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La Bible face à la critique historique

L'un des livres de la Torah (Pentateuque) assemblé sous la forme du rouleau traditionnel.

Analyse critique de l'Ancien Testament

L'Ancien Testament et en particulier le Pentateuque (les cinq livres hébraïques formant la Torah) véhicule de nombreux textes mystérieux relatant des évènements extraordinaires. A côté des nombreux textes mythiques reconnus, les allégories et autres métaphores, des analyses socio-historiques, archéologiques et géologiques permettent d’élucider la plupart des autres récits douteux. Ensuite, c'est la comparaison entre les récits similaires et leur confrontation systématique aux données historiques éventuelles qui permettent aux spécialistes de vérifier l'authenticité des faits.

Cette confrontation entre les récits bibliques et les faits historiques est une tâche longue et fastidieuse dont les résultats sont souvent critiqués par les experts les plus conservateurs, raison pour laquelle les archéologues, spécialistes des civilisations, linguistes et exégètes mirent plus de trois siècles pour aboutir à un consensus autour de la vérité historique (que certains courants théologiques obscurantistes ou sectaires continuent de nier) mais que nous allons examiner afin de remettre la Bible à sa juste place dans l'Histoire. A chacun ensuite, d'apprécier son contenu à la lumière de ces résulats.

Des livres et des auteurs

Pour comprendre les récits bibliques, il faut identifier leurs auteurs pour déterminer quels étaient leurs intentions et leur objectifs, ce qui nous permettra de les replacer dans leur époque afin de mieux cerner leurs aspirations et leurs craintes ainsi que leur milieu socio-culturel et politique, autant d'influences qui conditionnent la vie comme l'avenir de tous les peuples.

Selon la tradition (la croyance populaire généralement d'origine dogmatique ou légendaire), c'est Moïse qui rédigea le Pentateuque (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome), d'où son surnom des "cinq livres de Moïse" ou la "Loi de Moïse" qui constituent la Torah, ou Loi écrite. Le Deutéronome en est le livre central qui reprend les paroles de Moïse, le Décalogue (les Dix Commandements), l'histoire du veau d'or, le dernier discours de Moïse et le récit de sa mort avant que les Hébreux entrent en pays de Canaan sous la conduite de Josué.

C'est du moins la théorie enseignée par le Talmud (les enseignements rabbiniques) et par l'Église. Car il est déjà difficile de croire que pendant les 120 ans qu'il aurait existé (Deutéronome 34:7), Moïse écrivit non seulement les cinq livres de la Torah dès son berceau mais réalisa également tous les actes que lui prête la Bible. Certes, vous me direz qu'il bénéficiait de l'aide de Dieu. Soit.

La Bible de Jérusalem ouverte sur la première page du livre de la Genèse. Document T.Lombry.

En parcourant la Bible, on constate que les textes font référence à plusieurs rédacteurs : Moïse pour l'Exode, les vision d’Isaïe, celles de Daniel, les paroles de Néhémie, celles d'Esdras, de Jérémie, etc., quand il ne s'agit pas directement de "la parole de Dieu" pour la Genèse.

En fait, près de 50 personnes ont participé à la rédaction de la bible hébraïque auxquelles s'ajoutent au moins 8 apôtres ou disciples (Marc, Matthieu, Luc, la communauté johannique, Paul, Jacques, Pierre et Jude) plus la source "Q" qui ont rédigé les écrits apostoliques, ce qui représente au total 66 livres rédigés sur une période biblique qui s'étend sur plus de deux millénaires (mais historiquement inférieure à un millénaire). Comme nous le verrons, certains livres, actes ou épîtres furent écrits à Jérusalem mais d'autres furent écrits par des exilés en Égypte, à Babylone, à Ninive ou à Rome.

Pour ne prendre que deux exemples, dans le livre d'Isaïe, on voit clairement qu'il fut rédigé par plusieurs auteurs, ses prophéties couvrant une période allant du VIIIe au VIe siècle avant notre ère, passant de Babylone à l'Assyrie et la Perse. Nous observons une distribution temporelle encore plus étendue pour les prophéties de Daniel sur lesquelles nous reviendrons.

Quant au Pentateuque, nous verrons que plusieurs livres furent rédigés entre 750-500 avant notre ère par des laïques ou des prêtres de différentes cultures littéraires dans des circonstances et des lieux très divers (royaume du Nord, Jérusalem, Babylone, etc.) mais qu'il existait déjà des sources écrites antérieures dans desquelles ont puisé les auteurs ou qui les ont inspirés.

Le livre de la Genèse qui relate la création du monde et de l'homme révèle de nombreuses contradictions et au moins trois styles littéraires différents. Sur base de leurs qualités linguistiques, anthropomorphiques et folkloriques, ces récits furent probablement écrits par trois auteurs dont on ignore l'identité et à une époque bien plus tardive que le laisse supposer la Bible.

Généralement, l'identification des rédacteurs ou des auteurs est possible car chacun utilise un style littéraire et parfois des mots spécifiques (comme le nom de Dieu) qu'un linguiste identifiera relativement facilement. Chaque rédacteur ou auteur utilise un langage et plus précisément un dialecte qu'on peut associer à celui en usage dans certaines villes et royaumes avec une précision de quelques siècles sur ce seul critère (par exemple le dialecte parlé dans le sud du pays de Canaan est typique de Jérusalem du temps du royaume de Juda est différent de celui parlé dans le nord, dans le royaume d'Israël à la fin du VIIIe siècle avant notre ère). C'est ce qu'on appelle l'analyse diachronique qui tente de caractériser l'évolution linguistique dans le temps. Mais le point faible de cette méthode est d'ignorer le travail des copistes qui ont parfois édité les textes et les passages qui se perdent pendant les rédactions et les copies. On reviendra sur l'identification des auteurs du Pentateuque car le sujet est loin d'être clos.

Évolution de l'écriture et de la langue

En quelle langue furent écrits les textes bibliques ? Si la plus grande partie du texte fut écrite en hébreu carré, il n'en a pas toujours été ainsi. En effet, tout dépend de la période durant laquelle furent écrits chacun des livres.

L'une des plus anciennes traces d'alphabet connu, à l'origine de la plupart des alphabets actuels date d'environ 1700 avant notre ère. Il s'agit de l'alphabet protosinaïtique. Il s'agit d'une forme linéaire (par opposition à la cunéiforme) composée de 23 signes distincts qui dériveraient des hiéroglyphes égyptiens (cf. les débuts de l'écriture). Cette écriture transcrit les consonnes suivies d'une voyelle quelconque (comme l'est encore l'abjad, l'alphabet consonantique hébreux).

Il existe des traces de cette écriture dans trois sites archéologiques. La plus ancienne est ciselée sur une dague découverte dans la tombe 1502 à Lakish, située à 40 km au sud-ouest de Jérusalem. Elle date du Bronze Moyen IIB soit entre 1700 et 1600 avant notre ère. Selon l'expert William Foxwell Albright, bien que l'identification des signes 1 et 4 soit incertaine, on peut lire les lettres "trzn" (signifiant peut-être Turranza).

A voir : The Invention of the Alphabet | Pharaoh in Canaan, The Israel Museum

Trois exemples d'alphabet protosinaïtique qui semblent documenter l'un des premiers usages connus de l'écriture alphabétique. A gauche et au centre, les inscriptions du Wadi el-Hol (c.1700 avant notre ère). Un dessin numérique a été superposé aux inscription incisées originales. Au centre, contrairement à la première inscription, qui est lue de droite à gauche, celui-ci est lu de haut en bas, se courbant vers la gauche. Aucune des inscriptions n'est entièrement déchiffrable, mais on peut lire au début de texte l'équivalent de "רב rb" (chef, seigneur) et les derniers signes sont respectivement alep et lamed, ce qui peut signifier "el" (ou ilu), le mot commun pour "dieu". Documents USC. A droite, le sphinx "pierre de Rosette" découvert à Sarabit el-Khadim datant probablement entre le XIVe et XIIIe siècle avant notre ère. L'inscription est une dédicace: "À Ba'alat, déesse de la turquoise". La statue est exposée au British Museum.

La deuxième trace présentée ci dessus à gauche et au centre, figure sur deux pierres de Wadi el-Hol situé entre Thèbes et Abydos dans l'actuelle Égypte et remontent entre 1700 et 1500 avant notre ère. Selon l'expert John C. Darnell (2005) et ses collègues, il s'agit de logogrammes (un signe représente un mot ou une phrase). Bien que le texte soit partiellement indéchiffrable, on peut y lire en début de texte l'équivalent des lettres "רב rb" (le terme sémitique de "chef" ou "seigneur") et en fin de texte "אל" (le terme sémitique "el", dieu). Consultez également l'analyse détaillée de Michael Sheflin.

La troisième inscription présentée ci-dessus à droite figure sur un sphinx en pierre découvert en 1916 par W.M.E. Petrie dans la colonie minière de Sarabit al-Khadim en Égypte, dans un temple dédié à la déesse Hathor. L'inscription est gravée en écriture hiéroglyphique et protosinaïtique. Le texte est une dédicace : "À Ba'alat, déesse de la turquoise". Bien qu'originellement datée vers 1500 avant notre ère, une nouvelle étude de Benjamin Sass (2005) indique qu'elle daterait entre le XIVe et XIIIe siècle avant notre ère.

Le développement du paléo-hébreu selon Douglas Petrovich. Lire également l'avis de Christopher Rollston.

Ce premier alphabet évolua pour notamment donner le phénicien. Le phénicien apparut en Phénicie (l'actuel Liban) vers le Xe siècle avant notre ère (l'écriture antérieure à 1200 avant notre ère est appelé l'alphabet protocananéen) et fut en usage jusque vers le début du Ier siècle de notre ère. Il accompagna les navigateurs phéniciens du Moyen-Orient à travers toute la Méditerranée et les caravanes jusqu'en Mésopotamie.

Le phénicien est à l'origine de la première écriture hébraïque appelée le "paléo-hébreu" ou paléo-judaïque. Comme le grec, il dérive de l'écriture phénicienne mais ne possède pas de signes pour transcrire toutes les voyelles. Seules les 22 consonnes sont transcrites. Toutefois, certaines consonnes étaient probablement utilisées par transcrire les sons "é" ou "i" (la lettre Yod, י), "ou" ou "o" (Vav, ו) et "a" (Aleph et Hé, א).

La seconde écriture est l'écriture judéenne ou hébreu carré originaire de Mésopotamie qui fut en usage dès le VIe siècle avant notre ère et remplaça définitivement la première écriture vers la fin du Ier siècle de notre ère.

Ensuite, pendant leur déportation à Babylone sous Nabuchodonosor à partir de 586 avant notre ère, les juifs découvrirent non seulement l'akkadien cunéiforme (cf. les débuts de l'écriture) mais également l'araméen et son écriture cursive, rapide qu'ils adoptèrent ainsi que l'écriture sur papyrus au moyen d'un stylet (cf. cette photo). C'est la raison pour laquelle certaines parties de la Bible furent rédigées en araméen.

L'araméen serait apparu en Syrie vers l'an 1000 avant notre ère et fut principalement utilisée par le peuple et progressivement pour rédiger les actes officiels. De cette famille dérivent les écritures palmyrénienne, nabatéenne ainsi que l'arabe. Après la période exilique, l'écriture araméenne évolua pendant plusieurs siècles alors que les populations de Judée non déportées parlaient paléo-hébreu.

Selon la tradition, à la demande des rabbins originaires de Mésopotamie, la population juive dut choisir l'écriture qu'utilisa Moïse pour écrire la Torah : l'araméen ou le judéen. La réponse fut unamine : le judéen, ce qui correspond au hébreu carré, écriture dans laquelle furent donc copiés tous les rouleaux de la Torah.

C'est peu avant l'époque de la rédaction de la Bible des Septante soit vers le IVe ou IIIe siècle avant notre ère que l'écriture hébraïque continue (sans espaces entre les mots) fut modifiée en sa version actuelle. Nous verrons à propos des Rouleaux de la mer Morte que ce changement d'orthographe généra des erreurs grammaticales et donc de traductions qui ne sont toujours pas corrigées dans les versions contemporaines de l'Ancien Testament. Ce sont souvent des détails mais ils peuvent être lourds de sens quand on confond par exemple les fils d'Israël avec les fils de Dieu ! On y reviendra.

A gauche, les alphabets phénicien, grec, araméen et hébreu. A droite, différentes polices de caractères hébraïques avec leurs signes diacritiques de vocalisation. Il existe plus de 800 fontes différentes, comprenant notamment des versions équivalentes à l'Helvetica ou le Times New Roman.

Enfin, ce n'est qu'entre le VIIe et le Xe siècle de notre ère que les Massorètes de l'école installée sur les rives du lac de Tibériade en Galilée mirent au point un système de notation constitué de points et de tirets placés sous les lettres hébraïques pour noter la prononciation exacte en hébreu. Ils ajoutèrent également des signes en dessous et sur les lettres hébraïques afin de noter là ou s’arrête une phrase et ou en commence une autre. Ce procédé technique appelé la Massorah ou nikkudot (les diacritiques en français ou simplement les "points voyelles") aurait déjà été inventé à l'époque d'Esdras, au Ve siècle avant notre ère. On reviendra sur les caractères hébraïques quand nous analyserons certaines inscriptions et manuscrits.

Datation des premiers récits bibliques

Quand les premiers récits bibliques ont-ils été rédigés ? En 2005, Ron E. Tappy, archéologue et expert des langues et civilisations du Moyen-Orient au Pittsburg Theological Seminary découvrit sur le site de Tel Zayit situé dans les collines au sud de Jérusalem un cailloux en calcaire présenté ci-dessous à gauche portant des inscriptions dont il devina le sens de quelques lettres. Les experts en langues anciennes reconnurent les lettres d'un abécédaire. Certains pensent qu'il s'agit d'un alphabet en hébreu archaïque (paléo-judaïque), une langue évoluant à partir de dialectes phéniciens ou simplement comme le pense P. Kyle McCarter Jr. de l'Université John Hopkins, d'un type d'alphabet phénicien. Le texte date du Xe siècle avant notre ère.

La rédaction de la bible hébraïque ou plutôt des ébauches des livres du Pentateuque a donc pu commencer vers l'an 1000 avant notre ère. La Torah et son enseignement via le Talmud ne remonteraient donc pas "à la nuit des temps" comme le prétendent certains, mais tout au plus à 3000 ans dans sa version archaïque. On reviendra sur la datation des livres de l'Ancien Testament.

A gauche, les inscriptions de Tel Zayit (accentuées) datants du Xe siècle avant notre ère. Il s'agit des lettres d'un abécédaire soit en hébreu archaïque (paléo-judaïque) soit plus probablement en phénicien. A droite, l'impression d'un bulla (bulle) servant de sceau découvert dans la Cité de David à Jérusalem. Il s'agit d'un morceau d'argile dans lequel sont gravés les mots "à Natan-Melech, serviteur du roi" en écriture hébraïque ancienne. Il date du VIe siècle avant notre ère et se réfère probablement au fonctionnaire de la cour mentionné dans 2 Rois 23:11. Documents Zeitah.net et Eliyahu Yanai.

A partir des analyses paléographiques et linguistiques, les spécialistes estiment que les premières traditions du Pentateuque relatant notamment les récits de Jacob, Moïse et plus tard Abraham furent transcrites par écrits aux alentours du VIIIe siècle avant notre ère bien que tous les textes furent modifiés au cours des siècles suivants jusqu'à l'institutionnalisation du Pentateuque et l'interdiction de modifier les textes sacrés promulguée au VIe siècle dans le Deutéronome. On peut donc déjà en déduire que la Torah lue du temps de Moïse, du roi David et par Jésus n'avaient pas grand chose en commun si ce n'est l'orientation générale de la vision monothéiste.

De plus et pour l'anecdote, l'écriture hébraïque ayant évolué, le roi David ne pourrait même plus lire le texte moderne de la Torah comme Jésus aurait des difficultés pour lire les premiers textes prophétiques antérieurs à l'époque exilique ! Mais cette difficulté nous la rencontrons tous et il ne faut pas remonter très loin. En effet, il suffit d'essayer de relire des lettres de nos grands-parents ou d'ancêtres plus éloignés dans le temps pour se rendre compte combien l'écriture et la grammaire évoluent rapidement et que le vieux français, le old english, le latin archaïque ou l'ancien alphabet hébreu mérite bien leur nom.

Selon les spécialistes, les plus anciens récits bibliques relatent des sortes d'histoires poétiques orales que les Hébreux racontaient en famille ou lors de rassemblements qui furent ensuite mises par écrit. Quand nous savons combien la transmission orale peut être déformée au fil des narrations et des générations et ensuite par les copistes un peu trop zélés, il n'est pas étonnant que nous ayons des difficultés pour recouper les récits bibliques. Ainsi, en raison de ces altérations au fil des siècles, aujourd'hui il est par exemple impossible de préciser avec certitude la nature du bois utilisé pour fabriquer l'Arche de Noé (selon les récits et les traductions, on parle de bois résineux, de bois poli, de pin, de cyprès, de cèdre, bref rien de précis).

Penchons-nous justement sur les faits discordants les plus évidents, les contradictions dans les récits mêmes décrits dans la bible hébraïque.

Les contradictions dans l'Ancien Testament

Le récit biblique fut remis en cause au XVIIe siècle pour une raison toute simple qui semble avoir échappée aux premiers rédacteurs ou compilateurs des différents textes comme aux Pères de l'Église : la fin du Deutéronome décrit la mort de Moïse, il n'a donc pas pu l'écrire lui-même... ! Puis on découvrit d'autres contradictions dont voici un bref aperçu.

La Genèse

D'abord concernant la Création du monde, le rédacteur du premier chapitre de la Genèse nous dit qu'au premier jour "la lumière fut". Or un peu plus loin, il précise que le Soleil, la Lune et les étoiles furent créés le quatrième jour ! Dans ce cas, d'où provient la première lumière et de quelle nature est-elle ? Le rédacteur n'en dit rien (un lecteur effronté pourrait prétendre que cette première lumière est celle du rayonnement cosmologique, mais ce n'est même pas vrai car ce rayonnement n'a pas toujours été lumineux et émet dans le spectre radio depuis plus de 13 milliards d'années, donc bien avant Adam et Ève).

Autre contradiction, l'auteur prétend qu'il y eut "un soir et un matin" durant les trois premiers jours. Comment cette alternance dite nycthémérale (liée au cycle du jour et de la nuit) peut-elle avoir lieu si le Soleil ne fut créé qu'au quatrième jour ? Une nouvelle fois le rédacteur comme l'éditeur n'ont pas été très attentifs à la cohérence du récit. A cela, il n'y a qu'une explication : ils ne cherchaient pas la vérité historique mais simplement à rédiger un récit sacré aussi continu que possible, quitte à s'abstraire des conventions terrestres.

Ce passage est doublement intéressant car il révèle aussi l'origine juive du rédacteur. Pourquoi utilise-t-il l'expression "un soir et un matin" et non pas "un jour et une nuit" comme on le fait d'habitude dans la littérature occidentale ? Cette expression trouve son origine dans le sabbat (shabbat), ce jour chômé traditionnel dans la culture juive qui commence le vendredi soir et s'étend jusqu'au samedi soir. Dans le calendrier juif, les jours commencent au coucher du Soleil jusqu'au lendemain soir alors qu'en Occident le jour comme son nom l'indique commence au lever du Soleil ou au plus tôt à minuit et non la veille au soir. Nous avons donc la certitude que le rédacteur était de culture juive et que le texte fut correctement traduit.

Document Max Rive.

Ensuite, il y a des contradictions et des omissions d'un chapitre à l'autre de la Genèse, en particulier entre la Genèse 1-2:4 et la Genèse 2:4-3:24 dont voici quelques exemples :

- La Création : le premier rédacteur évoque une création universelle divisée en jours alors que le second rédacteur ne considère que la création de la Terre et ne mentionne aucune période de temps.

- La chronologie : dans le premier chapitre, le premier rédacteur prétend que les animaux furent créés avant l'homme alors que dans le second chapitre, le second rédacteur prétend que l'homme fut créé avant les animaux. Même anachronisme pour la création des plantes et nous verrons que c'est également le cas pour la création de la femme.

- Les animaux : pour le premier rédacteur les animaux comme toutes les autres choses font partie d'un dessein cosmique alors que pour le second les animaux ont un rôle limité : celui de tenir compagnie à l'homme ou de l'aider (ce qui s'avère un échec forçant Dieu à créer Ève).

- L'homme : pour le premier rédacteur l'homme (Adam) est chargé de gérer le monde alors que pour le second rédacteur l'homme n'a que la charge du Jardin d'Eden (qu'il n'est pas censé quitter).

- La femme : pour le premier rédacteur la femme (Ève) fut créée en même temps que l'homme alors que pour le second rédacteur la femme fut créée après l'homme (et à partir de l'une des côtes d'Adam)

- Dieu : selon le premier rédacteur seul Dieu parle alors que pour le second rédacteur quatre orateurs engagent le dialogue dont le serpent. Ailleurs, selon le premier rédacteur, on commença à invoquer le nom de l'Eternel (Yahvé) dès l'époque d'Adam (Genèse 4:26) alors que pour le second rédacteur, son nom n'est révélé qu'à l'époque de Moïse (Exode 3:13).

- Interdictions : selon le premier rédacteur Dieu fixa un jour saint dans la semaine alors que pour le second rédacteur Dieu interdit de manger le fruit de l'arbre.

Illustration de l'Arche de Noé à la fin du Déluge extraite d'une bible anglaise du XIVe siècle.

Indépendamment des traductions, un lecteur attentif constatera non seulement des anachronismes mais également une diachronie linguistique (l'évolution linguistique au cours du temps) : le ton utilisé par le premier rédacteur, identifié par les spécialistes (cf. Wellhausen) comme la source "J", est plus solennel, digne, précis et organisé que celui du second rédacteur, la source "E", le premier utilisant peu de mots et un style bien plus poétique que le second. Ces textes furent complétés par la source "P' qui finalisa la partie relative à l'époque babylonienne.

Noé et le Déluge partagent aussi une bonne part de contradictions. Selon la Genèse (chapitres 6 à 9), en prévision du Déluge qui allait s'abattre sur la terre entière et détruire toute vie, Noé construisit l'Arche sur l'ordre de Dieu et y fit monter sa famille ainsi que des couples de chaque espèce d'animaux. Combien d'animaux furent embarqués ? A un endroit la source "P" cite "deux de chaque espèces", ailleurs la source "J" cite "de toute bête pure, [Noé doit prendre] par sept, le mâle et la femelle; et de toute bête qui n'est pas pure, deux seulement, le mâle et la femelle" (Genèse 7:2-3). Quant au Coran, il évoque "une paire de chaque espèce" (sourates 11:40 et 23:27).

Comment Noé pourrait-il savoir avant le Déluge quelles espèces choisir quand on apprend que c'est Moïse qui définira bien plus tard quelles sont les bêtes pures et impures (Lévitique 11:1-47) ? De plus, en se basant sur la chronologie biblique entre Noé et Moïse, la période embrassée irait de 4026 à 1512 avant notre ère.

Ensuite, Noé aurait embarqué des oiseaux, des animaux domestiques et sauvages provenant de la terre entière. Comme l'évoque Irving Finkel dans son livre "L'Arche avant Noé" (2015), les tablettes sumérienne dont celle d'Urra XIII énumère une bonne dizaine d'animaux domestiques (moutons, chèvres, mulet, chien, etc.) et plus de 250 animaux sauvages y compris des reptiles et des insectes vivant en Mésopotamie.

Mais en se basant uniquement sur la Bible, dans son remarquable livre "Arca Noë" publié en 1675 en latin (cf. aussi Amazon), sur base de la taxonomie de l'Arche, le jésuite Athanase Kircher conclut qu'environ 50 couples d'animaux furent embarqués alors qu'on en dénombre environ 80 dans l'Ancien Testament (cf. la liste des animaux sur Google Books). Sachant que la terre abrite bien plus d'espèces, Kircher explique également que les autres animaux furent engendrés à partir de ceux existants ainsi que par l'entremise des astres, du climat ou de l'imagination des mères.

Le texte répète également que la terre et l'humanité étaient corrompues (Genèse 6:11-12) mais d'un autre côté il déclare que Noé et sa famille doivent être sauvés. En quoi ce patriarche est-il différent des hommes ? Le texte n'en dit rien.

Autre exemple, le Déluge dura 40 jours et 40 nuits mais ailleurs il dura 150 jours. Pour savoir si les eaux du Déluge se sont retirées, dans un récit Noé envoie un corbeau, mais juste après il envoie une colombe (Genèse 7:6-12). Vu le style et les nombreux détails du second passage, il fut vraisemblablement rédigé par un autre rédacteur.

Nous reviendrons en détails sur le récit du Déluge et sur l'Arche de Noé car de nouvelles données apportent quelques éclaircissements sur cet évènement biblique.

L'Exode

Même contradiction concernant le pharaon et les plaies d'Égypte. Pour le premier rédacteur, c'est Yahvé qui rendit le coeur de Pharaon inflexible (Exode 7:3) alors que selon le second rédacteur c'est Pharaon lui-même qui endurcit son propre cœur (Exode 8:15).

Un peu plus loin, selon un rédacteur la cinquième plaie d'Égypte, la peste, provoqua la mort de tous les troupeaux des Égyptiens (Exode 9:5) alors que peu après, la septième plaie d'Égypte, la grêle, s'abattit dans les champs et détruisit tous les troupeaux des Égyptiens (Exode 9:21-22). Mais quels troupeaux ?

On reviendra dans d'autres articles sur l'épisode des Dix plaies d'Égypte, sur Moïse, l'Exode et la sortie d'Égypte.

L'usage de la monnaie

 On peut aussi citer l'usage de la monnaie qui est clairement anachronique dans plusieurs passages bibliques. Le premier exemple apparaît à l'époque d'Abraham qui dut payer "400 sicles d’argent, au taux du marché " pour acheter un champ et une caverne à Macpéla mais pour lesquels Ephron le Hittite accepta uniquement d'être payé en pièces d'argent (Genèse 23:13-16). Puis il y a l'argent qu'Abraham prit à sa mère, les "1100 sicles d’argent qu'on t'a pris et à propos desquels tu as proféré une malédiction [...] c'est-moi qui l'avais pris]" (Juges 17:2- 4). Nous verrons un autre exemple avec Moïse.

S'il est exact qu'en Mésopotamie, sous le règne de Rim-Sîn, roi de Larsa (c.1800 avant notre ère) on pouvait acheter un esclave pour 10 shekels ou offrir 2 shekels de récompense à celui qui ramenait un esclave en fuite (cf. le Code d'Hammourabi), il ne s'agit pas encore de pièces de monnaies mais d'une contre-valeur en poids de céréales ou en quantité de métal d'argent. En effet, la monnaie ne se répandit que vers 650 avant notre ère en Asie Mineure sous le règne du roi Ardys de Lydie (la région au centre-ouest de l'actuelle Turquie, près de la ville d'Usak, à l'origine sous domination phrygienne) qui inventa la fameuse créséide d'or frappée par Crésus. Elle fut suivie par le sicle frappé sous le règne de Darius Ier (521-486 avant notre ère) qui fut en usage dans toute la région hellénistique.[1]

Si Abraham vécut vers 1800 avant notre ère selon la tradition, cela implique qu'on ne devrait pas retrouver le sicle ni aucune autre monnaie grecque dans les livres de la Genèse, l'Exode, les Nombres, les Juges, etc. Nous verrons que même à l'époque du roi Salomon, vers 950 avant notre ère, le troc de métaux précieux servait toujours de moyen de paiment. Cela signifie que les passages d'Abraham furent rédigés au moins 1300 ans plus tard que le prétend implicitement la Bible. En fait, selon les livres, le Tanakh fut rédigé entre les XIIe et Ve siècles, ceci confirmant l'implication de plusieurs rédacteurs en fonction des époques.

A consulter : Monnaies grecques - Monnaies romaines, CGB

Greek Coins - Roman Coins, Numisbids

A gauche, le demi-sicle ou demi-shekel en argent en usage à partir du règne de Darius Ier (521-486 avant notre ère) et toujours utilisé du temps de Jésus.  Cette pièce fut émise par les juifs de Jérusalem deux ans après que les Zélotes aient repris la ville aux Romains en l'an 66, durant la première révolte juive. Le long du bord perlé, le recto (à gauche) indique "la moitié d'un sicle", avec "l'an 2" sur le calice, tandis que le verso (à droite) indique "la sainte Jérusalem", inscrit autour d'un brin de trois grenades. Les rebelles ont utilisé l'écriture hébraïque ancienne pour déclarer l'indépendance et rendre hommage à leur glorieux passé. A droite, une darique d'or frappée sous le règne du roi Xerxès II ou d'Artaxerxès c.420-375 avant notre ère. Cette pièce de collection fut réalisée avec de l'or très pur et pèse 8.35 g pour 17.50 mm de diamètre. Si la pièce de gauche vaut 100-150 € aux enchères, celle de droite peut dépasser 11000 € soit 36 fois le prix d'un lingot de 24 cts équivalent ! Documents CNG et Antiquities Sale.

Le deuxième exemple est plus subtil. C'est un récit du prêtre et scribe Esdras (Ezra) dans lequel les fidèles utilisent les dariques dans le temple de David : "ils donnèrent pour le service de la maison de Dieu cinq mille talents d'or, dix mille dariques, dix mille talents d’argent, ..." (Chroniques 29:7). Le darique d'or est une monnaie perse qui apparut vers 1050 avant notre ère (1 darique d'or vaut 20 sicles). Le talent était également un moyen de paiment introduit avant l'invention de la monnaie qui était troqué par son équivalent en poids d'or ou d'argent. Par la suite il fut échangé contre de la monnaie (1 talent vaut 3000 sicles ou shekels) qu'on retrouve chez les Chaldéo-Assyriens et les Anciens grecs. Toutefois le troc de talents d'argent fut encore utilisé occasionnellement en Judée jusqu'au IIe siècle avant notre ère. On y reviendra à l'époque des Hasmonéens

Par recoupement et vérification avec les faits historiques, nous verrons plus loin qu'Esdras rédigea son texte après le retour de la déportation à Babylone, vers 459 avant notre ère. A cette époque, la Judée était sous la domination "pacifique" des Perses depuis 539 avant notre ère sous le règne de Cyrus le Grand puis d'Artaxerxès (464-424) qui nomma Néhémie évoqué dans la Bible à l'époque d'Esdras, au poste de gouverneur. A première vue le récit est cohérent. Mais les activités commerciales et notamment la monnaie ne change pas du jour au lendemain, pas plus aujourd'hui qu'il y a deux 2500 ans. On estime que l'influence perse ne marqua son emprunte en pays de Canaan qu'à partir de 332 avant notre ère, lorsque Alexandre le Grand conquit la Judée et l'Égypte comme nous le verrons, soit plus d'un siècle après le récit d'Esdras. En toute logique on ne pouvait donc pas encore disposer de la monnaie perse (ou en tous cas pas encore en grande quantité à Jérusalem) à l'époque décrite par Esdras dans les livres des Chroniques, ce qui prouve qu'ils furent rédigés tardivement.

Symbolisme et numérologie

Plus généralement, il y a aussi l'usage abusif du chiffre 7 : Dieu créa le monde en 7 jours, le chandellier ou Menorah qu'on retrouve notamment sur les armoiries d'Israël a 7 branches, il y a 7 jours dans la semaine, il y a 7 esprits de Dieu dans l'Apocalypse, l'Arche de Noé est resté 7 mois et 17 jours sur le Mt Ararat, etc. Le chiffre 7 ("zayin" ou "zain" en hébreu) symbolise la puissance et le discernement, la tension en l'homme et ses valeurs. Il représente l'esprit divin. Il est donc sacré et a une valeur spirituelle sinon ésotérique. De plus, le nombre 14, c'est-à-dire 2x7 est doublement sacré ou parfait. Notons également que le mot hébreu "sabbat" comme le mot arabe "sebt" signifient tous les deux "septième jour". En revanche il y a 10 commandements et 10 plaies d'Égypte mais les bâtisseurs du temple de Salomon se sont basés sur des proportions multiples de 30 coudées. On peut également déterminer que le tétragramme YHWH vaut 26 et ainsi de suite.

Nous verrons que la même référence à la numérologie et au sens caché des noms existe également dans la Bible lorsque les auteurs évoquent la lignée de David, y compris la généalogie de Jésus.

Doublons, erreurs et corrections

Enfin, on constate que le Pentateuque contient de nombreux doublons (il y a par exemple deux récits de la Création (Genèse 1:1-2:4a et 2:4b-3:24), deux récits de l'alliance entre Yahvé et Abraham (Genèse 15 et 17), deux récits de l'expulsion d'Agar (Genèse 16 et 21:9), deux récits sur la vocation de Moïse (Exode 3 et 6), deux versions du Décalogue (Exode 20 et Deutéronome 5), etc.

Ces multiples contradictions, erreurs et répétitions ainsi que les différents styles narratifs indiquent que le Pentateuque mais également les livres Historiques (par exemple le livre des Rois) furent vraisemblablement écrits par plusieurs auteurs séparés dans le temps et dans l'espace, c'est la "théorie documentaire" évoquée dès le XVIIIe siècle, notamment dans les "Conjectures" (1753) de Jean Astruc : on ajoute des récits et on en supprime d'autres pour fabriquer une histoire la plus complète et cohérente possible, ce qui corrobe la thèse des différentes "sources" citées précédemment. On reviendra sur ces différents rédacteurs lorsque nous aborderons l'histoire du royaume du David et le retour de la déportation à Babylone à l'époque du roi Josias, de Daniel et d'Esdras.

Nous verrons d'autres exemples d'altérations des récits à l'avantage du peuple Juif.

Conclusions préliminaires et suite des investigations

Au vu de tous ces altérations et des erreurs relevées dans l'Ancien Testament, comment pourrait-on encore affirmer en ce troisième millénaire qui se bâtit sur la science et le sens critque que la "Bible contient la Vérité" comm certains le croient encore, qu'il s'agit de la transcription de la parole de Dieu ? À moins d'avoir une vision dogmatique et de refuser de remettre ses croyances en question comme s'y refusent certains juifs et chrétiens intégristes, d'un point de vue scientifique cette affirmation est impossible à soutenir. Nous verrons que cette conclusion s'applique également aux récits sur la naissance du judaïsme - la partie de l'Ancien Testament décrivant l'histoire du peuple juif entre l'Exode et la destruction du second Temple - ainsi qu'au Nouveau Testament.

Mais il est probable que certains croyants littéralement endocrinés dans leur foi ne soient pas encore convaincus par les quelques preuves que nous avons présentées qui ne sont finalement extraites que des chapitres les plus anciens de la Bible que certains admettent du bout des lèvres relever de la légende. A leur intention et pour taire certaines rumeurs, nous allons donc poursuivre nos investigations en analysant les textes plus récents et démontrer par quels tours de force intellectuels les éditeurs des récits bibliques sont parvenus à convaincre leurs contemporains et leurs descendants de leur "bonne foi"...

Bien que les preuves historiques et matérielles nous manquent encore pour étayer tous les comptes-rendus bibliques, grâce à la découverte de nombreuses tablettes d'argile, de manuscrits apocryphes et de preuves archéologiques, nous avons aujourd'hui une meilleure compréhension de la Bible qu'au siècle dernier. Grâce à toutes ces données, les archéologues, les linguistes, les épigraphistes, les exégètes, les historiens et les experts des civilisations du Moyen-Orient sont capables d'identifier dans les récits bibliques ceux qui relèvent de la légende et ceux faisant référence à des faits historiques. Dans les prochains chapitres de ce dossier, nous passerons en revue ces différents récits et tenterons de vérifier leur authenticité.

A lire : Adam et Ève et le Jardin d'Éden

Le Déluge et l'Arche de Noé - Sodome et Gomorrhe

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[1] Rappelons qu'il y a 4000 ans le troc était la "monnaie courante" en Asie Mineure. Les Sumériens qui vivaient dans le sud de la Mésopotamie utilisaient des céréales en guise de monnaie. On pouvait obtenir du métal ou du bois contre une quantité déterminée de sacs de céréales. A l'époque de la civilisation Sumérienne (entre ~3100 et 2000 avant notre ère) et de Babylone (entre ~2000 et 500 avant notre ère), un shekel ou sicle pesait autant que 180 grains d'orge et représente entre environ 14 et 16 g selon le type de sicle. Le mot "sicle" provient du mot hébreu "shékel" signifiant "poids", un mot dérivé de l'akkadien "siqlu" (en Perse, vers 1050 avant notre ère, 1 darique valait 20 sicles). 1 mine représentait 500 grammes et valait 60 shekels. 1 talent représentait le poids de 10800 céréales ou valait 60 mines ou encore 3000 voire 3600 sicles ou shekels selon les lieux soit ~45 kg. Bien que cela n'ait pas vraiment de sens d'actualiser la valeur d'une monnaie ancienne, disons qu'au cours actuel un lingot d'argent vaut environ 470 €/kg et donc 1 shekel valait à l'époque l'équivalent de 6 ou 7 €. Mais le plus important est la valeur économique de l'argent. Au IXe siècle avant notre ère, 1 shekel permettait d'acheter 1/5 de boisseau (un tonneau ou une jare pour aliments secs d'une capacité d'environ 13 litres) de farine fine soit 1.3 kg (Lévitique 27:16) ou 2/5 de boisseau d'orge soit 2.6 kg à la fin d'un siège (cf. 2 Rois 7:16). On en déduit qu'à l'époque, ces produits étaient 7 fois plus chers qu'aujourd'hui. Toutefois, aujourd'hui la valeur des choses a changé. Pour un numismate un shekel d'argent datant de plus de 2000 ans vaut entre plusieurs centaines et plusieurs milliers d'euros selon l'époque et sa qualité.


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