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Les trous noirs supermassifs
Les records (V) Le record de masse absolue serait détenu par le trou noir supermassif de la galaxie elliptique Phoenix A qui atteindrait 1000 milliards de masses solaires. Mais de l'aveu même des auteurs, c'est une mesure indirecte basée sur un modèle calorimétrique contenant quelques approximations (cf. M.Brockamp et al., 2016). De plus, cette valeur est trop élevée car incompatible avec les modèles actuels. Elle est donc peu fiable. Une autre étude basée sur son rayonnement X lui donne une masse de 12.6 milliards de masses solaires mais elle fut estimée à basse résolution et est donc imprécise (cf. K.Rusinek et al., 2020). Pour l'instant ce trou noir ne figure donc pas à la première place du podium mais probablement derrière des dizaines d'autres. TON 618 Le quasar TON 618 est situé à z = 2.219 soit 10.4 milliards d'années-lumière dans la constellation des Chiens de Chasse. Il fut découvert lors d'un sondage consacré aux étoiles bleues très pâles (les naines blanches) au moyen de la chambre Schmidt de 70 cm de l'observatoire de Tonantzintla au Mexique et fut incorporé au catalogue Tonantzintla en 1957 mais à l'époque on ignorait encore la nature de cet astre. Ce n'est qu'en 1970 que G.Colla et ses collègues détectèrent ses émissions radioélectriques et le classèrent parmi les quasars. Puis, en 1976 Marie-Helene Ulrich de l'Université du Texas à Austin découvrit qu'il présentait des raies d'émissions qui permirent de déduire sa distance. TON 618 est une galaxie présentant un noyau actif (AGN). L'AGN présente une magnitude visuelle de 15.9 (V) et une magnitude absolue de -30.7. Il brille avec une luminosité de 4 x 1044 W soit autant que 140 trillions de Soleil, en faisant l'objet le plus brillant du ciel ! Les spectres de TON 618 présentent des raies d'émissions de nuages d'hydrogène relativement froids qui encerclent le trou noir central et se déplacent à 7000 km/s, ce qui a pour effet d'élargir les raies. C'est à partir de ces caractéristiques (dimension de la région émettant les raies larges et la vitesse du gaz froid) que les chercheurs sont parvenus à estimer la masse de ce trou noir supermassif. Selon les dernières estimations basées sur les rayonnements Hβ, C IV et [O III] d'une série de QSO, il abriterait un trou noir supermassif de 40.7 milliards de masses solaires (cf. X.Ge et al., 2013). C'est le record ! (la précédente estimation était de 66 milliards de masses solaires, cf. O. Shemmer et al., 2004). Le rayon de TON 618 - celui de l'horizon externe des évènements - est estimé à 1300 UA, soit plus du double de la distance entre le Soleil et la limite extérieure de la Ceinture de Kuiper (~500 UA) ! Et il faut ajouter son disque d'accrétion qui devrait s'étendre sur plusieurs années-lumière !. Holmberg 15A La galaxie elliptique géante Holmberg 15A (ou Holm 15A) est située dans la constellation de la Baleine (Cetus) et brille à la magnitude 14.7. Elle fut découverte dans les années 1930 par l'astronome et cosmologiste suédois Erik Holmberg. En 1958, pendant la compilation du catalogue de galaxies d'Abell, on découvrit qu'elle était le membre le plus brillant de l'amas de galaxies Abell 85 qui comprend plus de 500 galaxies situées à environ 700 millions d'années-lumière. Le trou noir supermassif d'Holmberg 15A fut découvert lors de séances d'observations en 2017 et 2018 par l'astronome Kianusch Mehrgan et ses collègues de l'Institut Max Planck en collaboration avec l'Observatoire Universitaire de Munich grâce à l'instrument MUSE (Multi-Unit Spectroscpic Explorer) du VLT de l'ESO. Le trou noir d'Holmberg 15A présente une masse de 40 milliards de masses solaires à 5% près. Elle fut calculée grâce à des modèles de Schwarzschild axisymétriques basés sur des calculs orbitaux, les précédentes estimations étant basées sur des relations empiriques et par extrapolation (cf. O. López-Cruz et al., 2014).
Selon les auteurs, "C'est un trou noir supermassif découvert par détection dynamique directe dans l'univers local. Il est deux fois plus massif que les trous noirs de NGC 4889 (21 milliards de masses solaires) et NGC 1600 (17 milliards de masses solaires. Ce trou noir n'est pas seulement l'un des plus massifs connus, il est également 4 à 9 fois plus grand que prévu compte tenu de la masse stellaire du bulbe de la galaxie." IC 1101 La galaxie géante IC 1101 se situe dans la constellation du Serpent à environ 1.07 milliard d'années-lumière dans l'amas Abell 2029. Elle abriterait un trou noir supermassif de 40 à 100 milliards de masses solaires (cf. B.T. Dullo et al., 2017). Mais sa masse fut estimée à partir d'une relation empirique (la relation de Faber-Jackson) et donc imprécise. On attend toujours une mesure directe (par des moyens spectraux). J0529-4351 Grâce au VLT de l'ESO, en 2024 des astronomes ont annoncé la découverte du quasar le plus brillant, appelé J0529-4351, situé à plus de 12 milliards d'années-lumière. C'est également l'objet le plus lumineux jamais observé. Il abrite un trou noir supermassif de 17 milliards de masses solaires (à confirmer) dont le disque d'accrétion mesure 7 années-lumière de diamètre. Il émet tellement d'énergie qu'il est 500 000 milliards de fois plus lumineux que le Soleil ! C'est aussi le trou noir supermassif qui croît le plus rapidement en absorbant l'équivalent d'une masse solaire chaque jour (cf. C.Wolf et al., 2024). J0910-0414 Le quasar J0910-0414 est situé à z = 6.63. Il abrite un trou noir supermassif d'environ 3.6 milliards de masses solaires. Ce quasar est entouré par plusieurs sources LAE (émetteurs Lyman-alpha) provenant d'un proto-amas massif de galaxies qui se trouve dans sa ligne de visée. J1144 En 2022, une équipe internationale d'astronomes annonça la découverte du quasar le plus lumineux existant depuis 9 milliards d'années. Il s'agit du quasar SMSS J114447.77-430859.3 (en abrégé J1144) situé dans la constellation du Centaure à z ~ 0.83 soit une distance propre de 7 milliards d'années-lumière. Il fut découvert grâce à sa contrepartie optique au cours du sondage SMSS (SkyMapper Southern Survey) de l'Université Nationale Australienne (ANU) lors de la recherche d'étoiles binaires symbiotiques. Atteignant la magnitude apparente +14.5 (en vert), SMSS J1144 est 8 fois plus lumineux que 3C 273 et 7000 fois plus lumineux que la Voie Lactée avec une luminosité bolométrique (intégrale) de ~4.7 x 1047 erg/s. Le trou noir supermassif associé à ce quasar est appelé J1144. Il présente une masse équivalente à environ 3.5 milliards de masses solaires et présente un taux d'accrétion record équivalent à l'absorption de la masse de la Terre chaque seconde ! (cf. C.A. Onken et al., 2022). Il présente un diamètre 500 fois plus grand que Sgr A*, soit 5 milliards de kilomètres ou 33 UA, ce qui représente 3500 fois le diamètre du Soleil. Tout le système solaire jusqu'à la Ceinture de Kuiper tiendrait aisément dans ce trou noir supermassif. Selon Christopher A. Onken de l'ANU, ce n'est pas tous les jours qu'on découvre un tel objet : "cela faisait 50 ans que les astronomes attendaient de découvrir un trou noir de cette taille."
La raison de la luminosité inhabituelle de J1144 n'est pas encore claire. Selon Onken, "Peut-être que deux grandes galaxies sont entrées en collision et ont acheminé beaucoup de gaz vers le trou noir." Onken précise que "le fait que quelque chose d'aussi brillant ait échappé aux très nombreuses recherches menées au fil des ans est tout à fait remarquable." Il pense que cela est en partie dû à sa position dans le ciel : "Historiquement, les astronomes ont évité de regarder très près du plan de la Voie Lactée parce qu'il y a tellement d'étoiles et de contaminants qu'il serait très difficile de trouver quelque chose de plus éloigné. Il y a des programmes d'études mais ils évitent la bande de 20 ou 25° autour du plan galactique. Or cette source se trouve à 18° de latitude sud." Avec une magnitude apparente de +14.5, le quasar J1144 est suffisamment brillant pour être visible dans un télescope amateur d'au moins 250 mm de diamètre. Ce record fut finalement battu en 2024 par le trou noir supermassif du quasar J0529-4351décrit plus haut. J1507+3013 J1507+3013 est une galaxie située à z = 0.079 soit environ 1 milliard d'années-lumière. Elle se situe à la même position qu'un ORC (Odd Radio Circle signifiant Étrange Cercle Radio) découvert en 2023 (cf. S.Kumari et S.Pal, 2023). Cette galaxie visible sur les images de Pan-STARR abrite un trou noir supermassif d'environ 2.8 milliards de masses solaires. PJ352-15 L'un des trous noirs supermassifs les plus étonnants est celui caché au coeur du quasar radio-loud PSO J352.4034-15.3373 (PJ352-15 en abrégé) situé à z = 5.831 soit environ 12.7 milliards d'années-lumière, c'est-à-dire évoluant dans l'Univers primitif. PJ352-15 est l'un des deux quasars les plus puissants détectés dans les ondes radios dans le premier milliard d'années après le Big Bang. Il est environ un milliard de fois plus massif que le Soleil, mais cela reste au moins 600 fois plus faible que la masse stellaire de la Voie Lactée. C'est donc une galaxie naine primitive mais présentant déjà un noyau très actif qui abrite un trou noir supermassif d'environ 1 milliard de masses solaires.
Thomas Connor du JPL et ses collègues ont observé PJ352-15 pendant trois jours grâce au satellite Chandra et ont détecté un jet de rayons X. L'émission X a été détectée jusqu'à environ 160000 années-lumière du quasar, soit 1.6 fois la longueur de la Voie Lactée ! Ce jet était émis dans la même direction que des jets beaucoup plus courts précédemment détectés dans les ondes radio. PJ352-15 bat d'autres records astronomiques. Jusqu'ici le plus long jet observé dans un objet situé à cette distance mesurait 5000 années-lumière, ce qui correspond aux observations radios de PJ352-15. De plus PJ352-15 est situé environ 300 millions d'années-lumière plus loin que l'objet enregistré précédemment. Si l'observation est confirmée, ce serait le trou noir supermassif actif le plus éloigné détecté dans la bande X. Cette découverte fit l'objet d'un article publié sur "arXiv" en 2021 (lire aussi S.Rojas-Ruis et al., 2021 et la thèse de S.Rojas-Ruis, 2016). Comment un trou noir supermassif a-t-il pu se développer si rapidement après le Big Bang ? C'est l'une des questions clés dont les astrophysiciens aimeraient avoir la réponse. Un trou noir ne peut augmenter sa masse qu'en accrétant de la matière. Pour devenir supermassif en moins d'un milliard d'années, il doit accréter très rapidement beaucoup de matière, ce qui le rend très actif. Malgré son puissant champ gravitationnel, un trou noir n'attire pas forcément tout ce qui s'approche de lui. Nous avons expliqué que si le Soleil devenait un trou noir (cf. les trous noirs), les orbites des astres peuplant le système solaire ne changeraient pas et la Terre graviterait toujours à la même distance. Dans un trou noir supermassif entouré d'un disque d'accrétion, la matière en orbite dans son disque doit perdre de la vitesse et de l'énergie pour pouvoir tomber vers l'intérieur et traverser l'horizon des évènements du trou noir. Seule une petite fraction de la matière y échappe et forme le jet bipolaire. Les champs magnétiques peuvent provoquer cet effet de freinage sur le disque, ce qui est un moyen efficace pour que la matière perdre de l'énergie et, par conséquent, pour augmenter le taux de croissance du trou noir. Pour comprendre ce phénomène prenons l'analogie d'un manège. Si le manège tourne trop vite, un enfant pourra difficilement se déplacer vers le centre. Pour ce faire, il faut exercer une force pour ralentir la course du manège. Selon Connor, "autour des trous noirs supermassifs, nous pensons que les jets peuvent absorber suffisamment d'énergie pour que la matière puisse tomber vers l'intérieur et que le trou noir puisse se développer." Pour générer un jet collimaté, il faut un champ magnétique. C'est plus facile à dire qu'à expliquer car encore aujourd'hui les théories sont approximatives. Une chose est certaine, ce champ magnétique est généré par le plasma présent dans le disque interne. On en a une belle illustration avec le champ magnétique du trou noir supermassif caché au coeur de la radiogalaxie M87.
Mais dans le cas de PJ352-15, le jet est exceptionnellement long et donc généré par une source très puissante et stable. Selon Eduardo Bañados de l'Institut Max Planck pour l'Astronomie (MPIfA) et coauteur de cet article, "La longueur de ce jet est importante car cela signifie que le trou noir supermassif qui l'alimente se développe depuis un temps considérable. Ce résultat souligne à quel point les études en rayons X de quasars distants fournissent un moyen essentiel d'étudier la croissance des trous noirs supermassifs les plus éloignés." Ce jet de rayonnement X fut émis lorsque l'Univers n'avait que 0.98 milliard d'années, à peine un dixième de son âge actuel. À cette époque, la réonisation était presque terminée, l'Univers était 100 fois plus dense qu'aujourd'hui, la température du rayonnement cosmologique laissé par le Big Bang était retombée à 18 K (contre 2.7 aujourd'hui) et il était beaucoup plus intense qu'aujourd'hui. La matière s'organisait mais sans évènement marquant. Rappelons que le pic de formation des quasars apparut vers z = 3, quelque 2 milliards d'années après le Big Bang. Lorsque les électrons contenus dans le jet s'échappent du trou noir à une vitesse proche de la vitesse de la lumière, ils se déplacent à travers le rayonnement cosmologique et entrent en collision avec les photons qu'il contient, augmentant l'énergie des photons dans la gamme des rayons X détectés par Chandra. Dans ce scénario, la luminosité des rayons X est considérablement augmentée par rapport aux ondes radio. Cela concorde avec les observations où les puissants jets de rayons X ne sont pas associés à des émission radio. Selon Daniel Stern du JPL et coauteur de cet article, "nos résultats montrent que les observations en rayons X peuvent être l'un des meilleurs moyens d'étudier les quasars avec jets dans l'Univers primitif. Ou pour le dire autrement, dans le futur les observations en rayons X peuvent être la clé pour percer les secrets de notre passé cosmique." Une équipe internationale d'astronomes dirigée par Akos Bogdan du Centre d'Astrophysique Harvard & Smithsonian (CfA) de Cambridge, Mass., annonça dans un article publié dans la revue "Nature Astronomy" en 2023 (en PDF sur arXiv), la découverte d'un trou noir supermassif à z ~ 10.1. Ce trou noir supermassif est en pleine croissance et évolue dans un Univers âgé de ~413 millions d'années soit seulement 3% de son âge actuel. Un second article sur le même sujet fut publié dans "The Astrophysical Journal Letters" en 2023 par l'équipe de Andy Goulding de l'Université de Princeton et membre de l'équipe UNCOVER (Ultradeep Nirspec et NIRCam ObserVations before the Epoch of Reionization) et coauteur du premier article. Pour débusquer ce trou noir, les astronomes ont utilisé les données infrarouge du JWST de la NASA combinées aux données rayons X du satellite Chandra de la NASA. Dans le cadre du sondage UNCOVER, ils ont exploré l'amas de galaxies de Pandore, Abell 2744, situé dans la constellation du Sculpteur à 3.5 milliards d'années-lumière de la Terre (cf. la première image composite optique (HST) + X (Chandra) prise en 2011). Pour rappel, Pandora couvre visuellement un champ inférieur à 2' (15 fois plus petit que le disque apparent de la Lune) comprenant ~100 galaxies "brillantes" (Mph. de 28.6 à >30) et plus de 3000 galaxies pâles situées à plus de 12 milliards d'années-lumière. C'est dans cet amas et parmi ces 3000 galaxies pâles que les auteurs ont identifié la signature révélatrice d'un trou noir supermassif dans un quasar catalogué UHZ1 situé entre ~10.07 < z < 10.3 (cf. A.D. Goulding et al., 2023), très loin derrière Pandora. Selon Bogdan, "Nous avions besoin du Webb pour trouver cette galaxie remarquablement lointaine et de Chandra pour trouver son trou noir supermassif. Nous avons également profité d'une loupe cosmique qui augmenta la quantité de lumière que nous avons détectée." L'effet de lentille gravitationnelle augmenta la quantité de lumière de la galaxie et les rayons X émis par le gaz entourant le trou noir d'un facteur d'environ quatre, améliorant le signal infrarouge détecté par le JWST et permettant à Chandra de détecter la faible source de rayons X. A
voir : Quick Look: NASA Telescopes Discover Record-Breaking Black Hole,
CXC, 2023
Selon
les auteurs, le quasar UHZ1 est fortement obscurci et présente une luminosité bolométrique (intégrale)
de ~5x1045 erg/s
ou ~5x1037
watts (c'est 10 fois plus que la Voie Lactée avec 5x1036
watts). Il abrite un trou noir supermassif de ~107
à 108 M Cette
découverte est importante pour comprendre comment certains trous noirs supermassifs peuvent
atteindre des masses colossales peu après le Big Bang. Actuellement, on ignore encore s'ils
se forment par effondrement direct, créant des trous noirs de 10000 à 100000 M Selon Goulding,"il existe des limites physiques à la rapidité avec laquelle les trous noirs peuvent se développer une fois formés, mais ceux qui naissent plus massifs ont une longueur d’avance. C’est comme planter un jeune arbre, qui prend moins de temps pour devenir un arbre adulte que si vous commenciez avec seulement une graine." Selon Natarajan, "Nous pensons qu'il sagit de la première détection d'un trou noir DCBH et de la meilleure preuve jusqu'à présent que certains trous noirs se forment à partir d'énormes nuages de gaz. Pour la première fois, nous assistons à une brève étape au cours de laquelle un trou noir supermassif pèse à peu près autant que les étoiles de sa galaxie, avant de prendre du retard." Les chercheurs prévoient d'utiliser ces résultats ainsi que d'autres données provenant du JWST et d'autres télescopes pour dresser un tableau plus large de l'Univers primitif. Le trou noir supermassif caché au coeur du quasar ULAS J112001.48+064124.3 est l'un des rares objets connus situé à z > 7 soit une distance propre supétrieure à 12.9 milliards d'années-lumière. Il est resté indétrôné jusqu'en 2017. Dans un article publié dans la revue "Nature" en 2017, Eduardo Bañados des Observatoires de la Carnegie Institution des Sciences (OCIS) et son équipe déjà cités à propos de leurs études des quasars dans l'Univers primitif, ont annoncé la découverte d'un trou noir supermassif au coeur du quasar ULAS J1342+0928 situé dans la constellation du Bouvier. Analysé avec les plus grands télescopes (Magellan, VLT, LBT, Gemini), ce trou noir présente une masse équivalente à 800 millions de masses solaires et se situe à z = 7.54 soit plus de 13.0 milliards d'années-lumière. Il existait déjà lorsque l'Univers avait seulement 690 millions d'années soit 5% de son âge actuel. Bien que les simulations ne soient pas toutes concordantes, ce trou noir évoluerait à l'époque de la réionisation bien que les raies d'émission Lyman alpha du quasar montrent que l'hydrogène présent dans le milieu interstellaire était déjà significativement neutre. Ce trou noir est le plus âgé découvert à ce jour. Il existe beaucoup d'autres trous noirs supermassifs dont beaucoup se sont formés très tôt dans l'histoire de l'Univers, certains à une époque où les fusions entre galaxies étaient beaucoup plus courantes, d'autres a priori sans lien avec une fusion galactique. Se pose alors la question de savoir qui se forma le premier : les trous noirs ou les galaxies ? Qui se formèrent les premiers : les trous noirs ou les galaxies ? La découverte d'innombrables trous noirs supermassifs dans des quasars et des galaxies lointaines bouleverse les théories sur la manière dont les trous noirs supermassifs façonnent l'Univers, remettant en question la compréhension classique selon laquelle ils se sont formés après l'émergence des premières étoiles et galaxies. En effet, ces trous noirs pourraient avoir considérablement accéléré la naissance de nouvelles étoiles au cours des 50 premiers millions d'années de l'Univers, une période éphémère si on considère ses quelque 13.8 milliards d'années d'histoire. Dans un article publié dans les "The Astrophysical Journal Letters" en 2024, l'équipe de John Silk, professeur au Département de physique et d'astronomie de l'Université Johns Hopkins et à l'Institut d'astrophysique de Paris de Sorbonne Université, s'est demandée qui se formèrent les premiers : les trous noirs ou les galaxies ? Mais comme le dilemme de l'oeuf ou de la poule, on peut craindre que la question reste à jamais ouverte et ressorte de la métaphysique. Mais la science n'a pas dit son dernier mot. Selon Silk, "Nous savons que ces trous noirs monstrueux existent au centre des galaxies proches de notre Voie Lactée, mais la grande surprise maintenant est qu'ils étaient également présents au début de l'Univers et étaient presque comme des éléments de base ou des graines pour les premières galaxies. Ils ont vraiment tout stimulé, comme de gigantesques amplificateurs de formation d'étoiles, ce qui représente un revirement complet de ce que nous pensions possible auparavant, à tel point que cela pourrait complètement bouleverser notre compréhension de la formation des galaxies."
Silk confirme que les galaxies lointaines évoluant dans l'Univers primitif observées par le JWST, semblent beaucoup plus brillantes que ce que les scientifiques prévoyaient et révèlent un nombre inhabituellement élevé de jeunes étoiles et de trous noirs supermassifs. La sagesse conventionnelle veut que les trous noirs se soient formés après l'effondrement d'étoiles supermassives et que les galaxies se soient formées après que les premières étoiles ont illuminé l'Univers sombre primitif. Mais l'analyse de l'équipe de Silk suggère que les trous noirs supermassifs et les galaxies ont coexisté et ont influencé leur destin mutuel au cours des 100 premiers millions d'années. Si toute l'histoire de l'Univers était un calendrier de 12 mois, ces années représenteraient les premiers jours de janvier. Selon Silk, "Nous affirmons que les flux émis par les trous noirs [supermassifs] ont écrasé les nuages de gaz, les transformant en étoiles et accélérant considérablement le taux de formation des étoiles. Sinon, il est très difficile de comprendre d'où viennent ces galaxies brillantes, car elles sont généralement plus petites dans l'Univers primitif. Pourquoi diable devraient-elles produire des étoiles si rapidement ?" Ainsi que nous l'avons expliqué, les trous noirs supermassifs génèrent de puissants champs magnétiques qui provoquent de violentes tempêtes, éjectant du plasma turbulent et agissant finalement comme d'énormes accélérateurs de particules. Selon Silk, ce processus est probablement la raison pour laquelle le JWST a repéré plus de trous noirs supermassifs et de galaxies brillantes que ce que les scientifiques prévoyaient : "Nous ne pouvons pas vraiment voir ces vents ou jets violents de loin, très loin, mais nous savons qu'ils doivent être présents car nous voyons de nombreux trous noirs au début de l'Univers. Ces vents énormes provenant des trous noirs écrasent les nuages de gaz proches et les transforment en étoiles. C'est le chaînon manquant qui explique pourquoi ces premières galaxies sont tellement plus brillantes que prévu." L'équipe de Silk prédit que le jeune Univers a connu deux phases. Au cours de la première phase, les flux sortants à grande vitesse des trous noirs ont accéléré la formation des étoiles, puis, dans une deuxième phase, les flux sortants ont ralenti. Quelques centaines de millions d'années après le Big Bang, les nuages de gaz se sont effondrés à cause des tempêtes magnétiques engendrées par les trous noirs supermassifs et de nouvelles étoiles sont nées à un rythme bien supérieur à celui observé des milliards d'années plus tard dans les galaxies normales. La création d'étoiles a ralenti parce que ces puissants flux sortants sont passés à un état de conservation d'énergie, réduisant ainsi le gaz disponible pour former des étoiles dans les galaxies. Selon Silk, "Nous pensions qu'au début, les galaxies se formaient lorsqu'un nuage de gaz géant s'effondrait. La grande surprise est qu'il y avait une graine au milieu de ce nuage - un grand trou noir - et cela contribua à transformer rapidement la partie interne de ce nuage en étoiles à un rythme bien plus rapide que prévu. C'est ainsi que les premières galaxies excessivement brillantes furent créées." Les auteurs espèrent que les futures observations du JWST combinées à un décompte plus précis des étoiles et des trous noirs supermassifs dans l'Univers primitif, aideront à confirmer leurs calculs. Silk espère que ces observations aideront également les scientifiques à rassembler davantage d'indices sur l'évolution de l'Univers. Pour plus d'informations Sur ce site Le trou noir supermassif de la Voie Lactée Les trous noirs supermassifs et la vie Le trou noir et le principe holographique La théorie des cordesau secours des trous noirs Sur Internet Schwarzschild Radius Calculator, Omni Calculator d'Alvaro Diez Black Hole Temperature Calculator, Omni Calculator d'Alvaro Diez.
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