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L'eau, l'or bleu

Ce poster de l'UNESCO nous rappelle que l'eau douce est indispensable à la vie.

Préservation de l'eau (I)

L'homme ne peut pas vivre sans eau, qu'elle soit apportée par sa consommation directe ou indirectement à travers les légumes, le jus de viande ou les fruits. Si nous pouvons nous priver de nourriture durant plusieurs semaines, nous ne pouvons pas nous priver d'eau durant plus de 3 jours au risque de mettre en péril notre santé. Les diététiciens nous conseillent même de boire jusqu'à 1.5 à 2 litres d'eau par jour pour rester en bonne santé dont la moitié provient d'eau de source.

Si le taux de croissance démographique se poursuit comme aujourd'hui, vers 2050 il y aura 9.5 milliards d'habitants sur Terre et la population devrait se stabiliser aux alentours de 11 milliards d'habitants un siècle plus tard. 

En Occident, chaque personne consomme en moyenne entre 50 et 100 litres d'eau par jour, 50% de plus quand on vit en famille avec des enfants. Cela représente environ 40 m3 d'eau par an et par personne. Multipliez cela par quelques milliards d'habitants pouvant accéder à l'eau potable et vous obtiendrez la quantité d'eau douce dont nous avons besoin pour vivre et cultiver. Doublez ce volume et vous aurez la quantité d'eau dont a potentiellement besoin toute l'humanité. Cela représente environ 20 fois la capacité du lac Nasser du barrage d'Assouan, la moitié du lac de retenue du barrage des Trois Gorges !

Bien que les réserves d'eau ne soient pas disponibles là où la population en a le plus besoin (les sources sont globalement aux latitudes tempérées alors que les plus grands consommateurs potentiels se trouvent sous les Tropiques), en théorie nous disposons de suffisamment de réservoirs d'eau douce pour satisfaire ces besoins. Mais que ces réservoirs viennent à être pollués ou se tarissent, ce sont immédiatement des millions d'individus qui souffriront du manque d'eau. Vu les besoins de la population et des industries, l'eau sera sans nul doute l'un des enjeux majeurs des prochaines décennies, "l'or bleu" du XXIeme siècle.

Si nous ne protégeons pas cette ressource de l'impact des activités humaines, à longue échéance nous mettons en danger notre survie en portant atteinte au cycle naturel de l'eau et aux écosystèmes aquatiques dont les conséquences pourraient être rapidement irrémédiables (d'ici quelques siècles). Comment peut-on agir pour préserver cette ressource ?

Il existe essentiellement deux manières d'agir : en économisant l'eau ce qui permet de réduire sa consommation personnelle de 25 à 75% et en protégeant les écosystèmes des déséquilibres qu'entraînent les activités humaines intensives (barrages, irrigation, extraction de granulats, rejets polluants, ...).

Economiser l'eau : la responsabilité de chacun

La façon la plus directe d'économiser l'eau est d'en réduire la consommation. Tout le monde est gagnant, l'utilisateur qui voit sa facture d'eau diminuer et l'Etat qui préserve ses ressources et qui ne sera peut-être pas obligé d'augmenter ses accises impopulaires sur un produit déjà passablement cher (4.5 €/m3 soit au moins 0.3 € par jour par personne).

L'irrigation sur pivot central. Document NWPipe.

Les agriculteurs, les industriels et le public sont concernés par ces économies. A l'avenir chacun devra faire attention à la manière dont il utilise l'eau, en évitant de la consommer de manière excessive ou intempestive. Depuis quelques années déjà, durant les périodes caniculaires, dans certaines régions il est interdit de laver sa voiture ou d'arroser sa pelouse. Ailleurs il n'y a tout simplement plus d'eau durant les périodes canuculaires. Qui sait si demain l'Etat ne nous accordera pas des réductions fiscales si nous parvenons à limiter notre consommation d'eau à moins de 75 litres par jour et par personne.

L'agriculture reste le secteur le plus avide d'eau, prélevant à lui seul environ 70% de l'eau douce de la planète. C'est sous la chaleur des Tropiques qu'on observe la plus grande perte d'eau : entre 40 et 60% de l'eau d'irrigation est perdue dans les fuites et par évaporation.

Ces valeurs sont abstraites. Pour donner un ordre de grandeur, 13% d'économie dans le secteur agricole représente l'équivalent de la consommation mondiale des ménages ! L'enjeu est donc d'importance.

On peut également réduire les fuites et la consommation d'eau en agriculture en utilisant des techniques d'irrigation modernes (gicleurs, rampes ou jets, goutte-à-goutte, canaux souterrains, ...) . Ces techniques sont déjà utilisées dans les zones arides (par ex. en Israël). On peut également utiliser d'autres méthodes comme l'ensemencement des nuages pour déclencher la pluie (par ex. en Russie, en Afrique).

A ce jour, l'Egypte est le seul pays ayant remis en cause l'irrigation pour des raisons financières. En effet, l'autosuffisance alimentaire nécessite la construction de nombreux barrages pour satisfaire le développement agricole et la hausse des rendements. Mais ce sont des ouvrages que l'on ne réalise tout au plus qu'une seule fois par législature tellement les investissements sont élevés. En changeant de politique, l'Egypte prend le risque de revenir 25 ou 50 ans en arrière et de limiter le développement économique de son pays.

Après l'agriculture, les industriels consomment 20% de l'eau douce de la planète. Ils devront également faire des efforts en développant des technologies moins gourmandes ou en utilisant une eau de moindre qualité pour les usages ne nécessitant pas d'eau potable. Certaines entreprises ont déjà adopté ce principe.

A titre privé, on estime que la consommation domestique prélève 10% de l'eau douce de la planète. Or pour faire des économies, nous n'avons pas besoin d'eau potable pour alimenter nos toilettes, laver les voitures ou réaliser certains travaux publics (sablage des facades, nettoyage des chaussées, etc). Ce sont des dizaines de mètres cubes que chaque utilisateur pourrait économiser chaque année.

En Europe de 15 à 25 % de cette eau potable est perdue dans des fuites, dans les toilettes et dans les canalisations des parties communes des habitations, sans parler des pertes dans les réseaux d'adduction et de distribution. Dans certaines mégapoles des pays en développement, comme Le Caire ou Mexico, les fuites dans les réseaux publics de distribution peuvent représenter jusqu'à 70% de l'eau distribuée ! 

A gauche, récession des lacs de Toshka en Egypte suite à la sécheresse qui sévit depuis 1999-2000 dans l'Est de l'Afrique. A droite, la station d'épuration de Gabal el Asfar installée sur la rive orientale du Nil, dans les faubourgs du Caire. Cette station peut traiter potentiellement 3 millions de mètres cubes d'eau usées chaque jour. L'Egypte a besoin de 180 millions de mètres cubes d'eau quotidiennement à raison de 200 litres par habitant et tenant compte que près de 82% de l'eau douce vont à l'irrigation de 4 millions d'hectares de cultures. Documents NASA/EO et Carlo Gavazzi Impianti SpA.

Pour endiguer ce problème, il n'y a que seule méthode : entretenir et procéder à la réfection des réseaux de canalisations publiques et domestiques. Dans des mégapoles déjà en proie à des problèmes socio-économiques sévères et où l'organisation des services publics laisse à désirer, on comprend que de tels projets soient difficiles à mettre en oeuvre, d'autant plus que sans argent et sans personnel, ces travaux de modernisation s'éterniseront durant vingt ans, peut-être plus, avec tous les risques de palabres qui viendront envenimer les travaux. Mais comme l'on dit, l'essentiel est de commencer, le reste suivra. Car si la population y trouve un avantage, elle sera la première à demander ces travaux.

Le recyclage : plus de 50% d'économie

Dans beaucoup de pays occidentaux, les eaux usées sont déversées dans les égouts. Dans le meilleur des cas ces eaux souillées se retrouvent dans les fleuves et seront filtrées dans des stations d'épuration avant d'être rejetées. Tout cela coûte beaucoup d'argent et ne réduit pas la consommation ni le gaspillage d'eau.

Si nous prenons la peine de recycler l'eau nous pourrions nous en servir plusieurs fois à des usages différents, voire même pour le même usage si le traitement est bien fait.

Osaka, située à l'embouchure du fleuve Yodo, dans la région de Kansai, est surnommée la ville d'eau. Voici sa station d'épuration (Murano) et sa salle de commande. Document Kippo.

Les Japonais par exemple, ont développé dans les régions où l'eau est rare une technique de recyclage de l'eau domestique des immeubles : ils récoltent les eaux de lavage dans des citernes, les traitent grossièrement et les renvoient dans l'immeuble pour alimenter les chasses d'eau. Ils réduisent ainsi de moitié leur consommation d'eau ! 

En menant plus loin cette stratégie, certains ont même imaginé des systèmes où l'eau domestique usée est entièrement recyclée sur place à la suite de traitements poussés, les déchets étant éliminés sous forme de boues humides. La consommation est alors réduite à quelques litres d'eau et aux pertes par évaporation. 

Dans les environnements confinés telle la navette spatiale, la station orbitale ISS ou les projets de bases d'exploration sur la Lune ou sur Mars, par obligation, la même eau doit être utilisée parfois durant des mois. Passé la première impression négative, les utilisateurs reconnaissent que cette eau est tout aussi potable que l'eau de source.

Enfin, on peut avantageusement utiliser les eaux domestiques usées pour l'irrigation notamment, après lui avoir fait subir un léger traitement. C'est ainsi qu'en Israël, 70% des eaux d'égout sont ainsi recyclées après traitement partiel dans des étangs d'oxydation et des réservoirs : elles permettent d'irriguer 20000 ha de terres et de subvenir à plus de 16% de l'ensemble des besoins en eau d'Israël. À l'Ouest des Etats-Unis, des villes comme Los Angeles (CA.), Tucson (CA.) et Phœnix (AZ.) recyclent également une partie de leurs eaux usées. Saint Petersburg en Floride recycle même la totalité de ses eaux, sans rien jeter à la mer ni dans les fleuves; les eaux recyclées servent à irriguer les pelouses et les parcs urbains.

Immersion d'une canalisation à haut débit transportant les eaux usées à destination d'une station d'épuration en Afrique du Sud. Document DWAF.

Bien sûr ces méthodes de recyclage nécessitent de nouvelles infrastructures et des investissements importants de la part des instances publiques et des particuliers. Le réseau de distribution doit être dédoublé voire repensé en fonction de la finalité. Mais à terme, le système est très rentable et l'Etat comme la population font d'importantes économies.

A l'image des économies d'énergie, l'investissement initial dans un système de recyclage d'eau est évidemment plus élevé qu'un système traditionnel mais les économies font vite oublier le montant de la première facture au point que la majorité des utilisateurs regrettent de ne pas avoir poussé le projet encore plus loin ou pensent déjà à améliorer leur installation.

Quand l'Europe va-t-elle adopter ces méthodes écologiques qui participent au développement durable ?

Mieux gérer le milieu aquatique

Vouloir économiser l'eau ne suffit pas pour préserver les ressources naturelles car le point sensible de toute la chaîne bleue se situe en amont. Imaginez que les sources d'approvisionnement soient polluées ou détruites... Il faut donc veiller avant tout à la préservation des différents réservoirs d'eau douce et au bon fonctionnement des écosystèmes aquatiques.

Une bonne gestion des systèmes hydriques fluviaux et lacustres doit tenir à la fois compte des besoins des utilisateurs (agriculture, industrie et population) mais également de ses usages (ressources hydriques, énergétiques, piscicoles) et de ses fonctions (transport fluvial, loisir).

Comme tout système complexe, le milieu aquatique doit être pensé de façon globale, à l'échelle des bassins hydrographiques, et dans une perspective de long terme, que cela concerne le stockage de l'eau pour sa consommation, la lutte contre les crues, la production d'électricité ou le contrôle des prélèvements.

A lire : Directive 2000/60/CE du Parlement européen

Le cadre politique communautaire dans le domaine de l'eau, version PDF

Les eaux cristallines d'un étang proche de Fischbach au Luxembourg. Doc T.Lombry.

Depuis quelques années le Parlement européen incite les Etats membres à protéger, restaurer et améliorer les masses d'eau de surface afin de parvenir à un bon état chimique et écologique au plus tard en 2015. Cette directive est plus facile à appliquer dans un pays qui préserve déjà ses ressources naturelles depuis des générations comme la Suisse ou le Luxembourg que dans un pays industrialisé et à forte densité de population comme la Belgique ou l'Allemagne.

Ce genre de projet doit être planifié en concertation avec tous les acteurs de terrain en veillant à ménager les susceptibilités de chacun lorsque les intérêts des acteurs sont opposés. Ce ne sont donc pas des projets que l'on met en place en quelques jours mais en quelques années suite à de longues études préliminaires sur le terrain, des avant-projets, des pourparlers, des sondages auprès de la population, une évaluation stricte des incidences, des avantages comme des inconvénients écologiques et économiques que procure la solution.

Quelles que soient les difficultés, l'Europe est bien décidée à préserver ses milieux aquatiques, y compris ceux situés dans les agglomérations et qui font la convoitise des promoteurs immobiliers. Et quand les risques sont trop élevés, des associations écologiques sans but lucratif font leur possible pour racheter ces zones humides afin de les soustraire du marché. Quand cela ne suffit pas et que les dégradations menacent l'environnement, l'Etat n'a pas d'autre choix que d'inventer des lois visant à protéger les milieux naturels, y compris le littoral.

Pour éviter tout risque d'épuisement des ressources d'eau, les organisations concernées par sa gestion doivent tout d'abord identifier et évaluer les besoins des divers usagers, cerner les capacités de renouvellement des réservoirs, diversifier et réglementer les prélèvements.

Les Rochers de Néviaux à Yvoir (B). Les berges boisées de la vallée de la Meuse ont été préservées et donnent tout son cachet à cette région touristique. Document T.Lombry.

Le démembrement par exemple est incompatible avec la protection des ressources d'eau. En effet, en milieu rural, un couvert végétal suffisant doit être maintenu pour éviter le dessèchement des terrains et freiner le ruissellement de l'eau ainsi que l'érosion des sols.

Boiser ou reboiser les rives des cours d'eau permet d'en consolider les berges, de préserver la biodiversité de leur faune et de leur flore et de les protéger de la pollution diffuse : intercalées entre les cours d'eau et les parcelles cultivées, ces zones boisées et les bocages éliminent naturellement les nitrates issus de ces parcelles, ceux-ci étant absorbés par les végétaux et par certaines bactéries vivant dans les sols gorgés d'eau. 

Les zones humides doivent également être préservées, car elles sont des lieux privilégiés de développement pour la flore et la faune alluviales et fluviales et préservent la biodiversité. Elles jouent en outre un rôle essentiel dans le stockage des eaux en crue qui, autrement, se déverseraient dans les parcelles résidentielles voire dans les zoning industriels ou les zones d'activités commerciales proches.

Boiser ou reboiser les rives des cours d'eau permet d'en consolider les berges, de préserver la biodiversité de leur faune et de leur flore et de les protéger de la pollution diffuse : intercalées entre les cours d'eau et les parcelles cultivées, ces zones boisées et les bocages éliminent naturellement les nitrates issus de ces parcelles, ceux-ci étant absorbés par les végétaux et par certaines bactéries vivant dans les sols gorgés d'eau. Les zones humides doivent également être préservées, car elles sont des lieux privilégiés de développement pour la flore et la faune alluviales et fluviales et préservent la biodiversité. Elles jouent en outre un rôle essentiel dans le stockage des eaux en crue qui, autrement, se déverseraient dans les parcelles résidentielles voire dans les zoning industriels ou les zones d'activités commerciales proches.

Enfin, plus que jamais, nous devons surveiller les atteintes à l'environnement qui porteraient atteinte au fonctionnement naturel des grands systèmes hydriques. Devant la pression démographique et des intérêts privés comme ceux de la communauté, il est urgent aujourd'hui d'opposer aux avantages longtemps mis en avant pour légitimer certains grands aménagements hydrauliques, leurs impacts écologiques à long terme parfois catastrophiques (Cf les barrages).

Certaines mesures sont prises dans les pays industrialisés pour préserver un minimum la survie des écosystèmes autour des barrages comme le maintien d'un débit d'eau suffisant tout au long de l'année pour assurer la survie des poissons ou encore l'aménagement de "passes" à poissons pour permettre aux espèces migratrices de remonter le fleuve.

Eau douce ou eau de mer, il est impératif que nous préservions nos ressources pour maintenir la biodiversité dans le cadre du développement durable. Documents Amano Takashi et Aquafolie.

Si nous voulons préserver les petits comme les grands écosystèmes hydriques, chaque fois que c'est possible, nous devons inciter les intervenants à recourir à des solutions alternatives. Ainsi, il n'est pas toujours besoin de recourir à d'immenses barrages pour stocker l'eau. La construction de retenues collinaires faites de barrages en terre de faible hauteur établis en amont de vallées peu encaissées, peut être parfois suffisante. De plus, outre le stockage d'eau, ces retenues peuvent aider à lutter contre le ruissellement et l'érosion des sols. Cette technique est utilisée en Inde pour amener l'eau de ruissellement jusqu'aux parcelles agricoles.

Comme cela se fait à Londres, on peut également stocker l'eau des fleuves dans des cavités karstiques naturelles. Ce système présente de nombreux avantages : il ne détourne pas l'eau de son bassin naturel, il réduit au minimum l'évaporation et permet de mieux répartir les flux tout au long de l'année, notamment durant les pénuries estivales. Grâce à ce principe, Londres est parvenu à restaurer le niveau de la nappe phréatique. Même chose en Arizona, où le surplus d'eau extraite du Colorado est également stocké dans des cavités karstiques.

Enfin, nous avons déjà constaté que les grands barrages et l'endiguement des cours d'eau pour lutter contre les crues ne sont pas toujours efficaces et de moins en moins supportés par les experts. Aujourd'hui la tendance s'oriente vers des aménagements plus légers et plus diversifiés (petites digues, petites retenues, création d'aires de stockage des eaux en crue, réhabilitation des zones humides, reboisement, limitation de l'urbanisation des zones inondables ...) qui se répartiraient sur l'ensemble du bassin versant en des lieux finement choisis, et associés à des pratiques agricoles minimisant le ruissellement.

Deuxième partie

Diminuer les sources de pollution

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