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La propagation de la pandémie de Covid-19

L'Institut de virologie de Wuhan (CAS) qui abrite un laboratoire de niveau P4 où fut conservé et étudié une souche du virus Covid-19. Le laboratoire fut fermé pendant le confinement de Wuhan. Document AFP/Hector Retamal.

Epidémiologie (I)

Nous allons décrire comment se déroula la propagation de la pandémie de Covid-19 depuis la Chine et quelles furent ses conséquences sanitaires dans le monde et en particulier en Europe.

Nous décrirons dans un autre article la gestion de la crise sanitaire de Covid-19 et consacreront d'autres articles à l'étude du virus, à la maladie et ses séquelles et aux moyens de l'éradiquer parmi d'autres sujets.

Les rumeurs

Remettons d'abord certaines idées à leur place. Non, le Covid-19 n'est pas la création d'un labo ! Telle est en résumé l'avis des spécialistes. Pour taire les rumeurs, selon toutes les études génétiques, le Covid-19 est d'origine naturelle (cf. les zoonoses) et non pas le résultat d'une manipulation intentionnelle en laboratoire.

Nous avons expliqué précédemment à propos de la protéine S et des origines du virus que ses mutations génétiques peuvent être retracées chez des animaux comme la chauve-souris qui est son hôte naturel (cf. G.S.Randhawa et al., 2020; K.G.Andersen et al., 2020; AFP).

Selon l'infectiologue Nigel McMillan de l'Université Griffith en Australie, "Jusqu'à présent, toutes les preuves indiquent que le virus Covid-19 est d'origine naturelle et non artificielle."

Selon le virologue Edward Holmes de l'Université de Sydney, deux arguments s'opposent formellement à l'origine artificielle du Covid-19. "Premier argument, le RaTG13 (le coronavirus des chauve-souris) a été échantillonné dans une autre province de Chine, au Yunnan. Deuxième argument, le niveau de divergence des séquences génomiques entre le Covid-19 et le RaTG13 équivaut à une moyenne de 50 ans (et d'au moins 20 ans) de changement évolutif." Par conséquent conclut Holmes "le SARS-CoV-2 n'est pas dérivé du RaTG13" (cf. Scimex).

Jusqu'à preuve du contraire, le SARS-CoV-2 ne ne s'est pas échappé de l'Institut de virologique de Wuhan (CAS). Toutefois, après avoir mené sa propre enquête en Chine en février-mars 2021 et obtenu des résultats mitigés en raison du manque de coopération des autorités chinoises, dans son rapport publié le 30 mars 2021 l'OMS confirma qu'elle restait prudente et considérait que toutes les hypothèses restaient ouvertes. Mais tout le monde n'a pas interprété les conclusions de l'OMS de manière positive.

Conférences de Presse de l'OMS sur le Covid-19

Cartes à consulter : Coronavirus COVID-19 Global Cases, JHU CSSE

Phylodynamic of Pandemic coroanvirus, Gisaid

Covi19 Dashboard, OMS - Le Covid-19 en Europe, OMS - Le Covid-19 en Afrique, Africa CDC

Track Corona - Our World in Data - Worldometers - Coronavirus Dashboard - ECDC

Situation sanitaire mondiale de la pandémie de Covid-19. Alors qu'au 30 janvier 2020 on dénombrait 8235 cas de contamination et 171 décès liés au Covid-19 dont 98.6% en Chine, la situation devint rapidement hors contrôle et alarma l'OMS. A gauche, la situation le 24 février 2020 durant la phase 2 d'épidémie. N'ayant jamais connu de pandémie, l'Europe comme l'Amérique regardèrent naïvement la vague épidémique approcher et les submerger, sans même demander à la population de se protéger. A droite, la situation le 10 mars 2023, dernier jour de comptabilisation par le JHU. On avait franchi la barre du million de décès liés au Covid-19 le 28 septembre 2020, la barre des 2 millions de décès le 16 janvier 2021, la barre des 3 millions de décès dont 1 million en Europe le 17 avril 2021, la barre des 4 millions de décès le 8 juillet 2021, la barre des 5 millions de décès liés au Covid-19 le 1 novembre 2021 et malheureusement on franchit la barre des 6 millions de décès liés au Covid-19 le 7 mars 2022. Actuellement les compteurs augmentent toujours mais avec un léger tassement depuis novembre 2021 et un plus lentement encore depuis mi-2022. Heureusement, les premiers vaccins furent mis sur le marché en décembre 2020 et les campagnes de vaccination se poursuivent à travers le monde, y compris les campagnes de rappel pour les doses supplémentaires. Voici les données originales. Ceci dit, selon une étude publiée dans "The Lancet", le nombre de décès est sous-estimé; en date du 31 décembre 2021, il n'y aurait pas eu 5.9 millions de morts mais 18.2 millions de morts liés au Covid-19. Documents Johns Hopkins University/ArcGIS.

Les lettres ouvertes à l'OMS

Le 4 mars 2021, un groupe de 26 scientifiques publia une lettre ouverte dans "The New York Times" et traduite dans "Le Monde" le même jour dans laquelle ils demandaient à l'OMS de mener une enquête approfondie sur l'origine de la pandémie et du virus.

Ensuite, le 30 avril 2021 une trentaine de scientifiques adressèrent à leur tour une lettre ouverte à l'OMS lui demandant d'éclaircir les zones d'ombres sur l'origine du virus et de la pandémie, lettre qui fut également publiée dans le journal "Le Monde".

Enfin, un autre groupe de 18 biologistes travaillant aux Etats-Unis publia également une lettre ouverte dans "The Wall Street Journal" le 13 mai 2021 et dans la revue "Science" du 14 mai 2021. La lettre ouverte adressée à l'OMS demande une nouvelle fois plus de clarté sur l'origine du virus : "En tant que scientifiques possédant une expertise pertinente, nous convenons avec le directeur général de l'OMS, les États-Unis et 13 autres pays, et l'Union européenne qu'une plus grande clarté sur les origines de cette pandémie est nécessaire et peut être réaliser. Nous devons prendre au sérieux les hypothèses sur les retombées naturelles et en laboratoire jusqu'à ce que nous disposions de données suffisantes" (voir ci-dessous l'enquête de Jesse Bloom).

Bref, aucun des chercheurs signataires ne veut lâcher l'affaire, sous-entendant que la Chine devrait être transparente sur ce dossier et jouer franc-jeu en publiant toutes ses données. Connaissant la politique de Béijing, il est probable que c'est peine perdue.

L'enquête de Jesse Bloom

Dans un article publié sur "bioRxiv" (non validé) le 22 juin 2021 et complété le 29 juin 2021, le biologiste évolutionniste Jesse Bloom du Fred Hutchinson Cancer Research Center, affirma qu'une équipe de chercheurs chinois a échantillonné les virus de certains des premiers patients Covid à Wuhan. Quelques mois plus tard, en essayant de répéter un certain nombre d'analyses du rapport conjoint OMS-Chine, Bloom découvrit une étude répertoriant toutes les séquences du SARS-CoV-2 soumises avant le 31 mars 2020 à la Sequence Read Archive (SRA), une base de données largement utilisée gérée par le National Center for Biotechnology Information, une division du NIH (National Institutes of Health). Mais lorsqu'il consulta la base SRA, il n'a plus retrouvé les séquences génétiques téléchargées précédemment. Selon Bloom, les séquences génétiques furent supprimées pour "obscurcir leur existence".

Le bâtiment abritant le marché humide de Wuhan (Huanan), en Chine, photographié en septembre 2020. Document Hanming Huang/Flickr.

En cherchant sur Internet certaines informations sur ce projet, Bloom trouva une autre étude, dirigée par Ming Wang de l'hôpital Renmin de l'Université de Wuhan, qui fut publiée le 6 mars 2021 sur "medRxiv" et le 24 juin 2021 dans la revue " Small", plus axée sur les matériaux et la chimie que la virologie.

Cet article répertorie certains des premiers patients Covid de Wuhan et les mutations spécifiques de leurs virus, mais ne donne pas les données des séquences génétiques complètes. D'autres recherches sur Internet ont permis à Bloom de découvrir que la SRA sauvegarde ses informations sur le Cloud de Google et une recherche à cet endroit révéla des fichiers contenant certaines des soumissions de données antérieures de l'équipe de Wang. Bloom aurait ainsi récupéré les fichiers supprimés et parvint à reconstruire partiellement les séquences des 13 premiers virus de la Covid-19.

Bloom affirme qu'il a contacté les chercheurs chinois pour leur demander pourquoi ils avaient supprimé les données de la base SRA, mais ils n'ont pas répondu (un rédacteur de la revue "Science" n'a pas reçu de réponse non plus après avoir envoyé un e-mail aux principaux auteurs).

L'article de "Small" ne fait aucune mention des corrections apportées aux séquences virales qui pourraient expliquer pourquoi elles ont été supprimées de la base SRA, ce qui conduisit Bloom à conclure dans sa prépublication que "les structures de confiance de la science ont été abusées pour obscurcir les séquences pertinentes sur la propagation précoce du SARS-CoV-2 à Wuhan." Bloom affirme que du fait que les séquences supprimées ne présentent pas les trois mutations observées dans le SARS-CoV-2 du marché de gros de fruits de mer de Wuhan, les virus que l'équipe de Wang a trouvés représentent très probablement un ancêtre.

Il faut préciser que la séquence du coronavirus RaTG13 de chauve-souris trouvée en 2013 (cf. les zoonoses) diffère du SARS-CoV-2 d'environ 1100 nucléotides, ce qui signifie que des décennies ont dû s'écouler avant qu'il ne se transforme en coronavirus pandémique. Durant cette période d'autres espèces ont pu être contaminées par le virus de la chauve-souris avant qu'il ne contamine les humains.

Selon le biologiste évolutionniste Andrew Rambaut de l'Université d'Édimbourg, cette grande différence dans les séquences signifie que les chercheurs ne peuvent pas utiliser quelques mutations comme le fait Bloom pour remonter dans le temps et identifier les "racines" de l'arbre phylogénique du SARS-CoV-2.

Bloom prétend qu'il n'a aucun parti pris envers une hypothèse d'origine particulière du SARS-CoV-2, et il convient que les séquences virales qu'il a mises en évidence sont une petite pièce d'un grand puzzle inachevé : "Je ne pense pas que cela renforce l'hypothèse de l'origine du laboratoire ou de la zoonose. Je pense que cela fournit des preuves supplémentaires que ce virus circulait probablement à Wuhan avant décembre, certainement, et que probablement, nous avons une image moins que complète des séquences des premiers virus."

Image nocturne de Wuhan le 18 octobre 2018. Document sleepingpanda/Shuterstock.

Bloom qui publia son étude après la publication du rapport de l'OMS précité, critique ce rapport pour avoir jugé "extrêmement improbable" que le SARS-CoV-2 se soit échappé d'un laboratoire. Dans la lettre publiée dans la revue "Science" le 14 mai 2021 évoquée plus haut, Bloom et 17 autres chercheurs plaident pour "un discours scientifique impartial sur cette question difficile mais importante."

Le 23 juin 2021, l'autorité nationale de santé américaine donna sa version des faits. Le NIH publia une déclaration affirmant qu'il avait effectivement supprimé les séquences à la demande du chercheur les ayant soumises qui, selon l'agence, détient les droits sur les données. Selon le NIH, le scientifique "a indiqué que les informations de séquence avaient été mises à jour, avaient été soumises dans une autre base de données et souhaitait que les données soient supprimées du SRA pour éviter les problèmes de contrôle de version." Pour sa part, Bloom répondit qu'il ne pouvait pas trouver les séquences concernées dans aucune autre base de données de virologie qu'il connaît.

Les chercheurs sont fortement divisés sur la valeur de la restauration des données du SRA réalisée par Bloom mais concèdent que l'effort est méritant.

Selon le microbiologiste Ian Lipkin de l'Ecole Mailman de Santé Publique de l'Université de Columbia, "Il s'agit d'une approche créative et rigoureuse pour enquêter sur la provenance du SARS-CoV-2. Les deux points à retenir sont que le virus circulait avant l'épidémie liée au marché de gros de fruits de mer de Wuhan et qu'il y a peut-être eu une suppression active des données épidémiologiques et de séquences nécessaires pour tracer son origine."

Mais pour certains scientifiques, ces affirmations non confirmées renforcent les soupçons selon lesquels la Chine a quelque chose à cacher sur les origines de la pandémie. Toutefois, dans les critiques de cet article publiées le 22 juin 2021 sur "bioRxiv" on peut lire que le travail de détective de Bloom a fait beaucoup de bruit pour rien, car les scientifiques chinois ont ensuite publié les informations génétiques du virus sous une forme différente et les séquences récupérées ajoutent peu à ce que l'on sait sur l'origine du SARS-CoV-2. On reviendra sur les zoonoses.

Rumeurs et complots

La rumeur selon laquelle le SARS-CoV-2 contient des séquences du VIH ne veut rien dire. En effet, le fait que son génome présente quelques dizaines de nucléotides (à peine 20 bases sur plusieurs dizaines de milliers) alignés de la même manière que ceux d'un autre virus, ne prouve pas qu'il y eut manipulation génétique (cf. Bioweb, Science et Avenir). En effet, on peut trouver de petites séquences similaires chez de nombreux virus appartenant à des genres très différents. Y voir une relation causale reviendrait à dire que parce vous avez quelques taches de beauté identiques à celles d'une autre personne, vous seriez le fruit d'une manipulation génétique ! Autant affirmer qu'une souris peut accoucher d'une baleine. A ceux qui le prétendent, nous serions tenté de leur dire : prouvez-le !

Enfin, les théories complotistes, les rumeurs persistantes qu'on peut lire sur les réseaux sociaux ou les commentaires publiés par le très controversé Pr Montagnier (cf. Le Huffington Post) ne sont pas fondés et viennent juste alimenter le "buzz" qu'apprécient les dénialistes notamment. L'institut Pasteur qui fut cité dans certaines rumeurs a d'ailleurs publié une page sur les fausses informations ainsi que plusieurs sites journalistiques professionnels dont ceux de la RTBF et Le Monde.

Origine de la rumeur de Wuhan

Comment toute cette histoire a commencé ? Toute cette histoire est le résultat des tensions diplomatiques entre la Chine et les Etats-Unis depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump en 2017 et sa politique "America First". Les insinuations à peine moins déguisées du Premier ministre Boris Johnson au Royaume-Uni puis du président Emmanuel Macron en France envenimèrent un peu plus des relations diplomatiques déjà tendues (cf. résumé par Le Monde).

A voir : Le coronavirus a-t-il été créé en laboratoire ?, France Culture

A gauche, un membre du personnel contrôle au moyen de scanners thermiques les passagers arrivant à la gare de Hankou à Wuhan, dans la province centrale du Hubei en Chine, le 21 janvier 2020. La ville ne sera confinée que deux jours plus tard, mais trop tard pour endiguer la propagation du virus car plusieurs millions d'habitants avaient déjà quitté la ville. La plupart d'entre eux portaient le virus. A droite, en février 2020 la Chine alors en plein pic épidémique utilisa des détecteurs de chaleur pour identifier les personnes potentiellement contaminées par le Covid-19. En Europe, durant le pic épidémique, tout le monde était confiné et aucune mesure de ce type n'avait été prise, pas même dans les lieux fréquentés. Documents AFP et DPA.

L'Institut de virologique de Wuhan est opérationnel depuis 2018, après 3 ans de supervision mixte franco-chinoise. Construit en collaboration avec des entreprises françaises, il accueille 250 chercheurs et abrite le premier laboratoire de niveau P4 de Chine (cf. les virus). Après un espoir de collaboration avec le laboratoire P4 de Lyon de l'institut Pasteur en France, le gouvernement de Beijing annula la coopération internationale, si bien que le labo travailla seul sans aucune supervision ni collaboration internationales jusqu'en 2020. Durant cette période, il fit malgré tout l'objet d'articles encourageants dans la presse scientifique (cf. "Nature", 2017). En revanche, la presse française y fit à peine allusion en 4 lignes (cf. Science et Avenir, 2017). Officiellement, le laboratoire fut fermé le 23 janvier 2020, lorsque le confinement fut décrété à Wuhan (cf. France Inter). On y reviendra.

Le clash diplomatique

En janvier 2018, le "Washington Post" déclara que des membres de l'ambassade américaine à Beijing ont visité le laboratoire et ont alerté Washington de l'insuffisance des mesures de sécurité prises dans un lieu où l'on étudie les coronavirus issus de chauves-souris. S'en suivi des déclarations dans les médias par des responsables américains accusant la Chine d'être lente à réagir face au virus et de ne pas être suffisamment transparente, évoquant par ailleurs la possibilité que le virus se soit échappé du laboratoire de Wuhan. En février, le directeur du laboratoire nia cette allégation : "C’est impossible que le virus vienne de chez nous."

La Chine fut très offensée par ces commentaires, étant elle-même en première ligne et luttant du mieux possible contre l'épidémie au Covid-19. Piqué à vif, le 12 mars 2020 Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères laissa entendre que l'armée américaine aurait pu introduire le virus dans le pays (cf. Straits Times). Le directeur du laboratoire de Wuhan réitera également ce qu'il avait affirmé en février. En réponse, le 16 mars 2020 le président Donald Trump twitta ce message : "Les États-Unis soutiendront vigoureusement les secteurs d'activités, comme les compagnies aériennes et autres, qui sont particulièrement touchées par le virus chinois."

Les présidents Donald Trump et Xi Jinping se serrant la main au cours d'une conférence de presse dans le Grand Hall du Peuple (situé à l'est de la place Tiananmen) à Beijing, le 9 novembre 2019. Derrière les joutes verbales des deux dirigeants, se cache en réalité une guerre économique où tous les coups sont permis. Document EPA.

Après ces avis exprimés sous l'émotion, les représentants des deux pays finirent par déclarer, côté américain (Secrétariat d'État) : "Le secrétaire d’État a souligné que le moment était mal choisi pour semer la désinformation et des rumeurs abracadabrantes" et côté chinois (Yang Jiechi) : "Toute tentative de salir la Chine était vouée à l’échec."

Après une accalmie diplomatique, le 15 avril 2020 Mike Pompeo, chef de la diplomatie américaine, fut interviewé sur la chaîne "Fox News". Il déclara notamment que l'administration Trump menait "une enquête exhaustive sur tout ce que nous pouvons apprendre sur comment ce virus s’est propagé, a contaminé le monde, et a provoqué une telle tragédie". Ce que nous savons dit-il, "c'est que ce virus est né à Wuhan, en Chine [...] l'Institut de virologie de Wuhan n'est qu'à quelques kilomètres du marché de rue."

Interrogé par un journaliste du "Washington Post", Pompeo affirma que "l'ambassade des Etats-Unis à Pékin avait alerté le département d'Etat américain il y a deux ans sur les mesures de sécurité insuffisantes dans un laboratoire de Wuhan qui étudiait les coronavirus chez les chauves-souris." Pompeo déclara également que "plusieurs sources pensent désormais que le coronavirus actuel, signalé pour la première fois justement à Wuhan en décembre, émane de ce même laboratoire." Le président Donald Trump affirma que "toute cette histoire" faisait l'objet d'un "examen très approfondi."

Le 18 avril 2020 le vice-directeur du laboratoire de Wuhan déclara à la CGTN, le diffuseur d'État chinois : "Il n'y a aucun moyen que ce virus vienne de chez nous. Nous avons un régime réglementaire strict et un code de conduite de la recherche, nous sommes donc confiants" (cf. NBC News). Connaissant l'idéologie du Parti communiste chinois, chacun a bien compris qu'il s'agit de propagande[1].

Enfin, le 30 avril 2020, à la question d'un journaliste qui demandait au président Trump : "Avez-vous vu jusqu'ici des choses qui vous permettent de croire sérieusement que l'Institut de virologie de Wuhan est à l'origine du virus ?", le président américain répondit "Oui. Oui, c'est le cas". Le journaliste souhaitant en savoir davantage, le Président répondit : "Je ne peux pas vous dire ça. Je n'ai pas le droit de vous dire ça." Question suivante (cf. CNBC).

Mais Donald Trump qui manipule très bien les médias à travers ses affirmations mensongères ou infondées en fonction de son auditoire n'a jamais évoqué le cas de ce laboratoire avec son homologue chinois, Xi Jinping. Or à travers son ambassade, Washington est en relation permanente avec Beijing. S'il existait un soupçon de preuve, le président Trump l'aurait exploité pour le présenter immédiatement à la presse et flatter son électorat.

Or l'administration Trump n'a jamais présenté aucune preuve pour appuyer ses allégations selon lesquelles ce virus sortirait du laboratoire de Wuhan. L'armée américaine fut même plus prudente que son chef des armées. Le général Mark Milley, président de l'État-major interarmées déclara : "Il y a beaucoup de rumeurs et de spéculations dans une grande variété de médias, les sites de blogs, etc. Cela ne devrait pas vous surprendre que nous nous y soyons vivement intéressés et que nous ayons beaucoup réfléchi à cela. Et je dirais simplement, à ce stade, que ce n'est pas concluant bien que le poids des preuves semble naturellement l'indiquer. Mais nous ne pouvons pas en être certains" (cf. Daily Mail).

Malgré les propos rassurant des chercheurs, les insinuations de l'administration Trump se transformèrent en une rumeur qui s'est propagée encore plus rapidement que le virus lui-même ! Si comme nous l'avons expliqué à propos des mutations du virus, le laboratoire de Wuhan disposait d'une souche du Covid-19, rien ne prouve que les chercheurs l'ont génétiquement modifiée et encore moins qu'ils l'auraient délibérément lâchée dans la nature.

Wuhan, foyer originel de la pandémie

Où et comment apparut le SARS-CoV-2 et comment se propagea l'épidémie au point de provoquer une pandémie ? Bien que jusqu'en février 2022 les autorités chinoises refusaient toujours cette explication, officiellement, le "nouveau coronavirus" qui ne s'appelait pas encore Covid-19 fut découvert le 17 novembre 2019 à Wuhan (cf. Google Maps), une mégapole de 11 millions d'habitants située dans la province de Hubei (cf. SCMP, jan 2020; SCMP, mars 2020), en Chine. Une personne de 55 ans contracta une pneumonie d'origine inconnue près du marché de gros de fruits de mer. Bien que les spécialistes ne puissent pas affirmer qu'il s'agisse du patient zéro, ils ont détecté le virus chez des animaux sauvages vendus sur ce marché humide de Wuhan (Huanan). On qualifie ce type de marché de "humide" du fait que les sols sont souvent arrosés après que les vendeurs aient lavé les légumes ou nettoyé le poisson.

Vue aérienne de la mégapole de Wuhan, en direction du nord-ouest et son Grand Pont à quatre voies sur le fleuve Yangtsé. A l'avant-plan, la tour de la Grue jaune située sur la colline des Serpents. Sur l'autre rive, on aperçoit la tour de la télévision de Guishan (311 m). Le marché de gros de fruits de mer est à 7 km de la tour de TV, sur la droite de l'image, à 5 km derrière les buildings. Document Sleepingpanda/Shutterstok.

Contrairement à ce qu'on peut imaginer, un marché humide, par opposition au marché sec où l'on vend des produits non périssables tels que les céréales ou des produits ménagers, n'est pas un endroit où l'on trouve une large gamme de produits frais. Dans le marché humide de Wuhan par exemple on vend également des animaux vivants.

Dans trois nouvelles études publiées les 25 et 26 février 2022, des rechercheurs ont cartographié les emplacements précis du marché de Wuhan où des échantillons étaient positifs au SARS-CoV-2.

Dans la première étude, l'équipe de Michael Worobey a découvert que 31 des 33 objets contaminés se trouvaient dans la partie ouest du marché où des mammifères vivants étaient conservés. Cinq échantillons positifs ont été trouvés dans un seul étal du marché. Les objets testés positifs dans ce stand comprenaient une cage en métal dans une arrière-salle, deux chariots utilisés pour déplacer les cages et un épilateur de poils/plumes - tous des objets directement associés aux animaux. Des documents et des photographies montrent que les mammifères vivants présents sur le marché de Wuhan en novembre 2019 comprenaient des chiens viverrins (Nyctereutes procyonoides), des blaireaux (Arctonyx albogularis), des rats bambou chinois (Rhizomys sinensis) et des renards roux (Vulpes vulpes). Tous ces animaux peuvent être infectés par le SARS-CoV-2, et on sait que les chiens viverrins sont capables de le propager.

Mais selon Worobey, aucun chien viverrin du marché de Wuhan, des fermes ou des zones sauvages qui alimentaient le marché n'a été testé pour le SARS-CoV-2.

La preuve que le marché de Wuhan était la source du virus a été établie de plusieurs manières. Tout d'abord, les premiers cas de Covid-19 déclarés en décembre 2019 étaient regroupés autour du marché, et la plupart d'enrre eux y était directement lié. Ainsi, le premier cas confirmé de Covid-19 concernait un vendeur de fruits de mer qui est tombé malade le 10 décembre et fut hospitalisé le 16 décembre.

Worobey et ses collègues ont montré que même si on cartographie ces cas qu'à partir de décembre 2019 sans se concentrer sur le marché de Wuhan, ils se regroupent toujours autour du marché et en particulier dans le hall Ouest.

De plus, on sait depuis longtemps qu'il existait dès le départ deux variants du SARS-CoV-2, les lignées A et B. Elles diffèrent par deux mutations : la lignée A ressemble plus à des virus de chauve-souris apparentés, mais la lignée B était la première à contaminer les humains et s'est rapidement répandue.

Des rapports avaient déjà suggéré qu'une nouvelle lignée est apparue après le saut du coronavirus vers les humains. Mais dans la seconde étude publiée par l'équipe de Jonathan Pekar à laquelle participa Worobey, les chercheurs suggèrent que ces formes virales intermédiaires sont le résultat d'erreurs de séquençage ou de mutations ultérieures, et que les deux premières lignées étaient le résultat de deux sauts distincts du virus des animaux aux humains.

Une équipe d'intervention d'urgence sanitaire de Wuhan quitte le marché des fruits de mer en janvier 2020. Document Noël Celis/AFP.

Dans une troisième étude, l'équipe de George Fu Gao, directeur du CDC chinois et auteur de plusieurs articles remarqués dans la revue "NEJM" fournit plus de détails.

Entre le 1 janvier 2020 et le 2 mars 2020, les chercheurs ont prélevé 923 échantillons environnementaux provenant de 120 emplacements différents à l'intérieur et autour du marché (des cages d'animaux du marché, des chariots, des intérieurs de frigo, des puits d'égouts) et 457 échantillons sur des animaux et leurs excréments. Les échantillons furent analysés avec des techniques et des approches différentes.

Sur les 923 échantillons environnementaux collectés sur et autour du marché, 7.9% étaient positifs au SARS-CoV-2. Parmi les 828 échantillons prélevés à l'intérieur du marché, 7.7% étaient positifs. Sur les 14 échantillons provenant des entrepôts, 5 étaient positifs. Parmi les 51 puits d'égouts dans les 135 zones environnantes, trois étaient positifs au SARS-CoV-2.

Selon les chercheurs, "Les virus du marché partageaient une identité nucléotidique de 99.980 à 99.993% avec l'isolat humain HCoV/Wuhan/IVDC-HB-01."

Les résultats montrent pour la première fois qu'un objet fut positif pour la lignée A. Tous les autres virus du SARS-CoV-2 trouvés sur des objets sur le marché étaient de la lignée B, c'est donc la première preuve que les deux variants étaient présents à Wuhan. Cela renforce le fait que le marché est l'endroit où les zoonoses se sont produites.

Mises ensemble, les données décrites dans ces trois études apportent des preuves très convaincantes que le marché de Wuhan était le foyer originel de la pandémie. Le CDC chinois étant responsable de l'une de ces études, cette fois les autorités chinoises doivent bien accepter le fait que la Chine est à l'origine de la pandémie.

Sur le plan sanitaire, on peut facilement imaginer que ces lieux sont propices à la prolifération de germes. En effet, les animaux vivants y compris sauvages qu'on y trouve peuvent représenter des foyers d'infections permettant la transmission de virus aux humains en raison de la promiscuité des étales et des pratiques potentiellement insalubres, en particulier si les marchands gardent des animaux rares ou capturés dans la nature. L'épidémie de SARS de 2003 par exemple, était liée à la vente de civettes dans la province du Guangdong.

Mis à part le trafic clandestin d'animaux sauvages ou de leurs trophées à travers le monde (cf. la CITES), des marchés humides comme celui de Wuhan sont les derniers exemples de ce que les écologistes appellent "un commerce brutal d'animaux sauvages" alimenté en grande partie par la consommation chinoise. En effet, il répond à une demande persistante d'animaux sauvages pour préparer des menus exotiques ou pour être utilisés dans des médecines traditionnelles mais dont l'efficacité n'est pas confirmée par la science.

Comme à Hong Kong, au Viêt-Nam ou à Sulawesi en Indonésie, on y trouve un véritable bestiaire d'animaux vivants et parfois blessés ou morts et déjà prêts à être consommés parmi lesquels des oiseaux dont la volaille, des poissons, des fruits de mer, des reptiles, des amphibiens, des insectes mais également des mamifères comme des chiens, des singes, des louveteaux, des hérissons, des chauves-souris, de petits rongeurs et même des animaux exotiques comme des civettes, des tortues rares, des porcs-épics, des koalas et des pangolins sans parler de toute la flore. Jusqu'alors 54 espèces d'animaux pouvaient être légalement commercialisées à Wuhan (cf. Mirror, NGS). En pratique, les autorités toléraient la vente de 75 espèces et 120 sous-espèces (cf. SCMP).

A voir : Wuhan market | Chinese Street Food | Street Food

"Wuhan SARS" : Tracing the origin of the new virus to China’s wild animal markets

Wuhan market before Covid-19

Présence de foyers viraux plus anciens

Présence du virus aux Etats-Unis en décembre 2019

Dans un article publié dans la revue "Clinical Infectious Diseases" le 15 juin 2021 mais datant de novembre 2020, des chercheurs ont réalisé des test d'anticorps sur des échantillons initialement collectés dans le cadre du programme de recherche américain "All of Us" du NIH. Ils ont découvert des traces du SARS-CoV-2 dans cinq États américains avant que l'épidémie n'y soit officiellement signalée. Ils confirment donc les conclusions d'une étude précédente du CDC (Centers for Disease Control and Prevention) qui suggérait que le SARS-CoV-2 était présent aux États-Unis dès décembre 2019.

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs de l'étude "All of Us" ont analysé plus de 24000 échantillons de sang stockés fournis par les participants au programme dans les 50 États entre le 2 janvier et le 18 mars 2020. Ces participants venaient de l'extérieur des principaux "hot spots" urbains de Seattle et de New York, considérés comme des points d'entrée clés du virus aux États-Unis. Les échantillons positifs sont arrivés dès le 7 janvier 2020 de participants de l'Illinois, du Massachusetts, du Mississippi, de la Pennsylvanie et du Wisconsin. La plupart des échantillons positifs avaient été collectés avant les premiers cas signalés dans ces États, démontrant l'importance d'étendre les tests le plus rapidement possible dans un contexte épidémique.

Sachant que les faux positifs sont une préoccupation, en particulier lorsque la prévalence des infections virales est faible, comme ce fut le cas au début de l'épidémie aux États-Unis, les chercheurs ont suivi les directives du CDC pour utiliser des tests séquentiels sur deux plates-formes distinctes afin de minimiser les résultats faussement positifs.

Présence du virus en Chine entre juin et septembre 2019

Des études ultérieures semblent indiquer que le SARS-CoV-2 était déjà présent en Chine entre la fin de l'été et l'automne 2019. Des résultats d'une étude phylogénétique du SARS-CoV-2 publiée le 8 avril 2020 par l'équipe du généticien Peter Forster de l'Université de Cambridge indiquent que le virus était déjà présent en Chine, soit chez des animaux comme les chauves-souris soit déjà chez quelques personnes entre le 13 septembre et le 7 décembre 2019 mais les autorités ne l'ont pas signalé (cf. P.Forster et al., 2020; SCMP). Immédiatement, les journalistes du réseau global de télévision chinoise, la CGTN, utilisèrent cette étude pour prétendre qu'il n'existe pas de preuve que le virus provenait du marché de Wuhan (cf. CGTN).

Images satellites de la fréquentation des parkings de l'hôpital Tianyou de Wuhan. A droite, selon cette infographie préparée par les journalistes du webzine Global Time de Beijing, la tyrace trçage du virus en Chine. Documents joc.

Selon une autre étude publiée par l'Harvard Medical School relayée par Reuters et CNN le 9 juin 2020, mais qui n'a pas été validée pas ses pairs, sur base des images satellites des parkings de cinq hôpitaux de Wuhan, on observa une hausse significative du nombre de voitures entre la fin de l'été et l’automne 2019 comparée à la même période un an auparavant.

Comme on le voit à droite, sur des images prises en octobre 2018, les chercheurs ont compté 171 voitures sur le parking de l'hôpital Tianyou, l'un des plus grands de la ville. Un an plus tard, 285 véhicules occupaient le même espace, soit une augmentation de 67%, et une augmentation jusqu'à 90% du trafic fut constatée pendant la même période dans d'autres hôpitaux de Wuhan.

Les auteurs de cette étude admettent cependant qu'ils ne peuvent pas affirmer avec certitude que l'augmentation de la fréquentation de ces parkings est directement liée au Covid-19. Mais d'autres résultats viennent appuyer cette théorie. En effet, les chercheurs se sont également intéressés aux recherches effectuées par les internautes chinois entre août et octobre 2019. Ils ont constaté une forte augmentation de mots-clés liés à une maladie, comme "toux" et "diarrhée". Or nous savons aujourd'hui qu'un pourcentage élevé de personnes testées positives au Covid-19 à Wuhan avait présenté des symptômes de diarrhée. Selon John Brownstein, directeur de l'innovation à l'hôpital pour enfants de Boston (États-Unis), "Ces données sont particulièrement convaincantes [...] Ces résultats corroborent l'hypothèse selon laquelle le virus est apparu naturellement dans le sud de la Chine et qu'il circulait peut-être déjà à l’époque de l'apparition d’un foyer à Wuhan."

Le jour même de cette publication, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, déclara qu'elle n'avait pas vu cette étude, "mais je pense qu'il est scandaleusement absurde que quelqu'un arrive à une telle conclusion uniquement sur la base d'éléments superficiels comme les modèles de trafic", qualifiant les méthodes de recherche de "très hermétiques".

Présence du virus en Europe en mars 2019

Des recherches menées par l'Université de Barcelone ont montré que le SARS-CoV-2 était déjà présent dans des échantillons d'eaux usées de Barcelone en mars 2019 soit 1 an avant la déclaration officielle du premier cas de contamination en Espagne (cf. Reuters). C'est la trace la plus ancienne attestée du virus non seulement en Europe, mais dans le monde. Toutefois, Joan Ramon Villalbi de la Société espagnole pour la santé publique et l'administration sanitaire déclara à Reuters qu'il était encore tôt pour tirer des conclusions définitives. En fait, l'étude fut contestée et n'a jamais été validée.

L'Institut Supérieur de la Santé italien (ISS) précise qu'une étude espagnole identifia l'ARN du SARS-CoV-2 dans les eaux usées de Barcelone recueillies le 15 janvier 2020 soit 41 jours avant la déclaration du premier cas de contamination. Selon Luca Lucentini de l'ISS, " Nos résultats confirment la certitude acquise désormais au niveau international sur l'importance de la surveillance du virus dans les échantillons prélevés dans les eaux usées et à l'entrée des installations d'épuration" des eaux.

Entre-temps, le SARS-CoV-2 était déjà présent en Italie en septembre 2019. En effet, l'épidémiologiste et statisticien Adriano Decarli de l'Université de Milan avait été parmi les premiers à signaler une augmentation des cas de pneumonie et de grippe lors du dernier trimestre 2019. Il y avait de nombreuses pathologies sous des formes très sévères. Certains experts ont cependant mis en doute qu'un virus aussi agressif et contagieux puisse demeurer latent aussi longtemps avant "d'exploser" comme ce fut le cas en février (cf. Reuters).

Plus d'un an après le début de la pandémie de Covid-19, comme l'illustre cette infographie, Beijing prétend toujours que "le Covid-19 est probablement apparu aux États-Unis avant Wuhan; le monde ne devrait pas fermer les yeux sur des cas similaires". Mais toutes les analyses génétiques du virus confirment qu'il provient bien de chauves-souris originaires de Chine, et les chercheurs chinois ne peuvent pas l'ignorer. Document Global Times adapté par l'auteur.

Dans un article publié dans la revue "Tumori Journal" le 11 novembre 2020, Giovanni Apolone de l'Institut Italien du Cancer (INT) et ses collègues ont constaté que 111 parmi 959 volontaires sains (11.6%) qui ont participé à une étude sur le cancer du poumon entre septembre 2019 et mars 2020 avaient développé des anticorps contre le Covid-19. Un autre test d'anticorps effectué par l'Université de Sienne pour la même étude montre que quatre échantillons datant de la première semaine d'octobre 2019 ont également été testés positifs pour les anticorps neutralisant le Covid-19. Selon Apolone, "Cela signifie que ces personnes étaient déjà infectées en septembre. C'est la découverte la plus importante : les personnes ne présentant aucun symptôme étaient non seulement positives après les tests sérologiques, mais elles avaient également des anticorps qui pouvaient combattre le virus. Cela signifie que le nouveau coronavirus peut circuler longtemps dans la population et frapper avec une faible mortalité avant de frapper dans toute son intensité" (cf. Reuters).

L'analyse de 40 échantillons d'eaux usées recueillies à Milan et Turin notamment entre octobre 2019 et février 2020 par l'ISS montra que le virus était déjà présent à cette époque. Par la suite, les chercheurs ont retrouvé de l'ARN du SARS-CoV-2 dans des échantillons remontant au 18 décembre 2019 (cf. le tweet de l'ISS).

Une autre étude publiée par le CDC américain confirme que le SARS-CoV-2 était bien présent à Milan en novembre 2019. Selon les chercheurs, le 21 novembre 2019 un enfant de 4 ans tomba malade à l'école maternelle, il toussait et avait un rhume. Or ce n'était pas une maladie de saison. Le 30 novembre, il fut admis aux urgences car il vomissait et avait des difficultés à respirer. Le lendemain, la peau de l'enfant était couverte de petites plaques rouges (des éruptions cutanées). Le 5 décembre, un prélèvement pharingé fut effectué au moyen d'un écouvillon pour vérifier s'il avait la rougeole. Comme il est d'usage, ce cas de rougeole fut déclaré aux autorités sanitaires et l'échantillon fut conservé au congélateur à -80°C dans le laboratoire universitaire qui fait office de sentinelle dans le réseau Moronet pour la propagation de la rougeole.

L'enfant fut traité et guérit mais le diagnostic était erroné. En effet, près d'un an plus tard, l'équipe du Dr Mario Raviglione réanalysa 39 échantillons dont le prélèvement du jeune enfant. Bien que le test PCR ne soit pas sûr à 100%, l'examen révéla que seul cet enfant présentait des traces de la souche du Covid-19 de Wuhan le 21 novembre. En tenant compte du temps d'incubation, il fut probablement contaminé vers la mi-novembre 2019 soit 3 mois avant le premier cas formellement identifié en Italie (voir plus bas). On ignore comment cet enfant contracta le virus puisqu'il n'avait jamais voyagé à l'étranger ni rencontré de personnes revenant de Chine (cf. Repubblica). La contamination s'est forcément produite dans son environnement proche par contact avec des personnes, des objets ou des eaux usées contaminées par le virus, d'où l'importance d'avoir une bonne hygiène et de respecter les mesures de protection sanitaire pendant les épidémies. On y reviendra.

Concernant la France métropolitaine, l'équipe du professeur Yves Cohen, chef de réanimation de plusieurs hôpitaux de la région parisienne, analysa un échantillon prélevé le 27 décembre 2019 sur un patient souffrant d'une pneumonie et découvrit des traces de Covid-19. En fait le patient était malade depuis 15 jours. Le virus était donc déjà présent sur le territoire un mois avant d'être officiellement identifié. Par la suite, à partir de l'analyse rétrospective d'échantillons de séra de plus de 9000 volontaires, les chercheurs du projet SEROCO ont identifié des anticorps anti-SARS-CoV-2 chez 13 participants ayant donné leur sang entre novembre 2019 et janvier 2020 (cf. BFMTV, Constances).

C'est probablement à travers des cas similaires non diagnostiqués que le Covid-19 se propagea en Europe avant d'être identifié comme tel.

Ce sont ces découvertes qui font dire au gouvernement Chinois que le virus n'est pas originaire de Chine mais d'Occident. Mais l'analyse génétique du virus confirme qu'il provient bien de chauves-souris originaires de Chine, même si depuis le virus a subi des mutations en Europe et ailleurs.

Enfin, citons pour mémoire une étude publiée dans "The Lancet" le 24 janvier 2020 (cf. aussi S.J. Cohen, 2020) qui suggère que le virus serait peut-être apparu en avril 2012 en Jordanie (cf. A.M. Zaki et al., 2012). Les journalistes de la CGTN profitèrent de l'opportunité pour prétendre que le SARS-CoV-2 ne provenait pas du marché de Wuhan (cf. CGTN). Toutefois, le lien entre ces patients et le Covid-19 n'est pas établi et cette étude n'a pas eu de suite.

Un coronavirus RaTG13 envoyé à Wuhan en 2013

Dans un article publié dans le "Sunday Times" le 4 juillet 2020, des journalistes ont révélé qu'un virus envoyé au laboratoire de virologie de Wuhan en 2013 ressemble étrangement au Covid-19.

Au cours de la mousson d'août 2012, une petite équipe de scientifiques revêtus d'une combinaison étanche s'est rendue dans le sud-ouest de la Chine pour enquêter sur une nouvelle maladie mystérieuse mortelle. Six hommes avaient nettoyé les déjections de chauve-souris dans une mine de cuivre abandonnée du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine. De retour, ils avaient présenté des symptômes sévères d'une pneumonie. Trois d'entre eux sont décédés.

La mine fut ensuite inspectée par une équipe de chercheurs dirigée par la virologue chinoise Shi Zheng-Li de l'Institut de virologie de Wuhan (qui obtint son doctorat à l'Université Montpellier-II, en France, en 2000). Les chercheurs furent frappés par la puanteur régnant dans la mine. Au-dessus d'eux, les chauves-souris étaient suspendues au plafond. Sous leurs pieds, des rats et des musaraignes couraient à travers l'épaisse couche d'excréments. Des échantillons viraux congelés furent analysés à Wuhan. Les malades sont vraisemblablement mort d'un coronavirus transmis par des animaux.

Dans un article publié dans la revue "Nature" le 3 février 2020, l'équipe de Zheng-Li déclara que les échantillons viraux récoltés en 2013 dans la mine abandonnée appartenaient à la souche RaTG13. Elle est similaire à 96.2% au Covid-19. Toutefois, en mai 2020, le directeur de l'Institut de virologie de Wuhan déclara qu'il ne restait aucune copie du RaTG13 en laboratoire, et qu'une fuite aurait donc été impossile.

Rappelons qu'il n'existe toujours aucune preuve que le Covid-19 serait issu du laboratoire de Wuhan, mais comme nous l'avons expliqué, tout le monde n'en est pas persuadé, notamment les Américains pro-Trump et autres complotistes.

Evolution de l'épidémie en Chine et en Asie

Pour revenir à notre patient de Wuhan de novembre 2019, les médecins constatant que le traitement antiviral habituel contre la pneumonie ne fonctionnait pas, ils ont rapidement conclu qu'il s'agissait d'une nouveau virus. Le 8 décembre 2019, on signala une femme contaminée en Thailande alors qu'elle n'avait pas été au marché humide de Wuhan mais dans d'autres marchés chinois (cf. Cidrap). Mi-décembre des dizaines de nouveaux cas sont apparus en Chine pour dépasser les 1000 cas voire beaucoup plus fin décembre 2019.

Le 30 décembre 2019, le Dr Li Wenliang, ophtalmologiste de l'Université de Wuhan alerta via un webchat (cf. Taiwan News, 2020) ses 150 collègues qu'une épidémie ressemblant au SARS sévissait dans le marché d'animaux de Wuhan et leur demandait de se protéger contre le virus. Entre-temps, les autorités locale et nationale ont essayé de dissimuler la vérité. Cette censure organisée par les autorités dura 7 semaines jusqu'à ce que Beijing décide finalement de déclarer officiellement l'épidémie à l'OMS le 31 décembre 2019. Malheureusement, le Dr Wenliang fut contaminé par le virus qu'il avait découvert et mourut de la maladie le 7 février 2020 à 33 ans, le premier crime sanitaire d'un gouvernement sans compassion pour son peuple (cf. A.Green, 2020; R.Manuel, 2020, China.org, 2020).

A voir : How the Virus Got Out, NYTimes

Propagation du Covid-19 en Chine reconstruite à partir de la localisation des GSM et du nombre de malades

Reconstruction à partir de la localisation des GSM et du nombre officiel de malades de la propagation du Covid-19 (en rouge) en Chine le 21 janvier 2020 (ci-dessus) et le 4 février 2020 (ci-dessous à gauche). Le 21 janvier, environ 7 millions de personnes (en vert) avaient quitté Wuhan dont 85% étaient contaminées (en rouge) et n'ont pas été détectées, ce qui explique la propagation rapide de l'épidémie en Chine. Le 1 mars 2020, Wuhan n'était plus le principal foyer infectieux (à droite). La vague épidémique avait déjà frappé la Corée du Sud, le Japon, le Moyen-Orient et l'Europe en commençant par l'Italie. Document NYTimes adaptés par l'auteur.

Soulignons que tout au long de la pandémie les autorités chinoises ont censuré l'information sur l'état de la crise sanitaire dans leur pays et n'a pas hésité à condamner à plusieurs années d'emprisonnement tout personne non habilitée rapportant des faits relatifs à la pandémie, notamment des journalistes indépendants et des avocats qui relataient officieusement les faits sur les réseaux sociaux (cf. La Tribune). En parallèle, le Conseil de l'Europe et la Commission européenne développèrent leurs relations commerciales avec la Chine malgré les violations flagrantes des droits de l'Homme dans ce pays !

Le virus du Covid-19 fut finalement identifié le 7 janvier 2020. Le 10 janvier 2020, des séquences de cinq génomes furent partagées au sein de la communauté scientifique, leur fournissant une base pour développer des tests de diagnostics (cf. C.Drosten et al., 2020). On y reviendra.

Le 13 janvier 2021 on signala le premier cas de contamination à Bankgok, en Thailande, chez une femme de 61 ans revenant de Wuhan (cf. OMS), tandis que le premier de cas de contamination en Chine, mais en dehors de Wuhan fut déclaré le 19 janvier 2020 à Guangdong et à Beijing (cf. Reuters).

Il fallut attendre le 20 janvier 2020 pour que la Commission Nationale de la Santé de Chine (NHC) reconnaisse que le Covid-19 se transmet entre humains (cf. Cidrap). Le même jour, le marché de Wuhan fut fermé afin de procéder à sa désinfection.

C'est également 20 janvier 2020 qu'on rapporta des cas de contamination par le Covid-19 au Japon (cf. OMS), en Corée du Sud (cf. Reuters) et le lendemain aux Etats-Unis (cf. CDC) et à Taiwan (cf. CDC.tw) chez des voyageurs revenant de Wuhan.

Le 22 janvier 2020, un comité d'urgence s'est réuni à l'OMS pour discuter de la question de savoir si l'épidémie devait être classée comme une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) en vertu du Règlement sanitaire international, mais l'organisation était initialement indécise en raison du manque d'informations, et reporta sa décision (cf. Cidrap).

Lorsque le 23 janvier 2020 les autorités du Wuhan ont finalement confiné la ville, il était trop tard comme on le voit ci-dessus; en raison du Nouvel An chinois célébré le 25 janvier, au moins 251 trains de voyageurs avaient quitté la ville (cf. Medium). Le 27 janvier 2020, le maire de Wuhan déclara que 5 millions de personnes avaient quitté la ville.

Au 23 janvier 2020, plus de 800 personnes avaient été contaminées (cf. China News) dans au moins 20 régions de Chine et 9 pays ou territoires. En Chine, 15 membres du personnel de la santé furent également contaminés et 6 d'entre eux sont décédés (cf. Cidrap). Selon une étude chinoise, si la ville avait été confinée 2 jours plus tôt, on aurait pu éviter la mort d'environ 1420 personnes et ralentir la propagation de l'épidémie (cf. K.Liu et al., 2020).

Le 23 janvier 2020, Wuhan suspendit tous les transports publics et les vols aériens (arrivant ou partant), plaçant les 11 millions de résidents en quarantaine (cf. China Daily).

Le marché de Wuhan fut réouvert quelques semaines plus tard. Seule précaution en vigueur, tous les marchands et les clients devaient désormais porter un masque de protection.

Tokyo, Singapour, Séoul, Hong Kong, Macao et le Viêt-Nam furent touchés par le virus le 23 janvier 2020. A ce moment là, 85% des voyageurs positifs n'avaient pas été détectés mais pouvaient contaminer les personnes très proches d'elles en l'espace de quelques minutes. C'est visiblement ce qui s'est produit vu la rapidité avec laquelle l'épidémie se propagea.

Propagation de l'épidémie au Covid-19 en Chine et dans le monde entre le 23 janvier et le 4/5 mars 2020. Documents Caixin.

Le 24 janvier 2020, Huanggang et Ezhou, des villes adjacentes à Wuhan, furent également placées en quarantaine puis d'autres villes firent de même (cf. HKCNA). Par conséquent, de nombreuses villes annulèrent les célébrations du Nouvel An chinois.

Le 26 janvier 2020, les autorités chinoises annoncèrent l'interdiction temporairement de vendre des animaux sauvages sur les marchés, dans les restaurants et via le commerce en ligne (cf. WCS). Finalement, le 24 février 2020 le Comité permanent du Congrès national du peuple chinois décida de totalement interdire la vente et la consommation d'animaux sauvages. La nouvelle loi dit notamment qu'il est interdit de chasser, d'échanger et de transporter des animaux sauvages terrestres qui évoluent et se reproduisent naturellement dans la nature à des fins alimentaires (cf. LoC). Mais comme le rappelle l'ONG Wildlife Conservation Society (WCS) cela risque de favoriser le marché noir comme ce fut le cas lors de l'épidémie de grippe aviaire en 2013.

Wuhan étant  une plaque tournante majeure du transport aérien dans le centre de la Chine, diverses mesures furent prises à l'échelle mondiale pour ralentir la propagation du virus. Dès le 1er janvier 2020, un contrôle aéroportuaire des passagers en provenance de Wuhan fut instauré à Hong Kong et à Macao. Taïwan, Singapour et la Thaïlande instaurèrent un contrôle des passagers à l'arrivée dès le 3 janvier 2020.

Aux États-Unis, le 17 janvier 2020 le CDC commença à contrôle les passagers arrivant sur les vols directs et en correspondance de Wuhan dans les aéroports de San Francisco (SFO), New York (JFK) et Los Angeles (LAX) et peu après ceux d'Atlanta et Chicago. Le 23 janvier 2020, le CDC releva son avis de voyage pour Wuhan au niveau 3, le plus élevé. D'autres pays du Pacifique et d'Asie, dont la Malaisie, le Sri Lanka, le Bangladesh et l'Inde, procèdent également à un contrôle ciblé des passagers dans les aéroports.

Après une nouvelle définition plus large des cas de contamination tenant compte des "diagnostiqués cliniquement" (ce qui est également une manière d'améliorer les prévisions des modèles), le 13 février 2020 les autorités sanitaires de Hubei annoncèrent 15000 cas supplémentaires. Selon Yun Jiang, spécialiste de la Chine à l'Université nationale australienne, la nouvelle méthodologie est une "mesure pragmatique" à défaut de pouvoir réaliser des dépistages. Il conclut : "Je ne pense pas que les chiffres aient été nécessairement manipulés à des fins politiques, mais ils ne sont peut-être pas si fiables que ça." Que les faits soient avérés ou pas, Jiang Chaoliang, secrétaire du PCC de Hubei fut démis de ses fonctions. Il fut remplacé par le maire de Shanghaï, Ying Yong, réputé proche du président Xi Jinping (cf. Le Quotidien).

Début janvier 2021, le tableau de bord du JHU recensait seulement 96623 cas de contamination et 4791 décès en Chine suite au Covid-19 soit un taux de létalité d'à peine 5%. Pour un pays qui compte près de 1.4 milliard d'habitants, il paraît très improbable que le virus ait contaminé si peu de personnes et fait si peu de victimes quand on sait qu'il contamina plusieurs millions de personnes en Inde, au Brésil, en Russie ou en France. Une fois de plus, il est quasi certain que le gouvernement de Beijing censure l'information, même quand elle concerne la survie de sa propre population.

Du bon usage de l'intelligence artificielle

Notons qu'entre-temps, au Canada, l'algorithme de BlueDot, un système doté d'intelligence artificielle avait repéré dès le 31 décembre 2019 un article en chinois évoquant des cas de pneumonies liés à un marché d'animaux à Wuhan. Le virus n'était pas encore identifié, mais la machine a reconnu deux expressions clés : "pneumonie" et "cause inconnue". À 10 h, une première alerte était envoyée aux clients de l'entreprise, notamment en Asie. Selon Kamran Khan, CEO de BlueDot, "Nous ne savions pas que cela allait devenir une épidémie mondiale, mais nous avions reconnu certains ingrédients similaires à ceux qu’on avait vus pendant le SARS" (cf. AFP/Relaxnews).

Le Covid-19 touche l'Australie

Le 19 janvier 2020, un homme de 58 ans débarqua à Melbourne, en Australie, en provenance de Wuhan, en Chine. Il fut admis au Monash Medical Center de Melbourne depuis le service des urgences le 24 janvier 2020 car il présentait de la fièvre, une toux et une gêne respiratoire ou dyspnée progressive. C'est à partir de tissus contaminés prélevés sur ce patient que le CSIRO isola et photographia le premier SARS-CoV-2 isolé chez un australien.

Premières contaminations en Europe

Officiellement, le premier cas de Covid-19 est apparu à Munich, en Allemagne, le 19 janvier 2020 chez une personne provenant de Shanghaï.

Le 24 janvier 2020, les trois premiers cas de Covid-19 furent déclarés en France. Il s'agit d'un français d'origine chinoise et de deux touristes chinois ayant séjourné à Wuhan (cf. Le Monde).

Finalement, le 30 janvier 2020, l'OMS déclara le Covid-19 urgence de santé publique de portée internationale (USPPI). L'urgence sanitaire était déclarée à l'échelle mondiale. Dans chaque pays, les autorités devaient donc envisager des mesures d'urgence pour endiguer l'épidémie et protéger leur population. Par mesure préventive, les habitants et les voyageurs domiciliés ou provenant de la région contaminée furent mis en quarantaine le temps d'incubation du virus. Tous les porteurs présentant des symptômes 14 jours plus tard furent pris en charge dans des hôpitaux spécialisés.

Les phases épidémiques de l'OMS

L'OMS a défini 7 phases épidémiques. Les phases 1 à 3 concernent la préparation au développement des moyens d'action et de planification des interventions. Les niveaux 4 à 6 indiquent la nécessité d'engager des efforts pour lutter contre la pandémie et atténuer ses effets. La phase 7 signale la fin de l'épidémie.

Phase 1 : l'épidémie est active chez les animaux mais aucun cas de contamination n'est signalé chez l'être humain.

Phase 2 : le virus a muté et a contaminé l'être humain. De ce fait il représente une menace potentielle de pandémie.

Phase 3 : Le virus se propage dans la population humaine, mais pas suffisamment pour maintenir des flambées à l’échelon communautaire. La transmission du virus dépend des circonstances, elle reste limitée et ne provoque pas de pandémie chez l’être humain.

Phase 4 : la propagation du virus chez l'être humain entraîne des flambées de contaminations durables à l’échelle communautaire. Il y a un risque de pandémie. Le pays qui subit cet évènement doit alerter l’OMS afin que la situation soit évaluée. Le pays doit réagir rapidement pour éviter la pandémie.

Phase 5 : le virus se propage parmi la population humaine dans au moins deux pays d’une région de l’OMS. La majorité des pays ne sont pas encore touchés par le virus. C'est un signal fort qu’ils doivent anticiper une vague épidémique, s'organiser et tout mettre en oeuvre pour contrôler la propagation du virus.

Phase 6 : la pandémie est déclarée par l'OMS. Elle se caractérise par des flambées de contaminations à l'échelle communautaire dans au moins un pays d’une autre région de l’OMS en plus des critères définis à la phase 5.

Phase 7 : l'activité du virus décroit sensiblement pour finalement ne plus observer de contaminations pendant plusieurs semaines puis plusieurs mois. L'OMS considère qu'il ne doit plus y avoir de cas de contamination durant deux fois la période d'incubation du virus soit 28 jours pour le Covid-19 pour déclarer la fin de l'épidémie dans un pays.

Le 31 janvier 2020, le Covid-19 était présent dans 30 villes dans 26 pays. En deux semaines le virus fit le tour de la Terre.

Le 2 février 2020, le premier cas de Covid-19 fut déclaré en Belgique. Il s'agissait d'un homme venant depuis la province de Wuhan. Il fut guéri deux semaines plus tard (cf. RTBF). Le deuxième cas fut déclaré en Belgique le 1 mars 2020. Il s'agit d'une femme qui avait séjourné en France. Rapidement, de nombreux cas de contamination furent détectés en Italie et en Espagne ainsi que le premier Luxembourgeois contaminé qui avait transité par l'aéroport de Charleroi (cf. RTBF).

Ici également, en Belgique des médecins généralistes se rappellent avoir examiné des patients pour des pathologies respiratoires à l'automne 2019 qui rétrospectivement étaient probablement des patients Covid. Mais n'ayant pas encore eu connaissance de l'existence du Covid-19, ces quelques patients n'ont pas fait l'objet de tests plus poussés et sont passés entre les mailles du filet et n'ont pas été suivis plus que d'habitude.

Au Luxembourg, selon le LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology) les premières traces du Covid-19 furent détectées entre le 12 et le 25 février 2020, c'est-à-dire près d'un mois avant que le premier décès ne soit officiellement confirmé (le 13 mars 2020). Cette première date est basée sur une analyse plus approfondie d'anciens échantillons d'eau usée contenant des traces virales. Les chercheurs vont également tenter de séquencer le génome complet des virus retrouvés dans les eaux usées afin de déterminer s'il existe d'éventuels variants génétiques du Covid-19 circulant dans la population luxembourgeoise.

En Italie, le premier cas de Covid-19 fut officiellement signalé dans la ville de Codogno, près de Milan, le 20 février 2020. Rapidement plusieurs foyers infectieux importants se sont développés, touchant gravement la population. On y reviendra.

Prochain chapitre

La pandémie

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[1] Depuis le début de la pandémie de Covid-19, fidèle à sa tradition, la Chine publie très peu d'informations et partage très peu de données avec les scientifiques étrangers, ce que l'OMS n'a pas hésité à lui reprocher. Nos informations sur l'épidémie et le Covid-19 proviennent de webzines telsque Global Times et CGTN de Beijng et de Xinhua (News.cn) de Guangzhou (Canton) qui comme tous les médias d'information chinois sont soumis à la censure et la propagande du Parti communiste.

De plus, comme tout le monde en Chine, y compris les diplomates, les journalistes sont soumis aux règles du Parti communiste et tout écart par rapport à l'idéologie du Parti est sanctionnée (dénonciation publique ou procès expéditif qui se termine par un emprisonnement de quelques années). Ce sont des méthodes radicales très dissuasives qui permettent au Parti d'imposer son discours en réduisant la population au silence et la forcer à être aussi docile que des agneaux.

Les articles journalistiques et les documents publiés par ces sources ne sont donc pas neutres. Tous sont modérés et se transforment régulièrement en propagande sur ordre du gouvernement.

Ceci dit, à défaut d'objectivité, leurs commentaires sur l'actualité laissent malgré tout filtrer des informations sur l'état du pays et les chiffres de l'épidémie. Comme sur les réseaux sociaux ou chacun peut commettre l'erreur de publier une information confidentielle, parfois les journalistes chinois oublient de s'auto-censurer et laissent passer une information sensible pendant quelques heures jusqu'à ce qu'elle soit corrigée dans le sens de l'idéologie (par exemple une phrase comme "le virus de Wuhan" est remplacé par le "virus de l'épidémie"). Vous avez eu de la chance si vous avez pu lire l'article original.

Les webzines chinois sont donc une source aussi peu objectives que les communiqués de presse du président Xi JinPing ou de l'ambassade de Chine dans nos pays mais ce sont les seules sources accessibles en Occident et nous devons nous en contenter.

Heureusement, avec de la discrétion et l'usage de logiciels d'anonymisation, des individus et des organisations indépendantes chinoises peuvent obtenir des informations de première main et objectives qui sont ensuite diffusées sur Internet, notamment sur des forums et des chatrooms discrets.

Il existe aussi des entreprises médiatiques à Hong Kong tels que SCMP et Ming Pao qui ne sont pas (encore) trop soumises au diktat de Beijing et fournissent une information rigoureuse et globalement objective sur la situation en Chine.

En résumé, redoublez de sens critique et recoupez vos informations lorsque vous lisez des articles sur un site chinois pour éviter de tomber dans le piège de la propagande, sans même parler des sites complotistes (GlobalResearch, Nouvel Ordre Mondial, etc) qui ne méritent même pas le détour.


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