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L'après-Kyoto et les conférences sur le climat

Un leithmotiv : recyclez pour éviter de polluer !

Changeons nos mentalités (II)

Nous savons depuis plusieurs décennies que l'effet de serre est principalement entretenu par le gaz carbonique d'origine anthropique. Les climatosceptiques réfutent cette conclusion car ils prétentent qu'étant donné la très faible quantité de gaz carbonique présente dans l'atmosphère, quelque 420 ppm en 2023, ce gaz n'a aucun effet... Visiblement ces pseudoscientifiques n'ont jamais étudié le sujet !

Nous savons également que nos réserves d'énergies fossiles sont limitées. Nous sommes donc contraints de modifier notre façon d'exploiter nos ressources naturelles au risque de mourir asphyxiés par nos propres rejets polluants ou de ne plus pouvoir payer nos factures d'énergie tellement leurs prix seront élevés (cf. la dernière crise de 2022-2023).

Nous sommes également pour la plupart des gaspilleurs invétérés au point que nos décharges débordent de produits que nous pourrions recycler et certaines régions accusent une pénurie d'eau potable suite à un usage intensif.

Devant ces problèmes qui s'accentuent au fil des années, les scientifiques nous ont prévenu que l'état de notre planète devenait préoccupant. Malheureusement la plupart de nos politiciens ne les entendent pas ou estiment que la situation n'est pas alarmante. Ils tiennent ce discours car ils savent d'expérience que des mesures contraignantes déplaisent aux citoyens car elles coûtent cher. Or ce public représente également leur électorat... Comment concilier ces intérêts divergents ?

Dans le cadre du développement durable, le policitien comme le citoyen doit prendre ses responsabilités et ne peut pas se désintéresser des problèmes de société qui touchent à l'avenir même de l'humanité. Cette attitude est irresponsable, c'est une vue mescine, égoïste et à court terme qui n'est plus du tout appréciée de la population. En effet, si nous sommes tous mécontents de payer de nouvelles éco-taxes ou d'être obligés de trier nos déchets au risque de payer des amendes, nous souhaitons également tous que nos forêts, nos prairies et nos pelouses ne soient pas attaquées par les pluies acides ou envahies par les déchets et que nos rivières, nos lacs et nos plages ne soient pas polluées par nos activités.

Par dessus tout nous aimons la nature, nous souhaitons la préserver et verrions d'un très mauvais oeil le fait que notre pollution détruise nos lieux de villégiature et les habitats des animaux sauvages. De plus nous avons besoin de cette biodiversité pour assurer la survie des biotopes naturels. Chacun doit donc faire preuve de bonne volonté et y "mettre du sien" comme l'on dit pour préserver l'environnement et notamment pour les générations futures.

Le Greenwashing ou l'écoblanchiment

Le "greenwashing" est une méthode de communication utilisée par une entreprise qui abuse des principes écologiques pour vendre ses produits ou ses services. En clair, l'annonceur et son agence de marketing assurent la promotion d'un produit en lui donnant une image écologique alors qu'en réalité ils ne respectent pas les réglemenations légales.

Nous avons des exemples avec EDF en France qui a longtemps prétendu faire de l'écologie en produisant une énergie propre alors qu'elle génère des déchets nucléaires que personne ne veut chez lui.

Nous pouvons également citer McDonald qui depuis 2010 a repeint dans certaines villes ses restaurants et son logo en vert sous prétexte qu'ils travaillaient de façon écoresponsable et qu'on y mangeait sainement. Pourtant la "mal-bouffe" est née avec ce type de restauration rapide.

Quelques logos certifiés apposés sur des produits naturels. Si on peut leur

accorder notre confiance, ce n'est pas le cas de beaucoup d'autres logos.

Plus récemment (2015), il y eut le "dieselgate", le scandale VW avec le truquage des logiciels de contrôle des émissions de NOX de certains moteurs diesel afin qu'ils ne dépassent pas les limites légales alors qu'en réalité ils polluaient 30 fois plus que le seuil maximum autorisé. Dans un rapport du 14 septembre 2015, la fédération européenne Transport & Environnement déclara que 90% des véhicules diesel ne respectent pas la norme Euro 6 ! Selon un bilan établi en 2021 (cf. RTBF), parmi les marques concernées par le "dieselgate" il y a Audi, BMW, Citroën, Daimler (Mercedes), Fiat-Chrysler, Jeep, Mitsubishi, Hyundai, Nissan, Opel, Peugeot, Porsche, Renault, Seat, Skoda et Volvo (même Bosch qui n'était pas directement inculpé s'est senti obligé de payer sa part de dédommagement). Selon les "experts", BMW était l'entreprise européenne qui faisait le plus d'efforts dans ce domaine... pour frauder ! Face à ces difficultés techniques, l'intérêt des véhicules "verts" s'en trouve renforcé.

Nous pourrions également citer de grands groupes comme la banque BNP ou Renault adeptes de l'écoblanchiment, les groupes pétroliers comme Shell ou Chevron qui prétendent assainir les territoires pollués par l'extraction du pétrole mais rendent les terres stériles ou inhabitables au Canada ou en Afrique ou encore d'innombrables marques de produits cosmétiques ou alimentaires qui prétendent vendre des produits "verts" ou "bio" ou sans perturbateurs endocriniens dans un packaging séduisant au nom évocateur ou affichant de faux labels et des ingrédients n'ayant rien à voir avec le produit.

A l'heure où les principes de l'écologie et du développemenrt durable font vendre, beaucoup d'entreprises ont succombé à la tentation de se "mettre au vert" alors que rien dans leur activité ne prouve qu'ils sont réellement écoresponsables, que du contraire. Aujourd'hui, les entrepreneurs frauduleux sont condamnés à une peine d'amende et certains sont interdits de commerce.

Les contre-mesures européennes

A tout problème il y a une solution comme à toute action il y a une réaction. Notre planète est polluée, nous devons donc y remédier. Encore faut-il que tous les acteurs de la société participent à cette action et que les "pollueurs-payeurs" soient condamnés, paient leurs amendes ou soient surtaxés. Or dans un Etat de Droit on n'exécute pas une action, et d'autant moins si elle vise à pénaliser un pollueur, taxer un chef d'entreprise ou un citoyen, sans avoir le support de la classe politique au risque de déclencher des conflits sociaux majeurs.

Si l'écologie est une matière touchant autant l'économie que l'environnement, c'est également une matière politique. Au sommet de la pyramide décisionnelle, l'écologie est entre les mains du pouvoir politique qui seul dispose de tous les outils législatifs et exécutifs pour imposer des arrêtés municipaux ou les lois et les faire respecter. Mais dans ce contexte on ne peut pas dire que les gouvernements nationaux soient pressés d'inventer des lois ou des éco-taxes en cette matière d'autant qu'elles sont contraignantes tant pour les industries que pour les citoyens.

Mais plus le temps passe plus les mouvements écologiques s'inquiètent de l'état de la planète. Heureusement, les mentalités changent.

Pour atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto et se rendant compte qu'il n'y avait toujours pas de décision ferme au niveau national, la Commission Européenne a donc imposé à chaque État membre des normes et des "contre-mesures" pour protéger l'environnement. En d'autres termes, chaque gouvernement est dorénavant contraint de trouver les moyens pour lutter contre la pollution. S'il n'y parvient pas, il sera taxé à la hauteur de la pollution.

Le message de l'Europe est donc clair : nos gouvernements comme nos communautés locales et chacun d'entre nous sommes responsables et redevables à notre hiérarchie politique, qu'il s'agisse respectivement de l'Europe, du ministre ou du représentant communal en charge des questions d'environnement : tout pollueur se verra taxer proportionnellement à son taux de pollution. Si chacun y contribue à sa mesure, ensemble nous pouvons aisément respecter le Protocole de Kyoto et réduite notre empreinte anthropique dans l'environnement.

Comment le principe "pollueur-payeur" s'applique-t-il concrètement au citoyen ? Prenons trois exemples familiers de mesures préventives visant à protéger l'environnement : le tri des déchets, l'éco-sac et la surtaxe sur les voitures polluantes. Cela ne veut pas dire qu'il s'agit des seules sources de pollution ni les plus importantes car en ce domaine nous verrons que les avions et les supertankers polluent bien davantage.

1. Le tri des déchets

Selon la directive européenne 2008/98/CE, chaque immeuble qu'il soit individuel ou collectif doit disposer d'une installation permettant le tri de base des déchets. Cette directive a été transposée dans la législation de chaque État membre.

L'objectif est de réduire considérablement la masse de déchets, tout en isolant différentes substances recyclables.

Chaque année un citoyen européen jette des centaines de kilos de déchets divers à la poubelle avec un record de 434 kg par habitant par an en France en 2005 contre 375 kg au Luxembourg et 240 kg en Belgique.

En 2014, ces déchets comprennent environ 40% de matières organiques, 20% de papiers et cartons, 5% d'emballages en plastique, 5% de cannettes et emballage en métal, 4% de verre, 3% de matériel électronique (électroménager, accessoire multimédia, lampes, piles, batteries, etc), et jusqu'à 23% de matière "problématique" et souvent toxiques (comprenant des textiles, des médicaments, des peintures, des encres et toners d'imprimantes, des huiles, etc).

En milieu rural, la part des déchets organiques atteint 70% dont plus de la moitié est constituée de déchets bio (feuillage, herbes, terre), les déchets "problématiques" chutant à 3%.

Face à ce constat, on s'est rendu compte qu'entre 50 et 70% de ces déchets étaient recyclables et donc valorisables. Quand les ministres de l'environnement ont comparé leurs chiffres, ils ont constaté que certains de leurs collègues parvenaient à réduire leurs déchets non recyclables en-dessous de 100 kg par habitant par an. Les mauvais élèves ont vite été montrés du doigt et l'Europe leur a demandé des comptes.

Bilan de la collecte des déchets électroniques (PDF)

Rapport de l'Université des Nations Unies pour la Commission européenne, 2007

A gauche et au centre, la principale raison de recycler les déchets est d'éviter de polluer l'environnement. Certains détritus mettent des centaines voire des milliers d'années pour se dégrader naturellement. A droite, le tri des déchets ménagers permet de réduire de 50% les déchets non recyclables. Dans beaucoup de communes le citoyen est obligé de séparer le verre, le plastique et le papier/carton des déchets biologiques. S'il ne le fait pas il s'expose à une amende. Documents anonymes et Commune de Freyming-Merlebach.

Le tri sélectif des déchets commence dans chaque ménage, personne isolée ou famille, indépendamment du fait qu'il s'agit d'un immeuble ou d'une maison individuelle.

Le tri se pratique sur au minimum 17 matières différentes  (voir schéma ci-dessus à droite) et en au moins deux étapes. La première garantit le tri de 27 matières différentes, permettant d'économiser jusqu'à 70% du coût de l'évacuation des déchets. Ce tri sélectif permet indirectement aux citoyens d'économiser de l'argent. En effet, si on compte que les charges moyennes d'une habitation coûtent environ 3€ par mètre carré par mois soit 2700 € par an pour une surface de 75 m2, chaque ménage peut ainsi épargner 1890 € par an sur ses charges annuelles.

Si pour un individu isolé cette économie passe souvent inaperçue quand elle n'est pas balayée par une augmentation des taxes ou du loyer, à l'échelle du pays cette économie est sensible.

Ainsi, pour une ville comptant 10000 habitations, le tri de 70% des déchets représente une épargne de 2700 x 10000 x 70%, soit 18.9 millions d'euros chaque année, à multiplier par autant de villes. Avec cent villes de cette taille effectuant un tri sélectif, l'Etat peut déplacer près de 2 milliards d'euros de taxes des personnes privées vers les grands pollueurs.

Avec le temps et une meilleure sensibilisation du public aux problèmes d'environnement, la poubelle de notre citoyen s'est progressivement vidée pour représenter dans les meilleurs cas moins de 80 kg de déchets par an.

En fait il n'est pas seul responsable de cette réduction de ses déchets ménagers car les supermarchés l'aident quelque peu en lui proposant notamment des conditionnements plus écologiques et moins volumineux. Ce citoyen-type est en fait économe car nous avons vu que la quantité de déchets jetés sans tri peut être quintuplée si son pouvoir d'achat est élevé et s'il n'était pas sensibilisé à l'écologie (sans parler des familles nombreuses avec bébés où les langes et les petits pots sont légions et rarement recyclés).

Trieuse à papier au centre de recyclage et de décharge de San Francisco. La ville recycle les deux-tiers de ses déchets solides. Document AP/WWP Douglas Engle.

Lorsque le tri sélectif est effecté, chaque type de déchet est ensuite collecté séparément et recyclé dans une usine spécialisée. Ce qui reste de déchets non recyclables (ou que la commune n'est pas en mesure de trier) est soit mis en décharge (enterrée ou à ciel ouvert) soit incinéré. Du fait du tri sélectif, les incinérateurs voient leur volume de déchets diminuer d'au moins 50%, ce qui fait grand plaisir aux écologistes car cette méthode permet de rejeter 50% de gaz carbonique en moins dans l'atmosphère (tout en sachant que le recyclage rejette du gaz carbonique, mais le bilan reste positif).

Certaines communes vont plus loin en incitant leurs citoyens à mieux trier leurs déchets. Dans la commune belge de Floreffe par exemple située près de Namur, depuis 2006 la taxe communale est calculée non plus forfaitairement (ou suivant un pourcentage du salaire) mais en fonction du volume annuel de déchets non recyclables.

Pour estimer cette valeur une puce électronique est fixée dans la poubelle des habitants et est relevée par la commune. La méthode est très efficace car elle touche directement au portefeuille des citoyens. Ainsi en un an, Floreffe a vu le poids de ses déchets non recyclables diminuer de 50% ! Du même coup les citoyens ont également apprécié la réduction de 30% du montant de leur facture sur les ordures ménagères ! La taxe communale couvre à présent plus de 100% des dépenses en cette matière et l'incinérateur communal n'est plus envahi de déchets, bref tout le monde y a gagné y compris dame Nature.

Rappelons qu'en Wallonie, depuis 2011 le gouvernement régional a décidé de surtaxer les habitants jettant plus de 200 kg/an de déchets ménagers. Si cette taxe sur les ordures vous déplaît (et c'est le but), pensez à trier vos déchets !

A lire : Dave n'a pas sorti ses poubelles durant 1 an (sur le blog, 2009)

L'une des initiatives passives mais efficace même à grande échelle, est de taxer les pollueurs. Une fois de plus, c'est l'Europe qui montra l'exemple. Le 4 novembre 2013, la Commission européenne proposa de taxer ou d'interdire l'utilisation des sacs en plastique. Peu après, les supermarchés ont pris l'initiative de ne plus proposer de sacs en plastique à usage unique à la caisse des magasins.

En avril 2016, l'Europe a finalement transcrit cette interdiction dans la loi, les clients étant invités à utiliser des sacs réutilisables ou des sacs en papier recyclés. Abandonner des déchets sur la plage ou ailleurs dans la nature est également sanctionné d'une amende. Mais l'amende ne s'élevant tout au plus qu'à quelques milliers d'euros, elle ne suffira pas pour changer le comportement des vrais pollueurs qui déchargent leurs poubelles la nuit à l'abri des regards.

Enfin, les Etats-Unis ont banni les microbilles en plastique des savons et produits sanitaires et des entreprises privées travaillent sur des emballages alternatifs à usage unique.

Quant à ceux qui ne respectent pas les règles et abandonnent des déchets sur la plage ou ailleurs dans la nature, l'État leur applique le principe "pollueur-payeur" : ils sont sanctionnés d'une amende. Mais l'amende ne s'élevant tout au plus qu'à quelques milliers d'euros, elle ne suffira pas pour changer le comportement des vrais pollueurs et inciviques qui déchargent leurs poubelles la nuit à l'abri des regards.

On reviendra en détails sur les procédés de recyclage du plastique ainsi que sur les failles de la filière du recyclage.

2. L'éco-sac

Le sac en plastique est apparu dans les années 1970 et remplaça rapidement les emballages en papier-journal, les sacs en papier fort et les boîtes en carton.

En 2005, en Europe nous utilisions entre 280 et 300 sacs en plastique jettables par habitant et par an (17 milliards de sacs en plastique en France et 3 milliards en Belgique). Pour une ville d'un million d'habitants cela représente 300 millions de sacs utilisés en moyenne 30 minutes par jour et qui sont ensuite jettés ! C'est ce qu'on appelle l'emballage en plastique à usage unique. Le record est une nouvelle fois détenu par les Etats-Unis qui utilisaient environ 1260 sacs en plastique par habitant par an pour toutes sortes d'usages ! Bien entendu comme la consommation d'eau ou d'électricité, personne ne se reconnaît dans ces quantités car il s'agit de moyennes nationales qui tiennent compte des usages professionnels.

Eco-sac proposé dans certains supermarchés. Une économie de 1.56 kg de plastique nous permet d'économiser 1 litre de pétrole.

Ce sac en plastique qu'on vous offrait au supermarché ou celui qui vous permet de transporter vos achats effectués dans les boutiques n'est pas recyclable ni biodégradable. Cela signifie que si vous jetez ce sac dans la nature - comme tous ceux qu'on retrouve encore dans les décharges publiques - , il faudra plus de 800 ans pour qu'il se dégrade au fil du temps et "disparaisse" sous forme de nanoplastique. Bref la pollution va s'installer pour longtemps aux portes de nos villes. Sans compter le risque de pollution incontrôlable comme celle que nous avons connu à Marseille en Crau en 2005, cette situation ne pouvait plus durer.

Comme l'Europe, Taiwan consommait 16 millions de sacs en plastique par jour (254 sacs/habitant/an) avant que le gouvernement n’interdise son utilisation en 2001. Cette solution s'est peu à peu généralisée dans tous les pays riches.

Dans le Benelux comme en France par exemple, l'éco-sac a été introduit en 2004 tandis que le sac en plastique jettable fut interdit entre 2006 et 2007 selon les pays. Ceci dit, dix ans plus tard la plupart d'entre nous en possédons toujours quelques-uns. Bref, leur vie n'est pas encore terminée. Si nous les utilisons tant mieux sinon pensez à les jeter dans la poubelle dédiée aux plastiques. Mais vous savez à présent où il terminera : en fumée !

L'abandon des sachets en plastique fut appliquée par les grandes surfaces, principales vecteurs des sacs à usage unique qui les ont progressivement remplacé par des éco-sacs recyclables. Quand ce sac est usé, le client peut l'échanger gratuitement contre un nouvel éco-sac, l'ancien étant introduit dans la chaîne du recyclage. Aujourd'hui les autorités demandent à tous les commerçants de respecter ce principe, y compris aux boutiques de luxe qui peuvent aisément trouver une solution alternative. Depuis 2009, les sacs en plastique ne sont plus disponibles dans les supermarchés sauf des modèles de petite taille réservés à certains produits alimentaires. Mais depuis 2017, les grandes surfaces doivent également les remplacer par des sachets en papier. Il reste toutefois quelques petits commerçants qui ne respectent pas ce principe.

Rappelons qu'un sac en plastique ordinaire est fabriqué avec du pétrole. 200 tonnes de plastique correspondent à ... 128000 litres de pétrole ! Quand un pays comme le Luxembourg (476187 habitants en 2007) décida de supprimer les sacs en plastique des supermarchés, l'économie annuelle s'éleva à 600 tonnes de plastique et autant de déchets en plastique en moins.

Si cela semble insignifiant ou peu concret, cette mesure toute simple à de multiples effets : elle évite de polluer l'environnement, elle permet à l'Etat de mieux gérer l'environnement et de faire des économies sur les incinérateurs et permet d'économiser indirectement du pétrole. Concrètement, cette économie de pétrole (384000 litres) correspond à la consommation annuelle de plus de 450 citoyens roulant 1000 km par mois (consommation de 7 litres de carburant aux 100 km soit 70 litres/mois). Ici également la contrainte de l'éco-sac pour le citoyen est négligeable, elle n'est taxée que de quelques eurocents au premier achat, et est tout bénéfice pour la société comme pour l'environnement.

3. La surtaxe sur les voitures polluantes

L'état du parc automobile

Plus d'un milliard de véhicules circulent dans le monde et bientôt 2 milliards, l'Asie montrant la voie. En parallèle, depuis le début des années 2000 on constate que l'état du parc automobile devient chaque année plus âgé. Si le nombre de nouvelles immatriculations varie entre +11% à -10% selon les années, l'âge du parc automobile fluctue également au rythme du pouvoir d'achat de la clientèle et des (rares) avantages fiscaux proposés par le gouvernement.

Ainsi, selon l'Observatoire Cetelem de l'Automobile (OCA), l'âge moyen des voitures particulières est de 9.7 ans en Europe et précisément de 5.9 ans au Luxembourg, 8 ans au Royaume-Uni, 8.1 ans en Belgique, 8.3 ans en France et 8.7 ans en Allemagne, 25% du parc automobile européen ayant plus de 10 ans.

Ce sont les 25% de véhicules âgés et souvent polluants que les gouvernements voudraient supprimer de nos routes en incitant leur propriétaire à les remplacer par un modèle plus écologique, et même si possible de dernière génération. A défaut, ils seront surtaxés d'un malus écologique.

A. Ristourne sur les "voitures vertes"

Depuis 2004, le gouvernement belge accorde des déductions fiscales aux citoyens achetant des véhicules peu polluants et depuis 2006 le Conseil des ministres encourage les cabinets à montrer l'exemple en privilégiant les véhicules moins polluants. Mais en pratique, force est de constater que la majorité des ministres appliquent avec zèle l'adage "Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais" !

La Toyota Prius hybride (essence et électrique) fut élue voiture européenne de l'année 2005.

Ainsi en 2007, la ministre belge de l'Energie et de l'Environnement à la région de Bruxelles-Capitale, Evelyne Huytebroek (Ecolo) montrait l'exemple. Elle roulait en Toyota Prius, une voiture hybride de 1497cc qui rejette seulement 104 g de CO2/km. Elle avoue que cela ne l'intéresse pas d'acheter une voiture polluante ou d'en faire un signe extérieur de richesse à l'image de ceux qui roulent en grosses berlines ou en 4x4.

 Mais ses collègues se sont moqués d'elle, lui disant que sa Toyota Prius "n'était pas une voiture de ministre..." ! Pour preuve, son collègue flamand ministre de l'Energie, Marc Verwilghen (VLD) arrive en tête des ministres polluants en roulant avec un SUV (Sport Utility Vehicule) 4x4 Audi Q7 rejetant... 282 g de CO2/km ! La plupart des ministres roulent avec des berlines Mercedes S320 et autre Audi A8 rejetant respectivement 220 et 224 g de CO2/km. Ils sont loin de montrer l'exemple !

Début 2007 le ministre de l'Environnement wallon, Benoit Lutgen (cdH) représentait la Belgique au cours de la réunion des ministres européens de l'Environnement. Comme ses collègues, il s'est engagé à ce que l'Union Européenne réduise ses émissions de gaz carbonique d'au moins 20% d'ici 2020. Lutgen proposa une réduction de 30% mais le Premier ministre belge Guy Verhofstadt s'y opposa. Comme quoi l'exemple ne vient pas d'en haut...

Le 15 mars 2007, Benoit Lutgen s'est toutefois engagé à proposer de nouvelles règles pour l'achat des véhicules des cabinets. Et cela dit-il, "doit évidemment concerner la voiture du ministre !" Allons-nous enfin respecter les décisions du Kyoto-Plus ?

Pour dire que parfois l'exemple vient tout de même d'en haut, en 2008 le président français Nicolas Sarkozy encouragea les fonctionnaires d'Etat à ne plus acheter de véhicules rejetant plus de 130 g de CO2/km. Bien sûr encourager ne veut pas dire obliger...

Ceci dit, les entreprises sont plus responsables et scrupuleuses que nos ministres et ont déjà anticipé l'après-Kyoto. Pour réduire le taux d'émission de gaz carbonique des véhicules par exemple, dès les années 2005-2008 les constructeurs proposèrent déjà des voitures compactes rejetant mois de 100 g de CO2 comme l'indique le tableau suivant :

Comparatif : Emission de CO2 de votre véhicule

A lire : Consommations et émissions des véhicules particuliers, ADEME

Véhicules peu polluantes (rejetant moins de 100 g de CO2/km)

Modèle (2008-2013)

Carburant

Puissance (ch.)

Rejet de CO2 (g/km)

SMART Fortwo coupé CDI

Diesel

40

86

TOYOTA Prius 1.5 VVT

Essence

136

87

RENAULT Clio III dCi

Diesel

90

89

SEAT Iniza SC 1.2 TDI

Diesel

75

89

TOYOTA Auris hybride

Essence

136

89

ALFA-ROMEO Mito 1.3 JTDm

Diesel

85

90

CHEVROLET Aveo 1.3 VCDI

Diesel

95

95

VW Polo 1.6 TDI BMT

Diesel

90

96

HONDA Insight 1.3 i-VTEC

Essence

88

96

CITROEN C3 e-HDI Airdream

Diesel

90

98

FORD Fiesta 1600 TDCi

Diesel

95

98

PEUGEOT 207 HDi FAP 98

Diesel

92

98

PEUGEOT 308 1.6 HDi

Diesel

112

98

VW Golf 7 1.6 TDI 5 vitesses

Diesel

105

99

Pour inciter les conducteurs à utiliser ces "véhicules verts" ou en tout cas moins polluants, la plupart des pays accordent des crédits d'impôts jusque 2000 € ou des réductions très importantes (jusqu'à 7000 €) sur le prix d'achat des véhicules hybrides ou électriques.

Pas plus qu'en 2000, aujourd'hui il existe peu de véhicules "écolo" pouvant satisfaire tous les clients. Il s'agit souvent de petites voitures de 800 à 2000 cc de catégorie compacte ou moyenne, émettant entre 40-140 grammes de CO2/km.

Dans ces conditions, il reste encore difficile de satisfaire un politicien qui considère sa grosse berline polluante comme un second bureau, le chef de chantier qui transporte tout son matériel dans sa camionnette ou le chef de famille qui doit transporter 6 personnes dans un break ou un monospace. Néanmoins l'Union Européenne relayée par les différents gouvernements veut que nous changions de mentalité, de l'industriel à l'artisan en passant par le fonctionnaire et l'employé privé. Mais comme toute révolution, il faut laisser du temps aux industriels pour s'adapter au changement et motiver tout le monde, sachant que les principales motivations des clients potentiels sont le prix d'achat, l'autonomie du véhicule et sa consommation.

B. Surtaxer les pollueurs

A défaut d'une prise de conscience individuelle ou même nationale, l'Europe a donc incité le secteur automobile à fabriquer des véhicules moins polluants et les conducteurs à les acheter moyennant différents avantages financiers. Mais que faire lorsqu'on possède déjà un véhicule plus polluant que la norme européenne (115 g de CO2/km) et qu'on ne souhaite pas s'en défaire tout de suite ? L'Europe n'a qu'une réponse : le principe "pollueur-payeur" qu'elle applique tant aux entreprises qu'à Mr. Tout-Le-Monde.

La taxe de circulation est surtaxée pour les véhicules polluants. Document T.Lombry

Au Luxembourg, en Belgique et en France notamment, les gouvernements ont pris des mesures législatives anti-pollution en augmentant la taxe de circulation (vignette) des véhicules proportionnellement à leur émission de CO2 (et selon les pays, en fonction de la puissance fiscale du véhicule, du type de carburant (plus élevé pour le diesel) et un coefficient supplémentaire qui augmente la facture pour les modèles les plus polluants).

En pratique la plupart des conducteurs ont vu leur taxe automobile doubler et même décupler parfois pour les propriétaires de SUV.

Prenons l'exemple du Luxembourg dont le taux moyen d'émission de CO2 des véhicules particuliers est le plus élevé d'Europe avec 147 g de CO2/km. Comparativement aux autres pays, la taxe de circulation ou vignette reste bon marché au Luxembourg. La taxe du VW Touareg 3.61 V6 est passée de 151 à 656 €, celle de la Mercedes CLK 280 (240 g de CO2/km) est passée de 126 à 432 €. La taxe sur une voiture de sport de prestige comme la Ferrari 575 M Maranello (449 g de CO2/km) est passée de 244 à... 1105 €. En revanche pour la Toyota Prius Hybrid (104 g de CO2/km), la taxe est passée de 58 à 65 € seulement. Enfin, contrairement à la Belgique ou la France où la taxeautomobile se paye une seule fois à l'achat du véhicule, au Luxembourg cette taxe de circulation est annuelle et pénalise donc beaucoup plus les automobilistes.

En Belgique, où les taxes automobiles sont assez élevées (3 fois plus élevées qu'au Luxembourg par exemple), tous les véhicules mis en circulation après le 1erjuillet 2006 rejetant entre 200 et 250 g de CO2/km se voient surtaxer de 2 € par gramme de CO2/km supplémentaire. Au-delà de 250 g de CO2/km, la surtaxe est de 4 € par gramme supplémentaire. Cette surtaxe reste dérisoire car pour une Mercedes CLK 280 (240 g de CO2/km), la taxe additionnelle s’élève à 40x2 €, soit 80 € ! Cela ne va dissuader les clients.

C'est la France qui surtaxe le plus avec une taxe "pollution" de 2 € par gramme supplémentaire entre 200 et 250 g de CO2/km et de 4 € au-dessus de 250 g de CO2/km mais auxquelles s'ajoute un malus de 200 € pour les véhicules rejetant entre 160-169 g de CO2/km, de 750 € pour les véhicules rejetant entre 170 et 220 g de CO2/km et de 1600 € pour les véhicules rejetant plus de 220 g de CO2/km, ce qui concerne la plupart des voitures haut de gamme, sportives, grandes routières et autres SUV de 6 cylindres.

Pour les employés disposant d'un véhicule de société, le montant du leasing augmenta dans les mêmes proportions.

Une réforme équivalente est appliquée dans tous les autres pays de l'Union Européenne. Cela va-t-il changer nos habitudes ? Cela dépendra du montant de la taxe. Ceux qui jugeront cette taxe abordable mais un peu chère échellonneront leur paiment et ne changeront donc pas leurs habitudes. Mais globalement on peut espérer que les effets négatifs de ces mesures seront non seulement bénéfiques à l'environnement mais également à terme au portefeuille des conducteurs et surtout aux ménages qui ont besoin de deux véhicules ou d'un monospace et qui choisiront leur véhicule parmi des modèles plus écologiques.

Les biocarburants

Les micro-algues, le biocarburant de demain.

A côté des mesures répressives que sont les taxes, certains pays et des industriels sont déjà passés à une énergie alternative plus rentable, celle des biocarburants. Il s'agit de technologies exploitant la transformation de la biomasse en éthanol qui vient compléter ou remplacer le carburant d'origine fossile.

L'avantage d'utiliser des biocarburants est double : d'une part on utilise des déchets organiques ou des micro-algues qui capturent le gaz carbonique, réduisant sa concentration dans l'atmosphère, et d'autre part les biocarburants peuvent être utilisés dans des moteurs à explosions classiques moyennant peu voire aucun réglage.

Le sujet assez vaste, il a été développé dans l'article consacré à l'avenir des biocarburants.

En résumé, avec des biocarburants de deuxième génération (paille, déchets ligneux, etc) et de troisième génération (micro-algues), on peut produire des biocarburants écologiques, réduisant la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère tout en ayant un excellent rendement, surtout en exploitant les micro-algues.

L'exploitation de ces technologies est même devenue une obligation si le fermier ou l'industriel veut être certifié en Europe et donc devenir un acteur du marché. Dans ces conditions le bilan des biocarburants est écologique pour la planète.

Enfin, dans le cadre des énergies alternative non polluantes et durable, il existe une autre alternative très prometteuse : l'électricité générée par le photovoltaïque et la pile à combustible. Bonne nouvelle, ces technologies ont trouvé un écho favorable auprès des industriels.

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Les voitures hybrides et électriques

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