CHAPITRE 19

12 000 ANS DE CATACLYSMES COSMIQUES


Un avertissement en guise de prologue

Il est nécessaire, avant d'aborder l'histoire de l'impactisme depuis 12 000 ans et le catastrophisme qui lui est associé, d'avertir le lecteur. Cela dans un souci d'honnêteté intellectuelle, car il est inutile de préciser que le sujet reste pour une bonne part spéculatif. Il est bien évident que si les choses étaient simples et la mémoire collective des hommes irréprochable, il n'aurait pas fallu attendre la fin du XXe siècle pour connaître les grandes lignes des catastrophes cosmiques et terrestres qui ont affecté à plusieurs reprises nos ancêtres de la protohistoire et de l'Antiquité, dans leur vie sociale, et même pour beaucoup d'entre eux dans leur chair.

Comme nous l'avons dit dans l'introduction et aux chapitres 4, 6 et 7, c'est seulement à l'époque actuelle que des éléments nouveaux et incontestables pour progresser ont été obtenus. Des éléments astronomiques surtout, grâce aux nouvelles techniques d'observation et à l'informatique. Ces progrès essentiels ont permis de mieux comprendre ce qui a pu se passer, et aussi de nous faire connaître de nombreux objets nouveaux, dont certains sont incontestablement apparentés aux comètes et aux astéroïdes responsables des catastrophes passées, c’est-à-dire des membres de la grande famille HEPHAISTOS.

En 1982, dans La Terre bombardée, nous avions entrepris la première tentative de reconstitution historique de l'impactisme terrestre et de ses conséquences humaines. Depuis le début des années 1950, plusieurs auteurs avaient déjà essayé de faire avancer le problème, mais il faut bien le dire sans réel succès, si ce n'est commercial parfois. Ces auteurs étaient pourtant souvent d'authentiques érudits, bien conscients que l'histoire ancienne des hommes était beaucoup plus complexe que celle, assez misérable, il faut bien le dire, qui était enseignée. Aucun n'était astronome malheureusement, c’est ce qui explique en partie leur échec en ce qui concerne les explications proposées.

Comme nous le disions dans la conclusion de notre livre, seuls des spécialistes des astéroïdes ou des autres petits corps du Système solaire (comètes, météores) avec l'aide des spécialistes de mécanique céleste étaient en mesure d'obtenir des éléments décisifs. Et c'est bien ce qui s'est passé, ce sont les astronomes, assez nombreux maintenant à s'intéresser à ce problème essentiel, qui ont fait la différence, notamment ceux de l’école britannique néo-catastrophiste, très en pointe sur le sujet, et surtout débarrassés de tous complexes superflus. Ils surfent donc avec aisance sur un terrain quasiment vierge.

Une obligation : sortir des sentiers battus

Nous avons rappelé les mésaventures d'Immanuel Velikovsky (1) dans le chapitre " Fausses pistes ", car son cas est exemplaire, on peut même dire caricatural. Son nom, comme ceux des autres grands pionniers du catastrophisme, est associé à un phénomène de rejet systématique. C’est encore vrai aujourd’hui (à une échelle moindre heureusement). Malgré tous les progrès récents qui montrent chaque année la réalité du catastrophisme d'origine cosmique, et comme tous les auteurs qui ont écrit sur le sujet, nous ne serons pas à l'abri de critiques plus ou moins virulentes de certaines catégories de scientifiques et d'historiens trop imbibés de classicisme. La nouveauté dérange, on le sait, elle déstabilise les mandarins en place qui ont du mal à admettre que de nouvelles approches, différentes des leurs, permettent de progresser là où ils ont échoué.

Pourtant, seule une approche vraiment nouvelle peut permettre de percer d'une manière satisfaisante le voile épais qui enveloppe encore l'histoire naturelle des hommes depuis 12 000 ans. Pour progresser il est nécessaire de sortir des sentiers battus.

L'histoire mondiale des différentes civilisations du passé est pourtant assez bien connue maintenant dans son ensemble (2/3). Des siècles de recherches et de découvertes ont permis de brosser une synthèse acceptable, bien que les documents écrits ou gravés authentiques remontant avant 2000 avant J.-C. soient rares, et qu'il subsiste de sérieux problèmes avec certaines langues mortes qui résistent à toutes les tentatives de déchiffrement. On sait que l'incendie des grandes bibliothèques de l'Antiquité et la destruction de plus d'un million de volumes et de papyrus, véritable mémoire écrite des hommes du passé, a été le plus grand fléau intellectuel qu'ait jamais connu l'humanité. C'est toute notre Histoire qui est partie en fumée dans cette démonstration de bêtise humaine, tare qui franchit hélas allègrement siècles et millénaires, car il est utopique d'espérer encore la découverte future de documents "miraculeux" qui éclaireraient d'un jour nouveau la protohistoire des hommes.

Ce manque de documents écrits ou gravés fait que l'on connaît très mal l'histoire naturelle des anciennes populations et civilisations. Seule leur histoire domestique est assez bien reconstituée, puisque c'est dans ce domaine que l'on trouve encore des traces indiscutables (villages, outils, bijoux, poteries, etc.). Les catastrophes naturelles qu'ont subi les populations ne sont jamais connues avec précision, mais survivent seulement camouflées sous formes de mythes plus ou moins obscurs et déformés. La meilleure preuve à ce sujet est la formidable éruption du Santorin, dont nous avons parlé au chapitre précédent, vers –1500, qui était déjà totalement oubliée dans la Grèce antique, seulement 1000 ans plus tard.

On se rend compte ainsi des difficultés qu'il y a à établir la chronologie et parfois la nature même des différents cataclysmes naturels du passé. Mais en cette fin de siècle, les choses s'éclaircissent quand même singulièrement grâce au travail de nombreux scientifiques catastrophistes, parmi lesquels il convient de citer Victor Clube et Bill Napier, deux astronomes britanniques, qui ont publié ensemble deux livres essentiels : The cosmic serpent (4) en 1982 et The cosmic winter (5) en 1990.

Pour écrire ce chapitre, nous avons tenu compte des nombreuses nouveautés notées dans les chapitres précédents, mais le canevas reste le même que celui retenu pour La Terre bombardée de 1982. En effet, les cataclysmes retenus restent les mêmes, explicités bien sûr par l'hypothèse HEPHAISTOS qui les éclaire parfois sous un jour vraiment nouveau et qui justifie aussi leur fréquence qui paraissait un peu suspecte autrement.

L'Apocalypse de l'an 10000 avant J.-C. : mythe ou réalité ?

Dans son dictionnaire Les archives de l'insolite, Jean-Louis Bernard, un érudit français, donne la définition suivante pour l'article "Apocalypse de l'an –10000" (6) :

" Série de catastrophes qui se produisirent vers l'an 9 ou 10000 avant notre ère, en touchant l'ensemble de la planète, et à propos desquelles il y a accord entre la Tradition et la science moderne. Enumérons ces cataclysmes : en Europe, fin de la dernière période glaciaire, peut-être à la suite d'une montée du pôle vers le nord actuel, par compensation, le dessèchement du Sahara préluda ou s'accéléra ; fin probable de l'archipel d'Atlantide ; en Afrique orientale, exhaussement brutal des monts, avec disparition d'une mer intérieure (aux sources du Nil) et d'un archipel (Pount), vers l'océan Indien ; exhaussement possible des Andes, avec disparition d'archipels en océan Pacifique (et isolement de la fameuse île de Pâques)... "

Cette définition n'est que très partiellement satisfaisante, car elle tente de regrouper sur une courte période plusieurs catastrophes prouvées, ou purement hypothétiques, d'époques en fait fort différentes, puisqu'elles s'échelonnent sur plusieurs milliers d'années. Nous aurons l'occasion de reparler de certaines d'entre elles. Ce qu’il faut retenir, c'est que cette date de –10000 (chiffre arrondi évidemment) est une date clé de l'histoire récente de la Terre et des hommes.

Mais d'abord, est-on vraiment sûr qu'il y a eu cataclysme ? Les avis ont toujours été et restent très partagés. La fin rapide de la dernière glaciation est une certitude (comme nous l'avons vu au chapitre précédent), avec ses deux conséquences principales : réchauffement du climat et surtout relèvement très important (de 100 à 180 mètres selon les régions) du niveau des eaux océaniques. Celles-ci ont complètement transformé la géographie côtière, en envahissant progressivement les différents talus continentaux.

L’hypothèse Sithylemenkat

L'astronomie propose deux solutions pour expliquer cette "Apocalypse de l'an –10000", et c'est sans doute l'une ou l'autre qui finira par emporter la décision, de préférence aux hypothèses purement terrestres qui expliquent moins bien la soudaineté du phénomène. Nous avons déjà parlé du cratère météoritique de Sithylemenkat, découvert en 1972 par le satellite Landsat 1, dans une région montagneuse et déserte de l'Alaska. Cette découverte a permis d'envisager une corrélation avec la fin de la dernière glaciation, puisque l'on a attribué (approximativement) un âge de 12 000 ans à ce cratère.

Une première étude géologique et géographique de la région eut lieu en 1969, avant même que l'on soupçonne l'origine météoritique du cratère (7), puisque vu du sol, rien ne semble indiquer son caractère exceptionnel. Il s'agit d'une vaste dépression de 12,4 km de diamètre et de 500 mètres de profondeur. Son nom dans l'idiome local signifie "le lac dans les collines", car au fond de la dépression existe un lac de 3 km environ de diamètre. Des échantillons prélevés à l'intérieur du cratère montrèrent une proportion anormale de nickel qui étonna les chercheurs. D'autant plus que cette forte concentration de nickel fut également mise en évidence dans des échantillons périphériques à la dépression elle-même. En outre, une étude magnétique de la région indiqua une anomalie négative associée avec cette dépression, ce qui signifie une intense fracturation du lit du cratère, en dessous de la zone d'impact.

S'il n'est pas reconnaissable du sol comme cratère d'impact, par contre Sithylemenkat fut immédiatement repéré par le premier Landsat, comme ce fut d'ailleurs le cas pour plusieurs autres formations disséminées dans le monde entier. Des reconnaissances aériennes effectuées en 1976 ont montré la présence de fractures dans les murs du cratère, et son origine cosmique n'est pratiquement plus contestée.

L'énergie cinétique libérée lors de l'impact de Sithylemenkat est de l'ordre de 1,1 ´ 1020 joules. Cette valeur est donc comparable à l'énergie dégagée par les deux événements les plus cataclysmiques de l'époque historique : l'éruption du Tambora en 1815 et le séisme du Chili en 1960. Cependant, bien que cette énergie dégagée ne soit pas extraordinaire en elle-même, il n'est pas tout à fait exclu qu'elle ait servi comme énergie additionnelle pour mettre en route, ou pour accélérer, un glissement de la lithosphère (rigide) sur l'asthénosphère (visqueuse) sous-jacente. Ce glissement aurait pu durer quelques dizaines ou centaines d'années et amener le pôle géographique à son emplacement actuel. Nous avons déjà parlé de ces migrations polaires auxquelles quelques (rares) scientifiques croient fermement, même si leurs causes, qui peuvent être multiples, restent encore mal connues.

Mais est-il vraiment crédible que le dernier déplacement soupçonné ait pu faire dériver l'écorce terrestre sur près de 3000 km, comme l'a écrit Hapgood, et amener le pôle géographique nord de la baie d'Hudson à son emplacement actuel ? Bien que ce mécanisme explique parfaitement la fin subite de la glaciation, beaucoup de chercheurs pensent plutôt à un cataclysme de moindre envergure.

Notons déjà deux choses concernant Sithylemenkat. D'abord la présence de nickel à l'intérieur et autour du cratère signifie obligatoirement l'impact d'une sidérite ou d'une sidérolithe. Ce qui exclurait que ce soit un fragment de HEPHAISTOS, objet carboné d'origine cométaire. Ensuite on peut remarquer que la simple collision d'un EGA de 600 mètres, comme ce fut le cas à Sithylemenkat, c'est-à-dire dans une région proche du cercle polaire, est capable de faire des dégâts très importants au niveau de la cryosphère. La fantastique chaleur dégagée a pu perturber la distribution des glaces sur plusieurs milliers de kilomètres carrés, mais de là à envisager qu'elle ait pu entraîner une déglaciation générale, il y a une marge infranchissable.

Un impact dans l’Atlantique ?

Venons-en maintenant à la seconde hypothèse astronomique plausible pouvant expliquer partiellement cette Apocalypse. Elle a le désavantage de ne pouvoir s'appuyer sur des preuves comme la première (l'existence d'un cratère météoritique de bonne taille), mais par contre elle éclaire d'un jour nouveau certains faits qui n'ont jamais pu être élucidés. Nous pensons notamment à l'extinction simultanée de millions d'animaux dont on a daté les restes au carbone 14 à 12 000 ans (vers –10000), et dont la mort fut pratiquement instantanée. Ce sont surtout les fameux mammouths qui ont défrayé la chronique à ce sujet, puisque l'on sait que certains d’entre eux furent gelés sur place dans plusieurs régions où le climat était alors fort différent de ce qu'il est aujourd'hui. Mais ce fut aussi le cas pour des milliers d'autres espèces d'animaux qui ont payé de leur vie le déclenchement subit d'un cataclysme aussi gigantesque que mystérieux.

Il faut donc revenir à l'idée de Cuvier dont nous avons rapporté les propos au chapitre 3 : cette "vague" géante qui a inondé les continents. En fait, la meilleure explication est encore la formation d'un tsunami d'origine cosmique, c'est-à-dire consécutif à un important impact océanique. Ce tsunami, qui pourrait avoir dépassé le kilomètre de haut d’après les simulations modernes, s'est transformé en un gigantesque mur d'eau et de boue au fur et à mesure de son avance sur les continents. Il a pu tout balayer sur son passage, et surtout détruire en un instant les frêles esquisses de civilisation des peuplades de l'époque, notamment celles qui vivaient à proximité des côtes, et faire reculer les survivants de ces civilisations dans l'enfance de quelques milliers d'années.

C'est probablement cette catastrophe obscure qui est restée dans la mémoire des hommes comme étant le Chaos ou bien encore l'Apocalypse, la vraie, la première, celle qui a survécu dans le subconscient des hommes à travers les millénaires. Elle a pu se doubler d'une période de recul, durant laquelle l'homme survécut misérablement, conscient de sa faiblesse face aux formidables forces cosmiques, d'où la mise en place d'un incroyable panthéon de divinités protectrices. Mais l'aventure humaine allait vite reprendre son essor irrésistible vers le Néolithique, quand les séquelles de la catastrophe s'estompèrent pour ne plus devenir qu'un souvenir d'apocalypse transmis de génération en génération.

Cette hypothèse de l'impact océanique a déjà été proposée par plusieurs auteurs, notamment par l'ingénieur et érudit allemand Otto Muck (1892-1956) (8) au début des années 1950. Comme Velikovsky, il s'est un peu discrédité en donnant une date trop précise pour l'impact de l'astéroïde responsable : le 5 juin de l'année 8498 avant J.-C. dans le calendrier grégorien, date qui selon lui correspondrait au jour Zéro de la chronologie des Mayas, qui on le sait remonte à plusieurs milliers d'années. Ce serait également d'après Muck, le fameux jour de la disparition de l'Atlantide (celle de Platon). Il donne de multiples raisons et arguments pour justifier son hypothèse, mais il n'a jamais pu convaincre le monde scientifique (très conservateur) de son époque.

Un leurre : l’Atlantide atlantique de Platon

Cette époque de –10000 (ou –8500 si l'on croit Muck) a été souvent utilisée par les auteurs qui ont écrit sur l'Atlantide. On sait, en effet, que Platon racontait dans ses deux récits, le Timée et le Critias, que c'est à cette date que s'était engloutie l'île mythique (et très controversée dès l'Antiquité), suite à un cataclysme dont il ne précisait pas d'ailleurs la nature mais qui remontait à soi-disant 9000 ans avant lui (Platon vivait au IVe siècle avant J.-C.). Plus de 5000 livres ou articles ont, dit-on, été écrits sur le sujet (9), et nous n'y revenons brièvement que pour faire deux remarques. D'abord, il est possible que le tsunami géant (s'il a réellement eu lieu) déclenché par un impact océanique ait détruit, outre bien sûr les populations, quelques petites îles et modifié quelque peu la géographie côtière de l'époque. Mais il ne peut avoir englouti définitivement une île grande "comme l'Asie (mineure) et la Libye réunies" pour reprendre l'expression de Platon. On pourrait certes alléguer qu'un impact sérieux a provoqué des séismes d'une magnitude extrême et englouti des continents entiers, mais l'examen des fonds océaniques n'a jamais confirmé ces engloutissements.

Ce qui est sûr, par contre, c'est que la fonte des glaces (quelle que soit sa cause) a fait remonter sensiblement le niveau des océans, comme nous l'avons déjà signalé, et que cette montée des eaux a rayé de la carte bon nombre de terres anciennement émergées. Mais les océanographes n'ont eu aucune peine à démontrer que cette montée des eaux a été progressive et s'est étalée sur plusieurs milliers d'années, en liaison avec le réchauffement général du climat de la planète. Donc, on peut dire que le tsunami a éliminé les populations côtières et îliennes et que la transgression marine a noyé des îles et plusieurs millions de kilomètres carrés de terres anciennement habitées.

Un fragment de HEPHAISTOS : une hypothèse crédible

De là à prétendre que le cataclysme de l'an –10000 a éliminé une civilisation de haut niveau en une ou deux nuits, comme le prétendait Platon avec son Atlantide, il y a un fossé immense que nous n'avons aucune raison de franchir. Nous avons vu au chapitre précédent que la majorité des spécialistes actuels placent sa disparition à une époque beaucoup plus récente, vers –1500, en liaison avec l'éruption cataclysmique du Santorin, et non neuf millénaires avant Platon. Rien n'a jamais confirmé une civilisation avancée (l'Atlantide ou autre) à cette époque.

Pour conclure et répondre à l'interrogation posée au début de cette section : " l'Apocalypse de l'an 10000 avant J.-C. : mythe ou réalité ? ", nous répondons : réalité, probablement. Nous redisons que les deux hypothèses astronomiques que nous avons évoquées sont plausibles, même si elles ne sont pas prouvées. Nous ne pensons plus qu'il soit possible de réunir les deux hypothèses en une seule, comme nous l'avons écrit en 1982. Le cratère météoritique de Sithylemenkat a été créé par une sidérite, alors que l'impact océanique a été plus probablement causé par un fragment de HEPHAISTOS, un astéroïde-comète carboné, beaucoup plus fragile, qui n'a probablement pas touché le sol sans se fragmenter ou même se désintégrer dans l'atmosphère. Il n'empêche que l'énergie dégagée a pu être tout à fait considérable. Rappelons que l'énergie du tsunami associé peut atteindre le dixième de celle du cataclysme responsable, sans parler évidemment des autres conséquences, notamment climatiques et écologiques.

L'âge du cratère de Sithylemenkat reste relativement imprécis, même si l'on sait qu'il s'agit d'une formation très jeune à l'échelle géologique. Si on arrive à prouver que son âge n'est pas très proche de 12 000 ans, alors l'hypothèse océanique deviendra nettement la plus probable.

Un impact sérieux en Autriche vers –6500

Le village de Köfels se trouve à environ 60 km au sud-ouest de Innsbrück dans le Tyrol autrichien, à 400 mètres d'altitude par rapport au fond de la vallée du massif de l'Ötztal. Il intéresse depuis longtemps les géologues, car sur son territoire se trouve une formation de 5 km de diamètre que l'on soupçonne d'être le plus récent des grands cratères d'impact terrestres. C'est une formation de montagne qui ne présente pas la netteté d'un cratère de plaine et qui pause des problèmes non résolus. Certains géologues modernes anticatastrophistes ne veulent même pas en entendre parler, ne voyant dans le "cratère" de Köfels qu'un résidu d'éboulement gigantesque. Pour eux, la montagne se serait effondrée pour une raison indéterminée, peut-être un tremblement de terre, peut-être aussi en liaison avec la fonte des glaces.

Il n'empêche que ces géologues sont bien en peine pour expliquer les éléments dont nous allons parler maintenant. On a trouvé, en effet, dans la région de Köfels de nombreux verres ressemblant à des pierres ponces vésiculaires qui ont été étudiées dès le XIXe siècle. Ces verres ont une composition chimique qui peut être expliquée par une courte et incomplète fusion à très haute température des roches préexistantes, suivie d'un très rapide refroidissement.

Les premiers chercheurs qui ont analysé ces verres, notamment Adolf Pichler (1819-1900) en 1863 et W. Hammer en 1923 (10), les ont interprétés comme étant les produits d'un événement volcanique, quoique aucun volcanisme récent ne soit connu dans les Alpes, et que la structure de Köfels n'ait rien d'une bouche volcanique. Conscients de ces anomalies, Otto Stutzer (1881-1936) en 1936 et Franz Suess (1867-1941) en 1937, ont proposé l'origine cosmique pour le cratère et les verres qui seraient donc bel et bien des impactites.

Depuis 1966, plusieurs géologues les ont étudiés à nouveau et ont confirmé qu'ils ne peuvent être volcaniques. De plus, le cratère a gardé des traces de la collision et on a pu mettre en évidence certains effets de métamorphisme de choc. C'est sûr qu'il y a eu éboulement, mais celui-ci a été la conséquence de l'impact qui a "cassé" la montagne. On doit donc parler pour l'origine du cratère de Köfels de "impact + éboulement", alors que d'autres géologues veulent s'en tenir à l'éboulement sans impact, ignorant les impactites qui demandent pour être formées une énergie d'une ampleur nettement supérieure à celle résultant d'un éboulement, même si celui-ci est d'envergure, ce qui a été le cas de toute manière.

Ce qui est particulièrement intéressant, c'est l'extrême jeunesse du cratère et des verres, notée dès les premières recherches. Toutes les datations modernes et précises ont confirmé cette jeunesse puisque la collision ne remonte qu'à 8500 ans environ, soit autour de la date historique –6500. A noter donc que ce cataclysme est plus récent de 3500 ans environ que l'Apocalypse de l'an –10000, qui fut, ajoutons-le tout de suite, une catastrophe d'une tout autre envergure.

Pour former le cratère de Köfels, il a fallu un petit astéroïde de 250 mètres de diamètre environ, très probablement d'origine planétaire. L'impact, selon les normes classiques, a libéré une énergie de l'ordre de 8,2 ´ 1018 joules, soit l'équivalent d'un très important séisme de magnitude 8,6. Un tel séisme reste cependant inférieur à celui relativement bien connu de Lisbonne, en 1755, qui libéra une énergie voisine de 1019 joules. On sait que ce cataclysme de triste mémoire reste à ce jour le principal séisme qui se soit produit en Europe depuis plus de 500 ans et le seul qui a probablement atteint la magnitude 9,0.

Même si la collision de Köfels n'a pu avoir que des incidences régionales au niveau énergétique, il est certain que le volume de débris expédiés dans l'atmosphère a été très important. Il y a eu probablement désintégration complète à l'instant de l'impact, puisqu'on n'a pas retrouvé de météorites dans la région. Comme pour d'autres cataclysmes similaires, les poussières résiduelles se sont dispersées sur pratiquement toute l'Europe (et sans doute au-delà) et ont entraîné une période de "ténèbres", ou tout au moins un obscurcissement de l'atmosphère, de plusieurs jours ou même plusieurs semaines, le temps que celle-ci se débarrasse de cet aérosol.

Cette collision probable remonte à –6500, et bien que la vallée de l'Ötztal n'ait sans doute été qu'assez peu peuplée à cette époque, il est probable qu'elle a été observée dans toute l'Europe centrale. La boule de feu avant l'impact a dû être formidablement brillante, aveuglante même, et les populations ont dû croire que le Soleil (ou un soleil) tombait sur la Terre. On peut donc penser que ce cataclysme a eu, avec d'autres non identifiés encore avec précision, des répercussions sur la mise en place de concepts religieux, sur la croyance en l'effondrement de la voûte céleste, et sur cette peur panique qu'avaient les Anciens que le ciel leur tombe sur la tête. L'impact de Köfels est l'un des jalons les plus reculés qui permettaient aux auteurs de l'Antiquité d'affirmer que la chute du ciel est cyclique.

On comprend mieux que la transmission de bouche à oreille d'un tel événement pendant plusieurs milliers d'années ait débouché sur de nombreuses variantes régionales. Plusieurs chutes de météorites beaucoup moins importantes ont aussi été observées par la suite, et elles ont sans doute servi à entretenir ce mythe de la chute du ciel, car ce n'est pas quand même tous les millénaires que tombe sur l'Europe un astéroïde de 250 mètres, comme celui qui forma le cratère de Köfels.

"La Nuit de l'écroulement des mondes" des anciens Égyptiens

Le Livre des Morts des anciens Égyptiens (11) est l'un des plus vieux documents que les hommes du passé nous ont légués. Il existait déjà (tout au moins les chapitres les plus importants) vers 2700 ans avant J.-C., sous le règne du pharaon Men-kau-ra de la IVe dynastie. Mais il pourrait remonter encore plus loin et dater du IVe millénaire avant notre ère.

L'un des leitmotive de ce Livre des Morts est la succession de catastrophes cosmiques qui a prévalu depuis la création des hommes, la fréquence de l'écroulement des mondes. Les cataclysmes cosmiques rappelés sommairement, et sans détails précis malheureusement, sont obligatoirement antérieurs à –2700 et ne peuvent être confondus avec le cataclysme beaucoup plus récent dont nous parlerons plus loin. Tout ce que l'on peut dire c'est que ces anciennes catastrophes cosmiques furent une réalité, même s'il n'est pas facile de savoir à quoi elles correspondent exactement et surtout quelles ont été leurs conséquences. Le Livre des Morts insiste particulièrement sur " la Nuit de l'écroulement des mondes " qui semble avoir été une catastrophe de réelle envergure, tout au moins au niveau de l'Afrique du Nord dans son ensemble.

Un impact en Afrique du Nord

De nombreux arguments laissent à penser que l'Afrique du Nord a probablement été victime d'un impact cosmique d'origine cométaire assez important, qui pourrait dater du début du Ve millénaire ou même de la fin du VIe millénaire avant J.-C. (autour de la date historique –5000). Plusieurs auteurs sérieux pensent en effet que l'Égypte archaïque était très différente géographiquement de l'Égypte historique, qui commence pratiquement avec Ménès, le pharaon qui vécut vers –3300 et qui fonda la première dynastie. Tous les documents semblent indiquer que les premiers Égyptiens venaient de l'ouest (12/13), d'où ils furent chassés par ce fameux cataclysme cosmique, et qu'ils s'intégrèrent avec une seconde ethnie venant du sud, à une population beaucoup plus primitive qui vivait déjà sur les bords du Nil.

Cette migration forcée des pré-Égyptiens nous pousse tout naturellement à soupçonner un impact saharien. Car ce n'est un secret pour personne, il est certain que cette zone immense, qui est aujourd'hui le plus grand désert du monde (avec environ huit millions de kilomètres carrés) et l'un des plus arides, était un territoire fort accueillant et verdoyant, habité dès la haute préhistoire. L'ancien Sahara était baigné par un grand fleuve, le fleuve des Tritons, qui coulait du sud au nord, parallèlement au Nil, et au bord duquel évidemment devaient vivre principalement les populations de l'époque. Le tracé de ce très étonnant fleuve fossile, fort important apparemment, a pu être reconstitué avec précision car il a laissé son empreinte indélébile, même si de nos jours elle n'est pas évidente pour les non-spécialistes. Le fleuve des Tritons descendait du Hoggar, et après un cours de 2000 km et la traversée de deux lacs importants (lacs Tritonis et Pallas) se jetait dans le golfe de Gabès, qui avait une géographie sensiblement différente de celle d'aujourd'hui. Ce n'était donc pas un simple ruisseau saisonnier, et depuis des millénaires il contribuait avec ses différentes ramifications à humidifier et à rendre prospère une vaste région.

La désertification du Sahara a toujours étonné les spécialistes des climats par sa rapidité fulgurante, notamment son début, car ensuite les choses s'enchaînent naturellement selon un processus bien connu. On le voit encore de nos jours avec l'avance catastrophique des sables et le recul parallèle de la vie dans le Sahel. Faire croire que ce sont quelques troupeaux de chèvres et autres animaux domestiques qui ont été la cause de la désertification des huit millions de kilomètres carrés du Sahara est une plaisanterie.

Il est beaucoup plus logique de penser que ce phénomène est dû au départ à un cataclysme naturel. Celui-ci n'a jamais pu être identifié, ni localisé avec précision, car il remonte à plusieurs milliers d'années, mais toutes les mythologies des peuples autochtones et périphériques, que ce soient les Égyptiens, les Marocains, les Berbères, les Touaregs et d'autres, parlent de cataclysme cosmique. Ce n'est pas pour rien. Nous penchons donc pour l'explosion dans la basse atmosphère, comme en 1908 avec le cataclysme de la Toungouska, d'un objet cométaire, ou d'origine cométaire. L'hypothèse HEPHAISTOS permet maintenant d'envisager sérieusement l'impact d'un des innombrables fragments générés par la désintégration de cet ancien centaure venu il y a quelques dizaines de milliers d'années dans le Système solaire intérieur.

Cette explosion dans l'atmosphère serait à la base du processus de désertification. Nous avons vu comment une telle explosion peut rayer toute vie sur plusieurs milliers de kilomètres carrés. Des incendies immenses de forêts, l'absence totale de végétation durant plusieurs années dans une région torride ont des conséquences climatiques et écologiques certaines. Les précipitations s'affaiblissent, la sécheresse s'installe, ce qui accélère ensuite l'ensablement, les fleuves et rivières s'assèchent et la désertification peut ainsi gagner très rapidement du terrain.

Des populations traumatisées

Ce scénario explique fort bien que les habitants de la région sinistrée aient été obligés d'émigrer vers les régions périphériques. Ce fut le cas pour les pré-Égyptiens, mais aussi pour d'autres peuples martyrs, ancêtres des populations actuelles d'Afrique du Nord. D'autre part, cette explosion dans l'atmosphère a pu entraîner une augmentation de la radioactivité (comme dans la région sinistrée de la Toungouska) et des radiations anormales et dangereuses. Le taux de radioactivité locale et régionale a pu dépasser les seuils supportables pour l'organisme humain. De nombreux textes du passé, qui ont été raillés un peu à la légère par des savants ignorant tout de l'impactisme terrestre, parlent de pollution biologique et même psychique.

Cette pollution biologique a pu déboucher à la fois sur une dégénérescence des cellules (de fait de brûlures et de cancers, notamment de la peau), et à la limite sur une dégénérescence de certaines espèces dans leur ensemble, et sur un gigantisme (noté également dans la région sinistrée de la Toungouska) probablement sans avenir durable. Or de nombreuses légendes parlent d'êtres dégénérés et de géants existant à l'époque protohistorique. Sont-elles tout à fait dénuées de fondement ? Ce n'est pas si sûr. Hésiode et Homère qui vivaient au premier millénaire avant J.-C. parlent encore de géants dégénérés, de Titans, de Cyclopes (14) et autres créatures suspectes. On raconte même que ces géants auraient survécu jusque vers l'an 1000 avant J.-C. dans le Haut-Atlas marocain, où la tradition populaire les prétendait cannibales.

On sait de manière formelle depuis l'événement de la Toungouska (même si certains chercheurs occidentaux, qui n'ont pas eu accès au site avant les années 1980, le nient avec véhémence), qu'une explosion dans l'atmosphère peut déboucher sur des mutations dans la faune et la flore par suite de radiations. Ce souvenir d'une population de géants, ou même de monstres, qui étonnaient tant les auteurs du monde antique, au point qu'ils ont consigné leur existence dans leurs chroniques et leurs légendes, était peut-être bien basé sur des faits et des observations réels.

L'avenir pourra peut-être confirmer cet impact saharien, le dater avec précision quand on connaîtra mieux le passé des fragments de HEPHAISTOS, et aussi localiser la région de l'impact d'une manière plus précise. En tout cas, cette hypothèse saharienne présente de multiples avantages, car elle explique d'une manière fort plausible à la fois le début ou l'accélération de la désertification du Sahara, l'exode des pré-Egyptiens et leurs innombrables allusions à cette Nuit de l'écroulement des mondes qui, apparemment, les avait sérieusement traumatisés. Bien que sa datation soit délicate, nous penchons pour moins de 2000 ans avant Ménès, disons vers –5000. Mais, comme nous l'avons dit, les astronomes du XXIsiècle devraient pouvoir sensiblement améliorer la précision de cette datation, très approximative pour le moment.

Un impact dans le Pacifique vers –2350

Dans toutes les régions du monde, les peuples anciens ont laissé pour la postérité des histoires concernant des déluges plus ou moins importants (15), conséquences de cataclysmes assez divers mais toujours meurtriers (crues exceptionnelles, pluies torrentielles durant plusieurs jours ou même plusieurs semaines, raz de marée, ouragans, déglaciation, rupture de digues naturelles, etc.). Le plus connu en Occident est bien sûr le Déluge biblique qui aurait eu lieu vers –4000, d'après certaines sources archéologiques et non plus d'après la Bible (qui le situe plus tard dans le temps), et qui aurait été causé soit par une crue exceptionnelle de l'Euphrate, soit par un raz de marée sismique venu du golfe Persique, peut-être en rapport avec la montée irréversible des eaux océaniques.

Mais ce Déluge, qui a bénéficié d'une publicité toute particulière du fait qu'il figure en bonne place dans la Bible (nous en avons parlé au chapitre 2), n'est probablement pas le plus important qu'ait connu la Terre depuis 12 000 ans. Parmi ces récits de déluges, plus ou moins obscurs comme toujours du fait qu'il s'agit souvent de catastrophes protohistoriques, plusieurs semblent concerner un même événement assez important, qui pourrait avoir été consécutif à l'impact d'un astéroïde ou d'une comète dans l'océan Pacifique autour de –2350, époque à laquelle plusieurs civilisations anciennes étaient en place et rayonnaient autour d'elles.

Certains peuples anciens du Pacifique parlent dans leurs légendes et traditions d'une "étoile tombée du ciel" ou d'une "énorme boule de feu" qui serait tombée dans l'océan ou même sur d'anciennes terres émergées, englouties depuis la catastrophe. Comme nous l'avons rappelé au chapitre 1, en Chine c'est le dragon Kong-Kong qui aurait fait écrouler l'une des colonnes du ciel un jour de colère en lui donnant un coup de tête et qui aurait provoqué le déluge. Toutes ces histoires ont un point commun : c'est l'origine astronomique du cataclysme, un objet cosmique est entré en collision avec la Terre. Événement qui n'étonnera plus outre mesure les lecteurs qui auront lu ce livre avec attention, puisqu'il se produit régulièrement depuis que notre planète existe. Les océans sont les principales surfaces terrestres visées, puisqu'elles occupent 71 % de la surface totale, et il est donc tout à fait logique qu'elles soient concernées par des collisions qui ont laissé leur empreinte, sinon physique, du moins historique et mythologique, dans l'histoire des peuples du passé.

La thèse du continent perdu dans le Pacifique (Mû ou un autre) a toujours passionné les amateurs de mystère et d'insolite, mais elle n'a jamais pu être confirmée par la science, notamment par les recherches océanographiques qui se sont multipliées depuis une cinquantaine d'années. Les fonds océaniques sont bien connus de nos jours, et leur formation et leur renouvellement constant à l'échelle géologique parfaitement explicités. Il est vrai cependant que les énigmes concernant le région restent nombreuses, notamment celles liées à l'origine de l'île de Pâques (16) et que des surprises de taille restent possibles. Ce qui est fort plausible pour le moment, c'est l'impact d'un objet cosmique qui remonterait à 4350 ans et ses diverses conséquences que nous allons examiner.

La collision a pu se produire à l'époque de Yao, l'un des empereurs légendaires de la Chine qui aurait vécu vers 2350 avant notre ère. A son époque, on signale plusieurs catastrophes qui ne seraient en fait que des sous-produits de l'impact. D'abord, un tsunami terrible qui aurait ravagé, outre les îles du Pacifique, l'Asie du Sud-est et notamment la Chine. La vague de plusieurs dizaines ou centaines de mètres ("elle montait jusqu'au ciel" racontent les légendes) aurait provoqué des inondations terribles. Ces inondations auraient été à la fois d'origine maritime, mais dues également d'autre part à des crues gigantesques, consécutives à des pluies torrentielles.

Nous avons vu plus haut que les collisions océaniques peuvent faire bouillir la mer, du fait de la chaleur engendrée (plusieurs milliers de degrés) et entraîner des quantités énormes de vapeur d'eau dans l'atmosphère. Cette vapeur d'eau se condense en nuages et provoque par la suite des pluies exceptionnelles que l'on peut assimiler à des déluges. Ainsi l'inondation se produit de trois côtés à la fois : de la mer, du ciel et des fleuves gonflés par les pluies diluviennes et qui quittent rapidement leur lit habituel. L'eau ne peut plus s'écouler pendant plusieurs semaines.

Signalons encore que ce cataclysme pourrait être bel et bien lié au Déluge biblique dont nous avons parlé au chapitre 2. Rappelons l'hypothèse (fausse) de Whiston et de sa comète de 575 ans, qui était contemporaine du Déluge, daté par les théologiens à 2349 ans avant l'ère chrétienne et aussi le fait que Noé aurait pu vivre en Chine à la même époque. Coïncidence ou relation de cause à effet ? Les astronomes du XVIIIe siècle se posaient déjà la question, et certains n’étaient pas loin de répondre positivement.

Enfin, si les légendes chinoises de l’époque ont un fond de vraisemblance, il n’est pas exclu que cette partie de l’Asie ait été victime de l’impact de plusieurs fragments mineurs d’un objet plus volumineux, ayant peut-être un rapport avec la désintégration de HEPHAISTOS.

La collision qui a bouleversé l'ordre du monde à la fin du XIIIe siècle avant J.-C.

Deux questions essentielles : quel objet et pourquoi cette date ?

Avec cette collision dont nous avons déjà beaucoup parlé tout au long de ce livre, nous arrivons à la dernière grande catastrophe d'origine cosmique qu'a subie la Terre. D'autres événements ont été postérieurs à celui-ci, comme par exemple la collision de l'époque de Josué, plus récente de seulement une quarantaine d'années et que nous avons évoquée au chapitre 2, mais aucune n'a pu atteindre l'ampleur de celle-ci qui a eu des répercussions sur au moins trois continents, l'Afrique, l'Asie (dans sa partie occidentale) et l'Europe.

Au chapitre 18, nous avons évoqué les cataclysmes terrestres qui ont eu lieu au IIe millénaire dans le Bassin méditerranéen, pour bien les différencier. L'éruption volcanique du Santorin, notamment, a toujours plus ou moins interféré avec le cataclysme cosmique et de nombreux auteurs l'associent encore aux Plaies d'Égypte et à l'Exode, bien que les époques diffèrent de trois siècles. Il est exclu que le début de cet Exode des Hébreux se soit passé à un siècle autre que le XIIIe avant J.-C., même si le problème du Pharaon incriminé dans cette histoire, et c'est un élément vraiment important, n'a été définitivement élucidé que durant le dernier quart du XXe siècle.

Certains égyptologues penchent encore pour Ramsès II (17), mais il s'agit déjà d'un combat d'arrière-garde. Le pharaon de l'Exode est très probablement le treizième fils de Ramsès II, connu sous le nom de Merenptah (et souvent en France sous celui de Mineptah) qui lui a succédé et qui a régné au moins cinq ans et au plus dix ans (de 1213 à 1203 avant J.-C. d'après les Égyptologues modernes). Les dates de règne de ces pharaons qui varient suivant les auteurs, selon qu'ils utilisent la chronologie haute ou la chronologie basse, d'une bonne vingtaine d'années (ainsi pour Ramsès II, la date de sa mort est 1236 avant J.-C. pour certains et 1213 pour d'autres), sont précisées aujourd'hui.

En toute logique, c'est la chronologie basse qui s'impose aujourd’hui pour des raisons astronomiques et historiques (18) et nous l'utilisons également, contrairement à ce que nous avions fait en 1982. De ce fait, le cataclysme de –1225 dont nous parlions se trouve avancé en –1208 (c'est-à-dire 1209 avant J.-C., date historique qu'il est bon de retenir) (19) pour des raisons que nous allons expliquer.

Les choses ayant sérieusement évolué depuis 1982, nous allons d'abord rappeler ce que nous écrivions alors (pp. 236-237) pour répondre aux deux questions de base qui se posaient alors à nous : quel type d'objet et pourquoi cette date ?

" Certains auteurs croient à une comète très importante, mais en fait c'est peu probable pour plusieurs raisons, dont la principale est que les impacts de comètes actives sur la Terre sont des événements extrêmement rares, puisqu'il ne s'en produit pas un seul en moyenne par million d'années. Nous penchons plutôt pour un cataclysme "courant" : l'impact d'un EGA cométaire qui s'est fragmenté en plusieurs morceaux et qui a eu tendance à se désagréger et à s'émietter tout au long de sa trajectoire intra-atmosphérique. Nous aurons l'occasion de voir pourquoi.

La date de –1225 résulte principalement de l'examen des textes égyptiens, notamment ceux découverts à Médinet Habou (partie sud de l'ancienne Thèbes occidentale) au XXe siècle seulement. Ces textes très importants ont été gravés sous le règne de Ramsès III, quelques dizaines d'années seulement après la catastrophe. Ce sont eux qui, seuls, permettent de dater avec précision (à quelques années près, ce qui est fantastique quand on sait le flou des datations anciennes) le cataclysme auquel il font allusion. Ces textes ont permis de cerner la période incriminée, qui ne peut être que celle de Merenptah, ou moins probablement l'un de ses deux successeurs directs. "

Sekhmet, Phaéton, Absinthe, Surt et les autres

Depuis l'écriture de ce texte, il y a eu en effet une nouveauté essentielle : la découverte que P/Encke et Oljato ne formaient qu'un seul objet il y a 9500 ans et qu'ils sont membres de la grande famille de HEPHAISTOS qui comprend, rappelons-le, un astéroïde aussi gros que Hephaistos qui a 8 ou même 10 km de diamètre moyen. Nous croyons aujourd'hui que l'objet céleste du XIIIe siècle était mixte, à la fois cométaire et astéroïdal, qu’il avait plusieurs kilomètres de diamètre, qu’il s’est progressivement disloqué dans l'atmosphère (heureusement !) et qu’il n'a touché le sol que d’une manière partielle, certains fragments ayant pu résister à la traversée de l’atmosphère, d’autres non.

Pour ce qui est de la période incriminée, le mérite en revient essentiellement au théologien et archéologue allemand Jürgen Spanuth (1907-1998) (20) qui a étudié cette période troublée avec beaucoup de pertinence. Cet auteur, à la recherche après beaucoup d'autres de l'Atlantide, a cherché à démontrer que les fameux Peuples de la Mer, dont il est longuement question dans les textes gravés de Médinet Habou, ont été chassés de leur région d'origine (un ancien empire de la côte occidentale du Schleswig-Holstein en Allemagne du Nord, partiellement englouti aujourd'hui dans la mer du Nord, et qui serait l'Atlantide d'après Spanuth) à la suite du cataclysme cosmique de –1208. Spanuth, en se basant sur des calculs de l’astronome allemand Mario Zanot, imputait ce cataclysme à un passage très rapproché de la comète P/Halley en –1226 et à un impact d'un fragment de cette comète qu'il pensait être Phaéton (rebaptisé, nous l'avons vu, Surt dans la mythologie germanique et nordique), dont la légende transmise par Ovide (voir le texte au chapitre 1) est parvenue jusqu'à nous.

Disons tout de suite que cette quasi-collision entre la Terre et P/Halley supputée par Zanot et retenue par Spanuth est exclue. Par contre, Phaéton est bien l'un des noms associés à la catastrophe cosmique, avec de nombreux autres dont les plus connus sont Typhon en Grèce, Anat en Syrie, l'étoile de Baal en Canaan (Palestine et Phénicie), Absinthe (l'étoile de l'Apocalypse) chez les Hébreux, Surt dans les pays du nord et surtout Sekhmet en Égypte. Nous garderons ce dernier nom, pour continuer l'histoire, car ce sont les textes égyptiens qui, grâce surtout à un passage capital des fresques de Médinet Habou, permettent de démontrer que c'est un même cataclysme qui a concerné l'Égypte et les pays du Nord.

" Le feu de Sekhmet a brûlé les pays du neuvième cercle. " (21)

Il faut savoir pour comprendre l'intérêt et l'importance de cette citation que, dans l'Antiquité, la Terre était divisée en neuf cercles parallèles (un dixième concernait l’axe du monde lui-même) et que le neuvième cercle concernait les pays de l'extrême nord de la Terre connus à cette époque (en gros la Suède, la Norvège, le Danemark, l'Allemagne du Nord et aussi l'Islande actuelles).

Spanuth explique dans son livre, en citant de nombreuses sources de différentes époques, les raisons qui lui permettent de dater (approximativement) la collision et sa relation avec la comète Phaéton, dont il raconte également la légende dans la version d'Ovide.

" Il est possible de dater les catastrophes naturelles rapportées par cette légende car il y est dit, par exemple, que "la Libye devint un désert" et que, parmi de nombreux autres fleuves, "le Nil fut mis à sec".

Ces deux événements ne sont rapportés qu'une seule fois dans les textes de l'ancienne Égypte. Dans l'inscription de Karnark on trouve, pour la cinquième année du règne de Merenptah (1232-1222 avant J.-C.) : "La Libye est devenue un désert infertile, les Libyens viennent en Egypte pour chercher la nourriture de leur corps" (Hölscher, 1937).

Ramsès III rapporte, dans les textes de Médinet Habou : "La Libye est devenue un désert, une redoutable torche lança les flammes du ciel pour détruire leurs armes et pour ravager leur pays... Leurs os brûlent et grillent dans leurs membres".

Il est dit également dans les textes de Médinet Habou que le Nil aurait été asséché. On y lit entre autres : "Le Nil était asséché et le pays était livré à la sécheresse" (tableau 105)...

Dans les textes de Séti II (vers 1215-1210 avant J.-C.), on trouve : "Sekhmet était une étoile qui tournait en lançant des flammes, une gerbe de feu tempétueuse" (Breasted, Ancient Records of Egypt, 1906-07).

Dans une inscription de Ougarit (Ras Shamra) datée de l'époque qui précéda de peu la destruction de la ville au cours du derniers tiers du XIIIe siècle avant J.-C., on trouve "L'étoile Anat est tombée du ciel, elle a massacré la population du pays syrien et elle a inverti le crépuscule ainsi que la position des étoiles" (Bellamy, 1938). " (22)

Ce passage contient une information capitale : La collision se serait passée lors de la cinquième année du règne de Merenptah, soit l'année 1209 avant J.-C. si l'on utilise la chronologie basse comme nous le faisons (Spanuth, lui, utilise la chronologie haute (23), comme on le faisait encore généralement dans les années 1970). Cette année 1209 peut en fait s'écarter de quelques années de la réalité, car l'on sait que les dates de règne de Merenptah ne sont qu'approximatives. Si l'on en croit les Égyptologues modernes, Merenptah aurait eu pour successeurs directs : Amenmès (1203-1200) et Séthi II (1200-1194). Or ce dernier a laissé le texte rappelé ci-dessus et est donc obligatoirement postérieur au cataclysme. On voit donc que maintenant la fourchette est étroite, et l'impact comme tout le laisse à penser a bien eu lieu dans la dernière décennie du XIIIe siècle avant J.-C.

La trajectoire de Sekhmet et les conséquences du cataclysme

Peut-on essayer de reconstituer l'orbite intra-atmosphérique de Sekhmet, qui était considéré par les auteurs de l'Antiquité soit comme une comète (le plus souvent), une étoile, une boule de feu, un nœud de flammes, un deuxième soleil, un serpent ou un dragon ? A notre avis, c'est très possible, car les traces de son passage sont nombreuses dans les textes des Anciens. Sekhmet venait de l'océan Indien et suivait une trajectoire sud-est/nord-ouest. Première chose quasi certaine : la collision a eu lieu de jour.

On signale d'abord son passage en Éthiopie et en Arabie. Apparemment, l’objet cosmique, qui a probablement subi une première fragmentation partielle en traversant les hautes couches de l’atmosphère, continue de se disloquer, de s'émietter et perd une partie substantielle de sa matière, probablement de couleur rouge, puisque c'est à cette époque que l'Érythrée et la mer Rouge vont recevoir leur nom. Les morceaux de Sekhmet, qui a déjà la forme d'un "dragon" du fait qu'il est suivi d'une épaisse et longue traînée de poussières, s'écartent un peu les uns des autres grâce à "l'effet fusée". L'un de ceux-ci explose au-dessus de la Libye (qui devient définitivement désertique seulement à cette époque) et un autre au-dessus de la Syrie (qui est victime d'incendies gigantesques). Un troisième fragment tombe peut-être dans la Méditerranée (c'est l'épisode biblique du "puits de l'abîme", un l’impact suivi d’une éruption) et cause des séismes et un tsunami.

Mais le corps principal continue sa route vers le nord-ouest, passe au-dessus de la Grèce, brûlant plusieurs régions, détruisant de nombreux palais et entraînant en définitive la disparition de la culture mycénienne. On perd alors sa trace, mais en fait Sekhmet survole l'Europe centrale (où les Celtes et d'autres peuples sont des témoins effrayés qui conserveront une peur panique, quasi maladive, des dangers venant du cosmos), puis l'Allemagne du Nord et le sud de la Scandinavie (c'est l’épisode du Ragnarök rappelé au chapitre 1, avec Surt arrivant du sud avec les Géants du feu), avant d'exploser ou de heurter l'océan Atlantique ou la mer du Nord. Cet impact final pourrait avoir été multiple, si les Géants du feu de la légende constituaient de nouveaux fragments de l’objet principal.

On ne peut savoir avec exactitude si finalement il y a eu explosion dans l'atmosphère ou impact océanique. Il faut rappeler ici ce que nous avons expliqué au chapitre consacré aux comètes. Le disque de Kuiper est composé de milliards d'objets de nature hétéroclite. Beaucoup sont des comètes formées quasi exclusivement de glace et de poussières très grossièrement agglutinées. D'autres sont des astéroïdes rocheux, d'autres sont des objets mixtes. Il n'est même pas tout à fait exclu que certains gros objets soient différenciés, avec donc la possibilité d'un noyau ferreux et nickélifère. Si l'objet de –1208, probablement issu de HEPHAISTOS et autonome depuis seulement quelques milliers d'années, était un fragment cométaire (genre P/Encke), nous ne croyons pas qu'il y ait pu avoir un impact terrestre (ou océanique bien sûr). Par contre, il reste possible que le dernier fragment qui a survolé l'Europe du nord pouvait être partiellement rocheux, et donc avoir une densité supérieure (de l'ordre de 3,0 g/cm3 peut-être), dans quel cas ce bloc, ou seulement une partie de celui-ci, aurait pu percuter l'océan.

Quoi qu'il en soit, et même s'il y a eu seulement désintégration dans l'atmosphère au stade final, il est quasiment sûr qu'un gigantesque tsunami se forme et revient vers l'Europe. C'est lui qui balaie "l'empire englouti de la mer du Nord" cher à Spanuth, peut-être à la suite d'un bouleversement isostatique post-impact (la région se serait enfoncée soudainement de dix mètres d'après certains géologues) et qui pousse les Peuples du Nord (qui deviendront bientôt une composante des Peuples de la Mer) à un exil forcé vers le sud de l'Europe, comme le racontent si bien les prisonniers de Ramsès III, dessinés d'une manière très précise, sur les fresques de Médinet Habou. L'épopée du Ragnarök a conservé tous ces divers stades du drame cosmique (et surtout humain), qui ont été transmis par la suite de génération en génération.

Le fait que cette orbite intra-atmosphérique soit possible, et il suffit de regarder un atlas pour s'en persuader, est très important, car une mauvaise répartition des zones géographiques sinistrées exclurait une catastrophe unique. Pourtant, une telle catastrophe unique est probable, car les récits de catastrophes transmis par les Anciens se rapportent réellement à une même époque.

L'hypothèse de la comète active, du noyau de comète, ou de l’objet mixte permet d'expliquer assez bien les diverses conséquences associées à Sekhmet. L'extrême chaleur constatée serait due à l'échauffement progressif du corps céleste (qui aurait atteint plusieurs milliers de degrés) et aussi à la formidable onde de choc qui l'accompagnait et qui aurait créé des désordres atmosphériques sérieux (ouragans, etc.). Le bruit infernal, les séismes, les explosions, les ténèbres, les incendies gigantesques, les tsunamis, le tarissement et l'empoisonnement des fleuves (le Nil fut asséché d'après Ovide) s'expliquent fort bien, de même que le "monde rouge" qui a tant étonné les Anciens.

Les multiples mouvements de populations constatés en cette fin de XIIIe siècle et dans le premier quart du XIIe avant J.-C. s'expliquent également. Ces peuples furent conduits à l'exil parce que leurs ressources naturelles habituelles étaient détruites ou empoisonnées, la géographie chamboulée. Pour survivre, il fallait partir ailleurs, quitter sa région, souvent sans espoir de retour, et automatiquement se frotter aux autochtones qui voyaient d'un bien mauvais œil des étrangers émigrer sur leurs terres. De tels exodes massifs débouchent obligatoirement sur la guerre et sur une refonte des sociétés humaines. Tout cela est observé entre –1208 et –1180. En une seule génération souvent, on note des transformations inexplicables si on ne prend pas en compte les conséquences du drame cosmique. Comme l'ont si bien dit les Égyptiens du temps de Ramsès III, une trentaine d'années seulement après le cataclysme, et dont beaucoup avaient été les témoins oculaires :

" Sekhmet a bouleversé l'ordre du monde. " (24)

Après le passage de l’objet cosmique et les conséquences terrestres et humaines qu'il a engendrées, aucune des anciennes civilisations sinistrées ne survécut sans des remaniements profonds.

Cet événement est pourtant totalement passé sous silence dans les livres sur l’Antiquité, car les historiens du passé et ceux de la génération actuelle n’ont jamais pris en compte le cataclysme dans leurs travaux, faute de documents suffisamment explicites laissés par les Anciens. C’est pourquoi l’histoire ancienne devra être réécrite à la lumière des cataclysmes mis en évidence par les chercheurs actuels. Cela ne pourra se faire que par une nouvelle génération d’historiens.

Sekhmet et l'Exode

Nous ne pouvons pas dans le cadre étroit de ce chapitre, nous appesantir trop longtemps sur l'impact de –1208 (il faudrait un livre entier pour être complet et citer tous les textes et les conséquences qui lui sont associés), mais il faut quand même dire quelques mots sur l'Exode des Hébreux qui se situe probablement à la même époque. La majorité des théologiens et des spécialistes de la Bible sont d'accord, en effet, pour considérer que Merenptah était le pharaon de triste mémoire qui persécuta les Juifs et les poussa à la rébellion et à l'Exode.

Certaines des dix plaies trouvent naturellement leur place suite à la catastrophe cosmique de –1208. Particulièrement, les plaies 1 (l'eau changée en sang du fait de la pigmentation rouge des poussières issues du corps céleste), 5 (la peste du bétail), 6 (les ulcères), 7 (le tonnerre et la grêle) et 9 (les ténèbres) sont des conséquences "normales" de l'explosion d'une comète ou d'un astéroïde d'origine cométaire.

On sait qu'il y a eu probablement un nombre accru de cancers de la peau et de brûlures à cette époque (" Leurs os brûlent et grillent dans leurs membres ", rappellent les textes), ils s'expliquent fort bien par les radiations associées à l'explosion et à l'augmentation de la radioactivité au niveau régional. On l'a constaté avec l'explosion de la Toungouska qui était probablement un cataclysme analogue, peut-être même causé par une matière identique si l'origine des deux objets est la même, mais d'une amplitude beaucoup moins forte. L'objet de la Toungouska ne dépassait pas 100 mètres de diamètre, alors que Sekhmet était sans doute de taille kilométrique avant sa première fragmentation.

Il y a un problème en ce qui concerne le Passage, qui n'a sans doute pas pu avoir lieu seulement quelques jours après la collision, comme nous le laissions entendre en 1982, pendant la période post-catastrophe. Pour expliciter ce point obscur, relisons La Terre bombardée de 1982 (p. 242) :

" Quant au fameux Passage, où qu'il ait eu lieu, car les avis ont toujours divergé (mer Rouge, mer des Roseaux, etc.), il a dû avoir lieu quelques jours après la collision de Sekhmet, pendant la période "post-catastrophe" quand les ouragans faisaient encore rage et quand la vie normale n'avait pas encore retrouvé tous ses droits. Ce Passage s'explique obligatoirement par le retrait provisoire de la mer, avant son retour furieux sous la forme d'un tsunami ou d'une trombe d'eau. Que les Juifs aient profité de la confusion générale associée à cette période particulièrement troublée, il n'y a rien là d'invraisemblable. On comprend même que principaux bénéficiaires (peut-être les seuls en fait) du cataclysme cosmique, ils se soient considérés comme le "peuple élu". Les théologiens, avec cette nouvelle hypothèse assez vraisemblable, pourront sans doute améliorer la théorie de l'Exode qui laissait pour le moins à désirer jusqu'à maintenant. Sekhmet leur ouvre une voie nouvelle. "

Nous serons moins affirmatif aujourd'hui, mais aussi plus précis, pour les raisons suivantes. Au chapitre 1, nous avons rappelé un texte égyptien qui précise que le cataclysme a eu lieu un 12 Tybi, date qui correspond au 30 octobre 1209 avant J.-C. (soit le 30 octobre –1208), si la catastrophe a bien eu lieu cette année-là, date que nous proposons pour la première fois à la communauté scientifique et qu'il sera peut-être nécessaire d'ajuster quelque peu. (25)

On sait, par contre, par les textes hébreux que le Passage a eu lieu au début du printemps, au mois de mars, période plus tardive de quatre à cinq mois environ. Quatre questions se posent donc concernant cet important épisode biblique :

1. La date du 12 Tybi correspond-elle à la catastrophe de –1208, ou bien à une autre catastrophe antérieure ? (on sait qu'il y en a eu d'autres durant les millénaires précédents).

2. L'intervalle de quatre ou cinq mois pourrait avoir été marqué par les plaies qui ont d'abord agacé, puis fait peur aux Égyptiens et les ont décidé à laisser partir les Hébreux sous la direction de Moïse. On pourrait alors expliquer partiellement la mort des nouveau-nés (qui a toujours paru inexplicable et qui a donc été considérée comme une fable), qui ne serait en fait que la conséquence d'un empoisonnement des fœtus dû à une radioactivité résiduelle mais bien réelle dont nous avons parlé plus haut, et qui aurait ainsi entraîné la non-viabilité ou l'anormalité de ces nouveau-nés "post-catastrophe" ou des accouchements prématurés ou des avortements suspects. Mais est-ce vraiment crédible ? (Rappelons que Tchernobyl, pour d'autres raisons, a montré qu'une forte radioactivité n'avait rien de bon pour les femmes enceintes et surtout pour leur descendance).

3. Peut-on croire que la période post-catastrophe en Égypte ait duré près de six mois ? Quand on lit la Bible, on se rend bien compte qu'il a fallu un certain temps à Pharaon pour se décider et qu'il est resté sourd avant de répondre affirmativement à la demande de départ des Hébreux. Et d'autre part, le cataclysme cosmique et l'Exode ne peuvent pas être tout à fait concomitants. Si le pays était totalement détruit, il paraît évident que le pharaon avait autre chose à faire en urgence, plutôt que de lever une armée et aller courir après des pseudo-ennemis qui pouvaient bien attendre. En fait, l'écart de plusieurs mois entre les deux événements paraît probable (il pourrait même se chiffrer en années, si Merenptah a vraiment régné dix ans et non seulement six dans notre hypothèse). Par contre, comment expliquer alors le tsunami ou la trombe d'eau qui a "ouvert" la mer des Roseaux, point de passage le moins large, et donc le plus probable ? L'avenir permettra peut-être d'éclaircir un peu ce problème, assez obscur il faut bien le dire.

4. Quel était donc le pharaon de l'Exode qui permet de dater avec précision l'épisode du Passage ? On a la réponse aujourd'hui d'une manière quasi certaine : c'était bel et bien Merenptah, comme l'a montré brillamment Maurice Bucaille (26). Cet érudit, chirurgien de profession et spécialiste des Écritures saintes, s'est demandé dans les années 1970 si l'on ne pourrait pas tenter d'obtenir des signes directs de la participation d’un pharaon à l'Exode. Il a eu l'idée (qui rappelle celle de Luis Alvarez pour l’iridium) d’autopsier les momies de différents pharaons de l’époque qui sont conservées en Égypte depuis plus de 3000 ans et aussi la chance de pouvoir effectuer ces examens extraordinaires (27). Le résultat est sans appel : Ramsès II est exclu, c'était un vieillard invalide à la fin de sa vie ; par contre Merenptah est décédé de mort violente, avec notamment un sérieux traumatisme crânien. Tout porte à croire qu'il est mort durant l'Exode et que son corps a été récupéré et aussitôt embaumé. La momie de Merenptah ne fut retrouvée qu'en 1898 et identifiée comme étant la sienne en 1907 seulement. C'est le fait même qu'on l'ait retrouvée qui fit croire à une majorité d'Égyptologues et de théologiens du XXsiècle que Merenptah ne pouvait pas être le pharaon de l'Exode, supposé mort noyé durant le Passage. Noyé peut-être, mais récupéré sûrement !

L'impact cosmique de l'époque de Josué

Nous avons déjà abordé ce cataclysme au chapitre 2 concernant les textes et les légendes bibliques. Nous l'abordons ici d'une manière historique, puisqu'il trouve normalement sa place dans la liste des collisions cosmiques ayant affecté la Terre depuis 12 000 ans.

Cet événement est intéressant, bien, semble-t-il, qu'il n'ait pas eu l'importance des catastrophes plus anciennes que nous avons déjà passées en revue. Les textes bibliques associent (involontairement en fait, car les compilateurs du texte qui nous est parvenu n'ont jamais fait la liaison génétique entre les deux événements) le pseudo-miracle de Josué (l'arrêt du Soleil) et la chute de pierres qui décima les ennemis d'Israël (relire les textes au chapitre 2). Cet impact cosmique qui a eu lieu, d'après la Bible, 40 ans après le précédent qui datait de l'époque de Moïse, s'explique beaucoup mieux aujourd'hui à la lumière de l'hypothèse HEPHAISTOS. En effet, cette succession de deux cataclysmes quasiment dans la même région à 40 ans d'intervalle paraissait pour le moins suspecte (et même invraisemblable) aux spécialistes de l'impactisme et semblait fort difficile à expliquer. Comme quoi, il faut croire (partiellement) aux textes des Anciens, les données scientifiques finissent quelquefois à les expliquer d'une façon satisfaisante.

Rappelons d'abord sommairement ce que cache le Complexe des Taurides, comme l'appellent les astronomes, pour bien comprendre cet événement. Il s'agit de multiples essaims d'objets astéroïdaux et cométaires, de météoroïdes et de poussières qui circulent sur des orbites relativement similaires et qui sont les débris d'un objet unique, l'ancien centaure HEPHAISTOS, qui a été introduit dans le Système solaire intérieur, il y a quelques dizaines de milliers d'années, à la suite de perturbations planétaires.

Ce gros objet a été ensuite brisé en d'innombrables fragments, en plusieurs épisodes successifs, ce qui a entraîné une dispersion importante de la matière originelle. Toute cette matière hétéroclite partage la même route (une route assez large quand même du fait de l'accumulation des diverses perturbations), et parfois certains fragments entrent en collision avec une planète, quand ils se retrouvent au même moment à un point de croisement commun. Pour l'essaim des Taurides, qui est plus spécialement lié à la comète P/Encke, dont la période de révolution est de 3,3 ans (28), la rencontre avec la Terre peut se produire toutes les trois révolutions : 3,3 ans ´ 3 = 10 ans. Tous les dix ans (aux perturbations près), la Terre est donc davantage menacée par un impact qui peut être d’importance très variable.

Cela s'est produit en –1208 (à quelques années près) et aurait pu se reproduire avec un décalage de dix ans en –1198, en –1188 ou en –1178. La rencontre s'est apparemment reproduite au quatrième croisement (29) en –1168, et cet événement ne peut pas choquer les astronomes, s'il s'agit d'un fragment réellement originaire du Complexe des Taurides. Rappelons aussi qu'au XXe siècle, la collision de la Toungouska a été probablement une catastrophe du même type, peut-être même avec la même matière originelle, mais différente quand même dans la mesure où en 1908 il n'y a pas eu de chute de pierres, mais désintégration totale dans l'atmosphère de l'objet cosmique.

Pour en revenir à l'époque de Josué, il y a eu donc explosion dans l'atmosphère d'un fragment cométaire (peut-être de taille hectométrique). La diffusion des poussières issues de la désintégration a permis une prolongation inhabituelle du jour (tout à fait anormale et donc "miraculeuse" pour les témoins oculaires), comme nous l'avons raconté au chapitre 2. Par une chance inouïe (et sans doute un peu "arrangée" par les auteurs du texte original), une chute de pierres a pulvérisé les ennemis d'Israël. Cela montre que le fragment en question était partiellement rocheux et non constitué en totalité de glace et de poussières agglomérées. Mais comme nous l'avons signalé à plusieurs reprises, il n'y a rien là d'anormal, vu l'hétérogénéité du corps céleste originel.

Seule l'existence du texte biblique a permis de recenser cet événement, probablement secondaire sur le plan énergétique et au niveau des dégâts réels engendrés par l'explosion. Quelques vies humaines peut-être, qui se sont transformées pour les besoins de la cause en une armée "sélectionnée" par Dieu, et en un fait d’armes à transmettre aux générations futures pour bien montrer la puissance du Créateur. Plus scientifiquement, en résumé, un événement d'origine cosmique ordinaire, comme la Terre dans sa totalité a dû en compter plusieurs dizaines depuis 20 000 ans, mais qui restent, eux, inconnus faute de témoignages humains et de textes les ayant relatés et datés avec précision.

Quelques autres collisions non datées

Nous avons retenu dans ce chapitre six cataclysmes importants probables depuis 12 000 ans, mais comme nous venons de le dire, il est certain que quelques autres, plus ou moins importants, ont eu lieu également. Signalons surtout que nous n'avons recensé que deux impacts océaniques, alors qu'ils doivent se produire dans une proportion de 7 sur 10, on voit déjà là qu'il y a un très important déficit.

Actuellement, on ne peut ni dater, ni situer géographiquement ces cataclysmes d'origine cosmique hypothétiques. A quelles catastrophes correspondent les légendes d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale, d'Amérique du Sud et du nord-est de l'Asie ? En Inde également, plusieurs allusions concernant la chute d'étoiles et de météorites meurtrières figurent dans les livres sacrés. Chez les Indiens Parsis, c'est l'étoile Tistrya qui aurait causer à la fois un incendie de grande envergure et un déluge, ce qui semble contradictoire à première vue. Le mystère reste total aujourd'hui sur la cause réelle et la date de ces catastrophes.

Combien d'entre elles peuvent être reliées à des fragments de HEPHAISTOS qui auraient percuté la Terre ? Rappelons qu'un astéroïde comme Oljato, membre de cette grande famille cosmique, est sur une orbite de quasi-collision avec notre planète alors que sa sœur jumelle, P/Encke, ne l'est pas. On voit que les choses ne sont pas simples et que l'avenir réserve de belles surprises.

Dans un livre dont la lecture fait réfléchir, Les mystères des mondes oubliés, Charles Berlitz (30) cite des extraits de plusieurs livres classiques de l'Inde concernant une mystérieuse "météorite de fer". De nombreux auteurs, spécialistes des ovnis et des civilisations "supérieures" disparues, ont également utilisé ces textes pour faire de cet objet céleste un missile ou un ovni. Mais les textes sont clairs, ce qu'ils décrivent, ce n'est rien d'autre qu'une météorite de fer qui provoqua un "feu du ciel" qui marqua profondément les esprits des témoins.

" ... Un projectile unique chargé de toute la puissance de l'univers. Une colonne incandescente de fumée et de flammes, aussi lumineuse que dix mille soleils, s'éleva dans toute sa splendeur... C'était une arme inconnue, une météorite de fer, un gigantesque messager de mort qui réduisit en cendres la race entière des Vrishnis et des Andhakas... Les cadavres étaient à ce point brûlés qu'ils étaient méconnaissables. Leurs cheveux et leurs ongles tombaient d'eux-mêmes ; les poteries se brisaient sans cause apparente, et les oiseaux devenaient blancs. Après quelques heures, tous les aliments étaient contaminés... Pour échapper à ce feu, les soldats se précipitèrent dans les cours d'eau...

... Une météorite de fer, par laquelle tous les individus de la race des Vrishnis et des Andhakas furent réduits en cendres... une cruelle météorite de fer qui ressemblait à un gigantesque messager de mort... Le roi fit réduire en fine poudre cette météorite de fer... les hommes s'employèrent à projeter cette poudre dans la mer... "

Ces quelques extraits parvenus jusqu'à nous à travers les siècles montrent qu'en Inde aussi des tribus furent brûlées et détruites par un impact. Étonnamment, celui décrit ci-dessus concernait une sidérite. Or nous avons vu que ces sidérites sont des météorites plutôt rares, bien qu'elles soient relativement nombreuses dans nos collections. Le fait que dans les vieux textes indiens, le roi de l'époque fit réduire en poudre une partie de la météorite signifie que la volatilisation ne fut pas complète au moment de l'impact, et donc qu'il ne pouvait s'agir d'un objet de plusieurs dizaines de mètres.

Mais les calculs montrent qu'un petit astéroïde de 10 mètres seulement a une masse de l'ordre de 4000 tonnes et une énergie cinétique voisine de 5 ´ 1014 joules au moment de l'impact. C'est l'énergie libérée par un séisme de magnitude 6,6, donc une énergie supérieure à celle libérée par la bombe atomique de Hiroshima (magnitude 6,4). On voit ainsi qu'un astéroïde minuscule est capable de causer des dégâts considérables, s'il résiste à la fragmentation en traversant l'atmosphère. Les sidérites sont plus résistantes à cet égard et ont de meilleures chances de franchir intactes le bouclier atmosphérique. Même minuscule, la sidérite indienne a exterminé (pas directement, mais par les conséquences que l'impact a engendrées, notamment la chaleur extrême et les brûlures) deux tribus entières, si l'on en croit les textes.

Comme nous l'avons rappelé dans le premier chapitre, les philosophes de l'Antiquité étaient catégoriques à cet égard, la fin du monde par l'eau et par le feu était la règle. Nous croyons avoir montré qu'ils avaient raison et que leur perspicacité n'avait rien à envier à celle des savants d'aujourd'hui. Il aura fallu attendre deux millénaires pour pratiquement revenir au point de départ, à savoir que le cosmos reste une menace permanente pour la Terre, pour les hommes et plus encore pour les civilisations.

Notes

1. I. Velikovsky, Mondes en collision (Stock, 1951). Titre original : Worlds in collision (1950). Un livre maudit pour beaucoup, mais un livre riche dans sa partie historique. Nous y avons trouvé certains détails qui ne figurent nulle part ailleurs.

2. J. Hawkes, Atlas culturel de la préhistoire et de l'antiquité (Elsevier-Séquoia, 1978). Titre original : The atlas of early man (1976).

3. M. Oliphant, L'atlas du monde antique (Solar, 1993). Titre original : The atlas of the ancient world (1992).

4. V. Clube and B. Napier, The cosmic serpent (Faber & Faber, 1982). Un livre essentiel paru la même année que La Terre bombardée. Ces deux livres se complètent.

5. V. Clube and B. Napier, The cosmic winter (Blackwell, 1990). Le deuxième livre du duo d'astronomes britanniques qui sont les piliers de l’école catastrophiste britannique.

6. J.-L. Bernard, Les archives de l'insolite (Livre de Poche, 1978).

7. P.J. Cannon, Meteorite impact crater discovered in cental Alaska with Landsat imagery, Science, 196, pp. 1322-1323, 1977.

8. O.H. Muck, L'Atlantide. Légendes et réalité (Plon, 1982). Titre original : Alles uber Atlantis (1976). Otto Muck (1892-1956) a écrit ce livre au début des années 1950, peu après celui de Velikovsky. C'était un ingénieur de haut niveau à qui l'on doit plus de 2000 brevets. Après d'autres, il fut fasciné par le problème de l'Atlantide.

9. C. Berlitz, Le mystère de l'Atlantide (Belfond, 1977). Titre original : The mystery of Atlantis (1969).

10. W. von Engelhardt, Impact structures in Europe, dans International Geological Congress, 24th session, section 15 : Planetology, pp. 90-111, 1972.

11. G. Kolpaktchy, Livre des Morts des anciens Egyptiens (Stock, 1978).

12. A. Slosman, La grande hypothèse (Robert Laffont, 1992, avec la collaboration de E. Bellecour). Albert Slosman (1925-1981) était un remarquable érudit qui a travaillé de nombreuses années sur une " Histoire du monothéisme des origines à la fin du monde ", œuvre restée inachevée.

13. J.-L. Bernard, Aux origines de l'Egypte (Robert Laffont, 1976).

14. Pour ce qui est des soi-disant cyclopes, rappelons qu'il s'agissait en fait de crânes de mammouths découverts dans certaines grottes de Sicile, et qui furent parfois considérés dans l'Antiquité, un peu abusivement, comme des crânes de géants humains avec un œil frontal unique.

15. M. Déribéré et P. Déribéré, Histoire mondiale du déluge (Robert Laffont, 1978).

16. F. Kowaks, Le dossier secret de l'île de Pâques (Belfond, 1979).

17. C. Desroches-Noblecourt et C. Jacq entre autres postulent résolument pour que Ramsès II soit le pharaon de l'Exode, qu'ils voient plus tôt dans l'histoire de l'Egypte. D'autres, comme N. Grimal, ne prennent pas position mais entrevoient les deux possibilités. Le premier égyptologue qui associa Merenptah à l'Exode fut l'Allemand K.R. Lepsius en 1849 dans son livre Die chronologie der Aegypter.

18. L'existence d'une double chronologie pour les pharaons s'explique de la façon suivante. Le lever héliaque de Sirius qui, seul, permet une datation absolue a été observé à l'époque de Amenhotep I au XVIe siècle avant J.-C. comme le raconte le Papyrus Ebers. Mais on ignore si cette observation a été faite à Memphis, capitale de l'Egypte sous l'Ancien Empire, qui se trouvait à 35 km au sud du Caire, ou à Thèbes, capitale sous le Moyen et Nouvel Empire, qui se trouvait beaucoup plus au sud, à 700 km du Caire. Ce n'est pas du tout la même chose et la distance entre les deux villes, supérieure à 650 km, correspond à une différence de 20 ans dans l'apparition du lever de Sirius. Comme le XVIe siècle correspond au Moyen Empire, les égyptologues modernes, contrairement aux anciens, pensent, avec raison semble-t-il, que l'observation décisive a été faite de Thèbes, qui était la capitale à cette époque. La chronologie basse, même si elle n'est pas certaine, est donc nettement la plus probable.

19. Rappelons la différence entre les années astronomiques et les années historiques avant l'ère chrétienne. Elle vient du fait qu'il n'y a pas eu d'année 0 dans la chronologie historique : on est passé directement de l'année 1 avant J.-C. à l'année 1 de l'ère chrétienne. Le premier siècle avant J.-C. s'est donc déroulé entre l'an 100 et l'an 1 avant J.-C. inclus. L'année 0 fut introduite au XVIIIe siècle, par Cassini, pour faciliter le décompte des années antérieures à notre ère et pour qu'il y ait une continuité dans la chronologie mathématique. L'an 1 avant J.-C. fut donc noté année 0, l'an 2 fut noté –1 et ainsi de suite. Le premier siècle avant J.-C. se termina donc le 31 décembre –99 à 24 heures, mais il comporta bien 100 ans comme tous les autres. L'année 1209 avant J.-C., date présumée du cataclysme cosmique, correspond donc bien à l'année astronomique –1208. Le lecteur doit bien se faire à l'idée que ces deux dates apparemment différentes sont en fait strictement identiques.

20. J. Spanuth, Le secret de l'Atlantide. L'empire englouti de la mer du Nord (Copernic, 1977). Titre original : Die Atlanter (1976). Jürgen Spanuth était un érudit allemand, docteur en théologie et en archéologie. Son apport dans la compréhension de ce qui s'est passé dans la période 1205-1150 a été considérable. Il a montré que c'est un même cataclysme qui a provoqué les dégâts subis en Egypte et en Allemagne du Nord et que Sekhmet, Phaéton et Surt étaient en fait des personnalisations différentes d'une seule et même comète vue et enregistrée sous des cieux différents. Il a aussi montré que les Peuples du Nord, chassés par le cataclysme, sont devenus une composante des Peuples de la Mer, après leur exode massif vers le sud de l'Europe. La bibliographie de son livre est très importante et il utilise de nombreuses citations pour soutenir ses affirmations.

Spanuth a été un chercheur indépendant souvent méprisé malgré ses deux doctorats, surtout parce qu'il est resté pasteur toute sa vie (une "tare" insupportable pour beaucoup). Nous le considérons comme un pionnier important, l'un des premiers qui ait pris en compte le cataclysme dans l'histoire des hommes, notamment les migrations humaines forcées qui sont les plus dangereuses car elles débouchent inévitablement sur la violence, la guerre et la refonte des sociétés humaines.

21. Cité par Spanuth, p. 175. Ce passage essentiel fait partie des textes de Médinet Habou (tableau 17, 46), qui datent de l'époque de Ramsès III.

22. Textes cités par Spanuth, pp. 170-171. Ses sources modernes sont les suivantes : W. Hölscher, Libyer und Aegypter, in "Beiträge zur Ethnologie und Geschichte libyscher Völkerschaften nach a altägyptischen Quellen" (1937) ; J.H. Breasted, Ancient Records of Egypt (1906-1907) ; H. Bellamy, Moons, myths and man (1938).

23. Si la chronologie haute devait s'avérer la bonne dans l'avenir, ce qui n'est pas exclu, l'année du cataclysme cosmique deviendrait 1231 avant J.-C. (ou –1230).

24. Texte cité par Spanuth dans son livre Le secret de l’Atlantide.

25. La date dans l'année devra être ajustée si l'année du cataclysme s'avère différente de celle-là, à raison de un jour pour quatre années. Elle pourrait concerner l'un des premiers jours de novembre si la chronologie haute s'avérait la meilleure.

26. M. Bucaille, Moïse et Pharaon. Les Hébreux en Egypte (Seghers, 1995). Un livre très important qui met quasiment fin à une interrogation deux fois millénaire : quel était le pharaon de l'Exode ? Ce pharaon a huit chances sur dix d'avoir été Merenptah, la neuvième appartenant à Ramsès II et la dixième appartenant à son successeur direct Amenmès (ou Taoui Thom, connu aussi en Grèce semble-t-il sous le nom de Typhon, et qui reste parfois cité comme le pharaon de l'Exode).

27. Maurice Bucaille a eu en fait une chance unique. Il a obtenu l'autorisation, grâce à l'intervention et à l'appui indispensable de l'épouse du président égyptien Anouar el-Sadate (1918-1981), qui fut exceptionnellement sa patiente à l'occasion d'un passage à Paris en 1974, de faire l'autopsie des momies égyptiennes dès la fin de la même année. Assisté par plusieurs collaborateurs égyptiens et français, et surtout du médecin légiste français Michel Durigon, Bucaille a ainsi pu montrer deux choses primordiales. D'abord que Ramsès II n'a pas pu être en personne le pharaon de l'Exode, car il souffrait d'une affection hautement invalidante (mais il n'est pas tout à fait exclu que l'Exode ait eu lieu à l'époque de Ramsès II). Par contre, il a pu prouver que Merenptah mourut victime de traumatismes multiples ayant occasionné de très graves lésions quasi instantanément mortelles, notamment un traumatisme crânien. Meremptah est très probablement mort durant le Passage, mais son corps a été récupéré et embaumé.

28. Cette période de révolution a pu être substantiellement diminuée pour certains fragments, à la suite de perturbations planétaires ultérieures, et la périodicité des approches serrées peut être totalement différente. La commensurabilité des périodes de révolution des astéroïdes et des comètes qui frôlent la Terre avec celle de notre planète varie de 1 an à près d'un siècle dans certains cas.

29. Quarante ans paraît une durée bien longue pour aller d'Egypte en Israël. Il n'est pas impossible que les premiers compilateurs des textes bibliques originaux aient un peu "forcé la dose". Mais même si le voyage des Hébreux vers la Terre promise n'a duré que 20 ou 30 ans, la double catastrophe s'explique aujourd'hui fort bien. Avant la nouvelle hypothèse que nous privilégions dans ce livre, cela sentait vraiment le coup de pouce.

30. C. Berlitz, Les mystères des mondes oubliés (Marabout, 1973). Titre original : Mysteries from forgotten worlds (1972).

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