CHAPITRE 3

LA GRANDE ÉPOQUE DES CATASTROPHISTES

 

Théories de la Terre, Déluge et catastrophisme

Les théories de la Terre ont été nombreuses au XVIIe et XVIIIe siècles, écrites par des savants essayant progressivement de percer les secrets de la création ou de la nature, selon que leur objectif principal était d'expliquer l'œuvre de Dieu, d'analyser et de comprendre les mécanismes de la nature, ou même de tenter une synthèse des deux, synthèse qui sera tentée à plusieurs reprises. On en compte une bonne trentaine, certaines ayant plus ou moins surnagé figurent dans les livres sur l'histoire de la géologie, alors que d'autres n'ont pas survécu à leurs auteurs. Bien sûr, aucune n'était parfaite, mais globalement ce genre mi-littéraire mi-scientifique est intéressant sur le plan historique, au même titre que les apocalypses de l'Antiquité. Ces théories de la Terre ont permis le brassage de nombreuses idées, parfois remarquables et novatrices, mais parfois aussi démentielles et dénuées de tout fondement. Nous allons en dire seulement quelques mots.

C'est René Descartes (1596-1650) qui tenta le premier de rendre compte par des lois physiques de la formation de la Terre, dans son livre Le Monde, écrit en 1633 mais qui ne parut qu'après sa mort en 1664. Il eut surtout le mérite d'introduire l'idée d'évolution. Cela voulait dire que tous les objets de l'Univers naissent, vivent et meurent. On connaît sa théorie et ses célèbres tourbillons. Pour lui, la Terre était un soleil devenu obscur qui avait connu une évolution catastrophiste. Les historiens de la géologie considèrent son système comme étant la première théorie de la Terre, à laquelle allaient se référer, ou s'inspirer, nombre de savants ultérieurs.

Le monde de 6000 ans de l’archevêque Ussher

Peu de temps après la mort de Descartes, se produisit un événement qui aurait pu rester anecdotique, mais qui en fait allait prendre une importance considérable. C'est la publication en 1658 du livre The annals of the world (Les annales du monde) par l'archevêque irlandais James Ussher (1581-1656), dans lequel il annonçait que Dieu avait créé la Terre le samedi 22 octobre 4004 avant J.-C. Ussher était parvenu à ce résultat à la suite d'une étude complète des dates puisées aux différentes chronologies de l'Ancien Testament.

Cette affirmation toute personnelle de Ussher plut à l'éditeur de la version King James de la Bible qui l'inséra comme note marginale dans les éditions ultérieures. Cette circonstance fit accepter la date de 4004 avant J.-C. comme faisant corps avec le dogme religieux et elle devint quasiment la date officielle de la Création, à laquelle tout le monde, scientifiques y compris, était obligé de se référer sous peine d'être accusé d'hérésie, avec tous les désagréments que cela pouvait comporter.

Dès cette époque, les géologues furent donc, eux aussi, obligés de se plier à la nouvelle orthodoxie religieuse et à son corollaire difficilement soutenable : faire entrer l'histoire physique du monde en 6000 ans seulement, ce qui était vraiment bien court. C'est cette difficulté bien inutile qui allait déboucher sur une chronologie courte que toutes les observations sur le terrain semblaient pourtant contredire. Mais aux XVIIe et XVIIIe siècles, on ne pouvait éluder facilement le dogme de la Création et les géologues durent faire avec, redoublant d'ingéniosité pour vivre avec ce redoutable fil à la patte que leur avait passé l'archevêque Ussher.

Bible et science : une difficile cohabitation

C'est le révérend Thomas Burnet (1635-1715), qui fut le premier géologue à proposer une théorie de la Terre dans son célèbre ouvrage Telluris theoria sacra, paru entre 1680 et 1689 (figure). Stephen Jay Gould lui a consacré une partie entière de son livre Aux racines du temps pour faire connaître son œuvre et le réhabiliter. Burnet, qui s'inspirait fortement de Descartes, essayait de réinterpréter l'enseignement de la Bible avec des arguments rationalistes, notamment le récit de la Genèse. Il proposa une version scientifique du Déluge et devint ainsi le premier des diluvianistes. Pour Burnet, le Déluge fut à la fois un phénomène physique et un châtiment divin, envoyé par Dieu pour punir une humanité corrompue.

Quelques années plus tard, en 1696, ce fut William Whiston (1667-1747) qui se fit connaître par un livre remarquable intitulé : A new theory of the Earth (Une nouvelle théorie de la Terre), qui eut un grand retentissement à l'époque et durant tout le XVIIIsiècle. Whiston était un ecclésiastique (il débuta comme simple curé), théologien et mathématicien anglais, ami de Halley et de Newton à qui il succéda à la chaire de mathématiques de Cambridge.

Dès qu'il fut évident, à la suite des travaux historiques de Newton sur la gravitation, que les comètes étaient des membres permanents du Système solaire, au même titre que les planètes, Whiston fut persuadé que Dieu avait utilisé ces composantes du Système solaire comme instruments pour ses divers desseins. L'une de ces comètes avait dû être utilisée pour la création du monde et plus tard une autre pour le Déluge. Enfin, il pensait que Dieu en utilisera une troisième dans l'avenir pour détruire le monde, quand il jugera que l'heure de l'Apocalypse a sonné. Il était d'autre part persuadé que les comètes sont des planètes en train de se former et qu'ainsi toutes les planètes connues sont des anciennes comètes.

Halley qui étudiait les mouvements de toutes les comètes du passé, constata peu après avec surprise que quatre grandes comètes, celles de 1680, 1106, 531 et 43 avant J.-C. étaient espacées entre elles d'environ 575 ans. Il crut pouvoir conclure qu'il s'agissait du même astre. Whiston remarqua alors que si l'on multiplie par 4 cette période de 575 ans, on obtient 2300 ans et que compte tenu que la première apparition connue datait de 43 avant J.-C., cette comète avait dû faire une approche à la Terre en 2343 avant notre ère, soit à six ans près la date présumée du Déluge biblique. Ces six années d'écart ne posaient pas vraiment de problème, car elles pouvaient être dues à une période un tout petit peu plus forte (575 ans et demi) ou à des perturbations planétaires.

On sait depuis longtemps que ces quatre comètes sont en fait des objets distincts et que la pseudo-période de 575 ans n'était qu'une simple coïncidence, mais à l'époque, ni Halley, ni Whiston, ni même Newton ne doutaient de sa réalité.

On peut se moquer de Whiston. Il a certes un peu extrapolé avec ses fameuses comètes de la Création du monde, du Déluge et de l'Apocalypse, mais nous le considérons cependant comme un jalon important de l'histoire des idées catastrophistes. Stephen Jay Gould lui a d’ailleurs consacré un essai intitulé Le parrain de la catastrophe, dans La foire aux dinosaures, pour le réhabiliter.

A la même époque que Whiston, Gottfried Leibniz (1646-1716) (figure) terminait son Protogée, qui ne fut publié que beaucoup plus tard (en 1749). On sait que chez l'illustre philosophe et mathématicien, les idées du savant, du métaphysicien et du théologien étaient trois aspects différents d'une même pensée. Pour lui, le Créateur a créé le monde selon un modèle cohérent fondé sur une harmonie préétablie et notre histoire n'est que le développement d'un projet divin.

Leibniz innovait, dans la mesure où il considérait que toutes les catastrophes subies par la Terre et l'humanité n'étaient pas des actes négatifs (!), elles s'inséraient simplement dans un projet d'ensemble, obligatoirement positif à long terme, puisque voulu et programmé par Dieu. L'épisode du Déluge était un événement parmi d'autres, venu à son heure quand Dieu l'avait jugé nécessaire. On peut rire de Leibniz. Là encore, il n'empêche qu'il avait compris bien avant les autres que les catastrophes ne sont pas obligatoirement négatives à long terme. On ne dit pas autre chose aujourd'hui, trois siècles plus tard, puisque l'on sait que les catastrophes sont souvent des forces de création, dans la mesure où elles peuvent libérer des niches écologiques, et qu'elles sont parfois une source majeure de l'évolution des espèces.

Un autre diluvianiste, suisse celui-là, Johann-Jakob Scheuchzer (1672-1733) proposa d'éclairer la Bible par la science. Son gros ouvrage : Physica sacra (huit volumes entre 1730 et 1735), paru en français sous le titre Physique sacrée ou Histoire naturelle de la Bible, s'annonçait ouvertement comme une approche théologique des phénomènes naturels. Vaste programme, à une époque où, au contraire, commençait à se tracer une frontière entre le savoir scientifique, basé uniquement sur l'observation et l'analyse, et l'exégèse religieuse, beaucoup plus crispée sur sa doctrine intangible. Scheuchzer considérait les fossiles comme des reliques du Déluge et sa collection était connue de tous les spécialistes européens. D'après lui, seul un déluge pouvait expliquer la distribution des fossiles que l'on trouvait parfois au sommet des montagnes. Avant la théorie de la tectonique des plaques qui explique parfaitement ce phénomène, une telle présence restait totalement inexplicable en dehors de l'appoint d'un déluge qui aurait recouvert provisoirement l'ensemble de la planète, montagnes comprises.

La Terre, une planète vieille

Buffon (1707-1788) reste l'un des grands noms de l'histoire des sciences de la nature. On le considère souvent comme l'un des pères de la théorie catastrophiste et comme l'un des premiers évolutionnistes. En fait, il fut uniquement catastrophiste pour ce qui concerne la formation de la Terre. Pour ce qui est de son évolution ultérieure, il était résolument transformiste, c'est-à-dire partisan des causes actuelles, et ne croyait pas du tout aux catastrophes, comme d'autres savants de l'époque.

En 1749, dans son Histoire naturelle, il émit l'hypothèse que le Soleil avait été heurté dans le passé par une comète géante qui lui avait arraché un important filament de matière, à partir duquel se seraient formées ultérieurement les planètes du Système solaire dont la Terre, qui serait âgée d'après lui de près de 80 000 ans. Buffon parlait aussi de l'origine de la vie et de ses idées transformistes. Tout cela lui valut un sévère rappel à l'ordre de la Faculté de Théologie de la Sorbonne, qui l'obligea à une rétractation. Après cette alerte, Buffon opéra lui-même pour sa sécurité une autocensure de ses écrits pendant plus d'un quart de siècle.

Heureusement, sous l’impulsion des Encyclopédistes, et notamment celle du baron d’Holbach (1723-1789), matérialiste militant qui fit campagne pour démontrer que « la religion était l’ennemie de la science », les choses s’améliorèrent sensiblement, au grand bénéfice de l’évolution des idées. Bon gré, mal gré, l’Église accepta de desserrer quelque peu le carcan dogmatique qui empêchait la science de respirer.

Pour finir ce survol sur les théories de la Terre, il nous faut citer le géologue écossais James Hutton (1726-1797), considéré souvent comme le fondateur de la géologie, et qui posa le premier les bases de l'uniformitarisme. Dans sa Theory of the Earth, parue en 1788, il montra, preuves à l'appui, que la Terre était une planète vieille. Une étude sur le terrain durant des années l'avait conforté dans son idée que les causes des événements du passé étaient les mêmes que celles qui agissaient encore de nos jours. Ce concept allait être repris longtemps après et développé par Lyell. Mais à l'époque de Hutton, la majorité des savants n'étaient pas encore prêts à les accepter. Au contraire, l'ère du catastrophisme commençait, grâce surtout à un événement unique, imprévu, qui allait faire évoluer radicalement les mentalités : l'approche très serrée d'une comète à la Terre. Nous allons étudier maintenant cet événement qui est un jalon important dans l'évolution des idées catastrophistes.

La comète de Lexell, une révélation

L'histoire de cette comète est révélatrice de la montée en puissance des idées catastrophistes au siècle des Lumières, et elle fut un jalon important dans la connaissance des comètes venant à proximité immédiate de la Terre. On sait qu'elle impressionna fortement des scientifiques du calibre de Laplace et de Cuvier.

D/Lexell (= 1770 L1) fut en fait découverte par Charles Messier (1730-1817), l'infatigable chasseur de comètes, le 14 juin 1770. Le 1er juillet, elle passa à 2,26 MK seulement de la Terre (0,0151 UA). Elle était très brillante (avec une magnitude négative m = -1,3 au maximum) et très rapide dans le ciel, du fait de sa proximité, caractéristiques qui en firent un astre particulièrement terrifiant pour la population, toujours apeurée dès qu'il se présente un phénomène céleste sortant de l'ordinaire.

Cette comète fut un véritable casse-tête pour les spécialistes de mécanique céleste, habitués à calculer pour ce type d'astres des orbites paraboliques qui, en règle générale, donnaient de bons résultats sur la partie de l'arc proche du Soleil. Rien de tel avec D/Lexell, cette comète se montrait rétive à tout calcul. C'est l'astronome suédois Anders Lexell (1740-1784) qui trouva la raison de cette anomalie. Pour la première fois, on se trouvait en présence d'une comète à courte période, avec un demi-grand axe (a = 3,15 UA) largement inférieur à celui de Jupiter. Les astronomes se posèrent alors la question suivante : « Comment se fait-il qu'on ne l'ait jamais observée auparavant ? » Ce n'est que bien plus tard qu'on put répondre à cette question, dont nous reparlerons en détail au chapitre 7 consacré aux comètes.

D/Lexell fut utilisée pour la première fois pour calculer la masse des comètes qui était jusque-là indéterminée. Les perturbations causées à la Terre furent insignifiantes (elles furent même nulles, on le sait aujourd'hui). Laplace en conclut que la masse de cette comète était au plus égale à 5/1000 de celle de la Terre.

Les comètes n'étaient donc pas des planètes de masse comparable à la nôtre, en dépit de leur éclat parfois impressionnant, comme le pensaient encore Buffon et certains astronomes de l’époque, mais des corps célestes beaucoup plus petits. Leur danger n'en était cependant pas nul, loin de là même, si leur taille était kilométrique, car le facteur vitesse est un élément très important à prendre en compte. Leur vitesse à la distance de la Terre se chiffre très souvent à plus de 30 km/s, et même plus du double en cas d'orbite rétrograde. Le danger des comètes, présent dans l'esprit des foules incultes depuis toujours, entrait dans celui des astronomes qui se demandèrent : « Et si Whiston avait raison ? Et si le Déluge avait bien été causé par une comète ? »

Comme nous allons le voir maintenant, le catastrophisme cométaire, avec l'approche à la Terre de D/Lexell, allait prendre son véritable démarrage, sous une forme plus élaborée, pluridisciplinaire. Mais les créationnistes y trouvaient également leur compte, car comme l'avait expliqué Whiston, les comètes pouvaient être l'instrument de Dieu, pour exécuter certains de ses desseins destructeurs (Déluge, Apocalypse). Leibniz l'avait fort bien rappelé : nous vivons dans un monde programmé par Dieu et des catastrophes intermédiaires sont indispensables pour conduire à la perfection finale.

Laplace, un grand astronome catastrophiste

Le premier retour calculé de la comète de Halley, qui passa au périhélie le 12 mars 1759, eut un retentissement extraordinaire parmi les astronomes de l'époque. Pierre-Simon Laplace (1749-1827), notamment, enfant à l'époque des calculs d'Alexis Clairaut (1713-1765), le mathématicien qui mit le problème en équations, fut enthousiasmé par la précision de la prédiction, qui mettait fin à des siècles d'obscurantisme.

Onze ans après le passage de P/Halley, se produisit l'approche record de D/Lexell à la Terre. Comme tous les astronomes de l'époque, Laplace fut très impressionné par la faiblesse de la distance entre les deux astres, car on ignorait encore à l'époque la faible masse des comètes, en aucune mesure comparable à celle des planètes. Il comprit qu'à l'échelle astronomique, des collisions entre la Terre et des comètes étaient inévitables. Laplace devint un catastrophiste convaincu, mais en prenant bien soin de considérer le facteur temps comme un paramètre essentiel :

« Aux frayeurs qu'inspirait alors l'apparition des comètes, a succédé la crainte que dans le grand nombre de celles qui traversent dans tous les sens le système planétaire, l'une d'elles ne bouleverse la Terre. Elles passent si rapidement près de nous, que les effets de leur attraction ne sont point à redouter : ce n'est qu'en choquant la Terre qu'elles peuvent y produire de funestes ravages. Mais ce choc, quoique possible, est si peu vraisemblable dans le cours d'un siècle ; il faudrait un hasard si extraordinaire, pour la rencontre de deux corps aussi petits relativement à l'immensité de l'espace dans lequel ils se meuvent, que l'on ne peut concevoir, à cet égard, aucune crainte raisonnable. Cependant, la petite probabilité d'une pareille rencontre peut, en s'accumulant pendant une longue suite de siècles, devenir très grande. » 1

Laplace fut un modèle et un inspirateur pour tous les catastrophistes qui allaient suivre, notamment Cuvier et ses disciples que nous retrouverons bientôt. On ne peut être plus clair que dans ce texte célèbre de Laplace qui fait suite au précédent :

« Il est facile de se représenter les effets de ce choc avec la Terre. L'axe et le mouvement de rotation changés ; les mers abandonnant leur ancienne position pour se précipiter vers le nouvel équateur ; une grande partie des hommes et des animaux, noyés par ce déluge universel, ou détruits par la violente secousse imprimée au globe terrestre ; des espèces entières anéanties ; tous les monuments de l'industrie humaine, renversés ; tels sont les désastres que le choc d'une comète a dû produire, si sa masse a été comparable à celle de la Terre. On voit alors pourquoi l'Océan a recouvert de hautes montagnes, sur lesquelles il a laissé des marques incontestables de son séjour ; on voit comment les animaux et les plantes du midi ont pu exister dans les climats du nord où l'on retrouve leurs dépouilles et leurs empreintes ; enfin, on explique la nouveauté du monde moral dont les monuments certains ne remontent pas au-delà de cinq mille ans. L'espèce humaine réduite à un petit nombre d'individus et à l'état le plus déplorable, uniquement occupée pendant très longtemps du soin de se conserver, a dû perdre entièrement le souvenir des sciences et des arts ; et quand les progrès de la civilisation en ont fait sentir de nouveau les besoins, il a fallu tout recommencer, comme si les hommes eussent été placés nouvellement sur la Terre. Quoi qu'il en soit de cette cause assignée par quelques philosophes, à ces phénomènes, je le répète, on doit être rassuré sur un aussi terrible événement, pendant le court intervalle de la vie, d'autant plus qu'il paraît que les masses des comètes sont d'une petitesse extrême, et qu'ainsi leur choc ne produirait que des révolutions locales. Mais l'homme est tellement disposé de recevoir l'impression de la crainte, que l'on a vu en 1773 la plus vive frayeur se répandre dans Paris, et de là se communiquer dans toute la France, sur la simple annonce d'un mémoire dans lequel Lalande déterminait celles des comètes observées, qui peuvent le plus approcher de la Terre ; tant il est vrai que les erreurs, les superstitions, les vaines terreurs et tous les maux qu'entraîne l'ignorance, se reproduiraient promptement, si la lumière des sciences venait à s'éteindre. » 1

Cette approche de D/Lexell, qui reste l'approche record, comme nous le verrons au chapitre consacré aux comètes, aura été le premier véritable détonateur sur la réalité possible d'un impactisme et d'un catastrophisme cométaires, si bien popularisés par Laplace, dont l'influence intellectuelle et scientifique était grande à la fin du XVIIIe siècle.

Les météorites, des pierres tombées du ciel

Au chapitre 10, nous traiterons en détail des météorites et de leurs chutes. Mais il est utile de parler ici des circonstances qui ont permis de les reconnaître comme une réalité. Un progrès décisif, qui fut très longtemps contesté et même nié avec véhémence par des savants de grande envergure (figure). Deux noms sont liés historiquement à cette reconnaissance, ceux de Chladni et de Biot, mais on pourrait leur ajouter celui de Pallas qui les précéda dans l'identification d'un objet extraterrestre.

Le refus de croire à une réalité millénaire  (figure)

Avec l'arrivée du siècle des Lumières, le récit sans cesse renouvelé et actualisé de nombreuses chutes de pierres postérieures à celle, fameuse entre toutes, d'Ensisheim de 1492 (figure), devint vite obscurantisme moyenâgeux pour tous ces esprits éclairés, philosophes et scientifiques, qui voulaient refaire le monde, et pour qui il était devenu quasiment indispensable de dénigrer systématiquement toutes les survivances d'un passé obsolète pour paraître moderne.

Cette étroitesse d'esprit des savants de l'époque sur ce sujet paraît absurde, quand on sait que plusieurs dizaines de chutes de météorites ont été recensées pour ce seul XVIIIe siècle. Pourtant, en 1792, dans un rapport à l'Académie des Sciences, Lavoisier (1743-1794) affirmait encore que les aérolithes n'étaient rien d'autre que des pierres ordinaires altérées par la foudre.

Heureusement, des voix discordantes se firent jour. Quelques chercheurs un peu plus clairvoyants se démarquèrent de ce satisfecit général de modernisme que se décernaient, un peu facilement, les érudits des Lumières. Ils voulaient rester, eux, sur le strict terrain de l'observation et de l'analyse scientifique, et ne se satisfaisaient pas du credo pseudo scientifique expliquant que la chute de pierres venant du cosmos était une impossibilité physique.

Le premier, le naturaliste d'origine allemande Pierre-Simon Pallas (1741-1811), qui a donné son nom aux pallasites, décrivit la célèbre météorite, découverte en 1749 au sud de Krasnojarsk en Sibérie, et dont la masse avoisinait les 700 kg. Il comprit que cette superbe éponge de fer, comme il l'appela, ne pouvait être que d'origine cosmique.

En 1794, le physicien allemand Ernst Chladni (1756-1827), après avoir examiné plusieurs rapports concernant notamment la pallasite sibérienne et la sidérite argentine de Campo del Cielo, apporta les premières preuves chimiques et minéralogiques du caractère extraterrestre des spécimens étudiés. Le 16 juin de la même année, à Sienne en Toscane, vers 19 heures, succédant à une violente détonation dans l'atmosphère, tombait une pluie de petites pierres observée par des milliers de témoins. Là encore l'évidence était flagrante, mais les scientifiques se bouchèrent les yeux.

Le 19 décembre 1798, à 20 heures, c'était au tour de la région de Bénarès, en Inde, d'être le point de chute d'une nouvelle pluie de pierres, faisant suite à l'apparition d'un brillant météore et de détonations dans l'atmosphère, les trois phases ayant là encore des milliers de témoins.

En 1802, le jeune chimiste anglais Edward Howard (1774-1816), après avoir examiné à son tour plusieurs nouveaux objets tombés du ciel (notamment des spécimens de la chute de Bénarès) et mis pour la première fois en évidence la présence de chondres (dans ce que l'on appellera plus tard des chondrites), confirma que les météorites étaient différentes chimiquement des pierres terrestres et étaient donc d'origine cosmique.

En 1803, Laplace, Jean-Baptiste Biot (1774-1862) et Denis Poisson (1781-1840) proposèrent une nouvelle hypothèse : ces pierres venues du ciel seraient en fait des éjectas de volcans lunaires qui auraient pu échapper à l'attraction de notre satellite. Cette hypothèse restrictive eut un certain succès et concurrença l'hypothèse purement cosmique au cours de la première moitié du XIXe siècle.

Mais malgré toutes ces observations indiscutables et sans cesse renouvelées, et le réveil bien tardif de quelques-uns, secoués heureusement par la génération montante, la communauté scientifique dans sa grande majorité restait hermétique à cette révolution des idées indispensable. Le verrou psychologique anti-météorites aura été l'un des plus difficiles à faire sauter, résistant près d'un siècle aux preuves les plus flagrantes.

1803 : la chute de pierres de L'Aigle, le tournant décisif

Le tournant décisif est associé à la fameuse pluie de pierres de L'Aigle dans le département de l'Orne, en Normandie. C'est elle qui permit enfin la reconnaissance officielle des chutes de pierres par la communauté scientifique de l'époque, hostile nous l'avons vu dans sa grande majorité. Elle eut lieu le 26 avril 1803, à 13 heures. Devant plusieurs centaines de témoins éberlués mais nullement incrédules, 2000 à 3000 pierres tombèrent du ciel, dans une zone elliptique de 11 x 4 km. La plus grosse d'entre elles pesait environ 9 kg, alors que le poids total des fragments récupérés n'excédait pas 37 kg. La grosse majorité des pierres était donc de tout petits fragments, dont beaucoup furent ramassés par les témoins tout de suite après la chute, « alors qu'ils étaient encore chauds et sentaient le soufre », comme ils le racontèrent à Jean-Baptiste Biot.

Dans un rapport célèbre, publié en 1806 seulement, et constamment utilisé depuis lors par tous les auteurs qui ont traité du sujet, Biot a raconté en grand détail tout ce qu'il a appris des multiples témoins qu'il a lui-même interrogés et par son enquête minutieuse sur le terrain. Il visita plus de vingt hameaux dispersés dans la zone d'impact et entendit partout la même histoire (figure).

Biot restait assez prudent dans son rapport. Pour lui, en fait, L'Aigle ne changeait rien, puisqu'il s'était déjà récemment reconverti et penchait avec Laplace et Poisson pour une origine lunaire des météorites. Jeune académicien, il voulait sans doute éviter de se mettre à dos les autres membres plus anciens, et surtout beaucoup plus conservateurs, de l'Académie des sciences qui, eux, avaient déjà fait connaître à maintes reprises leur opinion définitive sur le sujet : « Les météorites ne peuvent pas exister car il n'y a pas de pierres dans le ciel ». Bon gré, mal gré, tous finirent quand même par accepter ce qui ne pouvait plus être nié sans tomber dans le ridicule : la réalité de la chute de pierres sur la Terre. L'Aigle marque, à cet égard, un tournant décisif.

Précisons enfin que cette pluie de pierres, somme toute banale, hormis son importance historique et épistémologique considérable, concernait des chondrites ordinaires de type L6, c'est-à-dire des pierres qui ne pouvaient être différenciées des pierres terrestres que par des spécialistes. Les pierres du ciel ressemblaient comme des sœurs à celles qui jonchent notre planète !

Cuvier, catastrophiste et fixiste

Georges Cuvier (1769-1832), l'un des fondateurs de la paléontologie, est également le plus célèbre représentant de la théorie des catastrophes (on l'a baptisé le prophète du catastrophisme absolu) et, avec le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), le plus célèbre représentant du fixisme (ou fixité des espèces). Du fait d'une éducation religieuse stricte, Cuvier croyait à la véracité du texte biblique qui excluait toute évolution des espèces. Dès ses premiers écrits, en 1795, alors qu'il avait 26 ans, il fut un partisan convaincu de la doctrine des catastrophes successives, sous l'influence du naturaliste allemand Johann Blumenbach (1752-1840), qui enseignait déjà la théorie des catastrophes en liaison avec celle des espèces perdues. Cuvier ne fut donc pas le premier à soutenir des idées catastrophistes, mais c'est à lui qu'il revint de donner à cette théorie nouvelle une dimension planétaire.

Il s'inspira également des idées de certains de ses devanciers, notamment de celles de Buffon et surtout de Laplace. Pour étayer sa conception catastrophiste des créations multiples, il dut avoir recours à des révolutions du globe au cours desquelles toute vie était supprimée.

« Chacune de ces créations, disait Cuvier, a dû trouver une fin abrupte dans un cataclysme universel. A la suite de sa théorie, Cuvier devait évidemment recourir à une nouvelle échelle des temps géologiques, car 6000 ans c'était bien insuffisant pour une nouvelle création, à plus forte raison pour trois. Heureusement, il trouva une nouvelle échelle qui lui convenait, celle de son compatriote Buffon. Cuvier devait être enchanté de la trouver suffisamment longue pour inclure facilement ses trois créations additionnelles et les cataclysmes qui avaient mis fin à celles-ci.

En substance, la théorie de Cuvier déclarait que Dieu avait créé le monde il y a environ 80 000 ans et le peupla d'animaux de la première création, principalement des poissons et autres habitants des mers et nombre d'amphibiens primitifs. Après le premier cataclysme, une seconde création eut lieu, principalement des reptiles. Mais Dieu n'en fut pas plus satisfait que de la première et, après un second cataclysme, une troisième création eut lieu, consacrée celle-là aux mammifères exclusivement. Finalement, un troisième cataclysme, suivi de la création biblique, amena l'apparition du premier homme et des divers types de plantes et d'animaux que nous connaissons aujourd'hui. Ces derniers étaient destinés à rester sous la domination de l'homme jusqu'à ce que Dieu en sa sagesse décide de répéter l'œuvre de liquidation.

Sans presque s'en douter, Cuvier venait d'établir la théorie des ères géologiques et d'ouvrir la voie aux synthèses qui allaient suivre. Cette tâche fut achevée peu de temps après sa mort par deux hommes parmi les plus illustres dans l'histoire des sciences naturelles, le géologue Charles Lyell et le naturaliste Charles Darwin. » 2

Ainsi Cuvier recensait quatre créations différentes, en liaison avec les quatre grandes ères géologiques qui avaient été mises en évidence progressivement par les géologues à la suite d'études nombreuses sur le terrain.

Dans son Discours sur les révolutions de la surface du globe, Cuvier a montré que ces révolutions ont été nombreuses et subites. Nous pouvons citer quelques extraits de son livre, car même si certaines données sont un peu dépassées, le fond reste d'actualité et mérite d'être rappelé.

« ...Les changements dans la hauteur des eaux n'ont pas consisté seulement dans une retraite plus ou moins graduelle, plus ou moins générale ; il s'est fait diverses irruptions et retraites successives, dont le résultat définitif a été cependant une diminution universelle de niveau...

Ces retraites répétées n'ont point toutes été lentes, ne se sont point toutes faites par degrés ; au contraire, la plupart des catastrophes qui les ont amenées ont été subites ; et cela est surtout facile à prouver pour la dernière de ces catastrophes, pour celle qui par un double mouvement a inondé et ensuite remis à sec nos continents actuels, ou du moins une grande partie du sol qui les forme aujourd'hui. Elle a laissé encore dans les pays du Nord des cadavres de grands quadrupèdes que la glace a saisis, et qui se sont conservés jusqu'à nos jours avec leur peau, leur poil et leur chair. S'ils n'eussent été gelés aussitôt que tués, la putréfaction les aurait décomposés. Et d'un autre côté, cette gelée éternelle n'occupait pas auparavant les lieux où ils ont été saisis ; car ils n'auraient pas pu vivre sous une pareille température. C'est donc le même instant qui a fait périr les animaux et qui a rendu glacial le pays qu'ils habitaient. Cet événement a été subit, instantané, sans aucune gradation, et ce qui est si clairement démontré pour cette dernière catastrophe ne l'est guère moins pour celles qui l'ont précédée… La vie a donc été souvent troublée sur cette Terre par des événements effroyables. Des êtres vivants sans nombre ont été victimes de ces catastrophes : les uns, habitants de la terre sèche, se sont vus engloutis par des déluges ; les autres, qui peuplaient le sein des eaux, ont été mis à sec avec le fond des mers subitement relevé ; leurs races même ont fini pour jamais, et ne laissent dans le monde que quelques débris à peine reconnaissables pour le naturaliste... » 3

Cuvier n'a jamais voulu varier de sa ligne de conduite, décidée dès la fin de ses études. On se doute bien que cette rigidité intangible masquait mal certaines observations indiscutables contraires à sa théorie et on comprend facilement que le naturaliste Lamarck (1744-1829), son grand rival, adepte du transformisme, qui travaillait, lui, sur les Invertébrés, finit par l'emporter dans leur combat scientifique qui marqua l'histoire des sciences de la première partie du XIXe siècle. Cuvier qui avait en partie raison, sur le volet catastrophisme, s'est fourvoyé lui-même en imposant parallèlement un créationnisme totalement dénué de fondement.

Cette position rigide de Cuvier, son fixisme et le créationnisme qui en découle ont fait beaucoup de tort au catastrophisme, comme nous l'avons expliqué dans l'introduction, à tel point que le terme même de catastrophisme, qui a collé à la peau de Cuvier pendant 150 ans, doit passer par une période de réhabilitation, que les découvertes actuelles, heureusement, vont permettre de raccourcir au minimum.

Les disciples de Cuvier et les créations multiples

On sait que Cuvier est resté dans le vague (on comprend pourquoi) au sujet des mécanismes qui déterminent l'apparition de nouvelles espèces. Dans certains cas, il suggéra des migrations pour des catastrophes partielles, mais il ne put échapper au processus de créations nouvelles, nécessitant donc une intervention divine, bien qu'il n'ait rien écrit à ce sujet.

Certains de ses disciples franchirent le pas, comme Alcide d'Orbigny (1802-1857), le plus célèbre d'entre eux, qui n'hésita pas à parler de 27 créations indépendantes et successives, correspondant aux 28 étages stratigraphiques qu'il avait mis en évidence à l'occasion de ses travaux géologiques. Il considérait qu'à la fin de chacune de ces périodes, la faune existante avait été anéantie par le mouvement prolongé des eaux qui avaient recouvert la Terre.

Ces créations multiples, on s'en doute, posaient des problèmes, comme l'a bien noté l'historien de la géologie Gabriel Gohau :

« L'idée même de ces créations dérangeait tout le monde. Les incroyants, bien sûr, n'acceptaient pas ces actes divins renouvelés. Mais les chrétiens stricts n'étaient pas moins gênés, car on ne voyait pas bien Dieu s'y reprenant à plusieurs fois. D'autant que comme le remarque Marcel de Serres, paléontologue et géologue montpelliérain, si l'on admet, d'une part, que les créations sont de plus en plus parfaites, et, d'autre part, qu'elles se poursuivront dans l'avenir, il en résulte que l'homme n'est pas " le terme et le chef-d'œuvre " de la Création divine. » 4

La religion, dont n'ont jamais voulu s'affranchir des chercheurs du calibre de Cuvier et d'Orbigny, et aussi beaucoup d'autres, a été un fléau qui empêche d'apprécier dans toute leur richesse le travail scientifique de ces savants. En particulier, d'Orbigny est toujours ridiculisé avec ses 27 créations successives. Mais quand on regarde plus objectivement, en parallèle, ses "créations" avec les étages géologiques correspondants (voir le tableau 3-1), on se rend compte qu'il avait fort bien compris le problème des discontinuités dans l'histoire de la Terre et la disparition des faunes et des espèces à chacune d'entre elles.

Parmi les disciples et successeurs importants de Cuvier, il convient de citer également le géologue écossais Roderick Murchison (1792-1871) qui s'intéressa particulièrement aux débuts de l'histoire de la vie. Il découvrit que tous les groupes importants étaient apparus quasi simultanément au début de la période cambrienne. En créationniste convaincu, il pensait que c'était le moment où Dieu avait décidé de peupler la Terre.

Le recul des idées catastrophistes

Quoi qu'il en soit, les excès des successeurs et disciples de Cuvier, après ceux de Cuvier lui-même, et leur manque de discernement, firent un tort terrible à la doctrine du catastrophisme qui perdit rapidement du terrain face à la doctrine concurrente de l'uniformitarisme.

On doit au géologue écossais Charles Lyell (1797-1875) la reconnaissance définitive du temps profond, c'est-à-dire la prise en compte de l'immensité du temps géologique, et qui en définit le concept dans ses Principles of geology (trois volumes de 1830 à 1833). C'est la fameuse théorie de l'uniformitarisme. Il postulait sur la base d'observations incontestables que les événements du passé étaient dus aux mêmes causes que celles qui opèrent actuellement, principalement sous l'action d'agents tels que l'eau, le vent et le Soleil. Comme Hutton l'avait laissé entendre quarante ans plus tôt, Lyell affirmait que les événements du passé expliquent ceux d'aujourd'hui et que les catastrophes préconisées par Cuvier et d'autres n'ont pas leur place dans l'histoire de la nature et qu'elles n'y ont joué aucun rôle majeur.

L'abandon progressif du catastrophisme par les scientifiques, après la victoire de Lyell et de son uniformitarisme, permit à l'irrationnel religieux de marquer des points sérieux, notamment aux Etats-Unis. Les sectes fondamentalistes ont toujours été nombreuses dans ce pays, s'appuyant sur le texte biblique pur et dur, avec une Création datant de 6000 ans, le Déluge (figure) et une fin du monde à venir.

L’une des plus célèbres de ces sectes au XIXe siècle fut celle des Millerites, du nom de son fondateur William Miller (1782-1849). Celui-ci s'était persuadé que le Christ devait revenir sur Terre en 1843 (!). Il prêcha la fin du monde à partir de 1831, liée à une comète, reprenant en cela l'idée de Whiston. Il eut de la chance puisque dès 1833, dans la nuit du 12 au 13 novembre, eut lieu l'extraordinaire averse météorique des Léonides. Il présenta cet inoubliable événement comme un signe avant-coureur, adressé aux hommes par Dieu, du Jour du Jugement dernier attendu pour dix ans plus tard. En 1843 justement, parut une formidable comète dans le ciel et qui frôla le Soleil, la fameuse Grande comète de Mars, qui fut visible à l'œil nu en plein jour. Miller triomphait déjà, persuadé que cette comète était celle du Jugement dernier. Malheureusement pour lui, à aucun moment cette belle comète ne s'approcha de la Terre. La fin du monde était encore repoussée à plus tard !

L'exemple des Millerites montre comment les créationnistes purent récupérer à leur profit une théorie abandonnée par les scientifiques eux-mêmes. On comprend mieux pourquoi la notion même de catastrophisme a encore si mauvaise presse.

 

1. P.-S. Laplace, Exposition du système du monde (Fayard, 1984), p. 275-276.

2. R. Cunningham, Histoire de la Terre (Payot, 1956), p. 72-73.

3. G. Cuvier, Discours sur les révolutions de la surface du globe (Christian Bourgois, 1985), p. 41-43.

4. G. Gohau, Histoire de la géologie (La découverte, 1987), p. 171.

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