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Les APN hybrides
Un marché en expansion Un appareil photo numérique (APN) sans miroir (mirrorless ou DSLM c'est-à-dire Digital Single-Lens Mirrorless) qu'on appelle couramment hybride se différencie d'un APN reflex par le fait que la lumière entrant dans l'objectif est directement dirigée vers le capteur photosensible sans passer par un miroir qui dirige une partie de la lumière vers le viseur. Il se différencie également d'un APN compact et du bridge par le fait qu'il dispose d'un objectif interchangeable (mais il y a des exceptions comme le Fujifilm X-100 et le Leica Q dont l'objectif n'est pas interchangeable). Le mot "hybride" désigne donc un APN qui n'est ni un reflex, ni un compact, ni un bridge, ni même un moyen format. La technologie des APN hybrides fut proposée en 2004 sur les modèles Epson R-D1s, Leica M8 et Panasonic Lumix G1. Il fallut ensuite attendre 2018 pour que les majors du marché tels que Canon, Nikon, Panasonic, Sigma et Sony proposent leurs premiers APN hybrides. Si la plupart des premiers APN hybrides disposaient d'un capteur photosensible CMOS au format APS-C dit DX ou 4/3, depuis il existe des modèles CMOS ou MOS plein cadre (full frame dit FX, c'est-à-dire 24 x 36 mm) qui les rendent d'autant plus attactifs. A priori, il n'y a donc plus qu'un pas à franchir pour remplacer tous les modèles reflex par leur version sans miroir. Mais c'est sans compter sur les limitations techniques des composants électroniques, la conception des optiques et les retours d'expérience des photographes (cf. le sondage des Numériques). Si l'idée leur venait à l'esprit, on expliquera en bas de page l'intérêt ou non des professionnels d'éventuellement utiliser un smartphone de dernière génération. Le viseur Faut-il choisir un APN hybride équipé d'un viseur (en plus de l'écran électronique) ? Du fait que le viseur électronique des hybrides affiche l'essentiel des informations sur l'exposition et même quelques réglages, certains photographes et en particulier les professionnels continuent à l'utiliser par commodité en priorité sur l'écran "Live View". Mais ce dernier étant plus grand, beaucoup de photographes le préfèrent car il offre plus de confort que le viseur. Seul bémol mais qui tend à disparaître avec les progrès technologiques, si vous devez garder l'oeil longtemps dans le viseur de votre APN hybride en attente d'une action du sujet (photo d'animaux ou macro), il est possible que vous préfériez utiliser un viseur optique. Mais dans ce cas, seul Leica répond présent (voir plus bas). Sinon il faut choisir un APN reflex. Dans le viseur optique (OVF ou Optical Viewfinder) d'un APN reflex, le photographe voit en temps réel l'image du sujet (il faut à peine 1.11 x 10-12 seconde ou 1/900 000 000 000e s pour que le rayon lumineux entrant dans l'objectif parcourt les ~30 cm jusqu'au viseur) sans effet de parallaxe. Or dans un APN hybride, s'il n'y a pas d'effet de parallaxe non plus, il faut un certain temps pour que la lumière soit enregistrée par le capteur photosensible et soit affichée dans le viseur électronique ou EVF (Electronic Viewfinder) ou sur l'écran "Live View". En 2017, ce temps de latence (lag) variait entre 1/60e et 1/100e de seconde selon les modèles. Il est au moins dix fois plus rapide dans le viseur EVF des modèles haut de gamme où le taux de rafraîchissement atteint par exemple 1/120e de seconde soit 120 images/s sur le Canon EOS R5 avec un temps de latence de quelques millisecondes seulement.
Ensuite, un viseur optique donne une image très nette et sans artifice du sujet. Dans des conditions de faible éclairement (photos en lumière tamisée, de nuit, au crépuscule, etc), l'image du sujet reste claire et nette mais elle est seulement plus sombre. Mais pas dans un viseur électronique. A mesure que la lumière ambiante baisse, le gain électronique augmente et le viseur comme l'écran affichent un léger scintillement; l'image est parasitée par le bruit électronique et devient granuleuse. Certains photographes sont sensibles à ce phénomène qu'ils trouvent gênants. Il y a aussi l'effet d'obscurcissement ou blackout qui apparaît lors de la prise de vue en rafale. Sony est parvenu à éliminer ce problème sur son modèle Alpha 9 et Panasonic sur son Lumix G9, deux modèles FX. Avec le temps, ce problème a fortement été réduit sur tous les nouveaux modèles. Les points de collimation de l'autofocus Comme le viseur optique des reflex, lorsqu'on enfonce le déclencheur à mi-course en mode Autofocus, le viseur EVF des APN hybrides affiche les collimateurs comme illustré à gauche. Lorsque le sujet est mobile, pendant que le photographe choisit le cadrage, l'IA du système d'imagerie est capable de suivre le sujet pour garder la mise au point sur la zone sélectionnée (elle se déplace donc dans le champ selon les mouvements du sujet ou du cadrage). C'est un avantage très précieux pour la photographie des animaux ou les portraits.
Contrairement aux APN reflex dont le nombre de collimateurs est limité par la présence du miroir réflex (mais qui atteint tout de même 191 points sur le Canon EOS-1D X Mark III), cette limite n'existe pas sur les APN hybrides qui peuvent donc les aligner uniformément à travers tout le champ. Ainsi le Sony α6300 commercialisé en 2016 dispose de 425 points d'autofocus et le Canon EOS R10 commercialisé en 2022 dispose de 651 points d'autofocus. Ce nombre élevé de points de collimation offre une souplesse maximale pour effectuer la mise au point sur un sujet en mouvement ou sur un détail du sujet, y compris en mode macro. Sur certains modèles on peut aussi choisir le nombre points d'autofocus qu'on utilise, jusqu'à le réduire à un seul collimateur si nécessaire. Enfin, sur certains modèles, le collimateur peut s'allumer lorsque la mise au point est correcte. Le viseur électronique est également très utilisé par les photographes non expérimentés car il permet de voir la scène captée par le photocapteur avant son traitement numérique mais en tenant compte des éventuelles compensations d'exposition. C'est particulièrement utile si par exemple le sujet est à contre-jour où lorsque les sources de lumière sont très contrastées; le photographe remarque au premier regard s'il faut ou non corriger l'exposition. Cette manière de faire de la photo en voyant directement les effets d'un changement des paramètres rend la photographie plus intuitive. Finalement, le viseur EVF d'un APN hybride conserve certains atouts du viseur optique d'un reflex. D'abord, en plaçant l'oeil à l'oculaire du viseur, il est plus facile de stabiliser l'appareil car il prend appui sur le visage. Il permet également d'avoir en un seul regard toutes les informations de la prise de vue en même temps qu'on cadre le sujet. Enfin, il permet de suivre plus facilement un sujet mobile qu'en tenant l'appareil à bout de bras. L'écran électronique assure un rôle complémentaire en affichant l'image telle qu'elle est enregistrée. En revanche, comme tout écran électronique, lorsque la lumière ambiance est faible ou la nuit, le bruit électronique génère une scintillation qui peut être gênante ou donner le sentiment d'être déconnecté de la réalité. En résumé, bien que minuscule et électronique, le viseur EVF reste pratique et généralement apprécié. Ce n'est pas un gadget et il est loin d'être obsolète pour la majorité des photographes. Pour toutes ces raisons, la plupart des APN hybrides de milieu et haut de gamme (les séries R et les modèles M5, M6 et M50 de Canon, X de Fujifilm, Z de Nikon, E d'Olympus, G de Panasonic Lumix et Alpha de Sony) disposent toujours d'un viseur EVF en plus de l'écran électronique orientable en mode "Live View". En revanche, faute de place, ce viseur a tendance à disparaître sur les petits modèles hybrides. A ce jour, seul l'APN hybride Leica M11 sorti en 2022 présenté plus haut et ses variantes disposent d'un petit viseur optique mais il est télémétrique. Fujifilm est le seul constructeur proposant sur son APN hybride X-Pro2 sorti en 2016 un viseur multi-hybride (optique et électronique), illustré ci-dessous à droite.
Le moniteur électronique Comme sur les APN reflex, les bridges et les compacts, sur les APN hybrides l'image s'affiche au dos de l'appareil sur un moniteur ou écran "Live View" couleur et en haute résolution d'au moins 3" ou 76 mm de diagonale et souvent au format 2:3, beaucoup plus confortable à utiliser que le minuscule viseur (que d'ailleurs la majorité des modèles ne possèdent même plus). Si beaucoup d'APN utilisent encore un écran LCD (Liquid Crystal Display), la nouvelle technologie est l'OLED (Organic Light-Emitting Diode) car elle présente de nombreux avantages. A la différence des écrans LCD qui utilisent un rétroéclairage (un éclairage placé derrière la dalle LCD) qui peut être inégalement distribué (cf. les TV), la technologie OLED exploite l'électroluminescence qui permet d'activer ou désactiver chaque pixel individuellement. Cela permet d'obtenir un contraste plus élevé et donc des images plus lumineuses avec des noirs plus profonds et avec beaucoup plus de nuances que les anciens écrans LCD. Elle est également plus économe en énergie que la technologie LCD en raison de l'absence de rétroéclairage. De plus les pixels qui sont éteints ne consomment pas d'électricité. La réactivité des OLED est également très rapide (< 0.1 ms) ce qui permet d'obtenir des images d'objets animés sans traînées ni flou. Enfin, le taux de rafraîchissement est également plus rapide sur les écrans OLED que sur les écrans LCD. Enfin, l'écran OLED ne possède pas de filtre polarisant ni de filtres de couleurs. Les écrans OLED de dernière génération sont également insensibles aux brûlures, les effets de persistance d'image sur l'écran (comme les smartphones et les TV OLED) et sont incassables mais très peu d'APN en bénéficient encore. Bonne nouvelle, si la plupart des écrans sont orientables, sur certains modèles l'écran est également tactile et cette fonction tend à se généraliser sur les nouveaux modèles. Comme sur les APN reflex, cet écran permet aussi de faire un zoom sur l'image pour effectuer par exemple une mise au point manuelle précise. Une option du menu permet aussi d'accentuer manuellement la mise au point (accentuation MMP). Cette option très utile indique quelles parties de l'image sont les plus nettes. Ces zones sont mises en surbrillance sur l'écran dans une couleur vive qu'on peut choisir. Le système MMP permet de voir l'évolution des zones en surbrillance à mesure qu'on modifie la mise au point.
Autre avantage très apprécié sur le viseur EVF, l'écran permet aussi d'afficher sur l'image et avant le déclenchement quantités d'informations supplémentaires sur les conditions de prise de vue et l'exposition (format d'image, hautes lumières, histogramme RGB, distance hyperfocale, niveau de bruit électronique, etc). Concrètement, il permet donc de voir l'image dans le format que vous avez choisi (3:2, 16:9, etc), le style, le temps d'intégration (ou d'exposition), la balance des blancs et la saturation des couleurs sélectionnés, comme le font les APN compacts. Ces données sont disponibles sur les APN reflex mais uniquement après la prise de vue car le miroir reflex cache le capteur. Ainsi, avec un APN reflex, il est par exemple impossible de voir sur le moniteur "Live View" l'image telle qu'elle est enregistrée à 100 ou 1600 ISO, en format 16:9 et à petite ouverture et sépia avant d'avoir déclenché. Mais si vous jugez que la quantité d'informations affichée est trop importante ou couvre trop l'image, sur certains APN un simple réglable permet de la réduire aux seuls paramètres de prise de vue (ceux qui s'affichent dans les deux images ci-dessus dans la bande noire). Enfin, grâce à leur processeur d'image couplé à une intelligence artificielle et des programmes spécialisés, les APN hybrides (à partir de ~2019) ont hérité des modèles compacts de nouvelles fonctions de traitement d'image. L'une d'entre elles permet par exemple de créer artificiellement un flou d'arrière-plan et du bokeh, une fonction du plus bel effet qui permet de faire ressortir le sujet de l'arrière-plan sans devoir travailler à pleine ouverture et sans disposer d'un APN et d'une optique haut de gamme. Nous reviendrons sur les autres fonctions de l'écran LCD et du processeur d'image dans l'article consacré aux APN reflex. En effet, observer l'image affichée sur l'écran électronique d'un reflex s'obtient en relevant le miroir et en ouvrant l'obturateur et donc à utiliser un APN hybride. Mais si leur mode de fonctionnement est assez proche voire identique, les performances des APN hybrides tendent de plus en plus à surpasser celles des APN reflex. Les optiques
Concernant les optiques, on ne peut pas utiliser directement un objectif conçu pour un reflex sur un APN hybride. En effet, la distance du registre (flange focal distance) est plus courte sur un APN hybride comme illustré en haut de page. Pour l'utiliser, il faut insérer une bague d'adaptation compatible avec la marque de l'optique. Seul inconvénient, généralement on perd certains automatismes qui sont normalement transférés au boîtier par les contacts de l'optique (cf. ceux du boîtier du Sony α6400, des objectifs de la série R de Canon et d'une bague d'adaptation Vitrox EF-FX1 pour APN Fujifilm) comme l'autofocus, l'ouverture, la vitesse d'obturation et les métadonnées EXIF. Les optiques reflex doivent donc être utilisées en mode manuel sur un APN hybride, ce qui peut-être très pénalisant avec les sujets très mobiles ou les décors très changeants. Ces raisons techniques et quelques autres concernant notamment le niveau de bruit électronique expliquent qu'il fallut patienter quelques années pour corriger ou gérer ces problèmes et pour que les grands marques proposent des APN hybrides haut de gamme. Calculette : Lens Focal Length and Field of View Enfin, comme les reflex, les APN hybrides peuvent être pilotés à distance par liaison Wi-Fi, Bluetooth ou être connectés à un ordinateur par liaison FTP ou HTTP moyennant un accessoire qui se fixe sous la base de l'APN (cf. le kit WT-7A Wireless Transmitter de la série Z de Nikon) ou simplement se connecter à un ordinateur via le port USB. Avantages et inconvénients des APN hybrides Malgré ces petits défauts, les APN hybrides ont rapidement séduit les photographes, y compris les amateurs avertis et quelques professionnels car ils présentent plusieurs avantages sur les APN reflex : - L'écran LCD ou OLED (moins énergivore) placé au dos de l'appareil fonctionne en mode "Live View". Cet écran affiche non pas l'image réelle à pleine ouverture comme sur les reflex (nécessaire pour avoir l'image la plus lumineuse possible dans le viseur) mais l'image telle qu'elle est enregistrée par le capteur photosensible dans les conditions de prise de vue choisies par le photographe. - L'image affichée sur le moniteur correspond à la taille de la photo numérique. - Un viseur électronique (EVF) équipe parfois les modèles hybrides de milieu et haut de gamme. - L'obturateur est électronique mais parfois couplé à un obturateur mécanique. Sur certains modèles, on peut choisir le type d'obturateur électronique : déroulant (Rolling Shutter) ou global (Global Shutter), ce dernier évitant les distorsions et artefacts pouvant apparaître en mode déroulant. - Les images sont globalement plus réussies grâce à la visualisation immédiate du résultat (on peut refaire immédiatement une photo qui serait ratée). - La taille du boîtier est réduite avec un profil plus mince que celui des reflex (par ex. le boîtier du Sigma fp de 24 MPixels au format FX mesure ~12 x 7 x 4.5 cm) du fait que le boîtier contient moins de composants et que la longueur du registre est réduite de moitié. Toutefois, certains hybrides professionnels ont repris du volume (par ex. le boîtier du Canon EOS R7 mesure ~13 x 9 x 9 cm et celui du Nikon Z9 mesure ~15 x 15 x 9 cm). - Le boîtier est en moyenne deux fois plus léger que celui des APN reflex (par ex. le boîtier nu du Panasonic Lumix GX800 pèse 239 g et celui de l'Olympus OM-D E-M5 Mark III pèse 366 g contre 380 g pour le boîtier de l'APN reflex le plus léger, l'Olympus E-450 et 890 g pour celui du Canon EOS 5D Mark IV sans grip). Cet allègement vient du fait que les APN hybrides n'abritent plus le système de miroir amovible ni de système de motorisation de l'autofocus des objectifs ni le système de visée reflex et son pentaprisme et utilisent le plus souvent un écran OLED, plus léger et plus fin que l'écran LCD. Toutefois, certains hybrides ont repris du poids (par ex. le boîtier du Canon EOS R10 pèse 429 g, celui du Canon EOS R7 pèse 612 g et celui du Nikon Z9 pèse 1160 g (avec son grip intégré).
- De nombreux APN hybrides disposent d'un capteur FX. Il est très sensible, très performant dans des conditions de faible éclairement et capable de réaliser des photos de nuit pratiquement aussi facilement qu'en plein jour. Du fait que le moniteur électronique amplifie la lumière à gain automatique, il permet de composer et de prendre des photos dans l'obscurité. Sur les APN hybrides FX, il est donc possible d'utiliser des téléobjectifs de très petite ouverture comme l'ancien Canon RF 600 mm f/11 IS STM ou le RF 800 mm f/11 IS STM sans être gêné par le manque de lumière. - L'autofocus analyse le signal provenant du capteur photosensible indépendamment de la position du capteur dans la chambre. Il fonctionne donc jusqu'en bordure du champ (contrairement aux reflex où les collimateurs ne sont répartis qu'au centre du champ). - Le déclenchement est silencieux (mais on peut simuler le bruit d'un déclenchement mécanique). - Le stabillisateur d'image s'effectue sur 5 axes. - Les APN hybrides utilisent les mêmes capacités vidéos et de photographie en continu (mode rafale) que les reflex (4K UHD ou 8K jusqu'à 30, 60 voire 120 fps selon les modèles). - Les APN hybrides commercialisés depuis ~2019 affichent des performances au moins équivalentes et des fonctions plus étendues que celles des reflex. - Les objectifs conçus pour les APN hybrides sont similaires à ceux des reflex puisqu'ils sont adaptés à la taille du capteur photosensible. Par conséquent les optiques des capteurs APS-C sont plus compactes que celles des capteurs FX. - La monture de plus grand diamètre (comme la monture Z de Nikon) combinée à son faible tirage mécanique permet de concevoir des optiques plus performantes et plus légères sur les APN hybrides du fait qu'elles utilisent moins de lentilles simples.
Parmi les inconvénients (mais parfois gérables) des APN hybrides citons : - Le processeur d'image est généralement moins puissant que celui des reflex et l'autofocus est donc un peu moins réactif. - Sur les modèles uniquement équipés d'un obturateur électronique, le capteur n'est pas protégé (sauf sur le Nikon Z9) - Le contraste du moniteur en plein Soleil est insuffisant (d'où l'utilité d'avoir un moniteur orientable). - Une grande consommation d'énergie en technologie LCD (surtout l'écran "Live View"). - Une autonomie limitée à 500-1000 photos ou 3-6 heures d'usage sans flash (et même 120-210 photos sur les plus petits modèles comme le Lumix GX800). - La pléthore de menus et de boutons multifonctions parfois complexes à s'y perdre chez certains fabricants - La gamme limitée d'accessoires, y compris des optiques. - Le prix très élevé des optiques (mais très relatif si on utilise qu'une seule optique zoom grand-angle ou transtandard). - Il existe encore très peu de boîtiers tropicalisés (étanches) parmi lesquels le Nikon Z9, le Fujifilm X-T3 ainsi que les Olympus OM-1 et OM-D. - La robustesse et la qualité du revêtement est limitée sur les modèles d'entrée de gamme. Evolution du marché des APN Depuis l'invention du Mavica par Sony en 1981 et du reflex numérique en 1998 (Canon D2000 en collaboration avec Kodak), en 40 ans la photographie numérique a fait des bonds de géants. Mais en même temps, la technologie reflex a conservé ou traîne selon le point de vue des fonctions historiques comme miroir reflex, l'obturateur mécanique, l'écran de contrôle, le viseur optique et le verre de visée qui, avec les évolutions technologiques, perdent leur utilité avec un système tout électronique et les écrans "Live View". Elles limitent aussi les évolutions technologiques car elles contraignent les ingénieurs à s'adapter au mode de fonctionnement de la technologie reflex.
En revanche, en inventant l'APN hybride à partir d'une feuille blanche, les ingénieurs ont toute liberté pour explorer cette nouvelle technologie et proposer des innovations impossibles à implémenter sur des reflex. Mais puisque ces APN sont tout de même fabriqués pour satisfaire les photographes dont beaucoup ont l'habitude de travailler avec un reflex, certaines marques proposent en option un viseur sur certains modèles. Mais ce n'est pas parce qu'ils partent d'une feuille blanche que les constructeurs ont des idées neuves ou géniales. Les ingénieurs ne peuvent toujours pas se passer de l'obturateur mécanique par exemple mais qui est doublé d'un obturateur électronique. Les objectifs restent toujours aussi lourds et encombrants et il faudra des décennies avant que cela change. Mais les ingénieurs ont également bien compris que tout le monde fait des photos avec son smartphone ou son GSM et se passe très bien du viseur, qu'on ne pourrait plus se passer du zoom optique et qu'on tolère la perte de qualité du zoom numérique. Les nouveaux photographes et bien entendu les journalistes professionnels sont également habitués à transférer leurs photos vers leur ordinateur ou le serveur de l'entreprise non plus à partir d'une carte-mémoire mais directement par réseau (Wi-Fi ou Ethernet par exemple). Bref, les usages et les goûts des clients évoluent tout en devenant plus exigeants. Cela nous rappelle qu'en 2003, Olympus commercialisa le modèle E-1, un APN reflex haut de gamme conçu sans aucune référence aux modèles antérieurs. S'il était innovant, globalement ses performances étaient inférieures à celles de ses concurrents directs (Canon EOS-1D et Nikon D2H). Moralité, la marque n'est pas une garantie de qualité ni de performance. Ce n'est pas parce qu'on achète un APN innovant comme un hybride qu'on est à la pointe du progrès ou que l'APN n'est pas perfectible et vous satisfera pleinement. Le marché des APN hybrides est encore jeune et doit faire ses preuves. Beaucoup de modèles sont encore chers et les modèles de première génération ainsi que les entrées de gamme présentent des défauts de jeunesse et des limitations que seuls les hauts de gamme ont réduit ou éliminé. Il existe également une nouvelle mode pour les APN hybrides au style rétro, notamment chez Leica, Olympus et Lumix. En général, ces modèles sont moins chers que les APN classiques car le boîtier et la carrosserie sont plus simple tandis que les gros boutons rotatifs et les sélecteurs sont plus nombreux, ce qui évite une miniaturisation extrême et permet de réduire les coûts de production. Seule exception, Leica qui continue dans sa voie élitiste en fabriquant des APN hors de prix (> 8000 € sans objectif) au motif qu'ils sont de haute qualité et innovants, quitte à reproduire en version numérique leur modèle sorti il y a 70 ans comme le Leica M version 70 fabriqué en seulement 250 exemplaires et vendu au prix de 22500 €. Il n'est évidemment pas destiné aux photographes mais aux collectionneurs. Du beau gâchis car il s'adresse à des personnes riches qui n'apprécient sans doute pas le plaisir de faire de la photo.
En 2007, le marché des capteurs d'images était partagé 50-50 entre les CCD et les CMOS, ces derniers étant encore moins performants. Dix ans plus tard, les CMOS avaient rattrapé leur retard et ils étaient même plus performants que les CCD, d'où leur utilisation dans les applications scientifiques et industrielles. En 2017, les capteurs CMOS représentaient 89% des ventes mondiales. Depuis, la technologie des capteurs CMOS s'est étendue à la photographie moyen format. Selon les chiffres du bureau d'étude allermand Mayflower Concepts, en 2012 les APN hybrides arrivaient sur le marché bien décidés à conquérir le monde. Mais pendant trois ans, leurs ventes représentèrent à peine 2% du marché des APN et smartphones (cf. The New Camera). Mais dès 2012 et malgré le fait qu'ils étaient moins performants que les reflex, ils grignotaient les parts de marché des APN reflex.
C'est en juillet 2018 que la courbe en hausse de la production des APN hybrides croisa celle en baisse des APN reflex avec ~300000 unités produites. En 2018, les APN hybrides représentaient 36% des APN vendus et leur taux de pénétration augmentait et continue d'augmenter chaque année au détriment des APN reflex. Les parts de marché étaient distribuées entre 6 constructeurs : Sony (42.5% du marché des hybrides) toujours très agressif, Canon (19.8%), Fujifilm (17.5%), Olympus (8.4%), Panasonic (7%) et Nikon (4.6%). En 2019, Canon, leader du marché des APN reflex, avait déjà commercialisé des APN hybrides FX mais constata à regret que le marché restait très timide, largement en dessous des prévisions. Un fabricant de pièces détachées déclara : "Je pensais que les ventes augmenteraient avec l'introduction du sans miroir plein cadre, mais c'était à un niveau qui n'atteignait pas du tout le plan initial. Nous n'avons pas d'autre choix que de changer le plan de gestion." En septembre 2019, Nikon annonça qu'il accélérait le développement des APN hybrides. Canon dût faire de même pour gagner des parts de marché. Panasonic, Fujifilm, Leica et Olympus ont également annoncé leur réorientation vers le marché des hybrides, ce qui incita Canon et Nikon à redoubler de travail. En revanche, en 2019 Hiroki Sugahara, Directeur Général du Département de communication marketing de Ricoh (Pentax) ne croyait pas en l'avenir des hybrides (cf. Fstoppers), non pas par résistance face au progrès mais pour une raison bien concrète que plus d'un reconnaitront. Il se rendit compte que plusieurs clients ont fait marche arrière et ont repris un modèle reflex. S'ils apprécient le grand moniteur pour prendre des photos ordinaires et naviguer dans les menus, ils ne se sont pas adaptés à l'absence de viseur optique et au moniteur qui les force à regarder une "image de télévision", artificielle du sujet et scintillante dans des conditions de faible éclairement qui les dérange et les empêche d'exprimer leur créativité. Ils préfèrent porter l'oeil à l'oculaire d'un viseur optique pour cadrer et ressentir la réalité sans artifice (cf. Pentax Klub). Notons qu'on peut avoir le même sentiment avec les APN bridges où même le viseur est électronique (EVF) et vous déconnecte de la réalité. En 2021, Canon annonça qu'il se retirait progressivement de la technologie reflex et déclara que son EOS-1D X Mark III serait son dernier APN reflex phare. À l'époque, le CEO de Canon avait déclaré que "les besoins du marché évoluent rapidement vers les appareils sans miroir. Par conséquent, nous orientons de plus en plus les gens dans cette direction", mais il confirma que la société continuerait à fabriquer des APN reflex d'entrée et de milieu de gamme à l'avenir.
Si quelques puristes et nostalgiques ne jurent que par les reflex, un fait ne trompe pas. En 2020, alors que le marché de la photo était globalement en recul, seules les ventes d'APN hybrides continuaient à progresser. Nikon arrêterait également la fabrication des APN reflex pour se concentrer sur les APN hybrides et les compacts tout en continuant à produire et à distribuer ses modèles reflex existants (cf. The Verge, 2022). Nikon n'a ni confirmé ni démenti cette nouvelle stratégie, juste qu'il s'agissait de "spéculations" des journalistes, histoire de ne pas alarmer les marchés financiers. Mais Nikon a déjà arrêté la production de certains reflex d'entrée de gamme. Si en 2015 on pouvait encore écrire que les APN hybrides n'offraient pas les performances des APN reflex, depuis 2020 ce n'est plus vrai et certains hybrides les ont même dépassés. C'est également en 2020 que les hybrides ont définitivement pris l'ascendance sur les reflex. En effet, les chiffres de la CIPA montrent que la valeur des livraisons de reflex représente au total de 690 millions d'euros, contre 1.7 milliard d'euros pour les hybrides. Autrement dit, la valeur des livraisons d'APN hybrides représente ~2.5 fois celle des reflex. C'est très significatif de l'intérêt du public pour les hybrides et les constructeurs l'ont bien compris. Autre signe révélateur, en 2024 quand les journalistes passaient en revue les APN de l'année, ils ne présentaient plus que des APN hybrides (cf. Les Numériques) et quand ils incluaient des APN reflex, c'était des modèles sortis il y a quelques années déjà ou pour lesquels ils trouvaient systématiquement une alternative sans miroir (cf. DPReview). Si on suit cette tendance, les APN reflex seront bientôt démodés et même les photographes professionnels utiliseront un APN hybride. On peut imaginer qu'en 2030 tous les nouveaux APN seront des hybrides ou des compacts.
Pour plus d'informations La photographie numérique (sur ce site) Les appareils photos numériques en astrophotographie (sur ce site) L'Astrophotographie à l'APN, groupe Facebook Comparatif / 69 appareils photo hybrides testés Avril 2024, Les Numériques Best astrophotography cameras 2024, Live Science Guide d’achat photo 2024 : les meilleurs compacts experts, Phototrend Guide d’achat photo 2024 : les meilleurs appareils photo hybrides plein format, Phototrend Guide d’achat photo 2024 : les meilleurs appareils photo hybrides APS-C et Micro 4/3, Phototrend Meilleur APN compact, 2023 Argus photo (Chasseur d'images) The best mirrorless camera 2024, Digital Camera World Best mirrorless cameras in 2024, Space.com Global Mirrorless Digital Camera Market 2021 Recent Trends, In-depth Analysis, Size and Forecast To 2028, Global Market Vision Appareils photo mirrorless ou reflex?, Eric Gibaud, YouTube, 2020 Hybride vs Reflex, différences, avantages, inconvénients, Nikon passion, YouTube, 2019 SIGMA fp Concept Movie, YouTube Sigma fp L : tout ce que vous devez savoir !, Le Blog Photo Sigma fp L : le test terrain et avis, Le blog photo Lumix, 2021 Test de l'Olympus OM-1, Les Numériques, 2022 Test du Sony Alpha 1, Les Numériques, 2021 Test du Canon EOS R5, Les Numériques, 2020 Test du Nikon Z5, Les Numériques, 2020 Test du Sony Alpha 7R IV, Les Numériques, 2019
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