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Astrophysique et Cosmologie

La galaxie spirale "Big Wheel" photographiée par le JWST se situe à z = 3.5. Elle s'étend sur 4' d'arc ou 30 kpc. Document NASA/ESA/W.Wang et al. (2025).

Les découvertes récentes (II)

La "Grande Roue", une grande galaxie massive à disque à z = 3.25

Jusqu'à présent, les astronomes pensaient que les galaxies à disque - les galaxies ayant un disque autour d'un bulbe central, des types S, SB et S0 - se formaient progressivement sur une longue période de temps, soit par l'accrétion de gaz provenant de l'espace environnant soit par fusion avec de plus petites galaxies. Généralement, des fusions entre galaxies perturbent les structures spirales, les transformant en formes plus chaotiques.

Grâce au JWST, Weichen Wang de l'Université de Milan-Bicocca et ses collègues ont découvert une galaxie exceptionnellement grande dans l'Univers primitif. Surnommée la "Grande Roue" (Big Wheel), cette galaxie est située à z = 3.245 et évolue dans un Univers âgé de 1.99 milliard d'années. Cette galaxie mesure 4' d'arc soit près de 100000 années-lumière (30 kpc), une taille de l'ordre de celle de la Voie Lactée, mais surprenante à une époque si précoce, défiant ainsi les théories sur la croissance des galaxies (cf. W.Wang et al., 2025).

Les données du JWST montrent que la "Grande Roue" est comparable en taille et en vitesse de rotation aux plus grandes galaxies spirales proches. Elle est trois fois plus grande que les galaxies comparables à cette époque et figure parmi les galaxies les plus massives observées dans l'Univers primitif avec une masse d'environ 3.7 x 1011 M. Sa vitesse de rotation de ~352 km/s la place parmi les galaxies situées à l'extrémité supérieure de la relation de Tully-Fisher, qui relie la masse baryonique (étoiles + gaz) d'une galaxie et sa vitesse de rotation.

Fait remarquable, bien qu'elle soit exceptionnellement grande, la "Grande Roue" croît activement à un rythme similaire à celui d'autres galaxies du même âge cosmique et présente un taux de formation d'étoiles SFR entre ~2.5 et 3.7 M par an. Elle est située dans une région exceptionnellement dense de l'espace, où les galaxies sont dix fois plus rapprochées que dans les zones typiques de l'univers. Cette densité élevée a probablement offert des conditions idéales pour une croissance rapide, avec des fusions suffisamment douces pour que la galaxie conserve sa forme en spirale. De plus, l'afflux de gaz dans la galaxie a dû s'aligner avec sa rotation, permettant au disque de croître rapidement sans être perturbé.

La découverte d'une galaxie comme la "Grande Roue" était extrêmement improbable, avec une probabilité inférieure à 2% selon les modèles actuels de formation des galaxies. Cette découverte fortuite offre une opportunité unique d'approfondir notre compréhension de la formation, de la croissance et de l'évolution des galaxies.

Cette découverte met en lumière la complexité de l'évolution galactique et suggère que des structures massives et bien organisées pouvaient se former plus tôt dans l'histoire de l'Univers que ce que les théories actuelles prévoyaient.

Déjà 30% de galaxies spirales 2 milliards d'années après le Big Bang

Dans un article publié dans "The Astrophysical Journal letters" en 2024, Vicki Kuhn et ses collègues de l'Université du Missouri se sont penchés sur le passé de l'Univers et ont découvert que les galaxies spirales étaient plus courantes dans l'Univers primitif qu'on ne le pensait auparavant.

Quelques galaxies spirales photographiées par le JWST étudiées par V.Kuhn et al. (2024).

Jusqu'à présent les astronomes pensaient que la plupart des galaxies spirales s'étaient développées environ 6 à 7 milliards d'années après le Big Bang. Selon Kuhn et ses collègues, "Le JWST a révélé une fraction étonnamment élevée de galaxies spirales entre 0.5 ≤ z ≤ 4". Cela signifie que la formation des galaxies s’est produite plus rapidement qu'on ne le pensait.

En utilisant des images prises par le JWST telles celles présentées à gauche, les chercheurs ont découvert qu'environ 2 milliards d'années après le Big Bang, près de 30% des galaxies présentaient déjà une structure spiralée. Cette découverte constitue une mise à jour et une correction significatives de l'histoire de l'origine de l'Univers telle que déduite précédemment des données du Télescope Spatial Hubble.

Selon Kuhn, "Savoir quand les galaxies spirales se sont formées dans l'univers est une question populaire en astronomie car cela nous aide à comprendre l'évolution et l'histoire de l'Univers. De nombreuses idées théoriques existent sur la façon dont les bras spiraux se forment, mais les mécanismes de formation peuvent varier selon les différents types de galaxies spirales. Ces nouvelles informations nous aident à mieux faire correspondre les propriétés physiques des galaxies avec les théories, créant ainsi une chronologie cosmique plus complète."

Les bras spiraux d’une galaxie sont une caractéristique fondamentale permettant de catégoriser les galaxies et comprendre comment elles évoluent au fil du temps. 

Grâce au JWST, l'étude de ces galaxies lointaines offre aux chercheurs l'opportunité de résoudre une énigme cosmique en déterminant la signification de chaque indice. En effet, l'utilisation d'instruments de pointe tels que le JWST permet aux astronomes d'étudier des galaxies plus lointaines avec plus de détails qu'auparavant.

Même s'il reste de nombreuses questions ouvertes à propos du passé de l'Univers, l'analyse de ces données aide les astronomes à découvrir des indices supplémentaires leur permettant d'approfondir leur compréhension de la physique qui façonna la nature de notre univers.

CEERS-2112, une galaxie spirale barrée à z ≈ 3

Une équipe d'astrophysiciens dirigée par Luca Costantin du Centre d'Astrobiologie de Madrid annonça dans la revue "Nature" en 2023 avoir découvert grâce au JWST une galaxie spirale barrée à z ≈ 3, c'est-à-dire environ 2.2 milliards d'années après le Big Bang, alors qu'on pensait que de telles galaxies matures ne pouvaient exister que plus bien plus tard, à z < 1.5 dans un Univers âgé d'au moins 4 milliards d'années.

Cette galaxie est CEERS-2112. Le fait qu'elle possède déjà une barre stellaire nucléaire est inédit car en théorie les galaxies aussi éloignées et donc plus jeunes doivent être beaucoup plus turbulentes que les galaxies évoluant dans l'univers plus proche. Les analyses ont permis aux chercheurs d'imposer de fortes contraintes sur la taille et la forme de la barre stellaire nucléaire qui mesure 0.42 ±0.03" ou 3.3 kpc soit ~10800 années-lumière.

En a, carte de contours isophotes de la galaxie CEERS-2112 révélant une structure barrée allongée dans la région interne et des bras en spirale qui s'en éloignent. b, image accentuée qui révèle les structures en barre (contours noirs) et en spirale (contours bleus). c, modèle de barre 2D avec disque qui montre une barre stellaire nucléaire (ligne continue rouge) longue de 0.42 ±0.03" ou 3.3 kpc (~10800 a.l.). d, profils radiaux de l'amplitude relative des composantes de Fourier impaires (lignes pointillées) et paires (lignes pleines) dérivés de la carte d'isophote (a). Le mode m=2 (zone rouge avec un intervalle de confiance 1σ) montre une barre proéminente (avec Im/Io>0.4). Document L.Costantin et al. (2023).

La majorité des galaxies à disque massif évoluant dans l'univers local présentent une barre nucléaire, y compris la Voie Lactée (cf. ce dessin de la Voie Lactée et cette photo de NGC 1300). Les barres sont censées se développer dans des disques galactiques dynamiquement froids à faible redshift, car la forte turbulence gazeuse typique des galaxies à disques à redshift élevé supprime ou retarde la formation de la barre. Les simulations prédisent ainsi que la barre nucléaire est presque absente à z > 1.5 dans les galaxies progénitrices des galaxies semblables à la Voie Lactée.

Comme une centaine d'autres galaxies spirales barrées situées entre 1 ≤ z ≤ 3 observées par le JWST (cf. les travaux de Zoé Le Conte et al.), CEERS-2112 vient donc contredire les modèles théoriques de formation galactique en montrant que les galaxies pouvaient être aussi stables et ordonnées que la Voie Lactée seulement 2 milliards d'années après le Big Bang.

La masse stellaire de CEERS-2112 représente 3.9 milliards de masses solaires, ce qui signifie qu'elle peut être considérée comme un ancêtre de galaxies du type Voie Lactée, en termes à la fois de structure et d'histoire d'assemblage de la matière au cours des premiers 2 milliards d'années de l'Univers. Les auteurs ont également pu calculer son âge qui est de 620 ±160 millions d'années. La barre aurait commencé à se former 200 millions d'années après la naissance de la galaxie.

Distribution de différentes galaxies matures dont la Voie Lactée et CEERS-2112 dans un diagramme âge cosmologique/masse stellaire. Consultez l'article de L.Costantin et al. (2023) pour plus de détails.

Jusqu'à cette découverte, selon le modèle d''évolution des galaxies il fallait plusieurs milliards d'années pour que les galaxies soient suffisamment ordonnées pour développer des barres. La découverte de CEERS-2112 et quelques autres montre que cela peut se produire en environ un milliard d'années voire deux fois plus vite.

Certains aspects des théories sur la formation et l'évolution des galaxies devront donc être révisés. Les modèles devront tenir compte du fait que certaines galaxies deviennent suffisamment stables pour former une barre nucléaire très tôt dans l'histoire de l'Univers. Selon les auteurs, les modèles théoriques devront par exemple ajuster la quantité de matière sombre qui compose les galaxies, car on pense aujourd'hui que la matière sombre affecte la vitesse à laquelle les barres se forment dans les galaxies spirales.

Les auteurs en déduisent aussi plusieurs choses : d'abord que dans les galaxies, les baryons auraient déjà pu dominer la matière sombre à z ≈ 3, ensuite qu'aux redshifts élevés des barres pourraient se former en environ 400 millions d'années et enfin que des disques galactiques dynamiquement froids auraient déjà pu être en place à z  = 4 ou 5, c'est à dire moins de 1.7 milliard d'années après le Big Bang.

Le modèle cosmologique ΛCDM prédit que les galaxies à z > 5 ont connu une phase d'accrétion de gaz, formant des étoiles à un rythme très élevé et entretenant la croissance des trous noirs. Le cycle baryonique de cette phase turbulente est équilibré par de forts flux sortants dus à la rétroaction des AGN et des supernovae.

Dans les simulations cosmologiques très détaillées comme TNG50, différents phénomènes de rétroaction sont capables de disperser efficacement les baryons sur de grandes échelles radiales, et on a démontré que certaines galaxies à disques massifs (M* > 10 milliards M) auraient pu être présentes dès z ≈ 4 et que des barres auraient déjà commencé à se former à cette époque. Mais les simulations cosmologiques n'arrivent pas à produire des galaxies spirales barrées de plus faible masse pour z  > 1.5, comme c'est le cas de CEERS-2112.

Les auteurs pensent qu'étant donné que CEERS-2112 est âgée d'environ 600 millions d'années, la fraction de gaz élevée habituellement observée dans les galaxies à z élevé aurait pu dans son cas être rapidement consommée pendant la croissance du disque stellaire avant que la barre nucléaire puisse se développer.

Cette découverte met en évidence la nécessité d'étudier l'interaction entre l'abondance de gaz et l'efficacité de la formation des étoiles dans les galaxies à disque à z > 2, ce qui sera fondamental pour fixer l'échelle de temps de formation des barres et l'évolution précoce des galaxies à disque.

Dans leur conclusion, les chercheurs notent que des études effectuées en 2020 et 2021 grâce à ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array), avaient montré l’existence de disques gazeux froids vers z ≈ 5. La découverte de CEERS-2112 confirme par l'observation que les disques galactiques pouvaient effectivement être dynamiquement froids à cette époque.

SPT0418-47, une galaxie semblable à la Voie Lactée à z = 4.2

Dans un article publié dans la revue "Nature" en 2020, grâce au réseau radioastronomique ALMA ( Atacama Large Millimeter/submillimeter Array) installé au Chili, Francesca Rizzo de l'Institut Max Planck d'Astrophysique et ses collègues ont découvert une galaxie semblable à la Voie Lactée cataloguée SPT0418-47 située à z = 4.225. On la voit telle qu'elle était 1.46 milliard d'années après le Big Bang, à une époque où l'Univers avait 9% de son âge actuel.

Elle offre également la particularité de former un anneau d'Einstein suite à la déformation de son image par une lentille gravitationnelle située au premier plan mais invisible.

Cette découverte soulève un problème astrophysique car les astronomes ne s'attendaient pas à ce qu'une galaxie de ce type existe seulement 1.5 milliard d'années après le Big Bang. En effet, selon les modèles, les premières galaxies sont extrêmement instables et ne ressemblent pas du tout à la Voie Lactée.

Dans un communiqué de l'ESO, Rizzo déclara que "ce résultat constitue une véritable percée dans le domaine de la formation des galaxies. Il atteste que les structures que nous observons au sein des galaxies spirales proches de la nôtre ainsi que dans notre propre Voie Lactée étaient déjà en place voici 12 milliards d’années."

Les chercheurs ont identifié des caractéristiques distinctes telles qu'un disque en rotation et un renflement central où se ressemblent un grand groupe d'étoiles, un peu comme la Voie Lactée.

A voir : SPT0418-47: lensed view to reconstructed view, ESO

Gravitational lensing of the distant SPT0418-47 galaxy (schematic)

A gauche, image obtenue par ALMA de la galaxie SPT0418-47 située à z = 4.2 déformée par une lentille gravitationnelle située à l'avant-plan (mais invisible). A droite, sa reconstruction. Voir aussi les vidéos ci-dessus. Documents ALMA/ESO.

Selon Filippo Fraternali de l'Institut d'astronomie Kapteyn de l'Université de Groningue aux Pays-Bas et coauteur de cet article, "Le fait que cette galaxie ressemble tant aux galaxies proches de la nôtre constitua une véritable surprise. Ce résultat va à l’encontre de l’ensemble des prévisions des simulations numériques et des données d’observations antérieures, moins détaillées."

Le problème est qu'il est presque impossible d'obtenir une image détaillée d'une galaxie située à 12 milliards d'années-lumière, même avec les plus grands télescopes actuels de 8 à 10 m de diamètre. Heureusement, grâce à une galaxie massive située à l'avant-plan et faisant office de lentille gravitationnelle, les astronomes ont pu profiter de son effet amplificateur pour distinguer des détails sans précédent dans SPT0418-47.

Les chercheurs se sont ensuite appuyés sur des techniques de modélisation informatique pour reconstruire la forme de la galaxie. Selon Simona Vegetti de l'Institut Max Planck d'Astrophysique et coautrice de cet article, "Ce que nous avons découvert est assez déroutant : bien qu’elle forme des étoiles à un rythme élevé et qu’elle soit le siège de processus hautement énergétiques, SPT0418-47 est le disque galactique le mieux ordonné observé à ce jour dans le jeune Univers [...] Ce résultat particulièrement inattendu bouleverse notre perception de l’évolution des galaxies."

Les chercheurs espèrent utiliser le futur télescope ELT de 39 m de diamètre qui devrait voir sa première lumière en 2028 pour observer de plus près et mieux comprendre à quoi ressemblaient les galaxies peu de temps après le Big Bang.

Plus récemment, le doctorant en astrophysique Bo Peng du Département d'Astronomie de l'Université de Cornell à Ithaca et ses collègues ont analysé SPT0418-47 à l'aide du JWST et découvert qu'elle était très riche en métaux (cf. B.Peng et al., 2023).

Cette galaxie appartient à la famille des galaxies obscurcies par la poussière ou DOG (Dust-Obscured star-forming Galaxy) en abrégé. Elle compte parmi plus brillantes dans l'Univers primitif et semble déjà héberger plusieurs générations d'étoiles.

Selon Peng, "Cette galaxie est chimiquement super-abondante, ce à quoi on ne s'attendait pas. Le JWST change notre façon de voir ce système et ouvre de nouveaux horizons pour étudier comment les étoiles et les galaxies se sont formées dans l'Univers primitif."

En étudiant les données spectrales enregistrées par l'instrument NIRSpec (Near InfraRed Spectrograph) du JWST qui fonctionne entre 0.6 et 5 microns, Peng identifia une nouvelle source lumineuse juste sur le bord extérieur de l'anneau appelée SPT0418-SE-1 (ou composante B) et une deuxième source à l'intérieur de l'anneau appelée SPT0418-SE-2 (ou composante C). Une analyse spectrale plus approfondie confirme que les fortes raies d'émission des atomes d'hydrogène, d'azote et de soufre présentent des décalages vers le rouge similaires. Ensemble, ces deux sources représentent les images de deux galaxies dont la lumière est gravitationnellement amplifiée par celle située au premier plan, bien qu'elles soient 8 à 16 fois plus pâles, soulignant la puissance de la vision infrarouge du JWST.

A gauche, image pseudo H-alpha de SPT0418 reconstruite à partir des données NIRCam, NIRSpec et MIRI du JWST. On distingue la galaxie compagne appelée SPT0418-SE-2 (composante C dans le cercle noir) à l'intérieur de l'anneau et une composante B (SPT0418-SE-1 dans l'ellipse grise) juste à l'extérieur de l'anneau. A droite, le spectre des trois sources, celui de l'anneau ayant été réduit d'un facteur 0.1 pour plus de clarté. Documents B.Peng et al. (2023).

Pour vérifier leur découverte, les chercheurs ont réanalysé les observations antérieures d'ALMA et découvert une raie d'émission du carbone ionisé [C II] correspondant étroitement aux décalages vers le rouge enregistrés par le JWST. L'observation de plusieurs raies d'émission décalées exactement de la même quantité prouve sans équivoque que cette nouvelle galaxie est bien située à la distance calculée.

Selon les chercheurs, "l'abondance du [C II] et du continuum de poussière indique un taux de formation d'étoiles - SFR - d'au moins 17 M par an avec un SFR deux fois plus faible, confirmant que SPT0418-SE-2 est bien une galaxie obscurcie par la poussière", une DOG.

La galaxie SPT0418-SE-2 se trouve à moins de 5 kpc ou 16300 années-lumière de l'anneau, l'équivalent d'un dizième de la distance qui sépare les Nuages de Magellan du centre de la Voie Lactée. Cette proximité suggère que les deux galaxies sont vouées à interagir et potentiellement même à fusionner, une observation qui ajoute à la compréhension de la façon dont les premières galaxies ont pu évoluer pour en former de plus grandes.

Les deux galaxies présentent une faible masse, SPT0418-SE-2 étant relativement plus petite et moins poussiéreuse, ce qui la rend plus bleue que l'anneau extrêmement obscurci par la poussière. Sur la base d'images de galaxies proches aux couleurs similaires, les chercheurs suggèrent qu'elles pourraient résider "dans un halo massif de matière noire avec des voisines encore à découvrir."

Compte tenu de leur âge et de leur masse, le plus surprenant dans ces galaxies est leur métallicité déjà élevée avec des quantités de métaux (les éléments plus lourds que l'hydrogène et l'hélium) tels que le carbone, l'oxygène et l'azote similaires à celles du Soleil.

Pour rappel, dans le cas du Soleil, il hérita la plupart de ses métaux des générations précédentes d'étoiles qui avaient mis 8 milliards d'années pour les fabriquer. Or nous observons ces galaxies à une époque où l'Univers avait 1.46 milliard d'années.

Selon Amit Vishwas de l'Université de Cornell et coauteur de cet article, "Nous voyons les restes d'au moins deux générations d'étoiles ayant vécu et mortes au cours du premier milliard d'années d'existence de l'Univers, ce qui n'est pas ce que nous voyons généralement. Nous supposons que le processus de formation des étoiles dans ces galaxies a dû être très efficace et commença très tôt dans l'Univers, en particulier pour expliquer l'abondance mesurée de l'azote par rapport à l'oxygène, car ce rapport est une mesure fiable du nombre de générations d'étoiles ayant vécu et qui sont mortes."

Les chercheurs vont à présent poursuivre l'étude de SPT0418-47 et des galaxies compagnes grâce au JWST.

A1689B11, une galaxie spirale à z= 2.54

Dans un article publié dans "The Astrophysical Journal" en 2017, Tiantian Yuan de l'Université de Swinburne en Australie et ses collègues de l'Université Nationale Australienne (ANU) ont annoncé la découverte d'une très ancienne galaxie spirale, nommée A1689B11. Elle se situe à z = 2.54 soit une distance propre de 11.12 milliards d'années-lumière. C'est la première galaxie à disque découverte à une époque aussi lointaine. Elle existait déjà 2.6 milliards d'années après le Big Bang, alors que l'Univers n'avait que 20% de son âge actuel.

La galaxie spirale A1689B11 est située à 11 milliards d'années-lumière. Sa détection a été facilitée par la présence d'une lentille gravitaitonnelle dans la ligne de visée. Document James Josephides/SWIN.

Les chercheurs ont utilisé le spectromètre de champ proche infrarouge (NIFS) fixé sur le télescope Gemini North de 8.1 m de diamètre installé à Hawaï pour vérifier la distance de cette galaxie dont l'image fut amplifiée par l'effet de lentille gravitationnelle d'un amas de plusieurs milliers de galaxies mélangée à de la matière sombre situé dans la ligne de visée.

Grâce à cette technique, les astronomes ont pu étudier plusieurs galaxies très âgées en haute résolution avec des détails sans précédent.

Yuan et son équipe ont assisté à 11 milliards d'années-lumière de distance à la formation des premiers bras spiraux primitifs d'une galaxie à disque.

Selon Renyue Cen de l'Université de Princeton et coauteur de l'étude, "Étudier des spirales anciennes comme A1689B11 est une clé pour découvrir le mystère de l'émergence de la séquence de Hubble. Les galaxies spirales sont exceptionnellement rares dans l'Univers primordial et cette découverte ouvre la porte à l'étude de la manière dont les galaxies passent de disques turbulents hautement chaotiques à des disques minces et calmes comme celui de notre propre Galaxie."

Selon Yuan, "La galaxie A1689B11 présente quelques caractéristiques surprenantes. Elle forme des étoiles à un taux 20 fois plus élevé que les galaxies d'aujourd'hui (environ 22 M par an contre 1 M par an) et aussi rapidement que d'autres galaxies de masses similaires découvertes dans l'Univers primitif. Mais à l'inverse des autres galaxies formées à la même époque, A1689B11 présente un disque très froid et mince, en rotation lente et avec étonnamment peu de turbulence. Ce type de galaxie spirale n'a jamais été observé auparavant à cette époque de l'Univers."

Traces de l'explosion des étoiles de première génération

Dans un article publié dans "The Astrophysical Journal" en 2023, le doctorant Andrea Saccardi de l'Observatoire de Paris-PSL et ses collègues ont découvert pour la première fois les traces chimiques laissées par l'explosion d'étoiles de première génération dans des nuages de gaz lointains.

Pour rappel, on pense que les premières étoiles qui se sont formées dans l'Univers étaient très différentes de celles que nous voyons aujourd'hui. Lorsqu'elles sont apparues il y a 13.5 milliards d'années, elles ne contenaient que de l'hydrogène et un peu d'hélium. Ces étoiles étaient probablement des centaines de fois plus massives que le Soleil et ont de ce fait rapidement consommé leur stock d'énergie et terminèrent leur vie en supernovae, enrichissant pour la première fois le gaz environnant avec des éléments lourds. Les générations ultérieures d'étoiles sont nées de ce gaz enrichi et ont à leur tour éjecté des éléments plus lourds lorsqu'elles sont parvenues en fin de vie.

Les premiers éléments chimiques alimentant un nuage de gaz lointain après l'explosion d'une étoile de première génération en supernova. Certains nuages plus denses et opaques sont déjà en cours d'effondrement et formeront des étoiles de deuxième génération. Document T.Lombry.

Puisque toutes les étoiles de première génération ont disparu depuis des milliards d'années, comment peut-on étudier leur nature ? Selon Stefania Salvadori, professeure associée à l'Université de Florence et coautrice de cet article, "Les étoiles primordiales peuvent être étudiées indirectement en détectant les éléments chimiques qu'elles ont dispersés dans leur environnement après leur mort."

En utilisant des données du VLT de l'ESO, les chercheurs ont identifié trois nuages de gaz très éloignés, observés vers z = 4 soit ~12 milliards d'années-lumière, lorsque l'Univers n'avait que 10 ou 15% de son âge actuel, et avec une empreinte chimique correspondant à ce qu'ils attendaient des explosions des premières étoiles.

En fonction de la masse de ces premières étoiles et de l'énergie de leurs explosions, ces premières supernovae ont libéré différents éléments chimiques tels que le carbone, l'oxygène et le magnésium, présents dans les couches externes de leur atmopshère. Mais certaines de ces explosions n'étaient pas assez énergiques pour expulser des éléments plus lourds comme le fer, qui ne se forme que dans le cœur des étoiles. Pour trouver le signe révélateur de ces toutes premières étoiles ayant explosé en supernovae de basse énergie, les chercheurs ont donc recherché des nuages de gaz lointains pauvres en fer mais riches en autres éléments. Et ils ont trouvé exactement ce qu'ils espéraient : trois nuages lointains dans l'Univers primitif pauvres en fer mais riches en carbone et d'autres éléments, l'empreinte chimique des explosions des toutes premières étoiles.

Cette composition chimique particulière fut également observée dans de nombreuses étoiles très âgées au sein même de la Voie Lactée, des étoiles de deuxième génération qui se sont formées directement à partir des "cendres" des premières. Cette nouvelle étude a donc trouvé de telles cendres dans l'Univers primordial, ajoutant ainsi une pièce manquante à ce puzzle. Selon Salvadori, "Notre découverte ouvre de nouvelles voies pour étudier indirectement la nature des premières étoiles, complétant pleinement les études des étoiles de notre Galaxie."

Pour détecter et étudier ces nuages de gaz lointains, les chercheurs se sont servis des quasars comme balise lumineuse. Lorsque la lumière d'un quasar se propage à travers l'Univers, elle traverse des nuages de gaz dont les différents éléments chimiques laissent des raies spectrales dans le spectre de la source lumineuse. Pour trouver ces empreintes chimiques, les chercheurs ont analysé les données de plusieurs quasars observés avec l'instrument X-shooter du VLT.

Cette étude ouvre de nouvelles perspectives pour les futurs télescopes géants, en particulier pour l'ELT de l'ESO et son spectrographe à haute résolution et à haute dispersion (ANDES). Grâce à l'ELT et ANDES les chercheurs pourront étudier en détails nombre de ces nuages de gaz avec l'espoir d'enfin découvrir la nature mystérieuse des premières étoiles.

Les premières étoiles atteignaient 100000 M

Dans un article publié en préimpression sur le serveur "arXiv" (non validé) en 2023, l'équipe de Masaki Kiyuna de l'Université de Kyoto a réalisé des simulations SPH (Smoothed-particle hydrodynamics) à N corps portant sur un phénomène connu sous le nom d'accrétion froide. La SPH ou hydrodynamique des particules lissées permet d'étudier la mécanique des milieux continus, en particulier les écoulements de fluides. Elle est très utilisée en astrophysique (notons que c'est la même méthode de calcul qui permet de changer l'apparence des objets dans des applications graphiques comme Blender).

Illustration artistique d'étoiles de Population III.

Les chercheurs se sont intéressés à la formation des étoiles massives dans l'univers primitif, quelques centaines de milliers d'années après le Big Bang. Ils ont étudié la structure du flux d'accrétion et son évolution au sein petits halos gazeux de 106 à 1010 M avec des résolutions spatiales suffisamment élevées jusqu'à l'échelle du parsec.

Pour former de grandes étoiles massives, il faut disposer rapidement de beaucoup de matière dans un très petit volume. Et cela doit se faire sans augmenter la température du gaz car cela l'empêcherait de s'effondrer et former le coeur stellaire. Il faut donc trouver un mécanisme pour éliminer rapidement cette chaleur.

Des simulations antérieures avaient montré que des poches denses apparaissaient dans les premières galaxies et se refroidissaient rapidement en raison de l'émission de rayonnement, mais elles n'avaient pas la durée ni la résolution nécessaires pour suivre leur évolution ultérieure. La nouvelle simulation va plus loin en examinant le comportement à long terme des poches denses de gaz froid qui se forment dans l'Univers primitif.

Ces simulations montrent que l'accrétion froide débute lorsque la masse du halo de gaz dépasse ~22 millions de masses solaires. Elles révèlent que de grands flux de matière froide et dense peuvent se former dans un disque d'accrétion au centre de halos géants de matière. Lorsque le flux d'accrétion frappe le disque compact, il crée des ondes de chocs denses dans une large zone du disque. Ces fronts d'ondes déstabilisent rapidement le gaz qui devient plus dense et plus chaud. Des simulations ont montré que le refroidissement gravitationnel du gaz peut s'accouplir par l'émission Lyman α et cela s'observe dans les AGN, les LAE, etc. (cf. la thèse de H.Atek, 2010).

Les simulations suggèrent que les étoiles de première génération dites de Population III peuvent être des dizaines de milliers de fois plus massives que le Soleil, et dans certains cas atteindre 100000 M. N'ayant rien pour arrêter leur effondrement gravitionnel, ces nuages forment rapidement des étoiles dites supermassives (SMS).

Les astronomes ne savent pas encore si des étoiles supermassives se sont formées dans l'Univers primitif. Ils espèrent que les futures observations du télescope spatial James Webb révéleront des indices sur la formation de ces étoiless et des galaxies et permettront de déterminer si ces astres ont réellement existé dans le jeune Univers.

Des traces potentielles des premières étoiles de Population III

En analysant le quasar ULAS J1342+0928, l'un des plus éloignés situé à z = 7.54 - on le voit tel qu'il était 699 millions d'années après le Big Bang -  l'astronome Yuzuru Yoshii de l'Université de Tokyo et ses collègues pensent avoir identifié la matière résiduelle de l'explosion d'une étoile de première génération (cf. Y.Yoshii et al., 2022).

Pour rappel, les toutes premières étoiles se sont probablement formées alors que l'Univers n'avait que 100 millions d'années, soit moins de 1% de son âge actuel. Ces premières étoiles dites de Population III étaient gigantesques et si massives qu'arrivées en fin de leur très courte vie, elles explosèrent en supernovae, éjectant dans l'espace de grandes quantités d'éléments lourds. Malgré des décennies de recherches, jusqu'à présent il n'y avait aucune preuve directe que ces étoiles primordiales existèrent.

Les étapes ayant permis de trouver les premières traces potentielles des premières étoiles de Population III. Document NOIRLab adapté par l'auteur.

Yoshii et ses collègues ont étudié les résultats d'une étude antérieure de ce quasar (cf. M.Onoue et al., 2020) réalisée avec le télescope Gemini North de 8.10 m installé à Hawaï équipé du spectrographe GNIRS (Gemini Near-Infrared Spectrograph) sensible entre 97 et 293 nm (au repos) révélant de larges raies d'émissions d'éléments chimiques (H, N, Si, C, Al, Mg) dans différents états dont celles du fer (Fe, Fe II, Fe III) dans les nuages de gaz et de poussière qui l'entourent.

Les chercheurs ont constaté une composition très inhabituelle : le gaz contenait au moins 10 fois plus de fer que de magnésium par rapport à la composition du Soleil. Vu l'époque à laquelle se forma ce quasar, ce fer ne peut provenir que d'une étoile de première génération.

Selon les chercheurs, cette caractéristique frappante est probablement la signature du matériau laissé par une étoile de première génération qui explosa en supernova à instabilité de paire ou PISN. Cette version remarquablement puissante d'une supernova a rarement été observée et les candidates telles SN 2016iet n'en sont peut-être pas. Mais en théorie il s'agit de la fin de vie d'étoiles géantes hypermassives dont la masse est comprise entre 150 et 250 M.

Pour rappel, l'explosion d'une PISN se produit lorsque les photons gamma présents dans le coeur de l'étoile se transforment spontanément en électrons et positrons, autrement dit en antimatière. Cette conversion réduit brutalement la pression de rayonnement interne de l'étoile, permettant à la gravité de déclencher l'effondrement de l'astre et son explosion.

Contrairement à d'autres supernovae, cet évènement catastrophique détruit totalement l'étoile et ne laisse aucun reste stellaire, ni étoile à neutrons ni trou noir. Il y a malgré tout deux façons de trouver sa trace. La première consiste à observer une PISN au moment de son explosion, ce qui est un hasard hautement improbable (peut-être une fois tous les 10 ans dans tout l'univers, sachant que certaines peuvent être cachées derrière des nuages de poussière). L'autre façon est d'identifier sa signature chimique à partir de la matière qu'elle éjecta dans l'espace, qu'elle soit située dans la Voie Lactée ou aux confins de l'univers.

Mais déduire les quantités de chaque élément présent est une tâche difficile car la luminosité d'une raie spectrale dépend de nombreux autres facteurs en plus de l'abondance de l'élément.

Yoshii et et son collègue Hiroaki Sameshima de l'Université de Tokyo ont relevé le défi en développant une méthode utilisant l'intensité des longueurs d'ondes dans le spectre de ce quasar pour estimer l'abondance des éléments présents. C'est en utilisant cette méthode que les chercheurs ont découvert le rapport magnésium/fer manifestement très faible.

En complément, sur base de l'abondance du Mg II, grâce à leur modèle T06 des trous noirs, les chercheurs ont pu estimer la masse du trou noir supermassif situé au coeur du quasar à environ 91 millions de masses solaires avec un rapport de luminosité d'Eddington de ~1.1. Ce résultat confirme que ULAS J1342+0928 est alimenté par un trou noir supermassif déjà mature et actif qui accrète la matière au taux proche de la limite d'Eddington (au-delà de laquelle la pression de radiation l'emporte sur la gravité et on observe des éjections de la matière).

Des recherches de preuves chimiques d'étoiles de Population III ont déjà été menées parmi les étoiles du halo de la Voie Lactée et au moins une tentative d'identification fut présentée en 2014 (cf. W.Aoki et al., 2014). Yoshii et ses collègues, cependant, pensent que le nouveau résultat fournit la signature la plus claire d'une PISN basée sur le rapport d'abondance magnésium/fer extrêmement faible présenté dans ce quasar.

S'il s'agit bien de la preuve de l'une des premières étoiles et des restes d'une supernova à instabilité de paire, cette découverte contribuera à compléter notre image de la façon dont la matière brute de l'Univers a évolué pour devenir ce qu'elle est aujourd'hui. Pour tester cette interprétation de manière plus approfondie, de nombreuses autres observations sont nécessaires pour voir si d'autres objets ont des caractéristiques similaires. Il est également possible qu'on puisse trouver de telles signatures chimiques plus près de chez nous, dans le Groupe Local ou dans la Voie Lactée, bien que les étoiles de Population III se soient toutes éteintes depuis plus de dix milliards d'années. En revanche, les empreintes chimiques qu'elles ont laissées dans leurs éjecta peuvent persister beaucoup plus longtemps et peuvent encore être détectées de nos jours. Cela signifie que les astronomes pourraient être en mesure de trouver les signatures d'explosions de supernovae à instabilité de paire d'étoiles disparues depuis longtemps mais encore imprimées sur des objets de notre univers local.

ZTF SLRN-2020, l'étoile qui engloutit une planète

Dans un article publié dans la revue "Nature" en 2023, l'astrophysicien Kishalay De de l'Institut Kavli d'Astrophysique et de Recherche Spatiale du MIT et ses collègues rapportent la découverte d'une étoile de type solaire qui absorba une planète en libérant une profusion d'énergie.

C'est la première fois que des astronomes observent une étoile semblable au Soleil engloutir une planète, une opportunité qui permet d'en savoir plus sur le funeste destin qui s'abattra sur la Terre dans environ 5 milliards d'années lorsque le Soleil se transformera en géante rouge. On y reviendra en détails.

Selon De, "Nous savons que cela doit arriver à toutes les planètes qui orbitent à des distances inférieures à celle de la Terre, mais on a considéré qu'il était extrêmement difficile de fournir des preuves expérimentales de ce phénomène [...] Honnêtement, l'une des plus grandes surprises pour moi est d'avoir trouvé la première. L'engloutissement planétaire est une prédiction fondamentale dans notre compréhension des étoiles et des planètes, mais leur fréquence est très incertaine. Donc, trouver un évènement potentiellement rare pour la première fois est toujours excitant."

De et ses collègues ont analysé une éruption stellaire cataloguée ZTF SLRN-2020 qui s'est produite en 2020 dans le disque de la Voie Lactée à environ 12000 années-lumière du Soleil, près de la constellation d'Aquila. Les chercheurs ont découvert l'évènement dans les données enregistrées par le Zwicky Transient Facility (ZTF) installé à l'observatoire du Mont Palomar géré par le Caltech. Le ZTF scanne le ciel à la recherche d'éclats fugaces, en particulier d'étoiles dont la luminosité change rapidement, telles que des novae et des supernovae.

Au cours de cet évènement, la luminosité de l'étoile a brusquement augmenté d'un facteur 100 en l'espace d'une semaine ! A priori il s'agissait d'une nova, c'est-à-dire d'une explosion stellaire qui se produit généralement lorsqu'une naine blanche accrète l'atmosphère d'hydrogène de sa compagne géante rouge jusqu'à ce que toute sa surface s'enflamme pour ainsi dire dans une gigantesque explosion thermonucléaire mais qui ne détruit pas le système binaire.

A voir : Planetary Death Spiral, Caltech, 2023

A gauche, l'emplacement de ZTF SLRN-2020 et ses courbes lumineuses (e) obtenues par différents observatoires sur une période de 800 jours autour du pic lumineux survenu en 2020. L'encart à gauche du diagramme est un agrandissement de la courbe lumineuse précoce (ombrée en gris dans le graphique principal) montrant une faible émission précurseur en bande I (IR) et la détection de l'émission IR moyen avant le début de l'explosion optique. Au centre, les spectres optiques dont IR de ZTF SLRN-2020 à différentes époques comparés à ceux de novae rouges (V838 Mon en orange et AT2018bwo en magenta). Ils affichent des caractéristiques d'absorption atomique et moléculaire claires similaires à celles de la géante rouge HV 2255 de type M4-III. L'encart au-dessus à gauche montre un gros-plan des spectres autour de la région des raies atomiques Na D, Hα et Ba II. A droite, comparaison de l'explosion de ZTF SLRN-2020 dans l'espace de phase de luminosité (L90) et des échelles de temps (t90) avec quelques novae rouges connues. (a) présente les paramètres physiques des éjecta déduits - masse d'éjecta en unités de masse solaire et de Jupiter sur l'échelle de gauche et la vitesse d'écoulement en km/s (en magenta) sur l'échelle de droite. La masse d'éjecta de ZTF SLRN-2020 est 100 fois inférieure à celle de toute autre nova rouge connue et les vitesses caractéristiques sont également inférieures de près d'un ordre de grandeur. (b) compare la masse estimée de poussière avant l'explosion avec des modèles de perte de masse de précoalescence pour une étoile de 1 Ms évoluant hors de la séquence principale avec un rapport de masse binaire q=0.001 à 0.1. Les lignes pleines correspondent à un rayon initial de 2 Rs. Consultez l'article académique de K.De et al. (2023) pour plus de détails.

L'analyse spectrale de ZTF SLRN-2020 révéla un phénomène inhabituel. Selon De, "C'est alors que j'ai été surpris de voir que contrairement à une nova, qui est entourée de gaz chaud, cette source était principalement entourée de gaz froid." La plupart du temps, le gaz froid visible dans une telle éruption résulte de la fusion de deux étoiles. En examinant les données recueillies par l'observatoire Keck d'Hawaï, les chercheurs ont découvert des molécules qui ne peuvent exister qu'à des températures très froides. Immédiatement De supposa que le gaz se serait condensé et aurait pu former de la poussière au fil du temps.

Environ un an après la découverte initiale et 180 jours après le pic lumineux, de nouvelles analyses spectrales furent réalisées mais cette fois au moyen d'une caméra infrarouge installée à l'observatoire du Mont Palomar. Comme prévu, son spectre proche IR présenté ci-dessus au centre était extraordinairement brillant, affichant des caractéristiques d'absorption atomique et moléculaire similaires à celles de la géante rouge HV 2255 de classe M4 III avec des raies moléculaires de H2O, TiO, VO et probablement CO, similaire à celles de la géante HD 108849 de classe M7 III. Son spectre ressemblait également à celui de la nova rouge galactique V838 Mon et à celui de la nova rouge lumineuse extragalactique AT2018bwo, bien que tous étaient plus intenses. A l'intensité lumineuse près, cela confirma les soupçons de De selon lesquels "cette source avait en effet formé beaucoup de poussière."

Ensuite la luminosité de l'étoile s'estompa lentement dans les six mois pour pratiquement revenir à son état initial.

Mais si les raies ressemblaient à celles des novae rouges, la luminosité résultante de l'énergie rayonnée par les éjecta était 100 fois inférieure à celle de n'importe quelle nova rouge connue. Les vitesses caractéristiques d'éjection étaient également inférieures de près d'un ordre de grandeur aux valeurs d'une nova rouge.

Les données recueillies par le télescope spatial infrarouge NEOWISE (unWISE) de la NASA suggèrent que la quantité totale d'énergie libérée par l'étoile depuis son explosion initiale était étonnamment petite : environ un millième de l'ampleur d'une fusion stellaire ordinaire.

Dans un communiqué du Caltech, De déclara que "Cela signifie que tout ce qui a fusionné avec l'étoile doit être 1000 fois plus petit que toute autre étoile que nous avons vue. Et c'est une heureuse coïncidence que la masse de Jupiter soit d'environ un millième de la masse du Soleil. C'est alors que nous avons réalisé que c'était une planète qui s'était écrasée sur son étoile."

Sur base de la nature de l'explosion, les astronomes ont estimé que l'évènement avait libéré une quantité d'hydrogène équivalente à environ 33 fois la masse de la Terre, ainsi qu'environ un tiers de la masse de la Terre de poussière. A partir de ces chiffres, les chercheurs estiment que l'étoile progénitrice avait entre ~0.8 et 1.5 M et la planète engloutie avait entre 1 et 10 fois la masse de Jupiter.

Dans quelque 5 milliards d'années, quand le Soleil engloutira la Terre (ce n'est pas certain mais possible), les éventuels observateurs extraterrestres verront un spectacle similaire. Selon Dé, "Si j'étais assis sur une planète à 10000 années-lumière, je verrais essentiellement un flash de lumière similaire provenant du système solaire - un peu atténué par rapport à celui-ci parce que la Terre est beaucoup moins massive qu'une planète comme Jupiter, a priori impliquée dans cet évènement - ce qui place l'importance de cette découverte dans une perspective humaine."

Mais cette découverte soulève de nombreuses nouvelles questions. De en cite quelques unes lui venant à l'esprit : "la planète a-t-elle survécu pendant son plongeon ou a-t-elle été anéantie dans la matière stellaire pendant son plongeon ? La planète est-elle entrée en contact avec la surface stellaire à cause de l'expansion naturelle de l'étoile, ou quelque chose la poussa très légèrement vers l'étoile ? Toutes ces questions deviendront claires à mesure que nous obtiendrons plus de données à ce sujet. Nous devrons donc trouver plus d'évènements de ce type dans le futur." Ce sera un peu plus simple qu'auparavant puisque maintenant les astronomes savent à quoi ressemble probablement un engloutissement planétaire.

Selon De, le suivi de ZTF SLRN-2020 est loin d'être terminé : "Nous pouvons également revenir dans ce système et voir à quoi ressemble l'étoile. A-t-elle été polluée par la planète ? A-t-elle été mise en rotation à cause de l'éruption énergétique ? Plus important encore, les données elles-mêmes fournissent un point de départ fondamental à la théorie pour essayer de comprendre comment les planètes elles-mêmes affectent leur étoile hôte."

Notons que l'exoplanète TOI 2337 b va également se consummer dans son étoile hôte de type solaire dans moins d'un million d'années (cf. S.K. Grunblatt et al., 2022).

Découverte des "blue blobs"

Une équipe internationale d'astronomes a identifié cinq membres d'une nouvelle classe de système stellaire. Ce ne sont pas tout à fait des galaxies et elles n'existent que de manière isolée. Les nouveaux systèmes stellaires appelés les "blue blobs" ou "taches bleues" ne contiennent que de jeunes étoiles bleues qui sont rassemblées dans des systèmes irréguliers qui semblent situés à l'écart toute galaxie hôte potentielle. Cette découverte fit l'objet d'un article publié en préimpression sur "arXiv" en 2022 par l'équipe de l'astronome David Sand de l'Université d'Arizona.

Comme illustré ci-dessous, ces systèmes stellaires apparaissent sur les photographies sous forme de "taches bleues" et ont à peu près la taille de minuscules galaxies naines. Leur masse stellaire varie entre 40000 et 100000 M, selon les cas.

Les astronomes ont découvert ces nouveaux systèmes après qu'une équipe de chercheurs dirigée par Elizabeth Adams de l'Institut néerlandais de radioastronomie (ASTRON), ait compilé le catalogue UCHVC en 2013 répertoriant des nuages de gaz proches, fournissant une liste de nouvelles galaxies potentielles (cf. E.A. Adams et al., 2013; E.A. Adams et al., 2015; E.A. Adams et al., 2016). Après la publication de ce catalogue, plusieurs équipes d'astronomes dont celle de David Sand précitée rechercha des étoiles qui pourraient être associées à ces nuages de gaz.

On pensait que ces nuages de gaz étaient associés à la Voie Lactée et la plupart d'entre eux le sont probablement, mais lorsque le premier amas d'étoiles, appelée SECCO1 (ou AGC 226067, cf. E.A. Adams et al., 2015) fut découvert, les astronomes ont réalisé qu'il n'était pas du tout situé près de la Voie Lactée, mais plutôt dans l'amas de la Vierge dont les membres sont situés entre 35 et 65 millions d'années-lumière. Les cinq systèmes sont séparés jusqu'à 300000 années-lumière de toute galaxie, rendant l'identification de leurs origines difficile.

Ces amas d'étoiles bleues découverts en 2018 grâce au Télescope Spatial Hubble représentent une nouvelle classe de système stellaire appelée "blue blobs". Le cercle vert indique le champ utilisé pour construire le diagramme Couleur-Magnitude (CMD). De gauche à droite, BC1, BC2 et BC5 dont voici l'image sans annotation. Documents M.G. Jones et al. (2022).

Les chercheurs ont étudié les données du Télescope Spatial Hubble, celles du réseau radioastronomique VLA du Nouveau-Mexique et du VLT de l'ESO. Michele Bellazzini de l'Institut National d'Astrophysique (INAF) d'Italie et coauteur de cette étude, dirigea l'analyse des données de l'imageur MUSE (Multi Unit Spectroscopic Explorer) du VLT et soumis un article complémentaire dans les "MNRAS" en 2018.

Les chercheurs ont découvert que la plupart des étoiles de chaque système sont très bleues et très jeunes et qu'elles contiennent très peu d'hydrogène atomique. Ceci est important car la formation des étoiles commence avec de l'hydrogène gazeux atomique, qui finit par évoluer en nuages denses d'hydrogène gazeux moléculaire avant de se transformer en étoiles.

Selon Michael G. Jones, chercheur postdoctorant à l'Observatoire Steward de l'Université d'Arizona et auteur principal de cette étude, "SECCO1 était l'une des "blue blobs" très inhabituels. Nous avons observé que la plupart des systèmes manquent de gaz atomique, mais cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de gaz moléculaire. En fait, il doit y avoir du gaz moléculaire car ils sont encore en train de former des étoiles. L'existence d'étoiles pour la plupart jeunes et le peu de gaz indique que ces systèmes ont dû perdre leur gaz récemment."

La combinaison d'étoiles bleues et du manque de gaz fut une surprise, tout comme le manque d'étoiles âgées dans ces systèmes. La plupart des galaxies qui ne possèdent pratiquement que des étoiles âgées sont appelées des galaxies "rouges et mortes" (red and dead), comme par exemple la galaxie lenticulaire NGC 1277. Selon Jones, "Les étoiles qui naissent rouges ont une masse inférieure et vivent donc plus longtemps que les étoiles bleues, qui brûlent rapidement et meurent jeunes, de sorte que les vieilles étoiles rouges sont généralement les dernières qui restent en vie. Ces galaxies meurent parce qu'elles n'ont plus de gaz avec lequel former de nouvelles étoiles. En gros, ces étoiles bleues sont comme une oasis dans le désert."

Diagrammes Couleur-Magnitude des "blue blobs" BC1, 3, 4 et 5, avec superposition des isochrones PARSEC (PAdova and TRieste Stellar Evolution Code) pour différents âges de population stellaire, en supposant une distance de 16.5 Mpc soit ~54 millions d'années-lumière pour tous les objets. Les isochrones pour BC1 et 3 utilisent une métallicité [M/H] = -0.35, qui est approximativement la valeur des deux objets. Pour BC4 et 5, le rapport [M/H] = 0.05. Dans ce dernier cas, il est possible que les deux objets sont associés, alors que les métallicités similaires de BC1 et 3 sont vraisemblablement le fruit du hasard. Dans le panneau à l'extrême gauche, est également tracé un isochrone de 10 Gyr indiquant où une ancienne population RGB âgé de 10 milliards d'années résiderait dans le diagramme (le petit trait mauve dans le coin inférieur droit). Document M.G. Jones et al., (2022).

Le fait que les nouveaux systèmes stellaires soient riches en métaux (cf. la métallicité) indique comment ils auraient pu se former. Selon Jones, "Cela nous apprend que ces systèmes stellaires se sont formés à partir de gaz qui fut extrait d'une grande galaxie, car la façon dont les métaux sont élaborés passe par de nombreux épisodes répétés de formation d'étoiles, et vous n'obtenez vraiment cela que dans une grande galaxie."

Il existe deux principaux mécanismes pour extraire le gaz d'une galaxie. Le premier est l'effet de marée qui se produit lorsque deux grandes galaxies se croisent et arrachent gravitationnellement du gaz et des étoiles. L'autre est ce qu'on appelle l'arrachage par pression dynamique (ram-pressure stripping). Lorsqu'une galaxie plonge vers le centre d'un amas de galaxies rempli de gaz chaud, son gaz est expulsé derrière elle (cf. le cas de D100). Selon Jones, "C'est le mécanisme que nous pensons en action dans ces objets."

Les chercheurs préfèrent l'explication de l'arrachage par pression dynamique car pour que les "blue blobs" soient aussi isolés, ils doivent se déplacer très rapidement alors que la vitesse acquise par effet de marée est faible par rapport à celle acquise par la pression dynamique.

Suite à l'effet des interactions gravitationnelles, les astronomes s'attendent à ce que ces systèmes finissent par se séparer en amas stellaires individuels et se dispersent dans l'amas de la Vierge.

Selon Sand, cette découverte complète "l'histoire plus large du recyclage du gaz et des étoiles dans l'univers. Nous pensons que ce processus d'attraction transforme jusqu'à un certain point de nombreuses galaxies spirales en galaxies elliptiques. Donc en apprendre davantage sur le processus général, nous en apprend plus sur la formation des galaxies."

GNz7q, le chaînon manquant entre les galaxies Starbursts et les quasars

Dans un article publié dans la revue "Nature" en 2022, une équipe internationale d'astronomes dirigée par Seiji Fujimoto de l'Institut Niels Bohr de l'Université de Copenhague annonça la découverte dans les données d'archives du sondage GOODS-North (Great Observatories Origins Deep Survey-North) du Télescope Saptial Hubble, d'un mystérieux objet rouge à z = 7.19 soit environ 13 milliards d'années-lumière. Selon les chercheurs, il pourrait s'agir du chaînon manquant entre les jeunes galaxies Starbursts (à sursauts d'étoiles) et les premiers trous noirs supermassifs.

L'objet, dénommé GNz7, évolue à l'époque de la réionisation, lorsque l'Univers avait seulement 750 millions d'années et à peine 5% de sa taille actuelle. Grâce au HST, les atsronomes ont détecté une source compacte en lumière ultraviolette et infrarouge mais par contre très faible en rayons X. Si la lumière UV provient des étoiles, l'émission IR ne peut correspondre qu'au rayonnement émis par de la matière tombant sur un trou noir. La meilleure explication est que cette galaxie abrite un trou noir en croissance enveloppé de poussière. Dans quelques dizaines ou centaines de millions d'années, le trou noir émergera de son cocon poussiéreux, transformant cette galaxie en un brillant quasar.

Si des théories et des simulations prédisent que des trous noirs en croissance peuvent se former dans des galaxies starbursts, c'est la première fois que les astronomes identifient un tel objet.

Selon Fujimoto,"Notre analyse suggère que GNz7q est le premier exemple d'un trou noir à croissance rapide dans le noyau poussiéreux d'une galaxie starburst à une époque proche du premier trou noir supermassif connu dans l'univers. Les propriétés de l'objet à travers le spectre électromagnétique sont en excellent accord avec les prédictions des simulations théoriques."

Cette petite tache rouge fait partie d'une classe d'objets extrêment rares dans l'univers qui établit le lien entre les galaxies starbursts et les quasars. Il s'agit de la galaxie starburst GNz7q située à z = 7.19 qui abrite déjà un trou noir massif en croissance mais en grande partie obscurci par la poussière. Cette photo fut prise par le Télescope Spatial Hubble dans le cadre du sondage GOODS-North. Document NASA/ESA/S.Fujimoto et al. (2022).

Mais évoluant dans un univers aussi jeune, comment des trous noirs massifs peuvent-ils se former si rapidement ? Bien que d'autres interprétations ne peuvent pas être complètement exclues, les propriétés de GNz7q sont en accord avec les prédictions théoriques et les simulations qui proposent le scénario suivant.

La galaxie hôte de GNz7q forme des étoiles au taux phénoménal de 1600 M par an. Les trous noirs supermassifs se forment au coeur de jeunes galaxies Starbursts dont le noyau est enveloppé de poussière. Ces galaxies forment des étoiles à un taux très élevé avant que le trou noir central n'expulse le gaz et la poussière environnants, transformant ces galaxies en quasars extrêmement lumineux. Ces objets sont cependant très rares dans l'Univers primitif.

En général, le disque d'accrétion d'un trou noir massif doit être très brillant à la fois en UV et en rayons X. Or, dans le cas de GNz7q, le rayonnement X n'a pas été détecté dans les données existantes des sondages X du ciel profond. Ces résultats suggèrent que le disque d'accrétion interne, d'où proviennent les rayons X, est toujours obscurci, tandis que la partie externe du disque d'accrétion, d'où provient la lumière UV, se dégage. Selon cette interprétation, GNz7q est un trou noir à croissance rapide encore obscurci par le noyau poussiéreux de sa galaxie hôte Starburst.

Les chercheurs estiment que GNz7q pourrait être un chaînon manquant entre ces deux classes d'objets. En effet, GNz7q présente exactement les caractéristiques de la galaxie Starburst poussiéreuse et du quasar, la lumière du quasar étant rougie par la poussière. De plus, GNz7q manque de diverses caractéristiques qui sont généralement observées dans les quasars très lumineux (leur brillance correspondant à l'émission du disque d'accrétion du trou noir supermassif), ce qui s'explique très probablement par le fait que le trou noir central de GN7q est encore jeune et dans une phase peu massive. Ces propriétés correspondent parfaitement au jeune quasar en phase de transition prédit par les simulations, mais qui n'avait jamais été identifié dans l'univers à un décalage Doppler aussi élevé, même dans les quasars très lumineux situés jusqu'à z = 7.6. La chance d'en observer un est donc exceptionnelle.

Selon Fujimoto, "GNz7q fournit une connexion directe entre ces deux populations rares et offre une nouvelle voie pour comprendre la croissance rapide des trous noirs supermassifs aux premiers jours de l'univers. Notre découverte fournit un exemple de précurseurs des trous noirs supermassifs que nous observons à des époques ultérieures."

Selon Gabriel Brammer de l'Institut Niels Bohr et coauteur de cette étude, "GNz7q est une découverte unique qui a été trouvée juste au centre d'un champ céleste célèbre et bien étudié - cela montre que de grandes découvertes peuvent souvent être cachées juste devant vous. Il est peu probable que la découverte de GNz7q dans la zone de recherche relativement petite de GOODS-North soit simplement une "chance stupide", mais plutôt que la prévalence de ces sources puisse en fait être nettement plus élevée qu'on ne le pensait auparavant."

A présent que les chercheurs connaissent les caractéristiques de ce type de galaxies, ils vont à présent rechercher systématiquement des objets similaires à l'aide de sondages dédiés à haute résolution et tirer parti des instruments spectroscopiques du télescope spatial James Webb pour étudier en détails des objets tels que GNz7q.

Selon Fujimoto, "Caractériser pleinement ces objets et sonder leur évolution et leur physique sous-jacente de manière beaucoup plus détaillée deviendra possible avec le télescope spatial James Webb. Une fois opérationnel, le JWST aura le pouvoir de déterminer de manière décisive la fréquence réelle de ces trous noirs à croissance rapide."

ID2299 : des astronomes témoins de la mort d'une galaxie

Pour la première fois, des astronomes sont témoins du début de la mort d'une galaxie lointaine et ont compris de quelle manière cela commence; c'est le cas de la galaxie Starburst ID2299. Cette découverte majeure fit l'objet d'un article publié dans la revue "Nature Astronomy" en 2021 par une équipe européenne d'astronomes dirigée par Annagrazia Puglisi du Centre d'Astronomie Extragalactique de l'Université de Durham, au Royaume-Uni, et du CEA de Saclay.

Illustration artistique de la galaxie Starburst ID2299 qui résulte d'une collision entre deux galaxies, avec sa queue de marée composée d'étoiles et de gaz résultant de la fusion. Document ESO/M.Kornmesser.

Pour rappel, au cours des premiers milliards d'années de sa vie une galaxie spirale contenant jusqu'à 100 milliards d'étoiles produit jusqu'à 1000 M par an. Cette flambée de formation d'étoiles ou Starburst peut durer plusieurs centaines de millions d'années. Ensuite, faute de combustible, ce taux diminue pour atteindre dix milliards d'années plus tard une production d'environ 3 M par an comme c'est le cas de la Voie Lactée de nos jours.

Une galaxie "meurt" quand elle ne produit plus d'étoiles à partir du gaz froid environnant. Mais pendant ce temps, les centaines ou milliers d'étoiles qu'elle forma chaque année continuent leur cycle de vie et beaucoup continueront à briller pendant une dizaine de milliards d'années.

Si beaucoup de galaxies peuvent donc survivre assez longtemps même en l'absence de gaz, quelques galaxies Starbursts subissent des perturbations tellement violentes qu'elles meurent prématurément. ID299 compte parmi celles-ci.

La galaxie Starburst ID2299 se situe à z = 1.395 soit 9.1 milliards d'années-lumière et présente une masse stellaire d'environ 94 milliards de M. Elle présente un taux de formation d'étoiles SFR ~ 550 M par an, soit 5 plus élevé que le SFR moyen des galaxies Starbursts de masse comparable situées à cette époque cosmique. Cette galaxie héberge déjà un trou noir supermassif actif.

L'analyse des quatre transitions du CO et du [C I] ainsi que la phase ionisée a permis aux chercheurs de calculer la masse de gaz expulsée par la galaxie ID2299 : elle a déjà éjecté environ 46% de sa masse moléculaire de gaz froid à un taux d'au moins 10000 M par an ! A ce rythme la galaxie aura perdu tout son gaz dans quelques dizaines de millions d'années.

Selon Puglisi, "C'est la première fois que nous observons une galaxie massive à formation d'étoiles typique dans l'univers lointain sur le point de "mourir" à cause d’une éjection massive de gaz froid."

Selon les chercheurs, cette perte spectaculaire de gaz est le résultat d'une collision entre deux galaxies qui ont finalement fusionné (merge) pour former ID2299. L'indice en faveur de ce scénario est la présence d'une queue de marée associée au gaz, une longue traînée d'étoiles et de gaz encore brillante résultant de la fusion des deux anciennes galaxies.

A gauche, image UV de la galaxie Starburst ID2299 située à z ~ 1.4 ou 9.1 milliards d'années-lumière photographiée par le Télescope Spatial Hubble. On distingue un noyau brillant entouré de volutes de gaz. A droite, image de la galaxie Starburst ID2290 en optique (HST) et les cartes obtenues par ALMA dans différents états de la molécule de gaz froid du CO et du [C I]. On distingue clairement l'éjection de gaz. Documents NASA/ESA et A.Puglisi et al. (2021).

La plupart des astronomes estiment que ces éjections de matière qui se manifestent par d'immenses volutes de gaz et des vents stellaires violents sont provoquées par la formation des étoiles et l'activité éventuelle d'un trou noir supermassif situé au centre de la galaxie (cf. le modèle de la formation et de l'évolution galactique et la co-évolution des galaxies et des trous noirs supermassifs). Mais la découverte de ID2299 suggère que les fusions de galaxies peuvent également éjecter dans l'espace le combustible nécessaires à la formation des étoiles.

Selon les chercheurs, les résultats des simulations montrent "qu'il ne s'agit pas d'un vent de rétroaction, mais plutôt du matériel d'une fusion qui a probablement été éjectée par la marée. Cette découverte remet en cause certaines études dans lesquelles le rôle des vents entraînés par rétroaction pourrait être surestimé." Ainsi, certaines équipes qui ont précédemment identifié des vents puissants dans des galaxies lointaines pourraient en fait avoir observé des queues de marée éjectant du gaz de ces galaxies. Selon Emanuele Daddi du CEA de Saclay et coauteur de cette étude, " Cela pourrait nous amener à revoir notre compréhension de la façon dont les galaxies meurent."

A gauche, comparaison entre les taux d'évènements perturbateurs et la densité des galaxies nouvellement éteintes. Au centre, comparaison entre la galaxie ID2299 et les vents moléculaires décrits dans la littérature. (Quenching = extinction, SFR = Star Formation Rate ou taux de formation stellaire). A droite, simulation de la distribution du gaz lors d'une collision-fusion entre deux galaxies. Notez la formation d'une queue de marée qui rappelle ce qu'on observe dans le couple de galaxies NGC 4038-39 en interaction surnommé "les Antennes". Documents A.Puglisi et al. (2021) et J.Frensch et al. (2017) adaptés par l'auteur.

Notons que dans une autre étude publiée en 2021, une équipe internationale de chercheurs découvrit grâce à l'effet amplifiant d'une lentille gravitationnelle, trois galaxies Starbursts à ~ 3 soit 11.5 milliards d'années-lumière présentant un taux de formation d'étoiles > 850 M par an et des échelles de temps d'épuisement plutôt courtes < 100 millions d'années. L'une de ces trois galaxies lointaines nommée SPT2357-51 est probablement le résultat d'une fusion majeure.

A l'avenir, les observations effectuées avec le JWST de 6.5 m et le futur télescope ELT de 39 m de diamètre de l'ESO pourraient permettre aux chercheurs d'explorer les connexions entre les étoiles et le gaz dans ID2299, apportant un nouvel éclairage sur l'évolution des galaxies.

Earendel, l'étoile la plus lointaine découverte par Hubble

Grâce au Télescope Spatial Hubble, l'astrophysicien Brian Welch de l'Université Johns Hopkins (JHU) et ses collègues ont découvert une étoile à z = 6.2 ±0.1, c'est-à-dire à ~12.9 milliards d'années-lumière, évoluant dans un univers âgé de seulement 900 millions d'années. Cette étoile est la plus lointaine découverte à ce jour et fut nommée "Earendel"[1].

C'est une découverte majeure sachant que le record précédent remontait à 2018 avec une étoile située à z = 1.5 qui évoluait dans un univers âgé de 4 milliards d'années (cf. P.L. Kelly et al., 2018). Cette nouvelle découverte fit l'objet d'un article publié dans la revue "Nature" en 2022 (en PDF sur STScI) que la plupart des médias ont immédiatement repris.

Welch et ses collègues avaient déjà identifié la galaxie hôte de l'étoile parmi les galaxies les plus proches de l'amas situé à l'avant-plan catalogué WHL0137-08 (à z = 0.566 soit ~5.5 milliards d'années-lumière) lors de sessions d'observations réalisées en 2016 dans le cadre du sondage RELICS (Reionization Lensing Cluster Survey) du STScI. L'équipe réalisa un suivi de cette étoile en 2019 grâce à de nouvelles images prises par le HST.

L'étoile fut détectée grâce à l'effet d'une lentille gravitationnelle engendré par l'amas de galaxies qui a déformé la lumière d'une galaxie lointaine sous forme d'un arc long et fin que l'équipe surnomma "Sunrise Arc" (l'Arc du lever du Soleil). Mais l'image de toute la galaxie n'a pas été amplifiée ni déformée de la même manière. En effet, en fonction de la densité de matière située entre cette étoile et la Terre, la lumière de la galaxie a localement été plus amplifiée qu'à d'autres endroits, générant des points lumineux plus brillants le long de ce qu'on appelle la courbe critique : à mesure que les objets approchent de la courbe critique, le facteur d'amplification ou grossissement augmente. Pour les très petits objets, tels que les étoiles, ils peuvent parfois s'aligner si précisément sur la courbe critique que leur lumière augmente considérablement, jusqu'à plusieurs milliers de fois. Malgré la déformation, des algorithmes permettent de redresser l'image.

A gauche, l'étoile surnommée Earendel (indiquée par la flèche sur l'image de droite) est située le long d'une lentille gravitationnelle qui amplifie sa lumière comme une loupe, lui permettant d'émerger de sa galaxie hôte qui apparaît comme une tache rouge sur ces images. La lentille gravitationnelle est créée par l'amas de galaxies WHL0137-08 situé à l'avant-plan. Les deux points rouges de chaque côté d'Earendel sont en fait un amas d'étoiles dont la lumière a été divisée en deux images qui se reflètent de chaque côté de l'arc. A droite, un agrandissement de l'image. Documents NASA/ESA, B.Welch (JHU), D.Coe (STScI), A.Pagan (STScI).

Welch et ses collègues ont comparé les images prises par le HST avec quatre modèles informatiques de lentilles gravitationnelles. Ils ont associé les modèles à d'autres amas d'étoiles de la galaxie "Sunrise Arc", dont deux apparaissent de chaque côté d'Earendel, leur lumière se divisant en plusieurs images. L'étoile elle-même n'est pas divisée, ce qui suggère qu'elle est plus proche de la courbe critique que les amas stellaires. Bien que les modèles ne s'accordent pas sur le facteur exact d'amplification, la valeur minimale est d'au moins 1000 fois et peut atteindre 40000 fois !

Les modèles ont également permis de calculer la taille de l'étoile : moins de ~2 années-lumière de diamètre et peut-être bien plus petite. La taille exclut la possibilité que Hubble ait détecté un amas d'étoiles.

Selon les chercheurs, "Le grossissement et la luminosité observée (magnitude monochromatique AB = 27.2) sont restés à peu près constants sur 3.5 ans d'imagerie et de suivi. La magnitude UV absolue réduite de -10 ±2, est cohérente avec une étoile de masse supérieure à 50 M." L'étoile est composée essentiellement d'hydrogène et d'hélium. Compte tenu de l'âge de l'univers dans lequel elle évolue, les chercheurs estiment qu'Earendel n'est probablement pas l'une des toutes premières étoiles, de Population III, mais en raison de sa grande masse c'est néanmoins une des premières qui forma les nouveaux éléments lourds.

L'existence d'étoiles massives à cette époque de l'univers est une confirmation importante qui valide les hypothèses sur la formation des plus anciennes étoiles de la Voie Lactée. Selon Anna Frebel aujourd'hui au MIT, qui n'a pas participé à cette étude mais qui étudie les très anciennes étoiles proches pour trouver des indices sur l'évolution stellaire dans l'univers primordial, cette découverte est une trouvaille fantastique : "Les premières étoiles massives doivent avoir produit les premiers éléments et entraîné l'évolution chimique, donc avoir des observations à portée de main qui soutiennent cette notion est merveilleux."

Après le lancement du télescope spatial James Webb fin 2021, les chercheurs vont en profiter pour tenter de découvrir la véritable nature de cette étoile et comment elle s'intègre dans l'évolution de l'univers. Les images et les spectres réalisés par le JWST amélioreront les estimations de sa masse, de sa température et de son type spectral. On en reparlera dans quelques années.

SPT0311-58 à z = 6.9 contient déjà de l'eau et du carbone

Pour la première fois de l'eau et du carbone ont été détectés dans une galaxie lointaine grâce au réseau radiointerférométrique ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array) installé dans le désert d'Atacama au Chili. Cette découverte fit l'objet d'un article publié dans "The Astrophysical Journal" en 2021 (en PDF sur arXiv) par l'équipe de Sreevani Jarugula de l'Université de l'Illinois.

Image composite de la galaxie SP0311-58 située à z = 6.9. Elle combine les données d'ALMA (rouge) révélant la poussière et du HST (bleu et vert) révélant le gaz et les étoiles. La partie droite de l'image de la galaxie est déformée par l'effet d'une lentille gravitationnelle. Document NRAO, NASA/ESA/ESO/NAOJ.

SPT0311-58 est une galaxie apparaissant sous l'aspect de deux images suite à un effet de lentille gravitationnelle. Elle fut découverte au cours d'un sondage réalisé grâce au South Pole Telescope (SPT) de 10 m de diamètre par les équipes de Vieira et d'Everett (cf. J.D. Vieira et al., 2013; W.B. Everett et al., 2020).

SPT0311-58 se situe à z = 6.9 soit environ 12.88 milliards d'années-lumière et s'étend sur ~25". Elle évolue à l'époque de la Réonisation lorsque l'Univers n'avait que 780 millions d'années soit environ 5% de son âge actuel, et que les premières étoiles et galaxies étaient en train de se former.

En combinant les composantes est et ouest de cette galaxie, sa masse totale de gaz est estimée à plus de 1021 M (contre ~1016 M pour la Voie Lactée pour les masses de gaz HII et H2), ce qui en fait une galaxie massive.

La détection des molécules d'eau comprenant donc de l'oxygène, et de carbone, est très instructive car il s'agit d'éléments de première génération, et dans les formes moléculaires de l'eau et du monoxyde de carbone, ils sont essentiels à la vie telle que nous la connaissons.

L'eau en particulier (H2O) est la troisième molécule la plus abondante dans l'univers après l'hydrogène moléculaire (H2) et le monoxyde de carbone (CO). Des études antérieures sur les galaxies évoluant dans l'univers local et primitif ont corrélé l'émission de l'eau avec celle de l'émission infrarouge lointaine de la poussière (CO). Cette poussière absorbant le rayonnement ultraviolet des étoiles de cette galaxie, elle se réchauffe et réémet ce rayonnement sous forme de photons infrarouges lointains. Ce rayonnement excite à son tour les molécules d'eau, provoquant son émission que le réseau ALMA a pu détecter. Dans ce cas-ci le travail des chercheurs fut facilité car cette galaxie est massive et produit énormément d'étoiles. Cette corrélation entre l'émission de la molécule d'eau et celle de la poussière, le monoxyde de carbone, pourrait être exploitée pour utiliser l'eau comme traceur de la formation des étoiles, qui pourrait ensuite être appliquée aux galaxies à l'échelle cosmologique.

Selon Jarugula, "Cette galaxie est la plus massive actuellement connue à fort décalage vers le rouge, à l'époque où l'univers était encore très jeune. Elle contient plus de gaz et de poussière que les autres galaxies de l'Univers primitif, ce qui nous donne de nombreuses opportunités potentielles d'observer des molécules abondantes et de mieux comprendre comment ces éléments créateurs de vie ont eu un impact sur le développement de l'Univers primitif."

La détection de ces deux molécules en abondance prouve que de l'oxygène et du carbone s'étaient déjà formés à cette époque précoce. On en déduit que des étoiles massives ont explosé en supernovae pour créer ces éléments qui ont ensuite formé des molécules qui se sont organisées en nuages moléculaires qui furent détectés par ALMA.

Cette découverte nous informe sur la façon dont les premières galaxies se sont formées et à quel rythme. Selon Jarugula, "Les premières galaxies forment des étoiles à un taux des milliers de fois supérieur à celui de la Voie Lactée. L'étude de la teneur en gaz et en poussière de ces premières galaxies nous informe sur leurs propriétés, telles que le nombre d'étoiles en cours de formation, la vitesse à laquelle le gaz est converti en étoiles, la manière dont les galaxies interagissent entre elles et avec le milieu interstellaire, etc."

A gauche, les images dans les raies moléculaires de l'eau (H2O) et du continuum de poussière du monoxyde de carbone (CO) détectées par ALMA dans la paire de galaxies massives primitives SPT0311-58 située à z = 6.9. La double image de la galaxie couvre ~25". A gauche, une image composite combinant les images dans les raies H2O et du CO. La colonne de droite montre le continuum de poussière en rouge (en haut), la raie moléculaire de l'eau en bleu (2e à partir du haut), les transitions des raies moléculaires du monoxyde de carbone, CO(6-5) en violet (au milieu), CO(7-6) en magenta (deuxième à partir du bas) et CO(10-9) ien rose et bleu foncé (en bas). Les données d'ALMA révèlent une abondance de H2O et de CO dans la plus grande des deux images de la galaxie, indiquant que la composition moléculaire de l'Univers primitif s'est renforcée peu de temps après la formation initiale des éléments. A droite, une illustration artistique de cette galaxie. Documents ALMA (ESO/NAOJ/NRAO)/S.Dagnello (NRAO).

Mais il reste encore beaucoup à apprendre sur SPT0311-58 et les galaxies évoluant dans l'Univers primitif et cette découverte soulève une nouvelle question. Selon Jarugula, "Cette étude fournit non seulement des réponses sur l'endroit et la distance où l'eau peut exister dans l'univers, mais pose également une grande question : comment tant de gaz et de poussière se sont-ils assemblés pour former des étoiles et des galaxies si tôt dans l'univers ? La réponse nécessite une étude plus approfondie de ces galaxies formatrices d'étoiles et similaires pour mieux comprendre la formation structurelle et l'évolution de l'Univers primitif."

Troisième partie

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[1] Les fans de John R.R. Tolkien reconnaîtront sans doute ce nom malgré l'orthographe légèrement différemment qui fait référence à Eärendil, le marin demi-elfe qui transporta un joyau céleste dans le ciel dans son livre "Le Silmarillion". Tolkien trouva l'inspiration pour ses œuvres dans le trio de poèmes du Xe siècle intitulé "Crist", dont une ligne (traduite du vieil anglais) se lit comme suit : "Je vous salue Éarendel, le plus brillant des anges, envoyé sur la Terre du Milieu à l'humanité". La nature d'Éarendel est débattue mais il est communément identifié comme "l'étoile du matin". Welch étant un grand admirateur de Tolkien, "c'était l'une des premières idées de noms qui me sont venues à l'esprit pour désigner une étoile lointaine. Quand j'ai approfondi la question et découvert que le vieux mot anglais Earendel faisait en fait référence à une étoile du matin, j'étais à peu près convaincu par ce nom."


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