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Le problème OVNI

Le site de Cydonia sur Mars. Image prise la sonde Viking 1 Orbiter. Document NSSDC 035A72.

L'influence scientifique (VI)

L'astronomie

Depuis l'avènement de l'astronautique, à plusieurs reprises des scientifiques de renom ont proposé certaines hypothèses hardies et saugrenues que des chroniqueurs peu scrupuleux traduisirent dans leur journaux sans trop savoir ce qu'ils écrivaient.

On ne peut ignorer l'influence des fameux "canaux" martiens soi-disant découverts par Schiaparelli et Lowell au tournant du siècle dernier, remis au goût du jour par les clichés de la NASA montrant des lits de cours d'eau asséchés et des dépôts d'alluvions.

Certains astronomes contemporains, tels M.Walter, D.Des Marais, R.Hoagland ou R.Burns n'hésitèrent pas en voyant les premiers clichés, à faire l'hypothèse qu'il existe des fossiles, des analogies terrestres ou des monuments artificiels sur Mars, autant de structures apparentes liées à la mauvaise résolution des caméras envoyées en éclaireurs sur la planète Rouge. Grâce à la sonde d’exploration spatiale Mars Global Surveyor, des images en haute résolution du fameux "visage de Mars", Cydonia, ont été prises en 1998 qui démontrent qu'il s'agit bien d'une montagne isolée érodée par les vents de sables[18]. Comparant les anciennes et les nouvelles images, le commentaire de la NASA est explicite à ce propos : "les images parlent d'elles-mêmes".

Jusqu'en 1948 environ, tous les vulgarisateurs se demandaient si Mars était habitée, illustrant leurs propos de naïfs petits hommes verts sortis tout droit de la littérature anglo-saxonne, en particulier des romans de H.G. Wells qui furent traduits dans toutes les langues. L'Union soviétique se démarquera jusqu'à la fin des années 1950, époque à laquelle l'astronome Tikhov[19] était toujours persuadé de reconnaître les traces d'une vie végétale dans les spectrogrammes de la planète Rouge.

A la même époque, l'astrophysicien soviétique Iosef Shklovsky[20] pensait également que les satellites de Mars étaient creux, donc artificiels, et construits par une civilisation très avancée, seule hypothèse pouvant expliquer le mouvement séculaire des deux satellites. La découverte de Cydonia par la sonde Viking Orbiter sur laquelle se dessinait un visage allait aussi dans le sens que Mars avait pu abriter une civilisation technique fort évoluée.

La NASA s'intéressa également aux phénomènes lunaires transitoires (LTP) qui, depuis 2000 ans, provoquent temporairement des changements de couleurs et des flashes brillants en certains endroits bien précis de la surface de la Lune[21].

L'un des dix satellites UFO qui furent lancés entre 1995 et 1999.

Certains équipages des missions Mercury, Gemini et Apollo observèrent également ces manifestations - de même, selon le Dr Hynek[22] l’équipage d’Apollo 11 qui observa "un objet étrange non pas en parking autour de la Lune, mais en vol, au-devant d'eux", si bien que le public pouvait aisément croire que les officiels de la NASA "nous cachait quelque chose" comme le disent les ufologues.

Quelques institutions scientifiques ont également filmé des OVNI, tel l'Observatoire du Smithsonian (SAO) et des témoins proches des bases américaines d'essais nucléaires (Los Alamos).

Rappelons enfin qu'entre 1995 et 1999 la NASA lança dix satellites de communication militaires baptisés UFO (UHF Follow-On), pour remplacer la constellation des satellites FLTSATCOM et Leasat. Juste l'acronyme qu'il fallait pour brouiller encore un peu plus les pistes dans les rapports et les transmissions radios !

L'idée d'une vie extraterrestre s'est enfin renforcée par la bioastronomie[23], cette nouvelle branche de l'astronomie qui étudie les possibilités de vie dans l'Univers en se fondant sur nos connaissances en cosmologie, en astronautique, en radioastronomie et en exobiologie (biologie en dehors de l'environnement terrestre). Aujourd'hui le système d'écoute le plus performant est le fameux projet BETA, un scanner radioastronomique couplé à un système informatique capable d'écouter des centaines de millions de fréquences simultanément.

En 1973, le médiatique Carl Sagan, auteur de la série télévisée "Cosmos" parlait d'une possibilité de "Contact" avec des êtres intelligents extraterrestres (CETI). Mais devant le peu de résultats probant des programmes d'écoute, il reconnut peu après qu'il n'était plus question de contact mais plutôt de "recherche d'intelligences extraterrestres" - SETI- , quoique sous-entende son dernier film “Contact”.

Mais entendons-nous bien, à l'heure d'aujourd'hui ces potentiels "êtres intelligents" sont réduits à des systèmes de raies, représentant quelques nuages interstellaires de molécules d'hydrogène ou organiques, mais rien de plus évolué. Les seuls endroits où les biochimistes espèrent trouver des traces abiotiques ou des formes de vie plus évoluées restent les atmosphères planétaires riches en composés organiques (Titan ou Jupiter par exemple). Mais ne vous attendez pas à y trouver des poissons ou quoi que ce soit d'autre; ce sera tout au plus des pseudo-bactéries, des algues uni ou pluricellulaires, voire des bases azotées ou même de simples molécules polymérisées.

Protégé par une jaquette en or, les sondes spatiales Voyager 1 et 2 lancées en 1977 contiennent un message encyclopédique de l'humanité.

Messages aux extraterrestres

Côté médiatique, dès 1972 Sagan réussit à placer une petite plaque schématisant l'homme et le système solaire sur les sondes spatiales Pioneer 10 et 11. Il parvint également à convaincre la NASA de placer un disque encyclopédique à bord de chacune des sondes Voyager 1 et 2 qui, quelques années plus tard devaient quitter le système solaire.

En 1986, sous l'initiative de l'astrophysicien Hubert Reeves, les amateurs ont pu envoyer des messages radios dans l'espace, renouvelant la fameuse émission d'Arecibo.

En 1999, un message similaire mais plus élaboré fut conçu par les physiciens canadiens Yvan Dutil et Stéphane Dumas. Il fut envoyé vers quatre étoiles similaires au Soleil dans le cadre du projet Cosmic Call.

Plus récemment, en 2006, en collaboration avec Jean-Jacques Beineix, réalisateur et producteur de Cargo films, le CNES diffusa simultanément sur les ondes de la chaîne TV ARTE et dans un radiotélescope installé à Aussaguel (Toulouse) une émission télévisée intitulée "Cosmic Connexion". D'une durée de 2h50, le message télévisé présenté à une heure de grande écoute fut envoyé en temps réel à destination de l'étoile Errai, γ Cephei, une sous-géante rouge âgée de 6.6 milliards d'années et située à 45 années-lumière autour de laquelle gravite en 903 jours une exoplanète 1.6 fois plus massive que Jupiter. En fait Errai fut choisie symboliquement parce que suite à la précession des équinoxes, elle sera notre étoile Polaire dans 25 siècles, en l'an 4500.

En effet, il ne faut pas considérer ces actions comme des tentatives de conquête, d'une soif de reconnaissance ou d'une mégalomanie. Elles visent simplement une recherche intellectuelle, une saine curiosité dans le désir qu'éprouve chacun à communiquer avec autrui. Ces tentatives sans prétentions n'ont qu'une valeur symbolique mais reflètent bien l'esprit actuel du public devant l'une des plus grandes énigmes de notre temps.

Il faut bien le souligner, le fait d’envoyer ces messages dans le cosmos comme on enverrait une bouteille à la mer, ne signifie pas que les astronomes s’attendent à ce qu’ils soient captés là-haut quelque part par une civilisation extraterrestre, à l’inverse de toutes les actions scientifiques qui ont en général un objectif concret. Celui-ci est purement symbolique. Bien sûr, si l’un d’eux est capté et si on nous répond, nous en serons les premiers étonnés et probablement incrédules. Mais cette probabilité de rencontre est quasi nulle, même à l’échelle de la vie d’une civilisation.

Une fois encore, si certains arguments ont des relents d'anthropocentrisme, il ne s'agit toujours que d'hypothèses. Dans ces domaines, rien, aucune preuve ne fait étayer l'hypothèse extraterrestre.

Le public peu critique prend bien souvent ces annonces et ces tentatives symboliques au pied de la lettre et fait vite l'amalgame entre toutes ces idées, se forgeant une conception bien particulière, mais erronée, de la vie extraterrestre.

Les énigmes archéologiques

Dans leur fameux livre "Le matin des magiciens" publié en 1960, les journalistes français Louis Pauwels et Jacques Bergier[24], réconfortés par les explications de certains chercheurs, confirmèrent les traces de visites d'extraterrestres sur Terre. Mais les scientifiques s'interrogent sur la vraisemblance de ces preuves. Ils sont très réticents à reconnaître le passage d'éventuels ambassadeurs de l'espace.

Les "pistes de Nazca" au Pérou inaugurèrent un large débat dans les années 1970. Le célèbre "National Geographic", les magazines d'ufologie, d'archéologie et d'astronomie s'en firent même l'écho. Ces géoglyphes couvrent environ 450 km2 d'une région aujourd'hui désertique couverte de cailloux. Soit-disant uniquement visibles du ciel (c'est faux car la plupart peuvent être vue depuis une colline proche), ces tracés parfois longs de plusieurs kilomètres ne pouvaient pas a priori avoir de significations pour une civilisation contrainte de rester au sol.

Des étude détaillées (mais incomplètes) conduites par les archéologues Paul Kosock et Maria Reiche conclurent qu’il s’agissait des traces de relevés en relation avec un calendrier astronomique ou des messages symboliques à l'intention des dieux, à l’image des symboles que les Celtes ont tracé en Irlande. Au début des années 2000, Donald Proulx et Stephen Mabee, respectivement paléontologue et hydrogéologue à l'Université du Massachussetts, ont suggéré qu'il s'agit de tracés marquant "les sources et le flux des aquifères souterrains qui transportent l'eau en diagonale à travers les affluents du drainage du Rio Grande sur la côte sud du Pérou". D'autres chercheurs ont proposé que les tracés sont en relation avec les anciens lits de rivières qu'ils recouvrent et la vie sociale des Nazcas[25]. Mais aucune preuve, aucun artefact, n'a jamais soutenu ces hypothèses.

Mais à partir de 2015, l'archéologue péruvien Markus Reindel découvrit de nouveaux indices et réfuta ces théories. En effet, Reindel et son équipe découvrirent sur les sites de nombreux géoglyphes des coquilles de spondyles, des bivalves marins connus pour symboliser l'eau chez certains peuples, ainsi que des tables d'offrandes en pierre cachées sous des monticules de pierre aux extrémités de certains géoglyphes. Des sondages magnétométriques dans les pistes tracées au sol indiquent également que leur surface fut damée et est beaucoup plus tassée que les zones extérieures. Les chercheurs découvrirent également dans les couches sédimentaires de la région des preuves qu'une longue période de sécheresse sévit au VIe siècle. Reindel en déduit que les géoglyphes sont des tracés en relation avec le culte de l'eau. Au cours des périodes de sécheresse, les Nazcas auraient organisé des cérémonies pour invoquer le dieu de la pluie en marchant dans les géoglyphes. Supportée par les artefacts et les données recueillies sur le terrain, cette hypothèse est beaucoup plus convaincante que les précédentes et balaye évidemment l'hypothèse extraterrestre à laquelle aucune personne sérieuse n'a jamais cru.

A lire : Le cadre géologique des lignes, dessins et autres géoglyphes de Nazca, Pérou, P.Thomas/ENS Lyon

A gauche, la fameuse "piste d'atterrissage" de Nazca dont voici une autre photo serait, selon Markus Reindel, un tracé cérémonial en relation avec le culte de l'eau. Pas besoin de se tourner vers une théorie extravagante faisant appel à une technologie extraterrestre ! Au centre, une vue satellite de Nasca couvrant une région de 18x14 km. On distingue un grand nombre de lits de rivières asséchés il y a probalement plus de 1500 ans. A droite, les statues de Rapa Nui sur l'île de Pâques. Ces constructions monumentales rendaient hommage aux Anciens et dans ce cas-ci elles protégaient une carrière de Moaï, faisant office de lieu tabou, le mot étant d'origine polynésienne. Documents Diego Deslo, EO/NASA et Wallpaper flare.

Il en est de même pour les pierres monumentales de Baalbeck, les statues de l'île de Pâques ou les pyramides d'Egypte : rien à voir avec les "soucoupes volantes" ou des "cosmodromes" chères aux défenseurs de la "théorie des Aliens"... Mais certains rétorquent comment un peuple primitif aurait-il été capable de soulever ces pierres sans aide extérieure, comment ont-ils pu réunir les blocs formant les pyramides avec autant de précision ?... Des simulations sur le terrain ont prouvé qu'avec une technique simple et moyennant suffisamment d'hommes, de telles pierres pouvaient être érigées. Cependant il reste des énigmes, notamment l'écriture rongorongo découverte sur des tablettes en bois sur l'île de Pâques.

On peut aussi rappeler certaines fresques et tapisseries médiévales tout aussi "énigmatiques". Dans un coin, derrière certains personnages, on distingue des symboles isolés, des sortes de vaisseaux volants à bord desquels se trouvent des personnages. Sur d'autres continents, sur certaines fresques des aborigènes australiens ou précolombiennes, certaines figurines humaines semblent porter un scaphandre. A Palenque, au Mexique, une dalle de 8 m2 sculptée par les Maya semble représenter un pilote aux commandes de son vaisseau... Ces indices sont-ils l'interprétation artistique d'une expression ou les preuves d'une visite extraterrestre ?

Notre inconscient peut ici se révéler notre ennemi. L'étude scientifique (ethnologique, historique, artistique, théologique, etc.), objective et réaliste n'apporte parfois que des fragments de réponse, laissant les chercheurs dans l'expectative. Ce n'est souvent qu'au bout de plusieurs années ou décennies de recherches qu'on découvre la véritable explication qui n'a rien d'extraordinaire au sens scientifique ni de surnaturelle.

L'explication se fait d'autant plus attendre que le sujet n'intéresse parfois qu'un couple de spécialistes qui consacre toute sa vie au sujet (Maria Reiche et Paul Kosoc à propos des pistes de Nasca, Griaule et Dieterlen à propos des Dogon, etc). Soit ils sont les seuls experts et leurs collègues se désintéressent de leurs travaux soit les découvertes et les études sont insuffisantes pour avancer une explication.

Mais si la rumeur persiste alors qu'il existe un réel objet d'étude, une équipe de scientifiques finira par se dévouer pour étudier systématiquement le sujet et tenter d'apporter toute la lumière sur cette énigme. Et c'est de cette manière que la plupart des énigmes archéologiques ont été résolues et que des canulars ont été dénoncés, souvent plusieurs décennies voire plusieurs siècles après la découverte. Entre-temps les médias et les ufologues ont eu tout le temps d'imaginer les histoires les plus fantastiques et de semer le doute dans l'esprit du public en invoquant la désinformation ou la conspiration à défaut d'idées constructives.

A voir : Puma punku mystery solved, ancient aliens debunked

ou quand des amateurs et des pseudoscientifiques se prennent pour des experts

A gauche, la curieuse pierre taillée de Palenque sculptée par les Maya que les ufologues comme Eric Von Daniken interprètent comme la représentation... d'un astronaute extraterrestre. Au centre, les ruines du site pré-Inca de Puma punku en Bolivie. A droite, un exemple de réalisation très précise observée sur certains blocs : un petit trou parfaitement creusé et rectiligne. Les blocs sont composés d'andésite, une roche volcanique d'une faible dureté (1.5 sur 10 et donc aussi friable que le soufre ou le graphite) qui a permis de les tailler avec une précision d'orfèvre tout à fait surprenante. Sans connaître leur sujet, cette précision fait dire aux ufologues que ces blocs furent sculptés grâce à une technologie avancée (laser, etc) et donc par des extraterrestres. En fait, il s'agit d'un temple construit par la civilisation Tiwanaku (Tiahuanaco) vers 400-500 de notre ère. On retrouve le même genre de construction monumentale chez les Incas (cf. Cuzco et Machu Pichu).

Comme l'explique l'astronome Emmanuel Davoust[26] de l'Observatoire Midi-Pyrénées de Toulouse à propos des conclusions des ufologues, "toutes ces révélations [à propos des énigmes archéologiques] sont à prendre avec beaucoup de scepticisme, sinon avec une complète incrédulité". Sans preuves d'une influence extraterrestre, nous pouvons effectivement partager son point de vue. Mais à ses yeux, en 1988 il disait encore : "un seul cas mérite un examen approfondi, celui de l'astronomie des dogons".

Rappelons que les travaux de Marcel Griaule et Germaine Dieterlen sur la cosmogonie Dogon furent publiés à partir de 1948 et faisaient ostensiblement référence à un savoir scientifique que les Dogon ne pouvaient pas posséder en propre. Ils parlaient par exemple des caractéristiques du système de Sirius et notamment de l'existence d'une étoile naine ainsi que de la forme spirale de la Voie Lactée, des découvertes que les astronomes venaient à peine de faire. Or les Dogon n'ont jamais eu le moindre télescope...

Depuis la publication des travaux de Griaule et Dieterlen, les astronomes avaient donc la quasi certitude qu'il y avait méprise et que le travail d'investigation à la source avait été incomplet. Davoust concluait tout de même : "Mais comme pour les OVNI, nous refusons d'invoquer une intervention extraterrestre à défaut de trouver d'autres explications satisfaisantes". Ouf ! La démarche scientifique était préservée. En effet, il apparut que les Dogon subirent une imprégnation culturelle étrangère durant plusieurs décennies, notamment de la part des coloniaux et autres touristes européens de passage dans la région de Bandiagara ainsi que très probablement de la part de Griaule lui-même. Ainsi, en prenant connaissance des découvertes de l'astronomie à travers la lecture ou la narration d'articles de vulgarisation, l'un ou l'autre Hogon (chef spirituel) a pu habillement détourner ce savoir de son contexte et donner naissance à une cosmogonie originale dont, près d'un siècle plus tard, nous avons presque perdu les origines historiques.

La même situation s'était présentée jusqu'au milieu du XXe siècle avec certaines peintures rupestres d'Australie que certains auteurs - des ufologues - ont interprété comme représentant des scaphandres voire des extraterrestres. Aujourd'hui les ethnologes y compris ceux d'origine aborigène reconnaissent qu'il s'agit de la représentation chamanique du dieu du tonnerre tenant des marteaux. Du temps des OVNI nous sommes passé au "temps du rêve". Pour celui qui connaît la culture aborigène, cette explication est bien plus réaliste !

Le poète africain Amadou Hampâté Bâ avec lequel travailla Marcel Griaule faisait remarquer que lorsque qu'"un homme meurt c'est une bibliothèque qui brûle". Nous devons nous empresser de recueillir les contes enseignés par les vieux sages d’Afrique et d’ailleurs car sans preuves indubitables sur l'origine de leur savoir, leurs commentaires resteront des anecdotes qui raviveront les palabres. Le risque est alors grand de voir la rumeur faire acte de foi de ces témoignages et qu'ils soient déformés avec insouciance, bafouant la science et le respect du lecteur.

L'attitude rationnelle d'Emmanuel Davoust et des enquêteurs qui se sont penchés sur la cosmogonie Dogon doit attirer notre réflexion. S'il y a des personnes plus enclines à considérer les observations des journalistes comme matière classée, ces derniers ne considèrent pas apporter de solutions, mais uniquement des faits plus ou moins objectivés.

C'est ici que les scientifiques doivent rester objectifs, sans interpréter les faits ni influencer les réponses de l'environnement qu'ils étudient. La difficulté est qu'il n'existe pas de séparation nette entre théorie et croyance. Dans le cas présent, les scientifiques ont pour vocation d'objectiver les comptes-rendus qu'ils ont récoltés ou rapportés par des reporters et de dévoiler les éventuelles supercheries ou erreurs d'interprétation. Inversement, parfois il est nécessaire que les scientifiques rectifient les interprétations abusives des journalistes ou des témoins. Encore faut-il qu'ils n'aient pas de préjugés ou une attitude équivoque quant à la destination de leurs recherches. Nous détaillerons ces tâches lorsque nous aborderons la philosophie des sciences.

La science est une école de patience qui repose sur des lois cohérentes et étayées où l'intuition n'est pas très appréciée quoiqu'en dise Einstein. Mais la science n'aurait aucun avenir si elle ne faisait pas d'hypothèses et Newton pourrait nous le confirmer. A travers des protocoles rigoureux, le chercheur essayera d'expliquer la nature. Si un phénomène sort des normes, son rôle sera de l'expliquer avec de nouvelles lois, c'est-à-dire qu'en partant des faits il cherchera une explication, mais jamais l'inverse. Si la tâche de chacun est respectée nous comprendrons peut-être des phénomènes qui aujourd'hui restent incompris et nous expliquerons bien des énigmes.

Mais à côté des scientifiques qui influencent volontairement ou non les passionnés d'ufologie, il a des scientifiques et de soi-disant "experts" qui émettent des avis critiques a priori objectivés et documentés mais qui cachent en réalité des pseudoscientifiques et des mythomanes. Cette influence pseudoscientifique porte un lourd préjudice à la crédibilité de l'ufologie. Voyons quelques exemples.

Prochain chapitre

L'influence pseudoscientifique

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[18] M.Walter et D.Des Marais, Icarus, 101,1993, p129 - R.Hoagland, "The Monuments of Mars", North Atlantic Books, 1987 - R.Burns, Nature, 320, 1986, p55. Le “visage de Mars” a dévoilé son identité dans “The Planetary report”, Vol.XVIII, 4, 1998, p14.

[19] K.Guilzine, "Voyage vers les mondes lointains", Editions en langues étrangères, Moscou, 1958, p96.

[20] I.Shklovsky, "Univers vie raison", Ed. Planète, 1967, ch.18.

[21] W.Cameron, Sky & Telescope, Mar 1991, p265.

[22] J.-C.Bourret, "La nouvelle vague des soucoupes volantes", France-Empire, 1975, p234 - T.Good, “Above Top Secret”, op.cit., p384-387.

[23] B.Smith et R.Terrile, Science, 226, 1984, p1421 - C.Sagan, "Cosmic connection: ou l'appel des étoiles", Le Seuil, 1975 - C.Sagan, "CETI", MIT Press, 1973.

[24] L.Pauwels et J.Bergier, “Le matin des magiciens”, Gallimard 129 C6, 1960/1994; Hades Editions, 2019.

[25] A.Aveni, "Archaeoastronomy : Past, Present, and Future", Sky & Telescope, Nov 1986, p456-460.

[26] E.Davoust, "Silence au point d'eau", Teknea, 1988.


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