© Ciel Extrême, 1998
Un T760 dans une 106
© Vincent LE GUERN
à dérouler vers le bas


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Super Deep Sky
Vincent LE GUERN
Un gros Dobson pour l'observation conviviale du ciel profond.
article paru dans Ciel Extrême n°4 de Janvier 1997

Pour l'observateur du ciel en général et l'observateur du ciel profond en particulier, augmenter significativement le diamètre de son instrument implique une totale redécouverte du ciel et de ses pensionnaires. Les objets faibles deviennent brillants, les brillants offrent des détails nouveaux et de nombreux autres deviennent visibles.

Après avoir débuté dans l'observation du ciel avec une L 60mm diaphragmée à 40mm..., j'ai réellement découvert la beauté du ciel profond voici dix ans dans un T115 : l'anneau de la Lyre et Dumb-bell y étaient contrastés et ressemblaient visuellement aux photos d'amateurs, M13 montrait une trentaine d'étoiles et les galaxies devenaient facilement accessibles. Puis, j'observais pendant quatre ans avec des T200 qui m'ont permis d'aborder sérieusement le ciel profond grâce à des images qui devenaient spectaculaires : premiers bras spiraux de galaxies, étoiles centrales et couleurs de nébuleuses planétaires, amas globulaires bien résolus, nébuleuses devenant fouillées.

Voici cinq ans, je suis passé à 45cm de diamètre, ce qui a encore transfiguré les images : structures spirales clairement vues et régions HII nombreuses, amas globulaires éclatés, images détaillées de nombreuses nébuleuses qui, grâce aux filtres nébulaires, rivalisent de beauté avec les plus belles photos un bon nombre de quasars et d'amas de galaxies devenaient accessibles.

J'aurais pu en rester là : avec un tel diamètre, l'observateur a matière à s'amuser durant une vie entière, et la taille de l'instrument semblait approcher la limite du raisonnable. Mais voilà : en Août 1991, j'ai eu l'occasion d'observer à travers le superbe T600 de Jean-Michel COMBES, optiquement d'une qualité très supérieure à mon miroir Coulter (qui, à 6000F, était une aubaine pour l'étudiant que j'étais alors !), ce qui m'a donné la folie des grandeurs... Certes, cet instrument était quasi intransportable, mais il me semblait que l'on pouvait faire beaucoup plus compact.

Entre temps, les américains, toujours pionniers dans ce domaine, commencaient à utiliser des monstres de 30 pouces (76cm) et davantage...

Trois ans plus tard, après moult dessins, améliorations, optimisations, allègements, les plans à peu près définitifs d'un T760, pouvant se loger dans le coffre d'une petite voiture (AX ou 106), voyait le jour. Restait à règler le problème du financement, - car une telle "bête" ne serait pas donnée.

Au printemps 1995, ayant acquis l'aisance financière, je commandai la "galette" à Nova Optical Systems, aux états-Unis. Neuf mois plus tard, ayant entre temps complètement réalisé la monture et résolu celui de la manutention (pour le stockage et le chargement-déchargement dans la voiture), je recus l'optique. Et deux jours plus tard, le 11 Janvier 1996, Super Deep Sky me montra une étoile pour la première fois.

Pour la nième fois, je redécouvre intégralement le ciel : avec 3 fois le pouvoir collecteur de son prédécesseur et une qualité optique de première classe - grâce à Steve Dodds, patron et opticien de Nova -, mon instrument m'offre des images à couper le souffle de n'importe quel observateur chevronné et n'a aucun mal à me montrer bras spiraux, globules de Bok, régions HII et autres couleurs de nombreux objets. Les challenges se renouvellent, les anciennes barrières sautent, comme en témoignent les exemples suivants.

Les galaxies spirales vues de face sont très nombreuses à dévoiler leur structure, à commencer par les plus spectaculaires : M51 et M101, véritables joyaux célestes, ou M83, M99, M100, M61 ou encore NGC 2903, NGC 3184, ... la liste est longue. De nombreuses galaxies anonymes apparaissent cà et là, compliquant la tâche d'identification.
 

Les nébuleuses planétaires sont, même pour les plus faibles, des délices par les détails qu'on y voit, même hors du New General Catalogue : qui connaît la Méduse dans les Gémeaux ? M27 est aussi complexe que M42 dans le 45cm. Et il faut s'accrocher à l'escabeau devant les Dentelles du Cygne, M17 ou même NGC 6888 dans le Cygne.

Les amas globulaires sont fabuleux : les plus lointains sont partiellement résolus, les plus grands montrent plusieurs milliers d'étoiles, feux d'artifice célestes.

Les anciens challenges du 45cm deviennent des formalités : l'amas de galaxies de la Couronne Boréale, Abell 2065, montre non plus deux taches à la limite, mais une bonne dizaine de membre le quasar double de la grande Ourse, QSO 0957+561 de "très difficile" devient "facile" l'étoile centrale de l'Anneau de la Lyre se regarde désormais en vision directe, avec une voisine.

Et de nouveaux défis se font jour qui sont relevés avec succès : pulsar de la nébuleuse du Crabe M1, jet de matière de M87 apparaissant à 566x par turbulence modérée, amas Abell 1656 dans la Chevelure de Bérénice peuplé d'une bonne centaine de galaxies jusqu'à la magnitude 16.

L'investissement en temps (100 heures de conception, 200 heures d'atelier) et en argent (43.000F tout compris) est vite oublié, tant est grand le plaisir que procurent les images, même sous ciel parfait. Tout devient si facile ! L'engin reste convivial et facilement manipulable par une seule personne il me faut néanmoins 15 minutes pour le sortir de la voiture et le monter, autant de temps pour l'opération inverse, - ceci sans tour de rein car j'installe des rampes de chargement- déchargement pour la manutention, ce qui me rend complètement autonome. L'ensemble se loge intégralement dans ma Peugeot 106, et je n'ai même pas eu besoin d'investir dans une galerie de toit.

Mécaniquement, le grand principe dobsonien de friction fait une fois encore merveille. Malgré ses 108 kg dont 47 de verre, l'instrument est robuste, stable et très maniable à la fois, sans pour autant obéir aux caprices du vent... Pour peu que la turbulence le permette, il est tout à fait possible de grossir près de 1000 fois. Super Deep Sky démontre si besoin était qu'il n'est pas du tout utopique pour un amateur motivé par l'observation d'envisager un instrument puissant : techniquement, un T500 présente peu de problèmes et financièrement peut revenir à moins de 20.000F, tout en ayant une optique de grande qualité. À ce propos, mon miroir est un véritable bijou si j'en crois les tests répétés sur étoiles défocalisées qui ne montrent aucune différence entre image intra- et extra-focales... Le miroir de 63.5 cm d'un bon ami, provenant de Galaxy Optics, trahissait un léger défaut sur la zone externe avec ce test, ce qui ne l'empêche pas de délivrer de superbes images à tous grossissements, suffisantes pour l'amateur le plus exercé et le plus exigeant, même pour du planétaire.

J'espère inciter les observateurs hésitants à franchir le pas et à s'équiper : un peu de temps réparti sur la durée, une perceuse électrique et une scie sauteuse suffisent ! Je me tiens à votre disposition pour tous renseignement sur la question. Un instrument de 40cm et plus est réellement une source de plaisirs intarissable.


FICHE TECHNIQUE:
Nom=Super Deep Sky
Propriétaire=Vincent LE GUERN
Monture=altazimutale type Dobson
Tube=ajouré type Serrurier
Diamètre=760mm - Focale=3122mm - F/D=4.1
Qualité optique estimée à lambda sur 10
Poids total=108kg dont 47 pour les miroirs et 61 pour la structure et l'équipement
Hauteur du porte-oculaire au zénith=2,94m (3,22m avec la table équatoriale d'Autume)
Dimensions au sol=925x860mm
Hauteur rangé=700mm
épaisseur du primaire=49,5mm aux bords et 38mm au centre
Barillet=isostatique à 54 points.


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