvelle émission radioactive du réacteur endommagé qui ne sera officiellement reconnue par les autorités qu'en juin 1989 (fait confirmé par l'écrivain et dissident russe Zhores Medvedev dan son livre The Legacy of Chernobyl) ! Toute la région dans un rayon de 65 km autour de la centrale fut contaminée.

La censure fut telle que le rapport public adressé par les Soviétiques à l'AIEA publié en août 1986 ne mentionna pas cette nouvelle émission de radioactivité, alors que ce rapport était jugé par la communauté internationale comme un signe d'ouverture du gouvernement de Moscou. Autrement dit, toute l'Europe a été bleufée par Gorbatchev alors que nous étions soi-disant en pleine "glasnost" (transparence) ! Mais à en juger par ses actions personnelles on peut considérer que ce sont les éléments conservateurs de son gouvernement qui l'ont empêché d'agir comme il le souhaitait, ce qui sera confirmé en 1991 lorsqu'il fut limogé.

A lire : L'accident de Tchernobyl réinterprété par la Pravda

Quand on prête à la science le mauvais rôle

QSL de Radio Moscou, aujourd'hui la "Voie de la Russie" (VOR). Cette station émet sur de nombreuses fréquences et 5 heures par jour en français en  ondes-courtes.

De la même manière, le 11 mai 1986, les scientifiques russes et ukrainiens qui avaient visité le lieu du désastre ont tenu une conférence de presse à Moscou où ils annoncèrent que la situation à Tchernobyl "était en voie de se stabiliser". L'ambassadeur russe en poste à Bruxelles fut questionné à ce sujet. Il considérait alors que l'incident était sous contrôle et ne nécessitait aucune mesure de précaution alors que le nuage radioactif était déjà passé au-dessus de la France et de la Belgique !

Au cours de leur conférence, les scientifiques rapportèrent que les pics de radiation mesurés dans la zone de 30 km autour du Tchernobyl avaient été de 0.10 à 0.15 mSv/h; le 5 mai ils étaient tombés à 0.02-0.03 mSv et n'étaient plus que de 15 μSv le 8 mai (Sovetskaya Belorussiya, 11 mai 1986). A les entendre tout était normal et personne ne risquait d'être contaminé.

Hans Blix, le directeur général de l'AIEA fut impliqué dans la mission de garantie (réassurance). Connu pour son intégrité, lors de la conférence de presse qu'il tint après sa visite de Kiev, il nota que la vie près de Tchernobyl se déroulait normalement. Les écoles étaient ouvertes et il y avait beaucoup de touristes étrangers dans les rues. Il s'avança même à dire que les champs de la région allaient bientôt être à nouveau cultivés et que les "habitations autour de la centrale nucléaire seraient saines pour y habiter".

Tout ces commentaires rassurants incitèrent la communauté internationale à ne pas trop s'inquiéter de la situation qui passa dans les journaux souvent après les informations générales voire pas du tout faute de faits nouveaux.

Le délai de deux jours pour reconnaître les faits et les 40 heures qu'il fallut pour organiser l'évacuation de Pripyat suggèrent que Moscou ignorait encore durant cette période ce qui se passait réellement à Tchernobyl. Toutefois, dès le 27 avril, les éditeurs du journal gouvernemental "Izvestiya" furent pressés de retirer l'article fournissant des détails sur l'évènement. En bref, si Kiev informa Moscou immédiatement qu'un incendie s'était déclaré à la centrale, les autorités soviétiques ne réagirent pas immédiatement. Il est probable qu'à l'instar des techniciens de la centrale, elles n'ont pris pas conscience de la gravité de la situation et de toutes ses implications.

C'est dans ce contexte surréaliste mais oh combien alarmant que ni le gouvernement d'Ukraine ni celui de Bélarus ne prirent d'initiative pour répondre à cette crise. Du fait de leur irresponsabilité, plusieurs millions d'habitants des deux pays furent gravement contaminés avec des séquelles physiques et mentales que l'on aurait certainement pu fortement réduire si les autorités avaient pris l'initiative d'évacuer les zones à risque et de distribuer des comprimés d'iode.

Le 2 mai, décidés à agir, deux responsables du Politbureau, Nikolai Ryzhkov et Yegor Ligachev, arrivèrent à Tchernobyl. Ils discutèrent du problème avec Shcherbina, Shcherbytsky, Lyashko et le Chef du Parti de l'Oblast de Kiev, Grigorii Revenko.

L'une des QSL de Radio Kiev émise en 1970. Aujourd'hui cette station n'existe plus et a été remplacée par la NRCU (HPKY), la Radio Nationale d'Ukraine sur 68.51 MHz et 105 FM.

Des mesures durent immédiatement planifiées pour évacuer toute la zone dans un rayon de 30 km autour de la centrale, y compris les villes de Tchernobyl et Pripyat où les lignes téléphoniques furent rapidement coupées. Les 30 km furent choisis arbitrairement. On découvrit plus tard que cette zone laissait à l'écart de nombreuses villes et villages contaminés par le nuage radioactif. Mais à l'époque cela semblait justifié par plusieurs raisons.

La première était que les autorités soviétiques devaient disposer de maisons et d'appartements disponibles pour reloger les évacués. Or la plupart des habitations se trouvaient à plus de 30 km de la centrale. 

De plus, les officiels se sont basés sur une zone contaminée à raison de 10 mSv/h durant les premiers jours après l'accident. Or plus tard, on apprit qu'à 65 km à l'ouest, à Narodichi Raion dans l'Oblast de Zhitomir, les autorités civiles locales avaient mesurés un taux de 30 mSv/h le 27 avril. C'est donc une valeur moyenne qui décida le gouvernement à désigner un rayon de 30 km à évacuer. Il ne donna aucune indication sur le taux de radiation à proximité immédiate de la centrale.

La première véritable conférence de presse aura lieu 15 jours après l'accident. C'est la première fois dans l'histoire de la Russie que les Russes "collaboreront" avec les instances occidentales et informeront officiellement leur population sans leur mentir. 18 jours après la catastrophe, le président Gorbatchev s'adressa enfin aux Soviétiques dans une émission télévisée pour leur annoncer que l'impensable s'était produit.

Durant toute cette période, les journalistes européens ne se sont jamais inquiétés des suites de l'accident et n'en n'ont jamais parlé au cours des journaux radios et télévisés ou dans la presse car on nous cacha à tous la vérité. Seuls les Chefs d'Etats et certains ministères étaient tenus au courant, mais la population européenne resta globalement dans l'ignorance quasi totale. Ce sont les habitants des pays Scandinaves, de l'Allemagne et du nord de la Belgique notamment qui seront les mieux informés mais pas de manière précise.

Ce n'est qu'aux alentours du 12 mai 1986, lorsque des scientifiques indépendants et les journalistes s'inquiéteront des niveaux de radioactivité présents dans certains aliments que les journalistes français notamment prendront conscience de l'ampleur du problème et que la population française apprit qu'on lui avait menti. Dans une moindre mesure ce fut la même situation en Wallonie, où le gouvernement fédéral jugea la population à l'abri de toute contamination alors que la Flandre avait pris des mesures préventives ! Malheureusement on sait aujourd'hui que des dizaines milliers de civils étaient déjà contaminés à leur insu. On en reparlera.

Prochain chapitre

La liquidation de Tchernobyl

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