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L'analemme du Soleil

L'analemme de 10h TU au-dessus du temple de Zeus, à Athènes.

Texte et illustrations d'Anthony AYIOMAMITIS

Les problèmes et leurs solutions (IV)

Initialement, mes idées concernant les problèmes potentiels qui pouvaient survenir et leurs solutions ont porté sur la météo. J’ai toujours eu le sentiment que le ciel de Grèce était suffisamment clair et stable pour oser défier les trop célèbres ciels noirs du désert d’Arizona et c’est un facteur que j’ai à nouveau formellement confirmé tout au long de ce projet qui s’étendit sur pratiquement deux ans (voir Table 3).

Mais j’ai bientôt découvert que mon véritable défi résidait dans l’avance automatique mais accidentelle du film qui, de manière répétée, ruina un certain nombre de mes analemmes (heureusement cela se produisit durant la première tentative me forçant à recommencer près de trois mois plus tard que la date que je m’étais fixée). Une condition et un objectif clés de cet exercice qui s'étendit sur plus de 12 mois furent de déterminer les valeurs reprises dans le tableau 14 à partir des analemmes actuelles – en lieu et place des valeurs théoriques publiées dans l’article de di Cicco[2].

J’ai donc voulu utiliser non seulement le même objectif réflex (24 mm f/2.8 Canon FD) pour l’ensemble des 473 surimpressions (11 analemmes contenant chacun 43 images) mais également les mêmes boîtiers compatibles avec cette optique.

Les deux réflex Canon A-1 disposent d’un bouton spécial pour les surimpressions (expositions multiples) qui facilite l’exercice. Par contre les réflex Canon AE-1 qui sont également tout à fait compatibles avec les optiques FD ne disposent pas de cette fonction et le photographe intéressé par cette fonctionnalité doit user d’une méthode peu orthodoxe pour y parvenir en rebobinant le film et le faisant à nouveau avancer pour activer le déclencheur.

Certains dos du Canon AE-1 présentent assez de friction mécanique pour déplacer légèrement le film même lorsque le bouton de rebobinage a été enfoncé – une fois que le film se déplace, et même légèrement, le bouton de rebobinage revient en arrière et réengage l’avancement du film, rendant la méthode de retour en arrière inutile. Malheureusement c’est cet infortuné scénario qui a ruiné de manière répétée plusieurs de mes analemmes durant les 2 ou 3 premiers mois de ce projet. Pour les trois “problèmes” rencontrés avec les Canon AE-1, je découvris bientôt que je devais fermement maintenir dans sa position le bouton de rebobinage situé à la base du boîtier en utilisant un petit tournevis à tête plate pendant que j’avançais le levier du film d’une image. Avec le quatrième boîtier Canon AE-1, à une occasion le 26 septembre 2001 (analemme de 09h00m00s-10h00m00s TU) j’ai été surpris d’avoir totalement oublié ce modus operandi, ce qui ruina un autre double analemme en cours, perdant ainsi l’équivalent de quatre semaines d’imagerie.

Au boîtier Canon AE-1 qui me posa le plus de problèmes j’assignai par la suite la tâche de réaliser un seul analemme (15h00m00s TU) en réduisant le nombre d’expositions multiples de 86 (double analemme) à 43 (analemme simple).

L'analemme de 10h28m16s TU au-dessus du Parthénon d'Athènes.

Toutefois j’ai dû recommencer à cinq reprises les prises de vues réalisées au moyen de ce boîtier; à la cinquième et dernière tentative j’ai décidé de mettre ce réflex en retraite anticipée et je l’ai personnellement expédié sur orbite[3] en profitant de l’occasion pour le remplacer par un nouveau modèle, cette succession d’évènements clôturant définitivement cette “tragédie grecque” sans fin.

Avoir avoir connu de fréquents départs avortés impliquant tous mes nouveaux boîtiers Canon AE-1 et après avoir perdu suffisamment d’images multiples rassemblant globalement l’équivalent de trois analemmes, j’ai préparé une check-list (Table 4) afin d’éliminer autant que possible tout retard futur ou accident potentiel.

Au lecteur intéressé par la réalisation des analemmes au moyen de réflex Canon de la série A je conseille vivement de choisir le boîtier A-1 puisqu’il dispose en standard d’une fonction de surimpression qui est vraiment adaptée à ce projet. Par comparaison, les cinq Canon AE-1 que j’ai utilisés m’ont tous contraints à recommencer au moins deux fois les analemmes en raison des défaillances qu’ils présentaient en utilisant la manière peu orthodoxe de réaliser les surimpressions comme je l’ai décrit un peu plus haut. 

Cela m’a rappelé avec peine une des histoires classiques de la mythologie grecque dans laquelle Hadès punis Sisyphe en l’obligeant à rouler une grosse pierre en haut d’une montagne et en la laissant rouler sur l’autre versant une fois arrivé au sommet; Sisyphe fut condamné à refaire ce travail pour l’éternité !

Cela dit, mon coeur s’arrêtait presque de battre chaque fois que je dû enclencher le levier d’avancement du film sur mes différents boîtiers Canon A-1 et AE-1 car la moindre avance accidentelle aurait provoqué la perte de l’analemme complet (ou de plusieurs d’entre eux si j’avais enregistré plusieurs analemmes sur une même image) rendant tout le travail accompli sans plus aucun intérêt ! Bien sûr cette arythmie cardiaque s’accentua et alla de pire en pire à mesure que les analemmes progressaient entre les avances accidentelles du film.

Analemme de 11h TU au-dessus d'Athènes.

Concernant le champ photographié par l’objectif grand-angulaire de 24mm f/2.8 Canon FD (couvrant 53° x 74° en mode paysage), son étendue est telle qu’il fut possible de tenter de photographier deux analemmes sur la même image. Il fallut pour cela placer précisément la monture permanente vis-à-vis de ses repères en azimut et porter une grande attention à l’élévation du boîtier photo ce qui constitua un exercice très difficile qui laissa peu de place à l’erreur. A partir des chiffres repris dans la Table 1, la tolérance en élévation pour le double analemme réalisé à 09h00m00s-10h00m00s TU (élévation de 48.8°) est telle que l’erreur est inférieure à 10% ou, pratiquement, inférieure à 5% dans les deux directions.

Cette tolérance était encore plus faible pour le double analemme réalisé à 11h00m00s-12h00m00s TU pour lequel la variation en élévation fut de 49.3°. Une bénédiction sous-jacente fut de découvrir que si une erreur se produisait dans l’installation physique à proprement dit des appareils photos et/ou dans le positionnement de la monture par rapport respectivement à l’élévation et l’azimut, un analemme complet pouvait encore être réalisé une fois l’exercice terminé.

Mis à part un boîtier réflex capable de réaliser des surimpressions, un objectif grand-angle et un câble souple de déclenchement pour éviter les vibrations, je vous conseille d’utiliser un viseur à angle droit (tel que le Canon Angle Finder B) pour faciliter le cadrage des analemmes (surtout lorsque aucune erreur n’est tolérée comme c’est le cas avec les analemmes doubles) et pour surveiller l’évolution de la prise de vue car pour cinq des onze analemmes réalisés durant l’année, la déclinaison maximale du Soleil dépassait 65° d’élévation et il aurait été impossible d’observer l’image à travers le viseur sans cet accessoire bien commode.

Annalemme de 12h TU au-dessus du temple de Aphaia (490-480 avant notre ère), Athènes.

Un point que nous n'avons pas évoqué mais qui parut évident après coup est le fait que la cordelette qui est attachée au boîtier se balade librement lorsque vous avez l’appareil en main. Ces “straps” sont fixées à des crochets solidaire du boîtier et elles finissent par endommager les points de fixation permanents que vous avez repérés et fixés avec de la colle silicone. Ceci ne se produisit non pas une fois mais deux fois durant là première tentative marathon et je résolus le problème durant la seconde tentative en retirant purement et simplement les cordelettes de leurs attaches. A une occasion l’accrochage des straps fut tellement bien ancré dans une appendice un peu trop apparente que le boîtier réflex fut complètement délogé de la monture dans laquelle il était a priori solidement maintenu (une autre reprise à zéro !). Pour éviter tout problème retirez donc la cordelette des boîtiers réflex.

Une considération subtile qui mérite d’être mentionnée est le changement d’heure au printemps et en automne lorsque les montres et horloges doivent être ajustées à l’heure d’été ou d’hiver, les avançant ou les reculant respectivement d’une heure. J’ai (presque) toujours travaillé en TU durant les 21 mois qu’a duré cet exercice afin d’éviter toute confusion et, plus important, de devoir recommencer mes prises de vues. Toutefois, cela ne m’a pas évité fin avril 2002 de photographier les analemmes de 06h00m00s TU et de 07h00m00s TU une heure plus tôt que prévu pensant que je travaillais en heure locale comme s’était encore le cas quelques semaines plus tôt.

Le même incident survint à nouveau mi-octobre 2002 quand l’analemme de 09h00m00s TU fut réalisé avec le boîtier de l’analemme de 08h00m00s TU suite à cette même confusion. Ces trois images du Soleil ont été corrigées par traitement numérique et, heureusement, cet incident n’a pas eu d’effet négatif sur les images finales des analemmes sur lesquels les disques solaires auraient pu se superposer. Les analemmes de 07h00m00s et 08h00m00s TU ont toutefois été recommencés en 2003 et ce sont ces derniers qui sont présentés sur cette page.

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Le facteur météo

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[2] Sky & Telescope, op.cit, p136.

[3] Anthony photographie également le passage des satellites artificiels.


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