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Le repérage d’un bon site d’observation
Le transit de Vénus ne sera visible qu’à l’aube du 6 juin 2012 en France métropolitaine : le Soleil sera donc très bas sur l’horizon, ce qui suppose que votre site dispose d’un horizon parfaitement dégagé dans la direction du Soleil.
Pour mémoire, à Fécamp, le Soleil se lèvera à l’azimut 52°8, la troisième contact se produira à 5°23’ au dessus de l’horizon au niveau de l’azimut 60°32 et au moment du quatrième contact, ultime instant du transit, le Soleil sera à 7° 50’ au-dessus de l’horizon, au niveau de l’azimut 63°45.
trajet de Vénus devant le Soleil le 6 juin 2012
Par conséquent, aucun obstacle (arbre, maison, hangar, colline, etc…) ne doit s’interposer entre vous et l’horizon entre l’azimut 50° et l’azimut 65°. Pour calculer les paramètres du transit de Vénus depuis une autre région que la région fécampoise, utilisez la carte interactive de l’Institut de la Mécanique Céleste et de Calcul des Ephémérides
Le repérage de votre site d’observation doit se faire quelques jours avant 6 juin, boussole en main. L’idéal serait de disposer à proximité de la position du Soleil d’un joli premier plan (arbre, monument, falaise) qui servirait d’écrin à une magnifique photo d’ambiance paysagère. La difficulté de la manœuvre consiste à disposer d’un premier plan proche du Soleil mais qui ne viendra à aucun moment masquer ce dernier
Anticiper les aléas de la météorologie :
Plusieurs sites internet fiables sont consultables :
--- meteoblue
--- les images du satellite Eumetsat
--- pour les habitants de la région de Fécamp, le bulletin de la météo marine
Si la météo est bouchée chez vous, il ne vous restera plus alors qu’à sauter dans votre voiture la veille du transit et filer vers des cieux plus cléments
La check list :
--- L’appareil photo numérique (ben oui, çà arrive qu’on découvre, une fois arrivé sur le site d’observation, que la sacoche est vide…)
--- Une carte-mémoire de rechange
--- Des piles de rechange
--- Un déclencheur souple, voire un intervallomètre pour les plus équipés d’entre vous
--- Un bout de plexiglas translucide de douche pour faire éventuellement des flats
--- Des feuilles de Mylar
--- Des élastiques pour attacher le Mylar sur l’objectif de l’APN
--- Le trépied photo
--- Une boussole pour bien repérer la direction où le Soleil va se lever
--- Un tissu noir bien opaque pour mettre la tête dessous avec l’appareil photo car voir l’écran de l’APN quand on a le Soleil en pleine face, ce n’est pas de la tarte
--- Un sac plastique, de la ficelle, du scotch, un cutter (çà peut toujours servir)
Aspect du Soleil le 6 juin :
Pour repérer d’éventuelles taches solaires à proximité du trajet de Vénus devant le Soleil, consultez avant de quitter votre domicile le site spaceweather pour y jeter un coup d’œil sur la dernière image du satellite SOHO :
Pour celles et ceux qui souhaiteraient tirer le portait du Soleil dans les longueurs d’onde de l’hydrogène H-alpha, il sera intéressant de savoir si de spectaculaires protubérances seront visibles sur le trajet de Vénus : essayez de consulter les sites de l’observatoire de Meudon et du Pic du Midi avant de rejoindre votre site d’observation. La date de la dernière image est précisée pour chacun de ces observatoires, choisissez la plus récente, si la météo n’a pas empêché les astronomes de faire une photo. Mais attention, les protubérances peuvent disparaître en l’espace de quelques heures seulement après qu’elles aient été photographiées par ces observatoires. Imaginez cependant le coup de pot que serait une éruption géante devant laquelle Vénus viendrait se découper en ombre chinoise ?
La mise en place du matériel :
L’arrivée sur les lieux devra se faire avant le lever du Soleil, afin que vous ayez le temps de bien vous installer, d’orienter votre appareil photo en direction de l’azimut où le Soleil se lèvera et de faire les réglages de vos appareils.
Une fois arrivés sur place, mettre en place le trépied photo, éventuellement en le lestant avec un sac garni de cailloux ramassés sur place, afin de limiter l’impact des rafales de vent sur sa stabilité.
Filtrer pour se protéger les yeux :
Qu’il s’agisse d’observer le Soleil à l’œil nu, ou bien au travers de jumelles, du viseur d’un appareil photo, d’un télescope, il faut se protéger les yeux sous peine de léser de manière irréversible votre rétine. Avant d’aller plus loin, consultez notre page recensant les 10 bêtises à ne pas faire lors d’une observation du Soleil.
Pour les télescopes existent des filtres de verre aluminisé pleine ouverture qui se fixent à l’entrée de l’instrument. Ils sont coûteux et pas toujours de très bonne qualité, les deux faces de la lame de verre n’étant pas toujours strictement parallèles, ce qui engendre un flou sur les photos.
Filtre de verre monté sur un télescope
Les feuilles de papier aluminite, appelées Mylar, donnent de meilleurs résultats, pourvu qu’on choisisse une bonne marque, comme les feuilles Astrosolar. Pas chères, ces feuilles se fixent facilement avec quelques élastiques sur les télescopes et les objectifs des appareils photos.
Mylar collé à l’intérieur du bouchon d’une lunette
Mylar fixé sur un télescope
Une astuce : fixez le Mylar sur un bout de tube en carton, avec des bouts de joints isolants en mousse
à l’intérieur pour bien caler ce tube sur l’objectif de votre appareil photo.
Mylar fixé sur un tube de carton
Ainsi, votre filtre sera facilement monté sur votre appareil photo et sera tout aussi facilement amovible, le Mylar ne courant aucun risque d’être abimé.
Notre bricolage maison
Les feuilles d’Astrosolar existent en deux types de densité, les unes laissant passer 1/10 0000 de la lumière du Soleil et les autres 1/100 000. Ces différents types de filtres pourraient être utiles en fonction de l’absorption du Soleil par notre atmosphère, le 6 juin.
Une précaution importante : avant de monter votre feuille de Mylar sur votre appareil, dirigez-la vers le Soleil afin de vérifier qu’un petit trou n’est pas visible. Si tel est le cas, jetez votre feuille à la poubelle et prenez-en une neuve
Une alternative intéressante, notamment en milieu scolaire, consiste à projeter l’image du Soleil au moyen d’un Solarscope. Cet astucieux dispositif est totalement sûr et ne nécessite aucun filtre particulier. Vous pouvez observer à plusieurs le transit de Vénus et le photographier sans vous prendre la tête.
Le solarscope à l’école
Aspect du transit de 2004 dans un solarscope
Le déroulement de la journée du mercredi 6 juin 2012 :
Une fois bien installé, il n’y aura plus qu’à attendre le lever du Soleil, prévu à 5 h 50 m 21 s (heure d’été) à Fécamp.
Le lever du Soleil
Le bord supérieur du Soleil émergera lentement de la ligne d’horizon, déformé par la turbulence de l’air. Le défi sera de repérer la petite tache noire de Vénus avant que le Soleil ne soit entièrement levé, ce qui lui demande environ 2 minutes. Une photo réussie à cet instant sera absolument exceptionnelle. Une seule condition pour réussir ce coup de maître : que l’atmosphère au-dessus de l’horizon soit parfaitement limpide, sans le moindre nuage.
Le troisième contact :
C’est le moment où Vénus aborde le bord du disque solaire. A Fécamp, cela se produira à 6 h 36 m 21 s. Le Soleil sera alors situé à l’azimut 60°32’ et à une hauteur de 5°23 au-dessus de l’horizon. Dans les petites optiques, la turbulence des couches basses de notre atmosphère devrait générer un phénomène appelé « l’effet goutte noire ». Pendant quelques instants, vous aurez l’illusion qu’un petit pont noir relie Vénus et le limbe du Soleil.
La goutte noire en 2004 / Photo ASCT-astronomie / Ph Ledoux
Ensuite, Vénus mettra une vingtaine de minutes à sortir du disque solaire, poinçonnant le bord de ce dernier.
Le transit de 2004 / Photo ASCT-astronomie / Ph Ledoux
Peu de chance que l’atmosphère de Vénus soit visible, comme ce fut le cas en 2004, alors que le transit se produisait bien haut dans le ciel : la lumière solaire avait alors réussi à diffuser au travers de l’atmosphère vénusienne, dessinant deux « cornes ». La faible hauteur du Soleil au-dessus de l’horizon ce 6 juin 2012 devrait empêcher ce type d’observation en raison des fortes turbulences de la masse d’air située entre vous et le Soleil.
L’atmosphère de Vénus en 2004 / Photo ASCT-astronomie / Ph Ledoux
Le quatrième contact :
Le dernier contact aura lieu à Fécamp à 6 h 45 m. Vénus aura alors quitté le disque solaire. Celui-ci sera lors situé à l’azimut 63°45’ et à 7°50 de hauteur au-dessus de l’horizon.
Le dernier contact en 2004 / Photo ASCT-astronomie / Ch Ferruel & F Grisel
Les prises de vue :
La focale :
Une focale de 200 à 400 mm sera idéale pour bien voir Vénus devant le Soleil. Les focales inférieures donneraient une image du Soleil trop petite pour que Vénus puisse y être distinguée correctement. Une focale supérieure risque d’être difficilement utilisable en raison des turbulences de la basse atmosphère terrestre.
Le schéma ci-dessous vous montre la taille du Soleil dans un appareil photo numérique selon la focale de l’objectif utilisé.
Réglages de l’appareil photo :
Les temps de pose et la sensibilité ISO à employer sont difficiles à déterminer à l’avance car tout va dépendre de l’importance de l’absorption de la lumière par l’atmosphère terrestre. En particulier, la présence de brumes sur l’horizon jouera un rôle majeur. Peut-être même qu’aucun filtre ne sera nécessaire au moment du lever du Soleil ? Vous pourriez alors tenter de photographier sans aucun filtre le Soleil, Vénus et le paysage sur le même cliché. Mais gare à vos yeux, interdiction formelle de regarder le Soleil au travers du viseur de l’appareil photo numérique qui concentrerait les rayons solaires sur votre rétine au risque d’y créer des lésions irréversibles. Le pointage du Soleil devra, en pareil cas, se faire impérativement via l’écran LCD de votre APN
Les quelques essais que nous avons pu faire lorsque le Soleil se trouve à 5° au-dessus de l’horizon ont donné les résultats suivants, réalisés avec un APN canon défiltré/refiltré Baader + objectif Sigma 100-300 mm réglé à F300 mm + feuille de Mylar densité 5:
A 100 ISO, ouverture 5,6 : expositions correctes de 1/125 à 1/250 seconde
A 200 ISO, ouverture 5,6 : expositions correctes de 1/250 à 1/500 seconde
A 400 ISO, ouverture 5,6 : expositions correctes de 1/500 à 1/800 seconde
Ne réglez pas l’ouverture de votre objectif photo au maximum ; il vaut mieux descendre d’un ou deux diaphragmes afin d’augmenter la marge de tolérance de votre mise au point, cruciale pour la réussite de vos photos
La mise au point se fera sur le petit confetti noir de Vénus… C’est le point le plus délicat de toutes vos manœuvres. Du doigté, que du doigté !
Un ultime conseil : entraînez-vous pendant plusieurs jours avant le 6 juin, en allant à l’aube sur le terrain avec votre matériel. La qualité de vos photos dépendra de votre degré d’entraînement. Si vous ratez votre coup, vous aurez ensuite tout le temps de peaufiner votre entraînement puisque le prochain transit de Vénus devant le Soleil aura lieu au mois de décembre 2117. Voilà, y a pu qu’à…
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