Contacter l'auteur / Contact the author

Recherche dans ce site / Search in this site

 

Le risque d'extinction de l'humanité

L'extinction de l'humanité après qu'elle ait saccagé la Terre et conduit le monde à sa perte. Document T.Lombry.

Combien de temps survivra l'humanité ?

Nous, êtres humains, faisons partie intégrante des écosystèmes; nous sommes un produit de la nature et subissons encore ses lois pour l'essentiel, quoiqu'on en pense. En théorie, nous dépendons totalement des interactions que nous pouvons avoir avec les animaux, les plantes et les micro-organismes, sans parler de l'influence directe des gaz atmosphériques sur notre santé ou celle des rayonnements solaires (champs électromagnétiques ou corpusculaires). Si l'équilibre de la biosphère venait à fléchir, nous subirions ses effets de la même manière que les autres espèces et nous devrions faire face à des problèmes écologiques voire sanitaires pour lesquels nous n'avons aucune solution (cf. par exemple l'émergence d'un nouveau virus létal).

En pratique, nous pourrions sans doute temporairement y résister ou les annuler grâce à notre science, mais cette "mise sous cloche" ou cette immunisation de notre humanité serait artificiellement entretenue. De plus nous ignorons les conséquences écologiques et les effets de cet isolement permanent des cycles naturels. Elle représente finalement la pire des solutions.

Ainsi que nous l'ont expliqué Stephen Gould, David Raup et Richard Leakey, depuis que la Terre existe, les extinctions de masse nous ont démontré qu'aucune espèce n'est supérieure aux autres et aucune ne peut échapper à ces mauvais coups du sort. Les raisons sont multiples : inadaptation face au changement, malchance ou un évènement extérieur sont autant de facteurs qui peuvent contribuer à l'extinction de certaines espèces.

Jusqu'à preuve du contraire, en aucun cas il ne faut y voir un signe du destin comme le fait que l'avenir de l'homme serait dicté par une puissance surnaturelle ou des théories plus extravagantes encore. Jusqu'à preuve du contraire, à l'échelle globale aucune espèce aussi gentille ou féroce soit-elle n'a échappée aux forces de la nature !

Rappelons qu'au cours des extinctions massives qui ont ponctué l'histoire de la vie, jusqu’à 98% des espèces existantes ont été anéanties ! Que l'homme soit à l'image de Dieu, un "bon sauvage" comme le pensait Rousseau ou plutôt un superprédateur, cela ne change rien à notre condition d'être vivant; nous devons relativiser notre supériorité et nous dire qu'en toute probabilité, nous aurons beaucoup de chances si nous ne disparaissons pas de la scène un jour ou l'autre.

Selon Stephen Gould, les grandes extinctions se produisent en moyenne tous les 26 millions d’années, sans aucun rapport avec les phénomènes astronomiques ou la sélection naturelle. La compétition entre espèces est simplement temporairement suspendue au profit de règles différentes face auxquelles aucune espèce n'est préparée.

Que l'homme fasse attention aux blessures qu'il inflige à dame Nature car ainsi que nous l'observons déjà avec l'effet de serre lié à nos activités industrielles et la raréfaction des ressources naturelles, un jour ou l'autre c'est toute la nature qui se retournera contre nous, bien sûr de manière imperceptible et naturelle, mais de la manière la plus surnoise du fait que nous sommes dans le déni et refusons la vérité et par conséquent d'agir dans l'intérêt de tous depuis plusieurs générations : perte de biodiversité, végétation malade, érosion des terres arables, terres stériles, eaux polluées, pluies acides, virus émergeants, microbiote appauvri, maladies chroniques, cancers... Cela a déjà commencé.

Un avenir incertain et inquiétant

L'Histoire de l'humanité nous a démontré que nous ne maîtrisons pas toutes les composantes de notre évolution et quand bien même nous avons tous les atouts pour survivre, nous parvenons à les gaspiller au point de mettre notre survie en danger pour assouvir des intérêts économiques, des désirs de conquêtes ou de pouvoir.

Si nous sommes si intelligents que nous le prétendons, pourquoi refusons-nous de voir la réalité en face et d'agir en conséquence ? Nous devons prendre conscience que notre attitude aujourd'hui irresponsable et égoïste envers la nature nous conduit de manière accélérée à notre propre perte. Car nous sommes également un superprédateur, et perchés au sommet de notre pyramide à l'allure de tour d'ivoire, nous nous croyons tout-puissants,  invincibles, autonomes et indépendants des autres communautés d'êtres vivants. Or en agisssant en égoïste, nous nous voilons la face et nous refusons de voir les effets directs et indirects que nous produisons en saccageant et en exploitant de manière irréfléchie nos ressources naturelles.

L'extinction annoncée de l'Homo sapiens. Document TROY BAKER/Whakatane Beacon

Partout dans le monde, la biodiversité s'appauvrit, les espèces disparaissent du fait de l'action des hommes. Des terres où l'on trouvait jadis des lions, des léopards, des éléphants ou des chimpanzés sont aujourd'hui dépeuplées à perte de vue. Pour assouvir nos besoins immédiats nous n'hésitons pas à sacrifier l'avenir de nos enfants au lieu de gérer notre patrimoine de manière raisonnable en veillant au développement durable.

Voyez ce qui est arrivé à l'île de Pâques. Aveuglé par le pouvoir, refusant d'accepter leur statut d'ilien et la limitation de leurs ressources, les Pasquans ont saccagé leur île jusqu'au dernier arbre pour finir par s'entre-tuer avant que leur civilisation ne disparaisse. Nous avons perdu une île tropicale luxuriante et tout un peuple. Aujourd'hui nous sommes sur la bonne voie pour reproduire ce scénario catastrophe... à l'échelle de la planète !

Si d'aucun considèrent que la période actuelle présente la plus grande diversité de tous les temps, si cette hypothèse se vérifie, la crise actuelle (en valeur absolue du nombre d'espèces éteintes) sera aussi la plus dévastatrice des extinctions de masse de tous les temps !

Au taux où disparaissent les espèces - une espèce disparaît toutes les 20 minutes -, les chercheurs estiment que nous sommes déjà dans une période d'extinction massive, la sixième (ou la septième en comptant celle du Guadalupien)... celle de l'humanité. Pire, nous l'avons provoquée ! Et nous y excellons car nous avons malheureusement une expérience séculaire en ce domaine ! En effet, au cours de leurs recherches paléontologiques, les scientifiques se sont demandés pourquoi certaines espèces d'homininés (sp. Homo) avaient disparu alors qu'une espèce parente qui vivait dans la même région à la même époque survécut pendant des dizaines ou des centaines de milliers d'années. On l'a remarqué avec les 10 espèces d'homininés mais en particulier avec l'Homo erectus, l'homme de Néandertal, l'Homo desinova et le Peuple du Cerf Rouge, quatre espèces qui ont cotoyé l'Homo sapiens et qui ont pourtant disparu. Pour quelle raison ? La question reste ouverte car il est difficile de prouver que ces espèces ont disparu d'elles-mêmes suite par exemple à une épidémie, un empoisonnement ou même une catastrophe naturelle d'ampleur régionale. On ne peut pas non plus affirmer sans preuve que ces espèces qui vivaient sur les mêmes terres que l'Homo sapiens furent victimes d'une extermination (cf. L'Homo sapiens a-t-il tué les autres espèces humaines ?). Quoiqu'il en soit, l'Homo sapiens est la seule espèce humaine qui survécut et il n'a plus aucun prédateur.

Malheureusement, nous n'avons toujours pas retenu les leçons du passé dont celle qu'il est plus avantageux de s'entraider que de s'entretuer; par peur de l'étranger, de sa culture ou de sa religion, nous n'hésitons pas à tuer nos semblables et à commettre des génocides pour imposer nos idées et notre suprématie. Mais ce ne sont pas les actions les plus dangereuses commises par l'Homo sapiens. Chaque année, nos actions inconsidérées tuent indirectement des millions de personnes victimes de "maladies de civilisation" et autres cancers. Et ce n'est pas tout car nous excercons également une pression démographique sur l'environnement qui tue indirectement des dizaines de milliers d'espèces chaque année ! On reviendra sur les effets de la pollution atmosphérique notamment dans le cadre de l'après-Kyoto et du principe "pollueur-payeur" ainsi que sur la perte de biodiversité.

A voir : Don't Choose Extinction, UNDP, 2021

Limite supérieure du taux naturel d'extinction de l'humanité

Le zoologue et biomathématicien Andrew E. Snyder-Beattie, directeur du Research at the Future of Humanity Institute à l'Université d'Oxford et ses collègues Toby Ord et Michael B. Bonsall publièrent en 2019 dans la revue "Nature" un article intitulé "An upper bound for the background rate of human extinction" (Une limite supérieure pour le taux naturel de l'extinction humaine) dans lequel les chercheurs s'interrogent sur la probabilité d'extinction de l'humanité. Voici un résumé de leur analyse qui complète celle de Richard Gott III sur l'espérance de vie d'une société.

Dans son livre "Extinction: Bad Genes or Bad Luck" (1991), le paléontologue statisticien David M. Raup estime que "Si 99.9% des espèces qui ont vécu sur la Terre sont maintenant éteintes, cela veut dire que le processus de naissances d’espèces s’est produit pratiquement autant de fois que celui d’extinction." (D.Raup, "De l'extinction des espèces", 1993, p18). Bien que l'activité humaine augmente considérablement le taux d'extinction pour de nombreuses espèces (cf. A.D.Barnosky et al., 2011), les extinctions de masse et même d'une seule espèce sont des évènements naturels qui sont survenus régulièrement bien avant l'émergence de l'humanité.

Evolution de la probabilité du taux d'extinction jusqu’à nos jours compte tenu de l'ancienneté de l’espèce humaine (genre Homo). Les lignes en tirets bleus (en bas) indiquent une probabilité de 10% et de 1%. Sur base d'une longévité de 2 millions d'années (Homo habilis, courbe pointillée), nous avons 1 chance sur 10 que le taux d'extinction atteigne 1.2x10-6 soit 1.2 disparition pour 1 million d'individus. Document A.Snyder-Beattie et al. (2019), adapté par l'auteur.

Bon nombre de ces extinctions furent causées par des changements environnementaux progressifs, des "courses aux armements" évolutives ou une compétition interspécifique locale (cf. John M. Smith, 1989; M.J.Benton, 2009) tandis que d'autres ont été rapides et violentes, faisant partie des extinctions de masse causées par des impacts d'astéroïdes, le volcanisme ou des causes encore inconnues (P.Schulte et al., 2010; P.B.Wignall, 2001).

Une telle catastrophe du même ordre pourrait-elle arriver à notre propre espèce ? Dans l'affirmative, les risques sont-ils plus importants des sources naturelles ou anthropiques ? En excluant les considérations sur les risques anthropiques tels que le changement climatique et les armes nucléaires qui constituent clairement des menaces existentielles pour notre propre espèce ainsi que pour d'autres, il est possible d'évaluer la probabilité totale d'extinction de l'humanité à partir de processus naturels. Ces processus comprennent des risques bien caractérisés tels que les impacts d'astéroïdes et les éruptions supervolcaniques, ainsi que des risques qui restent inconnus.

En utilisant uniquement des données fiables selon lesquelles l'Homo sapiens existe depuis au moins 200000 ans, les chercheurs obtiennent un taux d'extinction de 6.9 x 10-5 soit 6.9 disparitions pour 100000 individus par an. Autrement dit "la probabilité que l'humanité disparaisse de causes naturelles au cours d'une année donnée est presque garantie d'être inférieure à 1 sur 14000 soit une probabilité inférieure à 1 sur 87000." Si on tient compte des plus anciens fossiles d'Homo sapiens découverts à ce jour âgés d'environ 350000 ans, la probabilité est de 1 sur 22800. Sachant que les premiers fossiles du genre Homo remontent à plus de 2 millions d'années (l'Homo habilis), si on utilise l'historique de survie le plus long pour l'ensemble du genre Homo, on obtient des limites encore plus strictes, avec "une probabilité annuelle d'extinction naturelle probablement inférieure à 1 sur 870000." Autrement dit le risque que notre espèce disparaisse dans l'année tombe à 1 sur 140000, bref encore plus faible.

Dans une autre étude publiée dans la revue "Nature" en 2011, Barnosky et ses collègues obtenaient un taux d'extinction des mammifères de 1.8x10-6 soit 1.8 disparition par an par million d'espèces. Ils considéraient qu"il est logique que le taux d'extinction soit un peu moins élevé pour l'Homme que pour l'ensemble des mammifères, car nous avons une grande population, un habitat étendu à l'ensemble du globe et un régime omnivore."

Si on compare cette probabilité à d'autres risques, on découvre que nous avons 1 (mal)chance sur 700000 de mourir frappé par un éclair, 1 (mal)chance sur 11.5 millions d'être attaqué par un requin, 1 (mal)chance sur 16 millions de mourir dans un accident d'avion et environ 1 chance sur 20 millions de gagner à la loterie (5 chiffres corrects + 1 complémentaire). Statistiquement parlant, la probabilité est beaucoup plus élevée de mourir d'un accident ou d'une maladie que d'assister à la disparition de l'humanité l'année prochaine. Autrement dit, notre espèce a toutes les chances de survivre. Mais comme nous le savons, les statistiques ne s'appliquent pas sur le plan individuel; quelques personnes vont donc malheureusement nous quitter durant l'année en cours.

Selon les chercheurs, il est peu probable que ces limites soient affectées par un éventuel biais de survie dans les données et sont cohérentes avec les taux d'extinction des mammifères, la durée de vie typique des espèces d'hominidés, la fréquence des risques bien caractérisés et la fréquence des extinctions massives. En revanche, il est impossible de fonder des statistiques sur base d'un évènement unique, lequel représenterait sa propre moyenne. Ainsi on ne peut pas établir de probabilité aussi fiables concernant les risques auxquels nos ancêtres n'étaient pas confrontés, tels que le changement climatique anthropique ou la guerre nucléaire/biologique.

Selon Barnosky et ses collègues, l'humanité survivrait encore 200000 ans avant de disparaître si on exclut les moyens modernes d'extinctions bien plus probables comme le recours aux armes de destructions massives (nucléaires et armes biologiques) ou les effets du changement climatique d'origine anthropique.

Notons que l'écologue Anne Teyssèdre avait estimé en 2004 que "le taux « normal » d’extinctions attendues par siècle est de 1/50000 soit 0.002%.". En considérant la biodiversité animale actuelle entre 10 et 20 millions d'espèces, "on peut s'attendre, si la biodiversité est stable, entre 200 et 400 extinctions par siècle", soit jusqu'à 4 espèces animales par an. Toutefois Teyssèdre souligne que nous avons sous-estimé le nombre d'espèces existantes et éteintes et de conclure que "dans ces conditions, les taux d’extinction estimés pour la période 1600-2000 sous-évaluent largement les nombres d’espèces éteintes au cours des trois premiers siècles de cette période." En effet, sur base des taux d’extinctions estimés pour le XXe siècle (cf. F.Smith et al., 1993; F.Smith et al., 1993; P.Harrison et F.Pearce, 2000), "les valeurs fiables obtenues pour les plantes et les vertébrées sont très élevées : entre 50 et 560 fois supérieures aux taux d’extinction attendus pour une biodiversité stable."

Concrètement, comme nous l'avons expliqué à propos de la biodiversité, on estime aujourd'hui qu'une espèce disparait toutes les 15 à 20 minutes, soit entre 20 et 35000 espèces chaque année ! Peter Raven du Jardin Botanique du Missouri estime qu'au rythme actuel 60% de toutes les espèces vivant sur Terre seront éteintes dans 300 ans ! Si on extrapole ces faits, la prochaine extinction de masse pourrait frapper... l'humanité dans quelques centaines de milliers d'années voire même beaucoup plus tôt !

La sixième extinction

Selon une étude publiée dans la revue "Geosciences" en 2022 par le climatologue Kunio Kaiho de l'Université de Tohoku, la prochaine grande extinction de masse ne devrait pas survenir avant au moins l'an 2500.

Pour obtenir ce résultat Kaiho quantifia la stabilité de la température moyenne à la surface de la Terre et de la biodiversité et trouva un effet largement linéaire : plus le changement de température est important, plus l'ampleur de l'extinction est importante.

Nous connaissons cet effet. Lorsqu'on change la destination de sols qui étaient équilibrés et fertiles, transformant par exemple des lacs ou des forêts en champs de culture intensive, le sol s'assèche, il s'appauvrit, devient poussiéreux et désertique. Si ces modifications se produisent à grande échelle, la désertification se produit très rapidement et en quelques décennies c'est tout l'écosystème qui en pâtit et les populations qui tiraient leurs ressources de ces terres ou de ces eaux. La sécheresse se propage ensuite par le vent aux autres terres cultivables et ainsi de suite. On a connu ce phénomène en Russie, en Australie, en Afrique, aux Etats-Unis, en Roumanie et ailleurs.

Les causes de cette désertification sont connues. C'est soit le résultat d'une mauvaise gestion du territoire par les ministères concernés ou par les entreprises agricoles qui n'ont qu'un objectif à court terme soit une décision politique qui ne repose sur aucune une étude scientifique. Nous le savons, les Etats le savent, l'Europe le sait, mais très peu d'acteurs veulent changer leur façon de cultiver.

Le monde post apocalyptique résultat de l'inconscience du plus grand prédateur de la planète, l'être humain. Image extraite du jeu "The Last of Us" de Sony Computer Entertainement pour PlayStation.

L'histoire de la Terre nous a montré que durant les périodes de grands froids et les âges glaciaires, les plus grandes extinctions de masse se sont produites lorsque les températures ont chuté en moyenne d'environ 7°C. Mais pour les évènements de réchauffement climatique, Kaiho a découvert que les plus grandes extinctions de masse se produisaient pour un réchauffement d'environ 9°C. C'est beaucoup plus élevé que les estimations précédentes (cf. H.Song et al., 2021), qui suggèrent qu'une augmentation de la température moyenne de 5.2°C entraînerait une extinction de masse marine majeure, de même amplitude que les cinq grandes extinctions de masse.

Pour mettre ces chiffres en perspective, selon l'ONU les simulations indiquent que d'ici 2100 le réchauffement climatique risque d'augmenter les températures moyennes de surface jusqu'à +4.4°C. Si on prolonge les simulations à partir de l'état actuel de l'atmosphère, des océans et des terres, selon Kaiho, "Le réchauffement climatique de 9°C n'apparaîtra pas durant l'Anthropocène avant au moins l'an 2500 dans le pire des scénarii."

Si Kaiho ne nie pas que de nombreuses extinctions terrestres et marines se produisent déjà à cause du changement climatique, il ne s'attend pas à ce que la prochaine extinction soit de la même ampleur que les précédentes.

Mais la température n'est pas le seul facteur de changement climatique qui met les espèces en danger. Le taux auquel cela se produit est d'une importance vitale.

Rappelons qu'il y a 252 millions d'années, à la fin du Permien, eut lieu la plus grande extinction de masse qui tua 96% des espèces connues. Elle s'étendit sur plus de 60000 ans. Mais en raison des activités humaines dont les émissions de combustibles fossiles, le réchauffement climatique actuel se produit sur une échelle de temps beaucoup plus courte.

Il est possible que davantage d'espèces mourront lors de la sixième extinction, non pas parce que l'ampleur du réchauffement sera plus important, mais parce que les changements se produiront si rapidement que de nombreuses espèces n'auront pas le temps de s'adapter. On le constate déjà de nos jours avec les canicules à répétition (couplées aux feux de forêts) et le blanchiment du corail. La faune et la flore n'y résistent pas et meurent sans descendance. Ces biotopes perdent leur biodiversité et deviennent très pauvres. Quand cela se produit sur les terres, les anciennes zones agricoles ou de pâturage se transforment en désert.

Selon Kaiho, "La prédiction de l'ampleur de l'extinction anthropique future en utilisant uniquement la température de surface est difficile car les causes de l'extinction anthropique diffèrent des causes des extinctions de masse aux temps géologiques."

En bref, quelle que soit la façon dont les scientifiques découpent les données, il est clair que de nombreuses espèces sont condamnées à moins que nous ne puissions enrayer le changement climatique dont l'effet boule de neige est de plus en plus évident avec des records et des catastrophes climatiques toujours plus extrêmes partout sur la planète.

Le crâne fossilisé d''une espèce éteinte, celle de l'Homo sapiens. Document T.Lombry.

Actuellement, le taux de disparition des espèces ainsi que le pourcentage exact de perte de biodiversité et le moment où ces pertes seront sans retour restent des questions ouvertes même si les experts peuvent définir des tendances (cf. les espèces menacées).

Dans ce contexte alarmant, il reste la question la plus difficile : quel est l'avenir de l'humanité ? Comment nos descendants survivront-ils si les ressources alimentaires disparaissent à tous les échelons de la chaîne alimentaire ?

Si les calculs de Kaiho ne précisent pas quelles espèces seront concernées, il est évident que l'être humain fait partie de l'équation et pourrait être l'un des funestes sujets de ce scénario catastrophe.

Heureusement, l'espèce humaine est féconde - une nouvelle génération apparaît tous les 20 ou 25 ans - et à des chances de survivre à une extinction massive. Dans quelles conditions et combien de temps restent toutefois des questions sans réponse.

Mais un autre risque nous menace. La crise actuelle de la biodiversité entre en compétition avec les efforts mitigés de défense contre un risque de collision éventuel de la Terre avec un objet venu du ciel. La question est autant politique que scientifique. Préférons-nous payer pour détecter un astéroïde sur une orbite de collision avec la Terre ou pour préserver nos forêts des pluies acides et la biodiversité... ? Faut-il nous protéger contre un objet tombant du ciel ou ne vaut-il pas mieux protéger les espèces en voie de disparition vivant près de chez nous ? Quels sont les risques de l'un et de l'autre pour notre avenir ? Voilà autant de questions qui nécessitent une prise de conscience globale et des actions coordonnées des pouvoirs publics.

Pour l'heure, les deux risques étant concrets, les autorités essayent d'être actives sur tous les fronts. La NASA et quelques observatoires scrutent le ciel à la recherche de petits corps gravitant un peu trop près de la Terre. Nous connaissons les principaux objets célestes pouvant heurter la Terre dans moins de 100 ans. Mais nous ignorons la trajectoire des corps les plus petits ou qui nous prendraient par surprise comme la météorite de Tchéliabinsk que personne n'a vu venir, les comètes de la famille Swift-Tuttle ou les NEO dont certains nous laissent à peine 4 jours pour réagir ! On y reviendra dans l'article consacré aux Histoires d'impacts.

Ceci dit, certains risques naturels pourraient précipiter notre disparition comme l'impact d'un petit NEO qui pourrait être mal interprété par une puissance étrangère comme une attaque nucléaire et entraîner des représailles, ou encore une maladie virale inconnue provoquant une pandémie qui risquerait de conduire à une extinction locale de la population voire plus dramatique encore en raison de la facilité avec laquelle les virus peuvent se déplacer à travers le monde (transportés par les humains, un animal ou fixés sur des objets que l'on transporte).

Tel est l'avenir incertain de l'humanité. Faut-il s'en préoccuper ? Que vous le sachiez déjà ou que vous ignoriez ces faits jusqu'à aujourd'hui, continuez à profiter de la vie car elle est unique et très fragile. Mais surtout, prenez votre destin en main et battez-vous pour sauver Gaïa car pleurer sur son sort serait juste une perte de temps qui ne résoudra rien.

Longue vie à l'humanité !

Retour à la Biologie


Back to:

HOME

Copyright & FAQ