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La Terre, une planète fragile

Le Protocole de Kyoto (VII)

Nos responsables ont été informés de l'état critique de notre environnement dans les années 1970. Mais poussés par le vent du succès économique et leur image publique, ils n'y ont prêté aucun intérêt durant plus de 10 ans jusqu'au jour où les scientifiques leur ont montré les tendances, chiffres à l'appui.

Il apparut rapidement que 6 Etats seulement produisaient 50% des émissions de gaz à effet de serre : par ordre d'importance il s'agit de la Chine, des Etats-Unis, de l'Australie, de la Corée du Sud, du Japon et de l'Inde. C'est alors que l'écologie trouva un terrain fertile et devint l'arme politique et économique que nous connaissons, même si ce mouvement relève encore plus de la philosophie de vie que de l'action politique, bien que les mentalités changent.

"Pour ou contre" l'écologie, aujourd'hui cela importe peu car nous sommes tous embarqués dans le vaisseau Terre et nous subissons tous à plus ou moins grande échelle les actions néfastes de nos voisins (et même les nôtres à l'occasion lorsque le vent ne souffle pas dans la bonne direction !).

Un nouveau jour se lève mais non seulement plongé dans le brouillard

mais encombré de nuages et de fumées polluantes. Document Pixabay.

L'écologie est aujourd'hui enracinée dans notre culture depuis une bonne génération et représente une certaine image de l'Occident et de la bonne conscience de l'humanité envers son environnement. Malheureusement, les individus et les gouvernements n'agissant généralement que sous la pression, il a bien fallut qu'une instance supranationale se décide à prend le taureau par les cornes et nous dicte notre façon d'agir, quand et comment. C'est dans ce contexte qu'ont été organisées les conférences sur le climat ou sur le développement durable.

En mars 2001, 37 nations se sont réunies à Kyoto pour entériner les décisions prises lors des conférences antérieures sur le réchauffement global et la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Le but de cette réunion était de ratifier une réduction de 8% de six gaz à effet de serre entre 2008 et 2012. En cas de succès, ces accords seraient reconduits pour une nouvelle période de 4 ans et ainsi de suite.

On constata malheureusement que la plupart des pays présents n'avaient mené aucune action depuis 20 ans ! Les Etats-Unis avaient initialement accepté une réduction de 7% mais refusèrent en 2001 d'appliquer le Protocole de Kyoto pour protéger leur économie (tout comme le Japon et l'Australie) et parce que les pays émergeants tels que la Chine et l'Inde ne sont pas concernés !

Arrivés en force en non pas un ni même deux, mais trois ou quatre jets privés, ils s'accordaient tout au plus sur le tri des déchets ménagers, la taxation des produits polluants, la détaxation des véhicules écologiques, brefs sur de nouvelles dépenses mais bien peu d'économies, tout à l'image de leurs fanfaronnades. En raison de ce manque d'actions ce n'est plus de 5% qu'il faut aujourd'hui réduire l'émission de ces gaz mais de 8%... Les intérêts personnels des Américains passent même avant l'intérêt de la planète... Un scandale dont le président Chirac se fit l'écho solennellement au nom des nations qui avaient signé le protocole d'accord 20 ans plus tôt à Rio.

Mais une fois encore, David allait vaincre Goliath. Le 23 juillet 2001 après plusieurs jours d'âpres négociations l'accord de Bonn vit la concrétisation des objectifs fixés à la conférence de Kyoto : 35 pays moins les Etats-Unis (et bien sûr la Chine et quelques centaines d'autres) ont accepté de ratifier le Protocole de Kyoto, une façon diplomatique d'imposer aux Etats-Unis et aux pays émergeants le souhait de la majorité.

Mais le succès est bien relatif quand on sait que les Etats-Unis qui ne représentent que 5% de la population mondiale demeurent les seconds plus grands pollueurs de la planète avec 25% des émissions de gaz carbonique, derrière la Chine qui vient juste de les dépasser dans cette course folle à la pollution. Aucun des deux pays ne souhaite réduire ses émissions de CO2 qui enrayerait leur économie disent-ils...

A lire : L'après-Kyoto et les conférences sur le climat (sur ce site)

United Nations Framework Convention on Climate Change (en français)

Objectifs fixés à la conférence de Kyoto de 2001

Réduction (-) ou Augmentation (+) des émissions des gaz à effet de serre

 +10% Islande

 + 8% Australie

  +1% Norvège

    0% Nouvelle Zélande, Russie, Ukraine

   -5% Croatie

   -6% Japon, Canada, Hongrie, Pologne

   -7% Etats-Unis

   -8% Europe, Bulgarie, Tchéquie, Estonie, Lettonie, Liechtenstein,

           Lituanie, Monaco, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Suisse

A gauche, le vice-président Al Gore pendant la conférence de Kyoto en mars 2001 en compagnie de son homologue japonais. Alors qu'Al Gore défendait l'écologie en 1993 comme en témoigne son livre, 8 ans plus tard, sous l'instigation du président Bush, Jr, il refusa catégoriquement toute réduction du gaz carbonique au nom de son économie florissante. Son homologue Japonais, malgré la crise politique et financière que connaissait le Japon accepta une réduction de 5% de ses émissions de gaz carbonique d'ici 2012. Depuis ce jour, Al Gore se bat pour changer la mentalité américaine. Son action eut des échos jusqu'en Europe. A droite, l'humour de Plantu dans le journal "Le Monde" résuma toute la situation :"La situation est grave mais nous ferons le moins possible !"... Documents Katsumi Kasahara/AP et Le Monde.

En fait, le Protocole ne pouvait entrer en application que si 55% des pays représentant au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre des pays développés ratifiaient le Protocole. En pratique, si les Etats-Unis, la Chine ou la Russie avait accepté l'accord, le Protocole de Kyoto serait entré en application immédiatement... Mais il fallut attendre 4 années supplémentaires. Telle était la situation en 2001. Comme l'écrivit avec humour le caricaturiste Plantu (ci-dessus), "la situation est grave mais nous ferons le moins possible ! ".

Ce que les grands Etats industriels ne voulaient pas comprendre c'est que si nous n'agissons pas aujourd'hui et ne tenons pas un discours volontariste dès maintenant, comme nous l'avons déjà souligné il y aura non seulement des conséquences sur le climat mais également au niveau industriel et économique.

Ainsi que l'ont démontré les scientifiques, le gaspillage énergétique est la principale donnée du problème. Aussi le but des conférences sur le climat est-il de demander au monde politique de prendre la décision de stabiliser et si possible diminuer la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Le défi est gigantesque comme le sont tout autant les conséquences si nous n'agissons pas. Le fait de stabiliser ces effets impose une réduction de 80% des émissions ce qui revient à diminuer les émissions actuellement de 4 à 5 fois. Mais peu de nations l'entendent ainsi.

Malheureusement, en 2011 le Canada se retira du Protocole de Kyoto en raison de l'exploitation des schistes bitumeux en Alberta. Il fallut attendre 2015 et la COP21 sur laquelle nous reviendrons (cf. L'après-Kyoto et les conférences sur le climat) pour que les chefs d'Etats se remettent autour de la table et renégocient leur "droit de polluer" d'ici 2100, en particulier les Etats-Unis (surtout sous les administrations des présidents républicains Bush et Trump) toujours prêts à faire cavalier seuls pour protéger leur économie aux dépens de la planète et des populations. Et dans ce rôle de mauvais élève, les Etats-Unis et beaucoup d'Etats ont trouvé un nouveau jeu où ils excèllent : le droit de polluer ou les quotas carbone.

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