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La Bible face à la critique historique

L'Arche d'alliance fabriquée par Hasbro pour le film de Steven Spielberg (cf. cette scène).

L'Arche d'alliance : des traditions au mythe

L'Arche d'alliance est évoquée une douzaine de fois dans l'Ancien Testament (Genèse, Exode, Deutéronome, Chroniques, livres de Samuel, livre de Jérémie, etc) et est associée à la construction du Tabernacle. Selon la tradition, au cours de l'exode des Hébreux jusqu'à leur arrivée au pays de Canaan, l'Arche d'alliance fut protégée et portée par les Lévites. On peut ainsi suivre son transport de ville en ville jusqu'à Jérusalem.

Selon la tradition, l'Arche d'alliance avait un pouvoir divin y compris celui d'assurer la victoire des Hébreux sur leurs ennemis. L'Arche d'alliance fit donc partie du cortège qui permit la traversée du Jourdain sous la direction de Josué puis elle fit tomber les murailles de Jéricho (Josué 5 et 6).

Après l'installation des Israélites au pays de Canaan, l'Arche d'alliance demeura à Gilgal, puis à Silo (Shiloh) et est présente à la bataille d'Eben-Ezer (Even Ha'Ezer) que les Israélites perdirent contre les Philistins. Ces derniers tuèrent 30000 Israélites (1 Samuel 4:10) et emportèrent l'Arche d'alliance à Ashdod (1 Samuel 5:1). Face à leur arrogance, Yahvé les punit, les affligeants de maladies et de fléaux (1 Samuel 5:6-10). Finalement, les Philistins d'Eqron (Ekron) placèrent l'Arche d'alliance sur un chariot tiré par du bétail et l'expédièrent aux Israélites de Beit Shemesh qui la posèrent sur une grosse pierre (1 Samuel 6:12-15). Cette ville était située à 20 km à l'ouest de Jérusalem, à la limite nord du royaume de Juda, un clin d'oeil évident du narrateur à la future unification du pays sous le roi Josias.

Ensuite les textes nous disent que les habitants de Beit Shemesh ont regardé à l'intérieur de l'Arche et furent frappés par le mauvais sort (1 Samuel 6:19). L'Arche d'alliance fut alors déplacée à Kiriath-Jearim (Qiryat Yéarim, 1 Samuel 7:1), avant d'être finalement transportée à Jérusalem par le roi David (1 Chroniques 13:5-8). Elle fut placée temporairement dans le Tabernacle en attendant la construction du premier Temple et d'être placée dans le Saint des Saints par le roi Salomon. Après sa mise en place dans le Temple, la Bible n'en parle plus. On y reviendra. Malheureusement, cet objet d'art religieux symbole par excellence du judaïsme a disparu.

Sur les traces de l'Arche d'alliance

Le fait que les textes mentionnent la présence de l'Arche d'alliance dans plusieurs cités bibliques est une opportunité pour les archéologues de vérifier si effectivement ces endroits ont existé et à quelle époque, et si on retrouve sur place des artefacts apportant des preuves de sacrifices rituels, d'un culte ou mieux, les ruines éventuelles d'un temple dédié à Yahvé ou mieux la preuve de l'existence de l'Arche d'alliance.

De nombreux archéologues bibliques fouillent toujours le sol d'Israël à la recherche de ruines et d'artefacts bibliques. Il faut compiler toutes ces découvertes pour avoir une vue d'ensemble et établir des relations entre elles et notamment entre les fortifications et bâtiments érigés à travers le pays au fil des époques.

On a ainsi découvert des ruines de plates-formes similaires érigées avec les mêmes types de moellons dans diverses cités bibliques antique dont Samarie (Shemron, cf. 1 Rois 16:21-24), l'ancienne capitale du Royaume du Nord, aujourd'hui nommée Sebastia et située en Cisjordanie. Dans cette ville, les murs des grands bâtiments antiques sont formés de pierres présentant alternativement de petites et de grandes faces, ce qu'on apelle en "carreaux et boutisses". On retrouve le même style de construction à Silo (Shiloh), Eben-Ezer (Even Ha'Ezer), Ashdod (alors en territoire Philistin), Beit Shemesh et Kiriath-Jearim (Qiryat Yéarim).

Dans chacune de ces cités où la bible évoque la présence de l'Arche d'alliance, on a découvert une urbanisation très bien organisée et des traces de culte et d'un sanctuaire comme des ostraca, des statuettes votises, des tables en pierre rappelant un autel ou des temples dédiés à des cultes païens ou a Yahvé selon l'époque. Pour les archéologues, il ne fait aucun doute que ces villes étaient sous la domination de la même autorité, à savoir l'Empire assyrien puis le roi Omri mais que les habitants étaient des autochtones hébreux, d'abord polytéistes (des immigrés du Royaume du Nord) puis monothéistes (ceux du Royaume de Juda). On y reviendra à propos du roi Omri.

A gauche, vue générale prise en 2016 de la colline de Kiriath-Jearim avec son église Notre-Dame de l'Arche d'Alliance bâtie en 1924 sur les ruines d'un couvent bysantin. A droite, l'entrée de l'église. Documents Ferrell Jenkins et la Maison du Pain de Vie.

Selon le premier livre de Samuel, l'Arche d'alliance resta 20 ans à Kiriath-Jearim, une bourgade située en pays de Canaan, à 12 km à l'ouest de Jérusalem, avant d'être déplacée dans le temple de Jérusalem (1 Samuel 7:2) bâti sous le roi Salomon. L'évèque et historien chrétien Eusèbe de Césarée (265-339) écrit aussi dans son "Onomasticon" que Beit Shemesh et Kiriath-Jearim sont les les lieux bibliques qui abritèrent l'Arche d'alliance. Autre indice, selon les linguistes, le nom arabe du site, "Deir el-'Azar" semble être une déformation de "Monastère d'Eleazar" qui serait le nom du monastère byzantin qui commémorait le nom du prête responsable de l'Arche d'alliance lorsqu'elle était à Kiriath-Jearim comme le précise le livre de Samuel (1 Samuel 7:1).

Aujourd'hui, à Kiriath-Jearim on découvre sur une colline jalonnée de terrasses en pente garnies d'oliviers un couvent bâti en 1906 où résident des soeurs de la communauté de Saint-Joseph de l'Apparition et l'église Notre-Dame de l'Arche d’Alliance bâtie en 1924 sur les soubassements d'un monastère bysantin dont il existe encore quelques pierres et mosaïques. Or on sait que les édifices religieux bysantins furent toujours bâtis sur un site sacré. Ajouté au nom évocateur de l'édifice, c'est un indice de plus appuyant l'existence de l'Arche d'alliance à cet endroit aux temps bibliques. Mais de quelle époque parlons-nous ?

Les fouilles de la famille Shmunison ont mis à jour dans la terrasse haute de Kiriath-Jearim, un mur à environ 15 cm en dessous du niveau du sol. Le mur bien conservé fait environ 3 m de large et 2.15 m de hauteur. Document Kiriath-Jearim.

En 2017, une première mission archéologique (cf. aussi le blog Kiriath-Jearim) y fut menée sous la direction conjointe d'Israël Finkelstein de l'Université de Tel-Aviv, de Thomas Römer du Collège de France et de Christophe Nicolle du CNRS/Collège de France. Des archéologues, géologues et géophysiciens aidés par une équipe de bénévoles ont fouillé les terres proches du couvent laissées en friche et y ont notamment découvert les ruines d'une vaste plate-forme rectangulaire autour du couvent qui servit de soubassement à un grand édifice aujourd'hui disparu. Ils découvrirent également les fondations de nombreuses habitations, des tessons de poteries, un grand bassin contenant des canalisations, les traces d'un four et des ossements d'animaux (moutons, chèvres, cerf, etc, mais pas de porc), bref toutes les traces suggérant l'activité d'une bourgade très active. Enfin, indice clé, ils découvrirent la tête sculptée d'une Ashérah, la déesse assyrienne de la fertilité équivalente à Yahvé qui suggère l'existence d'un temple à Kiriath-Jearim (cf. Times of Israel).

Une deuxième mission archéologique fut organisée en 2019 par la famille Shmunison toujours en collaboration avec l'Université de Tel-Aviv et le Collège de France.

La datation des poussières (le quartz non exposé au Soleil) et des poteries indique que le site fut occupé entre 1200 et environ 500 avant notre ère. Selon Finkelstein, sur base de l'architecture des pierres taillées et de l'organisation des bâtiments, la plate-forme de Kiriath-Jearim aurait pu être construite à l'époque où le Royaume d'Israël dominait encore le Royaume de Juda dirigé par le roi Joas, comme le précise le livre des Rois (2 Rois 14:11-13). Elle date probablement de l'époque du roi Jéroboam II, qui régna entre 788 et 747 avant notre ère sur le puissant royaume de Nord depuis son palais royal installé à Samarie.

La datation des nombreux artefacts et des céramiques indiquent que le site présenta sa plus forte activité entre ~900 et 700 avant notre ère, soit durant environ 200 ans, ce qui est dix fois plus long que ce que prétend le livre de Samuel. Pourquoi Samuel aurait-il menti ? Un copiste a-t-il supprimé un zéro ? Et pour quelle raison ? D'autres indices vont nous mettre sur la voie.

Parmi les autres anachronismes, le livre de Samuel prétend que c'est le roi David qui présenta l'Arche d'alliance dans les rues de Jérusalem avant de la placer dans le Temple (1 Chroniques 13:5-8). Cela sous-entend que le royaume d'Israël était unifié au Xe siècle avant notre ère. Or, à l'époque de Jéroboam II et du culte d'Ashérah, au VIIIe siècle avant notre ère, il existait encore deux royaumes distincts, Israël au nord et Juda au sud de Samarie. Ajouté à d'autres indices comme les noms de souverains ou des emprunts à d'autres textes, on en déduit que les livres de Samuel furent écrits entre 1010 et environ 925 avant notre ère et furent complétés par plusieurs générations de rédacteurs jusqu'au VIe siècle avant notre ère où le texte fut fixé.

Description de l'Arche d'alliance

Mis à part les textes sacrés et les innombrables copies imaginaires dont celle présentée dans la chapelle de l'Adoration dans l'Église Saint-Roch à Paris et la maquette présentée en haut de page utilisée dans le célèbre film "Les Aventuriers de l'arche perdue" de Steven Spielberg (1981), nous ne possédons pas de preuves directes de son existence et devons donc nous contenter du descriptif biblique pour imaginer à quoi elle ressemblait.

Etymologiquement parlant, le mot "arche" vient du hébreu "aron" (ארן) qui signifie "boîte" ou "coffre". Dans la Genèse par exemple, ce mot est utilisé pour qualifier l'ossuaire ou boîte à ossements (Genèse 50:26) dans lequel fut embaumé le cadavre de Joseph qui fut enterré près de Sichem (Josué 24:32).

Deux autres modèles de l'Arche d'alliance décorées de chérubins et recouvertes d'or telles que décrites dans la Bible (Exode 25:18-22). Les parois étant ouvertes (ajourées), on découvre à l'intérieur, les deux tables de la Loi, un vase contenant la manne (un omer ou offrande d'orge) et le bâteau d'Aaron. Si cette Arche plaquée or est citée dans l'Exode, en revanche elle n'a probablement jamais été construite.

Selon la bible hébraïque, l'Arche d'alliance est un coffre en shittim (acacia) mesurant 2.5x1.5x1.5 coudées (une coudée mesurait la longeur de l'avant-bras soit 50-55 cm) soit 1.25x0.75x0.75 m plaqué or, recouvert par un propitiatoire (couvercle de sacrifice pour le rendre propice à évoquer Dieu) d’or pur décoré par une couronne et surmonté de deux chérubins se faisant face, le tout fixé à deux anneaux d'or sur les côtés opposés dans lesquels étaient placés des barres en bois afin de la transporter (Exode 25:20; 37:1-10 et 1 Chroniques 3:13). Notons que les chérubins sont des anges qui représentent les âmes immortelles d'Adam et Ève comme le précisent l'Évangile selon Jean et l'Évangile gnostique de Philippe trouvé à Nag Hammadi (datant du IVe siècle). L'Arche contenait les tables de la Loi, un vase contenant la manne en omer d'orge (une offrance collective) et le bâteau d'Aaron bourgeonnant.

S'il fallait le préciser, contrairement aux rumeurs, la structure en bois plaquée or de l'Arche d'alliance ne constitue pas un condensateur géant[1] capable d'emmagasiner et d'émettre de l'énergie ou d'émettre de la radioactivité comme certains amateurs et scénaristes l'ont imaginé ! Il est évident que l'Arche intéresse beaucoup de personnes séduites par l'ésotérisme, y compris le célèbre inventeur Nikola Tesla mais aucun scientifique n'a pu formellement démontrer qu'une structure dorée comme celle-ci présentait des propriétés particulières autre que celle d'attirer les fidèles. Si c'était le cas, les ingénieurs auraient exploité ce brevet depuis des siècles pour créer de l'énergie gratuite !

Une maquette de l'arche en bois d'acacia citée dans le Deutéronome (Dt 10:3-5). Cette petite arche pouvait se placer dans l'Arche en or.

Mais il ne s'agit pas de la seule Arche d'alliance. Peu de personnes savent que le Deutéronome décrit également une autre arche sacrée illustrée à gauche. Cette deuxième arche est toute différente de l'Arche plaquée or; elle était modeste, petite et fabriquée en bois.

Citée uniquement dans le Deutéronome, elle aurait été façonnée par Moïse à la demande de Dieu : "En ce temps-là, Yahvé me dit : Taille deux tables de pierre comme les premières, et monte vers moi sur la montagne; tu feras aussi une arche de bois. J'écrirai sur ces tables les paroles qui étaient sur les premières tables que tu as brisées, et tu les mettras dans l'arche. Je fis une arche de bois d'acacia, je taillai deux tables de pierre comme les premières, et je montai sur la montagne, les deux tables dans ma main. Yahvé écrivit sur les tables ce qui avait été écrit sur les premières, les dix paroles qu'il vous avait dites sur la montagne, du milieu du feu, le jour de l'assemblée; et Yahvé me les donna. Je retournai et je descendis de la montagne, je mis les tables dans l'arche que j'avais faite, et elles restèrent là, comme Yahvé me l'avait ordonné" (Deutéronome 10:1-5).

Alors que l'Arche d'alliance plaquée or est par nature lourde et devait être portée par deux hommes (2 Chroniques 35:3), l'arche en bois et les deux tablettes de la Loi qu'elle contenait était une sorte de version miniature qui pouvait être portée à la main ou dans les bras bien qu'on ne connaisse pas ses dimensions précises. La tradition prétend que les Israélites la transportèrent jusqu'aux champs de batailles pour vaincre leurs ennemis.

Bien que la Bible n'en dise rien, il est possible que l'Arche en bois fut placée dans l'Arche en or mais il est plus probable que les deux Arches d'alliance appartenaient à des traditions différentes.

Ceci nous conduit à examiner les descriptions de l'Arche d'alliance et sa transformation à travers les âges et les traditions.

Transformation de l'Arche d'alliance

La petite arche en bois fut probablement la première Arche d'alliance, celle associée au Tabernacle et au rite sacrificiel. Selon le bibliste Thomas Römer, cette arche en bois d'acacia contenait une statue de Yahvé. Cette hypothèse est renforcée par un indice concordant avec le texte biblique trouvé sur un bas-relief assyrien datant du VIIIe siècle avant notre ère décrivant la déportation des Israélites sous Tiglath-Pileser III (745-727 avant notre ère). On voit des hommes transporter un butin de guerre dont une plate-forme sur laquelle est posée un petit coffre contenant une statue représentant une divinité. Ensuite, cette Arche d'alliance a contenu les deux tables en pierre de la Loi représentant l'alliance entre Yahvé et son peuple.

Cette Arche d'alliance fut placée originellement sous la "tente d'assignation" installée en dehors du camp de Moïse. L'arche en bois n'a jamais été représentée car ce n'était qu'une boîte, un conteneur qui n'avait aucune fonction sans son contenu.

Ce n'est que plusieurs siècles plus tard que les tables de la Loi furent remplacées par les rouleaux de la Torah et que la tradition prétend que l'Arche d'alliance fut déposée dans le temple de Jérusalem où elle était entourée par deux chérubins posés au sol.

Au retour d'exil, selon le livre de l'Exode, on recouvrit l'Arche d'alliance d'or et on plaça les deux chérubins sur le couvercle du coffre, comme la représentent le folklore contemporain.

Où se trouve l'Arche d'alliance ?

On ignore ce qu'est devenue l'Arche d'alliance. Traditionnellement, elle est citée pour la dernière fois à l'époque du roi Josias (2 Chroniques 35:3) au VIIe siècle avant notre ère. Ensuite et logiquement, elle n'est pas listée parmi les objets ramenés par la diaspora revenant d'exil de Babylone au VIe siècle avant notre ère (2 Rois 25:13-17 et Jérémie 52:17-23). Forcément, en 63 avant notre ère, en rentrant dans le "temple de Salomon", le second Temple, Pompée fut étonné qu'il fut vide.

Mais il est peu probable que l'Arche d'alliance plaquée or ait jamais existée. La mention de l'Arche d'alliance au temps du roi Josias ne prouve pas qu'elle ait physiquement existée; comme d'autres textes bibliques, il peut s'agir d'un récit totalement inventé à des fins théologiques. Nous verrons que cette hypothèse repose sur un commentaire précis dans l'un des livres des prophètes.

Selon les spécialistes, les avis varient entre "c'est une légende, elle n'a jamais existé" à "elle fut détruite". L'arche la plus ancienne, fragile et datant d'au moins 3000 ans, a probablement disparu, bien qu'en raison de sa nature sacrée elle aurait dû être restaurée de siècle en siècle. Si une telle relique existait, avec tout le poids spirituel et l'Histoire qu'elle représente, des fidèles l'auraient fait savoir depuis longtemps.

Quant à l'Arche d'alliance plaquée or, à part Spielberg qui imagine qu'elle se trouve dans un entrepôt secret à Washington, DC, son histoire n'est pas encore terminée, du moins dans l'esprit de certaines personnes.

En Éthiopie

Il existe de nos jours un lieu qui revendique posséder l'Arche d'alliance : l'Ethiopie. Elle serait présente dans la chapelle de l'Arche d'alliance située à côté de l'église orthodoxe Sainte-Marie-de-Sion à Aksoum. Mais cette histoire est invraisemblable. D'abord, personne ne peut la voir à l'exception de son gardien qui assure cette charge à vie. Ni le chef d'État ni aucun chef religieux ne sont autorisés à la voir. Or, si quelqu'un détenait l'Arche, il est évident qu'il serait le premier à la montrer pour prouver qu'elle existe et asseoir sa réputation (même la "Pierre noire" sacrée de La Mecque "al-Hajar al-Aswad" est visible par les croyants et fut même photographiée par les autorités saoudiennes en 2021, cf. CNN).

Ensuite, selon la tradition - légendaire - éthiopienne du "Kebra Nagast" (La Gloire des Rois) datant du XIVe siècle, l'Arche d'alliance aurait été offerte par le roi Salomon à la reine de Saba (appelée Makada) après une visite à Jérusalem. De quel droit un roi messianique se permettrait-il de se séparer du symbole sacré de l'alliance de son peuple avec Yahvé et de la meilleure arme qu'il possède pour vaincre ses ennemis ? Cette histoire n'a aucun sens sur le plan théologique. Soit.

Finalement l'Arche fut volée par Ménélik 1er, le fils légendaire du roi Salomon et de la reine de Saba et emmenée en Éthiopie. Dans ce cas, comment pourrait-elle se trouver dans le temple de Jérusalem quatre siècles plus tard sous le règne du roi Josias ?

La tradition judaïque éthiopienne ne résiste pas à la critique. Même sur le plan politique, la plupart des Juifs éthiopiens (appelés "Beta Israel") ont émigré en Israël entre 1984 et 1990 tandis que la minorité restée en Ethiopie s'est convertie au christianisme.

A Jérusalem

Il y a quelques années on pouvait visiter une grotte située sur le mont Nébo situé à l'ouest de la Jordanie, juste en face d'Israël qui abritait soi-disant l'Arche d'alliance ainsi que l'Autel d'encens, la Mer et divers accessoires du Temple (cf. la carte du Temple). Ces objets existaient bien mais rien ne prouve qu'ils étaient authentiques et d'ailleurs les archéologues biblistes n'y croient pas. Depuis, il paraît que deux glissements de terrain ont bloqué l'accès au tunnel et à la grotte.

Mais certains rabbins de Jérusalem croient que l'Arche d'alliance se trouve toujours à Jérusalem, précisément dans le Tunnel ouest situé au nord du mont du Temple. En effet, de nos jours, il existe un endroit le long du tunnel du Mur Occidental (le Mur des Lamentations) situé précisément en face du Saint des Saints où les fidèles prient. Il est considéré comme l'endroit le plus saint de la planète car il serait le plus proche de l'Arche d'alliance cachée.

Ceci dit, les encyclopédies en ligne mentionnent des dizaines d'autres sites potentiels y compris en Europe, mais jusqu'à preuve du contraire, tous sans exception sont des lieux légendaires.

A Qumrân

Parmi les autres sources documentaires antiques, il y a un passage du livre des Maccabées qui fait partie du canon de l'Ancien Testament qui décrit que le prophète Jérémie prit l'Arche d'alliance plaquée or et la cacha dans une grotte entre les montagnes de Pisgah et de Nébo où Moïse fut enterré.

Le rédacteur se base sur un ancien document aujourd'hui disparu : "On lisait dans les mêmes écrits comment le prophète, sur un ordre reçu de Dieu, fit transporter avec lui le tabernacle et l'arche, et qu'il se rendit ainsi à la montagne que gravit Moïse et d'où il contempla l'héritage de Dieu. Arrivé là, Jérémie trouva une habitation en forme d'antre, et il y déposa le tabernacle et l'arche, ainsi que l'autel des parfums, et en boucha l'entrée. Quelques-uns de ses compagnons étant venus ensuite pour marquer le chemin par des signes, ils ne purent le trouver. Jérémie le sut et il les blâma : "Ce lieu, leur dit-il, doit rester caché jusqu'à ce que Dieu ait rassemblé son peuple et lui ait fait miséricorde"" (2 Maccabées 2:3-7). 

Selon la description, ce lieu correspondrait au site de Qumrân en Jordanie où furent découverts les fameux Rouleaux de la mer Morte. Mais sachant le poids de l'Arche d'alliance, il est peu probable que Jérémie ait traversé seul le désert de Judée pour aller enterrer l'Arche d'or si loin.

La prophétie de Jérémie

En fait, la réponse que nous attendons tous, nous est donnée par le prophète Jérémie. Tout tient dans deux versets clés de son livre qui permettent de résoudre notre énigme. En effet, parmi ses prophéties, Jérémie prédit : "En ces jours-là, dit Yahvé, on ne parlera plus de l'Arche de l'alliance de l'Eternel; Elle ne viendra plus à la pensée; On ne se la rappellera plus, on ne s'apercevra plus de son absence, et l'on n'en fera point une autre. En ce temps-là, on appellera Jérusalem le trône de l'Éternel" (Jérémie 3:16-17).

Pour Jérémie qui vécut à l'époque du roi Josias, vers 655 avant notre ère, l'Arche d'alliance ainsi que le Temple avec tous ses sacrifices sont devenus le lieu d'une dévotion crédule à Yahvé qui avait tous les aspects d'une nouvelle idolâtrie (Jérémie 7:1-26). On reviendra sur les prophéties des différents prophètes ainsi que sur les idôles et les origines du Dieu unique.

Voilà pourquoi on ne mentionne plus l'Arche d'alliance après le règne du roi Josias. En résumé, cette Arche d'alliance couverte d'or n'a jamais été construite et forcément elle n'a jamais été retrouvée, ce qui n'empêche pas qu'elle suscita toutes les convoitises et fut à l'origine de nombreuses légendes.

L'Arche d'alliance : un fait ou une légende ?

A ce jour, il n'existe aucune preuve physique à Kiriath-Jearim ou ailleurs démontrant que l'Arche d'alliance y aurait résidé. Finkelstein qui a pratiquement fouillé tout le pays considère que l'Arche d'alliance est une légende et non un fait. Il ne s'attend d'ailleurs pas à la découvrir. Il estime que l'Arche d'alliance fut un concept commode qui servit l'idéologie du royaume du Nord. Mais dans ce cas pourquoi cette légende s'est-elle répandue après l'unification des deux royaumes aux cultures et aux religions si différentes ?

Selon Römer, il y a un explication théologique. L'histoire de l'Arche d'alliance fut introduite dans la Bible pour convaincre les Hébreux qu'elle a toujours existé et leur permit d'unifier leur peuple. Elle donna aussi une légitimité à Jérusalem comme le seul sanctuaire "officiel" de Yahvé puisque le roi David y transféra l'Arche d'alliance.

Quant à son éventuel court séjour à Kiriath Jearim comme le prétend Samuel, ce serait une façon de dire qu'elle est parvenue assez rapidement à Jérusalem. Mais selon Römer, historiquement parlant, cela se produisit bien plus tard, sous le règne du roi Josias.

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[1] Consulter la pseudothéorie de "l'arche-condensateur" de Fabrice Statuto, un ancien informaticien auto-proclamé "expert dans les prophéties bibliques" et aujourd'hui auteur et conférencier en eschatologie et géopolitique biblique en Amérique latine, des titres pompeux pour une incompétence scientifique qui n'est plus à démontrer.


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