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Le tourisme spatial

SpaceShipOne sous le fuselage du "B-52" White Knight attendant son envol pour les premiers essais sur la piste du désert de Mojave le 20 mai 2003. Document J.Foust.

Parlons business : SpaceShipTwo (II)

Le 21 juin 2004, l'avion-fusée SpaceShipOne financé par Sir Richard Branson, président de la société Virgin, conçu par l'ingénieur Burt Rutan de Scaled Composites et piloté par Mike Melvill atterrit en Californie après avoir effectué le premier vol suborbital à titre privé. L'avion-fusée venait d'atteindre 100.124 km d'altitude à la vitesse de Mach 2.9 soit 3580 km/h.

Entre-temps SpaceShipOne avait réalisé 14 vols d'essais entre le 20 mai 2003 et le 13 mai 2004, d'abord sans équipage et captif, puis en vol libre plané et ensuite avec le moteur allumé à faible vitesse (213 km/h jusqu'à 14.42 km d'altitude) puis avec de plus en plus de puissance jusqu'à Mach 2.5 et 64.43 km d'altitude.

Suite à ces succès, le 27 septembre 2004, Sir Richard Branson et Burt Rutan annonçèrent la création de la société Virgin Galactic. Ils allaient acquérir une flotte de vaisseaux spatiaux basés sur le concept de SpaceShipOne afin... de transporter des touristes dans l'espace suborbital ! La technologie appartient aujourd'hui à Paul Allen, cofondateur de Microsoft et fondateur de la société Mojave Aerospace Ventures (Vulcan Ventures).

Finalement, le 4 octobre 2004, Mike Melvill atteignit l'altitude de 112.014 km à Mach 3.09 soit 3815 km/h, battant largement le record du X-15 et gagnant par la même occasion le prix Anzari X de 10 millions de dollars !

Burt Rutan nous rappelle que SpaceShipOne est le descendant direct du X-15 et même du X-1; c'est un avion-fusée conçu pour voler dans la stratosphère et dans l'espace, à la seule différence dit Rutan qu'il dût "fabriquer son propre B-52", en l'occurrence l'avion-porteur White Knight pour transporter l'avion-fusée jusqu'à l'altitude de 15000 m environ, où il fut largué.

2004 : la première agence de tourisme spatial est née !

Les premiers touristes devraient embarquer en 2014.

Will Whitehorn, président de Virgin Galactic, responsable d'affaires et directeur du développement chez Virgin Management Ltd. ne prend pas cette idée en l'air. En 2004, il disait : "nous croyons dit-il que d'ici à cinq ans nous pouvons créer une affaire viable", une entreprise qui devrait conduire à une réduction progressive du prix du ticket vers l'espace.

Whitehorn pensait que Virgin Galactic pourrait commander au moins cinq véhicules SpaceShipTwo et commencer ses opérations avant 2010 : "Nous aimerions parvenir à la phase test vers fin 2007... et les opérations commerciales vers 2008, si c'était possible." Il pensait également qu'après 5 ou 10 ans d'exploitation, trois ou quatre opérateurs se partageraient le marché entre différents sites de lancements.

En juin 2008, Virgin Galactic Benelux lança "Your Galaxy Space Tourism, Education & PR" au Space Expo de Noordwijk aux Pays-Bas. Cette nouvelle agence, le premier représentant officiel au Benelux de la société Virgin Galactic envisageait d'organiser des voyages dans l'espace à partir de 2009.

Mais ce planning était présomptieux. Face aux difficultés techniques de cette aventure, Virgin Galactic avait reporté les premiers vols commerciaux au plus tôt fin 2014 et poursuivait ses vols d'essais en haute altitude.

C'est au cours d'un vol d'essai que malheureusement le premier avion SpaceShipTwo baptisé "VSS Enterprise" (SpaceShipTwo Model 339) en référence à Star Trek se crasha dans le désert de Mojave le 31 octobre 2014 suite à un incident technique. Le pilote Michael Alsbury agé de 39 ans mourut dans l'accident tandis que son coéquipier Peter Siebold fut gravement blessé.

Si cet accident tragique reporte le projet de Richard Branson de quelques années probablement, tous les participants à cette fabuleuse aventure savent que ce type de projet comporte des risques. Aussi l'aventure continue, ne fut-ce que pour que le sacrifice de Michael Alsbury n'ait pas été vain.

C'est la raison pour laquelle Virgin Galactic décida en novembre 2014 de construire un nouvel avion porteur baptisé "VSS Voyager".

Selon Virgin Galactic, le vol touristique spatial durerait trois jours comprenant un entraînement spécial en vue du vol dans l'espace. Six passagers pourront prendre place dans l'avion supersonique (on parle d'hypersonique à partir de Mach 5). Cinq avions supersoniques seront disponibles dont le premier exemplaire commercial VSS Unity vola en 2021. On y reviendra.

A voir : Les vidéos de SpaceShipTwo (2013)

Les vidéos de SpaceShipOne (2009)

Premier vol suborbital de SpaceShipOne le 21 juin 2004.

Images du premier vol suborbital effectué le 21 juin 2004 par le pilote Mike Melvill à bord de SpaceShipOne, un prototype équipé d'un moteur-fusée hybride. L'image présentée ci-dessus à droite a été prise lors du vol de SpaceShipTwo, et celle-ci lors des premiers test. L'avion supersonique prit une trajectoire à 84° jusque 337671 pieds MSL (101.3 km d'altitude) à une vitesse de Mach 3.5. Il redescendit ensuite en vol plané à une vitesse comprise entre 85 noeuds au-dessus de 60000 pieds et 110 noeuds en dessous. Voici une autre image prise juste avant son larguage par le vaisseau porteur White Knight et le film (.wmv de 5.5 MB). Documents Scaled Composites er Reuters.

Moyen de propulsion

Le moteur-fusée de SpaceShipOne utilisait un fuel mixte composé de polybutadiène hydroxy-terminée ou HTPB (un carburant solide à l'aspect de caoutchouc) et de protoxyde d'azote (oxyde nitreux) servant d'oxydant. Ce moteur produisait une poussée d'environ 38 tonnes. C'est la chaleur du combustible associée à l'apport d'oxydant qui provoqua la détente explosive et propulsa le vaisseau dans l'espace.

C'est malheureusement ce protoxyde d'azote qui provoqua un accident mortel lors d'un test au sol le 26 juillet 2007 sur le site d'essai de Mojave Aerospace Ventures, tuant trois ouvriers et blessant sérieusement trois autres, alors qu'ils examinaient le système de propulsion. C'est le premier accident de l'aérospatiale civile depuis l'accident d'Apollo 1 en 1967.

Les trois ouvriers décédés sont Eric Blackwell, Todd Ivens et Charles Glen May, morts en héros pour que d'autres hommes puissent voler plus haut. "Nous allons atteindre les étoiles, et ce n'est pas une entreprise facile", a déclaré Rick Tumlinson, cofondateur de Space Frontier Foundation, dans un communiqué de presse. "Des accidents arrivent. De bonnes personnes meurent. Et nous continuons. Nous allons de l'avant vers l'objectif pour lequel ils sont morts parce qu'en faire moins serait les déshonorer ainsi que leur sacrifice."

Vue intérieure du cockpit du vaisseau porteur White Knight, lors de son vol en 2004. 

Il est identique à celui du SpaceShipOne. Document Mojave Aerospace Ventures.

Rappelons que le protoxyde d'azote, également appelé gaz hilarant en raison de ses effets intoxiquants une fois inhalé, est un gaz inflammable mais que l'on peut manipuler sans danger la plupart du temps. Selon Tim Pickens, directeur de la société Orion Propulsion et responsable du système de propulsion de SpaceShipOne, "L'azote est utilisé dans les cabinets de dentisterie, les hôpitaux, les voitures de course, dans les robots ménagers de crème fouettée, etc. Mais nous devons le respecter et nous rappeler qu'il a le potentiel de libérer une grande quantité d'énergie."

Une étude de l'USAF, publiée en 1974, avait conclu que le protoxyde d'azote pouvait être manipulé sans risque dans toutes les conditions, aussi longtemps qu'il restait dans un récipient refroidit et à l'état liquide, mais avertissait que de "grands risques existent à l'état gazeux, à une pression et/ou une température élevée."

SpaceShipOne utilisait le protoxyde d'azote comme oxydant pour permettre la combustion d'un carburant fusée en gomme synthétique. Le protoxyde d'azote alimentant le moteur-fusée, il reste liquide durant la majeure partie du vol atmosphérique, et ne devient gazeux qu'en haute altitude pour que le vaisseau puisse atteindre l'espace.

L'accident fatal

Le VSS Entreprise de type SpaceShipTwo utilisait une technologie hybride combinant du combustible solide et de l'oxydant liquide. Malheureusement, le 31 octobre 2014 au cours du vol PF04 au-dessus du désert de Mojaves en Californie, une manoeuvre accidentelle le détruisit à 13500 mètres d'altitude (45000'), tuant le copilote Michel Alsbury. Le pilote Peter Siebold fit une chute de 15000 mètres à Mach 1 juste équipé de sa combinaison de vol. Heureusement son parachute se déploya à 6000 mètres mais il souffrit de graves blessures et fut hospitalisé.

Cet accident força Virgin Galactic à revoir certaines mesures de sécurité avant d'envisager toute commercialisation de son vaisseau. Dans ce projet qui n'a nul autre pareil, outre le savoir-faire et les records, il faut avant tout s'assurer que les passagers feront un vol en toute sécurité.

Mais résolument décidé à conquérir l'espace et ayant tiré les leçons de ses erreurs, en février 2016, Richard Branson présenta le VSS Unity parrainé par Stephen Hawking et remplaçant le VSS Entreprise. L'aventure spatiale continue donc pour Virgin Galactic.

A gauche, SpaceShipOne revenant de son tour du monde en avril 2005. Un succès total pour le visionnaire et pilote américain Burt Rutan. A droite, la présentation du vaisseau VSS Unity en février 2016 qui remplace le VSS Enterprise de type SpaceShipTwo détruit en vol fin 2014 suite à une manoeuvre accidentelle qui tua le copilote Michel Alsbury et blessa grièvement le pilote Peter Siebold.

Un nouveau créneau commercial

Avec les ramjets et autre scramjet (X-43, etc), la solution mise au point par Paul Allen est certainement l'une des alternatives les plus économiques pour placer une charge utile en orbite comparée aux navettes spatiales ou aux fusées. On peut évidemment aussi envisager de les utiliser pour des vols hypersoniques (à Mach 5 et plus) commerciaux entre continents voire pour des voyages d'agrément dans l'espace, le jour où la sécurité des passagers sera garantie.

L'avantage de ce créneau est qu'il est actuellement libre de concurrence et permet de tester de nouvelles technologies. Depuis que Virgin Galactic a annoncé ses intentions commerciales, la société a reçu plus de 30000 demandes en l'espace de quelques mois. Whitehorn confirme toutefois qu'il ne veut pas faire de cette entreprise un business exclusif comme le serait "le jouet d'un riche milliardaire aventurier." Grâce au travail pionnier des astronautes, Whitehorn espère rendre l'espace un jour accessible à tous : "Nous croyons que finalement nous pourrons descendre le prix du ticket à 25 ou 30000$ après quelques années, par vol et par personne."

Un ticket pour l'espace ou une belle voiture, c'est vrai que cela démocratise le vol spatial, même si cela reste un peu cher pour quelques minutes de vol, surtout si madame et les enfants veulent vous accompagner... Mais il est évident que ce marché représente un énorme potentiel comme le furent jadis le chemin de fer, les paquebots transatlantiques et le transport aérien. 

Après Virgin Atlantic, Sir Branson a cette fois placé la barre très haut, un défi que ne manqueront pas de relever ses concurrents. Comme le diraient les mauvaises langues, à quand une copie japonaise ?

Afin de tester les performances de l'appareil à plus grande échelle, en avril 2005, SpaceShipOne réussit à effectuer un tour du monde. La prouesse technique, et sportive, fut saluée avec l'enthousiasme qu'on peut imaginer.

A voir : Virgin Galactic Spaceship Cabin Design Reveal, 2020

Virgin Galactic spaceship cabin, 2020

Porté par ce double succès, Burt Rutan alla demander aux congréssistes américains, ceux-là même qui inventent les lois qui seront appliquées demain, un peu de reconnaissance et un meilleur support de l'industrie aérospatiale privée. En effet, Burt Rutan envisage à présent de construire un vaisseau spatial plus grand et plus sûr destiné au public. En particulier, Burt Rutan expliqua aux politiciens qu'en fabriquant un "spaceliner" commercial, on pourrait faire voler jusqu'à 500 astronautes la première année. Au bout de cinq ans ce nombre pourrait atteindre 3000 personnes par an ! A son 12e anniversaire d'exploitation, il estime qu'entre 50000 et 100000 personnes "auront pris plaisir à voir le ciel noir au cours d'un vol suborbital".

Espérons que ses propos visionnaires seront entendues et que la législation sera un peu moins restrictive et comme le disait Rutan, qu'elle "interroge à l'avenir un peu moins le produit et le défende un peu plus". Il en va de la survie de ces entreprises commerciales et finalement de l'avenir du tourisme spatial.

Les projets concurrents

SpaceX d'Elon Musk

Citons tout d'abord le projet Space Exploration Technologies ou SpaceX d'Elon Musk, cofondateur de PayPal et constructeur de la Tesla qui voit très grands avec ses fusées Falcon capables de rejoindre la station ISS et plus tard la Lune ou Mars.

A lire : SpaceX: lancement de la première fusée privée (sur le blog, 2012)

Blue Origin de Jeff Bezos

Jeff Bezos, président de la société Amazon.com teste actuellement discrètement une fusée à décollage et atterrissage vertical dans le désert du Texas, ainsi qu'il l'indique sur son site Blue Origin. Son objectif est de "réduire le coût du vol spatial afin que [...] nous, les humains, puissions mieux explorer le système solaire."

La fusée Blue Shepard fut prête pour son premier lancement commercial en 2021. On y reviendra.

Axiom Space

L'entreprise américaine Axiom Space fut fondée en 2016 par Michael Suffredini et Kam Gaffarian. Elle est installée à Houston et travaille avec la NASA en tant que chef du programme de la station ISS. Elle propose également des vols habités à titre privé vers la station ISS en collaboration avec SpaceX. Le premir vol à titre privé est planifié pour 2021.

Deux des modules proposés par Axiom Space sur sa station spatiale comprendront un hôtel pour les touristes fortunés fabriqué par Thales Alenia Space.Voici une autre illustration. Ouverture prévue en 2024.

En 2020, Axiom Space remporta un contrat pour installer un module sur ISS qui, à terme sera complété par d'autres modules qui pourront être séparés et former une station indépendante de ISS comme on le voit ci-dessus à gauche.

En juillet 2020, Axiom Space choisit l'entreprise française Thales Alenia Space (qui est également un partenaire industriel pour l'exploration lunaire) pour lui fournir deux modules pressurisés "Node1" et "Habitat" pour le futur hôtel spatial qui devrait être ouvert en 2024. C'est un contrat de 55 millions de dollars.

En 2022, la NASA annonça qu'elle avait choisi Axiom Space et Collins Aerospace pour lui fournir des services, des combinaisons spatiales et des systèmes de sortie dans l'espace (EVA) de nouvelle génération pour les activités à l'extérieur de la station ISS, pour explorer la surface lunaire au cours des missions Artemis et participer à la préparation des missions habitées sur Mars (que la NASA met au pluriel).

Astrium

Le principal concurrent de Virgin Galactic et SpaceX était Astrium, la filiale astronautique militaire et civile du consortium européen EADS. Le 13 juin 2007, Astrium avait dévoilé son projet d'avion-fusée dédiée au vol suborbital.

Le projet d'avion-fusée proposé par Astrium (EADS), en 2007. Le projet fut abandonné, du moins officieusement.

Sa conception empruntait beaucoup d'idées au projet de la compagnie américaine Rocketplane Kistler, qui espère lancer bientôt vers les étoiles un vaisseau hybride " jet-and-rocket" construit autour d'un fuselage de Learjet.

Actuellement, le projet d'Astrium comme celui de Rockplane Kistler sont au point mort voire abandonnés, du moins officieusement. Les annonces qui ont été faites autour de ces projets ressemblent fort à un effet marketing dans le but de rappeler aux sponsors que ces sociétés sont capables de développer de tels projets, du moins en théorie.

Ceci dit, le projet d'Astrium était dérivé d'un jet d'affaire conçu pour atteindre une altitude de plus de 100 km. Cet avion-fusée serait équipé d'un turbopropulseur pour le vol atmosphérique et d'un moteur-fusée pour le vol spatial. Il pourrait emporter 4 passagers en apesanteur durant plus de 3 minutes.

Les passagers seraient logés dans une cabine de grand confort dessinée par le designer anglais Marc Newson dont les sièges ergonomiques ont été spécialement étudiés et conçus pour minimiser les effets de l’accélération (de 3 à 4.5 G) que subiront les passagers lors de la mise en route du moteur-fusée et ensuite lors du freinage atmosphérique.

Le prix du voyage était estimé entre 150 et 200000 € soit, ici également, 100 fois meilleur marché que le ticket de la NASA vers la station ISS. Atrium espérait proposer les premiers tickets d'embarquement en... 2012. Consultez la vidéo préparée par EADS.

Space Perspective

La société américaine Space Perspective dirigée par le couple Taber MacCallum et Jane Poynter dévoila le 18 juin 2020 son intention de lancer un ballon habité dans la haute atmosphère.

Le couple avait déjà tenté de lancer une entreprise similaire en 2013, mais opta en 2015 pour des ballons de plus petite taille. Ils ont même lancé... un sandwich au poulet en collaboration avec le centre KFC de la NASA en 2017 - mais le ballon eut une fuite, coupant court au projet.

Cette fois le nouveau concept est plus ambitieux. Il s'agit d'un ballon auquel est attaché une capsule appelée "Neptune" qui dérivera à une altitude de 100000 pieds soit 30 km, trois fois plus haut que l'altitude de croisière des avions longs courriers, au "bord de l'espace" selon l'expression de la société. Le ticket d'embarquement coûtera 75000 $.

Rappelons que c'est trois fois moins cher que le ticket de Virgin Galactic (200000$) mais dont l'avion-fusée est capable de planer à 100 km d'altitude et du dumping comparé aux 20 millions de dollars du séjour à bord de la station spatiale ISS mais qui garantit un séjour d'au moins une semaine entre 350 et 400 km d'altitude. Si cela reste très cher dans l'absolu, cela rend malgré tout l'espace un peu plus accessible.

A voir : Space Perspective's vision of flight

Le projet de ballon stratosphérique de Space Perspective annoncé en 2020 devrait démarrer vers 2025.

30 km d'altitude n'est pas encore suffisant pour qualifier ce type d'expérience de vol spatial ni même de vol extra-atmosphérique. La fameuse "Ligne de Kármán" se situe à une altitude de 80 km (pour l'USAF, la NASA et la FAA) ou 100 km (FAI) au-dessus du niveau de la mer. A 30 km d'altitude, on se trouve encore dans la stratosphère, la première couche de la haute atmosphère de la Terre. Même les ballons météo peuvent voler à des altitudes plus élevées.

À partir de 30 km d'altitude, les heureux clients pourront voir la courbure de la Terre et au-dessus de la troposphère, se dessiner la fine ligne bleue de l'atmosphère qui est notre seule protection nous permettant de respirer sur Terre.

L'ascension et la descente du ballon prendront chacune deux heures, puis la capsule Neptune sera largué dans l'océan Atlantique où un navire récupérera les passagers. Les équipements à bord du Neptune comprendront un bar et des toilettes de style avion avec vue sur l'extérieur.

Space Perspective a déjà signé un leasing avec les autorités du Spaceport de Floride. Les opérations pourraient commencer au Centre Spatial Kennedy de la NASA mais les premiers vols ne sont pas planifiés avant plusieurs années. On en reparlera peut-être vers 2025.

World View

Le 23 octobre 2013, John Poynter de la startup américaine World View, qui est également cofondateur de Paragon Space Development, annonça qu'il inaugurera le tourisme en ballon jusqu'à 30 km d'altitude en 2016. Mais en 2020, rien ne s'était concrétisé.

Le projet de capsule suspendue à un parachute et un ballon de World View devait être inauguré en 2016.

 Le système se compose d'un ballon gonflé à l'hélium relié à une capsule pressurisée suspendue à un parachute comme on le voit sur cette autre illustration. La capsule peut embarquer 8 passagers et dispose même d'un mini-bar. Elle présente quatre grands hublots segmentés (comme la cupola d'ISS) par lesquels les touristes privilégiés pourront observer la rotondité de la Terre et le ciel étoilé sans se bousculer.

L'ascension durera 90 minutes. Ensuite le ballon sera largué et le parachute dérivera lentement pendant 2 heures jusqu'à l'altitude de 30 km avant de planer et redescendre doucement sur terre au bout de 40 minutes. Le prix du vol est fixé à 75000$.

Vu le coût relativement économique de cette solution, d'autres entreprises ont également prévu de lancer un ballon habité dans la haute atmosphère.

Zephalto

 La startup française Zephalto fut fondée en 2016 par Vincent Farret d'Astiès qui est pilote de ballon. Avec son équipe, il envisage de lancer un ballon habité dans la haute atmosphère jusqu'à 25 km d'altitude. La capsule comprendra 4 passagers et 2 pilotes.

Deux prototypes ont déjà volé dont le second en 2020 monta jusqu'à 1.5 km d'altitude et parcourut 300 m horizontalement. Les prochains vols d'essais conduiront progressivement le ballon à 8, 12, 15 et 25 km d'altitude. Le premier vol habité surnommé "Céleste" est prévu en 2024. Le projet est soutenu par le CNES qui a une longue expérience des ballons stratosphériques, l'Union européenne et la région Languedoc-Roussillon. Zephalto cherche encore des partenaires.

Le système est constitué d'un ballon porteur, d'un régulateur d'altitude et d'une nacelle habitée. Le ballon mesurera 130 m de haut et sera capable de soulever une charge de 2.5 tonnes. L'enveloppe conçue en partenariat avec le CNES se compose d'une structure multicouches en polymère et fermée qui la rend à la fois plus légère, plus résistante et plus souple, notamment pour résister au froid jusqu'à -80°C, une température extrême où la plupart des plastiques deviennent cassants. Le ballon sera réutilisable pour le prochain vol.

Le projet de capsule stratosphérique développé par Zephalto.

L'entreprise a développé en 2018 un régulateur d'altitude qui stabilise la trajectoire du ballon grâce à de l'air comprimé. Le ballon peut s'insérer dans la circulation aérienne ascendante (on décomprime le trop-plein d'air) ou descendante (on comprime l'air pour gagner de la masse) et s'immobiliser à un palier, sans limite de temps. Le prix du vol est estimé à 200000 €.

Zephalto insiste sur le fait que son invention est neutre en carbone car le ballon est alimenté en énergie par des panneaux solaires. Par rapport à un avion-fusée, cette solution économise plus de 400 tonnes de CO2.

Zephalto propose déjà des préinscriptions aux futurs clients.

Bigelow Aerospace

La société Bigelow Aerospace de Las Vegas proposait de construire la première station orbitale commerciale. Le projet du promoteur milliardaire Robert Bigelow devait être finalisé en 2012. Finalement le projet fut reporté (s'il n'est pas abandonné).

En attendant, en 2016 Bigelow réussit à installer un module extensible nommé BEAM (Bigelow Expandable Activity Module) à la station ISS, le prototype d'un module habitable ou d'un hôtel spatial économique (cf. cette vidéo).

Orbital Assembly

L'entreprise américaine Orbital Assembly Corp. (OAC) fondée en 2018 par par Rhonda Stevenson développe ce qu'elle appelle pompeusement des "écosystèmes spatiaux" "pour que toute l'humanité puisse prospérer en orbite, dans l'espace cislunaire et dans tout le système solaire." Concrètement, OAC à l'ambition de construire en orbite une station spatiale nommée "Voyager" comprenant un hôtel qui prendrait la forme d'une immense roue en rotation à laquelle accosterait autant de navettes spatiales qu'il y a de chambres disponibles.

Illustration du projet de station spatiale "Voyager" de l'OAC.

Pour l'heure, OAC est une petite PME qui propose un drone et un robot d'assemblage, rien qui permette d'envisager qu'elle soit capable de construire un hôtel spatial. Cela ressemble plus à un coup marketing qu'une réelle ambition. D'ailleurs, sa CEO cherche encore des investisseurs. Si son projet d'hôtel spatial se concrétise, ce ne sera certainement pas avant quelques décennies, d'autant que les 40 ou 50 navettes spatiales qu'elle compte utiliser n'existent pas encore.

Orbital Technologies

En octobre 2010, la compagnie russe Orbital Technologies annonça son intention de placer un hôtel de 7 chambres en orbite en 2016. Lors d'une interview à la presse, le responsable Sergey Kostenko précisa que cet hôtel "sera plus confortable que la Station Spatiale Internationale, car il n'y aura pas d'équipements technologiques non nécessaires." Ce projet n'a pas eu de suite.

Galactic Suite

Les Japonais proposaient également de placer un hôtel en orbite, mais le projet passa aux oubliettes. Il semblait avoir été repris sous une autre forme par la société espagnole Galactic Suite qui prétendait ouvrir une chaîne d'hôtel dans l'espace en 2012 (cf. le blog). Depuis, plus de nouvelles non plus, le site Internet n'existe plus et seule reste une page d'actualité qui n'a plus été mise à jour.

Space Adventures

En 2001, la société américaine Space Adventures collabora avec l'Agence spatiale russe pour permettre à Denis Tito d'embarquer à bord de la station ISS. Depuis 2005, elle présente une deuxième destination à son catalogue : un vol autour de la Lune d'une durée de 8 à 10 jours !

Son président Eric Anderson s'offre même le luxe de proposer deux itinéraires : un vol direct grâce à un vaisseau Soyouz ou un vol indirect avec une escale dans la station ISS... Selon le choix du client, le prix du billet oscillera entre 100 et 120 millions de dollars, le prix d'une petite entreprise...

Bien qu'Anderson vente son produit avec le slogan "qui n'aimerait pas aller sur la Lune ?", le prix qu'il demande le réserve malgré tout à une poignée de privilégiés, les milliardaires.

Malgré ce prix exorbitant, le pari d'Anderson représente un pas de géant pour le secteur privé. A l'écouter, dans quelques décennies la Lune sera réellement à la portée du public, évidemment fortuné, encore faut-il qu'il dispose d'un fusée et qu'elle soit fiable.

La navette SOAR de Swiss Space Systems

Le 13 mars décembre 2013, la société suisse Swiss Space Systems (S3) annonça son intention d'investir dans des programmes aérospatiaux européens. Dans cet objectif, elle envisageait de construire une petite navette suborbitale réutilisable baptisée Soar (Sub-Orbital Aircraft ReUsable). Notons que Soar signifie également "monter en flèche" en anglais.

Le concept de navette SOAR de la holding S3 (faillite).

Installée dans le canton de Vaud, S3 fut fondée en 2012 par l'ingénieur et pilote d'essai Pascal Jaussi et accueille déjà sur son aérodrome militaire le hangar du "Solar Im­pulse", l'avion à propulsion solaire développé par Bertrand Piccard et André Borschberg.

S3 envisageait de construire près de Payerne un spatioport pour sa future navette qui devait être opérationnel en 2015. S3 avait également signé un partenariat avec Spaceport Colorado pour mieux servir le marché nord américain. La Malaysie et le Maroc ont également fait part de leur intention de construire un spatioport dans leur pays.

Dans sa version habitée, la navette devait amener les touristes à 100 km d'altitude pour un vol en micro-gravité pendant une heure.

Le premier vol d'essai de Soar était prévu en 2017, les vols commerciaux en 2018. Ici non plus, rien ne s'est concrétisé. Le projet Soar devait voir le jour grâce à la collaboration de plusieurs partenaires prestigieux tels que l'ESA, le AerospaceDesignLab de l'Université de Stanford, l'Université Catholique de Louvain, le Von Karman Institute, l’Université Technique d’Etat de Moscou et des industriels tels que le britannique Meggitt, les belges Sonaca et Space Application Services et le français Dassault Aviation.

Toutefois, la concurrence ne l'entendit visiblement pas ainsi. La pression sur son directeur n'a cessé d'augmenter jusque fin août 2016 où Pascal Jaussi fut agressé en France et sortit de ce traquenard grièvement brûlé. Cet accident mit fin à l'aventure de la Holding S3 qui fut ensuite poursuivie en justice par ses créanciers. L'entreprise doit rembourser 1.3 million de francs suisse. Tel est aussi le côté obscure de la conquête de l'espace où des financiers en cols blancs cherchent de bonnes affaires et agissent comme des requins...

Selon les experts, malgré le prix parfois cher payé par ces ingénieurs inventifs, à terme - on parle d'une ou deux générations - la démocratisation de l'espace pourrait multiplier le nombre de touristes spatiaux par 100, ce qui baissera sensiblement le prix du billet pour l'espace.

Dernier chapitre

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