|
Le
test d'un miroir de 460 mm à F/D = 4
|

1.
Le télescope
C'est un équatorial de conception
surbaissée qui a été essentiellement conçu
pour être transporté sur remorque. La réalisation mécanique
du télescope et de sa remorque est due à Patrick Lequèvre.
La mise en place du télescope avant mise en station s'effectue en
une dizaine de minutes. Nous l'utilisons régulièrement dans
un site situé à 1000 m d'altitude environ dans le sud du
massif du Bugey. Plusieurs fois par an nous testons de nouveaux sites qui
se révèlent parfois exceptionnels.
Le miroir primaire de diamètre
460 mm a été réalisé à l'origine par
la société "Dany Cardoen Télescopes" (qui garantissait
une précision de /20
minimum, avec même un bulletin de
contrôleà /70
!), le secondaire est un plan hexagonal ASTAM de 110 mm de petit axe.
Un des "bulletins
de contrôle" livrés avec le miroir
2.
Premières observations
Les premiers
tests sérieux ont été réalisés environ
quatre ans après la première lumière de l'instrument
(1994). Il y a plusieurs explications à cela. Nous manquions au
début d'expérience en optique et en observation. Notre premier
instrument était un classique 200 mm à F/D = 6. Passer d'un
200 mm à un 450 mm est un choc impressionnant en raison de la différence
de quantité de lumière collectée, surtout quand on
ne peut pas comparer . Nous fumes alors complètement subjugués
par les objets que nous observions dans notre site de moyenne montagne
: dentelles du cygne, Dumbell, galaxies M33, NGC 891 et bien d'autres.
Sur la Lune,
nous faisions de formidables balades, bénéficiant d'une grande
maniabilité de l'instrument motorisé sur les deux axes, et
d'oculaires à grand champ. Sur les planètes, le contraste
n'était pas vraiment au rendez-vous, mais nous adhérions
alors aux préjugés : c'est un instrument de grand diamètre,
son domaine de prédilection est le ciel profond et non la haute
résolution. Et puis notre site est très bon mais pas exceptionnel.
Nous avions l'intention de pousser l'instrument à sa limite un peu
plus tard.
3.
Les tests visuels
Quatre ans après,
nous avons l'occasion d'observer dans un site exceptionnel dans les alpes
du sud. Un peu mieux aguerri quant aux tests optiques, bénéficiant
de l'expérience de la taille d'un 200 mm et des conseils d'amis
mieux formés, nous commençons une série de tests sur
les étoiles.
L'analyse des
plages intra et extra focales montre alors une dissymétrie évidente,
avec des aigrettes bien marquées sur l'anneau extérieur en
position intra - focale : signe d'une bord rabattu important, d'autant
plus que notre miroir est alors diaphragmé de 5 mm au rayon par
une couronne qui sert également de protection anti-basculement.
L'analyse des plages semble également montrer, avec moins de certitude,
l'existence d'au moins une zone.
Sur Jupiter,
nous sommes stupéfaits de constater que des instruments équivalents
et même de moins grand diamètre présents sur le site
donnent des images plus contrastées, qui tranchent nettement avec
le fond de ciel.
Très intrigués,
nous décidons d'enlever la rondelle protectrice. Catastrophe : la
diffusion est telle sur la zone externe qu'il n'est plus possible de faire
la mise au point sur une étoile à un grossissement de 250
fois. Les étoiles brillantes présentent des aigrettes très
prononcées. En fait, cette rondelle protectrice aura servi pendant
quatre ans de cache-misère, et nous aurions mieux fait de diaphragmer
vraiment le miroir à 400 mm, ce qui nous aurait fait certainement
gagner en qualité.
4.
Le test de Foucault photographique
Il confirme les
observations à l'oculaire : le miroir est zoné. L'image montre
deux zones assez contrastées et bien sûr le fameux bord rabattu,
qui est en réalité une zone rabattue de 25 mm de largeur.
Cette zone représente à elle seule 22% de la surface collectrice
du miroir et rejette la lumière totalement en dehors de la tache
de diffraction, à 12 fois son rayon ( o
= 12 ).
Ceci explique les fortes aigrettes observées sur l'anneau extérieur
et en grande partie la perte de contraste.
Etoile
|
Capella (magnitude
0,2) à environ 45° de hauteur
|
Pourcentage
de coupe
|
Environ 50%
|
Temps
de pose
|
7 minutes
|
Dispositif
imageur
|
Objectif photographique
de 50 mm de focale ; F/D = 1,8
|
Film
|
TP 2415
|
Développement
|
Révélateur
HC 110 ; 12 minutes à 20°C
|
Tableau
1 : Paramètres du Foucault
photographique
5.
Le contraste de phase
Source
|
Halogène 150
W par fibre optique
Fente de 30 m
|
Lame
de phase
|
Densité = 2,16
Largeur = 0,4 mm
|
Temps
de pose
|
30 s
|
Dispositif
imageur
|
Objectif photographique
de 300 mm de focale; F/D = 5,6
|
Film
|
TP 2415
|
Développement
|
Révélateur
HC 110 ; 12 minutes à 20°C
|
Tableau
2 : Paramètres du cliché par contraste
de phase
Bien entendu
nous n'en restons pas là. Gêné par l'affaire, notre
"opticien" nous propose de recontrôler le miroir et de voir après...
A quoi bon ? Le miroir a déjà été contrôlé...
(et payé : 35000 F, prix hors taxe, non aluminé). Et puis,
notre confiance est largement entamée. La "retouche" (en fait il
s'agissait de reprendre l'optique à zéro) fut menée
de manière indépendante par un opticien digne de ce nom (1999).
Voir
le résultat ci-dessous.
Au contraste
de phase, le micromamelonnage de plusieurs dizaines d'Angströms laisse
place à un résidu de quelques Angströms tout au plus.
Le miroir répond désormais aux
critères
de l'optique astronomique . Le bord rabattu a disparu, nous utilisons
au maximum le diamètre de l'instrument.
Résultat
: sur le ciel, les images sont très contrastées et on n'observe
plus de diffusion autour de Jupiter, ni près du terminateur lunaire.
Les étoiles supportent un fort grossissement. Même avec la
turbulence, les "speckles" sont très contrastés et très
nets ; l'état de surface est tel que le contraste autorise une vision
quasi théorique des aigrettes d'une étoile brillante : on
peut voir deux interruptions très nettes. Le classique "star test"
ne laisse apparaître aucun défaut.
Sur Les planètes,
les images ont gagné en contraste. Les satellittes de Jupiter ne
sont plus des "hirondelles" mais des petites billes bien nettes avec même
des nuances dans de bonnes conditions. M13 est devenu un amas de taches
de diffraction et supporte facilement un fort grossissement.
7.
Les Images
Miroir de 460 mm; F/D =
4
|
Bulletin de contrôle
|
Foucault photographique
(voir tableau
1)
|
|
AVANT
Optique Cardoen,
contrôle indépendant
/1,4
|
 |
 |
|
APRES
Retouche indépendante,
conditions de contrôle identiques
/25,5
|
 |
 |
 |
|