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Le procès de Galilée

Le procès de Galilée. Extrait de William Bixby, "The Universe of Galileo and Newton", 1966.

Et pourtant elle tourne (I)

Il est de notoriété publique que Galilée fut jugé par l'Inquisition pour hérésie[1]. On caricature souvent son procès en lui prêtant l'expression "Et pourtant elle tourne", à propos du mouvement de la Terre. Les faits et les conséquences du verdict prononcé par le Saint-Office sont très instructifs lorsqu'on cherche à comprendre quelle est la position de l'Eglise face au monde de la science. Si de nos jours l’Eglise tend la main aux hommes de science, il n’en fut pas toujours ainsi.

Pendant près de deux mille ans, si les Saintes Écritures ne sanctionnaient pas les écrits philosophiques et préscientifiques, pour le clergé leurs interprétations ne souffraient aucune exception : les véritables découvertes scientifiques étaient l’oeuvre du Créateur.

Le dogme chrétien, enraciné dans les écrits de l’Ancien Testament avait la conviction que l’Univers avait été créé par Dieu. Le Crédo, symbole de la foi chrétienne, inventé lors du Concile de Nicée de 325 rappelait en effet que “Dieu avait créé le ciel et la terre” mais il ne disait pas que l’Univers avait été “engendré”, action qu’il réservait au Christ. L’Univers pouvait donc s’expliquer scientifiquement et faire l’objet d’expériences. Cela conduisit au développement des cosmogonies et beaucoup plus tard à la cosmologie.

Parallèlement à cette quête scientifique, lors du Concile de Trente qui se déroula entre 1545 et 1563, le Saint Concile décréta parmi d'autres choses que l'interprétation des résultats scientifiques incombait à l'Eglise.

A cette époque l'université la plus célèbre était celle du Collège Romain dirigée par des Jésuites. Durant la première moitié de sa vie Galilée fut protégé par les membres de cette institution et en particulier par le célèbre Cardinal Bellarmin. Mais Galilée oublia que les Jésuites se réservaient le monopole de l'interprétation et que pour faire valoir ses arguments selon lesquels le Soleil et non la Terre était au centre du Monde, il devait trouver des preuves autrement plus convainquantes que les propos qu'il tenait en public.

Galilée instruisant Vincenzo Viviani

Cette peinture sur toile que nous devons à Tito Lessi (1892) exposée au Museo Galileo représente Galilée instruisant le mathématicien Vincenzo Viviani. Profitant de l'occasion, nous pouvons imaginer quel serait la réponse de Galilée si nous lui demandions s'il n'enfreint pas les préceptes de Rome en étudiant l'univers : "Certamente non il mio amico, certainement pas mon ami. Attendu que Dieu aurait créé le Ciel et la Terre mais qu'Il ne dit pas avoir engendré l'Univers, action qu'Il réserva au Christ, l'Univers peut donc faire l'objet d'expériences puisque le Créateur nous a doté de sens et d'intelligence. Ceux qui acquièrent ce savoir s’attirent l’amitié de Dieu".

L’attrait légendaire des Jésuites et de la Curie romaine pour les sciences est connu de longue date. Les pères de la Compagnie de Jésus vouent un culte à Dieu depuis 1540 mais en même temps, paradoxalement, ils semblent vivre au rythme des découvertes scientifiques, ici cachés sous la coupole d’un observatoire astronomique, là enfouis dans le désert à la recherche de fossiles ou encore en chaire dans un auditoire universitaire discertant de biologie. Mais selon leur point de vue il n’y a pas de paradoxe. Ils visent en réalité, comme toute religion, la conversion des hérétiques mais surtout à appréhender les signes de l’existence du Créateur. Pour attirer l’attention du peuple sur la nature surnaturelle du Monde, rien de tel que de maîtriser ses lois et définir leurs limites. Mais ce n’est pas du goût de tout le monde et plus d’une minorité se sont opposées à leurs actions, y compris à la fin du XXe siècle.

Il faut rechercher l’origine de ce sentiment religieux mêlé de curiosité scientifique dans les écrits plus anciens, en particulier ceux de saint Augustin, Philopon et Grosseteste, dans lesquels l’idée de méthode scientifique émergea parallèlement à la tradition théologique. Tous trois considéraient à des degrés divers que Dieu devenait rationnel et que dans sa grande sagesse il nous commanda de dominer la terre : “Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la”. Cela incita les esprits curieux à découvrir l’envers du décor cosmique, une façon d’approcher Dieu. Leur esprit critique finit par briser la philosophie aristotélicienne et son monde supralunaire incorruptible.

Cela débuta réellement en 1277 lorsque Etienne Tempier, évêque de Paris condamna 219 propositions de l’enseignement d’Aristote concernant la création du monde à partir du néant, comme étant contraire à la foi chrétienne. Cet engagement sera reconduit et confirmé par les travaux de Léonard de Vinci, Buridan, Copernic et Kepler pour finalement aboutir à la théorie de Galilée qui étendit ce principe aux Ecritures, ayant à coeur de corriger ses propositions si elles ne concordaient pas avec l’expérience.

De Pise à Padoue

Pour Galilée tout commenca sur les bancs de l'université. Né le 15 février 1564 à Pise, il passa son enfance entre Florence et Pise. En 1581 il commença des études de médecine à l'Université de Pise mais il porta un intérêt beaucoup plus passionné pour les mathématiques, l'astronomie et la philosophie naturelle, cette philosophie qui prétendait pouvoir expliquer les phénomènes. Bon mathématicien et passionné d'astronomie, ces sciences là l'intéressait beaucoup plus que tout autre chose. Mais quatre ans plus tard il quitta l'université sans obtenir son diplôme.

C'est dans sa jeunesse que Galilée fut surnommé le "querelleur", probablement en raison de son ardeur dans les “disputationes”.

Après avoir enseigné les mathématiques durant une courte période, d'abord à titre privé à Florence ensuite à l'Université de Pise, en 1589, grâce à l'intervention du Grand-Duc de Toscane, Come II de Médicis, Galilée obtient la chaire de mathématiques à l'Université de Padoue, la prestigieuse université de la république de Venise. Il y enseigna la géométrie d'Euclide et l'astronomie d'Aristote (géocentrique) aux étudiants en médecine désireux de connaître l'astronomie afin d'utiliser... l'astrologie dans leur praxis quotidienne. Mais apparemment il semble que Galilée ait surtout discuté de formes non conventionnelle d'astronomie et de philosophie naturelle lors des lectures publiques qu'il donna en relation avec la "Nova Stelle" (la supernova de Kepler) apparue dans le ciel en 1604. Toutefois ses propos ne seront pas ébruités hors des murs de l'université avant quelques années.

Entre-temps, dès 1602 il commença à s'intéresser à la mécanique et chercha à expliquer de manière rationnelle le mouvement des corps en dehors du cadre de la philosophie d'Aristote. A 40 ans, mûr et persuadé de détenir la vérité, Galilée se décida à écrire sa façon de pensée à ses relations de Venise et d'ailleurs.

Portrait de Galilée vers 1600-1605 réalisé par Domenico Tintoretto. Voici la version en buste.

Polémiste pugnace Galilée n’hésita pas à exprimer le fond de sa pensée : “La Bible écrit-il, n’est pas le seul moyen de connaître. Dieu nous a doté de sens et d’intelligence et il n’a pas voulu que nous négligions d’exercer ces facultés, ni prévu de nous donner par un autre moyen les connaissances que nous pouvons acquérir par leur usage dans les questions naturelles. Nous ne devons pas renier nos sens ou notre raison, en refusant les conclusions auxquelles nous pouvons aboutir grâce à eux [...] Il faut rechercher le sens des Ecritures dans les passages qui sembleraient en apparence ne pas concorder avec le savoir naturel[2].

Le Livre de la Sagesse disait que la Science devait être librement partagée : “Ce que j’ai appris sans arrière-pensée, je le communique sans regret, je n’entends pas cacher ses richesses. Car elle est pour les hommes un trésor inépuisable, ceux qui l’acquièrent s’attirent l’amitié de Dieu”.

En lisant ces mots, il se peut que Galilée fut convaincu de sa bonne foi et qu’il n’allait en rien enfreindre les Saintes Ecritures, trouvant au contraire dans le texte de la Foi des arguments qui consolideraient sa théorie.

Mais à trop vouloir sans prendre de précaution on risque de tout perdre. Car c’était sans tenir compte de son incompétence en matière exégétique, bien que le terme ne fut jamais énoncé de son vivant.

Bien que l’interprétation de la Bible était fixée par le magistère ecclésiastique, le texte appartenait aux Chrétiens qui l’entendait à leur mesure. Mais Galilée avait oublié que parmi les ecclésiastiques de la Curie romaine tous ne partageaient pas ses idées. Les arguments scientifiques ne pouvaient pas convaincre les Aristotéliciens forts des preuves qu’ils relevaient dans les Saintes Ecritures, comme par exemple le passage que Josué[3] consacrait au Soleil arrêté, contrepoint sensible de la théorie de Copernic : “Alors Josué parla à l’Eternel, le jour où l’Eternel livra les Amorcéens aux enfants d’Israël, et il dit en présence d’Israël : Soleil, arrête-toi sur Gabaon, et toi, lune, sur la vallée d’Ajalon ! Et le Soleil s’arrêta, et la Lune suspendit sa course, jusqu’à ce que la nation eût tiré vengeance de ses ennemis. Cela n’est-il pas écrit dans le livre du Juste ? Le Soleil s’arrêta au milieu du ciel, et ne se hâta point de se coucher, presque tout un jour”.

Bien que traitée littéralement, cette critique en règle mettait le doigt sur la validité de l’enseignement de l’Eglise et la nature de la méthode scientifique. Ce débat n’est toujours pas clôturé. Rappelons brièvement les faits qui conduisirent Galilée devant l'Inquisition.

La réalité du monde

Lorsqu'en 1609 Galilée observa les taches solaires, ses observations lézardèrent l'harmonie et la beauté du monde. L'Eglise sera en conflit avec Galilée durant plus de 20 ans. Le clergé acceptait les hypothèses de Galilée et de bien d’autres tant qu'ils ne cherchaient pas à remettre en cause la Philosophie naturelle d'Aristote qui représentait la seule vérité.

Rome acceptait également le concept héliocentrique de Copernic tant qu'il s'agissait d'une hypothèse de travail pouvant expliquer les phénomènes naturels, mais gare à celui ou celle qui osait interpréter les faits ! Même le Cardinal Nicolas de Cuse partageait pleinement les idées de Copernic.

Ci-dessus à gauche, dessin des taches solaires réalisée par Galilée le 28 juin 1613 (ou 1612 du calendrier Julien) avec une lunette grossissant 30x. Voici une animation des dessins solaires de Galilée réalisés entre le 2 juin et le 8 juillet 1633 (Mpeg de 721 KB). A droite, des dessins de Jupiter, Mars, Saturne et des phases de Vénus. Ci-dessous à gauche, dessins des phases de la Lune et des cratères visibles le long du terminateur. A droite, l'évolution des satellites de Jupiter. Galilée a également noté les bandes sombres sur Jupiter. Documents Museo Galileo.

Mais le sens critique et l'esprit d'indépendance de Galilée confirmaient que les mathématiques s'accordaient mieux avec la nature que les "principes divins" émis par la Philosophie naturelle. “Comment voulez-vous mettre la réalité entre parenthèses rétorqua-t-il, imaginez-vous qu'il soit possible d'en faire une hypothèse ?” Copernic lui-même avait jugé à son époque qu'il fallait placer le Soleil au centre du monde ou tout renier, c'était une question de prestige ! Mais heureusement sans doute pour lui Copernic pris la sage décision de publier son livre... sur son lit de mort. A son tour Galilée n'acceptait pas "l'hypothèse de travail" du Vatican ; il avait la profonde conviction que ses observations reflétaient la réalité du monde. Sans doute, mais quelle que soit cette réalité Rome avait son mot à dire.

Pourtant dans l’esprit de Galilée, les taches solaires n'étaient pas de petites planètes en orbite autour du Soleil, ainsi que l’imaginait le Jésuite Christopher Scheiner, mathématicien et astronome avec qui il sera longtemps en conflit, mais bien des espèces de nuages situés très près de la surface du Soleil. Le Soleil n'avait rien de surnaturel, il était soumis aux lois de la nature, comme la Terre et ses marées. Découvrant les satellites de Jupiter, les phases de Vénus, la curieuse forme de Saturne, les nombreuses étoiles de la Voie Lactée et les montagnes lunaires, Galilée ne put s’empêcher de publier ses découvertes et imprima en 1610 son célèbre "Sidereus Nuncius", Le Messager Céleste, qui remporta un vif succès[4].

A gauche, Venise, le bassin de Saint-Marc et le palais des Doges vu du côté nord (2001). Document Eric Stadler. A droite, la "Lettre à Castelli" rédigée par Galilée le 12 décembre 1613 au Père Castelli à propos du rapport entre les saintes Ecritures et le système de Copernic (qui selon Galilée n'était en rien en opposition avec les Ecritures) dont voici un agrandissement. Cette lettre fut copiée en de nombreux exemplaires et fut largement diffusée.

Mais voilà le hic. Galilée était tellement convaincu par le système de Copernic - nous verrons dans un autre article que les différentes phases de Vénus lui prouvèrent que cette planète tournait autour du Soleil et dès lors que la Terre et les autres planètes en faisait autant - qu'il se satisfit d’une théorie où le mouvement combiné de la Terre autour de son axe et autour du Soleil produisait une seule marée par jour. Or, comme partout, il y a deux marées à Venise mais leurs amplitudes respectives sont très inégales (cf. également l'article sur les effets et les causes des marées).

La plus grande marée - celle reconnue par Galilée - est liée à l'attraction lunaire, la plus petite - celle que Galilée oublia - est ce que nous appellerions aujourd’hui une harmonique de résonance de bassin (ici l’Adriatique).

Nous savons aujourd’hui que la théorie des marées de Galilée était fausse, mais à son époque sa théorie était conforme aux observations et suffisamment solide (et donc dangereuse pour les thèses adverses) pour qu’on lui ait interdit de publier les Dialogues sous le titre Dialogues sur les marées.

Galilée annonçait donc qu'il y avait une seule marée à Venise or les pères du couvent de Saint-Marc auraient pu lui dire qu'il y avait deux marées aux pieds de leur édifice !

A cet argument fatal, il faut ajouter sa fameuse "Lettre à Castelli" (1613), son élève et confident bénédictin à qui il enseigna l'astronomie, et des missives adressées les unes à la Grande-Duchesse de Toscane, la princesse Christine de Lorraine (1615), les autres au Cardinal Piero Dini (1615) ou à ses adversaires dans lesquelles il invectivait les philosophes et les religieux, leur rappelant que "la Bible n'avait rien à voir en matières scientifiques [...] et qu'avant de condamner une proposition scientifique il fallait prouver par tous les moyens possibles qu'elle n'était pas rigoureusement démontrée". Cette réflexion lui coûtera cher quand on sait qu'elles étaient les positions du Concile de Trente à ce sujet.

Galilée ne prêta pas attention aux rumeurs qui couraient à son encontre dans les milieux ecclésiastiques jusqu’à ce que deux dominicains de Florence, P.Lorini et P.Caccini s’intéressèrent à sa théorie.

En 1615, Galilée était convaincu de pouvoir expliquer toutes ses observations et souhaita ardemment partager ses découvertes, coûte que coûte. Il était même prêt "à se servir de [sa] langue plutôt que de [sa] plume". Pour les dominicains de Florence, outré par la philosophie de Galilée, la chose était entendue : le système de Copernic ne pouvait pas devenir une vérité physique vis-à-vis de l'Ecriture Sainte et l'argument du flux et du reflux de la mer serait leur preuve.

Les confidents de Galilée : la princesse Christine de Lorraine, Grand-Duchesse consort de Toscane, Benedetto Castelli qui deviendra le père de l'hydrodynamique et le Cardinal Saint Robert Bellarmin qui fut béatifié le 13 mai 1923 et canonisé le 29 juin 1930 par le Pape Pie XI. Documents Toscana Oggi, Museo Galileo et Chiesa Cattolica Italiana.

En février 1615, P.Lorini adressa copie de la Lettre à Castelli au Cardinal Sfondrati Préfet de la Sainte Congrégation de l’Index pour examen. Il en sorti que même si Galilée “se sert parfois d’expressions impropres, [il] ne transgresse pas une manière de parler orthodoxe[5]. Mais un mois plus tard, P.Caccini adressa une lettre circonstanciée en demandant "que les mesures nécessaires soient prises". De toutes les accusations qu’il porta contre Galilée la plupart furent toutefois jugées non recevables car fruit de la fervente religiosité de ce dominicain.

Le Préfet ne retena que deux propositions sur lesquelles la Commission du Saint-Office composée de onze théologiens allait donner un avis consultatif : “Que le Soleil est au centre du monde, et, par conséquent, immobile de mouvement local. Que la Terre n’est pas le centre du monde, ni immobile, mais se meut sur elle-même, toute entière, par un mouvement diurne”.

A cette époque c'est son ami le Cardinal Robert Bellarmin qui assurait le rôle de théologien du Pape. Membre du Saint-Office il était le spécialiste des controverses. Et il savait de quoi il parlait : en 1590 ses propres "Controversii" avaient été mises à l’Index par Sixte V jusqu’à correction... Appréciant à sa juste valeur le travail de Galilée, Bellarmin essaya de jouer un rôle modérateur auprès de son protégé.

Pour sa défense Galilée fondait également beaucoup d'espoir sur ses relations jusqu’aux plus hautes instances. En 1611 par exemple, il avait été reçu au Collège Romain de Rome, l'institution chargée d'organiser l'enseignement des Jésuites à travers le monde. Galilée avait été nommé "Académicien des Lynx" par le prince Frederico Cesi (cette académie doit son nom au fait qu'elle se réunissait au Palais des Lynx). Cette académie savante existe toujours sous le nom d'Académie pontificale des Sciences.

A gauche, le blason de l'Académie Nationale des Lynx qui fut fondée le 25 décembre 1611 pour défendre la philosophie de Galilée. A droite, l'hommage à Galilée sur la page web de l'Académie pontificale des Sciences qui célébra son 4e centenaire en 2003.

Mais ainsi que nous l'avons évoqué, les succès de Galilée irritèrent les Jésuites conservateurs qui s'acharnèrent contre Castelli en 1612. Le système de Copernic était contraire aux Saintes Ecritures, et cela Galilée le savait pertinement bien. Mais il comptait sur ses relations pour rallier à lui les indécis.

Quelques années plus tôt, le Grand-Duc de Toscane lui avait offert la chaire de mathématiques de l'Université de Pise. Aujourd'hui, son fils, le Grand-Duc Ferdinand II de Toscane, petit-fils de Christine de Lorraine, était son élève et mécène, la famille de Médicis ayant toujours supporté la culture et les arts pour ne citer que les travaux de Michel Ange ou Léonard de Vinci.

Si Galilée voyait en Ferdinand II un homme cultivé en sciences et techniques (Ferdinand II fonda l'"Académie d'Expérimentation des Médicis" en 1642) il ignorait la faiblesse politique de son protecteur... Or à cette époque même si le pouvoir des Médicis était important - ils avaient donné trois papes au cours du XVIe siècle, des grands-ducs à la Toscane et des reines à la France (Catherine de Médicis épouse de Henri II, duc d'Orléans, et Marie de Médicis épouse de Henri IV), il dépendait avant tout de la toute puissante Rome et nous savons que la religion à cette époque tenait le pouvoir d'une main de fer et souvent sanglante. Il était donc vital au sens propre d'être sous leurs bonnes auspices. Tous les personnages politiques de l'époque avaient bien compris la leçon. Mais plus féru de sciences que de diplomatie, Galilée ignorait ou voulut ignorer les "bonnes pratiques" en ce domaine.

Prochain chapitre

Le décret de 1616

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[1] Une hérésie est une opinion contraire aux idées généralement reçues et dans ce cadre ci c'est une théorie contraire à la doctrine catholique. Pour tout savoir sur le procès de Galilée et ses conséquences consultez G.Santinalla, "Le procès de Galilée", Club du Meilleur Livre,1955 et s/dir Mgr P.Poupard, “Galileo Galilei - 350 ans d’histoire”, Desclée International, 1983. Une partie des minutes du procès sont disponibles en anglais auprès de U.Missouri/Famous trials.

[2] Galileo Galilei, “Opere”, op.cit., t. V, p317 et 332. Les oeuvres complètes de Galilée ont été publiées en Italie in Galileo Galilei, "Opere", Edizione Nazionale, Florence, Giunti Barbèra, 1929-1939, 21 tomes en 20 volumes et traduites en anglais par Stillman Drake, Flora, 1953.

[3] La Bible, Josué, 10, v12-13.

[4] Galilée, “Le messager céleste - Sidereus Nuncius”, Les Belles Lettres, 1992.

[5] S/dir Mgr P.Poupard, “Galileo Galilei - 350 ans d’histoire”, op.cit., p143.


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