L'analemme du Soleil
Texte
et illustrations d'Anthony AYIOMAMITIS
Deuxième
tentative marathon (III)
Bien
que la position du Soleil dans ciel soit virtuellement identique année
après année quand on prend en considération ses coordonnées pour une
date et heure précise, la différence se mesurant en secondes d’arc au
mieux, par précaution j’ai revérifié les éphémérides complètes
échelonnées entre le 1 janvier 2002 et le 31 décembre 2002 pour chacune
des onze analemmes désirés. Les analyses effectuées durant le premier
marathon furent basées sur des éphémérides faites pour un analemme
réalisé à 06h00m00s TU.
Pour
cette seconde odyssée, ayant imprimé l’ensemble des heures de lever et
de coucher du Soleil, une approche plus conservatrice fut adoptée en
utilisant les éphémérides établies pour l’analemme vertical passant
par le méridien (10h28m16s TU) et en appliquant scrupuleusement le même
type d’analyse que celle utilisée pour identifier les positions en
déclinaison pour la première moitié de chaque boucle (le “S”
évoqué précédemment). Cette approche n’est pas seulement plus
conservatrice mais probablement aussi plus précise pour la simple raison
que la seconde moitié de la planification de l’analemme et chaque
boucle sont déterminés en prolongeant simplement et de manière
linéaire les dates considérées à partir des altitudes calculées pour
la première moitié de la boucle.
Comme
ce fut le cas pour l’analyse effectuée durant la première tentative
marathon, quelques dates supplémentaires ont été planifiées afin de
disposer d'un peu plus de flexibilité dans le calcul des altitudes
(rayons + décalage) qui tombaient parfois entre deux dates planifiées (ex. 26 ou
27 juillet 2002, Table 2), ce qui me
permit de satisfaire totalement à mon cahier des charges. De plus, le
rapport des images multiples prises durant la boucle d’été et celle d’hiver
(12:28) correspond à présent parfaitement avec le rapport des distances
verticales (14.45°:32.41°); durant la première tentative, lorsque j’ai
organisé mon planning en utilisant les éphémérides de l’analemme
établit à 06h00m00s TU, le rapport était visuellement de 12:28 mais il
ne correspondait pas au rapport des distances verticales correspondantes
(8.00°:20.88°).
De
manière similaire, lorsque j’ai enregistré la première moitié de la
boucle, si une image multiple déviait de plus d’un jour par rapport à
la planification, le planning de la partie complémentaire devait être
ajusté en conséquence pour assurer une symétrie parfaite et simultanée
dans les plans horizontaux et verticaux.

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Analemme de
8h TU au-dessus du temple d'Ephaïstos, Athènes. |
Aussi, en accord avec le planning
des prises de vues, l’obturateur fut donc ouvert à la seconde précise
avec absolument aucun droit à l’erreur.
Uni
par la main à celle d’Apollon qui me servit de guide, ma seconde
tentative pour réussir un ensemble complet d’analemmes du lever du
Soleil à son coucher fut pratiquement exempte de problèmes et je pus
finalement demander à mon régiment de boîtier réflex de tirer le
portrait du Soleil (façon de parler) avec précision aux nouvelles dates
et heures calculées (Table 2) tout au
long de l’année calendrier sans rencontrer le moindre problème comme
les tremblements de terre ou les fortes averses que je connus
précédemment.
Toutefois
l’obstacle majeur rencontré durant la première tentative, à savoir le
problème de l’avancement accidentel du film sur les boîtiers Canon
AE-1, se manifesta à nouveau sur deux des boîtiers photographiant une
double analemme (11h00m00s-12h00m00s et 13h00m00s-14h00m00s TU), et
nécessita de recommencer les images acquises durant trois mois et de
renoncer à 44 surimpressions (4 analemmes de 11 expositions chacune).
Le
seul écart par rapport au planning apparu pour les deux analemmes extrêmes
où je fus confronté à une obstruction physique (la montagne proche de
mon domicile) aux alentours du point de l’apex hivernal (Figures 3 et
13), ce qui m’obligea à omettre plusieurs expositions multiples complètes. C’est un problème que j’avais
déjà observé à la mi-octobre 2001 et pour lequel j’avais effectué
une analyse détaillée du profil de la montagne en fonction de la
déclinaison du Soleil. Je ne suis pas parvenu à résoudre ce problème
en ajustant mon planning, en décalant par exemple les prises de vues de +
1 jour, etc afin de contourner l’obstruction.
En fait entre ces deux dates
le Soleil était 1.5° sous le profil de la montagne et se déplaçait peu
en élévation durant cette période de l’année. Par un incroyable
concours de circonstances, les prises de vues planifiées pour chacun des
analemmes coïncidaient avec l’endroit où le disque du Soleil était
partiellement caché par la montagne (merci Apollon !) ce qui rendit le
problème plutôt évident pour quelqu’un qui observait l’analemme
complet. Les conditions météos pour ces deux dates inflexibles
étaient, heureusement, assez accommodantes (merci à toi Apollon !).
Toutefois la loi de Murphy frappa une seconde fois durant la réalisation
de ces deux analemmes car je devais perdre le très apprécié point de l’apex
(solstice d’hiver) au bas de la boucle hivernale !

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Analemme de 9h TU
au-dessus du temple d'Hera (700 avant notre ère). |
Mon
plan initial demandait enfin de réaliser une surimpression dans chacun
des analemmes pour tenir compte du paysage actuel tel qu’on pouvait l’observer
à travers l’objectif.
Toutefois j’ai finalement abandonné cette
idée pour me rapprocher aussi près que possible du composite présenté
dans la Figure 14.
Finalement,
lorsque chaque analemme fut terminé, le rouleau de film fut avancé d’une
image pour photographier le paysage concerné qui servit plus tard
comme référence, en m’offrant également l’avantage de disposer d’un
point de référence pour le laborantin qui devait découper les images à
bonne dimension.
Les
images de l’avant-plan présentées dans les analemmes composites furent
enregistrées en janvier et février 2003, lorsque le Soleil était
relativement bas sur l’horizon et pour offrir des tonalités bleutées
dans le ciel beaucoup plus riches et plus saturées qu’en été sans
devoir utiliser de filtre, afin de rendre l’analemme plus contrasté
devant le ciel.
Sans
oublier aucun détail de ce projet qu’il serait préférable de classer
parmi les travaux extraordinaires de Sisyphe, j’ai également pris la
décision de réaliser ce que je crois être le premier analemme triple
(129 images multiples au total) sur une seule photographie ainsi que le
premier analemme ressemblant à un collier de perles (voir Table
1).
L’analemme
triple doit être centré sur le cas particulier de l’analemme vertical
photographié au méridien (10h28m16s TU) et discuté plus haut, flanqué de part et d’autre
des analemmes décalés de + 40 minutes (09h48m16s TU et 11h08m16s
TU) ce qui permet de les enregistrer tous les trois exactement dans la
surface d’une image 24x35 mm (68.3° x 47.8°) en utilisant un objectif
grand-angulaire de 24mm f/2.8 Canon FD (champ de 74° x 53° en mode
portrait). Initialement je voulais réaliser l’analemme triple en
ajoutant deux analemmes séparés de + 1 heure (09h28m16s TU et
11h28m16s TU) mais ce cadrage ne fut pas possible car la variation
physique en azimut dépassait légèrement le champ disponible de mon
objectif grand-angle.
Un
autre analemme réalisé au méridien fut également réalisé en
novembre 2002 impliquant des prises de vues tous les 0.6° (ou plus) en
azimut et /ou en élévation (139 images au total) afin de créer un
analemme complet similaire en apparence à un collier de perles (le
disque solaire ayant un diamètre d’environ 0.5°), une pure image
d'art.
Parmi
les projets à venir, les deux points représentants les solstices
d’hiver et d’été – le 21 décembre 2002 et le 21 juin 2003
respectivement – ainsi que l’intersection des deux boucles (30
août 2003) seront automatiquement inclus dans les nouveaux
analemmes. En ignorant ces trois points exceptionnels, l’essentiel
des 136 images, précisément 124 images sur les 136 réalisées montreront
les mouvements successifs de 0.6° ou plus en élévation (#1)
tandis que les 12 images restantes présenteront la variation en
azimut (#2).
Il n’existe à ma connaissance aucun exemple où les deux
conditions (déplacement de 0.6° en azimut et élévation) sont
rencontrées simultanément. De manière similaire, 86 des 139
expositions multiples seront espacées de deux jours tandis que 27
nouvelles expositions multiples seront espacées de 3 jours entre
chaque exposition.
Enfin,
un troisième analemme enregistré au méridien a été créé sur base
d’une exposition hebdomadaire dont le seul but est d’illustrer le
mouvement relativement “lent” ou “rapide” du Soleil selon la
saison.
Si
l’intervalle entre les expositions multiples est régulier, le taux de
déplacement relatif du Soleil à travers le ciel peut-être estimé avec
plus de précision. En ne touchant pas aux trois points exceptionnels de l’analemmes
(le solstice d’été, le point de croisement et le solstice d’hiver),
des prises de vues échelonnées chaque semaine sont faciles à planifier
et ne nécessitent aucun ajustement des dates clés. La seule exception
est une exposition multiple de 52 images qui requiert une image
supplémentaire entre le solstice d’hiver et l’image planifiée juste
avant elle (13 décembre 2002).
Simulation
des mouvements de la Terre
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Sommation
des effets des mouvements horizontaux et verticaux de l'axe de la Terre |
Sommation
des effets précités vus depuis le Soleil.
Documents
Analemma
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Ainsi
que je l’explique dans le prochain chapitre, le Canon A-1 est un
appareil parfaitement adapté à ce travail d’imagerie car il soustrait
à l’exercice tous les problèmes mécaniques. Grâce à lui j’ai pu
réaliser deux des trois analemmes les plus agressifs par nature - 129 et
139 surimpressions sur une même image d’un film 24x36 – impliquant
mes deux fidèles boîtiers Canon A-1 achetés il y a plus de 15 ans
aujourd’hui.
Prochain
chapitre
Les
problèmes et leurs solutions |