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En quête d'un petit télescope portable et polyvalent
Conseils et recommandations (I) Chacun de nous s'est un jour posé la question de savoir quel télescope il pourrait acheter pour observer la nature ou faire de l'astronomie. Déjà à ce niveau la question est double et rapidement les questions suivantes vont probablement vous venir à l'esprit : Que peut-on observer avec une lunette ou un télescope ? Un petit instrument est-il suffisant ? Comment le choisir ? Quelle monture utiliser ? Quelles accessoires faut-il acheter ? Quelle qualité choisir ? Quel prix faut-il mettre ? etc. Nous avons tenté de répondre à toutes ces questions et bien d'autres dans le dossier consacré au choix d'un télescope. Nous allons à présent rassembler toutes ces idées, proposer quelques recommandations et appliquer ce que nous avons appris à la sélection d'un petit télescope portable et polyvalent. Vous constaterez que déjà qu'à ce stade la sélection n'est pas aussi facile qu'on l'imagine. Cet article a été divisé en fonction du diamètre des instruments ou de leur usage : - Les critères de base et la préselection (cette page ci) - Les petits instruments de 60 à 90 mm (page 2) - Les limites des petits instruments de 60 à 90 mm (page 3) - Les spécifications optiques des instruments de 60 à 90 mm (page 4) - Les lunettes à tube court de 100 à 130 mm (page 5) - Le catadioptrique de 125 mm (page 6) - Les optiques pour naturaliste et le tir sur cible (page 7). Les critères de base 1. Acheter chez un spécialiste S'il n'y avait qu'un seul conseil à retenir c'est celui de toujours prendre conseils auprès d'un spécialiste d'une maison d'astronomie renommée. Consulter les liens en fin de dernière page ainsi mes 1001 liens rubrique "Manufacturers and dealers" pour obtenir la liste des revendeurs. Lorsque vous franchirez la porte du magasin d'optique, soyez prêt à poser à votre interlocuteur des questions concrètes sur les performances des divers instruments et à discuter technique si nécessaire. Vous devrez le quitter en ayant une idée précise de votre futur achat. Cela signifie aussi qu'avant de signer le bon de commande, vous devez déjà avoir une idée assez précise des performances de l'instrument que vous convoitez, ce qu'il permet et ne permet pas d'observer et ce qu'il vaut par rapport aux produits concurrents. On en déduit qu'il ne faut jamais acheter un instrument d'optique dans une grande surface à moins que la qualité du matériel et le service après vente passent au second plan. En effet, si la publicité des supermarchés n'est pas seulement mensongère, ventant des grossissements de 300x pour des lunettes de 60 mm f/9 à peine capable de grossir 150x, leurs employés sont rarement des spécialistes et ignorent pour la plupart les notions de base de l'astronomie et de l'optique. Vous allez perdre votre temps et votre argent car ce personnel n'est pas formé pour répondre à vos exigences et le matériel proposé est souvent destiné à l'initiation et d'une qualité très discutable. D'ailleurs pratiquement plus aucun constructeur d'instruments d'astronomie ne vend de matériel en grande surface ou chez les occulistes. Les seuls articles d'astronomie que vous y verrez parfois seront des produits d'entrée de gamme.
Méfiez-vous également des webmarchands car vous êtes littéralement livrés à vous-même. En cas de problème, vous n'aurez jamais de contact direct avec le service après vente et serez forcé de renvoyer le matériel par la poste chez l'importateur via le webmarchand. Dans un magasin spécialisé vous avez un contac direct avec les techniciens et le représentant local est en mesure de remplacer directement certains accessoires défectueux. Nous reviendrons dans un autre article sur l'intérêt ou non des achats à distance et notamment d'acheter outre-Atlantique. Après le choix de la marque et du revendeur (parfois choisis en dernier lieu), il y a des critères techniques dont vous devez tenir compte pour bien choisir un instrument d'optique destiné à l'astronomie. 2. L'importance du diamètre Le paramètre le plus important qui détermine les performances d'une optique astronomique est le diamètre de l'objectif capturant la lumière incidente. Plus l'objectif reçoit de lumière plus il sera capable de distinguer les objets faiblement éclairés. Plus le diamètre d'un télescope est grand plus il offrira des images contrastées et détaillées. Aussi, quelle que soit la qualité d'une petite lunette apochromatique de 80 mm d'ouverture par exemple, vous serez déçu de l'image qu'elle vous donne comparée à celle que vous offre ne fut-ce qu'un télescope de 125 ou 150 mm de diamètre. Ce n'est pas une question de qualité des lentilles ou du savoir-faire du constructeur mais la simple application des lois de la physique. Comme souvent dans la vie, le plus grand l'emporte toujours sur le plus petit. 3. La conception optique Les performances d'une lunette ou d'un télescope dépendent de sa conception. Tant les longues-vues terrestres, les lunettes astronomiques que les télescopes de Newton ou les catadioptriques (Schmidt-Cassegrain, Maksutov-Cassegrain, etc.) présentent des avantages comme des inconvénients. Ces différentes sont toutefois mineures. Globalement on peut dire qu'à diamètre égal tous les instruments d'astronomie présentent les mêmes performances optiques. Les détails techniques réels qui les différencient, comme l'obstruction centrale par exemple, le nombre de surfaces optiques, la réduction des aberrations ou la qualité des revêtements, ne modifient pas leur clarté de plus de 15%. Bien sûr, l'effet cumulé de chaque défaut se ressentira sur la qualité des images, la magnitude limite et la résolution. En revanche, il est certain qu'une optique de précision élaborée par un maître-opticien peut facilement accentuer cette différence en réduisant par exemple les aberrations sous le seuil de diffraction ou en offrant une meilleure résistance aux actions mécaniques ou chimiques. Document de Gregg Dindermann/S&T adapté par l'auteur. Un observateur occasionnel qui ne bénéficie pas de conditions climatiques idéales ou dispose d'un budget très limité peut se contenter d'une petite lunette portative, d'un petit catadioptrique ou même d'un télescope dobsonien trois ou quatre fois plus grand d'entrée de gamme. En revanche, un amateur averti choisira nécessairement un système plus performant et de nombreux accessoires adaptés à son niveau d'expertise et sa passion. En passant en revue certains modèles, nous verrons les critères qui définissent les performances d'un instrument donné ainsi que ses limites. Mais la plus haute technologie entre les mains d'un néophyte ne garantira jamais qu'il réalisera des photographies du ciel de qualité car cela exige un apprentissage qui ne s'apprend que sur le terrain à force d'essais et d'erreurs. Bien entendu, si l'amateur débute avec du matériel de qualité, il a déjà plus de chances d'obtenir de meilleurs résultats que celui équipé d'un modèle d'entrée de gamme. Nous verrons également les limites et les principaux défauts des instruments un peu trop bon marché. 4. La monture avec ou sans GoTo L'éventail des montures est vaste, allant de la simple base azimutale à la monture équatoriale dans toutes ses variantes en passant par la monture altazimutale chère aux télescopes catadioptriques. L'amateur qui veut simplement observer le ciel au moyen d'un petit instrument léger et fait rarement de photographies ou celui qui recherche une monture légère et portable peut tout à fait se contenter de la monture proposée par le constructeur. Mais généralement, pour réduire la facture, le modèle proposé est assez léger voir trop léger. S'il achète uniquement le tube optique (OTA), il peut aussi acheter séparément une monture équatoriale, altazimutale ou même azimutale comme celles présentées ci-dessous qui offre plus de confort qu'un trépied photo tout en conservant leur défaut, celui de la difficulté du réglage en élévation. Toutefois cela limite sérieusement son emploi en astronomie du fait qu'il faut compenser manuellement l'orientation de l'instrument pour suivre le mouvement apparent des astres. A la longue, cette poursuite manuelle est fastidieuse et gâche le plaisir d'observer le ciel dans de bonnes conditions. Arrivé à ce stade, on ne jure plus que par la monture équatoriale ou altazimutale motorisée. Dans ce cas, si l'entraînement sidéral à son importance ou si l'amateur est passionné d'astrophotographie, à l'ère de l'informatique et de la miniaturisation la plupart des montures équatoriales et altazimutales sont équipées de moteurs d'entraînements alimentés sur batterie ou sur piles et assistés par ordinateur. La plupart sont complétées par une console GoTo dont il existe des modèles universels adaptés à des montures existantes ou à des tubes optiques jusque 100 mm de diamètre pesant jusqu'à 4 kg tel le Sky-Watcher Merlin Synscan AZ GoTo (303 €) présenté ci-dessous ou le modèle automatique AZ Mount Pro de iOptron (999 $) supportant 15 kg. Pour les adeptes de l'astrophotographie, la plupart des constructeurs proposent des montures équatoriales allemandes dont le prix est très variable selon la conception et la précision. On trouve par exemple sur le marché la petite monture Advanced VX (1049 €) de Celestron présentée ci-dessous à droite adaptée aux instruments de 80-150 mm de diamètre de courte focale et acceptant une charge maximale de 14 kg. Toutefois, pour les télescopes de longues focales comme par exemple un 200 mm f/10 ou un astrographe (par ex. un 200 mm f/3), même si les 5.7 kg de l'OTA tiennent sur cette monture, celle-ci étant relativement légère (7.71 kg pour la monture et 8.16 kg pour le trépied), le guidage ne sera pas suffisamment précis lors des longues poses (les étoiles seront déformées). Plus précis mais plus cher, pour les astrophotographes avertis ou les télescopes plus volumineux, il y a la monture Losmandy G11 (4500 €) qui supporte une charge de 27 kg et atteint une précision de 0.5".
Comme la plupart des montures équatoriales, la Sky-Watcher EQ5 Pro, la Celestron Advanced VX et la Losmandy G11 sont munies de roues dentées et de pignons hérités du siècle dernier, ce qui explique leur précision toute relative. En effet, progrès oblige, certains constructeurs proposent un entraînement Direct drive par champ magnétique qui est sans conteste la solution d'avenir. Le revers de cette solution est son prix encore très élevé qui limite cette technologie aux instruments de grands diamètre et haut de gamme. Aussi, pour longtemps encore les amateurs d'astrophotographie devront se contenter de montures équatoriales classiques équipées optionnellement d'un système de correction des erreurs périodiques et éventuellement d'un aplanisseur de champ pour les montures altazimutales. 5. Le facteur météo Ainsi que nous l'expliquerons dans l'article consacré au choix d'un site astronomique, après la couverture nuageuse qui peut vous empêcher de pratiquer l'astronomie, la turbulence atmosphérique constitue le principal obstacle à l'obtention d'une image révélant les détails du sujet. La brume ou un lieu d'observation humide (près d'un lac ou en bordure de mer) est également un critère à considérer pour l'acquisition d'une optique de haute qualité ou pour certaines applications (spectroscopie notamment).
Une turbulence trop forte pénalisera plus les grands télescopes (300 mm d'ouverture et plus) que les petits. Si vous observez toujours dans de telles conditions, choisissez un instrument de 80 à 200 mm d'ouverture. Bien sûr lorsque les conditions s'amélioreront et que la turbulence se stabilisera un instrument de grand diamètre vous laissera sans voix devant le spectacle qu'il vous offrira. De même, si la météo ne vous permet pas d'oberver le ciel profond, vous avez encore la possibilité d'observer le Soleil, notamment en hydrogène alpha où l'activité de surface et les protubérances vous retiendront durant des heures. Nous y reviendrons en détails lorsque nous décrirons les accessoires indispensables pour observer le Soleil en lumière blanche et en hydrogène alpha ainsi que dans l'article rédigé en anglais consacré au marché des télescopes solaires. Concernant l'observation du ciel profond (Voie Lactée, nébuleuses et galaxies) et des comètes, la pollution lumineuse limite également la capacité des télescopes à distinguer les faibles objets. Pratiquer l'astronomie en ville ou dans un endroit trop éclairé n'est bien sûr pas recommandé, mais si vous avez la chance d'avoir un jardin, une cour ou une terrasse donnant sur le secteur sud-est à ouest et quelque peu abrité de l'éclairage artificiel, vous avez le minimum requis pour faire de l'astronomie, quitte à placer un filtre anti-pollution lumineuse sur votre optique. Mais si vous ne pouvez pas observer le ciel depuis votre domicile, comment beaucoup de passionnés vous devrez emporter votre instrument et ses accessoires vers un lieu plus propice à l'observation. Pour certains amateurs, cet endroit se situe à quelques kilomètres de distance, d'autres préfèrent emporter leur instrument sur leur lieu de vacance. D'où l'intérêt que l'instrument que vous choisirez soit portatif. Mais nous verrons dans d'autres pages que pour certains amateurs l'encombrement importe peu tant que l'instrument est transportable ou même mobile (cf. le trépied dans tous ses états et les dobsoniens et autres "very large telescopes"). A travers ces différents critères, on constate déjà toute l'étendue des possibilités offertes à l'amateur d'où la nécessité de se faire conseiller par un expert et de prendre le temps d'approndir le sujet, soit par des lectures personnelles soit en discutant avec des amateurs ayant déjà une certaine expérience. Les critères personnels Le choix d'un instrument dépend également de critères qui vous sont propres. Voici par exemple une liste de question auxquels vous devriez répondre et qui vous aideront à cerner vots affinités et faire votre choix : Qui utilisera cet instrument ? On ne choisit pas un instrument d'optique pour un jeune adolescent comme celui destiné à un adulte. Et encore moins destiné à un débutant ou un amateur averti. On peut consentir certains compromis sur la qualité quand il s'agit d'acheter un petit instrument d'initiation mais il sera plus difficile de les justifier face à un expert autrement que financièrement. Combien d'argent suis-je prêt à investir pour acquérir un télescope et ses accessoires : 200 €, 500 €, 1000 €, 2000 € ou plus de 5000 € ? L'argent étant le nerf de la guerre, il est inutile d'espérer acheter le nec plus ultra du marché si votre budget est limité à 1000 €. Rien qu'une bonne monture équatoriale allemande risque de vous coûter aussi cher voire plus cher que votre tube optique, et vous n'avez pas encore acheté vos accessoires (oculaires, filtres, réducteur focal, CCD, bagues photographiques, batterie, etc). Sachez également que plus un instrument est perfectionné et haut de gamme, plus le délai de livraison est long. Attendez-vous à un délai de 4 mois pour un filtre interférentiel à bande étroite et supérieur à un an pour une lunette apochromatique de 130 mm de diamètre. Heureusement beaucoup d'autres produits sont disponibles de stock, et même en promotion ! Combien de fois vais-je l'utiliser ? A moins de vivre aisément et sans passion, rien ne sert d'investir dans un instrument de 10000 € voire même de 1000 € si vous n'êtes pas passionné et n'allez l'utiliser que deux fois par an pour observer un quart d'heure la Lune. Si c'est bien une question à négocier entre vous et votre conscience, soyez réaliste et n'investissez dans un instrument de ce prix que si vous disposez de la place et du temps nécessaires pour vous en servir. Dans quel but vais-je acquérir cet instrument ? Que voulez-vous observer ou photographier ? Nous le soulignerons encore, mais l'observation des planètes, de la Lune ou du Soleil en haute résolution ainsi que des petites galaxies lointaines nécessite des instruments puissants, de grands diamètres et de grands rapports focaux, très différents des modèles à courts rapports focaux utilisés pour observer des objets étendus dans leur totalité, les champs stellaires ou les comètes. Pour quel genre d'activité ? Visuelle, photographique, photométrique... ? Ce facteur intervient essentiellement dans la précision mécanique que vous allez devoir exiger de la monture et du type d'accessoires qui viendront compléter l'instrument ou solidariser le détecteur au porte-oculaire (APN, CCD, webcam, filtre interférentiel, photomètre, etc). Si vous ne comptez pas photographier les objets célestes ni mesurer quoi que ce soit, la robustesse de la monture, du porte-oculaire et la précision de l'entraînement peuvent être secondaires et vous pouvez probablement vous satisfaire d'une monture relativement légère sans pour autant sacrifier la stabilité. En revanche, celle-ci constitue un facteur limitatif en haute résolution si les erreurs de guidage dépassent quelques secondes d'arc, si la mise au point est fastidieuse et si la moindre vibration ou rafale de vent est visible à l'oculaire. Quelle qualité optique et mécanique exigez-vous ? Si vous comptez observer le ciel occasionnellement et n'êtes pas à l'affût de l'image la plus stable, la plus belle, ou si quelques aberrations résiduelles ne vous ennuyent pas, vous avez de la chance et vous avez le choix parmi toute la gamme de lunettes et de télescopes existants. Mais ne sacrifiez pas (trop) la qualité pour une question de prix car vous risquez d'être déçu. Si vous avez besoin d'une excellente optique alliée à une mécanique de haute précision, vous devez vous orienter vers des produits haut de gamme, souvent très onéreux. Quelle est ma conception optique préférée ? En fonction de vos réponses aux questions précédentes, vous allez devoir vous orienter soit vers les lunettes mais qui offrent un diamètre limité soit vers les télescopes qui vous ouvrent littéralement la voie aux grands diamètres. Voilà autant de question auxquelles vous devez d'abord répondre avant de porter votre choix sur une catégorie d'instruments, un type de lunette ou de télescope précis. Vos réponses vous indiqueront déjà quelle type et quelle catégorie d'instruments conviennent à votre usage et... à votre portefeuille. Quel(s) accessoire(s) acheter ? Pour un amateur débutant ou occasionnel qui n'a aucun équipement, il est plus raisonnable de commencer par acheter l'indispensable et si possible des accessoires de qualité car ce sont ceux que vous utiliserez le plus et qui doivent donc conserver leurs qualités le plus longtemps en terme de robustesse, de confort et de performances. En résumé, que faut-il faire ? Il y a deux cas de figure. Dans le premier cas, l'argent étant le nerf de la guerre, commencez par acheter peu d'accessoires onéreux et complétez l'installation quelques mois plus tard. Patientez le temps d'être certain d'avoir le temps, l'envie et que les conditions météos sont réunies pour pratiquer l'astronomie car il s'agit malgré tout d'un investissement relativement onéreux si on compte tous les accessoires nécessaires. En effet, pour un petit instrument, une panoplie complète d'accessoires peut doubler ou tripler la facture de base (oculaires grands champ, doubleur et réducteur-correcteur de focale, résistance chauffante anti-buée, filtre solaire objectif, fixation en parallèle, un viseur à Point rouge à tête haute, un renvoi à 90° plus performant et, si vous faites de la photo, une caméra CCD, des filtres colorés, une batterie et peut-être une monture plus robuste et un ordinateur portable plus moderne). Pour un amateur averti tout cela n'est pas un luxe. Mais comme chacun sait, on croit bien faire en achetant du "temporaire" bon marché mais il devient souvent définitif. Or en matière d'optique, de mécanique et d'électronique, le plus souvent on constate qu'il s'agit de produits bas de gamme peu robustes ou peu performants qu'on finit par remplacer, d'où une perte d'argent inutile sauf qu'elle vous a permis de faire votre première expérience. Dans le second cas, si vous observez dans une région où le ciel est rarement dégagé tant le jour (pour observer le Soleil) que la nuit, pourquoi ne pas profiter au maximum des rares moments où le ciel est clair au lieu d'observer avec un minimum de matériel, au risque d'être déçu faute d'avoir les accessoires nécessaires ? Vu sous cet angle, l'argument est pertinent et mérite réflexion. Aussi, à condition d'être certain de vouloir pratiquer l'astronomie et de savoir où installer votre matériel, si vous avez les moyens d'acheter une bonne optique et les accessoires les plus utiles (et souvent onéreux) tout de suite, autant en profiter, d'autant que le vendeur consentira peut-être une ristourne supplémentaire. Ce genre de décision ne se prend pas en cinq minutes et comme pour tout achat il y aura des compromis à faire entre qualité, performances et prix. Certains amateurs misent tout sur la qualité de l'image là ou d'autres préfèrent un grand diamètre pour son pouvoir de résolution; d'autres achètent plusieurs télescopes avant d'être satisfaits. Chacune de ces écoles a ses fervents défenseurs et il est vain de vouloir critiquer l'une plutôt que l'autre idée. A présent que notre cahier des charges "subjectif' est défini, que nous savons en principe ce que nous voulons et ne voulons pas, il faut encore choisir la taille de l'instrument qui va forcément se répercuter sur son encombrement et sur le prix. En quête d'un petit télescope Notre principale quête soulève déjà une première question : pourquoi choisir un petit instrument ? On peut dire sans se tromper qu'il y a trois raisons qui peuvent pousser un amateur à acheter un petit instrument, qu'il s'agisse d'une lunette ou d'un télescope (nous aborderons la question spécifique des jumelles et des longues-vues en dernière page) : 1. Le prix 2. L'encombrement (volume et poids) 3. La grandeur du champ de vision. 1. Le prix Si c'est uniquement pour une question pécuniaire aucun modèle en soit n'est meilleur qu'un autre. Les optiques russes et chinoises par exemple, réputées économiques, sont capables de pénétrer tous les marchés. Si l'amateur à l'embarras du choix, la déception est souvent au rendez-vous car en matière d'optique et de mécanique la qualité se paye. Il faut donc examiner les performances de l'instrument et surtout ses points faibles pour bien choisir. Nous verrons qu'au-dessus de 100 mm d'ouverture, les télescopes catadioptriques présentent certains avantages. Mais dans cette catégorie un dobsonien de 150 mm est encore meilleur marché. Et pour un bricoleur prêt à fabriquer son télescope, rien ne vaut le sur mesure.
D'un autre côté, la qualité et le savoir-faire se payent rubis sur l'ongle. Toute ressource investie dans la conception d'un élément de précision ou dans le choix de composants haut de gamme est répercutée sur le prix de vente. L'amateur qui mise tout sur la qualité sait donc d'avance qu'il va la payer très cher. Il faut donc être passionné et financièrement aisé pour n'accepter aucun compromis. 2. L'encombrement Quand on choisit un instrument portatif ou même transportable, on ne veut pas acheter un instrument qui ressemble à un jouet mais on ne veut pas nécessairement non plus un instrument si encombrant ou si lourd qu'il faut être deux pour le déplacer ou transporter quatre valises sur le terrain. A ce jeu, les petites lunettes à tube court jusqu'à 100 mm de diamètre ainsi que les petits télescopes catadioptriques jusqu'à 125 mm de diamètre et les astrographes jusque 200 mm de diamètre sont gagnants. Le poids étant souvent lié à l'encombrement, les télescopes catadioptriques sont nettement plus lourds que les lunettes ou les télescopes de Newton de même diamètre du fait qu'ils sont constitués de deux importantes masses de verre : le miroir primaire et la lame de fermeture ou le ménisque. A titre d'information, le tube optique (OTA) d'une lunette de 80 mm de diamètre pèse 2 kg, celui d'une lunette de 100 mm pèse entre 3 et 5 kg, celui d'un télescope de 125 mm ou d'une lunette de 130 mm pèse entre 5 et 8 kg, celui d'un Maksutov de 200 mm pèse 7 kg et celui d'un Schmidt-Cassegrain de 280 mm de diamètre pèse 12 kg. Il faut y ajouter le poids de la monture (2-10 kg) et des accessoires. Pour un instrument complet de 100 mm de diamètre azumital, on arrive à un poids de 5 kg maximum. S'il est fixé sur une monture équatoriale ou altazimutale, avec les moteurs d'entraînement on arrive à 8-10 kg. Notons qu'à partir de 15 à 20 kg, même un adulte de corpulescence moyenne peut éprouver des difficultés pour déplacer un tube optique ou une monture assez encombrante. C'est un critère à considérer qui conduit certains à préférer les instruments plus légers et portatifs. 3. Le champ de vision Ce paramètre est plus subtil car on ne le mesure pas a priori dans un magasin ou sur catalogue mais soit en effectuant des calculs ou en utilisant l'instrument. Si vous misez tout sur la largeur du champ de vision, il dépend du rapport focal et privilège les optiques dites "rapides" et notamment les astrographes qui fleurtent avec des rapports focaux de f/2. Leur prix pouvant être disuasif, l'alternative consiste à utiliser un télescope de Newton court dit "chasseur de comète". Une solution intermédiaire est d'utiliser une lunette ou un télescope catadioptrique équipé d'un réducteur-correcteur focal. Il permet en général d'obtenir un rapport focal entre f/4.3 et f/6.3 et de couvrir un champ variant entre 4 et 5° avec un oculaire de faible puissance. Mais le problème qui se pose dans ces optiques est l'apparition d'aberrations qui sont plus ou moins apparentes et corrigibles. De plus, certains réducteurs-correcteurs de focale sont dédiés à l'astrophotographie. On peut ainsi résumer les caractéristiques des optiques astronomiques : - A ouverture donnée quelle est l'optique la plus performante ? Sans conteste la lunette apochromatique - Quelle est l'optique la plus compacte que je puisse transporter dans une voiture ? Le télescope catadioptrique - Pour un budget minimum, quelle est l'optique la plus performante ? Le télescope dobsonien.
A propos du Made in China Le marché de l'optique astronomique amateur a beau être un marché de niche, il est très concurrentiel. Par conséquent, on trouve des clones de grandes marques à des prix très compétitifs mais dont la qualité est douteuse (par exemple des lunette génériques ST-80, ST-100, des télescopes d'entrée de gamme de 200 mm de diamètre, etc). Seul un astronome amateur averti ou une personne qualifiée pourra vous décrire la qualité de l'instrument que vous convoitez ainsi que ses limites et éventuellement la comparer à celle d'autres instruments. Mais il ne faut pas tomber dans le piège des marques grand public qui proposent souvent des marques génériques plus compétitives mais de moins bonne facture. Ces modèles ne sont pas vendus dans les mêmes magasins où, s'ils le sont - généralement dans des boutiques en ligne -, rien n'indique sur le bon commande qu'il s'agit d'une sous-marque chinoise d'un grand constructeur. Il arrive donc que certaines personnes comparent des instruments entre eux alors qu'en réalité ils sortent de la même usine et utilisent les mêmes composants, y compris le même objectif ! Pour ne citer que quelques exemples, on trouve chez Sky-Watcher - la marque chinoise de Celestron rachetée par Synta - des instruments identiques que chez Celestron, Meade ou Orion Telescopes & Binoculars. Même principe entre les marques Meade et Bresser ou entre les marques Apertura, GSO, Zhumell et Orion Telescopes & Binoculars. Si vous constatez que leurs modèles sont très similaires à la couleur ou l'autocollant près, en réalité ils sont identiques ! La seule différence se résume parfois à la couleur du tube ou aux accessoires (un oculaire, un viseur ou un trépied de meilleur qualité). En fait, bien que cela soit interdit, il y a des collusions entre certains fabricants (et pas uniquement chinois) qui n'hésitent pas à fabriquer dans la même usine les instruments de différentes marques et à aligner leurs prix à l'insu des autorités réglementaires et des clients. En général ces affaires finissent par être dénoncées et se terminent devant les tribunaux avec la faillite de l'entreprise (comme ce fut le cas pour Meade Instruments Corp. rachetée en 2021 par Optronic Technologies, Inc., alias Orion Telescopes & Binoculars). Moralité, renseignez-vous bien avant achat sur la qualité et l'origine de l'instrument que vous convoitez en posant des questions au vendeur et sur les forums spécialisés (Astrotests, Webastro, Futura-Sciences, Cloudy Nights, Sniper's Hide, fr.sci.astronomie.amateur, etc). Préselection Le marché des instruments d'astronomie regorge de centaines de modèles et il s'en crée de nouveaux chaque année. Comment choisir l'instrument idéal dans cette pléthore d'offres ? Passons brièvement en revue ce que nous avons décrit ci-dessus. Le télescope dobsonien est sans conteste celui offrant le meilleur rapport qualité/prix. Mais il faut savoir qu'on ne construit jamais de dobsonien inférieur à 150 mm f/8 et que vous avez tout intérêt à acquérir directement un modèle d'au moins 300 mm de diamètre. Une fois monté ce type de télescope mesure au minimum 40 cm de diamètre et 1.8 m de hauteur. Aussi avant l'achat vous devrez soupeser l'importance que vous accordez aux performances de votre télescope vis-à-vis de sa portabilité et de son encombrement. Le télescope catadioptrique est le plus compact des télescopes mais il peut parfois s'avérer assez lourd pour les grands diamètres. En astronomie, les catadioptriques de 200 à 400 mm d'ouverture sont les plus populaires. Ils n'ont pas la qualité des lunettes apochromatiques mais ils ont l'avantage d'offrir un grand diamètre et donc une excellente résolution (0.4" pour un télescope de 300 mm de diamètre). Quant à la lunette apochromatique, son excellente qualité optique se paye par un coût prohibitif, ce qui limite généralement ces instruments à 200 mm de diamètre. L'image est pratiquement exempte d'aberrations et de ce fait elle est plus nette, plus petite, plus lumineuse et offre des couleurs plus saturées que celle d'un télescope catadioptrique. Mais sa résolution est également limitée (1" pour une lunette de 100 mm de diamètre). Ceci dit, à diamètre égal l'image offerte par une lunette apochromatique surpasse de loin celle de n'importe quel télescope.
Si ces critères sont utiles pour réaliser une première sélection, d'autres critères doivent être considérés pour départager les lunettes des télescopes ainsi que les différentes conceptions optiques. Pratiquement, en fonction de leur diamètre on peut diviser les instruments d'astronomie amateur en trois grandes catégories : 1. Jusque 90 mm : Usage astronomique limité en raison de la faible ouverture, très bonnes performances terrestres 2. Entre 100-180 mm : Beaucoup d'objets astronomiques à observer mais après quelques années les sujets deviennent plus rares. Performances terrestres remarquables mais parfois inadaptées. 3. 200 mm et supérieurs : Suffisamment de sujets astronomiques pour vous occuper toute la vie. Inadapté à l'observation terrestre en raison du grossissement important (25 à 40x minimum) et de l'encombrement. Ces catégories sont données à titre indicatif car le marché des lunettes et les télescopes vise avant tout à satisfaire un besoin, un objectif particulier comme l'initiation, l'observation de la nature, l'astrophotographie, le ciel profond, l'observation planétaire, l'observation du Soleil, etc. Cette division en trois catégories vous aidera à cerner vos besoins en comprenant mieux les limites de chaque catégorie d'instruments. Dans cet article consacré aux petits télescopes portables et polyvalents nous nous intéresserons uniquement aux instruments de 60 à 130 mm de diamètre et à tube court, leur gabarit permettant de les transporter aisément, ce qui n'est plus vrai pour les diamètres supérieurs beaucoup plus encombrants. Exceptionnellement nous aborderons brièvement les lunettes apochromatiques de 130 mm déjà plus encombrantes ainsi que les petits astrographes jusque 200 mm de diamètre car ils ont un tube très court. Commençons cette revue par décrire les petits instruments de 60 à 90 mm de diamètre. Prochain chapitre Les petits instruments de 60 à 90 mm
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