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Le rire est le propre de l'homme

La taille du cerveau n'est pas un indicateur de l'intelligence.

La conscience (II)

Pensée et conscience, voilà deux termes qui sont pratiquement synonymes. Nous les différencierons de la raison et de l'intelligence qui requièrent un degré plus élevé d'abstraction. Nous y reviendrons.

Qu'est-ce que que la conscience ? Pour un philosophe, la conscience c’est agir, sentir ou penser, et savoir qu’on agit, sent ou pense. En fait il y a plusieurs niveaux de conscience : il y a la conscience immédiate (celle qui accompagne tous nos actes et nos perceptions) et la conscience réfléchie (la capacité de retour critique sur nous-mêmes, sur nos expériences, nos actions, etc).

Un singe capable d'éprouver des émotions ou de tailler un silex, lui donne-t-il une conscience de soi ? Difficile de répondre, formuler de la sorte. Formulons la question autrement : qu'est ce qui fait la différence entre l'homme et l'animal si les émotions ou la pierre taillée n'est pas un bon critère ? Mais peut-on seulement exclure ces concepts ?

La pensée consciente marque une étape complexe de l'évolution de la vie. Les interactions continuellement interrompues entre l'être humain et son environnement perfectionnent du même coup notre cerveau. Son activité croissante est un perfectionnement de l'évolution. Dans cette mesure, il est peu concevable que la pensée puisse apparaître sans l'être vivant, dans les objets inertes. Mais nous ne sommes pas son seul dépositaire. De nombreux organismes marquent une tendance à contrôler leur environnement. Tous en revanche n'y parviennent pas et lui sont soumis. Seul l'homme est capable de le maîtriser, ayant pris le temps d'acquérir un savoir aujourd'hui inscrit dans son patrimoine génétique et ayant pris soin de se soumettre à un long apprentissage.

Les paléontologues sont parvenus à différencier l'homme du singe à partir de sa structure osseuse, la forme de son crâne, de ses sinus, de sa dentition, de ses phalanges, de son bassin ou de son fémur. Mais comment différencier l'homme de l'animal ? Par la sagesse du premier et la bestialité ou la sauvagerie du second ? Reconnaissons que les rôles sont parfois inversés...

Ce bébé orang-outan exprime une émotion et il est capable de projeter sa pensée dans l'avenir; il a donc une conscience.

Certains ont cru trouver la solution en attribuant une conscience à l'homme, au fait qu'il soit religieux et enterre ses morts et surtout au fait qu'il parle. Mais ces pseudo-savants ont parlé un peu vite et leurs certitudes reflétait surtout leur ignorance. Car ils ont oublié qu'il y eut aussi une évolution biologique dont nous venons de parler. Le geste d'un animal peut se répéter, impliquant l'apparition d'un concept, ce qu'il convient d'appeler un langage. Le psychologue vous dirait qu'il correspond à un stade culturel, un niveau d'évolution. Il y a donc toujours eu langage.

Il existe peut être un critère propre à l'homme. Quand apparaissent la conscience de la mort et la religion ?  "Les bêtes sont innocentes, mais ont-elles une âme ? " se demandait Jean Vercors[11]. Diderot en tous cas n'en doutait pas, lui qui voyant la ménagerie du roi s'exclama : "Parle et je te baptise ! ". La conscience disent certains, nous différencie de l'animal. C'est inexact. Le chimpanzé ou l'orque a conscience de son corps, il peut se regarder dans un miroir et découvrir la peinture avec laquelle on le badigeonna. La conscience, aussi primitive qu'elle soit n'est donc pas le propre de l'homme. Mais comment peut-on vraiment le démontrer ?

Prenons un premier exemple. Les animaux sont armés en permanence, c'est une question de survie, mais une fois domestiqué comment agissent-ils face à l'homme ? Les mammifères connaissent leur force et la faiblesse de l'homme. Si vous domestiquez un lion, une panthère ou un éléphant, il saura très bien qu'un petit enfant d'homme est fragile (même un adulte). Ils savent aussi qu'ils peuvent le croquer comme une allumette ou lui arracher la tête d'un coup de patte. Pourtant la panthère ne sortira pas ses griffes comme le chat les retractera quand il voudra jouer avec vous. La panthère pourra mordiller un enfant au cou sans lui briser la nuque. Le regard de l'animal a changé dès qu'il eut conscience du rapport des forces, de l'autorité (même indirecte via le maître ou le dompteur), de l'absence de danger, bref lorsqu'il est mis en confiance. Ces mammifères, comme bien d'autres, sont capables de réfléchir et ont conscience de leurs facultés.

Prenons un second exemple. Ainsi que nous l'avons évoqué, tous les animaux échangent des messages, communiquent selon certains rites innés. Les rituels de la vie en société font penser que certaines espèces d’invertébrés (calmars, pieuvres), de poissons, d’oiseaux et de mammifères éprouvent des émotions, l’amour, l’affection, l’inquiétude, la curiosité, la tristesse ou la peur envers certains membres de leur espèce ou d’autres espèces.

Un animal aussi "primitif" que le calmar ou la pieuvre par exemple change violemment de couleur lorsqu’il nage près de son élue ou lorsque le couple s’enlace pendant la pariade. L'éléphant est l'un des rares mammifères dont le comportement étrange face à la mort d’un congénère laisse supposer qu'il "connaît" la signification de cet état.

N'oublions pas non plus que l’oie et le canard marquent une période de deuil quand meurt l’un d’entre eux; le cochon crie, le loup et le chien hurlent lorsque la mort survient. Nous savons tous qu'il leur arrive même de se laisser mourir lorsque leur maître disparaît.

A consulter au CHCI : Friends of Washoe

Washoe.

La célèbre chimpanzée Washoe. Elle disposait d'un vocabulaire signé de 250 mots. Elle mourut de vieillesse le 30 octobre 2007 à 42 ans ainsi que l'explique cet article. Documents CHCI. Droits réservés.

Diane Fossey et Jane Goodall ont montré qu’une femelle gorille ou chimpanzé qui venait de perdre son bébé refusait cette fatalité et conservait son cadavre au cours de ses déplacements. Les mères éléphants restent aussi longtemps auprès de leur bébé mort-né, essayant de le relever ou s'imprégnant de son odeur.

Dans les années 1970, des experts de l'intelligence (cognition) avaient apprit le langage signé américain (ASL) à la célèbre chimpanzée Washoe (ci-dessus). Elle avait eut un bébé mais il mourut dans les semaines qui suivirent. Quand les éducateurs lui retirèrent son bébé des bras, Washoe signa et signa encore pour qu’on lui rende. Elle ressentait un grand désarroi.

Jane Goodall a également montré que chez les chimpanzés, le mâle dominant déchu dans un combat singulier peut sombrer dans une profonde dépression, s’isoler et se laisser mourir de faim. Washoe connut la même dépression le jour où on lui apprit que son bébé était mort. Ses yeux trahissaient une grande tristesse. Les sentiments des singes sont plus profonds qu'on l'imagine et tendent à démontrer que ces mammifères peuvent d'une certaine manière se projeter dans l'avenir.

Les leçons de la vie

Les chimpanzés, les babouins et les singes capucins en particulier peuvent savoir d’expériences que certains actes sont dangereux ou au contraire leur permettent d’arriver à leurs fins. Au fil des générations, ces "leçons de la vie" acquises par mimétisme des jeunes sur les adultes et par de multiples essais et erreurs finissent par être incorporées au matériel génétique, comme l'homme un jour n'a plus eu peur du feu.

Ainsi, en 1915 W. Köhler plaça un chimpanzé face à la difficulté suivante : introduit dans la pièce, l’animal remarqua qu’on avait disposé une caisse et un bâton sur le sol tandis qu’une banane était accrochée au plafond. Le chimpanzé est tout de même parvenu à attraper le fruit de sa convoitise. Il fit la relation entre la caisse, sa position juste en dessous de la banane et l’utilité du bâton. Il paraît que lorsqu’il trouva la solution, il fut tellement excité par sa victoire qu’il fit plusieurs pirouettes sur lui-même !

A d'autres occasions plusieurs singes capucins sauvages ayant élu domicile dans des rochers furent confrontés à un léopard qui rodait en contrebas et qui cherchait un moyen de les attraper. Plutôt que de s'échapper à toute allure, les capucins ont lentement gravit le rocher et ... se sont mis à pousser dans le vide de grosses pierres (5-20 kg) pour éloigner le fauve ! Dans leur chute certaines pierres ont créé de petits éboulements. Devant cet obstacle inattendu le léopard n'a pas insisté et disparut dans les fourrés.

Mais n’en concluez pas que les anthropoïdes comprennent toujours ce qu’ils font. Des expériences montrent qu’ils ont en général une vision pratique de l’outil mais ne voient pas par exemple l’utilité de la longueur d’une baguette ou du sens du balayage pour attraper un objet[12].

Il n'est pas étonnant dès lors que les croyances apparurent très tôt chez l'homme. A chaque évolution, à chaque émergence de la conscience correspond une émergence du sacré. Ensuite c'est le mécanisme de la tradition qui façonna la religion.

La souris commune, Mus musculus. Cet adorable animal de compagnie est tout petit mais pas moins intelligent pour autant; il vous mettrait au défi de traverser un labyrinthe ou un étroit pont suspendu. A l'image du rat domestique, si elle a joué un fois avec vous, elle vous reconnaîtra toute sa vie et reviendra volontiers vers vous. Document Wikipedia.

Reste la question de l'intelligence qui se développe parallèlement à la conscience de soi et de la raison. Beaucoup d'animaux peuvent s'adapter à de nouvelles situations, ce qui est un signe d'intelligence.

Un cheval ou un chien mal dressé par exemple restera violent toute sa vie mais un bon dresseur capable de le comprendre et de parler son langage peut calmer ses craintes en quelques jours. L'animal comprend et adapte son comportement en fonction de la situation. De "bête" indomptable il devient l'un des meilleurs amis de l'homme.

L'éléphant est également en mesure d'échapper à certains dangers que nous jugeons a priori hors de sa portée. Ainsi plutôt que de s'électrocuter en essayant de passer à travers une barrière électrique prévue pour le maintenir loin des plantations, il utilise ses défenses ou prend un morceau de bois avec sa trompe pour briser les clôtures et éviter l'électrochoc. Pas bête, l'animal ! Et ne parlons pas des comportements d'intimidation qui effrayent même l'homme...

Quant à la souris commune par exemple, chacun sait combien cet adorable petit rongeur est intelligent; il est capable de résoudre des problèmes techniques. Craintif de nature, il doit sa survie à son instinct exacerbé de proie potentielle.

Dans ces quelques exemples on constate que ce sont les évènements de la vie qui ont servi de leçon et conduisent tous les animaux à développer leurs facultés afin de survivre. C'est en ce sens que l'évolution des espèces est plus que jamais dictée par la pression de l'environnement.

La théorie de l'esprit

On pense généralement que nous nous différençions des animaux parce que nous avons une conscience. Or, en étudiant le comportement des grands singes, on se rend compte que non seulement ils comprennent ce que disent leurs congénères ou même l'homme mais ils ont l'esprit d'analyse et en tirent avantage. Ainsi, les chimpanzés ont conscience de ce qu'ils perçoivent par rapport aux autres membres présents mais agissent en fonction des rapports hiérarchiques. En fait comme les hommes, ils peuvent préméditer leurs actions et à certaines occasions ils sont opportunistes.

Ainsi au cours d'une expérience menée à l'Institut Max Planck en Allemagne, les chercheurs ont placé deux singes, un jeune et une dominante, dans des pièces séparées munies de parois transparentes ou opaques. On a ostensiblement caché une banane sous un pot sous les yeux du jeune singe. La dominante était dans une autre pièce et ne vit pas la scène. Elle ignorait donc qu'une banane se trouvait sous le pot. Les deux singes ont ensuite pu accéder à la pièce où se trouvait le pot. Qu'allait-il se passer ?

Le jeune subordonné savait qu'il y avait une banane sous le pot mais il ne pouvait pas la prendre car la dominante l'aurait violemment attaqué. Evidemment, le jeune singe a profité d'un moment d'inattention de la dominante pour chaparder la banane, mais il dût ensuite galoper à toute allure pour échapper à son courou... Le subordonné avait donc prémédité son action. Nous n'irons pas jusqu'à dire qu'il a évalué ses chances de succès ou les risques qu'il encourait, mais il est certain que son goût pour les bananes a dépassé sa crainte de l'autorité. Et voilà le premier singe indépendant, en rébellion avec l'autorité ! Et ce n'est pas un homme... Disons tout de suite que ces "rébellions" sont courantes dans le monde animal où l'autorité repose sur le rapport des forces, la hiérarchie s'établissant entre dominants et dominés à chaque échelon social.

A voir : Chimpanzés jouant à un jeu de stratégie

Règle du jeu : le premier joueur gagne s'il réussit à déterminer quel carré choisira l'autre joueur. 

Le second joueur doit anticiper le choix de son adversaire et choisir un carré différent s'il veut remporter la partie.

Les chimpanzés battent les humains dans les tâches de mémorisation

L'empathie des grands singes

Jane Goodall confirme que les grands singes comprennent ce qu'éprouvent leurs congénères ou les hommes. Mais cela peut aller beaucoup plus loin. Ils peuvent éprouver de la compassion et semblent même capables d'infliger des blessures ou de tuer par simple plaisir, par sadisme dirions-nous.

Jane Goodall et un chimpanzé.

Cette découverte partit d'une observation inhabituelle. Jusqu'en 1998 on pensait que les chimpanzés étaient végétariens, à quelques exceptions près. Mais des études menées dans six sites d'Afrique centrale on permit de découvrir que les chimpanzés étaient omnivores et appréciaient particulièrement... les bébés singes ! Ils mangent en fait beaucoup plus de viande que n'importe quelle autre espèce de singe.

Les découvertes se succédèrent ensuite rapidement. Des primatologues ont découvert en forêt un chimpanzé mâle ayant été littéralement assassiné par d'autres membres de sa tribu. Non seulement le singe avait été assassiné mais la victime présentait les marques d'environ 30 blessures et lacérations mortelles : sa trachée avait été arrachée, on avait arraché ses testicules, son buste était performé en plusieurs endroits, ses côtes sortaient de sa cage thoracique, son crâne était défoncé, son corps éventré, démembré, ses ongles avaient été arrachés, etc. Visiblement plusieurs singes l'avaient fermement tenu pendant que d'autres le massacraient...

Jane Goodall dut affronter plusieurs fois des individus violent tel Frodo. C'était un mâle dominant qui s'avéra être le plus grand chasseur de sa tribu et le plus violent aussi. A lui seul il avait décimé 10% d'une population de singes colobes vivant sur son territoire. En 1998, en la voyant, Frodo se précipitait sur elle, lui donnant des coups de pied, lui jettant des pierres, essayant de la mordre, de la piétiner ou de la faire tomber. Des gardiens ont également subit ce genre de violence sans aucune raison apparente.

En 2002, un cas similaire mais plus dramatique s'est produit. Frodo a volé un bébé humain de 3 ans attaché dans un linge sur le dos d'une femme. Il s'est enfui avec le bébé en forêt où on le retrouva horriblement mutilé. Ce singe était-il suffisamment "humain" pour être traité d'assassin et avoir commis un meurtre ? Pour certains c'est évident pour d'autres ce n'est qu'un animal sauvage. Mais tous les zoologues sont d'avis que dans de telles situations, l'animal violent doit être abattu.

Si on comprend aisément pourquoi les singes éprouvent des émotions, on ignore en revanche pourquoi certaines espèces deviennent violentes. Certains chercheurs invoquent une réaction peut-être liée à la violation de leur territoire, l'homme étant considéré comme un envahisseur aux yeux des chimpanzés, au même titre qu'un prédateur ou qu'une autre tribu, l'intrus devant être exterminé par tous les moyens. Pour Jane Goodall ce comportement n'existait pas jadis. Il est peut-être lié à la surpopulation et au manque de nourriture.

Les grands singes sont finalement comme nous dit-elle, car ils sont cruels. Ils savent quand ils font mal aux autres... On peut parler de cruauté car les singes font preuve d'empathie, ils ont la capacité de se mettre à la place de l'autre et de ressentir ses sentiments et ses émotions, ils comprennent les conséquences de leurs actes et ils peuvent infliger volontairement des blessures violentes et s'en réjouir.

Comme l'être humain, les grands singes mâles pourraient être programmés pour être violents : c'est la théorie du "l'hypothèse du mâle démoniaque" proposée par le Dr Richard Wrangham, anthropologue à l'Université d'Harvard. Cette hypothèse s'applique en effet uniquement aux mâles car les femelles ne participent pas à ces violences. La même théorie s'applique à l'homme. On constate par exemple qu'en Angleterre les hommes sont 24 fois plus susceptibles de commettre un meutre ou une agression que les femmes, les hommes sont 263 fois plus susceptibles d'être condamnés pour sévices sexuels que les femmes et 97% des prisonniers condamnés à perpétuité sont des hommes... Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon Wrangham, l'homme comme le singe disposent d'un héritage générique commun... Cette théorie est acceptée par la plupart des primatologues.

Malgré l'augmentation des preuves empiriques chez les chimpanzés, il s'agit de cas où la violence est exceptionnelle. Aujourd'hui Jane Goodall affirme que s'il s'avère que les chimpanzés sont devenus violents suite à leur contact avec les hommes et du fait qu'elle les a nourrit, elle ne leur aurait jamais donné de nourriture pour s'attirer leur confiance. Les chercheurs pourraient donc avoir modifié le comportement des grands singes et parfois mal interprété leurs attitudes, notamment à travers la théorie du mâle démoniaque. En conséquence, d'autres études sont encore nécessaires pour valider cette théorie.

La théorie de l'esprit est très importante car elle insiste sur le rôle essentiel de la prise de conscience dans le comportement des singes supérieurs. Quant à l'appliquer aux autres espèces, il est probable que le même mécanisme s'applique aux autres mammifères supérieurs vivants en communauté, leurs actions étant toutefois conditionnées par leur système hiérachique et le milieu dans lequel ils évoluent et noamment la compétition pour la nourriture avec les autres espèces.

La sexualité des bonobos

Relation sexuelle entre bonobos.

Si nous étudions cette fois le comportement des singes bonobos, nous constatons qu'ils obéissent à un schéma tout à fait opposé à celui des chimpanzés.

Au cours de l'évolution, suite à des modifications géologiques et l'assèchement de l'Afrique centrale, tous les singes se sont retrouvés au nord du fleuve Congo, sur sa rive droite où ils ont dû lutter entre espèces pour s'imposer et trouver leur nourriture. Les chimpanzés sont devenus agressifs tandis que les gorilles n'en abusent pas du fait de leur caractère plus placide et leur imposante stature qui intimide les éventuels candidats à l'affrontement.

En revanche, les ancêtres des bonobos furent isolés sur la rive gauche du fleuve Congo et ont occupé toute la cuvette centrale de la République Démocratique du Congo. Depuis des millions d'années les bonobos vivent dans un environnement où il n'y a pas concurrence et mênent une vie où la violence est anecdotique, ce qui a eu un impact sur leur comportement.

En effet, bien que les bonobos aient un niveau de testostérone supérieur à celui des chimpanzés, des gorilles et des orang-outans (mais nettement inférieur à celui des humains), ils affichent très peu d'agressivité. Non seulement les bonobos vivent en paix mais tous les membres de la tribu résolvent leurs querelles par de brèves relations sexuelles, simulées ou réelles. Ces relations commencent chez les enfants qui touchent les organes génitaux de leurs camarades ou des membres de leur famille. Les femelles ont même des rapports homosexuels, une manière de garder de bonnes relations qui autrement pourraient dégénérer par jalousie. Chez les bonobos "faites l'amour pas la guerre" n'est pas un slogan mais une réalité quotidienne.

On en déduit que la séparation géographique et l'isolement des bonobos des autres grands singes les ont conduits à changer de comportement, préférant le plaisir des émotions sexuelles à celles de la violence et de la douleur, un sentiment que la plupart des humains partagent avec eux au point que certains en sont accros.

Voyons à présent la faculté la plus importante qu'il soit donné à un animal, le langage.

Prochain chapitre

Le langage

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[11] J.Vercors a écrit en 1952 une célèbre satire sur les humains et la nature des "tropis" sous le titre "Les animaux dénaturés", Le Livre de poche, vol.210, 1991.

[12] Cf.les travaux d’éthologie du Pr.Hans Kummer de l’Université de Zurich.


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