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L'immunité face au Covid-19

Schéma de l'évolution des immoglobulines dont IgM (indique une infection en cours) et IgG (la mémoire des infections passées) ainsi que des antigènes durant et après une infection. Voici les courbes d'IgM et d'IgG lors d'une recontamination.

Questions en suspens (II)

Il reste encore des questions en suspens auxquelles les spécialistes n'ont toujours pas de réponse. On a parfois le sentiment ou on constate de temps en temps que les réponses varient d'une étude à l'autre pour ne pas dire qu'elles sont contradictoires. C'était assez fréquent en 2020, au début de la pandémie.

L'interprétation des résultats d'études

Pourquoi les résultats des études scientifiques sont-ils parfois différents autour d'un même sujet ? Les raisons sont nombreuses. 

D'abord, il y a la trop petite taille de l'échantillon - parfois réduit à 11 participants - qui ne permet pas de généralisation ou de définir une tendance. Or les auteurs en tirent des conclusions mais qui sont parfois hâtives et donc fausses. Généralement, elles ne sont invalidées preuves à l'appui que plusieurs mois plus tard.

Ensuite, il y a l'époque à laquelle l'étude est réalisée. Sous certains conditions, si les échantillons sont prélevés trop tôt les résultats ne seront pas représentatifs du phénomène, et par conséquent les déductions et conclusions seront incorrectes.

Des résultats intermédiaires ou préliminaires sont parfois publiés donnant le sentiment que le résultat n'est pas celui escompté. Les médias s'en emparent et la rumeur fait le reste. Or quelques semaines ou mois plus tard les résultats finaux sont publiés et confirment qu'ils vont dans le sens attendu, ce que généralement les auteurs doivent préciser (cf. l'effet de la dose "booster" et du vaccin contre le variant Omicron).

Quelquefois il y a des biais dans la méthode de travail qui d'ailleurs soulève rapidement des critiques (sans parler des rares cas de fraude scientifique).

Il y a l'interprétation des résultats par le lecteur, et cela vaut aussi pour les journalistes scientifiques et les vulgarisateurs. S'il n'est pas un spécialiste du domaine, il doit comprendre sur quel sujet porte l'étude. Ainsi, les anticorps qui neutralisent le SARS-CoV-2 peuvent empêcher le virus de se propager en se fixant sur plusieurs sites de son enveloppe (les protéines S, S1 ou S-RBD, S2) ou sur la protéine N de la nucléocapside. Pour comprendre combien de temps dure l'immunité, les chercheurs ont développé des tests spécifiques capables de détecter les anticorps sur l'un ou l'autre de ces sites.

Les chercheurs peuvent aussi étudier la polyprotéine ORF1ab (fusion des ORF1a et ORF1b) dont les protéines non structurales nsp sont impliquées dans la réplication du virus. Les résultats des études peuvent donc varier en fonction de la protéine et du site qu'ils ont étudié.

Enfin, comme dans toutes les sciences, lors des mesures les chercheurs peuvent aussi utiliser différentes normes et unités qui généralement ne sont pas convertibles, rendant difficile la comparaison entre les études.

Ce sont autant de particularités qui peuvent donner l'impression que les études se contredisent. Si c'est parfois vrai, en général d'autres études englobant des cohortes plus importantes ou des méta-analyses finissent par converger vers une conclusion qui fait consensus.

Depuis mi-2021, avec plus de recul et l'analyse de méta-données beaucoup plus représentatives de la situation réelle, les résultats des études sont un peu plus harmonieux et on comprend mieux les réponses immunitaires face au Covid-19.

Questions fondamentales

Posons-nous par exemple les questions suivantes qui sont assez similaires. Une personne auto-immunisée naturellement contre la Covid-19 (qui reste asymptomatique mais qui fut en contact avec des personnes contaminées), une personne qui est guérie de la Covid-19 sans séquelles, une personne totalement vaccinée et une personne vaccinée qui contracte la Covid-19 présentent-elles le même niveau d'immunité ? Question subsidiaire, sont-elles des vecteurs potentiels du virus ? Il fallut plus d'un an et plusieurs vagues épidémiques avec plusieurs variants pour répondre scientifiquement à ces questions.

Plasma sanguin contenant des anticorps de personnes guéries du Covid-19. Document Reuters/Thomas Peter adapté par l'auteur.

En principe, l'immunité naturelle et celle acquise par la vaccination offrent le même niveau de protection. Mais son efficacité dépend du moment où la personne contracte le virus et du type de variant.

Si une personne vient d'être vaccinée, en cas de contamination il y a un délai pendant lequel elle est asymptomatique (cf. les pathologies des patients Covid). Les particules virales sont présentes dans son organisme (par exemple dans la gorge ou les muqueuses nasales où elles sont souvent nombreuses) mais elles ne sont pas encore détectables, ni pas son système immunitaire ni par un test. Pendant cette période, la personne est susceptible d'excréter des virus actifs et donc de les propager autour d'elle. Malheureusement, il y a quelques cas où la maladie fut foudroyante et tua le patient en moins d'une semaine (cf. le taux de létalité).

Si la personne a contracté la Covid-19 et est guérie, de toute évidence les réponses immunitaires n'offrent pas une protection totale. En effet, le fait qu'il y ait des recontaminations prouve que les convalescents ne sont pas totalement protégés contre une nouvelle attaque du virus.

De même, une personne totalement vaccinée peut aussi être contaminée; les hôpitaux ont encore de nombreux patients qui répondent à ce profil.

L'immunité naturelle ou acquise n'est donc pas une garantie à 100% d'éviter la maladie en cas de contamination. Selon certaines études la meilleure protection immunitaire est offerte par la combinaison d'une vaccination suivie d'une contamination asymptomatique par le Covid-19 et vice-versa qui permet d'obtenir une "super-immunité" (voir les questions-réponses plus bas). Mais ce n'est pas une raison pour tenter le diable (cf. le profil d'un tueur en série).

Voyons les différentes formes de réponses immunitaires et tentons de répondre aux questions en suspens à la lumière des récentes découvertes. Nous les avons triées par sujet et les études sont décrites chronologiquement.

Durée de l'immunité

Premières analyses : une immunité limitée entre 3 et 9 mois

La capacité de l'organisme à neutraliser un pathogène dépend des performances des différentes lignes de défense du système immunitaire. D'une part, il y a l'immunité innée qui intervient dès qu'un pathogène franchit les barrières physiques de l'organisme (peau, salive, muqueuses, etc). Cette ligne de défense comprend des lymphocytes spécialisés comme les macrophages, les cellules NK, etc, qui vont produire des immogobulines pour combattre le virus (c'est au contact de son antigène viral qu'elle porte le nom d'anticorps). Ces anticorps n'apparaissent dans les tests sérologiques que 14 jours après la primo-infection.

Réponse immunitaire de patients Covid. ID50 est la dose létale, POS sont les jours après le début des symptômes auxquels le sérum a été collecté. Les points colorés indiquent la gravité de la maladie (0-5). Document K.J. Doores et al. (2020) adapté par l'auteur.

D'autre part, il y a l'immunité adaptative. Se souvenant d'une précédente rencontre avec le pathogène, le système immunitaire produit principalement grâce à la moelle osseuse des lymphocytes B mémoires (à longue durée de vie) qui vont produire des anticorps spécifiques et durables. Ils sont secondés par divers types de lymphocytes T (cytotoxiques, auxiliaire, NKT, etc). Selon le pathogène, les anticorps peuvent persister dans l'organisme jusqu'à 2 ans.

Une première étude publiée dans la revue "Nature Medicine" le 18 juin 2020 suggéra que les anticorps peuvent disparaître après 2 mois chez certaines personnes asymptomatiques.

Dans une autre étude publiée dans la revue "Nature" le 26 octobre 2020, Katie J. Doores du Département des Maladies Infectieuses du King's College de Londres et ses collègues on testé à plusieurs reprises 96 patients et travailleurs de la santé entre mars et juin 2020. Tous les participants avaient été testé positifs au Covid-19 soit via un test PCR soit un test sérologique.

Les chercheurs ont découvert que les niveaux d'anticorps spécifiques contre le Covid-19 ont atteint un pic environ 3 semaines après l'apparition des symptômes, puis ont rapidement disparu. Bien que 60% des participants aient produit une réponse en anticorps "puissante" alors qu'ils avaient la Covid-19, seulement 17% avaient le même niveau d'immunité à la fin de la période de test de 3 mois. Les niveaux d'anticorps étaient plus élevés et plus durables chez les personnes présentant des symptômes graves. Pour certains cas plus bénins, il était impossible de détecter des anticorps après 3 mois.

Evolution des taux d'antigènes Ig dans le sérum de patients Covid comparés aux taux relatifs chez des témoins négatifs pré-Covid (à gauche). Les échantillons des mêmes patients sont reliés par des lignes. Documents B.Isho et al. (2020) adapté par l'auteur.

Dans une étude publiée dans la revue "Science Immunology" le 8 octobre 2020, Baweleta Isho de l'Université de Toronto et ses collègues ont analysé la réponse immunitaire de 796 personnes (300 pre-Covid, 132 au stade aigu et 364 en convalescence) dépistés par le test ELISA.

Les chercheurs confirment que les anticorps sont détectables pendant 3 mois après une infection au Covid-19. Le délai le plus long fut de 115 jours soit 3.7 mois. Les chercheurs précisent également que les anticorps IgG contre la protéine S peuvent être prélevés dans la salive - ce qui facilite le dépistage et réduit le risque d'accident - bien que le prélèvement sanguin donne une mesure plus précise.

Bien que les chercheurs admettent qu'il y a beaucoup de choses qu'ils ne savaient toujours pas sur les réponses en anticorps face au Covid-19, y compris la durée de vie des anticorps au-delà des 3 mois ou la protection qu'ils offrent contre la recontamination, ces études pourraient avoir des implications notamment dans le développement d'un vaccin. En effet, si vaccin est correctement conçu, il a le potentiel d'induire une réponse en anticorps durable qui peut aider à protéger la personne vaccinée contre le Covid-19.

Dans une autre étude publiée sur "medRxiv" (non validée) et dont voici le communiqué de presse, réalisée par l'équipe de Paul Elliott de l'Imperial College de Londres et Ipsos Mori pour REACT publiée le 26 octobre 2020, les chercheurs ont voulu savoir combien de temps les anticorps contre le Covid-19 restaient actifs chez des personnes asymptomatiques et symptomatiques.

Du 20 juin au 28 septembre 2020, les chercheurs ont suivi 365104 personnes prises au hasard en Angleterre et leur ont demandé de s'auto-tester régulièrement pour vérifier si elles disposaient des anticorps contre le Covid-19.

Les chercheurs ont constaté que "la proportion de personnes testées positives pour les anticorps contre le Covid-19 a diminué de 26.5%" en trois mois, passant de 6 à 4.4% de la population testée, "ce qui suggère une réduction des anticorps dans les semaines ou les mois suivant l'infection. Les résultats suggèrent aussi que les personnes qui n'ont pas montré de symptômes liés au Covid-19 sont susceptibles de perdre plus rapidement leurs anticorps détectables que celles qui ayant présenté des symptômes".

Evolution de la réponse des anticorps. On observe une décroissance au-delà de 20 à 30 jours POS. Document K.J.Doores et al. (2020) adapté par l'auteur.

La proportion d'anticorps chez les personnes testées positives au Covid-19 diminua de 22.3% en 3 mois contre 64% chez les personnes saines (non contaminées). L'étude souligne également que si toutes les classes d'âge sont concernées par cette diminution de l'immunité, les personnes âgées sont plus touchées : la proportion de personnes de plus de 75 ans disposant d'anticorps diminua de 39% contre 14.9% chez les jeunes de 18 à 24 ans.

Une autre étude publiée dans la revue "Nature Microbiology" le 26 octobre 2020 va dans le même sens. Katie J. Doores précitée et ses collègues ont analysé des échantillons de sérum collectés jusqu'à 94 jours après l'apparition des symptômes ou POS de 65 personnes contaminées par le Covid-19 et confirmées par PCR.

Les chercheurs ont constaté que "la séroconversion (immunoglobuline IgM, IgA, IgG) dans plus de 95% des cas et des réponses d'anticorps neutralisants lors de l'échantillonnage au-delà de 8 jours POS. Bien que certains individus avec une dose infectieuse maximale élevée (ID50 > 10000) aient maintenu des titres d'anticorps neutralisants supérieurs à 1000 plus de 60 jours POS, certains avec un pic ID50 plus faible avaient des titres d'anticorps neutralisants approchant la valeur de base pendant la période de suivi. Une baisse similaire des titres d'anticorps neutralisants fut observée dans un groupe de 31 agents de santé séropositifs (ID50 > 10000) ayant maintenu des titres d'anticorps neutralisants supérieurs à 1000 plus de 60 jours POS. Certains agents, avec un pic ID50 plus faible avaient des titres d'anticorps neutralisants approchant la valeur de base pendant la période de suivi. Une baisse similaire des titres d'anticorps neutralisants fut observée dans un groupe de 31 agents de santé séropositifs".

Les chercheurs concluent qu'il y a "une diminution des réponses d'anticorps neutralisants dans les trois mois suivant l'infection par le Covid-19 chez les humains. La présente étude [...] peut suggérer que des rappels de vaccin sont nécessaires pour fournir une protection de longue durée".

Dans une autre étude publiée dans la revue "Science Immunology" le 7 décembre 2020, Scott D. Boyd de l'École de Médecine de l'Université de Stanford et ses collègues ont étudié les caractéristiques de la réponse immunitaire sérologique et la manière dont elles peuvent affecter les résultats cliniques des patients Covid, un sujet encore en grande partie méconnu.

Les chercheurs ont analysé le plasma de 79 patients Covid hospitalisés et de 175 patients ambulatoires ainsi que d'individus asymptomatiques. Au sein de cette cohorte, 25 patients soit 10% sont décédés de la maladie. Les chercheurs ont observé des rapports plus élevés d'anticorps IgG ciblant les domaines de pointe S1 ou RBD par rapport à l'antigène de la nucléocapside chez les patients ambulatoires peu malades par rapport aux patients gravement malades.

Selon les chercheurs, "Les augmentations d'anticorps plasmatiques étaient corrélées à des diminutions de l'ARNémie virale, mais les réponses des anticorps dans les maladies aiguës étaient insuffisantes pour prédire les résultats des patients hospitalisés. Les tests de neutralisation des pseudovirus et un test ELISA évolutif mesurant les anticorps bloquant l'interaction RBD-ACE2 étaient bien corrélés avec les titres d'IgG des patients à RBD. Les anticorps anti-SARS-CoV-2 des individus ambulatoires et asymptomatiques, y compris les IgG, ont progressivement diminué pendant l’observation jusqu’à cinq mois après l’infection".

A gauche, schéma du test sérologique du plasma d'un patient Covid réalisé par Scott D. Boyd et ses collègues. A droite, évolution des réponses en anticorps chez les patients Covid et les convalescents. Documents S.D. Boyd et al. (2020) adaptés par l'auteur.

En revanche, dans une étude publiée dans la revue "Immunology" (en PDF) le 14 octobre 2020, Deepta Bhattacharya de l'Université d'Arizona et ses collègues ont montré que l'immunité peut persister entre 5 et 7 mois après une première infection. Pour parvenir à ce résultat les chercheurs ont développé un test antigénique particulier non plus sensible au site S1 comme la plupart des études précédentes mais adapté aux sites RBD et S2 qu'ils ont expérimenté sur 5882 volontaires.

Selon les auteurs, "Les tests effectués sur 5882 membres de la communauté locale n'ont révélé qu'un seul échantillon avec une séroréactivité à la fois à la RBD et au S2 qui manquait d'anticorps neutralisants. Cette fidélité ne peut être obtenue avec RBD ou S2 seul. [...] les anticorps neutralisants sont produits de manière stable pendant au moins 5 à 7 mois après l'infection par le SARS-CoV-2".

Dans une étude publiée dans la revue "Science" le 6 janvier 2020, Jennifer M. Dan de l'Institut d'Immunologie de La Jolla en Californie et ses collègues ont montré que la durée de la réponse immunitaire varie en fonction des cellules immunitaires avec un maximum de 8 mois pour les cellules B mémoires spécifiques à la protéine S du Covid-19.

Les chercheurs ont analysé plusieurs "compartiments" de la mémoire immunitaire spécifique au Covid-19 dans 254 échantillons extraits de 188 patients Covid, y compris 43 échantillons prélevés au moins 6 mois après les premiers symptômes. Selon les chercheurs, "l'IgG à la protéine S était relativement stable sur plus de 6 mois. Les cellules B mémoires spécifiques à la protéine S étaient plus abondantes à 6 mois qu'à 1 mois après l'apparition des symptômes. Les lymphocytes T CD4+ et CD8+ spécifiques au Covid-19 ont diminué avec une demi-vie de 3 à 5 mois. En étudiant la mémoire des anticorps et de ces lymphocytes de manière intégrée, nous avons observé que chaque composant de la mémoire immunitaire présentait une cinétique distincte".

Selon une étude publiée dans le journal "NEJM" le 7 janvier 2021, des chercheurs indépendants (mais comprenant tout de même un membre du NIH qui développa le vaccin), ont constaté que le vaccin à ARNm de Moderna/NIH (mRNA-1273) produit des anticorps neutralisants pendant au moins 90 jours. Les chercheurs notaient cependant que les données sur les lymphocytes B mémoires et les lymphocytes T cytotoxiques (les cellules T CD8+ ou cellules T tueuses, cf. le système immunitaire) n'étaient pas encore connues mais des études antérieures avaient montré que le vaccin suscitait bien les cellules T tueuses.

A gauche, cas général de l'évolution de la réponse immunitaire sans et avec vaccin. A droite, la chute d'efficacité des trois principaux vaccins contre le Covid-19 chez des vétérans américains. Face à la propagation des variants plus transmissibles (Delta, Omicron), une troisième dose de vaccin est proposée au bout de 6 mois pour renforcer le système immunitaire. Documents Celltrion/Business Wire et A.W. Wallace et al. (2021) adaptés par l'auteur.

Comme nous l'expliquerons, la réponse des lymphocytes T spécifiques aux protéines S et N du Covid-19 reste en corrélation avec les réponses en anticorps dont les niveaux restent encore élevés 6 mois après la vaccination. Mais ensuite la réponse immunitaire diminue, atteignant le seuil à risque pour certains vaccins.

Bonne nouvelle, dans une étude publiée dans la revue "Nature" le 19 juillet 2021, des chercheurs italiens ont publié les résultats de deux campagnes de tests PCR débutées respectivement en février et mars 2020 dans la ville de Vo' située dans la région de Vénitie, dans le nord de l'Italie. 86% de la population fut testée pour les anticorps contre les antigènes des protéines S et de la nucléocapside et les anticorps neutralisants. Les 1118 sujets testés positifs à la PCR en février/mars ou à un test sérologique en mai furent à nouveau testés en novembre 2020. Selon les chercheurs, "la séroprévalence était d'environ 3.5% en mai. En novembre, environ 98.8% des sérums testés positifs en mai réagissaient encore contre au moins un antigène; ~18.6% ont montré une augmentation de la réactivité des anticorps ou de la neutralisation à partir de mai". En novembre, ces sujets présentaient une probabilité de transmission du virus de ~26%. Les chercheurs soulignent que la recherche des contacts eut un impact limité sur l'extinction de l'épidémie. Autrement dit, 9 mois après les tests positifs, les personnes contaminées par le Covid-19 étaient encore partiellement immunisées contre la maladie. Sachant que la vaccination renforce les défenses immunitaires, on peut donc s'attendre à ce que l'immunisation contre le Covid-19 et ses variants reste efficace plus de 9 mois.

Des anticorps protecteurs pendant 1.5 à 2 ans

Dans une étude publié sur "medRxiv" (non validée) le 19 novembre 2020 par David Eyre de l'Université d'Oxford et ses collègues du NHS Foundation Trust des Hôpitaux universitaire d'Oxford (OUH), les chercheurs ont découvert que chez les primo-infectés l'immunisation contre une nouvelle infection par le Covid-19 durait au moins 6 mois.

Des Covid-19 dont les protéines S de la capside s'approchent dangereusement des récepteurs ACE2 d'une cellule. Document Shutterstock.

Cette étude a couvert une période de 30 semaines (d'avril à novembre 2020) et suivi 12180 employés de la santé et travailleurs à l'OUH qui furent testés pour les anticorps IgG contre le Covid-19 afin de déterminer s'ils avaient été contaminés et pour mesurer l'évolution de leur réponse immunitaire. Les chercheurs ont notamment vérifié si le personnel qui avait été contaminé auparavant conservait la même quantité d'anticorps que les personnes saines.

Sans entrer dans les détails de l'étude, seuls 89 des 11052 membres du personnel sans anticorps soit 0.8% ont développé une infection accompagnée de symptômes. Aucun des 1246 membres du personnel ayant des anticorps n'a développé d'infection symptomatique.

Ces résultats suggèrent que la plupart des personnes ayant déjà contracté le virus au cours des six mois précédents ont conservé des anticorps et ont peu de chance de contracter à nouveau le Covid-19. Mais l'inverse est toujours vrai : les personnes qui ne possèdent pas d'anticorps contre le Covid-19 sont plus susceptibles d'être contaminées et de développer éventuellement la maladie.

Selon Eyre, "C'est une très bonne nouvelle" confirmant que "les personnes ayant contracté le Covid-19 ne l'auront plus".

Ceci dit, cette étude doit être complétée car selon Eyre, "on ne sait toujours pas combien de temps dure l'immunisation et si une infection antérieure affecte la gravité de l'infection chez les patients recontaminés". Une étude plus complète fut donc réalisée et un nouvel article fut publié dans la revue "Nature Communications" le 29 octobre 2021 (voir plus bas).

Que retenir de ces premières études ? Les patients Covid présentent des anticorps spécifiques durant 3 à 9 mois après les premiers symptômes. On ne peut pas affirmer que les patients peu touchés par la maladie présentent une réponse antigénique plus longue que les patients gravement malades. Mais selon les cas, on peut déjà observer un déclin sensible de l'immunité après 3 mois. Au-delà, un convalescent doit faire plus attention car la chute de ses anticorps spécifiques contre le Covid-19 augmente le risque de recontamination, même si dans l'absolu ce risque est faible. Quant aux personnes saines, le risque d'être contaminée est toujours le même qu'au premier jour, les mesures de précautions qu'elles prennent ou pas prévalant sur tout le reste (leur état de santé général, leur degré d'immunité et le taux de reproduction de base du virus, le fameux Ro (cf. la modélisation des épidémies).

Rappelons que l'OMS travaille avec 50 pays où des études sont menées sur les réponses en anticorps dans différents groupes de populations, y compris le personnel de la santé.

Une autre étude publiée dans la revue "Nature" le 14 juin 2021 montre que la séroconversion, c'est-à-dire le nombre d'anticorps produits en réponse à la contamination par le Covid-19, continue d'évoluer favorablement sur une période de 6 à 12 mois voire davantage et sont stimulés par la vaccination.

L'immunologiste Michel C. Nussenzweig de l'Université Rockefeller de New York et ses collègues ont suivi 63 personnes convalescentes du Covid-19 évaluées tous les trois mois pendant 1 an après les premiers symptômes, dont 41% avaient également reçu des vaccins à ARNm.

Evolution de la réponse des anticorps. Document D.Bhattacharya et al. (2020) adapté par l'auteur.

Selon les chercheurs, "L'activité neutralisante et le nombre de cellules B mémoires spécifiques au récepteur RBD du Covid-19 restent relativement stables durant 6 à 12 mois. La vaccination augmente toutes les composantes de la réponse humorale et, comme prévu, entraîne des activités de neutralisation du sérum contre les variants préoccupants [...]. Le mécanisme sous-jacent à ces réponses étendues implique une mutation somatique des anticorps en cours, un renouvellement clonal des cellules B mémoires et le développement d'anticorps monoclonaux exceptionnellement résistants aux mutations du RBD du virus, y compris celles trouvées dans les variants préoccupants. De plus, les clones de cellules B exprimant des anticorps larges et puissants sont sélectivement retenus [...] et se développent considérablement après la vaccination. Les données suggèrent que l'immunité chez les personnes convalescentes sera de très longue durée et que les personnes convalescentes qui reçoivent les vaccins à ARNm produiront des anticorps et des cellules B mémoires qui devraient protéger contre les variants en circulation".

Si les anticorps neutralisants (IgA, IgM et IgG) sont les plus nombreux et apparaissent dès la 2e semaine de l'infection et peuvent rester actifs durant des années, il ne s'agit pas du seul moyen de combattre le Covid-19. Notre organisme dispose heureusement d'autres armes, bien que leur efficacité pour lutter contre le Covid-19 soit parfois inégale.

Nous verrons plus bas que les cellules B mémoires et les cellules T sont relativement actives et stables pendant ~6 mois après une contamination ou une vaccination et représentent une protection contre les formes sévères de la maladie.

Il y a des indices montrant que les patients gravement touchés par le Covid-19 présentent les réponses immunitaires les plus fortes, tout comme dans les formes graves des malades du SARS et du MERS. Les deux maladies déclenchent des niveaux élevés d'anticorps qui durent jusqu'à 2 ans, les réponses des lymphocytes T au SARS pouvant être détectées encore plus longtemps. On s'attend donc à ce que la plupart des cas de recontamination par le Covid-19 soient asymptomatiques.

Antonio Bertoletti, spécialiste des maladies infectieuses à l'Université nationale de Singapour et coauteur de nombreuses études sur l'immunité face au Covid-19, a même déclaré sous forme de boutade qu'en raison de ces défenses immunitaires persistantes, être réinfecté pourrait même être une bonne chose, "car vous continuerez à renforcer et à entraîner votre système immunitaire". Malheureusement, ce n'est pas systématique et toutes les combinaisons de réinfections par le Covid-19 sont possibles, y compris une forme plus grave que lors de la primo-infection.

Enfin, nous verrons à propos des cas de recontamination que certains patients Covid dont la primo-infection fut très grave pourraient avoir des anticorps inefficaces, ce qui les rendrait plus sensibles à une recontamination plus sévère, mais ce n'est pas prouvé. En revanche, il est prouvé qu'un patient Covid convalescent peut être recontaminé par un variant et présenter des symptômes de la maladie, d'autant plus si le variant est porteur d'une mutation d'échappement. On y reviendra page suivante.

Evolution de la séroconversion en réponse à l'infection par le Covid-19 dans une cohorte de 4683 participants positifs au test PCR. L'immunisation reste encore très élevée après 6 mois. Document D.W. Eyre et al. (2021).

Malgré ces observations parfois alarmantes, il faut les replacer dans leur contexte. Selon Richard Malley, spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques à l’hôpital pour enfants de Boston, Massachusetts, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. En effet, la polio et la rougeole sont de bons exemples. Il existe des vaccins très efficaces contre ces maladies très contagieuses et graves (cf. OMS). Il faut juste parfois une piqûre de rappel pour maintenir la protection. En 2020, on estimait que ce serait probablement le cas pour la Covid-19 (cf. NYTimes, 2020; SMC, 2020). En 2021, cela se confirma en raison de la propagation de variants plus transmissibles.

Selon Malley, "Cela ne devrait pas effrayer les gens. Cela ne devrait pas remettre en cause le développement d'un vaccin ou ne signifie pas qu’une immunité naturelle à ce virus ne peut pas se mettre en place, car nous nous attendons à cela avec les virus". Si c'est vrai en général, dans le cas du Covid-19 la majorité de la population ne bénéficie pas de cette une immunité naturelle et doit rester prudente.

Dans une nouvelle étude publiée dans la revue "Nature Communications" le 29 octobre 2021, David W. Eyre précité et ses collègues ont analysé les résultats de tests PCR du Covid-19 réalisés auprès d'une cohorte de 467450 participants entre le 26 avril 2020 et le 14 juin 2021 au Royaume-Uni. 7256 participants soit 37% de l'échantillon présentaient au moins un anticorps IgG anti-spike depuis 3 à 6 mois.

En résumé, les chercheurs ont constaté que chez les personnes immunisées la demi-vie des anticorps IgG anti-spike était en moyenne de 184 jours, et était plus longue chez les femmes et en en particulier celles d'ethnies blanches. Selon les chercheurs, "Nous avons constaté qu'une protection de 50% contre l'infection pourrait durer de 1.5 à 2 ans, avec une protection contre les infections sévères pouvant durer plusieurs années, mais avec une incertitude dans les estimations précises [...]. Cependant, étant donné que les variants peuvent nécessiter des niveaux d'anticorps plus élevés pour le même niveau de neutralisation, la durée de protection peut être considérablement réduite. [...] Dans l'ensemble, au moins à court terme, la protection contre la réinfection semble élevée".

Efficacité des anticorps induits par la vaccination contre les variants

Plus d'un an après le début des campagnes de vaccination contre le Covid-19, les chercheurs eurent suffisamment de recul pour évaluer l'efficacité des anticorps neutralisants (NAbs) induits par la vaccination (à deux doses) sur les différents variants du SARS-CoV-2. Examinons quelques études sur le sujet.

Réactivité plasmatique des anticorps IgG anti-S et anti-RBD après 2 doses des vaccins CoronaVac (inactivé) de Sinovac et à ARNm de Pfizer/BioNTech. Cette dernière plate-forme est la plus efficace. Document A.Iwasaki et al. (2022).

Dans une étude britannique publiée dans la revue "The Lancet" le 19 janvier 2022, l'équipe de David L.V. Bauer de l'Institut Francis Crick de Londres effectua une analyse de la cohorte de volontaires de l'étude Legacy mise en place en janvier 2021 pour suivre les réponses sérologiques à la vaccination par les vaccins à ARNm pendant la campagne nationale de vaccination. Les chercheurs ont analysé 620 échantillons de sérum de 364 participants et les ont comparés aux titres d'anticorps neutralisants (NAbT) contre les variants Alpha, Delta et Omicron.

Chez les participants échantillonnés 2 à 6 semaines après la vaccination en deux doses avec BNT162b2, la plupart (83%) avaient un NAbT contre Omicron 7 fois plus faible que le NAbT contre Alpha et 3 fois plus faible que le NAbT contre Delta. Cependant, dans les échantillonnés prélevés à 12 à 16 semaines après la vaccination en deux doses avec le vaccin de Pfizer/BioNTech (BNT162b2), seuls 51% des participants avaient un NAbT quantifiable contre Omicron, alors que presque tous avaient encore un NAbT quantifiable contre Alpha (96%) et Delta (97%). La baisse du NAbT face à Omicron dans les 10 semaines suivant la deuxième dose était significative.

La même analyse des participants après une vaccination à deux doses avec le vaccin d'AstraZeneca/Oxford (AZD1222) montra que moins de la moitié avaient un NAbT quantifiable contre Omicron 2 à 6 semaines après la deuxième dose (37%), diminuant davantage (19%) 12 à 16 semaines après la deuxième dose, alors que la plupart des participants avaient un NAbT quantifiable contre Alpha (87%) et Delta (76%) 2 à 6 semaines après la deuxième dose d'AZD1222. Notamment, le NAbT après la vaccination avec AZD1222 différaient significativement selon que les participants déclaraient avoir ressenti des symptômes de Covid-19 : ceux qui avaient reçu deux doses d'AZD1222 et n'avaient pas ressenti de symptômes avant leur deuxième dose de vaccin n'avaient pour la plupart aucune réponse NAb détectable contre Omicron (73%). En revanche, seule une minorité de ceux qui avaient reçu deux doses de BNT162b2 et n'avaient pas présenté de symptômes n'avaient aucune réponse NAb détectable contre Omicron (16%), bien que le NAbT médian contre Omicron dans ce groupe ait été significativement plus faible que celui du groupe ayant reçu le BNT162b2 qui n'avait pas présenté de symptômes avant la vaccination (IC50 médiane 92), ce qui est cohérent avec les résultats précédents des NAbT contre Delta.

Résultats des titres d'anticorps de neutralisation par réduction de plaque (PRNT50) face à différents variants dont Omicron avant et avec la 3e dose booster et pour différents vaccins (inactivé et à ARNm). La réponse immunitaire acquise par la vaccination est plus faible face à Omicron. Document A.Iwasaki et al. (2022).

Après deux doses de vaccin, 26 participants ont présenté une poussée ultérieure d'infection par le SARS-CoV-2 entre avril et novembre 2021 ; 24 soit 92% d'entre eux étaient probablement des infections par Delta et se sont présentés pour une visite d'étude 1 à 7 semaines après un test positif pour le Covid-19. Tous les participants, quel que soit le type de vaccin, ont pu ensuite neutraliser Omicron (IC50 médiane 573).

Dans une autre étude chinoise publiée dans la revue "Nature Medicine" le 20 janvier 2022, Malik Peiris de l'École de Santé Publique de l'Université de Hong Kong et ses collègues ont évalué l'activité de neutralisation du SARS-CoV-2 dans le sérum des personnes convalescentes ou vaccinées pour comprendre la perte potentielle de protection contre l'infection par le variant Omicron.

Les chercheurs ont précédemment établi qu'un titre d'anticorps de neutralisation par réduction de plaque (PRNT) de 50% (où PRNT50 ≥ 25.6 dans leur test de virus vivant) correspondait au seuil de protection de 50% contre l'infection par le SARS-CoV-2 de type sauvage (souche de Wuhan).

Selon les chercheurs,  les titres d'anticorps sériques sont nettement réduits contre Omicron (titre moyen géométrique GMT) < 10) par rapport au virus de type sauvage 3 à 5 semaines après l'administration des deux doses de vaccins à ARNm BNT162b2 (GMT 218.8) ou le vaccin à virus inactivé CoronaVac (GMT 32.5). L'administration de la 3e dose "boostrer" de BNT162b2 induisit des titres contre Omicron PRNT50 ≥ 25.6 chez 22 soit 88% des personnes ayant précédemment reçu 2 doses de BNT162b2 et chez 80% des personnes ayant précédemment reçu le CoronaVac. Cependant, peu (3) d'individus précédemment infectés (1 sur 30) ou vaccinés avec trois doses de CoronaVac (1 sur 30) ont atteint ce seuil. Les chercheurs proposent que "les pays utilisant principalement des vaccins CoronaVac devraient envisager des rappels de vaccins à ARNm en réponse à la propagation d'Omicron".

Dans un article publié dans la revue "Nature Medicine" le 20 janvier 2022, l'équipe d'Akiko Iwasaki du Département d'immunobiologie de l'École de Médecine de l'Université de Yale à New Haven, CT, évalua les effets de la 3e dose "booster" du BNT162b2 sur des participants ayant reçu les deux doses du CoronaVac. Ils ont constaté la 3e dose induit des niveaux élevés d'anticorps spécifiques et une puissante activité de neutralisation contre le virus ancestral et le variant Delta, ressemblant aux titres obtenus après deux doses de vaccins à ARNm.

Résultats des titres d'anticorps de neutralisation par réduction de plaque (PRNT50) face à différents variants dont Omicron chez des personnes non contaminées et convalescentes (ci-dessus) et avant et après la 3e dose booster après 1 ou 2 doses de différents vaccins (inactivé et à ARNm) (ci-dessous). La protection offerte par la première génération de vaccins est nettement plus faible face à Omicron. Documents A.Iwasaki et al. (2022).

Alors que la neutralisation d'Omicron était indétectable chez les participants qui avaient reçu deux doses de vaccin CoronaVac, le rappel de BNT162b2 entraîné une augmentation de 1.4 fois de l'activité de neutralisation contre Omicron, par rapport au vaccin à ARNm à deux doses. Malgré cette augmentation, les chercheurs ont constaté que les titres d'anticorps neutralisants ont été réduits de 7.1 et 3.6 fois pour Omicron par rapport respectivement au variant ancestrale et à Delta. Ils concluent que le variante Omicron est associéeà l'évasion immunitaire des vaccins ou à l'immunité induite par l'infection, soulignant le besoin mondial de rappels de vaccins pour lutter contre l'impact des variants émergents.

Si toutes les études confirment que face au SARS-CoV-2, les lymphocytes B et T produisent effectivement des anticorps, voyons à présent pendant combien de temps agit la mémoire immunitaire des lymphocytes B et T face à la contamination par le SARS-CoV-2 et si cette réponse est robuste.

La réponse des cellules B et T

La réponse des lymphocytes B mémoires

Dans une étude publiée dans la revue "Cell" le 7 janvier 2021, l'immunologiste Marion Pepper de l'École de Médecine de l'Université de Washington et ses collègues ont constaté que les personnes convalescentes de la Covid-19 présentaient des signes de mutation accrue dans leurs lymphocytes B mémoires après seulement trois mois.

Dans une autre étude publiée dans la revue "Science" le 5 février 2021, l'équipe de Shane Crotty, immunologiste à l'Institut d'Immunologie de La Jolla (LJI), en Californie, confirma que les patients Covid convalescents présentaient des réponses immunitaires à divers degrés jusqu'à 5 à 8 mois après l'infection par le Covid-19, concluant que la plupart des convalescents ont une réponse immunitaire durable.

Selon les chercheurs, cela prouve que les lymphocytes B mémoires sont capables d'évoluer pour mieux lutter contre d'éventuels variants. Selon Shane Crotty, cela "pourrait éviter à la majorité des patients d'être hospitalisés pour une Covid sévère et subir des séquelles pendant des années" (cf. NYTimes, 2020).

Reste à déterminer si les anticorps sont suffisamment nombreux pour éviter une recontamination. Dans un article publié dans la revue "Science Immunology" le 23 février 2021, l'équipe de l'immunologiste Laura M. Walker d'Adagio Therapeutics du Massachusetts a observé une réduction d'un facteur 10 de la capacité de neutralisation des anticorps contre le Covid-19 après 5 mois.

A gauche, évolution et cellules intervenants dans la réponse immunitaire après une infection par le Covid-19. A droite, évolution immunologique des patients Covid. Documens M.Pepper et al. (2021) et J.M. Dan et al. (2020) adaptés par l'auteur.

Mais en parallèle, les chercheurs ont constaté l'existence d'une population de lymphocytes B mémoires. Testées in vitro, certaines de ces cellules ont produit des anticorps contre les variants du Covid-19 et 30% des molécules se sont fixées sur les variants.

Cela signifie qu’une nouvelle infection peut encore se déclencher avant que les réserves de lymphocytes B n'augmentent leur production d’anticorps. Mais il y a quand même une bonne nouvelle en ce sens que les lymphocytes B peuvent ralentir l'infection et éviter les formes sévères de la maladie, et concrètement empêcher que le patient soit hospitalisé ou meurt de la maladie.

Dans une étude publiée dans la revue "Science Immunology" le 15 avril 2021, John Wherry de l'Université de Pennsylvanie et ses collègues ont analysé les réponses distinctes des anticorps et des lymphocytes B mémoires chez 33 personnes saines et 11 patients convalescents (ayant contracté la Covid entre 65 et 275 jours avant la vaccination) qui reçurent le vaccin à ARNm de Pfizer/BioNTech (BNT162b2) ou de Moderna/NIH (mRNA-1273).

En résumé, l'effet de la vaccination sur la réponse immunitaire des cellules B mémoires est immédiat et atteint presque son maximum dès 15 jours après l'injection puis augmente encore légèrement chez certains sujets jusqu'au 30e ou 40e jour après l'injection du vaccin puis reste très élevée pendant plusieurs mois.

Selon auteurs, "les personnes saines ont besoin des deux doses de vaccin pour observer une augmentation optimale des anticorps, en particulier pour neutraliser les titres contre le variant B.1.351 d'Afrique du Sud. Les cellules B mémoires spécifiques de la protéine S et du domaine de liaison au récepteur de pointe (RBD) ont également été efficacement activées par la vaccination à l'ARNm et détectables chez tous les sujets sains après la deuxième dose de vaccin, bien que la réponse des cellules B mémoires ait légèrement diminuée avec l'âge".

"Chez les personnes convalescentes, les réponses des anticorps et des lymphocytes B mémoires ont été considérablement augmentées après la première dose de vaccin; cependant, il n'y a pas eu d'augmentation des anticorps circulants, des titres neutralisants ou des lymphocytes B mémoires spécifiques de l'antigène après la deuxième dose".

"Nos données ont démontré une activation sérologique et cellulaire robustes des vaccins à ARNm. Les convalescents de la Covid n'ont besoin que d'une seule dose de vaccin pour atteindre un pic de réponse en anticorps et en cellules B mémoires".

La réponse durable des centres germinatifs

Dans une étude publiée dans la revue "Nature Reviews Immunology" le 6 décembre 2021, Brian J. Laidlaw et Ali H. Ellebedy de l'École de Médecine de l'Université Washington de St Louis, dans le Missouri, ont étudié la réponse des centres germinatifs (CG, cf. le système immunitaire), des structures anatomiques qui se forment de façon transitoire au cours des infections ou des vaccinations dans les organes lymphoïdes secondaires comme la rate et les ganglions lymphatiques.

Les chercheurs ont apporté de nouvelles preuves de l'importance de la réponse des CG dans l'établissement d'une immunité durable et large contre le Covid-19 et ont proposé de nouvelles approches pour moduler la réponse des CG afin de mieux nous protéger contre les nouveaux variants plus transmissibles.

Ils ont également découvert que la réponse des cellules B des CG persiste dans les ganglions lymphatiques drainants pendant au moins 6 mois après la vaccination chez certaines personnes ayant reçu les vaccins à base d'ARNm.

Une réponse robuste et durable des lymphocytes T

La réponse immunitaire peut conserver la mémoire des contaminations passées pendant au moins 17 ans dans le cas des bêtacoronavirus, offrant un avantage évident au porteur s'il rencontre de nouveau un coronavirus du même groupe. Si dans l'absolu, une telle rencontre est rare en raison des mutations, dans les faits l'immunité croisée décrite page précédente arrive plus souvent qu'on le pense.

Dans une étude publiée dans la revue "Nature" le 15 juillet 2020, Antonio Bertoletti précité, spécialiste des maladies infectieuses à l'Université nationale de Singapour et ses collègues ont étudié les réponses immunitaires des lymphocytes T contre les régions structurelles (protéine de la nucléocapside N) et non structurelles (NSP7 et NSP13 de l'ORF1) du SARS-CoV-2 chez 34 convalescents de la Covid-19.

Les chercheurs ont trouvé des lymphocytes T CD4 et CD8 capables de reconnaitre plusieurs régions de la protéine N du SARS-CoV-2. Plus étonnant, ils ont également découvert que les convalescents possèdent des lymphocytes T mémoires de longue durée qui sont réactifs à la protéine N du SARS-CoV apparut en 2003 soit 17 ans auparavant; ces lymphocytes T ont affiché une réactivité croisée robuste avec la protéine N du SARS-CoV-2.

Ils ont également détecté des cellules T spécifiques au SARS-CoV-2 chez des personnes sans antécédents de coronavirus. Les lymphocytes T spécifiques au SARS-CoV-2 chez ces donneurs sains présentaient un schéma différent d'immunodominance et ciblaient fréquemment NSP7 et NSP13 ainsi que la protéine N. La caractérisation des épitopes des lymphocytes T spécifiques au NSP7 montra la reconnaissance de fragments de protéines qui sont conservés parmi les bêtacoronavirus animaux mais qui ont une faible homologie avec les coronavirus des rhumes associés à l'homme. Ils concluent que la contamination par les bêtacoronavirus induit une immunité multispécifique et durable des lymphocytes T contre la protéine N structurale. Reste à comprendre comment les lymphocytes T spécifiques à N et ORF1 préexistants et présents dans la population générale affectent la sensibilité et la pathogenèse de l'infection par le SARS-CoV-2. Moins d'études ont étudiés ces cas particuliers.

Dans l'étude précitée publiée dans la revue "Science" le 5 février 2021, l'équipe de Crotty n'avait pas trouvé de différences significatives dans l'ampleur des réponses des lymphocytes T spécifiques au SARS-CoV-2 entre les participants hospitalisés et ceux qui ne l'ont pas été (bien que les personnes atteintes d'une forme grave de la maladie n'aient pas été incluses dans leur étude).

Dans une étude publiée dans la revue "Nature Immunology" le 5 mars 2021 (en PDF sur bioRxiv), Paul Moss de l'Institut d'Immunologie de l'Université de Birmingham et ses collègues ont montré que les lymphocytes T (les cellules T cytotoxiques TCD8 ou T killer et les cellules T auxiliaires TCD4) qui recherchent et détruisent les cellules infectées par le virus semblent également relativement stables pendant au moins 6 mois et pourraient fournir une certaine protection.

Dans une autre étude publiée dans la revue "Nature Immunology" le19 avril 2021, Prasanna Jagannathan et Taia T. Wang du département de médecine de l'Université de Stanford ont étudié les réponses des lymphocytes T pendant les six mois suivant la contamination par le Covid-19 chez 100 personnes (âge moyen de 41 ans) dont 56 cas présentaient des infections relativement légères et 44 cas asymptomatiques.

Comme illustré ci-dessous à gauche, pour dénombrer les lymphocytes T qui ont reconnu le virus, les cellules infectées ont d'abord été stimulées avec des peptides provenant des protéines du SARS-CoV-2 afin de déclencher une réponse des cytokines (Interféron pro-inflammatoire IFN-γ et Interleukine IL-2). Les lymphocytes T réactifs au virus ont ensuite été comptés sur base de la sécrétion de l'interféron IFN-γ dans un test ELISpot. Presque tous les donneurs avaient une réponse des lymphocytes T face au Covid-19. Cependant, l'ampleur des réponses était très variable d'une personne à l'autre.

Selon les chercheurs, "les personnes symptomatiques avaient des réponses des lymphocytes T producteurs d'IFN-γ d'une ampleur significativement plus élevée six mois après la contamination par rapport aux asymptomatiques".

A gauche, mesure des réponses des lymphocytes T spécifiques au SARS-CoV-2 chez 100 personnes pendant les 6 mois suivant leur contamination. A droite, évolution des réponses des lymphocytes T CD4+ (en rouge), CD8+ (en bleu) et AIM+ répondant à un pool de peptides dérivés de la protéine S du SARS-CoV-2 jusqu'à 6 mois après la vaccination contre la Covid-19. Les seringues indiquent le moment de l'administration du vaccin et les tubes correspondent au jour du prélèvement sanguin. Légende: Cyto+= agrégation des nombres absolus de cellules CD4+ et CD8+ produisant au moins une cytokine parmi IFNγ, IL2 et TNFα ; IFNγ MFI= intensité moyenne de fluorescence du signal IFNγ dans les cellules IFNγ+ CD8+ ou CD4+. Documents Document P.Jagannathan et T. Wang (2021) et G.Borsellino et al. (2021) adaptés par l'auteur. 

Dans une étude publiée dans la revue "Cell Reports Medicine" (en PDF sur bioRxiv) le 1 juillet 2021, l'équipe de Crotty précitée étudia la réponse des lymphocytes T de patients contaminés et de personnes vaccinées. Il apparaît que la réponse des cellules T n'a pas faibli en présence des variants (Alpha, Beta, Gamma et Delta). On en déduit que si la réponse des lymphocytes B peut s'atténuer au fil des mois et permettre au virus de s'installer, il est possible que la réponse des lymphocytes T empêche les variants de se répandre dans l'organisme. Comme dans le cas des lymphocytes B mémoires, la réponse des lymphocytes T pourrait également diminuer la gravité de l'infection.

Dans une autre étude publiée dans le journal "JCI" le 24 août 2020, Arne Sattler de l'Université Libre de Berlin et ses collègues ont montré que les réponses des lymphocytes T chez les patients Covid augmentaient avec l'âge.

Ensuite, la qualité de la réponse des lymphocytes T CD4+ et CD8+ spécifiques au virus a été caractérisée ainsi que la production des cytokines intracellulaires (IFN-γ, interleukine IL-2, IL-4 et le facteur de nécrose tumorale TNFα) par ces cellules. Selon les chercheurs, "Les cellules T CD4+ spécifiques au SARS-CoV-2 étaient environ deux fois plus abondantes que les cellules T CD8+", confirmant l'étude précitée de J.M. Dan et ses collègues. Il est intéressant de noter que l'IL-2, avec ou sans IFN-γ, était la cytokine CD4+ dominante produite en réponse à la fois à la stimulation des protéines S et des protéines non S.

Enfin, les chercheurs ont étudié si l'évolution de la réponse des IFN-γ des lymphocytes T six mois après la contamination était corrélée à la réponse des anticorps. En moyenne, les réponses des IgG ont commencé à diminuer après environ 2 mois, mais sont restées bien au-dessus de la limite de détection chez la plupart des sujets au 5e mois.

Selon les chercheurs, "Fait intéressant, après 6 mois une plus grande réponse des lymphocytes T spécifiques à la protéine S était en corrélation avec des niveaux d'anticorps plus élevés contre les protéines S et N et une réponse en anticorps soutenue contre la protéine N".

Une autre équipe dirigée par Giovanna Borsellino de la Fondation San Lucia de Rome en Italie, a également analysé la réponse immunitaire face au Covid-19 jusqu'à 6 mois après la vaccination chez 71 adultes italiens vaccinés durant la période où sévirent les variant Alpha puis Delta.

Leurs résultats publiés dans la revue "Science" le 2 novembre 2021 confirment que le vaccin à ARNm de Pfizer/BioNTech induit une réponse des lymphocytes T à mémoire de longue durée comme illustré ci-dessus à droite. Selon les auteurs, "Ces cellules sont apparues avant le développement de titres d'anticorps élevés [...] et ont persisté pendant au moins 6 mois". Notons qu'une autre étude avait déjà trouvé des niveaux équivalents de cellules CD4+ et CD8+ 6 mois après la vaccination, similaire à ce qu'on observe après une contamination naturelle (cf. S.Crotty et al., 2021).

Dans un article publié par l'équipe de Leon Swadling de l'University College London dans la revue "Nature" le 10 novembre 2021, les chercheurs ont examiné 731 employés d'hôpitaux. 22% avaient contracté la Covid-19 et avaient des titres d'anticorps très élevés. Parmi les employés sans anticorps, ils ont examiné 58 personnes de plus près. Ils ont découvert que les personnes ayant été en contact avec des porteurs du SARS-CoV-2 sont restées asymptomatiques. Elles possédaient un grand nombre de lymphocytes T spécifiques et de protéines immunitaires IFI 27. Cette protéine pourrait indiquer que les personnes avaient été en contact avec le SARS-CoV-2 mais réussirent à bloquer l'infection avant qu'elle se déclenche.

Selon Shane Crotty précité, "Je n'ai jamais rien vu de tel. Il est surprenant que les lymphocytes T puissent contrôler une infection si rapidement". Les chercheurs britanniquess soupçonnent que le système immunitaire de ces personnes était déjà prêt à combattre le virus en raison d'une immunité croisée acquise au contact d'autres bêtacoronavirus, par exemple des rhumes. L'augmentation des lymphocytes T et de la protéine IFI 27 suggère que les données de ces virus auraient pu être stockées dans la mémoire immunitaire.

Ceci confirme les résultats des campagnes de dépistage par test PCR effectués durant l'été 2020 où jusqu'à ~20% des personnes testées avaient développés une immunité face au Covid-19, proportion qui a continué d'augmenter pour localement dépasser 50% chez les enfants en 2022.

La capacité très importante du variant Omicron (vert) à échapper aux anticorps neutralisants démontre qu'il est bien le "roi de l'évasion". Document The Kirby Institute/UNSW adapté de S.G. Turville et al. (2021).

Enfin, dans une étude publiée dans la revue "Nature Medicine" le 19 janvier 2022, l'équipe de Marcus Buggert du Centre de Médecine Infectieuse de l'Institut Karolinska de Stockholm en Suède étudia la réponse des lymphocytes T CD4+ et CD8+ spécifiques face au SARS-CoV-2 induits par une infection antérieure ou une vaccination par le vaccin de Pfizer/BioNTech (BNT162b2).

Ils confirment que "le vaccin fournit une couverture immunitaire étendue contre B.1.1.529 (Omicron). Les fréquences relatives médianes des lymphocytes T CD4+ spécifiques à la protéine S du SARS-CoV-2 qui ont reconnu Omicron chez les individus précédemment infectés ou vaccinés avec le BNT162b2 étaient respectivement de 84 et 91%, et les fréquences relatives médianes correspondantes pour le SARS-CoV - les lymphocytes T CD8+ spécifiques à la protéine S - étaient respectivement de 70 et 92%". De plus "les réponses des lymphocytes T CD4+ et CD8+ étaient fonctionnellement et phénotypiquement similaires face à la souche ancestrale que face à Omicron".

Les chercheurs concluent que "la réponse immunitaire des lymphocytes T CD4+ et CD8+ spécifiques induite par la vaccination reste largement intacte contre Omicron".

En résumé, toutes ces données sont donc rassurantes et confirment que les réponses des cellules T suite à une contamination par le Covid-19 sont robustes quel que soit l'âge. Grâce aux lymphocytes T la majorité des personnes contaminées par le Covid-19 ainsi que les personnes vaccinées développent une immunité robuste et durable y compris contre les variants. Elles profiteraient également de l'immunité croisée après un contact antérieur avec d'autres bêtacoronavirus.

Toutefois, cette immunité dépend du type de vaccin (à ARNm ou vectorisé) et du type de variant, certains tels Delta et Omicron étant plus transmissibles et ayant des capacités d'évasion plus efficaces faces aux défenses immunitaires. Ces données ont des répercussions sur la durabilité de l'immunité et sur les stratégies vaccinales.

Ceci dit, les spécialistes ne savaient toujours pas si le fait d'avoir été contaminé crée un réservoir de cellules mémoires contre le virus et si elles seraient capables de repousser une nouvelle infection. Malgré les résultats rassurants de certaines études, selon des tests réalisés par Pfizer, malgré la vaccination, en raison de la présence de variants plus transmissibles, la piqûre de rappel est indispensable (cf. l'efficacité de la dose "booster") et probablement une vaccination spécifique contre Omicron.

L'effet de la vaccination en 10 questions & réponses

Plutôt que de lire les conclusions d'études scientifiques parfois très austères, tentons concrètement de répondre à 10 questions auxquelles tout le monde aimerait avoir la réponse :

1. Quel est l'impact de la vaccination sur la pandémie ?

Les premières études réalisées en 2021 aux Etats-Unis, en Israël et en Belgique ont montré une forte réduction des admissions des personnes âgées à l'hôpital, preuve que la vaccination produit ses effets sur la population la plus à risque.

Selon une étude publiée dans le journal "NEJM" le 24 février 2021 par Noa Dagan et ses collègues portant sur 1.2 million de personnes ayant reçu le vaccin BNT162b2 de Pfizer/BioNTech en Israël où circule largement le variant B.1.1.7, la vaccination réduisit de 94% les cas symptomatiques de Covid, de 92% les formes graves de la maladie et de 87% les hospitalisations (données valables pour la protection obtenue au moins 7 jours après la seconde injection). Selon Ben Reis, coauteur de cette étude, "Il s'agit de la première preuve validée par les pairs de l'efficacité d'un vaccin dans les conditions du monde réel".

En Belgique, selon Sciensano, à peine deux mois après la vaccination, le nombre de personnes de plus de 80 ans admises à l'hôpital pour la Covid-19 est passée de 18 à 6%.

Dans une étude publiée dans la revue " Nature Human Behavior" le 18 février 2021 par Bo Huang de l'Université chinoise de Hong Kong et ses collègues de l'Université de Southampton, les chercheurs ont utilisé les données anonymisées de géolocalisation des téléphones portables combinées aux données épidémiologiques sur le Covid-19 en Chine pour modéliser l'impact potentiel de la vaccination et de la distanciation sociale sur la transmission du virus (son taux de reproduction de base).

Comme on le voit ci-dessous à droite, leurs modélisations montrent que les campagnes de vaccination combinées au respect de la distanciation sociale suffiraient à contenir la résurgence du virus et éviteraient une nouvelle vague épidémique sans qu'il soit nécessaire de restreindre considérablement la mobilité de la population ou de recourir au confinement (qu'ils définissent dans cette étude comme le maintien de Ro < 1), jusqu'à ce que l'immunité collective soit atteinte, soit plus 80% en Belgique.

A gauche, injection intramusculaire d'un vaccin. A droite, effets combinés de la vaccination et de la distanciation sociale sur le nombre de nouveaux cas de contamination. IQR est l'interquartile. Documents BioNTech et B.Huang et al. (2021).

Cependant, les chercheurs suggèrent que les villes à faible densité de population et où la vaccination est efficace pourraient interrompre complètement la transmission du virus sans qu'il soit nécessaire de respecter la distanciation sociale. Dans toutes les villes, un confinement total à domicile ne serait plus nécessaire (que d'ailleurs plus aucun gouvernement n'accepterait vu son impact économique).

Les résultats de cette étude suggèrent également que des mesures de distanciation sociale fortes imposées pendant de courtes périodes peuvent être plus efficaces que des mesures légères à plus long terme.

Les chercheurs reconnaissent toutefois certaines limites à leur étude, par exemple l'absence de données sur la contribution du lavage des mains, du port du masque de protection et des délais de l'approvisionnement en vaccins.

En Europe, après un démarrage très lent des campagnes de vaccination, début avril 2021 environ 12% des citoyens avaient au moins reçu leur première dose de vaccin. Sachant qu'environ 15% de la population sont auto-immunisés, les experts de l'EMA estimaient que la population européenne atteindrait l'immunité collective de 70% durant l'été. Début 2022, on atteignait à peine cette proportion qui s'avéra insuffisante face aux variants Delta et Omicron transportés par les nombreux mouvements de populations.

Sans parler de l'incivisme et des personnes toujours hésitantes à se faire vacciner qui représentent au total entre 10 et 20% de la population selon les pays, on devra certainement continuer à porter le masque dans les lieux fréquentés jusque fin 2022.

2. Quand une personne vaccinée contre la Covid-19 est-elle immunisée ?

Les vaccins ne fonctionnent pas rétroactivement. Le délai nécessaire pour que les défenses immunitaires profitent de la vaccination varie d'un vaccin à l'autre et est progressive. Selon les tests effectués par Pfizer sur le variant delta, on observe déjà un effet protecteur de la vaccination après deux jours par rapport à un placebo et l'efficacité s'accroit pour atteindre son maximum 18 à 21 jours plus tard et perdure au moins 200 jours soit 6 mois (cf. ce diagramme).

 Deux semaines après la première injection, lors d'un test sérologique on observe déjà une forte réaction immunitaire (et parfois de légers effets secondaires temporaires 7 jours après l'injection) avec une augmentation importante du taux d'IgG. Mais sachant que certains vaccins exigent deux doses entre 21 et 42 jours d'intervalle et qu'il faut ensuite attendre 7 ou 14 jours pour atteindre le pic immunitaire, selon le vaccin il faut compter entre 4 et 6 semaines pour être immunisé contre la Covid-19.

Ainsi dans une maison de retraite de Zolder en Belgique, les retraités et une partie du personnel ont reçu la première dose du vaccin de Pfizer le 13 janvier 2021. Quelques jours plus tard (au plus tard le 20 janvier) sur 21 personnes testées 17 avaient contracté le virus et sont tombées malades.

L'explication est simple. Les retraités ont été contaminés par un membre du personnel ou un visiteur juste avant ou juste après avoir reçu la première dose du vaccin.

Joris Moonens, porte-parole de l'Agence flamande des soins et de la santé rappelle que "ceci peut se produire dans d’autres maisons de repos, c'était attendu. Il est également possible qu'un foyer se déclenche entre l'injection de la première dose et l'injection de la deuxième dose" (cf. Le Soir).

Même constat en Israël où une étude publiée par le CDC en avril 2021 révéla que 22 des 4081 agents de santé vaccinés furent testés positifs au Covid-19 après avoir reçu leur première dose. Le Dr Eyal Leshem du Sheba Medical Center en Israël et coauteur de cette étude, déclara qu'il était clair que certains des travailleurs testés positifs "étaient en fait contaminés par le Covid avant de recevoir leur première dose".

Autre cas, au Luxembourg, le Premier Ministre Xavier Bettel qui avait reçu la première dose du vaccin d'AstraZeneca le 6 mai 2021 fut contaminé par le variant Delta le 27 juin 2021. Après 10 jours d'isolement durant lesquels il ne présenta que de "légers symptômes", il dut finalement être hospitalisé dans un état sérieux mais stable. Il se rétablit une semaine plus tard et reprit ses fonctions le 9 juillet 2021 (cf. Wort; Wort; Gouv.lu).

Tous les immunologistes sont d'avis que durant le premier mois qui suit la vaccination, il ne faut surtout pas baisser la garde et continuer à respecter les consignes et les gestes barrières. Mais en théorie, cela ne suffit pas pour être 100% protégé. Sachant qu'environ 5% de la population ne réagit pas à la vaccination et qu'on risque de rencontrer des personnes non vaccinées et des immunodéprimés, il est même recommandé de continuer à respecter les consignes jusqu'à la fin de l'épidémie, surtout face aux variants les plus transmissibles que portent les personnes asymptomatiques.

De plus, les vaccins actuels luttent contre le virus et réduisent la charge virale mais ils n'empêchent pas la transmission du virus. Pour l'empêcher de contaminer les cellules, il faut utiliser un vaccin administrable en spray nasal ou par voie orale qui bloque l'entrée du virus dans les cellules des muqueuses (par le nez ou la bouche) et empêche sa progagation. Cette solution est appelée l'immunité muqueuse et plusieurs candidats vaccins fonctionnent de cette manière. A terme, les chercheurs espèrent que ce type de vaccin présentera une efficacité au moins égale à celle des vaccins actuels. Mais ce n'est pas encore prouvé.

3. Quel est le niveau d'anticorps d'une personne vaccinée ?

Un test sérologique révèle si le sujet présente des anticorps spécifiques contre la protéine S ou contre le domaine de liaison au récepteur (RBD) du SARS-CoV-2 notamment. Les seuils varient d'un test à l'autre. En effet, les résultats peuvent être exprimés en différentes unités selon la méthode de dosage utilisée et par conséquent ils ne sont pas comparables (voir le tableau ci-dessous).

Par exemple, pour le test IgG anti-S du SARS-CoV-2 (contre la protéine S), selon la méthode de Roche, exprimé en unités par millilitre de sang (U/mL), le test est positif au-dessus de 0.80 U/mL et significatif de la présence d'anticorps neutralisants à partir de 15 U/mL. Exprimé en unités relatives par millilitre de sang (RU/mL), le résultat est négatif en dessous de 8 RU/mL et positif au-dessus de 11 RU/mL. Il va de soi qu'après la vaccination, la sérologie virale est positive.

Les équivalences du taux d'anticorps IgG anti-S du SARS-CoV-2 selon la méthode de dosage utilisée. Document T.Lombry.

A titre indicatif, sept jours après avoir reçu la deuxième dose du vaccin de Pfitzer/BioNTech contre le SARS-CoV-2, la concentration en anticorps IgG anti-S de séroconversion est >253 U/mL ou >260 BAU/mL ou encore >120 RU/mL selon la méthode d'analyse. Si la personne est en bonne santé et sans comorbidité, 6 mois après la vaccination et même à plus de 60 ans, ce niveau doit se maintenir à 1% près (par ex. à 250 U/mL dans le test de Roche) et probablement à quelques pourcents près pendant plus d'un an.

Pour les anticorps IgG anti-RBD, le taux d'anticorps est en moyenne de 1800 BAU/mL chez une personne vaccinée et de 1200 BAU/mL chez un convalescent immunisé.

Après la 3e dose "booster", chez une personne en bonne santé la concentration en anticorps IgG anti-S de séroconversion est >2500 U/mL (elle dépasse le domaine de mesure du test de Roche) et reste à ce niveau pendant au moins 1 an après la vaccination, y compris chez les personnes âgées de plus de 60 ans.

Ensuite l'évolution dépend de l'état de santé du sujet. Certains vaccinés auront des valeurs très différentes. Des conditions chroniques peuvent donner des résultats très inférieurs (cf. M.Shrotri et al., 2021) voire même être négatifs.

De manière générale, pour une même tranche d'âge, la réponse en anticorps IgG est supérieure chez les femmes (jusqu'à 40%). Il est également maximum chez les personnes âgées entre 31 et 40 ans (cf. B. Lo Sasso et al., 2021).

Concernant les personnes faiblement contaminées par le virus, dans une étude publiée sur "medRxiv" le 17 mai 2021 (cf. le communiqué de presse), une équipe du CHU de Strasbourg a suivi 393 membres des personnels hospitaliers ayant présenté une forme légère de Covid-19 jusqu'à 422 jours après le début des symptômes. Les chercheurs ont constaté qu'au cours des 9 premiers mois, "les anticorps ont modérément diminué avec une baisse plus rapide des anticorps IgG anti-Spike chez les hommes que chez les femmes. Un an après l'infection, 97% des individus ont gardé leur anticorps anti-S avec un taux médian de 199 AU/mL, alors que seuls 20% ont gardé leurs anticorps anti-nucléocapside (anti-N)".

Il est donc prudent de demander un test sérologique Covid anti-S entre 3 et 6 mois après la vaccination et si nécessaire de consulter son médecin traitant si le taux paraît faible.

On reviendra sur l'efficacité des vaccins contre les variants ainsi que le bénéfice offert par la dose "booster".

4. Quel avantage procure la vaccination en cas de contamination par le Covid-19 ?

Nous avons expliqué que les anticorps neutralisants (NAbs) induits par la vaccination amplifient comme attendu la réponse immunitaire. De même, un convalescent Covid à plus de chances de vaincre une recontamination mais nous savons que ce n'est pas garanti.

Une personne totalement vaccinée (2 doses) qui contracte malgré tout le Covid-19 à de bonnes chances de bénéficier d'une "super-immunité". Même résultat pour une personne qui attrape le Covid-19 et reste asymptomatique puis se fait vacciner.

Dans une étude autrichienne publiée sur "medRxiv" (non validée) le 11 décembre 2021, Janine Kimpler de l'Université d'Innsbruck et ses collègues ont étudié les titres d'anticorps neutralisants de sérums de 85 personnes comprenant des convalescents de la Covid-19 et des vaccinés face aux différents variants préoccupants (Alpha ou B.1.1.7, Bêta ou B.1.351, Delta ou B.1617.2 et Omicron ou B.1.1.529). Ils ont constaté que l'immunité hybride (maladie + vaccination et vice versa) permettrait de neutraliser tous les variants, bien qu'avec moins d'efficacité pour Omicron.

Selon les chercheurs, "les sérums d'individus vaccinés neutralisaient le variant B.1.1.529 (Omicron) dans une bien moindre mesure que tout autre variant analysé. La capacité de neutralisation contre B.1.1.529 a été maintenue au mieux contre des sérums d'individus super-immuns (infectés et vaccinés ou vaccinés et infectés), y compris Omicron".

Cette conclusion rejoint les résultats d'une étude américaine publiée dans le journal "JAMA" le 16 décembre 2021 par Timothy A. Bates de l'Université de la Santé et des Sciences d'Oregon à Portland et ses collègues. Leur étude porte sur 26 participants d'un âge moyen de 38 ans comprenant 77% soit 20 femmes dont les résultats sont présentés ci-dessous.

Le niveau de neutralisation du SARS-CoV-2 est fortement renforcé lorsque la personne vaccinée (bleu) est contaminée (orange) et vice versa. Document T.A. Bates et al. (2021).

Bates et des collègues ont démontré que les personnes totalement vaccinées contre le Covid-19 grâce au vaccin de Pfizer/BioNTech et qui ont ensuite contracté le virus présentent "un renforcement substantiel de l'immunité humorale après une contamination et avoir développé une forme principalement bénigne de la maladie". Selon les auteurs, "la double réponse immunitaire augmente fortement leur taux d'IgA et améliore la neutralisation croisée des variants" (les chercheurs ont testé les principaux variants VOC jusque Delta). La protection est 1000 à 2000% supérieure à celle de personnes non contaminées.

5. Une personne vaccinée peut-elle attraper le virus ?

Le virus ne sait pas que vous êtes vacciné, que vous avez reçu une, deux ou trois doses ! Être vacciné ne signifie pas qu'on est protégé contre le virus et ses variants. Si le virus est dans l'air qu'on inhale ou qu'on touche un objet contaminé par le virus, si on ne respecte pas les mesures d'hygiène il peut toujours nous contaminer.

Selon le CDC américain, sachant qu'après la vaccination il faut plusieurs semaines pour se constituer une immunité, "cela signifie qu'il est possible qu'une personne soit contaminée par le virus juste avant ou juste après la vaccination et tombe malade. C'est parce que le vaccin n'a pas eu suffisamment de temps pour fournir une protection". Il faut en moyenne 10 à 14 jours à une personne moyenne pour développer un nombre suffisant d'anticorps protecteurs, mais chaque personne est différente.

Selon une étude réalisée par le CDC américain et dont un résumé fut publié sur le site "Ars Technica" le 15 avril 2021, parmi plus de 75 millions de personnes entièrement vaccinées aux États-Unis contre la souche originale du Covid-19 (et non ses variants), à peine 5800 personnes ont signalé une infection "révolutionnaire", dans le sens où elles furent contaminées par le Covid-19 alors qu'elles étaient totalement vaccinées. Ces cas représentent une prévalence inférieure à 0.008%. Par conséquent, plus de 99.992% des personnes vaccinées n'ont pas contracté la maladie. Mais il faut nuancer ces résultats.

Le pourcentage de 99.992% peut aussi refléter le fait que ces personnes n'ont pas été exposées au virus depuis leur vaccination. En outre, il y a probablement des cas non déclarés. Ces chiffres sont donc très encourageants.

Précisons que dès que l'immunité contre le Covid-19 est acquise soit environ 1 mois après la vaccination, pour la majorité des personnes vaccinées, même si elles sont contaminées, cela n'ira pas plus loin. En effet, grâce à la vaccination, le système immunaire disposera des armes nécessaires pour attaquer et neutraliser ou détruire le virus. Il n'y a donc aucun risque que le virus infecte la personne qui ne se rendra même pas compte d'avoir été contaminée, sauf si elle se fait dépister.

C'est d'ailleurs grâce à nos défenses immunitaires, que nous pouvons sincèrement remercier, que nous passons à travers la majorité des attaques virales et bactériennes sans en subir le moindre effet. Grâce à la vaccination, il n'y a pas de raison de croire que cela se passera différemment avec le Covid-19.

Ceci dit il ne faut pas tenter le diable et prendre des risques inutiles. Nous savons comment le Covid-19 se transmet - par voie aérienne et par contact rapproché dans des endroits confinés -. Il faut donc éviter son contact grâce aux mesures d'hygiène et aux gestes barrières.

Si malgré cela vous attrapez le virus, tout dépend s'il s'agit de la souche originale ou d'un variant et de votre état d'immunité. Grâce à la vaccination vous serez probablement protégé contre la maladie. Certains vaccinés risquent malgré tout de présenter quelques symptômes bénins ou modérés. Mais parmi les personnes âgées dont le système immunitaire s'affaiblit naturellement avec l'âge, certaines pourraient ne pas avoir suffisamment d'anticorps et développer une forme plus grave de la maladie. Une troisième dose de vaccin est donc recommandée aux personnes âgées et aux immunodéprimés.

Au cours d'un briefing qui s'est tenu à la Maison Blanche le 12 avril 2021, Anthony Fauci, le spécialiste des maladies infectieuses au NIAID, déclara que "même si un vaccin ne protège pas contre l'infection, il protège souvent contre des maladies graves". Il rappela le cas du vaccin antigrippal de 2019-2020 qui n'était efficace qu'à environ 39%. Malgré cela et le fait qu'environ 52% seulement des personnes avaient été vaccinées aux Etats-Unis, on estime que la vaccination évita 105000 hospitalisations et 6300 décès dus à la grippe. On reviendra sur les campagnes de vaccination et les bienfaits que procurent les vaccins depuis leur invention.

6. Une personne guérie de la Covid-19 peut-elle être recontaminée ?

Rien n'empêche une personne convalescente de la Covid-19 ou un Covid long d'être recontaminé. Si son système immnitaire a fabriqué suffisamment d'anticorps pour lutter contre une nouvelle contamination, certaines personnes âgées n'en fabriquent plus suffisamment et risquent une éventuellement recontamination par le virus. Il est donc recommandé que ces personnes à risque se fasse vacciner afin de renforcer leurs défenses immunitaires.

7. Une personne vaccinée peut-elle contracter la Covid-19 ?

Si une personne vaccinée présente une faible réponse immunitaire et est contaminée par l'un des variants du Covid-19, en théorie elle peut présenter les symptômes de la maladie y compris développer une forme grave (exigeant une hospitalisation).

Si aux États-Unis plus de 99.992% des vaccinés sont immunisés contre les variants, selon un communiqué du CDC publié le 21 avril 2021, dans une maison de retraite médicalisée (SNF) du Kentucky où pourtant plus de 90% des résidents étaient vaccinés, l'introduction du variant R.1 par un membre non vacciné du personnel, contamina des personnes vaccinées. Le virus s'est propagé dans l'établissement, contaminant 44 personnes dont 24 des 83 résidents et 20 des 116 membres du personnel de santé. 18 résidents et 4 membres du personnel de santé avaient pourtant reçu les deux doses du vaccin de Pfizer/BioNTech.

Évolution des cas de décès liés à la Covid dans les maisons de repos de Belgique. Le bénéfice de la vaccination est évident. Document Le Soir adapté par l'auteur.

Les résidents et le personnel de santé non vaccinés avaient une probabilité respectivement 3.0 et 4.1 fois plus élevée d'être contaminés, de même que les personnes vaccinées. Un tiers des vaccinés ont souffert de symptômes contre 83% des non-vaccinés. 11% des vaccinés ont dû être hospitalisés contre les deux tiers des non-vaccinés. Le vaccin était protecteur à 86.5% contre les maladies symptomatiques chez les résidents et à 87.1% chez les professionnels de la santé.

La raison est que les personnes âgées présentent un système immunitaire moins performant et une réponse plus faible à la vaccination et sont donc plus sensibles au virus que les personnes plus jeunes.

Plus récemment, le 19 mai 2021 près de la moitié des 121 résidents d'une maison de repos de Nivelles (B) dont 98% étaient vaccinés furent touchés par les variants Alpha (B.1.1.7) et Delta (B.1.617.2). 55 personnes furent contaminées et reconfinées dans leur chambre pendant 20 jours. Seuls deux résidents présentaient des symptômes importants On dénombra également 16 cas parmi la centaine d'employés dont 25% avaient refusé la vaccination (cf. RTL). Ceci confirme que dans la majorité des cas la vaccination permet de se prémunir contre les symptômes de la maladie.

Si on se base sur les analyses de l'ECDC et du CDC, grâce à la vaccination on n'observe pratiquement plus de nouvelles contaminations par le Covid-19 chez les personnes totalement vaccinées. Et le cas échéant, les personnes contaminées résistent très bien au virus. Les cas qui étaient auparavant très fréquents chez les personnes âgées se sont à présent déplacés vers les plus jeunes qui ne sont pas encore vaccinés. Les experts confirment également que plusieurs vaccins dont celui de Pfizer/BioNTech, Moderna/NIH et Novavax protègent également à plus de 94% contre les variants (cf. ECDC).

Bien que le CDC déclara en mai 2021 que le port du masque n'était plus obligatoire aux États-Unis (voir plus bas), il précisait en suspens : "Faites-vous tester si vous ressentez les symptômes de la Covid-19". Autrement dit, les autorités sanitaires reconnaissent les limites de la vaccination comme seule stratégie de lutte contre le Covid-19, en particulier contre les variants plus contagieux qui exigent une vigilance accrue.

Enfin, comme nous l'avons expliqué, environ 6 mois après la vaccination complète, la réponse immunitaire faiblit au point que le sujet peut devenir sensible au virus. Il est donc prudent de demander la troisième dose de vaccin "booster".

On reviendra sur l'élimination des virus et les maladies endémiques.

8. Une personne vaccinée peut-elle en contaminer une autre ?

Si une personne vaccinée est contaminée, dans la majorité des cas son système immunitaire est capable de neutraliser ou détruire le virus. Il ne doit donc pas rester beaucoup de virus actifs dans son organisme. Mais en théorie elle peut excréter des particules virales, même si leur nombre sera forcément très faible.

En raison de la propagation de variants plus transmissibles et plus contagieux, une étude australienne a montré qu'une personne vaccinée contractant le variant Delta peut en contaminer une autre dans les 5 secondes suivant un contact rapproché. Si ce contact est une personne fragilisée (plus de 65 ans, immunodéprimée ou présentant des comorbidités), celle-ci présente plus de risque de présenter les symptômes de la maladie. Par précaution, le port du masque reste donc recommandé dans les endroits confinés fréquentés et certainement en présence de personne âgées dans les hôpitaux et maisons de retraite.

Conclusion, puisqu'il n'y a pas de contre-indication, mieux vaut donc être vacciné. De plus, il faut rester prudent et maintenir les mesures préventives, en particulier les gestes barrières tant que les variants plus contagieux sont actifs et que la pandémie n'est pas éteinte.

9. Une personne vaccinée doit-elle porter un masque dans les lieux fréquentés ou à risque ?

Rappelons que le port du masque facial est une décision gouvernementale à laquelle chacun doit se plier au risque d'être à l'amende. 

A ce jour, tous les pays touchés par la pandémie de Covid-19 maintiennent les mesures de protection sanitaire contre le Covid-19. Ces mesures seront vraisemblablement appliquées jusqu'à ce qu'on atteigne l'immunité collective et que les variants les plus contagieux ne représentent plus aucun danger.

Ainsi, les États-Unis ont annoncé un assouplissement des règles. Suite aux effets positifs de la vaccination sur la propagation des variants, dans un communiqué publié le 13 mai 2021, le CDC déclara que "les personnes entièrement vaccinées n'ont plus besoin de porter de masque ou de respecter la distanciation physique dans quelque environnement que ce soit, sauf lorsque requis par les lois, règles et réglementations [...] Les personnes entièrement vaccinées peuvent s'abstenir de subir des tests après une exposition connue, sauf si elles sont des résidents ou des employés d'un établissement correctionnel ou de détention ou d'un refuge pour sans-abri [...] Les personnes entièrement vaccinées ne doivent pas faire de tests avant de quitter les États-Unis pour un voyage international (sauf si la destination l'exige) et ne doivent pas se mettre en quarantaine après leur retour aux États-Unis".

 Entre-temps, depuis juin 2021 et sachant que plus de la moitié de leur population est vaccinée, plusieurs pays européens n'obligent plus la population à porter le masque dans les lieux publics mais uniquement dans les lieux fermés très fréquentés. Après des tests concluants, les personnes vaccinées ne doivent plus porter de masque lors de concerts ou de manifestations en plein air. Ceci dit, du fait de la propagation de variants plus contagieux, la situation peut évoluer, y compris dans le mauvais sens. Il faut donc rester prudent tant que la pandémie n'est pas éteinte.

10. Une personne vaccinée revenant d'une zone rouge doit-elle se soumettre à un contrôle sanitaire Covid ?

En Europe, depuis le printemps 2021, une personne vaccinée qui revient d'un séjour dans une zone rouge ou à haut risque doit se soumettre à un test PCR ou à un autotest rapide dès son retour. En principe, le résultat sera négatif et c'est le seul contrôle qu'on lui demandera. Il n'y a pas de quarantaine ni aucune autre mesure à prendre. En revanche, si le test est positif ou si elle a été en contact avec une personne contaminée, la personne doit immédiatement le déclarer à son médecin traitant et suivre le circuit habituel de la quarantaine et du suivi.

Dernier chapitre

Comment le Covid-19 échappe au système immunitaire

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