Oculaires : notions et tests


Sommaire

Cette page décrit nombre d'oculaires aujourd'hui sortis du marché mais disponibles sur le marché de l'occasion.

Une notion utile : la pupille de sortie
Le point sur le tirage d'anneau oculaire (eye relief)
Grossissement maximal optimal en planétaire
Ultra-grand champ en planétaire
Oculaires de ciel profond 
Conclusions sur le choix d’oculaires
Et la Barlow ?
Qualité et défauts des oculaires
Qu'est ce qu'un bon oculaire ?
Défauts de l'oeil

Les Tests

Oculaires Super Plössl Meade
Oculaire SWA 13.8 Meade
Oculaire SWA 24.5 Meade
Barlow Meade 4000
Powermate TV 2.5X
Speers Waler
Speers Waler 14mm
Speers Waler 18mm
Speers Waler 5-8mm
Nagler 11mm
Nagler 16mm
Panoptic 19mm
Panoptic 24
Panoptic 35

Pentax XW30
Pentax XW10 XW5
Plossl Televue 15mm 11mm et 8mm
Ethos 13
Lanthanum LV 2.5 à 6mm
Lanthanum LVW 22 à 3.5mm
UWA 6.7 et 4.7mm Meade
Antares Erfle modifié 30mm
Antares Erfle 40 mm
TMB Monocentric 5mm
Pentax XO5
Zeiss Abbe II 4mm
Zeiss Abbe I & II 6mm
Astro-Pysics SPL 6mm 12mm
University Optic 4mm

TAK LE 3.6
Zoom Baader Hyperion 8-24
Zoom Pentax 8-24
Radian 8-10-12mm
Barlow et oculaires Perl Royal
RKE 12mm

Conclusion : les valeurs sûres....

ADDITIF
Bino Denkmeier + D21 D14
Vidéo astronomie

Une notion utile : la pupille de sortie aniblue02_skew_up.gif

La pupille de sortie (ou anneau oculaire) est une notion bien utile dès que l’on parle d’observation visuelle.

En sortie d’oculaire, mis au point à l’infini, toute la lumière de l’image (virtuelle) issue de l’objectif est concentrée sur un petit cercle (la pupille de sortie) que l’on fait coïncider avec la pupille de l’œil. Pour observer dans les conditions optimales, il y a donc tout intérêt à vérifier que la pupille de sortie reste dans des limites géométriques acceptables pour l’œil : soit inférieure à 7mm (pour les plus faibles grossissements) et supérieure à 0.5mm (pour les plus forts grossissements). Dans le cas de grandes pupilles, il faut savoir que le positionnement de l’observateur devient très critique lorsque la pupille de sortie est très peu supérieure ou égale au diamètre de la pupille de l’œil : un mm d’écart revient à diaphragmer l’instrument !... Ce phénomène se produit évidemment lorsque la pupille de sortie est plus grande que la pupille de l'oeil (7mm au maximum) mais aussi sur les oculaires à très grand champ (80°) utilisées avec une pupille plus petite (5 à 6 mm) : lorsque l'oeil tourne dans son orbite pour observer le bord de champ, les pupilles ne coïncident plus et il s'ensuit une réduction de la luminosité très désagréable (*). En définitive les astronomes préfèrent s’en tenir à une pupille de l’ordre de 5mm maximum qui garantit un contraste encore élevé et est plus confortable. En outre, l'âge aidant... les capacités de dilatation de la pupille diminuent pour se réduire à 4 ou 5 mm à soixante ans ; mais cela varie beaucoup d'un individu à un autre.

En pratique, la pupille de sortie exprime, indépendamment de l’instrument et du grossissement appliqué, la sensation de luminosité surfacique de l’objet observé. Par définition, le diamètre de la pupille de sortie est le quotient du diamètre de l’objectif par le grossissement ; comme le grossissement est le quotient de la focale de l’objectif par la focale de l’oculaire, la pupille de sortie est aussi le quotient de la focale de l’oculaire par le rapport F/D du télescope. C’est principalement cette dernière formule, très pratique, qui est utilisée.

Pupille de sortie = (focale oculaire) / (rapport F/D)

Ainsi, deux télescopes seront exploités dans les mêmes conditions de performances pour l’œil s’ils présentent la même pupille de sortie. Soit par exemple un 200mm à F/D = 6 et un 300mm à F/D = 5 ; une pupille de sortie de 2mm sera obtenue dans le premier cas par un oculaire de focale = 2 X 6 = 12mm (G = 100X) et dans le deuxième cas par un oculaire de focale 2 X 5 = 10mm (G = 150X). Dans ces deux cas, les télescopes seront exploités dans des conditions de performances et de contrastes (par rapport au fond du ciel notamment) semblables ; bien évidemment la quantité d’information collectée par le 300mm est supérieure à celle collectée par le 200mm !

(*) Au passage, on peut en déduire que l'association d'un très grand champ et d'une large pupille n'est absolument pas rentable... ce qui devrait tempérer les envies d'oculaires à super-grand champ et faibles focales !

Le point sur le tirage d'anneau oculaire (eye relief) aniblue02_skew_up.gif

Le tirage d'anneau oculaire (eye relief en anglais, ce qui est intraduisible) est la distance maximale entre la lentille d'oeil de l'oculaire et l'anneau oculaire (dont le diamètre est égal à la pupille de sortie) qui intercepte tout le champ de l'oculaire. Cette valeur est strictement liée à la conception de l'oculaire : courte pour les oculaires classiques (Plössl, Orthoscopiques...) et plus élevée sur les oculaires modernes comportant un élément frontal divergent.

Contrairement à une idée répandue, ce n'est pas exactement la distance à laquelle il faut placer l'oeil de l'oculaire. D'une part, si vous ne souhaitez pas intercepter tout le champ, vous pouvez placer l'oeil bien en arrière et d'autre part, si l'iris de l'oeil est plus grand que la pupille de sortie (ce qui est souvent le cas en astronomie), la distance de l'oeil à la dernière lentille peut être augmentée (sans réduction du champ) de la quantité :

TA (tirage additionnel) = (Ouverture iris - Pupille de sortie)/ (2*tg(B)), où B est la moitié du champ en °

Exemple : pour un Orthoscopique de 5 mm de focale (champ 45°, eye relief 3 mm) sur une TEC 140 de 980 mm de focale :

- observation des planètes : l'iris est ouvert à 5 mm (ou plus) et la pupille de sortie est de 0.72 mm ; la distance TA est alors de 5 mm qui s'ajoutent aux 3 mm de tirage d'anneau (eye relief). L'oeil doit donc se trouver à 8 mm des lentilles ; si l'objet est bien centré, l'oeil peut être reculé à 10 mm sans grand inconvénient.

- observation de la lune : l'iris se ferme à 2.5 mm. Dans les mêmes conditions, la distance TA vaut 2 mm. L'oeil doit donc se trouver à 5 mm des lentilles ce qui est moins confortable... d'autant que l'ensemble du champ doit être intercepté !

Le tirage d'anneau (eye relief) permet donc d'évaluer le confort de l'oculaire, notamment pour les porteurs de lunettes. Les données sont généralement fournies par le fabriquant ; pour en déduire le confort effectif sur votre instrument, vous devez tenir compte de l'utilisation que vous comptez en faire, fonction du champ de l'oculaire, de la pupille de sortie et du type d'observation : astronomique (larges pupilles) ou terrestre/lune (petites pupilles).

Choix du grossissement maximal optimal en planétaire aniblue02_skew_up.gif

Tous les observateurs confirmés savent qu'il est inutile et parfois nuisible d'appliquer un grossissement trop élevé. En fait c'est notre détecteur naturel (l’œil) qui conditionne le grossissement optimal. Essayons de déterminer le grossissement optimal :

Ce grossissement optimal doit en effet :

- exploiter au mieux le pouvoir séparateur de l'instrument (120/D en " avec D en mm) compte tenu du pouvoir séparateur de l’œil nu (environ 60" pour un contraste de 100%). Cela nous donne un grossissement minimal de : G=60/120*D soit Gmin = D/2 que l'on appelle grossissement résolvant théorique.

- exploiter au mieux le pouvoir séparateur de l’œil en fonction du contraste. Déjà, Danjon et Couder, précisent le pouvoir séparateur de l’œil en fonction des contrastes suivant le tableau ci-dessous (*) :

Contraste (%)

89

70

49

38

27

16

10

6

2.5

Pouvoir séparateur

74"

76"

80"

82"

84"

89"

95"

105"

127"

Il ressort de ce tableau qu’il est nécessaire de «grossir» pour percevoir des faibles contrastes : par exemple, pour des contrastes minis de 5%, le pouvoir séparateur de l’œil est de 127" ce qui impose un grossissement résolvant mini de 1.05D ; mais ce n'est qu'une approximation.

Par ailleurs, il faut aussi exploiter notre détecteur (l’œil) dans les meilleures conditions compte tenu de ses aberrations optiques. Cette condition conduit à réduire la pupille de sortie de l'ordre de un millimètre valeur pour laquelle l’œil peut être considéré comme optiquement parfait (même si vous souffrez d'un astigmatisme prononcé). Si D est le diamètre de l'objectif et G le grossissement, le diamètre de la pupille de sortie (ou anneau oculaire) est égal à P/D ; cela nous donne un grossissement correspondant G=D (D en mm).

Il résulte de ces deux dernières considérations que le grossissement résolvant pratique minimal est de l'ordre de une fois le diamètre de l'objectif.

Enfin, il faut tenir compte de sa physiologie par rapport à la visibilité des contrastes (voir courbes de sensibilité de Campbell-Robson) en tenant compte du fait que si l'on pousse le grossissement, les contrastes se réduisent également ce qui diminue d'autant la possibilité de les détecter visuellement... Le grossissement optimal est donc un compromis personnel assez subtil à trouver puisqu’il dépend de la luminosité de la planète (**), des contrastes à observer et fait intervenir les caractéristiques physiologiques individuelles (voir ci-après le problème des corps flottants). Tous les observateurs ont remarqué qu'il était souvent très critique mais il est difficile de donner une régle appliquable à tous : untel qui est plus sensible aux hautes fréquences spatiales ne verra pas forcément moins qu'un autre sensible aux basses fréquences spatiales, simplement, ils n'utiliseront pas le même grossissement pour (éventuellement) le même résultat...

On pourrait donc dire que appliquer un grossissement c'est en fait accorder la sensibilité aux contrastes de son oeil aux contrastes à observer ... et chacun réagit différemment.

Vous pouvez comparer votre sensibilité aux contrastes avec celle de votre voisin ou tout simplement de chacun de vos deux yeux séparemment ou simultanément (vision binoculaire) et faisant le test de Gabori : Test your own visual acutity with Gabori Attack (site inaccessible malhereusement).


Courbe de Campbell-Robson pour
mes deux yeux (vision bino)

On peut comprendre au vu de ces tests, que la vision "binoculaire" aplatit la sensibilité aux contrastes en tirant partie des différences entre les deux yeux. La courbe de sensibilité est plus plate et, d'ailleurs, le grossissement est souvent moins critique en vision binoculaire.

Par ailleurs, deux autres facteurs limitatifs sont à signaler :

Les corps flottants de l'oeil : Dès 1mm de pupille et surtout en dessous de 0.7mm, les corps flottants de l'oeil sont de plus en plus nets et agaçants (surtout à partir de 50 ans). Voir ci-après.

La turbulence : en France hexagonale, sur un site courant, il est bien rare de pouvoir dépasser 250X à 300X en résolution maximale. Si vous avez un télescope de 200mm et au délà, autant profiter de pupilles plus large pour augmenter la luminosité, les contrastes et limiter la gêne de l'oeil avec une pupille trop étroite.

Plus pratiquement :

Pour fixer les idées, les observateurs confirmés (CTA de JTX et Telescope Optics), et surtout ceux qui dessinent, suggèrent un grossissement optimal très légèrement supérieur à 1D soit 1.2D à 1.4D (pupille de 0.8mm à 0.7mm). La modulation entre ces deux valeurs est peut être liée à la transmission de l'instrument puisque la quantité de lumière disponible influe sensiblement sur la qualité des contrastes perçus. On pourra prendre par exemple Gmax = 1.4 D X Racine(T) ou T est la transmission globale de l’instrument (c.f performances). Cela donne sensiblement :

G= 194 X pour une APO de 140mm (~1.4D pour une lunette de très bonne qualité)
G= 255 X pour un télescope de 200mm (~1.2D) qui est en outre plus sujet à la turbulence

Il est donc finalement raisonnable de retenir 1.2D comme grossissement résolvant pratique minimal (et optimal).

Il est à peu près acquis que grossir "moins" que 1D, en planétaire, est contre-productif (compte non tenu du "seeing") ; mais est il utile de grossir plus que 1.2D ? Pas forcément ou pas toujours... Suivant leur paramètres individuels, certains préfèrent un grossissement un peu plus élevé autour de 1.5D/1.7D ; ou alors, à un moment donné et pour une cible un peu contrastée (la Lune, Mars), un grossissement plus élevé va mieux convenir... La solution est évidemment de disposer d'au moins deux oculaires, par exemple, 1.2D et 1.5D afin de tirer, suivant la cible, le meilleur du moment, de l'instrument et de l'oeil de l'observateur (ces valeurs peuvent être légèrement augmentées de l'ordre de 10% sur une bonne lunette apochromatique de petit diamètre).

Cette gamme de grossissements (autour de 1.2D) est donc un optimum pour tirer la quintessence de votre instrument et de votre vision et il importe d’acquérir des oculaires haute définition dans cette gamme afin d’optimiser le rendement de votre instrument. Si vous ne pouvez en acquérir qu'un oculaire, privilégiez le grossissement le plus faible utilisable le plus fréquemment (par ex 1.2D).

Au delà de ces valeurs, je n'aime gère une pupille plus petite que 0.7mm (~1.4D) ; en effet, l'oeil est ici à sa capacité maximum de résolution et un grossissement plus fort ne fait que délaver l'image sans gain réel en résolution.

Toutefois, si vous êtes tenté par un grossissement très fort (généralement 2D ou 2.5D en mm), cela reste possible avec un instrument de bonne qualité. Un tel grossissement est gratifiant et facile même le repérage de certains petits détails très contrastés : ombres lunaires, division de Cassini ou de Encke.... mais en regardant de plus près vous noterez que les faibles écarts de contrastes, surtout dans les bandes des planètes gazeuses, sur des plages assez étendues, sont moins facilement visibles ou même disparaissent du fait de la chute de luminosité. Aussi, sans les proscrire, je suis assez réservé quant à l'utilisation systématique de ces grossissements très forts : en effet, en observant un peu vite, l'image reste excellente avec des bords bien nets et est impressionnante sur les bons instruments mais... des contrastes sont perdus et s'ils sont perdus... on ne les voit pas ... et l'on ne voit pas qu'ils sont perdus ! Il est donc prudent de passer d'un grossissement à l'autre ~1.2D-1.5D (faibles contrastes, grandes plages) à 2D (contrastes élevés, détails fins) pour extraire de l'image le maximum d'informations.

Enfin, en appliquant un grossissement dément (3D en mm), l'image devient très délavée et la perte de contraste est alors évidente (si elle ne l'est pas à 2D). Néanmoins, l'image reste regardable sur les instruments de bonne qualité ... ce qui est une façon rapide de tester un instrument.

En résumé, l'idéal serait, par ordre de priorité :

- un grossissement résolvant pratique utilisable fréquemment de 1.2D environ à déterminer judicieusement pour chaque couple instrument/observateur
- un grossissement de confirmation de l'ordre de 1.5D
- un grossissement maximum de 2D si les conditions du moment et la cible le justifient

Notez que tout cela n'est que de la théorie pour débuter... Au final, vous essaierez peut être toute une gamme par mm de focale voir 1/2 mm entre 1D et 2D et vous vous ferez alors votre propre opinion !...

(*) fort heureusement, pour un arrangement particulier des détails : point isolé ou ligne continue..., l'oeil peut résoudre des écarts angulaires bien plus faibles...
(**) par exemple, la Lune et Mars plus lumineuses que Saturne ou Jupiter permettent des grossissements plus élevés.

A consulter sur ce sujet complexe :

Closer look at High magnifications
Essay Sauce, Contrast Sensitivity Function
Clarkvision.com: OMVA in Visual Astronomy of the Deep Sky 

Inconvénient des ultra-grand champ en planétaire aniblue02_skew_up.gif

Je suis défavorable aux oculaires ultra-grand-champ (>70°) en planétaire et ceci quelle que soit la marque. Il y a de multiples raisons :

- a priori, les ultra-grand-champ comportent un nombre élevé de lentilles ; cet effet est plus ou moins compensé par la qualité actuelle des oculaires et des traitements mais à quoi bon aller ajouter deux ou trois lentilles inutiles (mais couteuses) sur le chemin optique ?,
- le tirage d'anneau est généralement insuffisant pour embrasser la totalité du champ ce qui ne permet pas un centrage efficace sur l'axe optique. N'oubliez pas que votre télescope n'est optimisé que pour l'axe optique à quelques minutes d'arc près (surtout Newton et SCT) ; tout écart diminue les performances comme si le télescope était décollimaté,
- le spot lumineux de la planète "inonde" les très nombreuses lentilles ; cette lumière se retrouve plus ou moins diffusée, proportionnellement à la surface totale de lentilles, sur l'objet observé : même en dépit d'une qualité optique exemplaire, cet effet réduit le contraste des surfaces planétaires.

Le dernier point est peut être un effet physiologique lié à l'éclairement latéral parasite qui distrait le cerveau... mais je le constate. Il ne se produit pas en ciel profond, où, au contraire, un autre effet physiologique intervient en faveur de la détection des objets faibles en incitant l'oeil à naviguer sur l'ensemble du champ et ainsi permettre au cerveau d'intégrer plus facilement les variations d'éclairement.

J'admets le caractère subjectif de ces appréciations et surtout, une exception sur les instruments non motorisés...

Oculaires de ciel profond aniblue02_skew_up.gif

En ciel profond, un grossissement modérément élevé favorise la détection des objets faibles ; en effet, en vision décalée, les objets faibles seront mieux détectés s'ils se présentent sous un angle de vue minimal d'environ 100 minutes d'angle (*) ; par ailleurs, le "grossissement" assombrit le fond du ciel et semble améliorer le contraste apparent (mais c'est seulement plus esthétique car le contraste reste le même) ; il y a donc toujours intérêt à observer avec l’oculaire qui donne le grossissement le plus élevé sur le plus grand champ compatible avec l’objet à observer : deux critères incompatibles ! En pratique, le grossissement le plus élevé compatible avec la capacité de détection optimale est celui qui donne une pupille de sortie de l’ordre de 2mm (instruments de 100 à 200 mm). Cet oculaire, d’utilisation fréquente, sera choisi avec le plus grand champ possible ; les Nagler, Speers Waler et d’autres oculaires à 82° de champ font ici merveille. Pour quelques nébuleuses planétaires à l’aspect quasi stellaire, il sera également possible d’utiliser l’oculaire planétaire ou un oculaire complémentaire de 1.5mm voire 1mm de pupille (grossissement dit résolvant).

Par ailleurs, un oculaire de repérage ou permettant l’observation de larges amas ouverts ou de nébuleuses brillantes (M42, M20....) de 3mm de pupille environ est indispensable. Le plus souvent un champ de 65° est suffisant... mais évidemment on a le droit d'être tenté par un Nagler ou un Ethos. Cependant, avant de faire des folies, il faut tenir compte du fait que sur un télescope courant, on tangente déjà ou on dépasse les limites du champ de pleine lumière et sur une lunette... un oculaire de plus grand champ encore est souhaitable (voir ci-dessous).

Au delà et si l'instrument le permet (en particulier les lunettes non limitées par le vignetage) il est effectivement intéressant de disposer d'un oculaire permettant d'observer des objets très étendus de type América, Dentelles du Cygne, M8 & M20, M31 : pour fixer les idées, l’idéal est de pouvoir observer sur 2.5° ! Il faut toutefois ne pas méconnaitre les limitations théoriques : au delà de 5mm de pupille, dans la plupart des cas, la pupille de l'oeil est diaphragmée ce qui revient à diaphragmer l'instrument. Même pour des grossissements de 4 à 5mm de pupilles obtenus avec des oculaires de très large champ (80° ou plus), la rotation de l'oeil conduit à diaphragmer la pupille de sortie... raison pour laquelle je cantonne - modestement - les très larges champs (82°) à des pupilles moyennes (2 à 3mm). En fait c'est surtout une raison pour en faire l'économie parce que bien entendu, "qui peut le plus... peut le moins" et si le large champ est le but poursuivi, il ne faut pas s'en priver par des considérations théoriques.

(*) Pour en savoir plus : Optimum Magnified Visual Angle Visual Astronomy of the Deep Sky

Conclusions sur le choix d’oculaires aniblue02_skew_up.gif

Les oculaires indispensables seront donc :

- un oculaire planétaire de haute qualité optique donnant une pupille minimale de l'ordre de 0.8mm environ (~ 1.2D, 1.3D) ; le champ 45° ou 50° d’un Plössl ou d’un Orthoscopique est suffisant mais un oculaire plus confortable de très bonne qualité est très appréciable car cet oculaire est censé être utilisé longtemps,,
- un oculaire de ciel profond à très large champ (65° à 80° ou plus) donnant une pupille de l’ordre de 2mm (amas globulaires, petites galaxies, nébuleuses planétaires),
- un oculaire de repérage et de large champ : soit un 65°/70° (ou plus) donnant 3mm de pupille (amas ouverts, champs galactiques, grandes nébuleuses diffuses).

Les oculaires complémentaires seront :

- un oculaire fort de très bonne qualité optique donnant une pupille minimale de 0.7mm à 0.6mm (1.5D à 1.7D), à utiliser lors des meilleures conditions, en parallèle avec l'oculaire planétaire normal ; la focale à acquérir est à moduler pour chacun et pour chaque instrument (et les avis divergent...), le type peut être choisi le plus simple (Orthoscopique, Plossl)
- + accessoirement, oculaire très fort permettant d'atteindre occasionnellement 2D (idem)
- un oculaire de grossissement résolvant (pupille 1mm ou légèrement supérieure) à grand champ (>= 65°/70°) utilisable sur certaines nébuleuses planétaires ou amas globulaires, la lune et, le cas échéant, sur les planètes lorsque les conditions atmosphériques sont médiocres,
- pour les lunettes, un oculaire à très large champ et de longue focale permettant d’exploiter le champ le plus important possible (2° à 3° de champ réel suivant l’instrument et les types d’oculaires compatibles)

Ces indications sont surtout valables pour des instruments jusqu’à 150mm environ. A partir de 200mm et au delà, il faudra composer avec l’atmosphère et plafonner les grossissements entre (environ) 200X et 350X maximum suivant les conditions effectives. Il faudra également s’assurer que les caractéristiques mécaniques et optiques (pleine lumière, coma) sont bien compatibles avec les oculaires à grand champ ou de longue focale.

Et la Barlow ? aniblue02_skew_up.gif

Je préfère avouer tout de suite que je ne suis plus guère adepte des lentilles de Barlow pour l’observation visuelle. En théorie pourtant, les lentilles de Barlow améliorent le rendement des oculaires hors axe en réduisant l’ouverture du faisceau. Malheureusement, en pratique, outre les aberrations optiques supplémentaires (aberration de sphéricité et aberrations chromatiques) induites par la plupart des Barlow de qualité médiocre et moyenne, les points faibles sont les réflexions internes et le centrage géométrique. En dernier lieu, les Barlow au diamètre 31.75 sont susceptibles de produire du vignetage avec les oculaires à très grand champ. Attention au critère apochromatique pour les Barlow : il veut rien dire et ne s’applique pas à un élément divergent ; en fait toutes les Barlow sont suffisamment achromatiques mais sont souvent sources d’aberrations géométriques si elles ne sont pas de très bonne qualité.

Je me souviens cependant d’excellents résultats avec une Barlow Clavé des années 70 utilisée avec les Plössl de la marque ; mais à l’époque, les oculaires à grands champs n’existaient pas et le jeu d’oculaires ne se déterminaient pas de la même façon.

Aujourd’hui, compte tenu de la variété des oculaires disponibles, je préfère un jeu d’oculaires judicieusement choisi qui combine le champ pour les plus faibles grossissements et la transmission ou la qualité optique pour les grossissements les plus forts ; une lentille de Barlow ne permet pas d’optimiser ces paramètres et est rarement compatible avec les oculaires à très grand champ.

Sachant que cet accessoire est malgré tout indispensable pour la photographie au foyer et qu'il améliore bien le rendement et le confort d'oculaires classiques (Plössl ou Orthoscopique) sur les télescopes très courts (F/D < 5), choisissez une Barlow d’excellente qualité optique et mécanique munie d’un bafflage (filetage interne) ; il y en a très peu et elles coûtent deux ou trois le prix d’un oculaire planétaire de bonne qualité ou le prix d’un oculaire à grand champ.

Qualité et défauts des oculaires aniblue02_skew_up.gif

Au contraire du télescope ou de la lunette qu'il équipe, l'oculaire "travaille" sur un très large champ apparent (>50° contre quelques degrés pour le télescope). Hors de l'axe, il apparaît alors différents défauts et disons tout de suite que l'oculaire parfait n'existe pas d'autant que certains paramètres sont incompatibles entre-eux. Les défauts et aberrations principaux sont les suivants :

Correction sur l'axe (géométrique et chromatique) : normalement corrigée ou alors ce n'est pas un oculaire... Attention toutefois à certaines Barlow qui peuvent effectivement introduire ce genre d'aberrations.

Astigmatisme et courbure de champ (hors axe) : un oculaire présente toujours l'un de ces deux défauts proportionnellement à son champ et inversement proportionnellement à sa focale ; de plus l'astigmatisme d'un oculaire n'est pas constant car inversement proportionnel au carré du rapport F/D du télescope (qui caractérise l'obliquité du cône de lumière atteignant l'oculaire) : il augmente donc très vite lorsque F/D diminue. Sur une étoile, l'astigmatisme se manifeste par une élongation sagittale d'un côté du foyer et tangentielle (à 90°) de l'autre côté et une tâche informe entre les deux éventuellement allongée dans le sens de la coma du télescope si elle est prononcée : il faut donc "jouer" de la mise au point pour caractériser l'astigmatisme. La courbure de champ se manifeste par des étoiles "au point" au centre et défocalisées sur les bords (et vice-versa) ; la sensibilité à ce dernier défaut varie suivant l'observateur et sa capacité d'acommodation. Ces deux aberrations se combinent avec les aberrations propres de l'instrument (surtout coma et courbure de champ) sans vraiment se compenser (au mieux, elles ne se cumulent pas trop) ce qui complique leur évaluation ; mais en général et pour simplifier, les aberrations dominantes en bord d'un oculaire à large champ (Wide field) sont l'astigmatisme OU la courbure de champ de l'oculaire d'une part ET la coma du télescope d'autre part. Ces deux aberrations sont donc très sensibles au type d'instrument utilisé.

Distorsion linéaire et angulaire : un oculaire présente toujours l'un des deux défauts. Les oculaires astronomiques présentent surtout une distorsion linéaire qui fait apparaître les lignes droites incurvées près des bords mais respectent les écarts angulaires (un planète reste ronde sur les bords). Les oculaires terrestres privilégient la linéarité. La distorsion est plus importante sur les oculaires à grand champ bénéficiant d'une très haute correction de l'astigmatisme (Nagler, Panoptic par exemple) ; elle est très faible sur les orthoscopiques.

Aberration sphérique de la pupille de sortie : ce n'est pas une aberration au sens habituel du terme mais une caractéristique de certains oculaires à grand champ qui produisent plus ou moins (suivant leur conception et le diamètre de la pupille de sortie de l'instrument) des effets d'ombres volantes ou de "haricots noirs" (kidney bean effect) suivant la position et l'ouverture de la pupille de l'oeil. Il faut alors placer et maintenir la pupille de l'oeil strictement dans l'axe optique pour les éviter. Pour un oculaire donné, cet effet est moins important avec un instrument de plus grand rapport F/D. C'est un paramètre de "confort".

Chromatisme de grandeur apparente (ou "chromatisme latéral" = lateral color) : il est caractérisé par une variation de la déviation angulaire suivant la longueur d'onde, d'autant plus élevée que l'on se rapproche du bord du champ. Il est bien visible dès 50° de champ sur tous les oculaires sous forme de liserés colorés qui s'épaississent lorsque l'on se rapproche des bords de champs. En général il n'apparaît que sur les objets très lumineux (limbe lunaire) et n'est pratiquement pas perceptible sur les étoiles ; il n'affecte nullement la résolution sur les planètes si elles sont maintenues au centre du champ (à +/-10° de champ apparent) ; toutes les formules modernes d'oculaires en présentent de façon quasi-équivalente.

Transmission, reflets, lumières parasites : liés à la qualité des traitements (multi-couche, optimisation suivant la nature des verres) et d'assemblage (traitements en noir des bords de lentilles, bafflage). En tant que telle, la qualité de la transmission ne peut pas être appréciée directement à l'oeil car un excellent traitement n'apporte que +0.1 magnitude de transmission par rapport à un traitement médiocre ! Il est cependant fréquent de noter des différences de "teinte" (certains traitements apparaissent "plus chauds" ou au contraire "neutres"). Ces différences peuvent provenir de la couleur dominante des traitements et/ou d'une transmission plus ou moins optimisée aux extrémités du spectre visible, notamment dans le bleu où il peut y avoir des différences absolues significatives : par chance l'oeil est moins sensible dans le bleu (surtout en vision latérale) ce qui explique le peu d'impact sur la transmission globale. De même cela n'a qu'une influence minime sur les contrastes planétaires (dans un sens ou dans un autre suivant les couleurs dominantes). Mais la qualité du traitement se manifeste surtout par d'autres défauts tels que des reflets, lumières parasites, éclaircissement du fond du ciel +/- importants, désagréables en planétaire et qui peuvent effectivement entraîner une réduction des contrastes en ciel profond et finalement une perte dans la perception des magnitudes limites. Enfin, une différence visuellement sensible entre deux oculaires, peut éventuellement provenir de différences de grossissements car les focales indiquées sont rarement exactes.

Diffusion : perte de contraste liée à la qualité de polissage, d'assemblage (y compris propreté) et inévitablement au nombre de surfaces des lentilles au contact de l'air (surfaces air-verre). Toutefois, on ne peut établir que des "comparaisons" et il faut alors utiliser des oculaires de focales très proches car une différence de grossissement est rapidement sensible sur la perception des contrastes planétaires. Les différences sont généralement subtiles et subjectives mais sont détectables par des observateurs attentifs.

Qu'est ce qu'un bon oculaire ? aniblue02_skew_up.gif

Quelques critères peuvent varier suivant les observateurs mais un critère essentiel est l'absence de diffusion (scatter) ; cette qualité est liée à la qualité de fabrication et au design.

Le choix des traitement :

- il suppose un parfait couplage avec les indices des verres et une réalisation de haut niveau. Cela a un coût.

Le design :

- ce n'est pas tant le nombre de lentilles qui compte que la position des plans focaux intermédiaires par rapport aux lentilles. Les oculaires simples du type Orthoscopique Abbe, Plössl, monocentriques sont de ce point de vue avantagés car les plans focaux sont très éloignés des lentilles. Sur les oculaires complexes à grand champ, il y a en revanche un risque de faire coincider un plan focal intermédiaire avec une surface optique (ou a proximité) ce qui est très défavorable.

- les oculaires à grand tirage d'anneau comportent une barlow intégrée. Normalement ce n'est pas un obstacle pour un oculaire de qualité mais pour les petites focales (5mm et en dessous) et afin de conserver la compacité des oculaires, les barlow sont très puissantes (4X...) et leur qualité impacte plus fortement la résolution. Dans ces conditions, je pense qu'en petites focales, un oculaire sans barlow intégrée sera toujours meilleur ou à défaut, retenir un oculaire pas trop compact !

Personnellement, je préfère les oculaires qui minimisent la courbure de champ plutôt que l'astigmatisme (s'il est modéré) et j'attache une importance au confort, à la diminution des reflets, des lumières parasites et de la diffusion. Je n'attache pas beaucoup d'importance à la distorsion ou à un chromatisme de grandeur tout juste perceptibles.

Un derniers mots sur le test d'un oculaire : un oculaire astronomique se teste de nuit et un oculaire terrestre se teste de jour ; en effet chaque type est optimisé pour une utilisation astronomique ou terrestre : notamment quant aux distorsions et à la correction chromatique. En outre, un télescope astronomique est mal corrigé pour des objets rapprochés et d'autres aberrations peuvent apparaitre. Enfin, les planètes s'observent toujours au centre du champ ; il est donc contre-productif de placer une planète au bord du champ d'un "Wide-field" car les aberrations du télescope sont largement dominantes notamment pour les Newton, les Schmidt Cassegrain et les Dall et les aberrations que l'oculaire peut révéler ne sont pas pertinentes pour une utilisation générale.

Pour en savoir plus : TELESCOPE EYEPIECE: Functions and aberrations

Défauts de l'oeil

L'oeil est un instrument optique de haute précision. L'âge aidant, mes connaissances s'améliorent (hélas). En astronomie, les défauts de l'oeil peuvent être pénalisants mais ils peuvent aussi être contrés, pas toujours de la même façon qu'en vision normale par une adaptation des conditions d'observation.

Pour mémoire, l'oeil comprend (1) le système optique constitué de deux lentilles à fort espacement (cornée et cristallin), (2) le remplissage par le "vitré", (3) le capteur complexe que constitue la rétine, elle même constituée de photo-récepteurs et de cellules nerveuses (cellules ganglionnaires en avant de la rétine) qui alimentent en énergie les photo-récepteurs et captent les informations pour les renvoyer vers le nerf optique puis au cerveau. Ces trois élements sont susceptibles de défauts qui altèrent la vision. En se limitant aux défauts courants et à ce qui peut être compensé en astronomie, cela donne :

(1) Défauts du système optique

- myopie, hypermétropie : ces défauts sont compensés par la mise au point. Le port de lunettes, surtout si les corrections sont fortes, n'est pas recommandé car il nécessite une gymnastique de la tête pour centrer le système total (cristallin + lunettes de vue)
- astigmatisme: ce défaut est le fait d'une déformation de la cornée suivant un axe principal (en général vertical ou horizontal). Pour des corrections modérées (< 2 dioptries) et des pupilles planétaires (<=1mm), ce défaut n'est pas pénalisant mais peut l'être pour des pupilles plus larges (3-4mm). Pour des défauts plus importants, un correction peut être apportée : par des lentilles dédiées que vous orienterez suivant l'axe défectueux (Dioptrix de Televue ou une lentille faite sur mesure par votre opticien et fixée à l'oeilleton) ou par le port de lunettes (idéalement des lunettes dédiées à l'astronomie, non progressives). Le traitement anti-reflet est quasi-indispensable. Les oculaires à fort tirage d'anneau sont un avantage si vous voulez apporter une correction par une lentille additionnelle ou en gardant vos lunettes de vue.
- cataracte : il s'agit d'une opacification progressive du cristallin qui peut se traduire par différents défauts tels que : assombrissement, diffusion et diploplie monoculaire (une sorte d'astigmatisme mais difficile à compenser car localisé ou oblique). Dans sa phase progressive, la cataracte peut affecter les petites pupilles et il faut placer le cristallin suivant l'axe le moins affecté ce qui demande une petite gymnastique de l'oeil. En cas d'astigmatisme additionnel du cristallin, le port de lentilles correctrices n'est pas très efficace. Les larges pupilles seront affectées comme en vision normale. Dans sa phase évoluée, la cataracte sera opérée...

(2) Défauts du remplissage

Avec l'âge (encore), le vitré qui est, au départ de la vie, une sorte de gélatine, se liquéfie et se décole entrainant la formation de petites "mouches" (déchets ou corps flottants) qui se déplacent dans le champ de vision (en général et au mieux, car ce décolement peut entraîner d'autres pathologies nettement plus ennuyeuses). En effet, avec des faibles pupilles (< 1mm), l'oeil se comporte comme la lampe à fente de votre ophtalmologue et vous pouvez voir des défauts internes (*). Dans la vraie vie, la pupille n'est jamais aussi fermée et en visio binoculaire le cerveau "efface" ces petites scories... cette gêne est néanmoins variable suivant les observateurs, l'oeil et les périodes (il paraît qu'il faut manger de l'ananas !). Evidemment, un plus gros instrument (à grossissement égal) sera plus agréable (tiens...). Pour éliminer les corps flottants de votre champ de vision, vous devrez ajuster la pupille de sortie à plus de 1mm (grossissement 1 x D en mm). Si vous êtes encore un peu gêné, l'usage d'une une tête binoculaire fera disparaître ce phénomène...

(*) Effectivement avec des faibles pupilles, vous pourrez voir le réseau vasculaire autour de la macula qui se projette sur les surfaces planétaires (fond d'oeil), ce qui n'est pas pathologique en soi mais peu agréable.

(3) Défauts de la rétine

Ces défauts sont les plus sérieux et affectent la vision normale comme la vision astronomique. Les soins et la chirurgie de l'oeil font des miracles aujourd'hui. Je ne rentre pas dans le détail.

Les tests aniblue02_skew_up.gif

- ces oculaires ont été utilisés uniquement avec des instruments de F/D>5 : les conclusions ne valent donc pas pour des instruments plus courts,
- les résultats peuvent varier d'un type d'instrument à un autre,
- il est très important de mettre les oculaires "en température" avant de les tester (un oculaire sortie d'une poche perturbe grandement l'équilibre thermique d'un instrument)
- les oculaires recommandés sont marqués ainsi : [*]
- beaucoup d'oculaires testés ici sont anciens et seulement disponibles en occasion, ce qui est toujours utile.

Oculaires Super Plössl Meade aniblue02_skew_up.gif

Je dispose des SP 32, 26 et 9 mm (*). Ces oculaires économiques sont de qualités tout à fait satisfaisantes. Le 32 mm est même dans sa gamme de prix tout à fait intéressant. Le champ est bien corrigé de l'astigmatisme sauf tout près des bords ; il n'y a pas de reflet mais évidemment le tirage oculaire (eye relief) est réduit et le champ un peu étroit ! Toutefois, en planétaire, il n'égalent pas les Plossl TV ; grosso-modo, le rendu est plutôt équivalent à celui d'un Nagler récent c'est à dire pas au top tout de même.

Oculaire SWA 13.8 Meade aniblue02_skew_up.gif

Le champ annoncé, de 68 °, est sans doute un peu optimiste. L'oculaire est d'assez bonne qualité, bien piqué au centre ; il présente un léger astigmatisme sur les bords et le contraste global est moyen du fait d'un traitement perfectible. Ce n'est sans doute pas le meilleur de la catégorie mais ce n'est pas un mauvais achat : un peu moins cher qu'un Panoptic il est logiquement d'une qualité inférieure. Le Speers 14 encore moins cher que le SWA 13.8 est toutefois nettement supérieur en contraste, qualité du champ et confort...

Oculaire SWA 24.5 Meade aniblue02_skew_up.gif

Le champ réel est de l'ordre de 65° (pour 68° annoncé). L'oculaire n'est pas exceptionnel mais sans défaut majeur ; il est bien piqué au centre et reste agréable à utiliser malgré un eye relief assez faible mais assez commun pour des oculaires à grand champ compacts ; il présente de l'astigmatisme sur les bords (un peu plus que le SWA 13.8 et beaucoup plus que le Panoptic 24). Mais la différence la plus évidente entre cette série SWA (déjà ancienne) et la série Panoptic ou d'autres oculaires récents semble être la qualité des traitements anti-reflets : les SWA ont manifestement un facteur global de transmission inférieur à ce qui se fait de mieux actuellement. Le rapport qualité/prix est donc à examiner au vu de la concurrence sachant que le SWA 24.5, dans sa gamme de focales, et pour son champ était (*) l'un des moins chers du marché... et qu'il est au coulant de 31.75 mm. Il me paraît être un bon achat par exemple pour un petit instrument (ETX90...).

(*) Meade ne semble pas réajuster ses prix ; Télévue paraît, en 2005, présenter un meilleur rapport qualité/prix. Par ailleurs, il faudrait maintenant compter avec les nouvelles séries 5000.

Barlow Meade série 4000 aniblue02_skew_up.gif

Cette Barlow (de type triplet ED) est généralement bien notée. Cette Barlow est parfaitement achromatique (c'est un triplet) ; elle introduit tout de même une petite aberration de sphéricité perceptible sur les instruments testés (Clavius, APO). Par ailleurs, le centrage n'est pas parfait du fait d'une légère différence de diamètre avec le porte-oculaire (constaté tout de même sur deux instruments non Meade).

Powermate TV 2.5X [*]aniblue02_skew_up.gif

Cet amplificateur 2.5X (pour ne pas dire Barlow) se fait quasiment oublier. Les corrections géométriques et chromatiques ne sont aucunement affectées et le tirage est comparable avec ou sans. Cet amplificateur n'apporte aucune aberration suplémentaire et le contraste est donc nettement meilleur qu'avec la Barlow Meade. Par ailleurs, notamment par rapport à la Barlow Meade, le centrage est parfaitement obtenu. J'ai testé l'ensemble Powermate 2.5X + Plossl 11mm et il s'avère tout à fait honorable par rapport au Pentax XO 5mm qui présente une focale presque équivalente.

Speers Waler 10 mm [*] aniblue02_skew_up.gif

Disposant d'un champ de près de 80° et vendu un peu plus de 200€, le Speers-Waler 10mm gagne a être connu car cet oculaire est tout à fait exceptionnel : un champ parfaitement corrigé d'un bord à l'autre, une transparence très agréable et un eye relief suffisant. En fait cet oculaire est souvent favorablement comparé avec les Nagler de 9 mm. Son seul inconvénient réside dans le court tirage qu'il impose en sortie du tube optique (à environ - 30mm de la mise au point d'un oculaire standard). Je l'utilise surtout en ciel profond pour amener les objets à un grossissement convenable tout en conservant l'avantage esthétique d'un très large champ.

Speers Waler 14mm aniblue02_skew_up.gif

Cet oculaire a pratiquement les mêmes qualités que le 10mm ; il présente tout de même une très légère courbure en bordure de son large champ de près de 75° à 80° mais pas d'astigmatisme. Une transparence très agréable, un eye relief bien dosé pour moi (12mm à 16mm suivant les versions) et son prix de moins de 200€ en font un oculaire de référence. Cet oculaire est désormais disponible en 82° de champ (SWA 14). Comme les autres Speers Waler, il impose un tirage court derrière le porte oculaire.

Speers Waler 18mm aniblue02_skew_up.gif

J'ai eu une première version du Speers-Waler 18 en série long focus donnée pour 70° de champ (SW 18). Cette version s'est avérée décevante avec une courbure de champ prononcée et m'a conduit à acquérir un Panoptic 19mm. Toutefois étant séduit par les autres oculaires de la gamme, j'en ai discuté avec Sky Instruments (Antares) et, à l'occasion d'une autre acquisition, ils m'ont proposé un échange standard avec la nouvelle version SWA en 82°. Cette nouvelle version est en effet très différente et ne présente plus aucune courbure de champ. Elle présente malgré tout, en bord de champ un astigmatisme un peu plus prononcé que le Panoptic 19mm qui n'est pas parfait non plus ; pour être plus précis, les défauts du SWA18 passent moins inaperçus que ceux du Panoptic 19. En fait, compte tenu de la différence de focale entre les deux oculaires (et donc de grossissements), les champs réels exempts d'aberrations sont exactement identiques sur le Panoptic et le Speers Waler SWA 18mm. Enfin, le fond du ciel étant un peu assombri par le grossissement plus important du SWA 18mm et le champ total étant plus important (effet Space Walk), les vues avec le SWA s'avèrent équivalentes ou même meilleures que celles du Panoptic 19 ! Le SWA 18 est donc réhabilité... Attention, toutefois, le SWA 18 nécessite un tirage très court (encore plus court que les SW 10 et SW 14) du porte oculaire et ne conviendra pas sur un Dobson calculé trop juste. Sa formule peut également être incompatible avec un rapport focal très court (< F/6 non testé).

Speers Waler 5-8mm [*] aniblue02_skew_up.gif

Cet oculaire zoom de prix modéré est absolument unique compte tenu de ses caractéristiques ; ce n'est pas vraiment un zoom mais plutôt un oculaire à focale variable de 5 à 8mm. Il est constitué d'un élément positif principal et d'un élément divergent frontal dont la distance au corps est variable. Il semble que cette optique comporte plutôt moins de compromis qu'un zoom classique mais par contre la mise au point est totalement perdue à chaque changement de focale. Le SW 5-8mm possède également les caractéristiques exceptionnelles des autres oculaires de cette gamme : un champ extravagant de 82° à 84°, un très bon contraste, des couleurs neutres et une correction en bord de champ irréprochable : imaginez la Lune avec 7mm de focale (154 X) tenant en entier dans le champ et totalement nette d'un bord à l'autre ! Les vues à la focales minimales (un peu moins de 5mm) sont tout aussi impressionnantes. Le confort est tout à fait bon pour un zoom doté d'un aussi large champ : eye relief de 12mm. Les plus gros défauts sont d'ordre "mécanique" : absence de crantage et coulissement cahotique de la bague de zoom, hauteur inhabituelle et poids de près de 450 grammes qui nécessitent un porte-oculaire solide et une bonne monture.

Bref un zoom d'excellente qualité optique, ce qui est rare mais toutefois peu pratique d'emploi.

Oculaire variable SWA 5-8mm : position 5mm (à gauche) et 8mm (à droite)

Le SWA 5-8 me paraît parfaitement adaptée à une utilisation générale et sur la Lune. En planétaire, une formule spécialisée (Orthoscopique de haut de gamme ou Plössl...) est toujours préférable à une formule complexe mais les résultats du SWA 5-8 restent d'un très bon niveau comparable aux autres oculaires à large champ testés ici.

A noter que, à l'instar des autres Speers Waler (sauf type Long Focus), la rentrée de l'oculaire est plus importante que la moyenne et il pourrait ne pas convenir sur certains Dobsons.

Gamme Speers Waler

Nagler T6 11mm [*] aniblue02_skew_up.gif

Oculaire compact et d'excellente qualité (confort, transmission, correction) très agréable à utiliser mais le Speers Waler 10mm n'est pas loin. Le champ est très bien corrigé ; le chromatisme quasiment toujours présent sur les oculaires à grand champ est très discret et se renforce uniquement en bord extrême de champ. Cependant, de mon point de vue le Nagler 11mm est légèrement en retrait en planétaire par rapport à un Plossl ou un Radian TV car plus "soft". Ce n'est pas gênant compte tenu de sa destination et le Nagler 11mm peut donc être recommandé sans hésitation pour un usage général quite à basculer sur un simple Plossl en planétaire si les conditions sont bonnes.

Nagler T5 16mm aniblue02_skew_up.gif

Oculaire compact et d'excellente qualité à tous points de vue ; le piqué pourrait être même meilleur que celui du T6 11mm. Toutefois le confort n'est pas bon avec un tirage d'anneau (eye relief) de 10mm seulement pour embrasser tout le champ de 82°. Le résultat est qu'il est difficile de profiter du très grand champ et qu'un panoptic 19mm est préférable pour un champ couvert équivalent ! ceci étant (et explique peut être cela) c'est le Nagler de plus longue focale en 31.75mm. Si ce n'est sa compacité, il n'a aujourd'hui plus grand intérêt par rapport à l'Ethos 13mm.

Panoptic 19mm [*] aniblue02_skew_up.gif

Cet oculaire est largement connu et apprécié ; j'ai du l'acquérir pour remplacer le premier 18mm Speers Waler... Les étoiles sont ponctuelles sur un large champ, mais pas jusqu'au bord (légère courbure de champ) ce qui est un peu décevant malgré tout. L'astigmatisme est perceptible près des bords du champs mais ne distrait pas l'attention. L'oculaire est peu encombrant et très agréable à utiliser sur les amas ouverts et en ciel profond... Cet oculaire ne peut toutefois convenir en terrestre car il déforme les bords du champ du fait de la distortion propre au Panoptics. C'est une valeur sûre comme d'ailleurs la quasi totalité des oculaires de Televue.

Panoptic 24 [*] aniblue02_skew_up.gif

Excellent oculaire notamment par rapport au Meade SWA 24.5 : meilleur contraste et étoiles ponctuelles jusqu'au bord avec la TEC140 (vraisemblablement encore mieux que le Pan 19). Le confort est satisfaisant et l'oculaire léger. Comme tous les Panoptic, il montre une déformation du champ mais qui n'est pas gênante en astronomie.

Panoptic 35 [*] aniblue02_skew_up.gif

Oculaire impressionnant et qui se révèle très agréable à utiliser. Le champ de 68° est finalement bien calibré et l'oculaire est moins lourd et moins cher qu'un Nagler 31mm. En tout état de cause, le confort est très satisfaisant et je ne lui trouve pas de défaut, hors la distorsion propre aux Panoptic et... la présence de poussières sur les lentilles ; il est notable de constater qu'à cette focale, la courbure de champ est nulle (la mise au point au centre et sur les bords de champ est strictement identique) ; le chromatisme sur le limbe lunaire (soit des conditions très sévères étant donné la quantité de lumière) est discret et limité au 1/3 externe du champ et n'altère absolument pas l'observation. Globalement rien à voir avec l'Antares 30mm qui fait alors piètre figure... Une valeur sûre à recommander en particulier avec un réfracteur qui supporte bien les champs larges à faible grossissement (pupille ~5mm).

Pentax XW30 [*]aniblue02_skew_up.gif

(voir également ci-après d'autres informations à propos de la gamme Pentax XW).

Voilà un oculaire couteux mais bien construit et très confortable. Les traitements sont toujours très poussés sur les Pentax ce qui garantit une transmission très élevée sur tout le spectre ce qui est leur point fort ; le champ de 70° est très bon mais avec malgré tout une légère courbure de champ (caractéristique de certains Pentax XW au dessus de 14mm) sans aucune trace d'autre aberration géométrique.

Pour être exhaustif, le chromatisme sur un limbe lunaire (soit des conditions très sévères étant donné la quantité de lumière) est un peu plus prononcé que sur le Panoptic 35mm et règne sur 50% du champ ; mais en pratique, ce défaut présent sur tous les oculaires à grand champ (au moins sur les bords), ne se remarque pas beaucoup en observation stellaire courante, ni même en observation lunaire sauf si on se concentre dessus !.. Le tirage d'anneau (Eye Relief) de 20mm est très confortable voire trop important et il faut bien ajuster la position de l'oeil (ou la hauteur de la bague) car, en tout état de cause à F/5, mais pas à F/7, une "aberration de la pupille de sortie" est parfois perceptible ; mais le confort est néanmoins un point fort des Pentax XW et ici supérieur au Panoptic 35.

De fait, j'utilise très régulièrement le XW 30 avec des télescopes à F/5 environ et il me donne toute satisfaction du fait de l'excellent confort, de sa taille raisonnable et de la pureté des images produites. Le champ de 70° est suffisant dans la plupart des cas car on peut en profiter facilement. Avec mon Newton, le déséquilibre causé par le poids de cet oculaire n'est pas trop fort non plus. Dans ces conditions, je ne suis pas trop tenté par le lourd, encombrant (et couteux) Nagler 31 par exemple...

Avec l'APO à F/7, j'ai néanmoins une petite préférence pour le Panoptic 35mm du fait de la pupille optimale de 5mm et aussi parce qu'il offre des corrections aussi bonnes ou très légèrement meilleures (du fait de l'absence de courbure de champ) ; le Panoptic 35mm est aussi un peu moins lourd. Toutefois il faut savoir qu'avec les Panoptic, si le champ est parfaitement corrigé, c'est au détriment de la géométrie. En effet, Al Nagler a privilégié la correction optique au détriment de la distortion alors que Pentax et d'autres semblent mieux respecter la géométrie (cependant les Pentax XW ne sont pas orthoscopiques). Un observateur jeune capable d'accomoder en bordure de champ sera moins gêné qu'un observateur presbyte par une faible courbure de champ (comme celle du Pentax XW 30). Le choix entre les deux est donc affaire de goût... il faut les essayer ce qui, évidemment, est plus facile à dire qu'à faire.


Pentax XW30, Panoptic 35mm et... Meade 32mm Plossl


De gauche à droite : Pentax XW 30, Antares Erle 40, TV Panoptic 35mm
Le traitement du Pentax XW est le meilleur, suivi du Panoptic et de loin par l'Antares

Malhereusement, Pentax a arrêté la fabrication des oculaires XW30 et XW40 ; il semble que ces derniers étaient essentiellement développés pour l'astronomie qui est un tout petit marché pour Ricoh/Pentax... Si vous en trouvez un d'occasion à un prix raisonnable, cela peut être un bon choix.

Pentax XW5 XW10 [*] aniblue02_skew_up.gif

La gamme Pentax XW est une gamme de référence pour beaucoup d'astronome amateurs. Dotés d'un tirage généreux (20mm) et d'une très bonne qualité de fabrication, ils ont d'excellentes caractéristiques. La gamme XW est assez étoffée quoique bizarrement étagée avec des oculaires dont les focales sont doubles les unes des autres décourageant l'usage de Barlow ou l'achat de la gamme complète !

Un point qui m'a toujours rebuté est la courbure de champ des XW au-dessus de 10mm :


Courbure de champ (DS) - Pentax XW (Source Pentax)

En effet, cette courbure est relativement prononcée : négative au dessus de 10mm et positive à partir de 10mm et en dessous. Peut être est ce parce que ces oculaires sont avant tout conçus pour les Spotting-scopes de la marque dotés d'optiques complexes ? Sur sa page en japonais, Pentax semble expliquer que c'est un choix de design pour limiter l'astigmatisme : en effet, selon les courbes ci-dessus, la défocalisation en bord de champ est relativement semblable pour le plan sagittal (DS) et le plan tangentiel (DM) soit un astigmatisme minimal (dans une moindre mesure pour les XW10 et XW3.5) ; la courbe moyenne (DS+DM)/2 représente alors la courbure de champ ; cependant, la courbure négative se cumule à celles des triplets APO courts ; par exemple, la courbure de champ du XW14 atteint presque 0.5 dioptries de défocalisation non compris la courbure de champ de l'instrument... Cela se voit, surtout à l'âge de 45/50 ans et au delà compte tenu de la baisse des capacités d'accomodation (presbytie). Quoiqu'il en soit, ce défaut est minimisé pour les XW10 et le XW5 du fait de son inversion.

J'ai comparé (mais ce n'est pas fini) les XW10 et XW5 avec différents oculaires de focales similaires : Radians, LVW, ZAO 6mm et XO5...


XW5 et LVW5 : Réflectivité  des traitements "presque" comparable
... mais une teinte totalement différente

La différence principale qui apparaît avec les LVW et surtout Radians et dans une moindre mesure avec le XO5 (pourtant de la même marque), est la "blancheur des images" ; certains parlent de "neutralité" ou d'une excellente transmission ; cela se discute mais, indiscutablement, ils se distinguent par cette caractéristique qui est évidente. Sur Jupiter, par rapport à un LVW et a fortiori un Radian, l'image de Jupiter paraît plus "claire" ce qui facilite d'ailleurs un peu la mise au point. Mais le fond du ciel est également un peu plus clair et au final, en terme de contraste (et aussi de "piqué"), les XW n'en montrent pas plus ; il est d'ailleurs agaçant de passer des XW à des LVW ou Radians (et vice versa) tant la différence est significative et demande un temps d'adaptation... Idem sur l'étoile multiple de M42 ; les composantes E et F très ténues ce soir là et à la limite de la visibilité sont vues avec une égale facilité ou difficulté dans les trois types d'oculaires. Seuls les ZAO et XO s'en sortent un tout petit peu mieux alors qu'ils apparaissent, en termes de saturation, plutôt intermédiaires entre les XW et LVW ; leur qualité de transmission n'est évidemment pas douteuse (les XO5 et XW5 ont cependant des courbes identiques).

J'en déduit que la transmission moyenne des XW est comparable à celles des autres grands champs mais plus accentuée dans le bleu. La transmission des XW évoque d'ailleurs, pour moi, celles d'oculaires anciens traités au MgF2 (Clavés, Meade RG, RKE...).

Ceci se confirme mieux en observation de jour avec un filtre vert puis bleu : l'image verte est de luminosité équivalente entre le LVW ou le Pentax mais l'image bleue est plus lumineuse dans le XW. En observation de jour, les couleurs sont également plus saturées dans les LVW ou les Radians alors qu'elles sont plus "neutres et claires" dans le Pentax XW. Cette caractéristique que je retrouve un peu avec des jumelles Pentax 8X43 DCF ED par rapport à d'autres types est sans doute un avantage en observation de jour pour laquelle les XW sont commercialisés.


Courbe de transmission des Pentax XW (source Pentax)

Les courbes ci-dessus fournies par Pentax montrent effectivement une transmission très constante de plus de 90% sur l'ensemble du spectre visible et seulement 5% de variation ; les constructeurs fournissent rarement les courbes de transmission des oculaires mais il est possible de trouver une transmission limitée à 65% à 75% dans le bleu (à 450nm) d'après quelques tests ; on trouve plus fréquemment les courbes de transmission des jumelles... qui comportent cependant un plus grand nombre d'éléments optiques. Par exemple ce test d'une paire de jumelles Vixen qui montre une transmission de 75% à 450nm ; idem pour une Leica Geovid ; quand à la Pentax DCF ED 8X43, elle est déjà un peu meilleure à 80% et la différence de transmission n'est que de 10% sur l'ensemble du spectre ; le Panoptic 15mm est ici à un peu plus 75% dans le bleu. En astronomie visuelle, je ne suis pas certain qu'une meilleure transmission dans le bleu constitue un avantage décisif car les observations sont centrées dans le jaune-vert, sauf dans quelques cas très particuliers, y compris et surtout en CP et l'observation planétaire bénéficie, en général d'un ré-équilibrage pour cette gamme du spectre. En tout état de cause, cela ne semble pas, ici, être un inconvénient non plus et "qui peu le plus peut le moins", sauf que, il vaut mieux éviter de mélanger des observations avec un XW et un oculaire d'une autre gamme compte tenu de la gêne occasionnée par les changements de saturation et du temps d'adaptation requis. En définitive, n'observez qu'avec des Pentax XW ou qu'avec vos oculaires habituels si vous en êtes contents !

Mais les Pentax XW ont cependant un avantage plus objectif sur les LVW : le chromatisme latéral des XW n'est pas nul mais très progressif et les images sont parfaitement exploitables jusqu'au bord des 70° de champ ; sur les LVW et en particulier les plus courts, le chromatisme latéral augmente brusquement en extrémité de champ ce qui n'est pas rédhibitoire compte tenu de la faible exploitation du bord de champ... mais tout de même à connaître puisqu'il réduit un peu le champ "propre". Le chromatisme latéral des Radians est, pour moi, négligeable mais ils n'ont que 60° de champ.

Un mot sur l'ergonomie : elle est bonne avec une bonnette vissable ajustable mais les LVW avec leur poids mieux équilibré sur l'ensemble de la gamme et leur confort d'utilisation avec le coulant 2" et la bonnette caoutchouc parfaitement positionnée sont plus agréables. Ceci étant, les LVW peuvent se salir plus facilement que les Pentax mieux protégés.

En conclusion, si la "saturation" moins prononcée des couleurs des XW (qui est le fait d'une transmission meilleure dans le bleu) ne présente pas, de mon point de vue, un avantage significatif en astronomie, les XW sont des oculaires d'excellente qualité mais surtout du fait de leur excellente correction sur l'ensemble du champ (du moins pour les XW10 et en dessous). Par ailleurs, leur champ très piqué est exploitable sur 70° soit un tout petit peu en dessous des Nagler. Si vous avez des XW, vous n'aurez donc besoin de rien d'autre. Si vous n'en avez pas, vous n'en avez peut être pas absolument besoin car ils ne sont pas "donnés"... et surtout ne les essayez pas parce qu'ils sont bigrement bons !

Plossl Televue 15mm 11mm et 8mm [*] aniblue02_skew_up.gif

Quel que soit le bien que l'on peut penser d'un Nagler 11mm pour l'usage principal auquel il est destiné (le ciel profond), il s'efface devant le contraste supérieur d'un Plossl Televue 11mm en planétaire : sur la Lune avec le Maksutov TEC MC200 à F15.5, tel craterlet vu au Nagler semble mieux délimité avec le Plossl ; sur Mars la focalisation s'avère très franche alors que l'image reste "soft" dans le Nagler ; sur Saturne, les satellites sont détectées avec un peu plus de facilité sur un ciel un "tantinet" plus sombre. Comparés aux Radians de mêmes focales (voir test des radians 8mm 10mm 12mm) les Plossl s'avèrent aussi légèrement supérieurs et donnent un peu plus de pep's ; la différence est toutefois moins franche qu'avec les Naglers.

En tout état de cause, à un prix très accessible, les Plossl Televue passent pour être parmi les meilleurs oculaires planétaires disponibles dans cette gamme de focale au moins pour les rapports de focales les plus longs (F/8 et au delà). Le champ est très "propre", exempt de chromatisme sensible même sur les bords extrêmes du champ de 50° (soit un champ supérieur à celui d'un Plossl classique ou d'un orthoscopique) ; le confort est bien moindre qu'avec des Radians bien entendu. Malheureusement, cette gamme est peu étendue et la plus faible focale est de 8mm ce qui les destine à des telescopes Cassegrain de rapport F/10 au moins ou éventuellement sur un instrument plus court avec une Powermate 2.5X qui donne d'excellents résultats ; la raison d'être de cette limitation est que - peut être - d'après certains - les Plossl TV fonctionnement moins bien avec un faisceau ouvert à F/8 et plus...

Globalement, en planétaire, les Plossl TV restituent une impression de "découpe au rasoir" des surfaces similaire à celle dégagée par le Pentax XO avec seulement une différence de teinte.

Nota : Il existe un grand nombre de variations de design pour les Plossl (la formule de TV est brevetée). Le Plossl original a été conçu comme un oculaire à "grand champ" (pour l'époque) et comprenait deux doublets dissymétriques au bénéfice d'une meilleure correction sur l'ensemble de champ (mais pas sur l'axe qui était très légèrement compromise) et au détriment d'une distorsion légèrement accrue par la dissymétrie. L'utilisation de verres à hauts indices et de fortes courbures permet désormais d'obtenir aussi bien que le design original, sur 50°, avec deux doublets symétriques sans compromis sur la correction axiale. Aussi, contrairement à ce qui se dit souvent, les Plossl dissymétriques ne seraient pas supérieurs aujourd'hui (et certainement pas sur l'axe) compte tenu de tous les degrés de liberté dont l'opticien dispose, aussi il ne se fabrique plus de Plossl de ce type ; les derniers en date étant ceux de Clavé selon une formule de Zeiss (à noter d'ailleurs que cette dissymétrie pourrait être obtenue par variation des indices de verres...). A savoir : Les Plossl sont presque orthoscopiques ; en examinant la formule d'un Plossl de loin, on voit... un monocentrique !

(*) avec les réserves d'usage car une différence de focale même minime suffit à fausser toute appréciation de la transmission de deux oculaires.

Ethos 13mm [*] aniblue02_skew_up.gif

Cet oculaire doté d'un champ énorme bouscule toutes les considérations habituelles de champ/pupille ; une fois de plus Televue a crée un nouveau besoin et la concurrence fait maintenant "rage"... Il existe un grand nombre de revues très positives de cet oculaire exceptionnel et je ne peux que confirmer ses qualités de transmission et de correction y compris en chromatisme latéral ce qui est vraiment étonnant vu le champ. Mais la caractéristique unique de l'Ethos 13 est qu'il remplace un zoom !... Enfin plus exactement il rend toute focale usuelle entre 13mm et 22mm (70°/80° de champ moyen) à peu près inutile... malgré son prix c'est donc un investissement intéressant. Je l'ai beaucoup utilisé, et presque de façon exclusive, sur le Newton 200mm à F/5 : la coma y est très légèrement perceptible mais ne nécessite pas de Paracorr ; le champ de 1.30° offre des vues splendides de presque tous les amas ouverts ; par exemple, le double amas de Persée est bien plus beau avec l'Ethos 13 qu'avec le Pentax XW 30 même si ce dernier donne des étoiles un peu plus ponctuelles (le grossissement plus faible aidant à atténuer la légère coma et la très légère courbure de champ). L'Ethos 13 est donc très bien adapté à un instrument à F/5 mais convient tout à fait à des instruments jusque F/7 : le fond du ciel y est suffisamment sombre mettant bien en valeur le contraste et le champ époustouflant. Il est de moindre intérêt au delà de F/9 puisque la pupille se réduit en dessous de 1.5mm mais sur le Mak à F/15.5, il retrouve son utilité en devenant à la fois oculaire de pointage et oculaire d'utilisation générale y compris planétaire !

En effet, en planétaire avec le MAK à F15.5, le piqué est excellent et comparable à celui d'un orthoscopique (en l'occurrence un BGO 12.5mm). Toutefois, le champ extrêmement large est peu favorable à l'observation confortable d'un petit objet qu'il est assez délicat de placer au centre... Et sur la lune, l'éblouissement est trop important et/ou on en voit trop à la fois. C'est un peu idiot comme commentaire mais en fait le mieux est parfois l'ennemi du bien : cet oculaire est parfait mais il a trop de champ pour être agréable dans certaines situations !

Je suis par contre réservé quant à l'intérêt de l'Ethos 8mm et encore plus des Ethos 6.7/4.7 parce que plus la pupille est réduite moins il est intéressant d'avoir du champ : un "simple" Nagler (!) convient alors parfaitement mais un Ethos 8 est certainement très utile sur des instruments très courts entre F/3.5 et F/5. Je suis plus intéressé par l'Ethos 21m mais je le trouve un peu trop lourd (1kq). Reste à voir ce que valent les Nikon UWA 12.5 et 17mm ou le Docter UWA 12.5mm en comparaison ?..

RKE 12mm [*]aniblue02_skew_up.gif

Le RKE est un oculaire dérivé du Kellner selon une formule brevetée de David Rank (Edmund Optics) ; dit aussi "Kellner inversé", ce qui signifie seulement qu'il ressemble à un Kellner à l'envers, il ne comprend que trois lentilles en deux groupes. Il est vendu environ $60 aux USAs et distribué en Europe par Edmund Optic UK (à savoir, taux de change = $1 pour 1€ non compris la TVA...).

Le RKE 12mm ne présente "pas très bien" : usinage grossier, finition et anodisation médiocre, bords de lentilles non noircies,  traitement classique MgF2 et reflets sur la jupe interne évidents ; cependant, à première vue, les traitements ne semblent pas beaucoup moins efficaces que ceux des TV. Le champ "commercial" est de 45°. A l'usage, l'objet est plus intéressant.


RKE 12mm vs Plossl 11mm :
Reflet en bas sensiblement équivalent
Reflet en haut du RKE lié aux reflets sur l'oeilleton

J'ai comparé le RKE 12mm sur la TEC140 ouverte à F/7 et le MAK à F15.5 avec le Plossl TV 11mm et le Radian 12mm :

Le confort d'observation est bon à très bon (meilleur que sur le Plossl). L'oeil se place bien (tirage 10.5mm) et je n'ai pas été gêné par des reflets internes ou externes (mais je n'ai pas testé sur la Lune). Le point focal est assez proche de celui des TV.

Sur Jupiter : l'image (turbulente) de la planète donnée par le RKE sur l'axe est vraiment très bien découpée, plus blanche qu'avec les Televue et globalement très contrastée. Une différence en faveur du RKE qui le rend très agréable, est une diffusion autour du disque vraiment minimale : cette différence avec le Plossl TV est faible mais plus sensible avec le Radian ; elle n'est pas forcément décisive pour toutes les observations mais est néanmoins persistante. C'est un bon point pour le RKE qui confirme que la simplicité des traitements n'est pas forcément un désavantage.

Voilà donc un oculaire de très haute définition sur l'axe mais qui va se révéler médiocre hors axe sur instrument ouvert à plus de F8 environ ; dans ce cas la motorisation est obligatoire. Sur un télescope ouvert à F10 ou moins, la simplicité du RKE donne tout son potentiel sans défaut rédhibitoire si l'on tolère de ne pas exploiter 100% du champ. D'un sens ce n'est pas très étonnant compte tenu de l'origine de la formule.

Sur étoiles doubles à fort contraste, rien à signaler : Le RKE fait aussi bien mais pas mieux que le Plossl TV. En CP et détection d'étoiles faibles, rien à signaler non plus en détection ou contraste mais la mise au point devient aléatoire s'il n'y a pas d'étoile brillante près de l'axe.

En conclusion, le RKE est un oculaire simple mais très efficace sur l'axe que l'on peut effectivement dédier à l'observation planétaire à haute résolution comme il est rapporté sur divers forums. Grâce à la simplicité de sa formule, c'est un des rares oculaires à présenter une faible diffusion apparente. En tout état de cause, ce n'est pas un oculaire "tous usages" ou "universel" ; le champ de haute résolution est plus limité que sur un oculaire moderne à quatre lentilles ou plus. A savoir : le coût importé ne le rend pas compétitif par rapport à un Plossl TV. Je n'irais donc pas conseiller d'acquérir toute la collection ; mais compte tenu de la relative rareté d'oculaires simples à très faible diffusion, un exemplaire bien choisi pour la focale "planétaire" est néanmoins une option valable pour un telescope pas trop ouvert (catadioptrique, lunette) et motorisé.

(*) Edmund Optics publie les spécifications détaillées de chaque oculaire ; ce constat est corroboré par les données disponibles ("spot size" 0.7 field) ; le RKE 8mm serait le mieux corrigé sur l'ensemble du champ.

Lanthanum Vixen LV 2.5mm, 4mm, 5mm et 6mmaniblue02_skew_up.gif

Désormais commercialisés sous la forme des Vixen NLV.

Ce sont des Plössl modifiés (2-1-2) avec une Barlow intégrée pour présenter un tirage (eye relief) de 20mm ce qui est l'intérêt de la combinaison. L'originalité annoncée réside ici dans l'utilisation de Lanthane pour un (ou plusieurs ?) verres afin d'améliorer la transmission de cet oculaire à sept lentilles et quatre groupes mais on retrouve ce type de conception (y compris les verres au Lanthane) sur un certain nombre d'oculaires dit à grand eye relief (Radian, TAK LE...). L'avantage du lanthane n'apparaît pas évident... la transmission est globalement comparable (en +/-) avec celle des oculaires complexes comportant le même nombre de lentilles. Par ailleurs, ces oculaires ont le champ limité d'un Plössl (50°). La correction sur l'axe est très bonne donnant des images contrastées et fines ; la correction hors axe est affectée d'un léger chromatisme latéral sans que cela soit très gênant en pratique pour l'observation.

J'ai eu l'occasion de comparer longuement un oculaire LV6 avec un orthoscopique Perl de 6mm sur la Lune et Saturne. L'OR 6mm paraît un peu plus contrasté mais la différence est loin de sauter au yeux et ne justifie pas de se priver du confort offert par le LV. Je les ai également longuement comparé avec des LVW de la même marque : ces derniers sont tout de même un tout peu plus "piqués" mais ne courent pas dans la même gamme (ils sont deux fois plus chers et ont un champ nettement plus important).

Il est à noter que les oculaires Vixen LV reçoivent souvent des avis divergents. On peut en déduire que ces oculaires ne s'adaptent pas forcément à tous les instruments et ne conviennent pas à tous les observateurs (suivant par exemple l'ouverture du faisceau et vraisemblablement, la position de l'oeil) ; effectivement les LV ne sont pas calculés pour des F/D courts. Mais en fait, dès lors qu'il s'agit d'observation planétaire, les oculaires complexes sont souvent susceptibles d'avis divergents... Après analyse, il en ressort qu'un oculaire plus simple de bonne qualité, de type Plössl ou Orthoscopique est moins confortable mais donne effectivement des images (un peu) plus contrastée. Mais si le confort est une donnée importante du choix et pour un budget serré, les LV me paraissent être d'excellentes alternatives : les LV/NLV sont en effet à peine plus chers qu'un Plössl et constituent donc un très bon achat pour une utilisation en planétaire dans l'axe, c'est à dire avec un instrument motorisé. En occasion, ils sont "donnés" !

A noter que les LVs sont sensibles aux poussières ; il semble qu'un des plans focaux tombe a proximité d'une surface optique ; sans doute parce que les reflets de la première lentille focalisent à proximité du foyer d'un autre élément ; et je me demande si ce n'est pas la cause de leur réputation mitigée... à part cela, après les avoir testé et re-testé, je ne leur trouve pas de défaut majeur.

Lanthanum LVW 22mm à 3.5mm [*]aniblue02_skew_up.gif

Les LVW sont des oculaires à champ large 65° et grand tirage d'anneau (20mm). Ils sont un peu plus lourds que des Pentax XW (~500g vs ~400g) mais VIXEN les a dotés d'une double jupe 2"/1.25" qui les rends très pratiques à utiliser sur le terrain dans un renvoi diagonal de 2". Le champ apparent est légèrement supérieur à celui des panoptic (donnés pour 68°) mais objectivement inférieur à celui des Pentax XW ; très certainement le champ des Panoptic ne vaut pas 68° et celui des LVW peut être un tout petit peu plus important que 65°.

Optiquement, les résultats sont excellents sur tous les types de télescopes y compris les plus courts et pour toute la série : à F/D=5, le LVW 22mm est parfait d'un bord à l'autre, meilleur que le panoptic 24mm. Les petites focales (LVW 3.5mm, LVW 5mm) montrent un chromatisme mais il se ne révèle qu'en bord extrême de champ (sur 1° apparent environ). Je n'ai pas noté de reflets internes mais l’oeil a souvent tendance à renvoyer un reflet sur la première lentille ; ceci peut dépendre de l'observateur mais est assez commun à toute la série et peut être la première lentille n'est pas assez bien protégée des reflets parasites par la bonette fixe. Le centrage de l'oeil est facile et le confort d'utilisation (sans lunettes de vue) absolument excellent, en fait le meilleur de toute ma panoplie d'oculaires. Le confort d'observation avec un tirage d'anneau de 20mm et une bonnette bien conçue (sans lunettes de vue) est de toute évidence l'atout majeur de cette série d'oculaires. Enfin, les LVW sont "orthoscopiques" et donc bien adaptés à l'observation lunaire (ou de jour).


Gamme LVW complète

Malgré le grand nombre de lentilles (8 éléments en cinq groupes) le piqué du LVW 5mm est excellent :

- néanmoins en dessous du Pentax XO5 testé ici (mais concurrencer le Pentax XO est impossible...)
- supérieur au LV5mm
- ~ équivalent au XW 5 (les deux oculaires sont très difficiles à distinguer dans l'axe, sauf bords extrême de champ un peu plus propre sur le XW)
- en tout état de cause, sensiblement équivalent à celui des petits orthos standards (UO, Baader...) avec une très légère perte de lumière.

Par rapport aux Radians (focale de 8mm), le piqué, la transparence et la diffusion sont relativement identiques (testés par détection d'étoiles faibles, détection de compagnons faibles sur des doubles serrées). Les reflets liés aux lumières parasites semblent mieux maîtrisés avec le Radian grace à son intrajust très efficace mais le placement de l'oeil sur les LVW est plus direct. Les Radians sont plus petits (mais ont moins de champ).

Les LVW sont souvent évalués par rapport aux Pentax XW plus chers (presque 2X). Pour ce que j'ai constaté, au dessus de 10mm (non compris), les LVW sont incontestablement meilleurs du fait de la planéité du champ ; Pentax ne fait pas mystère de la courbure de champ des XW30/20/14 s'ajoutant à celle des instruments astronomiques (mais possiblement inverse celle des "spotting scopes" pour lesquels ils ont été conçus). A 10mm et en dessous, cela se discute car la courbure de champ est cette fois faible et dans le bons sens : la majorité des observateurs (mais pas tous), placent alors les XW devant les LVW en piqué mais pas toujours en confort. J'ai fait la comparaison plusieurs fois sans pouvoir conclure... J'ai toutefois tendance à préférer la parfaite orthoscopie, le confort et l'ergonomie des LVW même si les LVW sont un peu plus plus jaunes que les XW (voir pourquoi dans le test des XW sur cette page), ce qui est souvent positif en planétaire mais un peu moins en étoiles doubles.

En bref, le LVW5 serait donc équivalent ou très légèrement meilleur en planétaire alors que le XW5 est légèrement meilleur en observation stellaire (amas et étoiles doubles) du fait du respect des couleurs. Il n'y a pas de différence pour les objets diffus si ce n'est le champ plus large de 5° du XW...

Il reste la nouvelle gamme Delos qui, au vu des caractéristiques annoncées (orthoscopie, planéité du champ, traitements) pourraient suplanter ces deux gammes...

Le LVW 13mm est mon oculaire planétaire préféré sur le MAK 8" juste après le RKE 12mm en piqué. C'est une série que j'apprécie beaucoup et après de nombreuses années, même après avoir utilisé des Ethos, XW, Radians, Orthos... je reviens toujours aux LVW :

- série de qualité très homogène, orthoscopie,
- champ compatible avec toutes les aplications et tous les types de télescopes
- coulant 2" qui permet un centrage parfait malgré la taille de ces oculaires, en 2" le tirage est favorable avec les Newton,
- bonnette fixe mais très bien placée et très "douillette",
- poids égal sur toute la gamme ne nécessitant pas de ré-équilibrage
- confort inégalé.

Quelques petits bémols :

- la gamme pourrait être mieux étagée (ceci étant la gamme des XW est encore plus mal étagée). Il manque un 10mm à la gamme. : le Pentax XW10 comble le trou !
- les LVW peuvent être sensibles aux reflets de lumières parasites externes et ils se salissent plus vite que les Pentax XW
- il ne leur manque que 5° pour concourir avec les grands champs modernes (XW, Delos...), dommage mais absolument pas fondamental...

Évidemment, les LVW sont assez anciens. Ils ont été conçus au début des années 2000 juste après les Radians de Televue (60°) et sont contemporains des Pentax XL (65°) remplacés par les Pentax XW (70°). Vixen n'étant pas un opticien à la base mais plutôt un assembleur et un mécanicien, les LVW et LV auraient été conçus par un ingénieur de Nikon. Ils n'ont pas évolué depuis leur sortie et il est peu probable qu'ils évoluent (optiquement).

En revanche, ils ont été "copiés" sous la forme des Orion Stratus et Baader Hyperion mais avec quelques variations possibles suivant les focales ; si le design des Hyperions s'inspire très fortement de celui des LVW, les verres ne sont pas les mêmes (pas de lanthane) et les traitements sont également différents. Cependant les Hyperions "bénéficient" d'un champ à 68° du fait de l'élargissement du diaphragme de champ ; cela explique pourquoi, entre autres facteurs tels que la qualité de fabrication, le bord de champ des Orion et Baader est moins bon que celui des Vixen !

En conclusion, les LVW constituent une très bonne gamme d'oculaires à grand champ d'usage général (planète, ciel profond) dotés d'un excellent piqué, sans distorsion, d'une bonne transmission, adaptables sur tous les instruments et très agréables à utiliser. Le prix est désormais correct car il a longtemps été trop élevé. En outre, les LVW se trouvent encore assez facilement en occasion. A recommander. Au delà et dans le genre LER/70° se tourner vers les TV Delos ou les XW plus couteux...

UWA 6.7 et 4.7mm Meade (série 4000) aniblue02_skew_up.gif

Ces deux oculaires (série 4000, made in Japan) sont équivalents en qualité et reçoivent généralement de bons commentaires de la part des utilisateurs. Ils sont en effet très bien corrigés et permettent en outre d'obtenir des images planétaires piquées sur pratiquement tout leur large champ de 82° ; l'UWA 4.7mm fait presque jeu égal avec le XO5 qui est "la" référence de cette focale. L'astigmatisme est confiné aux bords extrêmes ce qui est appréciable pour suivre facilement une image planétaire dans un télescope non motorisé et c'est dans ce but que j'en avais fait l'acquisition : c'est ainsi que le 4.7mm m'a donné d'excellents résultats sur Mars avec mon T200 ; j'utilise également souvent le 6.7 mm en ciel profond et il m'a permis d'obtenir la magnitude 14 avec le Clavius. En revanche, ils sont pénibles (surtout le 4.7) sur la lune du fait de reflets internes (bords des lentilles, jupe) prononcés.

Le tirage oculaire (eye relief) n'est pas très important, surtout pour le 4.7, et l'inconfort relatif est accentué par le très grand champ ; l'oculaire ne conviendra donc pas aux porteurs de lunettes. Leur atout est donc une excellente correction sur un très large champ, un excellent piqué et en outre permettent une application possible en planétaire sur un instrument non motorisé.

Ces oculaires ne sont plus fabriqués depuis longtemps et je ne pense pas que les nouvelles gammes de Meade de la série 5000, fabriquées en Chine, arrivent à leur niveau. Ils ne se trouvent donc plus qu'en occasion à des prix souvent assez bas et ne peuvent être que très très chaudement recommandés (de futurs "collectors" ?). A noter que les monstrueux Meade UWA 14mm et 8.8mm de la série 4000 sont déjà des "collectors"...

Ces vieux oculaires de la série 4000 sont probablement des copies des Nagler T1 4.8mm et 7mm, peut être même fabriqués en même endroit (pure spéculation de ma part) ? Evidemment, les oculaires Nagler T1 sont moins prisés que les Nagler récents du fait de leur confort limité et du marketing mais ils sont également tout aussi bons que cette vieille série 4000 et à recommander si la haute résolution est visée alors que en ce qui concerne les Naglers récents (T6 notamment), je suis plus que réservé quant à cet usage. Ceci n'implique pas que toute la série 4000 soit également bonne : en fait les Plossl et SWA de la série 4000 sont même plutôt médiocres.

Antares Erfle modifié 30mm (74°) aniblue02_skew_up.gif

Cet oculaire économique (environ $120) offre un grand champ de 74°. Il offre un bon confort d'observation en terme de tirage oculaire et de position de l'oeil mais l'astigmatisme est déjà bien présent au 2/3 du champ; il est cependant utilisable dans de bonnes conditions sur pratiquement 80% du champ (sur les 20% restant, l'astigmatisme est vraiment prononcé). Il m'a donné de bonnes images d'objets diffus (Nébuleuses América en entier...) avec la lunette TEC 140. J'ai aussi été surpris de constater qu'il réagissait plutôt bien avec le télescope à F/5 sur de grands amas ouverts. Les autres utilisateurs rapportent sensiblement les mêmes constatations ; en tout état de cause, il y a certainement mieux... et probablement, le champ annoncé est trop large par rapport au design optique. C'est donc plutôt un oculaire "de secours" ou de repérage assez loin des qualités d'un Panoptic 24 ou 35.

Antares Erfle 40 mm aniblue02_skew_up.gif

Cet oculaire Erfle de 65° de champ environ est très économique (environ $100) et se révèle être une bonne surprise avec un astigmatisme bien confiné aux bords extrêmes. Le confort est tout à fait correct d'autant que le champ n'est pas très important... mais suffisant compte tenu de la focale. Utilisé dernièrement sur un Maksutov à F/15, il se révèle parfait. Je pense donc pouvoir le recommander car il peut se révéler meilleur à l'usage qu'un 35 mm de moyenne gamme.

TMB Monocentric 5mm aniblue02_skew_up.gif

Succombant à la mode 2004, j'ai fait l'acquisition d'un TMB monocentric de 5 mm. Cet oculaire est en fait une vieille formule (~120 ans), pleine d'inconvénients et d'avantages, ressuscitée par TMB. Le Monocentrique au sens strict comporte un seul groupe optique de trois lentilles accolées ayant un centre commun (d'où leur nom) ; l'oculaire distribué par TMB est en fait une loupe tripe de Steinheil (c.f TCA J Texereau - chapître XI). La loupe triple de Steinheil est utilisée pour certains travaux de précision et son avantage, en tant qu'oculaire est que la correction est parfaite sur l'axe et, du fait qu'il n'y a que deux surfaces air-verre, la transmission est maximale. Les inconvénients sont un champ très étroit (30°) et une correction limitée hors axe (courbure de champ) ; par ailleurs, le tirage d'anneau (eye relief) est assez faible.

La bonne surprise est que le confort est satisfaisant : étant donné le champ très faible, il n'est pas nécessaire d'avoir l'oeil collé à l'oculaire et ce d'autant que la pupille est très ouverte (*). Cet oculaire est parfaitement corrigé sur l'axe et la transmission parfaite donne des images très cristallines... au centre du moins. En effet, la mauvaise surprise est que la correction n'est bonne que sur 2/3 du champ environ ce qui fait peu pour un oculaire au champ aussi étroit (et aussi cher). Par ailleurs, le mien me donne un astigmatisme d'un côté du champ ce qui n'est pas normal et pourrait provenir d'un effet de bord sur un bloc optique mal centré... La question est de savoir si ce qui est vu "sur l'axe" ne serait pas vu sur un bon oculaire classique : il n'est pas évident de répondre à cette question. Peut être que cet oculaire permet de voir les détails plus vite mais je ne pense pas qu'il en montre davantage et, sur la lune par exemple, on ne voit pas grand chose à la fois... En tout état de cause, un tel oculaire n'est pas recommandé pour un télescope non motorisé.

Mes impressions assez mitigées sont confirmées par la lecture d'un test complet de Sky and Telescope (Août 2004) qui a fait couler beaucoup d'encre ou fait "crépiter" les claviers aux USAs ; TMB s'est défendu en arguant d'un défaut sur une série... mais je fait le même constat. D'autres observateurs signalent également la qualité excellente du champ sur l'axe mais une dégradation hors axe. Malgré cela, cet oculaire rétro, dont le marketing est très réussi a beaucoup de fans.

En conclusion, il serait injuste de ne pas reconnaître ses excellentes qualités sur l'axe rapportées à l'utilisation à laquelle il est destiné (observation planétaire) ; mais il a, à mon goût, des inconvénients notables pour être pratique et plaisant à l'usage... Si vous êtes tentés par un ou deux oculaires HD, notez aussi que la gamme des TMB monocentriques est très étoffée ce qui n'est pas le cas avec les othoscopiques ou certains oculaires HD disponibles en une ou deux focales.

(*) suivant la position de l'anneau oculaire, la distance de l'oeil à l'oculaire est augmentée de la quantité :

TA = (Ouverture iris - Pupille de sortie)/ 2*tg(B), où B est la moitié du champ en °

Par exemple pour un TMB 5 mm sur une TEC 140 de 980 mm de focale, la pupille de sortie est de 0.72 mm ; si l'ouverture de l'Iris est de 5 mm, la distance TA est alors de 8 mm qui s'ajoute aux 4 mm de tirage d'anneau (eye relief). L'oeil doit donc se trouver à 12 mm des lentilles.

Pentax XO 5mm [*] aniblue02_skew_up.gif

Voilà un oculaire haute définition intéressant. Par le passé, Pentax a conçu une série d'orthoscopiques de haute qualité et réputés ; Pentax a arrêté cette production et son offre en oculaire spécialisé s'est réduit aau XO5 et XO2.5. Depuis 2014 Pentax a également arrêté la production des XO5 et XO2.5 et c'est bien dommage... En fait les XO ne sont pas des orthoscopiques mais relèvent d'un design propriétaire comportant pour le XO 2.5 un élément positif en deux groupes de trois lentilles et un élément négatif en un groupe de deux lentilles (soit trois groupes). Le XO5 a un design différent ; bien qu'il rappelle un Plossl, ce n'en est pas un non plus.


Optique Pentax XO 5


Transmission Pentax XO

 

La qualité de fabrication est poussée très haut avec utilisation de verre Lanthanum, des bords noircis et un facteur de transmission annoncé de près de 98% à 450nm ! Les autres caractéristiques sont un tirage d'anneau de 3.6mm et un champ capable de 44°.

Les résultats sont effectivement à la hauteur avec une image vraiment très propre et cristalline sur près de la totalité du champ : seule une très légère courbure de champ s'amorce en bord extrême. Le piqué est excellent sans aucun reflet et le XO5 s'avère être le meilleur de tous les oculaires 5mm testés. Toutefois, le confort est limite en planétaire (voir remarque sur le TMB 5mm concernant la position de l'oeil).

Le XO5 en particulier fait l'unanimité et est certainement un des oculaires de la plus haute qualité jamais produit dans cette gamme de focale ; comparable aux Zeiss Abbe - ceci malgré trois groupes de lentilles ! Dommage qu'il n'existe pas de 4 ou 6mm. Le défaut majeur est l'indisponibilité et le prix qui atteint maintenant des sommets déraisonnables en occasion (OK pour le prix du neuf mais pas plus)...

J'ai profité d'un déstockage pour acquérir le XO 2.5mm peu avant sa disparition. Il est également excellent mais du fait de sa petite focale, il est d'un usage plus restreint. Bien que sur des étoiles doubles serrées ou contrastés j'ai pu vérifer qu'il ne perd pas une miette de magnitude, il ne m'a pas été posible de dégager, en planétaire, une impression aussi bonne qu'avec le XO5 du fait des grossissements atteints, trop forts, qui limitent le contraste.

Zeiss Abbe II 4mm [*] aniblue02_skew_up.gif

Les oculaires Orthoscopiques Zeiss Abbe font font référence en terme de transmission et de qualité des lentilles. Le Zeiss Abbe II (ZAO II) 4mm est issue de la dernière série réalisée par Zeiss sur commande de Baader. J'ai comparé ci-après le ZAO II 4mm et l'UO 4 avec la TEC140 (245X pupille 0.57mm soit un grossissement très fort) sur différentes cibles.

Etoiles doubles : Sur PSI Cassiopée (étoile triple à composantes faibles 4.68/9.18 22" et 9.18/10 2.6"), le ZAO permet une focalisation un peu plus franche sur les composantes faibles et l'UO4 paraît donc très légèrement moins net : c'est sur cette cible que la différence est la plus accentuée ; il en est de même, mais dans une moindre mesure, sur STF 2968 (Peg 6.69/9.48 3.3") et sur Rigel (Ori 0.18/6.68 9.5") mais ici la comparison est biaisée par la mauvaise qualité du ciel pour cette élévation. Sur une étoile double serrée (36 And 6.18/6.55 à 1") à fort contraste (les deux composantes sont égales) il m'est difficile de percevoir une différence : la double est bien séparée avec la TEC140 avec un mince filet noir entre les deux disques. MCA67 (SAO33210) est une double serrée 1" avec différence de magnitude 6/7 : la double est bien séparée dans les deux cas mais la différence est en faveur du ZAOII4 qui isole plus nettement la composante B.

Sur Uranus, la focalisation est semblable sur les deux oculaires mais le ZAO paraît très légèrement plus lumineux.

Lune : Le ZAOII4 est objectivement un plus lumineux ; l'UO4 paraît donc un tout petit peu plus terne mais il est difficile de trouver tel détail vu avec le ZAOII4 qui ne le serait pas avec l'UO4 ; les détails sont très légèrement mieux vus avec le ZAOII4 mais la différence ne saute pas aux yeux. Autrement dit si l'UO4 montre 100%, le ZAOII4 montre 105% c'est à dire qu'il n'en montre pas plus mais ce qu'il montre est "5% mieux vu"... J'ai noté toutefois, le confort supérieur du ZAO qui, en outre, offre davantage de champ que l'UO4.

Saturne : même impression de transmission supérieure du ZAOII4 ; ici, le ZAOII4, toujours par rapport à l'UO4, semble dévoiler les détails dès que l'oeil est accolé donnant un "impression" de résolution supérieure ceci étant certainement facilité par une focalisation plus franche. Cela reste toutefois une "impression" ou un "confort" parce que, au final, après observation attentive, ce qui est vu avec l'un (satellite, bandes et ombre de l'anneau) est vu avec l'autre mais avec seulement un peu plus de difficulté.

En conclusion, la qualité optique la plus évidente du ZAOII4 est sa transmission supérieure ; par rapport à l'UO4, il s'y ajoute un champ objectivement plus important et un confort d'observation supérieur dont une des caractéristiques est une focalisation toujours plus franche sur les objets de faible luminosité. En terme de piqué et/ou de résolution des contrastes, la différence n'est pas évidente après observation attentive. Cette comparaison ne vaut que pour les cibles visées mais montre un gain sur les objets de très faible luminosité. La différence entre les deux oculaires est tout de même assez ténue et l'UO 4 fait une belle prestation par rapport au Zeiss.

Il n'est pas possible de comparer le ZAO II 4 avec le Pentax XO 5 du fait de la différence des focales mais les deux oculaires dégagent une impression similaire en ce qui concerne la focalisation sur les étoiles faibles.


Zeiss Abbe II 4mm et Pentax XO 5mm
Deux oculaires haute-définition
(à peu près par-focaux)

Zeiss Abbe I & II 6mm [*] aniblue02_skew_up.gif

J'ai eu à un moment donné ces deux oculaires en même temps. J'ai préféré le II parce que de même design que le I mais du point de vue optique, ils sont quasiment identiques : la différence est le champ utilisable un peu plus grand sur le I car limité sur le II par une couronne qui porte quatre flèches gravées. A savoir également que le coulant du I est trop près de 31.75mm pour être introduit dans certains coulants (Zeiss était au courant du problème et il paraît que Baader peut fournir les coulants qui vont "bien"). En tout état de cause, du point de vue optique, il n'y a aucune différence entre ces deux implémentations.

Les deux oculaires fournissent des images absolument superbes : la différence par rapport aux autres oculaires 6mm testés (Radian, LV, Genuine Ortho, Perl Royal) tient à la transmission supérieure dans tous les cas de figure. Cela se voit plus facilement sur des étoiles faibles (par exemple, celles du Trapèze d'Orion) que sur des surfaces planétaires cependant ou d'autres effets perturbateurs rentrent aléatoirement en ligne de compte. Le Baader Genuine Ortho 6mm est assez proche.

Astro-Pysics SPL 6mm 12mm aniblue02_skew_up.gif

Dans les années 2004-2005, Astro-Physics a distribué des oculaires, de sa conception, de haute qualité. Les oculaires SPL sont ainsi contemporains des oculaires ZAO et TMB Monocentric à une époque où les lunettes apo-chromatiques se démocratisaient suscitant ainsi une demande d'optiques d'exception. Cependant, aucun de ces oculaires n'a survecu à cette période : trop chers et trop limités, les amateurs ont finalement préféré les Wide-Field dont les meilleurs (Pentax XW...) font presque aussi bien. Il ne reste aujourd'hui, en premium neuf, que les Plossl Televue et les orthoscopiques japonais HD-OR Kokusai Kohki et les pré-cités sont devenus très rares. Les oculaires SPL étaient conçus avec des exigences très fortes sur la qualité de fabrication et les traitements (multi-couches large bande, >99% de transmission). Il s'agit d'une formule propriétaire à deux groupes de trois lentilles dont une est très incurvée ce qui rend la fabrication en série difficile. De plus AP sous-traitait les lentilles à Aries et n'était donc pas maître de la production. In fine, R Christen a préféré se concentrer sur les APOs.

Le champ est de 42° et le tirage oculaire assez limité (~125% de la focale) mais le confort reste bon avec un oeilleton en forme de volcan. La formule est optimale à partir de F4. Entre autres particularités, l'oeilleton est en Delrin (résine polymère) hydrophobe et non sensible au froid et le corps en Inox poli. Le Delrin et la forme générale de l'oeilleton font que cet oculaire ne s'embue pas et est confortable à l'usage. Toutefois, l'Inox et le Delrin se rayent facilement...

Par rapport au ZAO 6mm, il semble que le SPL 6mm soit légèrement supérieur sur les bords mais il faut dire que le champ du ZAO II a été un peu augmenté par rapport au I. Le SPL dégage peut être un peu moins de "pep" (mais il semble aussi que la focale du SPL soit un peu plus longue ce qui peut expliquer cela). En tout état de cause, la capacité de détection des étoiles du Trapèze d'Orion est bien équivalente à celle du ZAO 6 et légèrement supérieure à celle du baader Genuine 6mm. Le confort et le champ sont équivalents au ZAO. Quelques légers reflets sont à signaler lorsqu'une étoile brillante sort du champ. Le 12mm est de la même veine mais je n'ai pu le comparer qu'avec le RKE 12mm et le Baader Genuine 12.5mm. Par rapport au RKE 12mm, la définition sur l'axe est équivalente mais le SPL est bien meilleur sur les bords. Par rapport au Baader Genuine 12.5mm, je ne vois pas d'écart notable. Le SPL est un peu plus confortable.

Au final, de très bons oculaires qui sont équivalents aux meilleurs orthoscopiques du marché

University Optic 4mm - Baader Genuine 6mm [*]aniblue02_skew_up.gif

UO, Baader, Antares... distribuent une série d'oculaires orthoscopique de type Abbe. En fait, jusqu'à 2012, ces oculaires étaient produits par Tani-kougaku (T) au Japon et disponibles sous différentes marques (UO, Antares, Baader, Kasai) avec parfois des différences de traitement et d'apparence. Il s'agit de véritables orthoscopiques proches des Abbe avec leur qualité (piqué, transmission) et leur unique défaut (faible confort) surtout pour un 4mm. D'autres modèles existent chez les mêmes fournisseurs avec des traitements améliorés (Genuine de Baader, UO HD, Kasai HC...).

J'ai eu l'UO4 et le Baader Genuine 6mm. L'un comme l'autre remplissent parfaitement bien leur mission d'oculaire planétaire ; si le confort et le champ sont limites, le prix est très intéressant ; en effet, pour un prix presque huit fois inférieur au Zeiss Abbe II 4mm testé ci-dessus, l'UO4 offre des prestations d'un excellent niveau. Le Baader Genuine était un peu plus cher mais se compare également très favorablement par rapport au Zeiss Abbe II 6mm. Les différences sont relativement minimes et se situent au niveau de la diffusion et de la correction du champ.

Ces petits orthos deviennent malgré tout de plus en plus difficiles à trouver. Dotés de faibles courbures, ils sont, paraît il, difficiles à produire et probablement également difficiles à vendre... (sauf ceux signés Zeiss !). Il y a peu de focales disponibles.

Mi 2012, Tani cesse son activité mais il l'a probablement cédée. En effet, on retrouve ces oculaires sous différentes marques comme UO (Phase II), Kasai et maintenant TAK : les TAK MC Abbe sont donc des successeurs des Baader Genuine et leur ressemblent comme deux gouttes d'eau sauf de l'extérieur ! De son coté Baader s'est tourné vers les chinois pour produire des orthoscopiques et ses orthoscopiques sont désormais différents (mieux selon Baader évidemment mais cela reste à voir)...

TAK LE 3.6 [*] aniblue02_skew_up.gif

Les TAK LE sont issus de la ligne Masuyama reprise par Takahashi. Il s'agit d'orthoscopiques pourvus d'un élément frontal divergent qui permet d'allonger le tirage d'anneau. Le TAK LE 3.6 est à la hauteur de la réputation de Takahashi. A dire vrai les différences avec un UO 4 sont (hormis le grossissement un peu plus important), un confort amélioré mais un champ un peu plus petit ; autrement dit, les qualités optiques sont au dessus de tout soupçon (aucun astigmatisme ou courbure de champ) mais le champ a certainement été restreint à 42° dans cet objectif. Par ailleurs, par rapport à des oculaires offrant un bon confort à faible grossissement (Radian, Nagler ou LVW), le TAK 3.6 est beaucoup plus léger et compact ; en contrepartie, son champ apparaît aujourd'hui très réduit. Au regard de la concurrence, l'intérêt du TAL LE est donc le compromis qu'il offre en terme de confort/encombrement sans sacrifier la qualité mais avec le désavantage d'un champ très étroit. Pour une utilisation spécifique, comme par exemple pour équiper une tête binoculaire ou une tourelle d'oculaires, du fait de sa légèreté et de sa petite taille, il n'a pas d'équivalent. Pour une utilisation générale, en revanche, les TAK LE ne conviendront pas à tout le monde.

Nota : Les TAK LE 5 et 7mm plus courants (non testés) sont dotés d'un champ de 52°.

Zoom Baader Hyperion 8-24aniblue02_skew_up.gif

Séduit par les caractéristiques de ce zoom qui affiche un champ de 50° à la focale la plus longue alors que tous les autres sont réduits à 40°, j'en ai commandé un. La surprise fut mauvaise... Au déballage, le clic-stop était coinçé et les lentilles couvertes de graisse ; un bruit de chocs était également perceptible à l'intérieur. En définitive, le zoom ne fonctionnait pas et, inutilisable, il fut retourné au revendeur. Bien entendu, c'est le cas isolé d'une pièce mal montée (et mal contrôlée), mais cette courte expérience m'a permis de constater la piètre qualité de la fabrication mécanique : forte odeur de graisse (odeur acide) débordante un peu partout, vis de guidage des pièces optiques trop courtes et mal serrées ; cela ne peut pas tenir bien longtemps. Sans doute réalisé à bas prix en Chine, cet accessoire ne peut se qualifier en haut de gamme même avec Baader écrit dessus et un contrôle qualité défaillant. Un zoom devant avoir de bonnes qualités optiques mais aussi mécaniques, je n'ai pas demandé l'échange mais un remboursement. Je ne peux guère recommander ce zoom.

Zoom Pentax 8-24aniblue02_skew_up.gif

Voilà autre chose... Le zoom Pentax 8-24 présente les caractéristiques habituelles des zooms de cette gamme de focales : 38° de champ à 24mm et 60° à 8mm ; le tirage d'anneau est donné à 20mm. Il est assez gros (L=114mm X D=69mm) et lourd (550g), totalement étanche et en réalité prévu pour les lunettes d'approches de la marque (PF-80ED) ; d'ailleurs il est gradué en "grossissement" (ce qui n'a aucun intérêt pour nous) et comporte des graduations plus petites en focales au nombre de trois (24 12 et 8mm) ce qui est assez peu pratique pour déterminer le grossissement ; le coulant est au diamètre de 1.25" et comporte un filetage standard. Mécaniquement il est de bonne qualité mais la bague de zoom n'est pas crantée (ce qui le rend incompatible en binoculaire) et un peu raide ; cependant contrairement à la plupart des autres zooms de cette gamme de focales il est quasiment parafocal avec lui-même ce qui permet de modifier le grossissement sans perte notable de netteté et valorise ainsi l'effet "zoom".

Testé avec un MAK à F/15, il s'avère très bon optiquement, de qualité presque équivalente aux Radians ou LV de mêmes focales, peut être un peu plus de diffusion et un peu moins bon en bord de champ (à 8mm) mais c'est très minime ; pour donner une idée, le piqué me semble intermédiaire entre celui d'un Nagler et celui d'un Radian (le Radian étant le meilleur en terme de piqué). Mais la différence est plus importante en terme de "confort" : les Radians sont en effet plus confortables tant en ce qui concerne le champ (surtout au dessus de 12mm de focale) que vis à vis de la position de l'oeil un peu gênée par le diamètre du Pentax. Il y a également un mauvais point pour le Pentax en ce qui concerne le traitement des lumières parasites : sur les oculaires comportant un grand nombre de lentilles, on voit plus ou moins les tranches ou bords de ces dernières ; avec le zoom Pentax, cet effet est très visible sur la Lune ; s'il n'entraîne pas de reflets gênants sur l'axe optique, il est distrayant et peu esthétique (et il faut le dire... fait un peu "bas de gamme"). Sur les Radians dont les bords de lentilles sont noircies, cet effet est nettement moins visible voire absent. Ce dernier défaut est surtout visible sur la lune et ne semble pas avoir de conséquences sur les autres objets ; mais en tout état de cause, un oculaire de plus grand champ est préférable sur la lune.


Zoom Pentax 8-24mm

Les zooms ne sont pas toujours appréciés du point de vue optique mais celui-ci, s'il n'est pas parfait (absence de crantage, faible champ et bords des lentilles non noircies), est très bon optiquement sur la totalité du champ. L'intérêt que je vois aux zooms est de pouvoir doser parfaitement l'intensité lumineuse sur une surface planétaire, notamment par rapport aux corps flottants de l'oeil. Parafocal, le Pentax 8-24mm est donc un zoom assez idéal pour un SCT ou un MAK de rapport F/10 à F/15 ; c'est d'ailleurs son principal défaut... dans la mesure où il rend caduque une collection d'oculaires coûteux ! Seul un plossl TV, nettement moins confortable, est sensiblement supérieur en contraste (tout comme par rapport aux Radians d'ailleurs).

Récemment soldé (début 2008), ce zoom ne semble malheureusement plus être listé par Pentax et doit être recherché en occasion. Un zoom XF 6.5-19.5mm, moins réputé, est disponible.

Radian 6 à 14mm [*]aniblue02_skew_up.gif

Les Radians, conçus dans les années 2000, comportent six éléments en quatre groupes pour les focales 8-18mm et sept éléments en cinq groupes pour les focales 3-6mm ce qui est "moins" que les oculaires à grand champs de type Nagler, Ethos et même Delos de focales équivalentes ; c'est, outre le "champ utile", ce qui les a destiné dès le début à une utilisation "planétaire". Différentes versions "historiques" existent qui diffèrent par la nature des traitements. Ils ne sont plus distribués et remplacés par les gammes Delos et surtout Delite quoique les focales ne soient pas tout à fait les mêmes et moins étagées.

J'ai attendu longtemps avant d'acquérir des Radians car je n'était pas convaincu de leur intérêt. Avec le MAK 200/F15.5, j'avais besoin d'oculaires de focales intermédiaires en planétaires pas trop lourds pour équiper la tourelle d'oculaires et pour une utilisation en binoculaire. Encore une fois je ne suis pas déçu des oculaires Televue. Les Radians de cette série (*) sont d'utilisation très agréable et ne présentent vraiment aucun défaut évident du type ombre volante, chromatisme latéral (sauf confiné aux bords extrêmes), déformations, astigmatisme... La protection contre les reflets internes est excellente avec des bords de lentilles noircies et une jupe particulièrement sombre. Comme d'habitude, les traitements sont poussés et un peu chaud sur les TV et il se peut que certains préfèrent des traitements plus clairs comme sur les Pentax XW mais en fait cela n'altère en rien la qualité des images et c'est plutôt une affaire de goût. Ils sont équipés d'une bonnette rétractable (Intrajust) souvent critiquée et il est vrai plus ou moins pratique... mais personnellement je la trouve plutôt efficace.

Sur la Lune, les Radians sont absolument "idéaux" pour le repérage et l'observation des détails lunaires du fait de leur "orthoscopie" (aucune distorsion) et de l'absence de courbure de champ ; le champ de 60° est suffisant et bien dosé alors que les ultra-grand champs sont parfois éblouissants sur la lune. Le champ est parfaitement corrigé et les contrastes élevés ; surtout aucun reflet parasite interne ou externe ne vient les réduire. Je les trouve plus adaptés que des Pentax XW sur la lune du fait de l'orthoscopie et de la planéité du champ. Le chromatisme latéral n'est pas plus prononcé que sur les autres oculaires de mon point de vue.

En planétaire ou sur les étoiles doubles, les Radians 8 à 14mm sont de très bons oculaires ; sur le Maksutov de 200mm/F15.5 ils égalent "presque" les Plossl Televue et s'avèrent certainement meilleurs que les Nagler en piqué ; la différence avec les Plossl TV semble se situer au niveau de la transmission car les Plossl semblent un peu plus lumineux ou moins diffusants ce qui facilite la détection des contrastes les plus faibles lorsque les conditions sont très favorables. Le confort des Radians est appréciable en observation courante ou en observation binoculaire.

En Ciel Profond, le champ de 58° est trop juste.

En détection d'étoiles faibles (satellites de Saturne notamment, trapèze d'Orion), le Radian 6mm est légèrement dépassé par les oculaires premium (AP SPL/ ZAO) et le Delos 6mm qui offre un confort équivalent (et davantage de champ).

J'ai longuement testé le Radian 12mm contre le Vixen LVW 13mm. Les Radians passent pour être moins lumineux en général : je ne peux pas confirmer ; la détection d'étoiles faibles ou de doubles à fort contraste est aussi facile avec les deux oculaires et même éventuellement plus facile avec les Radians moins sujets aux lumières parasites ou reflets sur la lentille frontale. Par contre le champ des Radians est plus petit et apparaît plus sombre au premier coup d'oeil ce qui peut laisser une (fausse) impression défavorable. Les LVW sont cependant un peu plus neutres et le champ supplémentaire les rend plus universels ; le confort est différent mais ni meilleur ni moins bon : c'est affaire de goût et de moment ; par exemple les reflets liés aux lumières parasites sont mieux maîtrisés avec le Radian grace au positionnement précis de l'intrajust. Les Radians sont plus petits (mais ont moins de champ).

Les Radians sont cependant diversement appréciés mais je ne sais pas trop pourquoi ; il est vrai que leur gamme d'emploi est assez étroite. La qualité des traitements multi-couches des Radians a été améliorée après leur sortie... et les séries à 7 ou 6 lentilles (*) sont peut être différentes ? Il y donc peut être Radians et Radians...

En conclusion pour les oculaires Radians 6 à 14mm testés ici, il s'agit de très bons oculaires planétaires adaptés aux catadioptriques et dotés d'un excellent confort. A recommander sur la Lune ou en binoculaire.

(*) Comme indiqué, il y a deux séries de Radians : les Radians 8mm à 18mm à six lentilles en quatre groupes et les Radians de 3mm à 6mm à sept lentilles en cinq groupes ; cinq groupes, c'est beaucoup et je suspecte que les performances de cette dernière série se rapprochent plus de celles des Naglers en planétaire (c'est à dire un peu plus "soft").

Barlow et oculaires Perl Royal aniblue02_skew_up.gif

J'ai acheté il y a une quinzaine d'années une Barlow Perl Royal et trois oculaires de 25mm 18mm et 6mm de type Orthoscopiques Perl Royal ; tous ces accessoires sont au coulant 24.5mm. En fait je souhaitais m'en séparer mais n'ayant pas trouvé acquéreur, je les ai examiné d'un peu plus près.

Barlow Perl Royal : il s'agit d'une barlow à trois éléments collés ; l'achromatisme est sans défaut apparent mais en revanche elle introduit une aberration de sphéricité au start test à très fort grossissement et les images s'en ressentent. La qualité globale de cette barlow est donc, au mieux, très moyenne... à vrai dire pas très satisfaisante !.

Oculaires orthoscopiques de 25 et 18mm : ces oculaires donnent des images très contrastés et sans aucune diffusion sur les objets brillants. L'astigmatisme est assez vite présent sur un champ relativement étroit mais c'est fréquent sur les orthoscopiques. De ce fait et compte tenu de leur longue focale, ces oculaires ne présentent plus beaucoup d'intérêt aujourd'hui, hormis pour réhabiliter un instrument ancien au coulant de 24.5mm.

Oculaire orthoscopique 6mm : c'est la bonne surprise du lot ! Les images au centre du champ sont parfaites, cristallines et sans aucune diffusion, de qualité "orthoscopique Abbe" précisément. Bien évidemment l'inconfort de l'observation peut conduire à préférer un autre oculaire mais c'est un autre débat.

Si vous trouvez en occasion des orthoscopiques anciens, même au coulant 24.5, en petites focales (9mm à 4m) cela peut se révéler un excellent achat.

Conclusion sur les oculaires : les valeurs sûres aniblue02_skew_up.gif

J'ai testé quelques oculaires médiocres mais d'une façon générale, les défauts sur l'axe sont rarissimes ; la différence se joue au niveau des traitements, du montage et de l'absence ou présence d'une diffusion d'ensemble. Hors axe, c'est une autre histoire mais on ne peut pas toujours incriminer l'oculaire.

Il y a grosso modo quatres séries "optimales" pour l'utilisateur :

- la petite série des Premiums : ce sont des oculaires aux traitements et montages optimisés qui donnent les meilleurs résultats possibles pour un minimum de lentilles. Il y en a peu et ils sont rares et souvent chers (mais pas toujours). On y trouve les Pentax XO, les Zeiss Abbe (ZAO), AP SPL, Clavé, Brandon et, éventuellement, les TV Plossl (sous réserve d'une longue focale relative F6 ou plus). On doit également mentionner les TMB monocentric et les RKE mais leur comportement hors axe n'est pas satisfaisant sur les rapports courts. Certains modèles ne se trouvent plus que sur le marché de l'occasion. Quoique très bons, je ne classe pas les Othoscopiques courants (UO, Baader Classic...) parmi les Premium mais j'y classe cependant les Plossl TV plus faciles à trouver.

- la série des grands champs optimisés à grand tirage d'anneau et d'utilisation générale : type Pentax XW, Delos et Vixen LVW qui bénéficient d'un large champ, d'un excellent confort et de performances excellentes à la fois en planétaire et en ciel profond. En planétaire, ils font jeu égal avec des petits oculaires "spécialisés" (divers orthos fournis par Oh-I Kohki, UO, Baader...), sauf Premium. Il existe d'autres marques et modèles très connus mais non testés.

- la série des ultra grand champs type Nagler et surtout ETHOS : ici on s'attache à une bonne correction hors axe et toujours la qualité des traitements, l'absence de reflets ou la conception générale de l'optique ; le piqué sur l'axe compte moins. Il en existe maintenant beaucoup sur le marché et je suis loin de pouvoir donner une avis circonstancié. J'ai été vraiment "bluffé" par l'Ethos ; les Naglers font référence sur toute la gamme mais des marques plus marginales ou anciennes peuvent réserver de bonnes surprises.

- la série des très grandes focales à partir de 25mm : on retrouve les Panoptics et Pentax XW ou encore, à un prix plus élevé, les Naglers (trop lourds à mon gout). Dans cette gamme, il faut s'assurer que l'oculaire choisi conviendra bien au telescope.

Si les "premiums" sont introuvables, les oculaires dits "planétaires" de type TAK LE, UO et autres Orthoscopiques réalisés par Oh-I Kohki et vendus sous différentes marques (Antares, Baader...) sont une alternative. L'intérêt est leur petite taille et leur prix plus modéré. Cependant, ils ne sont pas supérieurs sur l'axe aux types Pentax XW, Delos, Delite ; alors pourquoi observer dans l'inconfort ? Les Radians / Delite sont recommandables en binoculaire, en planétaire et surtout sur la Lune mais avec un champ un peu réduit pour la catégorie, il sont moins universels que des XW ou Delos. Les Panoptic, s'ils excellent en CP, ne me paraissent pas adaptés au planétaire et sont plus intéressants (par rapport aux ultra-grand champs) dans les longues focales ou pour leur taille réduite.

Il existe aussi bien sûr d'autres marques et d'autres types sur lesquels je ne pose aucun jugement (TMB Burgess, Baader, Astronomics, WO...) et que, probablement, je n'aurais jamais l'occasion de tester. Toutes ces marques fournissent de très bons oculaires mais les gammes ne sont pas forcément homogènes et il faut les repérer au préalable.

Quoiqu'il en soit, si je m'en tiens aux tests effectués, les valeurs sûres (trouvables) me paraissent être les séries des Televue (toutes catégories), Vixen LVW, UO, Pentax XO et XW et TAK LE. Hormis les Vixen LVW, TV Delos et Pentax XW d'utilisation générale, les autres gammes (y compris les différentes gammes de Televue) sont spécialisées.

Enfin, en matière d'oculaires, il ne faut pas hésiter à acheter d'occasion, par exemple les Meade UWA, Vixen LW, Pentax XL, Televue et tout orthoscopique... Outre l'aspect économique il y a plusieurs bonnes raisons : 1.Si vous êtes déçu, vous pourrez vous séparer de la pièce sans regret. 2.S'il existe de mauvais objectifs dans une série, ce n'est pas le cas en matière d'oculaires ; ils sont tous identiques (éventuellement porter attention au pays de fabrication chez Meade). 3.A moins de le démonter, de frotter les lentilles au papier de verre ou de le faire chuter sur une surface dure, il est pratiquement impossible d'endommager un oculaire. 4.Les séries les plus récentes sont optimisées pour réduire les coûts de fabrication décentralisée dans des pays à faible coût de main d'oeuvre. Cela n'améliore pas la qualité, bien au contraire. Par exemple, Meade ne fournira jamais mieux que son excellente série UWA 4000 ou ses Orthoscopiques Research Grade fabriqués au Japon. 4.Les séries anciennes pourraient avoir des traitements un peu moins performants mais la différence n'est visible que par les maniaques et sans effet sur les performances réelles (et parfois ces traitements "moins performants"... sont meilleurs !). 5.En résumé, un oculaire réputé ou de haut de gamme d'occasion est certainement préférable, à tout point de vue, à un oculaire de moyenne gamme neuf.

ADDITIF

Bino Denkmeier + D21 D14 aniblue02_skew_up.gif

En 2021... je dois compléter cette page, un peu tardivement, sur la tête binoculaire Denkmeier DII que j'ai depuis 2003/2004. En un mot j'en suis très content.

Je vous passe les détails sur le haut intérêt d'une tête binoculaire (amélioration du contraste, disparition des défauts internes de l'oeil, moindre fatigue...) mais je signale quand même les inconvénients à connaitre : alourdissement et porte-à-faux de 2kg qui pèsent sur la monture et le porte-oculaire et il peut y avoir du vignettage sur certaines configurations. On peut utiliser une tête binoculaire avec tous types d'instruments, même petits : la perte de lumière est compensée par l'usage des deux yeux et le cerveau devient alors très tolérant ! Et d'une façon générale, toutes les petites gênes que l'on peut avoir en vision mono sont comme effacées en vision binoculaire ; on peut y perdre un peu en piqué (du fait de la quantité de verres ajoutée) mais on y gagne beaucoup en contrastes et en esthétique (effet 3D) et de façon tout à fait spectaculaire.

A ma connaissance, il existe différents modèles distribués par Televue, Baader et d'autres modèles chinois. Les différences se situent au niveau de la qualité mécanique, de la taille des prismes et de leurs qualités optiques, des traitements multi-couches (transmission et largeur spectrale) et des compléments optiques disponibles. La tête Denkmeier se situe parmi les meilleures et le haut de gamme semble être la Baader Mark V Grossfield, munie de prismes de 30mm, issue d'un design et d'une production d'un sous-traitant de Zeiss. Veuillez noter que je n'ai jamais essayé d'autre tête binoculaire que la tête Denk II et aussi je n'ai pas de point de comparaison.

Choisir une tête binoculaire et ses accessoires n'est pas simple car cela dépend beaucoup de l'équipement utilisé (type de télescope) et de l'usage souhaité (grand champ/planétaire). Il est en outre très difficile d'émettre des conseils a priori et le mieux est de vérifier sur les forums, auprès d'autres utilisateurs, la compatibilité avec l'usage que vous voulez en faire.

Il faut considérer qu'une tête binoculaire allonge considérablement le chemin optique et il faut vérifier la compatibilité avec la position du point focal de votre instrument et avec la course du porte-oculaire. Différentes lentilles correctrices sont disponibles et diffèrent suivant que vous utilisez :

- un Newton : le nez de la tête ne doit pas pénétrer dans le tube et il y a peu de marge sur la course du porte oculaire. La lentille correctrice doit être assez large pour intercepter tout le cône de lumière
- une lunette ou un Maksutov : la course du PO offre plus de marge que sur un Newton. La lentille correctrice est placée en général devant le renvoi coudé et est plus divergente que celle pour un Newton
- un SCT : la position du point focal peut être ajustée par déplacement du miroir et il n'est pas nécessaire d'utiliser une lentille correctrice. Attention, toutefois, cela ne marche pas bien avec un Maksutov dont le champ de pleine lumière est très petit ; il y a alors un risque de vignettage sur l'axe si le baffle intercepte le cône de pleine illumination (traiter alors le Maksutov comme une lunette).

Il est à noter qu'avec un instrument très ouvert (F/5 F/6), la lentille correctrice divergente est indispensable pour faire passer la lumière dans les prismes sans introduire d'abberration chrormatique. Par ailleurs, tous les renvois coudés ne conviennent pas : d'un côté il faut pouvoir introduire et fixer fermement la tête binoculaire et de l'autre il faut suffisamment de profondeur pour introduire la lentille correctrice et un filetage compatible (se renseigner).

Il faut également considérer le champ souhaité, par rapport aux dimensions des prismes (20mm est le minimum offert mais 25mm offrent plus de possibilités) et à la combinaison optique et c'est là aussi qu'il faut se renseigner sur les combinaisons à utiliser si vous envisagez les grands champs (et surtout les focales > 21/24mm).

La tête Denkmeier DII dont je dispose était livrée dans le refractor package et comprenait le power switch et une lentille correctrice SR adaptée aux réfracteurs et Maksutov. Le power switch qui comporte trois positions avec deux lentilles diminuant ou augmentant le grosissement (0.66X  - 1X  - 2.25X environ sans tenir compte de la lentille correctrice SR ou OCS) est un avantage de Denkmeier par rapport à la concurrence car il permet d'ajuster le grossissement souhaité à l'instrument et le cas échéant de passer d'un instrument à l'autre sans changer d'oculaires (ou de limiter le nombre de paires d'oculaires à disposition). Depuis, cette acquisition, j'ai également commandé chez Denkmeier un correcteur OCS, un RC spécial et des Plossl 32mm.

Les grossissements indiqués avec le power switch sont indicatifs et dépendent des trajets optiques (notamment de la position de la lentille correctrice, de la position du miroir sur un catadioptrique, etc...). Il est possible d'utiliser la tête sans powerswitch et sans lentille correctrice pour autant que l'instrument le permet. Il est aussi possible d'utiliser le power switch sans lentille correctrice mais alors le grossissement le plus faible est inopérant.

La Denk II est munie de prismes de 26mm garantis à 1/8 d'onde, traités multi-couches large bande. La version actuelle qui lui correspond semble être la Binotron 27 super system munie de prismes de 27mm avec le power switch et la lentille correctrice OCS A37. Remarquez que Denkmeier a simplifié son offre parce que, à l'époque, c'était un vrai casse-tête de choisir les bonnes combinaisons !...

    1. Tête sans le powerswitch directement derrière un RC Denkmeier avec adaptateur spécial. Le RC dédié permet de réduire le backfocus de 40mm environ par rapport à un RC standard. Pas de facteur d'amplification dans ce cas. Convient à un SCT, éventuellement un MAK mais risque de vignettage sur l'axe (réduction du diamètre utile sur l'axe)

2. Correcteur OCS installé sur le nez de la tête binoculaire avec powerswitch. Facteurs d'amplifications de 1.25 2 3.6. (*). Backfocus un peu réduit par rapport à la configuration de gauche. Convient pour SCT, MAK et lunettes (avec tirage suffisant).

3. Montage "classique" du correcteur OCS devant le RC. Facteurs d'ampiflication environ 1.4 2.3 4.4. (*). Convient à toutes lunettes, SCT, MAK.

Denk II + D21 sur TEC 140

Différentes façons de monter la tête Denk II (et Binotron 27)

(*) suivant la position de la lentille correctrice, les grossissements varient de façon non proportionnelle.

Par ailleurs, la tête Denk II est équipé d'un ajustement de la collimation ce qui est un atout à long terme et permet, le cas échéant, de vous aider à converger si vous avez des difficultés. Elle permet aussi la focalisation différenciée des oculaires ce qui est indispensable et son système de centrage (self-centering) permet un centrage parfait des oculaires sur l'axe optique ce qui est également indispensable.

Tout cela marche très bien et le matériel ne s'est jamais déréglé en 15 ans. J'ai eu tout de même un problème avec la lentille correctrice SR qui était légèrement astigmate. Denkmeier me l'a remplacée (contre un forfait réduit parce que j'avais dépassé la garantie). La lentille OCS A37 me semble légèrement meilleure.

Oculaires :

Le choix d'une paire d'oculaires pour l'observation en binoculaire est critique à plusieurs égards :

- le grossissement optimal (en particulier en planétaire) n'est pas forcément le même qu'en monoculaire. C'est un choix personnel comme je l'explique sur cette page qui dépend de vos paramètres physiologiques. Personnellement, je retiens des pupilles mini de 0.9mm environ pour cette utilisation. Malhereusement, avec les éléments optiques rapportés devant l'oculaire et le backfocus variable qui modifie la focale sur les catadioptriques, il est parfois difficile d'anticiper le grossissement obtenu. Si vous utilisez une Denk avec powerswitch, faites en sorte que le grossissement optimal soit obtenu avec le PowerSwitch en position neutre (1X). Ce n'est pas que les lentilles de cet accessoire soient de mauvaise qualité, mais autant en avoir le moins possible dans la chaîne optique. Par contre, il est presque illusoire d'utiliser une tête binoculaire sans aucune lentille correctrice ; à part sur quelques schmidt cassegrain (à F/10 et avec un énorme backfocus), ce n'est pas possible ou pas souhaitable. Même sur une lunette apo, il est préférable de conserver un faisceau relativement fermé à l'entrée des prismes,
- le coût : deux oculaires valent plus chers qu'un seul !
- le changement d'oculaire en "live" ne se fait pas aussi facilement qu'en monoculaire : il faut désengager/engager les oculaires puis ajuster le réglage dioptrique pour chaque oeil (il n'est pas toujours conservé) et converger. Donc bien souvent, vous n'utiliserez qu'un seul oculaire par session.

Il n'est pas nécessaire de viser un grand champ car il serait inconfortable de regarder les bords de champs ou il serait inutilisable. Un champ de 60 à 70° maximum est idéal mais cela fonctionne également très bien avec des petits oculaires classiques (Plossl, orthos) pourvu qu'ils offrent un tirage d'anneau suffisant (15mm à 20mm sont recommandés) pour positionner confortablement "sa tête" devant "la tête"... Certains utilisateurs signalent une difficulté de serrage/centrage d'oculaires munies de rainures de blocage : je n'ai pas constaté moi-même avec les Televue, mais c'est une éventualité à considérer ; les oculaires Denkmeier ont d'ailleurs un coulant lisse.

Les deux oculaires Denkmeier D21 et D14 (mais étrangement, de, respectivement, 21.6mm et 15.2mm de focale !) sont de très bonne qualité, comparables à des XW Pentax, Radian, etc... Il sont livrés apariés à 1/100mm. L'apariement peut réserver des surprises si vous achetez deux oculaires de séries de production différentes mais sinon, j'ai essayé avec deux Radians et deux Plossl Televue sans problème à signaler. Le bord de champ des oculaires Denkmeier D21 n'est pas tout à fait net ; le champ est plus important qu'annoncé (de l'ordre de 70°). En binoculaire le placement des deux yeux se fait particulièrement bien mais en visio mono, l'oeil n'est pas assez guidée par la forme de la bonnette. J'ai eu une poussière sur une lentille interne d'un D14 et il m'a fallut la retirer (avec l'assistance de Denkmeier) parce que le verre impacté coincidait de trop près avec un plan focal interne.

Les oculaires Plossl de 32mm sont particulèrement intéressants avec un Mak car ils permettent une gamme de grossissements plus polyvalents (montage 2 ou 3) que les D21 et D14.

Voir également : Denkmeier Optical, Titix online

Vidéo astronomie aniblue02_skew_up.gif

L'astronomie visuelle, en ciel profond, peut être "assistée" par des dispositifs électroniques qui augmentent la capacité de détection en temps réel ou presque (Electronically Assisted Astronomy EEA). L'avantage de ce mode d'observation est qu'il vous permet de percevoir, en temps réel (à la vitesse de la lumière près !...), ce que vous ne verrez jamais à l'oculaire en ciel profond (pour un instrument donné) et permet surtout d'observer en groupe de plusieurs personnes, éventuellement non initiées.

Il existe probablement trois types différents de modes d'assistance électronique :

- les intensificateurs d'images. Ils utilisent un tube amplificateur de photons (via des électrons). Le procédé a été étudié dès les années 1940 (et peut être avant). Les dispositifs fonctionnent en temps réel, par conception, et peuvent être extrêmement performants en terme de détection mais par contre fournissent une image monochrome (généralement à teinte verte). La définition est assez médiocre. Pour l'astronomie, il existe des dispositifs en mono ou binoculaires. Ils sont très couteux et soumis à des restrictions d'importation ou d'usage du fait de leur utilisation militaire (en France notamment).

- les caméras vidéo composite à haute sensibilité (analogiques). Il s'agit de caméras de surveillance CCD à sortie vidéo composite ou S-vidéo modifiées (ou non) pour l'obtention d'une très haute sensibilité. Ces caméras CCD fonctionnent alors quasiment en temps réel ; il y a tout de même un petit temps de latence dû au temps de pose qui peut être programmable (quelques secondes). L'observation se fait sur un petit écran LCD sans l'assistance d'un ordinateur et donc avec le minimum de matériel (une monture équatoriale motorisée avec GOTO tout de même !). Les caméras de vidéo-surveillance CMOS (à sortie vidéo) récentes disponibles couramment sur le marché ont des capteurs moins sensibles et plus petits que les caméras CCD du même type ; ces dernières sont a priori à privilégier pour la vidéo-astronomie mais sont en voie de disparition (et restent assez couteuses).

- les caméras USB ou Ethernet (digitales). Il s'agit là d'utiliser des caméras de tous types (aujourd'hui plutôt en CMOS) et un ordinateur pour les acquisitions. Il me semble que ce n'est plus vraiment de l'astronomie visuelle assistée mais que cela tende vers de l'astro-visio-photographie ! (le mot est inventé !) sans vraiment être de l'astrophotographie. Depuis les gadgets vendus sur ebay (oculaires usb pour microscopes) aux caméras de haute résolution, il y a ici un continuum avec l'astrophotographie tout court. Néanmoins, la vidéo-astronomie n'est aujourd'hui plus l'apanage des seules caméras "vidéo" mais ce n'est pas ce que je développe dans cette section car ce sujet, trop vaste, est hors de ma compétence (voir forum spécialisé EAA sur Cloudy Nights).

Sur ce sujet : Beginning EAA, Analog or Digital Camera

Mallincam (Canada) développe depuis plusieurs années des caméras dédiées à la vidéo astronomie. Au départ il s'agissait de caméras vidéo CCD (à sortie composite) mais maintenant la gamme s'est orientée vers des caméras CMOS USB dont l'usage est différent car il requiert la manipulation d'un ordinateur pour les acquisitions. Cependant Mallincam distribue toujours des caméras vidéo CCD à sortie composite dont la XTreme assez proche de la caméra VSS que j'ai achetée il y a quelques années. D'autres artisans se sont lancés dans des productions semblables, ont éventuellement abandonné mais Mallincam semble être assez constant et connu en ce domaine. Des amateurs ont utilisé des caméras de vidéo surveillance (à sortie composite) du commerce, non modifiées, mais avec des résultats moins intéressants.

La caméra Mallincam VSS (sortie composite et S-vidéo) comporte un capteur couleur (PAL ou NTSC au choix), trié, Sony ICX418AKL céramique de 768 X 494 pixels (pixel 8.4µm X 9.8µm) de 8mm de diagonale (type 1/2) ce qui est très petit mais suffisant pour obtenir un "grossissement utile" pour un large panel d'objets du CP. La définition est médiocre mais l'intérêt est ici l'obtention de résultats immédiatement visibles et il faut bien sacrifier quelque chose.... Un côté pratique de la caméra VSS est que le temps de pose est ajustable par un potentiomètre. La caméra XTreme utilise le même capteur mais elle requiert une télécommande pour le réglage du temps de pose ce que je trouve moins pratique. Les circuits d'amplification de ces deux caméras ont été modifiés et optimisés (Hyper Mode), le capteur mieux ventilé, et des temps de pose jusqu'à 100s environ sont possibles avec la VSS (100mn avec la télécommande de la XTreme ce qui est sans intérêt pour cette application). Enfin, ces deux caméras sont munies d'un refroidissement Peltier qui permet, en théorie, de diminuer le bruit. Mallincam "clame" l'existence de nombreuses autres fonctions qui sont celles du firmware d'une caméra de surveillance mais sont sans aucun intérêt.

Deux autres caméras CCD plus simples sont disponibles : Junior PRO (meilleur marché, même capteur que XTreme mais sans Peltier et sans Hyper Mode) et la caméra Micro-Series plus économique avec un capteur plus petit (type 1/3). Compte tenu de mon expérience avec la VSS, je peux indiquer que le refroidissement Peltier est sans grand intérêt sur ce type de caméra (le refroidissement par convection suffit amplement), par contre le circuit Hyper Mode (haute sensibilité) semble bien apréciable pour les instruments moins ouverts que F/5.

La caméra VSS est munie d'un filetage de monture C (33mm) et 24mm ; un adaptateur au coulant de 50mm est fourni mais j'ai préféré monter un adaptateur C/Canon de façon à le placer derrière un Flip mirror au sandard Canon. La mise au moint sur le capteur est alors quasiment garantie dès lors que celle de l'oculaire du Flip mirror est faite. Le pointage se fait avec le GOTO et est eventuellement corrigé grace à l'oculaire du Flip Mirror. Le Flip mirror n'est pas indispensable avec un GOTO bien réglé mais il facilite la mise au point et le pointage ; on change ainsi d'objet très facilement.

La prise en main de la caméra n'est pas triviale parce que Mallincam utilise le firmware d'origine en attribuant de nouvelles fonctions aux menus existants mais sans expliquer le parallèle (et avec quantités de fonctions à peu près inutiles... !). Par exemple, le module Peltier s'active et se règle à partir du menu détection de mouvement (c'est, à la base, une caméra de surveillance) ; quand le détecteur est OFF, le module Peltier est ON en continu ; quand il est ON, il se déclanche quand du bruit est détecté (mais je ne suis guère convaincu...). Finalement, une fois réglée, seul le temps de pose sera à ajuster par le potentiomètre (ou la télécommande) pour l'obtention de l'image la plus belle et contrastée possible. Bien entendu, le rafraichissement des images est automatique et le résultat est, immédiatement, assez étonnant.

 

Observation de M27 avec le Clavius 166, M16 et M31 (vues directes en 2 ou 3s sur l'écran LCD)

La sensibilité est très bonne et permet d'aller assez loin, par exemple d'afficher à l'écran le Quintette de Stephan en quelques secondes avec un T200/5 ! La caméra doit être utilisée avec des instruments assez ouvert (F5 à F7 maximum) et des focales pas trop longues pour bénéficier d'un champ suffisant (compte tenu de la taille minuscule du capteur) : finalement des petits instruments très ouverts éventuellement munis de réducteurs de focales. Les temps de pose sont très courts et, de ce fait, ne requièrent aucun autoguidage ou PEC ni même une mise en station très précise... Bref du prêt à l'emploi qui ne nécessite qu'une alimentation 12V et un petit écran LCD sur batteries intégrées (Lilliput par exemple) !

Pour de meilleurs résultats, il est nécessaire de disposer d'un ciel noir (comme en observation visuelle) mais l'observation du ciel profond en banlieue là où, visuellement, on ne voit rien du tout, reste possible ce qui est d'un intérêt certain ! A noter que ce mode d'observation est beaucoup trop limité en définition pour présenter un intérêt en planétaire par rapport à l'observation à l'oculaire même si, en toute rigueur, on peut afficher des planètes à l'écran.

Au delà des limitations inhérentes à ce matériel (définition notamment), le principal écueil avec une caméra CCD est la formation d'"oeils de poisson" sur les étoiles (blooming typique d'un capteur CCD) ou de lueurs liées à l'amplificateur dans les coins lorsque la sensibilité est trop poussée : il faut alors ajuster finement le temps de pose. Le refroidissement Peltier aide un peu mais sans plus.

En conclusion, les caméras vidéo CCD de très haute sensibilité permettent d'obtenir très facilement des images immédiatement observables par vos proches, sans grande préparation au plus proche des principes de "l'observation visuelle assistée". Mais n'espérez pas de hautes résolutions comparables à celles obtenues en astrophotographie car le but n'est pas le même.

Si l'utilisation d'un ordinateur ne vous rebute pas ou si vous souhaitez faire à la fois de la vidéo-astronomie et de l'astrophotographie, vous vous orienterez alors vers les nombreuses caméras USB disponibles. En CMOS, elles sont de meilleur rapport qualité/prix mais cependant plus exigeantes en terme d'installation (matériel informatique, mise en station, suivi...) qu'une vidéo-caméra CCD. Un capteur de 12-16mm max de diagonale environ pour des instruments entre 500-1000mm de focale doit être optimal pour la vidéo-astronomie (EAA). De nombreux logiciels ont été optimisés pour cet usage.

Laurent () - Astronome amateur sans aucun lien avec les sociétés citées.